A Propos 7

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NO7, 03.2014

FRANÇAIS/ENGLISH


Rédaction David Turakiewicz tura@aproposskatemag.com Secrétaire de rédaction Valéry Blin Conception Graphique Jad Hussein Contributeurs photo Loïc Benoit Henrik Biemer Joe Brook Maxime Chappet Vincent Coupeau Donger Luidgi Gaydu Hendrik Hertzmann Jelle Keppens Ben Kilpatrick Nikwen Iseki Nobuo Alex Pires Andy Speck Bertrand Trichet Illustration Maxime Chappet Merci à Stéphane Borgne et Anna Keogh.

Imprimé chez Spektar (BG) 10 000 exemplaires ISSN en cours DETOUR MEDIA 63 rue St Maur 75011 Paris (FR) Instagram @aproposskatemag Facebook aproposskatemag www.aproposskatemag.com


Édito

Jusqu’à ce numéro, À Propos traitait uniquement de la scène parisienne, dans un format de poche, comme pouvait l’être Grey à Londres, Gone à Lyon ou Anzeigeberlin à Berlin. Le mag sortait entre deux Soma, quand j’avais le temps de m’y consacrer et de quoi le remplir… Mais comme Soma fait partie de l’histoire ancienne pour moi, j’ai décidé d’ouvrir À Propos au reste du monde pour rajouter deux syllabes au mot zine. Parce que j’ai encore envie de parler de ce truc qui nous pousse bien souvent à faire n’importe quoi, juste pour le plaisir… Et parce que ce truc, malgré les rumeurs de JO et sa récupération, est toujours aussi amusant à faire, et toujours plein de surprises. À Propos Magazine sortira désormais tous les 3 mois, dans les skateshops de France et d’ailleurs, si tout se passe bien ! Si vous avez raté les numéros précédents, tous sont en ligne, avec même quelques news, sur www.aproposskatemag.com.


Forwords

Until this present issue, À Propos would only talk about the Parisian scene on a pocket size format like Grey in London, Gone in Lyon or Anzeigeberlin in Berlin. The mag would come out between 2 issues of Soma, when I had time to do it and stuff to fill it with… Now that Soma is history for me, I decided to open À Propos to the rest of the world and give 2 more syllabus to the word zine. Because I still want to talk about that thing that sometimes leads us to do crazy stuff, just for fun… And because that thing, despite rumours of the olympics and its hijacking, is still fun to do and full of surprises. À Propos will come out every 3 months from now on, in skateshops and elsewhere if everything is ok!


Sommaire

À propos de ollies (p.10) « Je crois que les gens ont juste envie de lire un mag de skate sans avoir à réfléchir » Sylvain Tognelli (p.22) « Sans parler de l’apparition massive d’internet ou autres energy drinks qui de mon point de vue tirent plutôt le skate vers une ‹ massemolification › générale… » Florent Mirtain (p.38) 5 bonnes choses disparues trop vite (p.48) Le Quizz (p.50) 5 questions à Scott Bourne (p.52)


Sommaire

À propos de skateshops (p.54) À propos d’une cette image (p.56) « Depuis quand les magazines de skate, sauf Big Brother et, allez, Freestyler, se sont exprimés objectivement en disant vraiment ce qu’ils veulent ? » Sébastien Carayol (p.58) English translations (p.62)

Valeri Rosomako, FS wallride Paris (FR), 17.07.2013

Photo : Alex Pires



S K AT E b O A R D I n g C O L L E C T I O n


STRONG MADE STRONGER

E X C L U S I V E LY AT S K AT E S H O P S W O R L D W I D E

L E V I . C O m / S K AT E b O A R D I n g


THE CONVERSE CONS TRAPASSO PRO II


SEE MORE CONVERSE CONS AT: WWW.CONVERSE.COM/CONSPROJECT



CONgRaTULaTiONs k a R s T E N k L E P Pa N waLLRidE iNTO baNk PhOTO by sEM RUbiO ELEMENTbRaNd.COM

@ k a R s T E N k L E P Pa N @ELEMENTbRaNd @ELEMENTEUROPE


@nozbone

#nozbonedixans

prĂŠsentĂŠ par Nozbone skateboard boutique. 295, rue du Faubourg Saint-Antoine 75011 Paris / T. 01 43 67 59 67

www.nozbone.com Facebook / Nozbone.skateshop Instagram / @nozbone


Filmé & réalisé par : Ludovic Azemar —

Photographie / Alex Pires

avec : Mus Bennacer Oscar Candon Akim Cherif Hugo Corbin Grégoire Cuadrado Lionel Dominoni Lisa Jacob Martin Keller Jon Monié Samuel Partaix Kevin Rodrigues Rémy Taveira Sylvain Tognelli Vincent Touzery

#cafeclope


10

Ă€ propos de ollies


Jiro Kaneko’s Tokyo (JP), 12.05.2012

Photo : Iseki Nobuo



Timmey Krauer Winterthur (CH), 09.03.2011

Photo : Andy Speck



Carsten Beneker Hannovre (DE), 04.08.2013

Photo : Hendrik Herzmann


Michael Mackrodt, ollie to fakie Zabreb (HR), 18.05.2013

Photo : Tura




Sam Vroman Paris (FR), 07.10.2013

Photo : Donger


Vincent Milou / BS smith / Š C.L.G


Š Photo : Mathieu Claudon

OSCAR CANDON pro-model coming soon...

hazewheels.com


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Ă€ propos de Sylvain Tognelli et des interviews


Interview

Combien as-tu fait d’interviews depuis le début de l’année (nous sommes le 11 février) ? Une ou deux… Je me souviens d’un truc pour Grey… Juste un en fait. Et combien tu en as en cours ? Deux, que je dois faire aujourd’hui ! Pourquoi penses-tu qu’on te demande des interviews, pour ce que tu as à dire ou ce que tu as à montrer via le skate ? Je n’en sais rien… Tu penses qu’on me réclame plus d’interviews que les autres ? Oui, je pense, c’est une impression. S’il y en a eu plus que d’autres personnes, alors c’est peut-être pour ce que j’ai à dire, mais c’est assez répétitif… Je formule la question différemment : tu préfères t’exprimer à travers le skate (les photos) ou ce que tu as à dire ? Par l’intermédiaire du skate, ça c’est sûr. Donc faire des interviews, ça ne t’intéresse pas plus que ça. Non…


Sylvain Tognelli

Quelle est la difficulté de l’exercice ? Le plus dur, c’est d’arriver à exprimer ce qu’il y a dans ma tête avec des mots ou des références qui seront partagées par les lecteurs. Ce n’est pas quelque chose qu’on a l’habitude de faire ou de penser parce que généralement tu t’adaptes à la personne à qui tu t’adresses, parce qu’on imagine ce qu’elle va comprendre. Alors que quand tu t’adresses à un auditoire plus large, il y a ce problème qui entre en compte. Donc tu penses qu’il ne faut pas jouer la carte de la spontanéité ? Si, une interview, ça doit l’être (spontanée), c’est le principe. C’est justement dans les fautes, les silences, les contradictions qu’on s’exprime vraiment. Parce qu’on est humain… Que penses-tu donc des interviews par mail ? Je pense que c’est pratique pour les médias, mais c’est un piège. Et bien souvent ça se voit. Quand les réponses font trois kilomètres, c’est que la personne a eu tout le temps pour réfléchir à ce qu’elle voulait dire. C’est là où le côté marrant des interviews meurt… Par mail, tu sais déjà où tu vas puisque tu connais les autres questions. Tu penses qu’il faudrait préciser, dans les magazines, si c’est par mail ou à l’oral ? Tu as un magazine, c’est à toi de voir… Mais bon, il y a tellement d’interviews qui sont seulement de petits communiqués marketing que quelque part, ce n’est pas si important. Est-ce qu’il arrive, qu’avant publication, on te fasse relire le texte ? Ça arrive, mais quand c’est arrivé, c’est moi qui l’avais demandé parce que je n’était pas trop sûr… Donc on en revient à la question de la spontanéité. Exactement, si tu peux te corriger… Mais c’était des situations où j’étais quasiment sûr qu’il y avait eu une incompréhension. J’avais peur que ça sorte et que ça ne soit pas du tout mon opinion (qui soit exprimée). C’était pas forcément pour faire des modif’ mais plus pour vérifier qu’il n’y avait pas eu une incompréhension. Oui. Mais au final, les meilleures interviews, c’étaient celles dont je n’avais rien vu avant. Est-ce qu’il y a des choses que tu as dites dans des interviews que tu regrettes ? Non. Ou est-ce qu’il y en a eu qui n’ont pas eu le rendu que tu attendais ? Oui, il y a eu une interview ou une réponse était exactement le contraire de ce que j’avais dit. C’était par téléphone, il y avait du bruit derrière parce qu’on était en train de skater et ça m’avait saoulé, j’aurais dû


Interview

prendre le temps de le faire bien… Je crois que c’était un truc pour Sugar… Il y a aussi eu un truc dans Kingpin, quand ils te demandent « what you’re into » /« over it », et ils avaient interverti les deux ! Au final ça marchait aussi parce que j’avais changé mon opinion entre le moment où j’ai répondu et le moment où c’est sorti ! Est-ce qu’il y a eu des choses que tu as toujours voulu dire dans une interview mais au sujet desquelles on ne t’a jamais posé la question ? C’est toujours des trucs liés à mon opinion par rapport au skate… Tout le monde a des trucs à dire, et dans une interview, ce serait difficile parce que ça prendrait trop de temps… Ce sont des trucs auxquels tu penses quand tu es seul chez toi, tu te dis que tu aimerais vraiment pouvoir exprimer ça, mais justement, peut-être qu’une interview n’est pas le bon médium pour s’exprimer… Par exemple, il y a eu cette interview dans Kingpin l’année dernière où on a commencé à parler du danger de l’argent qui vient d’ailleurs dans le skate. Ça avait pris du temps avec Jan (Kliewer), on avait parlé des heures pour exprimer ce truc, et lui se faisait un peu l’avocat du diable donc ça m’avait aidé aussi… Ça, c’était un truc dont j’avais vraiment envie de parler depuis longtemps. Et puis quand le truc est sorti, ça a saoulé tout le monde ! Ah ah ah ! Je crois que les gens ont juste envie de lire un mag de skate, de se divertir sans avoir à réfléchir à trop de trucs… Niveau images, est-ce qu’on te consulte toujours pour le choix des photos ? Non… Tout à l’heure, tu m’as montré ta sélection, et honnêtement, je pense que c’est la première fois. Mais c’est moi qui ne demande pas non plus. La plupart du temps, je sais ce qu’il y a, mais je ne connais pas la sélection précise. Au final c’est toujours un nose grind, un nose manual, un back lip et un powerslide ! Ah ah ah ! Est-ce qu’il t’est arrivé de voir des photos imprimées que tu ne voulais pas voir publiées ? Non, je ne crois pas. Le seul truc, c’est par exemple que récemment, j’ai eu plein de frontside wallrides qui sont sortis et du coup j’essaye de plus varier les tricks ! À un moment c’était le front feebles, j’en ai eu plein à la suite et ça m’avait saoulé. Même Mathieu (Tourneur, Lakai team manager) m’avait dit d’arrêter les front feebles ! Du coup à chaque nouveau je me disais « oh non »… Est-ce qu’il t’est arrivé d’avoir à modérer tes propos pour ne pas avoir à froisser tes sponsors ? J’ai la chance d’avoir des sponsors qui s’en foutent un peu… Après, par exemple pour le truc Carhartt dans la montagne (« Swiss banks »


Sylvain Tognelli


BS powerslide Barcelone (ES), 13.01.2014

Photo : Henrik Biemer


BS disaster Fleury-Mérogis (FR), 06.02.2014

Photo : Tura


Interview


Sylvain Tognelli

sorti dans Kingpin #120, texte par Sylvain), tu ne peux pas tout raconter, Bertrand (Trichet, le team manager) est aussi un pote, tu sais des trucs que tu ne peux pas vraiment dire. Et c’est un peu comme ça avec toutes les marques, même si ce serait cool que les gens sachent certaines choses. Mais bon, il n’y a pas non plus de trucs à garder impérativement secret… Est-ce que tu as déjà menti dans une interview ? Hmmm… Si j’ai menti, c’était juste une excuse pour ne pas avoir fait l’interview plus tôt… Dire que j’étais occupé alors que j’étais en train de faire la fête, des trucs comme ça ! Est-ce qu’il y a des interviews qui t’ont marqué ? Ce qui m’impressionne le plus, c’est quand celui qui pose les questions arrive à amener la personne où il le voulait, avec des skaters qui ne seraient pas forcément très loquaces ou quelque chose comme ça. C’est super impressionnant. Comme les trucs de Big Brother, c’était aussi à l’arrache, mais des mecs comme Nieratko y arrivaient, même parfois trop… Il essayait de manipuler des mecs, prendre des trucs hors contexte… À mon avis, ils envoient Nieratko quand le mec n’a rien à dire, au moins lui il arrive à en tirer quelque chose ! Ouais, mais il se renseigne quand-même avant, il fait ça sérieusement ! Je me souviens d’une interview de Clark Hassler je crois qui parlait de son père qui chasse des dinosaures en Afrique. C’était assez irréel, spirituel, c’était fou, à aucun moment ça ne parlait de skate ! La pire interview que tu aies lue ? À chaque fois que ça commence par « quel âge tu as / depuis combien de temps tu skates », quand c’est une structure tellement visitée que tu sens que ça ne va pas aller loin… Après, je trouve qu’il y a une sorte de respect des médias pour les skaters qui n’existe pas dans les autres médias en dehors du skate, qui ne vont pas les descendre s’ils disent n’importe quoi. Alors que si tu es une star de la télé réalité et que tu te mets à dire n’importe quoi, ils vont te tuer ! Il y a aussi une certaine auto-censure parce que les relations des médias sont tellement tendues avec les annonceurs que tu n’as pas envie de te fâcher avec des gens, parce que tu sais que ça peut te retomber dessus. Les magazines people sont tellement des grosses structures qu’ils peuvent peut-être plus se permettre… Non, c’est que les gens qu’ils interviewent n’ont rien à voir avec leur annonceurs. On en parlait avec Alex Pires justement, hier soir, c’est un problème des mags de skate. Tiens, voilà un truc dont on ne parle


Ollie into bank Paris (FR), 01.08.2012

Photo : Vincent Coupeau


Sylvain Tognelli


BS nosegrind pop out Paris (FR), 08.02.2014

Photo : Tura


Sylvain Tognelli

jamais : bien souvent ce sont les annonceurs qui décident de la couverture d’un magazine. Et puis qu’au final, les mags ne vivent pratiquement plus que de l’argent des annonceurs. Il arrive qu’il y ait des packs interview-cover-poster-pub qui soient vendus directement… C’est vrai. D’autant plus quand tu es gratuit, puisque que tu ne vis que de la pub. Donc tu as de la pression… Mais bon, ça n’a rien à voir avec la liberté de la presse non plus, c’est très spécialisé. Oui, tu peux toujours t’exprimer comme tu veux, mais au risque de perdre tes annonceurs et de gagner moins d’argent. Voire en perdre… Par expérience, j’ai déjà perdu des annonceurs parce que j’avais dit des trucs qui ne leur avaient pas plu. Donc après tu as tendance à faire de l’autocensure. Mais comment ça se passait pour ces magazines comme Big Brother qui se foutaient de la gueule de tout le monde ? Big Brother, justement, plus ils disaient de la merde, plus les gens l’achetaient. Donc si les annonceurs voulaient être vus, il fallait être dedans et encaisser. C’était le paradoxe du truc, tout le monde l’achetait parce que c’étaient les seuls qui disaient vraiment ce qu’il pensaient. Aujourd’hui, cette position est devenue presque exclusive d’internet. Les mecs n’en ont rien à foutre et disent ce qu’ils ont envie. Oui, c’est sûr, un truc comme Jenkem, ils n’ont aucune pression des annonceurs puisqu’ils n’en ont pas, peut-être simplement des types mécontents qui leur envoient des mails mais ça n’influe pas du tout sur leur fonctionnement. Mais personne ne gagne d’argent non plus. T’es sûr ? Oui. Donc c’est ça l’avenir ! Être riche et faire juste un mag pour le plaisir ! Pareil pour les skaters, alors, ne pas avoir de sponsor ! Oui, c’est ça l’avenir du skate ! Plus d’industrie ! Et tout géré par la fédération ! Ah ah ah ! Ce serait génial !


Flip, slappy 50-50 Paris (FR), 10.02.2014

Photo : Tura


SYLVAIN TOGNELLI - OLLIE • PHOTO: HENRIK BIEMER



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La question sérieuse

La crise, on en entend parler à la radio, certains l’accusent de tous les maux, mais comment se manifeste-t-elle dans le skate, concrètement ? C’est sûr qu’en tant que média on en a une petite idée, mais on a voulu avoir l’avis d’une dizaine de « pros » européens… Voici la question que je leur ai posée : la crise a-t-elle eu des effets sur toi, sur ta carrière ?

À propos de la crise PHIL ZWIJSEN Oui, la crise a des effets sur ma vie : peut-être pas à un niveau personnel parce que j’ai eu la chance que rien ne change pour moi et je suis content de la façon dont mes sponsors me soutiennent. Mais j’ai pas mal d’amis qui ont perdu leur(s) sponsor(s) à cause de la crise alors qu’ils n’ont jamais aussi bien skaté. Ça prouve que tout peut changer d’un jour à l’autre... HUGO LIARD Moi j’ai juste 36 ans, c’est la fin des paiements par les sponsors mais après 15 ans chez Carhartt et 12 chez Vans c’est un peu normal… Mais pour te dire quand en 2012 tout le monde pensait que c’était la crise moi j’ai signé avec Monster, donc j’ai jamais eu autant de thune que pendant la crise ! Après, je ne consomme rien du tout à part des fruits et des légumes…


Alain Goikoetxea, BS air Burgos (ES), 25.10.2012

Photo : Jelle Keppens

ALAIN GOIKOETXEA Je dirais que quand quelqu’un est affecté par la crise, comme un shop, un ami ou une marque, on est tous touchés, comme une réaction en chaîne, donc oui. VALERI ROSOMAKO Je n’ai jamais pensé « faire carrière » dans le skate, mais se faire virer d’un flow team étrange d’une marque de shoes a été la meilleure chose qui pouvait m’arriver à ce moment-là ! OSCAR CANDON Je n’y ai jamais trop pensé parce que j’ai tendance à me contenter de ce qu’on me donne, mais je pense que l’arrivée des grosses marques dans le skate a plus changé la donne que la « crise ».


Axel Cruysberghs, 50-50 pop out Budapest (HU), 31.05.2013

Photo : Jelle Keppens

AXEL CRUYSBERGHS Je crois que j’ai de la chance, rien n’a vraiment changé pour moi. Je pense que la crise ne touche pas uniquement les salaires mais aussi les boards ou les vêtements. Il faut travailler plus dur pour se faire sponsoriser, je pense que c’était plus facile avant.

STEVE FORSTNER Bah, ça n’a pas trop d’effet sur ma personnalité vu que j’ai toujours été pauvre. Mais en terme de carrière, si on peut appeler ça comme ça, oui, bien-sûr, vu que la plupart des marques de skate galèrent, c’est difficile de se faire payer en tant que pro, et puis aussi le fait que mes deux principaux sponsors, Gravis et Analog ont laissé tomber le skate au même moment…


La question sérieuse

SAMUEL PARTAIX Bien-sûr, la crise nous a touchés. J’ai vu beaucoup de potes pro skaters européens se faire virer des petites marques mais aussi de grosses. J’ai eu beaucoup de chance pour ma part, au moment où Insight51 a stoppé mon contrat, Vans m’en a proposé un avec les fringues en plus et d’autres marques comme Electric, Sosh, XSories sont venues me voir… Il faut penser au futur car tout peut s’arrêter très vite ! FLORENT MIRTAIN On ne peut pas vraiment dire que ça a eu des effets directs sur moi. La crise est arrivée en 2007, et j’ai dû commencer à gagner ma vie avec le skate quelques mois après. Donc je n’ai pas vraiment de comparaison personnelle avec l’avant et l’après crise. Je me souviens par contre qu’à la même période, les « bonnes nouvelles » étaient accompagnées généralement de mauvaises, du genre « par contre lui, on va être obligé de s’en séparer, parce que c’est la crise tu vois », ou « là par contre on va diviser les per dem par deux »... Les effets sur le skate en général depuis le début de la crise sont assez faciles à notifier, la fin de plusieurs compagnies, de certains magazines papier, les budgets qui rétrécissent, sans parler de l’apparition massive d’internet ou autres energy drinks qui de mon point de vue tirent plutôt le skate vers une « massemolification » générale… Au final, la crise a dû accentuer le coté business de ma vision du skate, chose qui ne me touchait pas quand j’étais kid. Peutêtre parce que c’était différent, ou peut-être juste parce que je ne le captais pas. En gros la crise c’est qu’une histoire de thune, ce qui se passe dans le skate se passe partout ailleurs, et même si ça n’a pas eu d’effet direct sur mon mode de vie on va dire, je sais qu’il y a de toutes manières des effets en général... PETER MOLEC D’abord je pense que cette histoire de crise, c’est des conneries. Mais c’est sûr que ça a eu des effets sur moi, comme sur la plupart des gens. Le skate est dans la merde. Tu dois récupérer un maximum de followers tous les jours sur ces putains de réseaux sociaux sous peine de ne plus être intéressant pour une marque. Ça me rend dingue, toutes ces conneries. Tout ça, c’est à cause des grosses sociétés « corporate » qui ont infiltré notre « industrie » qui, quand ils


Flo Mirtain, Feeble pop out Lyon (FR), 24.04.2013

Photo : Nikwen


La question sĂŠrieuse


La question sérieuse

auront tout pompé, s’en iront. Si nous, les skateboarders, ne faisons rien contre ça, le skate tel qu’on le connaissait disparaîtra. Il faut supporter les vraies marques de skate, se battre et ne jamais lâcher l’affaire. Je ne gagne plus d’argent grâce au skate, et ceci à cause de ces mots magiques : « coupes de budget ». Comment ça se fait que quand une marque se fait racheter par une de ces sociétés « corporate », du jour au lendemain la moitié du team se fait virer à cause des coupes de budget ? Ils sont censés récupérer de l’argent, non ? Mais ils veulent simplement prendre l’argent du skate et ne rien lui rendre. Si on garde cette « industrie » entre nos mains, il y aura plus de petites marques en concurrence et tout le monde aura un team. Ça veut dire qu’il y aura plus de skaters qui vivront du skate. Mais comment se battre face à des multinationales quand tu es une petite marque de skate ? Les skaters n’ont pas besoin de grand-chose, pas besoin de 50 000 dollars par mois, ce n’est pas le foot ou le hockey. Moi je me suis trouvé un job. Je bosse jusqu’à 14h, et après ça je suis encore plus motivé d’aller skater, filmer ou n’importe quoi. Je suis libre. Je gagne simplement ma vie grâce à autre chose. Je skate pour la meilleure marque qui soit, créée et gérée par des skaters. C’est une vraie marque de skate qui fait tout ce qu’elle peut pour le team et le skate en général. J’espère, je suis sûr même que tôt ou tard, les skaters et surtout la jeune génération commencera à réaliser le danger des grosses marques de sport. Le skate est une culture, pas un sport. Ça, mon cher Peter, on est bien d’accord là-dessus : le skate n’est pas un sport. Une culture, certainement dans nos cœurs, mais tout porte à croire que ça n’est au fond qu’un business comme les autres où les « pros » ne sont que les outils marketing des marques qui subissent elles-mêmes les fluctuations du marché. Alors finalement, la vraie question n’est peut-être pas de savoir si la crise a des effets sur le skate, mais comment préserver le skate des crises successives…



/ Photos : Romain Babeau

TEAM RIDER : JJP 速 MADE IN THE LAND OF THE FREE

Availabke at STARCOW (Paris. FR) LABO SHOP (BSM. FR) WISM (Tokyo. JAPAN) fastlifeusa.com


47 À propos de morts-vivants (p.48), des frères Zattoni  (p.50), d’un mec sans téléphone portable (p.52), de plateaux (p.54), de VX 1000 (p.56) et d’un rasta blanc bibliophile (p.58).


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bonnes choses disparues trop vite


5 bonnes choses disparues trop vite

LINK SHOES (2003) Avec une campagne publicitaire dans les magazines qui aura duré plus d’un an, la petite marque de chaussures issue des bureaux Cliché sous la houlette de Salomon n’aura tenu qu’une saison en shop. Dix ans plus tard, il faut bien avouer que les modèles étaient particulièrement moches. La preuve que même avec un bon marketing, on ne peut pas vendre n’importe quoi. SKATE PISTOLS SKATE SHOP (2007-2009) Skateshop ouvert à Tours par Sam Partaix alors qu’il n’a encore que 18 ans, il aura eu le mérite de faire connaître la petite scène Tourangelle, notamment par le biais de la très bonne « Skate Pistols video », réalisée en 2008 par Romain Batard. Une vie courte, quelques casseroles à la fermeture, mais une façon originale de commencer une carrière : par la fin. PAUSE MAGAZINE (2010) Publié par la même maison que Sugar, Pause n’aura eu le temps d’exprimer sa vision plus mature et plus culturelle du skate que sur deux numéros avant de finir aux oubliettes… puis renaître quelques mois plus tard sous la bannière Live Skateboard Media sur le net. Si vous aviez eu à choisir, vous auriez gardé Pause ou Sugar ? MINUTIA SKATEBOARDS (2003-2004) Avec Soy Panday au sortir de sa période Kenny Reed, David Couliau au plus haut de sa forme, une arme secrète nommée Alex Van Hoecke, Samir Krim jouant ses dernières cartouches, Vivien Feil en plein boom, et le soutien indéfectible de Sugar (dont le graphiste était le même), la marque avait tout pour talonner Cliché à l’échelle européenne. Les bonnes choses ont toutes une fin. LE TEENAGE TOUR (2000 -2006) Le TT aura révélé les trois-quarts des acteurs du skate français d’aujourd’hui, et malgré l’aspect parfois un peu trop « caravane du Tour de France », avait le mérite de motiver la plus jeune génération, tout en rassemblant les autres pour des démos d’Américains venus spécialement, et pas uniquement à Paris. Depuis, silence radio de l’organisateur, V7 Distribution.


Le QUIZZ

Photo : Luidgi Gaydu

50

Les questions : 1 Qui a dit « le skate, c’est pas un truc de filles », avant de publier son mea culpa sur Twitter ? 2 Qui a été élu European Skater of the year pour l’année 2013 ? 3 Lequel d’Akim et Karim Chérif est le plus âgé ? 4 Qui est champion de France de skate 2013 (plus de 18 ans/street) ? 5 Quel Espagnol figurait en couverture du premier numéro de Kingpin, en 2003 ? 6 Quels sont les prénoms des frères Zattoni ? 7 Quel photographe belge a eu un pro-model chez Deathbox au début des années 90 ? 8 Quel skater-artiste a vu certaines de ses photos censurées lors d’une exposition au Palais de Tokyo ? 9 Quel skater a eu successivement un pro-model chez Vans, DC puis chez Lakai ? 10 Quel skater, selon divers magazines people, aurait eu une affaire avec Paris Hilton ? Réponses exactes p.67

P


K– ROD VS. P – GRU Les réponses : 1 Nyjah Huston. 2 Karsten ? 3 Karim. 4 Ah ah ah ! Ça ne doit pas être lui mais je ne vois que Adrien Bulard… 5 Mendizabal ou Roberto Aleman… Mendizabal. 6 Zattoni ? Oulah… Frederico et… non, je ne sais pas. 7 Je ne sais pas. Il a trouvé Paul ? 8 Mark Gonzales. 9 Je ne vois pas… Marc Johnson il n’était pas chez DC… Pappalardo ? 10 Steve Olson ? Non. Chad Muska ! Ok, allez, un demi point !

1 Nyjah Huston ! 2 Je l’ai su, mais j’ai peutêtre oublié… J’ai envie de dire Hjalte Halberg, mais ce n’est pas lui… Nassim Guzman ? 3 Karim ? 4 Je n’en ai aucune idée. 5 Javier Mendizabal, au pif ! 6 Je ne sais pas qui sont les frères Zattoni… 7 Au début des années 90 ? Je ne sais pas du tout… 8 Ed Templeton. 9 Je ne sais pas du tout… Marc Johnson ? 10 Chad Muska. 5/10

D N U R G L PAU ER ! N 4,5/10


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5 questions

Scott Bourne, les jeunes, c’est un vieux croulant qui était pro il y a bien longtemps et qui a toujours raconté sa vie : dans les colonnes de Slap magazine dans les 90’s, dans Soma plus récemment et aujourd’hui dans des bouquins dont le prochain sera une compilation des textes publiés dans Soma justement (+ quelques épisodes inédits) et qui devrait sortir à la fin de l’année.

à Scott Bourne


Photo : Bertrand Trichet

Photo : Joe Brook

Blunt to fakie Chelles (FR), 05.11.2005

Où est-ce que ça fait mal, en ce moment ? Partout ! Je ne comprends pas comment les pros de mon âge font pour continuer. À quand remonte ta dernière session ? C’était il y a quelques mois lors d’un shooting pour GQ, sinon ça doit faire plus d’un an que je n’ai pas pris ma board pour autre chose que cruiser ou emmener mon fils faire un tour. De quoi tu vis, aujourd’hui ? Grâce à ma femme ! Est-ce que tu imagines retourner vivre aux États-Unis un jour ? Non, je n’ai aucune envie de retourner vivre là-bas ! Trop de lois, trop de prisons, trop d’amendes, pas de sécurité sociale et tout le monde est armé et pauvre. Le rêve est terminé ! Comment c’est, de vivre sans téléphone portable en 2014 ? C’est comme d’aller au bar quand tu ne bois pas d’alcool et que tu te rends compte à quel point ils sont cons quand ils sont bourrés… C’est là que tu es content de ne pas boire !


54

À propos de skateshops

illustration : Maxime Chappet

Le skateshop, c’est un peu comme le bar-PMU du coin. On s’y donne rendez-vous pour aller skater, on y discute, on y squatte jusqu’à la fermeture… Et tout le monde, à un moment ou à un autre, a rêvé d’être de l’autre côté du comptoir. Ne faites pas semblant, souvenez-vous, c’était avant que vous réalisiez la difficulté de l’exercice et que vous décidiez plutôt de vous lancer dans une marque de boards. Parce que vous savez qu’une board, ça s’achète dans un skateshop, et nulle part ailleurs. J’ai contacté 10 shops et je leur ai posé des petites questions à ce sujet. 1 Quelle a été la marque de board la plus vendue au cours du mois dernier ? 2 Quelle proportion représentent les marques européennes par rapport aux américaines ?

SEBASTIANO BARTOLONI/ABS SKATESHOP/ANNECY 1 Cliché et en même quantité Antiz, Blaze Supply et des Penny ! Ensuite Trauma, Girl, etc. 2 Si on considère toujours Cliché une marque européenne il y a la même proportion de boards européennes qu’américaines… DAVE MACKEY/LOSTART SKATESHOP/LIVERPOOL, UK 1 The National Skateboard co. 2 60% européennes, 40 % américaines.


À propos de skateshops

FRED LEFRANCQ/ZEROPOLIS SKATESHOP/LILLE 1 Cliché sûrement, mais cela dépend beaucoup des livraisons. Les marques qu’on aime et qu’on travaille ne sont pas forcément présentes toute l’année. 2 30% des boards. NICOLAS SIMONNET/DIGITAL SKATESHOP/ORLÉANS 1 Girl, du moins chez moi. 2 Les marques européennes sont peu présentes chez moi : 10% contre 90% de ricaines, mais pour le textile j’aime beaucoup. MATTHIEU FAUVEAU/OFFICIAL SKATESHOP/TOULOUSE 1 Palace. 2 30% environ, mais ça dépend des mois, car pour Noël par exemple, on vend beaucoup de boards de marques très mainstream. FRANCK SISOUNOL/MOJITO SKATESHOP/REIMS 1 Creature et Cliché, en ce moment. 2 1/3 européennes, 2/3 ricaines. LAURENT MOLINIER/BUD SKATESHOP/MARSEILLE 1 Blaze Supply. 2 60% marques américaines, 40 européennes, mais ça dépend des mois... BEN JANKOWSKI/POPULAR SKATESHOP/MONTPELLIER 1 Trauma. Au moins on sait ce que l’on vend (bois/usine). On favorise les petites marques indépendantes et gérées par les skaters, donc on ne pousse pas les marques américaines du tout. 2 80% européennes. SEB GARNAUD/RIOT SKATESHOP/BORDEAUX 1 Polar. 2 70% de marques européennes. DAMIEN BULLE/NOZBONE SKATESHOP/PARIS 1 Palace. 2 C’est difficile à dire… Mais il y a plus de boards européennes que d’américaines, mais je n’ai pas les chiffres exacts.


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H

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F

C


Une rubrique totalement copiée sur « Anatomy of a photo » de Thrasher magazine

L’arbre — Cet arbre n’est pas là par hasard. Il a été placé dans le cadre de cette photo pour deux raisons : cacher le type qui filme et faire office de premier plan pour donner de la profondeur à l’image. Eh ouais, c’est comme ça que ça marche ! C Les scooters — Les scooters, c’est encore pire que les bagnoles à Paris, alors que tout est faisable en métro, en vélo… ou même en skate. Tous des feignants ! D Le Vélib’ — Il y a environ 20 000 Vélib’ à Paris, et on aime bien souvent à dire que les vélibeurs font n’importe quoi. C’est sûrement vrai, et tant que ça emmerde les bagnoles, je suis pour ! E Le type — Là, le vieux qui passe devant l’objectif, c’est complètement par hasard. Mais par chance, ça ne gène pas la lecture de la photo vu qu’il ne cache aucun élément important. Et flou comme il est, ça oriente même le regard vers les éléments plus nets et plus importants, comme le mec en skate…

B

Photo : Ben Kilpatrick

F Les filles — Là où il y a des skaters, vous trouverez pas loin des jeunes filles en fleurs. Oui, ça rime. G Le bonnet — Le bonnet Carhartt est autant un succès qu’une énigme commerciale. Selon mes sources, il s’en venderait jusqu’à 40 par jour dans certains magasins. 100% acrylique, il est juste doté d’une étiquette qu’il est de bon augure de porter bien au milieu. Mais pourquoi ce bonnet-là plus qu’un autre ? Peut-être parce qu’on peut cacher des trucs illicites dans la partie vide du au-dessus… H Le McDo — Tout le monde sait que bouffer du Mc Do, ça ne sert à rien. Surtout à emporter puisqu’on n’a même plus accès au Wifi. Une nouvelle énigme commerciale qui doit avoir une explication sociologique toute simple que je refuse encore d’admettre… I La caméra — En y regardant de près, il semblerait que ce soit une Sony VX1000, équipée d’un tout aussi légendaire fisheye Century. Le meilleur rendu pour du skate, jamais égalé, il paraît. Incroyable pour une caméra sortie il y a 19 ans !

À propos de cette image

Paul Grund, Ollie over to FS Lipslide Paris (FR), 10.09.2013


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5 questions

Seb est le seul vrai journaliste que je connais qui travaille dans le skate puisqu’il peut aussi bien être publié dans les mag’ de skate que dans Libé ou L’Equipe Mag’. Même que parfois, ça ne parle même pas de skate… C’est aussi le seul type capable de défendre un truc indéfendable : le ragga (ou le reggae) dans une vidéo. Un dingue, j’vous dis, tellement dingue qu’il en est arrivé à écrire des bouquins. Bon, pas des romans que personne ne lit mais des bouquins avec des images qui ont marqué le skate, comme l’histoire de FTC, le shop mythique de San Francisco, qui vient de sortir.

à Seb Carayol Que signifie vraiment FTC ? Est-ce qu’à un moment ou à un autre, ça a voulu dire « Fuck the cops » ? Dans l’imaginaire collectif, ça signifiait aussi parfois « Fuck The Cops » et c’est ce qui est génial, puisqu’à la base c’est bien plus prosaïque : ça voulait dire depuis les années 60 « Free Trade Center », la boîte de distribution de ski et de tennis lancée par le père du boss actuel Kent Uyehara. Au fil du temps tout le monde l’a fait à sa sauce. Certaines personnes disaient que ça voulait dire «Felix The Cat», ou des trucs plus politiquement incorrects, genre « Fob Toy Company » (« Fob » c’est pour « Fresh Off The Boat », terme péjoratif pour les nouveaux immigrants). Mais c’était drôle car justement tous les skaters de FTC étaient issus de minorités, et les quenelles n’existaient alors que dans les boîtes de conserve « Petit Jean ». Ah aussi, le rappeur Del Tha Funkee Homosapiens interviewé dans le livre (il a dessiné la pochette de la première vidéo FTC) imagine que ça signifie « Fresh Trees Cooperated », mais il en fume pas mal, des trees.


FTC Book, 2013

Seb Carayol

Pourquoi un bouquin sur FTC, et pas Street Machine, par exemple ? Pourquoi pas un jour Street Machine au fait ? Sérieux ! Non, bon, là FTC c’est parce que pour moi ça transcendait le simple skateshop, même culte : FTC a « inventé » quelque chose, du moins a relayé ces inventions du skate des années 90 : SF, l’EMB, les lines, Mike Carroll, la connexion avec le street new-yorkais, ou des vidéos avec de la soul qui allaient préfigurer Girl, par exemple. Sans parler d’une dimension vraiment unique de centre social style MJC de tiéquar tu’ois, mais version skate. Tout ça fait qu’on se retrouve avec quasiment un récit des années 90 dans le skateboard, mais avec ce fil rouge du skateshop mythique FTC. À l’heure où les magazines (de skate) disparaissent peu à peu, les bouquins sont-ils les derniers remparts où tu peux encore t’exprimer objectivement ? Depuis quand les magazines de skate, sauf Big Brother et, allez, Freestyler, se sont exprimés objectivement en disant vraiment ce qu’ils veulent ? Oh, les annonceurs ne vont pas aimer… Et puis le moindre article sur le moindre tour de skate, à quel moment c’est objectif ? Tu te fais payer par une marque en échange de pub gratos sur x pages. Bref… Dans une industrie comme celle du skate (qu’on essaie de vendre comme « pas une industrie »), le débat n’est pas sur l’objectivité du tout, non. Ce que le bouquin permet, c’est d’avoir une place quasi-illimitée pour rentrer dans les détails, développer les anecdotes etc, qui sont je pense ce que les lecteurs viennent chercher dans un livre comme celui de FTC. Tu peux savoir comment James Kelch a eu sa première board gratos après une baston dans un bus contre un gang asiatique, par exemple ! Ça ne va pas chercher beaucoup plus loin le skateboard, et c’est très bien ainsi. Maintenant que Skateboarder n’existe plus, où peut-on lire tes chroniques ? Bonne question ! Je dois 8956 articles environ à The Skateboard


Seb Carayol

Look Away, The Art of Todd Francis, MBP

Agents Provocateurs, Gingko Press, 2014

mag et je fais des interviews musique pour Thrasher à l’occase mais là ces jours-ci je me concentre sur mes deux autres bouquins qui arrivent bientôt, et puis en fait comme j’ai plein de boulot hors skate j’y vais mollo. Le but ultime serait bien-sûr de faire de l’enquête d’investigation ou du reportage de guerre pour À Propos mais il faut que je renforce mon CV ! Quels sont ces bouquins, et quand est-ce que ça sort ? En mars /avril. Le premier est une anthologie en 100 boards des graphiques les plus provocants dans le skate depuis le début des années 90, avec l’histoire de chacune des boards (« Agents Provocateurs: 100 provocative board graphics  » chez Gingko Press). Celui-là il va faire débat car j’ai essayé de limiter le plus possible les classiques de Marc McKee/Sean Cliver pour aller chercher des trucs Illuminati, AD Unit, Polar, des petites marques comme Roots etc. J’entends déjà les « mais pourquoi il n’y a pas telle board, c’est n’importe quoi ! » scandalisés et je m’en délecte d’avance ! L’autre bouquin, c’est le 3e de la collection des « Seen/Unknown », les petits formats qui avaient sorti celui sur Marc McKee et Todd Bratrud. Ce troisième donc me tenait beaucoup à coeur : Todd Francis ! Responsable de tous les bons trucs de chez Stereo, Anti Hero, Real etc, c’est aussi à cause de lui que tant de jeunes foufous ont l’aigle Anti Hero tatoué un peu partout… merci, le mec !


Dealer inquiries welcome! info@lousylivin.com


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English Translations

Photo : Henrik Biemer

SYLVAIN TOGNELLI ABOUT INTERVIEWS – › P. 22

How many interviews have you done this year so far (today is feb.11th)? One or two… I remember one for Grey… Just one in fact. And how many are in progress? Two, that have to be done today! Why do you think people ask you for interviews, is it for what you have to say or for what you have to show through your skateboarding? I don’t know…You think I have more interviews than others? Yes I do, I feel that. If there have been more than for other people, then maybe it’s for what I have to say, but it is a bit repetitive. Let me ask this in a different way: do you prefer to express yourself through skateboarding (the photos) or through what you have to say? Through skateboarding, for sure. So having interviews is not your cup of tea? Not really. What’s so difficult about it? The hardest is to be able to express what’s in your head with words or references that you can share

with the reader. It is not something you’re used to do or think about because usually you adapt yourself to the person you’re talking to, guessing what he’s gonna understand. But you have that problem when you talk to a larger audience. So you think you should not be so spontaneous? Yeah, an interview has to be (spontaneous), that’s the way. It is actually in mistakes, silences, contradictions that you really express yourself. Because we’re human beings... What about interviews via email? I guess it’s easier for medias but it’s a trap. And most of the time you can tell. When answers are 2 miles long, that means the person had all the time to think about it. This is when the cool side of interviews dies… By email, you know where you’re heading because you know the other questions. Do you think it should be told somewhere in magazines when it was done by email? You have a magazine, it’s up to you… But there are so many interviews that are only marketing messages that all in all, it’s not so important. Have you ever been able to read your interview before it goes to print? It has happened, but only because I asked for it because I wasn’t so sure… So that brings us back to the question of spontaneity. Exactly, that goes for when you can make corrections… But they were situations where I was sure there had been an misunderstanding. I was afraid it would come out different than what I said. It was not necessarily to correct but only to check. Yeah, but in the end, the best interviews I had were those where I didn’t check. Are there things you said in interviews that you regret? No. Or are there any interview that turned out different than you thought? Yes. There was this interview where the answer turned out the opposite way than what I said. I did it on the phone, it was loud because we were skating and I was pissed off about it, I should have taken the time to do this right… I think it was


English Translations for Sugar… There also was that thing in Kingpin where they ask you “what you’re into/over it”, and they switched both! But in the end, I was ok because between the time I did it and the time it was out, I changed my mind! Were there any things you always wanted to say in an interview but never got the opportunity to? It’s always stuff about my opinion of skateboarding… Everybody has things to say and it would take too much time in an interview… It’s the kind of stuff that you think when you’re alone at home, and tell yourself you would love to express, but maybe an interview is not the right vehicle for that… For instance, I had an interview in Kingpin last year where I started to talk about the risk of having money coming from outside into skateboarding. It took a while with Jan (Kliever) who was playing the devil’s advocate, and we talked for hours to be able to express that… It was really something I wanted to talk about in an interview. But when it came out, no one read it! Ah ah ah! I think people just want to read a skate mag and have fun without having to think too much… As far as skate photos, do mags always tell you about what they’re using? No… When you showed me your selection today, honestly, I think it was the first time. But I never ask. Most of the time I know what’s in there but I’m not 100% sure. Anyway it’s always a nose grind, a nose manual, a back lip and a powerslide! Ah ah ah! Has it happened that you had printed photos you never wanted to see in a mag? No, I don’t think so. The only problem is, like recently I had a lot of frontside wallrides that came out so I’m trying to do different tricks now. At some point it was frontside feebles, I had so many I got sick of it. Even Mathieu (Tourneur, Lakai TM) told me to quit frontside feebles! And when a new one would come out, I was like “oh no…”! Have you ever had to moderate yourself not to piss off your sponsors? I’m lucky I have sponsors that don’t really care… But like, for the Carhartt trip in the Alps (“Swiss banks”, Kingpin #120, written by Sylvain) you can’t tell everything. Bertrand (Trichet, Carhartt TM) is also a friend, you know things you can’t

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really tell. And it’s a bit like that with all companies even if it would be cool if people knew about certain aspects… But it’s not like there were top secret files… Have you ever lied in an interview? Well… If I did so, it was only an excuse for being late… Saying I was busy when I was actually partying, that kind of stuff. Has there been an interview (of someone else) that stuck in your mind? What impresses me the most is when the guy who’s asking the questions manages to bring the person where he wanted, like with skaters who wouldn’t talk much or something like that. It’s quite impressive. Like all the stuff in Big Brother, it was sketchy but guys like Nieratko would do that, maybe too much sometimes… He was trying to manipulate the skaters, taking things out of context… For me, they send Nieratko when the guy has nothing to say, at least he always brings something back! Yeah, but he’s doing this seriously. I remember a Clark Hassler interview I think, where he would talk about his dad being a dinosaur hunter. It was pretty surreal, spiritual, crazy, it didn’t talk about skateboarding at all! What’s the worst interview you ever read? Every time it starts with “how old are you/how long have you been skating”, when the structure is so overrated that you know it’s gonna be boring… But I think there is some kind of respect of the medias for skaters that doesn’t exist outside skateboarding, when they’re not gonna ruin skaters when they say stupid things. Because when you’re a TV star and you start saying crazy things, they’re gonna kill you! Well there is some self-censorship because medias have tight relationships with advertisers. You don’t want to hurt people because you know it can be bad for business. Tabloids are big companies, I guess they can do it more easily… No, it’s because people they’re interviewing have nothing to do with their advertisers. We were talking about this last night with Alex Pires, it’s a real problem in skate mags. Now that’s something we never talk about: most of the times


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English Translations

advertisers can decide what’s gonna be on a cover of a magazine. And magazines now pretty much only live from advertising. They can buy interview-cover-poster-ad packs... True story. And this is even more true when the mag is free because we only get money from advertising. We have pressure… But it’s alright, it has nothing to do with the freedom of speech, it’s really specialised. Yeah, you can still say what you want and risk to lose some advertisers, and earn less money. Or lose some… From my experience, I already lost ads because I said things they didn’t like. So you start having some self censorship. But how did magazines like Big Brother do, when they used to talk shit about everyone? Big Brother, the more they would talked shit, the more people bought it. So if you were an advertiser and wanted to be sure everyone would see you, you had to be in there and shut up. That was the paradox of it, everybody would buy it because they were the only ones saying what they really thought. Today that has become internet’s exclusive position. People don’t give a shit and say whatever they want. That’s right, like Jenkem, they don’t get pressure from advertisers because they don’t have any, only maybe some emails from upset readers but that doesn’t affect the way they work. But no one earns money. Really? Yes. So that’s the future: being rich and making a mag only for fun! Same thing for skaters, then, no more sponsors! Yeah, that’s the future of skateboarding! No more industry! Everything held by the federation of skateboarding! That would be great! THE SERIOUS QUESTION – › P. 38 The financial crisis, you hear about it on the radio, people blame it on anything, but how

does it affect skateboarding? Well, being a media I guess I know about it but I wanted to hear what pros had to say about it… Had the financial crisis had any effect on you/your career? PHIL ZWIJSEN The crisis did had effect on my life: maybe not personally for myself because I’m pretty lucky nothing has changed for me and I’m really stoked my sponsors are helping me out really good and supporting me. But a lot of my friends got cut because of the crisis and a lot of those people are skating better than ever. It shows everything can be done from one day to another… HUGO LIARD I’m 36, it’s the end of sponsor’s paychecks but after 15 years riding for Carhartt and 12 for Vans, I guess it’s ok… To be honest, in 2012, when everybody was talking about the crisis, I signed on with Monster, so I never had more money than during that time! Also, I don’t really buy anything besides fruits and veggies… ALAIN GOIKOETXEA I would say that when somebody is affected by the crisis like a skate shop or a friend or a company means that we are all we are fucked, this is like a chain where all we all are involved. So I would say yes. OSCAR CANDON I never really thought about it because I’m happy with what I get. But I think corporate companies taking over skateboarding have more to do with “the crisis” than anything. AXEL CRUYSBERGHS I think I’m lucky but for me everything stayed kind of the same. I think the financial crisis is not always about money. I think it’s also with skate materials or clothes. You have to work (skate) hard to get hooked up with free stuff and back in the days it was easier I feel like. VALERI ROSOMAKO I never saw Skateboarding as a carreer for myself, but getting the boot from a strange shoe flow


English Translations

Photo : Jelle Keppens

Valeri Rosomako, Polejam, Paris (FR), 19.07.2013 — Photo : Alex Pires

team during that time was the best thing could happen to me...

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ternet, or energy drinks that in my opinion took skateboarding into a weird mainstream blur…

ENERGY DRINKS THAT IN MY OPINION TOOK SKATEBOARDING INTO A WEIRD MAINSTREAM BLUR Anyway, recession must have sharpened my business outlook on the skateboarding industr y, which was something I didn’t understand before, being a kid. In the end, it’s only money issues, what goes on in skateboarding happens everywhere else, and even if it doesn’t really affect my lifestyle, I guess it still affects me in general… PETER MOLEC SAMUEL PARTAIX Of course! I’ve seen a lot of pro skaters friends getting kicked out of little companies as well as big ones. I was pretty lucky on my side, when Insight51 dropped my contract, Vans offered me one for the clothing along with other brands like Electric, Sosh, Xsories… You need to think about the future because everything can stop anytime! FLORENT MIRTAIN I can’t really say it affected me. It all started in 2007, pretty much when I started earning money from skateboarding. So I can’t really compare my situation before and after the recession. But I do remember that by this time, all “good news” would come alongside the bad ones like “but we’re gonna have to let this guy go because of the crisis, you know…” or “sorry we had to cut in two your per diem”… The effects on skateboarding are quite obvious, like the end of some companies, some magazines that disappeared, budget cuts, the rise of the in-

First of all I guess its a fake this whole crisis. Just to keep people scared and under control. But for sure it had effect on me as probably on most people. Skateboarding is fucked nowadays. You


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English Translations

have to gain your followers every day on social bullshit media otherwise you’re not attractive for the company. What is this bullshit? It’s crazy for me and it drives me nuts! It’s because the big corporates are infiltrated in our industry to milk it and then when they suck everything out of it they’ll forget about it. If we, skateboarders, are not going to do something against it, skateboarding as we knew it will vanish soon. We should stay core and support real core brands, fight against corporates and never surrender. I don’t get any money anymore from skateboarding. I used to, but you hear it everywhere this magic two words: “budget cuts”. How the fuck is possible when a small company is bought by a big corporate, all of a sudden half of the team has to go due to the budget cuts? They supposed to have money, right? But they want to suck money from the skateboarding and not to give money to skateboarding. If we keep our industry in our hands there will be lots of small companies which could compete in between each other and every brand could have a skate team. it means there will be more skateboarders which could live off skateboarding. How are you suppose to compete with multibillions companies when you’re a owner of a small skateboard company? Skateboarders don’t need much. Don’t need 50 thousands euros a month. Its not fucking ice hockey or football. Now I am happier than ever. I found a good job. I work till 14:00 and after that I am so motivated to go skateboard and film and do stuff. I am a free man. I just earn money from different activity. I ride for the best company out there, skateboarder owned and skateboarders run it. It’s core and pure, supports skateboarding and does everything for skateboarding and for the team. I wish and I believe sooner or later skateboarders and specially young generation will begin to realize how dangerous are this big sports corporate companies to us. Skateboarding is a culture and not a sport. That’s right, Peter, we both agree: skate boarding is not a sport. A whole culture, for sure in our hearts, but it seems in the end no more than a business like any other, where “pros” are merely marketing tools for brands

affected by the fluctuations of the market. All in all, the question we should ask ourselves is maybe not if recession affects skateboarding, but how to preserve skateboarding from this crisis… 5 THINGS GONE TOO FAST – › P. 48 LINK SHOES (2003) The brand that came out of the Cliché office under the Salomon wing started advertising a year before the shoes were in shops, for only one season. Ten years later, one has to admit that they were pretty ugly. This goes to show that, even with good marketing, not everything can be sold. SKATE PISTOLS SKATE SHOP (2007-2009) Sam Partaix opened his shop in Tours (France) when he was only 18, and made the local scene famous, especially with “The skate pistols video” (Romain Batard, 2008). A short life, a few unpaid invoices at the end, but an original way to start a career: by the end. PAUSE MAGAZINE (2010) Published by the same publishing company as Sugar, Pause only had 2 issues to express its more mature and cultural vision of skateboarding… and reborn a few months later on the web as Live Skateboard Media. If you had to choose, would you have kept Sugar or Pause? MINUTIA SKATEBOARDS (2003-2004) Starring Soy Panday at the end of his Kenny Reed times, David Couliau at the peak of his pop, a secret weapon called Alex van Hoecke, Samir Krim shooting his last bullets, Vivien Feil getting big and the precious help of Sugar (which had the same graphic designer), the brand had it all to follow Cliché on its european market. Good things always end too soon. THE TEENAGE TOUR (2000-2006) The TT revealed 75% of today’s french scene actors, and despite the “tour de France” look of the whole thing, it would motivate the


English Translations younger generation and gather the others for demos of american pros who came only for this, and not only in Paris. Since then, there has been no news from V7 Distribution… QUIZZ – › P. 50 Questions: 1 Who said “skateboarding is not for girls”, before Twitting his mea culpa? 2 Who’s the European Skater Of The Year for 2013? 3 Who’s the oldest, Akim or Karim Chérif? 4 Who’s the french skateboarding champion for 2013? 5 Which spanish skater was on the cover of the first issue of Kingpin, in 2003? 6 What are the Zattoni’s first names? 7 Which belgian photographer had a pro model on Deathbox in the early 90’s? 8 Which skater-artist was censored when exhibiting in the Palais de Tokyo (Paris)? 9 Which skater had a promodel on Vans, DC and Lakai? 10 Which skater, according to tabloids, had an affair with Paris Hilton? KEVIN RODRIGUES 1 Nyjah Huston. 2 Karsten? 3 Karim. 4 Ah ah ah! It’s probably not him, but I only see Adrien Bulard… 5 Mendizabal or Roberto Aleman… Mendizabal. 6 Zattoni? Ouch… Frederico and… no, I don’t know. 7 I don’t know. Did Paul knew? 8 Mark Gonzales. 9 I don’t know… Marc Johnson wasn’t on DC… Pappalardo? 10 Steve Olson? No. Chad Muska! Ok, half a point! PAUL GRUND 1 Nyjah Huston! 2 I knew it, but I think I forgot… I would

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like to say Hjalte halberg, but it’s not him… Nassim Guzman? 3 Karim? 4 I have no idea. 5 Javier Mendizabal, roughly. 6 I don’t know who the Zattoni brothers are… 7 In the early 90’s? I really don’t know… 8 Ed Templeton. 9 I don’t know… Marc Johnson? 10 Chad Muska. Answers: 1 Nyjah Huston / 2 Youness Amrani / 3 Karim / 4 Adrien Bulard / 5 Javier Mendizabal / 6 Gianni & Giorgio / 7 Davy van Laere / 8 Ed Templeton / 9 Mike Carroll / 10 Chad Muska The winner is Paul Grund (5/10), sorry Kevin (4,5/10). 5 QUESTIONS: SCOTT BOURNE – › P. 52 Scott Bourne, kids, is an old dude who used to be pro a long time ago and who has always been writing: for Slap in the 90’s, for Soma a few years back and today in books (his next one will be a compilation of the chronicles published in Soma (+ new ones) and should be out by the end of the year).


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English Translations

Where does it hurt these days? Everywhere! I don’t know how the guys that are my age that have continued professionally have done it. When’s last time you skated? A few months ago I did a photo shoot for GQ but other than that it’s been more than a year since I have done anything besides cruise around or take my son for a ride! What do you live off, now? My wife! Would you consider moving back to the US? No, I have not had the slightest desire to return permanently! there are too many laws, too many jails, too many fines, no health care and everyone is armed and poor. the dream is dead! How’s life with no cellphone? It’s like when you go to the bar and you are NOT drinking and everyone else is and you see how dumb they look…and all of a sudden you are happy you are not drunk with them! ABOUT SKATESHOPS – › P. 54 Skateshops are a bit like local bars. You meet friends to go skating, you talk about anything and hang out until it closes… Everyone, at some point dreamt to be the guy behind the counter. Don’t pretend you never did, remember, that was before you realised how difficult it was and decided to start a board company instead. Because you know that a board has to be bought in a skateshop, and nowhere else. I contacted 10 shops and asked 2 questions about it. 1 What’s the board company you sold the most of last month? 2 What proportion do European companies represent compared to American ones? SEBASTIANO BARTOLONI / ABS SKATESHOP/ ANNECY 1 Cliché as much as Antiz, Blaze Supply and Penny! Then Trauma, Girl, etc. 2 If you still consider Cliché as a Euro

company, then there are as many European boards than American ones. DAVE MACKEY/ LOSTART SKATESHOP/ LIVERPOOL, UK 1 The National Skateboard co. 2 60% europeans, 40 % americans. FRED LEFRANCQ/ ZEROPOLIS SKATESHOP/ LILLE 1 Cliché probably, but it depends on deliveries. The brands that we like are not in store all the time. 2 30% of boards are European. NICOLAS SIMONNET/ DIGITAL SKATESHOP/ ORLÉANS 1 Girl, at least in my shop. 2 There are not many european brands here, 10% for 90% US, but more for clothing. MATTHIEU FAUVEAU / OFFICIAL SKATESHOP / TOULOUSE 1 Palace 2 around 30% european, it depends on the season. For Christmas we sell more mainstream brands. FRANCK SISOUNOL/ MOJITO SKATESHOP/ REIMS 1 Creature and Cliché these days. 2 1/3 euro, 2/3 US. LAURENT MOLINIER / BUD SKATESHOP/ MARSEILLE 1 Blaze Supply. 2 60% American companies, 40% euro, but it depends of the month… BEN JANKOWSKI / POPULAR SKATESHOP/ MONTPELLIER 1 Trauma. At least we know what we sell (wood/woodshop). We push little companies that are skater owned rather than american ones. 2 80% european.


English Translations SEB GARNAUD / RIOT SKATESHOP/ BORDEAUX 1 Polar 2 70% are euro companies. DAMIEN BULLE / NOZBONE SKATESHOP/ PARIS 1 Palace. 2 Hard to say… There are more european boards but I don’t have the exact number. ABOUT THIS PHOTO – › P. 56 (a column stolen from Thrasher magazine’s “anatomy of a photography”) B The Tree—That tree is not here randomly.

It has been placed in the frame for 2 reasons: hiding the guy filming, and standing as the foreground to give depth to the picture. That’s right, that’s the way it works! C The mopeds—Mopeds are even worse than cars in Paris, when everything is doable by metro, by bike… or skateboarding. Lazy bastards! D Velib’s—There are about 20 000 Velib’s in Paris, and one likes to say that velibers can’t cycle. This is probably right, and as long as this will fuck with cars, I’m up for it! E The dude—The old man walking in front of the lens is completely random. By chance, it doesn’t bother the image, as he doesn’t hide anything important. And blurry as it is, it brings the viewers’ eye to the sharper elements, like the guy skating… F Girls—Anywhere you see skaters, you’ll see girls in bloom. It does rhyme in French, but not in English. G The Beanie—The Carhartt beanie is as much a success as a commercial enigma. According to my sources, some shops can sell up to 40 of these a day. 100% acrylic, it simply has a square label, that it seems mandatory to be worn in the middle of the forehead. But why this beanie more than another? Maybe because you can hide illicit stuff in the upper empty space…

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H McDo.—Everybody knows that eating at Macdonald’s is worthless. Especially “to go” because you don’t even have access to the wireless anymore. So why? Another commercial enigma that must have a simple explanation that I still refuse to admit… I The camera—Looking closer, it seems like this could be a legendary Sony VX1000 with an as much legendary Century fisheye. The best combo for skateboarding, never upgraded, as they say. Crazy for a camera that came out 19 years ago!

5 QUESTIONS TO SEB CARAYOL – › P. 58 Seb is the only true journalist that I know who’s involved in skateboarding as much as other things, and who can have his work published in French daily newspapers as well as weekly national sports magazines. He’s also the only guy in the world who’s ok with ragga (or reggae) in skate videos. He’s so crazy that he now writes books. Well, not novels that no one reads but actual books with pictures that shape the History of skateboarding, like the story on FTC, the legendary San Francisco skateshop, recently released.

What does really mean FTC? Has it ever meant “Fuck the cops”? In people’s mind, it could sometimes mean “Fuck the cops” and that’s what’s so funny because it was way more prosaic: since the 60’s it would mean “Free Trade Center”, from Kent Uyehara’s father’s ski and tennis distribution company. Then everyone started speculating on it. Some people would say it meant “Felix The Cat” or


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English Translations

things less politically correct like “Fob Toy Company” (Fob = Fresh Off the Boat, pejorative for new immigrants). The funniest is that all skaters from FTC where originally from minorities… And the rapper Del Tha Funkee Homosapiens who’s interviewed in the book (he designed the first FTC video box) believes it means “Fresh Trees Cooperated”. Maybe he smokes too many of those trees. Why FTC and not Street machine, for example? Street Machine, why not? Seriously! But FTC, to me goes way beyond the simple skateshop— as legendar y as it might be on its own: FTC “invented» something, or at least made something out of these 90’s inventions: SF, EMB, lines, Mike Carroll, the connection with New Yorks street skateboarding, videos with soul music that would pave the road for Girl, for example. More interestingly, it doubled as a unique community center of sorts for kids from the from the ‘hood. All of this leads to an almost perfect angle to tell the tale of skateboarding in the 90’s at large. At a time when skateboarding magazines die slowly, are books the last free place where you can express yourself objectively? Since when skateboarding magazines, with maybe the exception of Big Brother, and let’s say Freestyler, have been objective, I mean, on a journalistic level? Oh, advertisers are not gonna like this… Every single article on every single skate tour, when is that objective? You get money from companies and give them free X pages in return. Anyway… In an industry such as skateboarding (that they try to sell us like “not an industry”), the question is not about being objective. What books allow, is unlimited space for details, developing stories, etc, that are thing readers look for when they buy a book like the FTC one. You will learn how James Kelch got his first board for free after a fight in a bus with some asian gang ! writing about skateboarding doesn’t go far beyond skateboarding, but it’s ok that way. Now that Skateboarder magazine doesn’t exist anymore, where can we read your chronlcles? Good question! I owe like 8956 articles to The Skateboard Mag and I do music interviews for Thrasher from time to time, might be doing stuff

THE ULTIMATE THING WOULD BE SOME DEEP INVESTIGATIONS OR WAR REPORTS FOR À PROPOS for Transworld and Jenkem but these days, I’m working in two other books that will be out soon, and also have a lot of work outside of skateboarding, curating art shows, running my record label, doing TV stuff for Arte, etc. The ultimate thing would be some deep investigations or war reports for À Propos but I need to upgrade my resumé! What are these books, and when do they come out ? In march or april. The first one is an anthology in the 100 most provocative board graphics since the early 90’s, alongside with the story of all these boards (“Agents provocateurs: 100 provocative board graphics”, Gingko Press publishing). That one will make people talk because I tried to limit the Marc McKee/Sean Cliver stuff to get some Illuminati, AD Unit, Polar or small companies like Roots, etc. I already hear the “he forgot that and that board, this is bullshit!” and I can’t wait for this! The other book is the third of the “Seen/Unknown” collection, small formats that already published the ones about McKee and Bratrud.That third book meant a lot to me: Todd Francis ! The guy who’s responsible for all the good things on Stereo, Anti Hero, Real… Because of him so many youngsters have an Anti Hero eagle tattooed !



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“You don’t have any tattoos, you’re like a mini-logo board!” — Guillaume Caraccioli

« T’as pas de tatouage, t’es un peu comme une board mini logo ! »

Guillaume Caraccioli


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“I’d rather have children than a chin beard all my life!” — Joseph Biais

« J’préfère avoir des enfants qu’un collier de barbe toute ma vie ! »

Joseph Biais

Photo : Loïc Benoit


“For some people, Instagram is like the showroom of their stupidity!”— Joseph Biais

L I G H T W E I G H T,

« Pour certains, Instagram, c’est le showroom de leur connerie ! » F L E X

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“Don’t be amazed if you fall while skating because today is friday the 13th!”— La Page du Skate status on Facebook on december 13th, 2013

« Ne vous étonnez pas si vous tombez en skate aujourd’hui car nous sommes vendredi 13. »

La Page du Skate (sur Facebook), le 13 décembre 2013


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