SOMA #24

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Guillaume Mocquin est un type surprenant. Sur un skateboard déjà, vous avez certainement eu l’occasion de vous en rendre compte par vous-même, que ce soit dans la vidéo Element ou dans les magazines et surtout « en vrai », il est épatant et totalement imprévisible. Mais dans la vie, c’est bien pire. Alors qu’on l’imagine simple psychopathe fou dangereux après l’avoir croisé à deux heures du matin devant la boîte de nuit dont il vient de se faire virer, il s’avère être d’une étonnante gentillesse (le lendemain), une personne avec qui l’on peut avoir des discussions intéressantes, capable de prodiguer de judicieux conseils aux jeunes skateurs, capable d’un dévouement sans limites à ses proches, capable même d’appeler sa mère pour la fête des mères… Le cœur sur la main, toujours prêt à se mettre en quatre pour ses potes, et par là même, toujours prêt à défoncer un gars qui aurait cherché des noises à l’un d’eux… Imprévisible donc, impulsif, indomptable, mais 100 % authentique, sincère et même, n’ayons pas peur des mots : attachant. Une sorte de bête sauvage, si vous préférez, avec un instinct de meute très développé et qui aurait pour habitude de défoncer le bowl du Prado… Parce

PhotoS ÉRIC ANTOINE (sauf indiqué)

MOCQUIN ET LE PRADO

L’année d’après, même endroit, même contest : le choc. Il était là, skatait toujours autant, mais il était juste devenu super balèze. Là, avec les copains, on ne s’est même pas remis en question, on s’est simplement dit que c’est lui qui avait un problème. Un problème qui lui permettait de mieux skater que tout le monde, mais un problème quand même. Quand on progresse aussi vite, c’est juste pas normal, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas… Bon, il est reparti en civière cette année-là, avec un trauma crânien et une épaule flinguée, alors que nous, on est rentré à la maison aussi fringants (et aussi nuls) qu’on l’était en arrivant. L’année suivante, le contest ne se faisait plus à Marseille, mais à Malmö et il avait carrément gagné sa place pour skater avec les pros, en se qualifiant dans le bowl du Prado. Vous parlez d’une ascension fulgurante ? Un peu oui, et depuis, ça n’arrête pas, il a deux ou trois tricks en tête à faire pâlir un Stevie Williams. Parce que Guillaume a décidé de se lancer dans le super tech, le « ledge dancing » adapté au bowl… À ce que j’ai compris, les séquences de cet article ne sont qu’une mise en bouche… Il se plaignait, quand on lui a annoncé qu’on avait l’intention de faire un article avec ces photos, qu’il avait un pied cassé quand Éric (Antoine) était venu shooter (il s’est fait opérer deux semaines plus tard) et donc, 60

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qu’au bowl, et c’est le sujet de cet article, il est devenu LE champion, en un temps record. Pourtant il y a une grosse concurrence, et surtout, c’était vraiment pas gagné au départ. Je me souviens l’avoir vu pour la première fois en 2004 au (Quiksilver) Bowlrider, à Marseille justement. Il m’avait presque autant fait halluciner que Cardiel et Speyer les premières années, mais pas pour les mêmes raisons... Il ne savait absolument pas skater le bowl ! Mais alors vraiment pas. Toujours à deux doigts de se mettre une tarte, mais toujours à fond. Tout le monde hallucinait sur lui en fait. Il skatait toute la journée entre les runs des pros, puis en fin d’après-midi dès que le contest était fini. C’était un vrai danger public, complètement à l’arrache. Avec mes potes, on attendait que tout le monde parte faire la fête pour skater le bowl jusqu’à ce que le jour se lève, pour être tranquilles… Et il était encore là, à skater à bloc.. On le regardait flirter avec la mort à chaque fois qu’il s’élançait dans le bowl et au bout de trois jours à skater à fond, il était toujours super sketchy, mais il commençait à faire des gros airs sur le hip. Il avait plus progressé en trois jours que mes potes et moi en quinze années de

qu’il pouvait faire mieux… Je me permets de le préciser parce que c’est un aspect assez significatif de son caractère : Guillaume est un éternel insatisfait, à un point que c’en est presque chiant... Si on l’écoute, rien de ce qu’il fait ne mérite d’être filmé ou pris en photo, y compris les tricks de cet article. Quand je vous dis qu’il a un problème... Pourtant il est bien conscient qu’il skate au dessus de la moyenne. Quand on lui demande qui l’a vraiment impressionné au Prado, il répond qu’à part ce qu’on lui a raconté et qu’il n’a donc pas vu, les Burnquist, Cardiel, Peter Hewitt, etc… Personne ne l’impressionne vraiment. A part peut-être « Boulon », le gars qui passe le spine en scooter et un ou deux minots du cru qui selon lui possèdent tout ce qu’il faut pour devenir très forts. Signalons en aparté et pour conclure, que Guillaume n’a toujours pas de sponsor chaussures et qu’il remercie donc doublement Element de continuer de le soutenir malgré le fait que, comme il le dit lui-même, « ils me gardent alors qu’ils auraient déjà pû me virer 100 fois. » faisant référence ici à ses frasques nocturnes… Voilà, cet « avant goût » se termine ici, on vous tiendra informés de l’évolution du phénomène Mocquin au bowl du Prado dès que possible. En attendant, allez voir la vidéo Lakaï et filez essayer tout ça dans le bowl le plus proche… – FD


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