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DÉBAT

Faut-il soumettre l’édition du gĂ©nome Ă  la loi sur le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique?

Photo: Heiner H. Schmitt

La législation actuelle sur les organismes

20 ans et ne peut donc pas s’appliquer raisonnablement Ă  une technologie qui n’est devenue opĂ©rationnelle qu’au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. L’édition gĂ©nomique est diffĂ©rente du gĂ©nie gĂ©nĂ©tique traditionnel sur un point essentiel: elle est ciblĂ©e. Contrairement aux techniques dĂ©veloppĂ©es dans les annĂ©es 1990 – insertion non ciblĂ©e d’ADN par transfert bactĂ©rien ou bombardement par par­ ticules – les nouvelles techniques peuvent cibler une po­ sition unique et prĂ©dĂ©finie du gĂ©nome d’une plante. L’ADN est modifiĂ© prĂ©ci­ sĂ©ment lĂ , ce qui en gĂ©nĂ©ral inactive en partie ou totalement le gĂšne visĂ©. De rares effets hors cible tels que des mu­ tations en d’autres positions peuvent survenir, mais celles-ci peuvent facile­ ment ĂȘtre dĂ©tectĂ©es par un sĂ©quençage du gĂ©nome entier, et donc ĂȘtre identi­ fiĂ©es et Ă©liminĂ©es. Pour ces raisons, il faudrait traiter les plantes issues de la nouvelle forme d’édition du gĂ©nome diffĂ©remment des OGM traditionnels. PrĂšs de trente ans «Les plantes d’expĂ©rience dans le monde, sur des nouvelles issues de superficies 100 fois plus vastes que la l’édition du gĂ©nome totalitĂ© des terres arables de Suisse, ont montrĂ© que les plantes gĂ©nĂ©tiquement devraient ĂȘtre Ă©valuĂ©es sur la base modifiĂ©es ne prĂ©sentaient pas de risques inhĂ©rents. Il n’y a aucune rai­ de leurs propriĂ©tĂ©s et non du processus son que cela soit le cas avec les nou­ velles techniques, plus prĂ©visibles et qui les a produites.» fiables que toutes les technologies gé­ Didier Reinhardt est nĂ©tiques antĂ©rieures. A relever aussi biologiste Ă  l’UniversitĂ© de que la sĂ©lection vĂ©gĂ©tale par Ă©dition Fribourg et membre du gĂ©nomique entraĂźne moins d’altĂ©ra­ forum Recherche gĂ©nĂ©tions du gĂ©nome que la sĂ©lection par tique de l’AcadĂ©mie suisse mutation avec de forts rayonnements – des sciences naturelles. rayons X, surtout – ou par traitement chimique de l’ADN, deux techniques qui produisent des centaines de mutations non ciblĂ©es mais qui n’ont jamais Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme reprĂ©sen­ tant un risque particulier pour les consommateurs. Il faudrait donc Ă©valuer les plantes issues des nouvelles procĂ©dures d’édition du gĂ©nome sur la base de leurs ca­ ractĂ©ristiques spĂ©cifiques et non sur les instruments d’édition utilisĂ©s pour les crĂ©er. Le fait que les petites mutations gĂ©nĂ©rĂ©es par l’édition gĂ©nomique ne peuvent pas ĂȘtre distinguĂ©es des mutations naturelles montre qu’il n’y a pas de raison de considĂ©rer ces plantes comme un risque ou de les classer dans les OGM.

OUI loi sur le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique aussi Ă  l’avenir, parce

L’édition gĂ©nomique devrait rester soumise Ă  la

qu’il s’agit indubitablement d’une technologie gĂ©nĂ©tique et que c’est le seul moyen d’assurer la transparence et la libertĂ© de choix. A cause de considĂ©rations Ă©thiques et de sĂ©curitĂ©, la grande majoritĂ© du secteur biologique rejette les mĂ©thodes de gĂ©nie gĂ©nĂ©tique oĂč l’on intervient in vitro directement dans le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique de cellules isolĂ©es de plantes et d’animaux. Les consommateurs attendent donc des producteurs bios des denrĂ©es sans OGM. Cette libertĂ© de choix ne peut toutefois ĂȘtre garantie qu’avec une obligation d’étiqueter les semences et les aliments biolo­ giquement modifiĂ©s. Selon la lĂ©gislation actuelle, si l’on veut mettre sur le marchĂ© des plantes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es, il faut aussi fournir des mĂ©thodes d’identification qui assurent leur traçabilitĂ©. Si l’édition gĂ©nomique n’est pas rĂ©glementĂ©e, cette contrainte et l’obligation d’étique­ tage tombent. MĂȘme si l’édition du gé­ nome est difficile Ă  prouver, ce n’est pas une raison pour ne pas la rĂ©gle­ menter. Il faut aussi des mĂ©thodes d’analyse complexes pour distinguer les produits bios des aliments conven­ tionnels. C’est pourquoi leur certifica­ tion est basĂ©e sur les processus tout au long de la chaĂźne de crĂ©ation de valeur. Une dĂ©claration transparente des pro­ duits rĂ©sultant de l’édition du gĂ©nome pourrait ĂȘtre assurĂ©e de maniĂšre ana­ logue. Les risques liĂ©s Ă  la dissĂ©mination «MĂȘme si l’édition de plantes issues de l’édition gĂ©no­ du gĂ©nome est mique dĂ©pendent en revanche de la difficile Ă  prouver, maniĂšre dont elles peuvent se croiser ce n’est pas une et se propager Ă  d’autres variĂ©tĂ©s et aux raison pour ne pas espĂšces sauvages, de l’éventuelle toxi­ la rĂ©glementer.» citĂ© du caractĂšre confĂ©rĂ© et de la ma­ niĂšre dont les cellules ont Ă©tĂ© modi­ Monika Messmer est fiĂ©es. Par consĂ©quent, les conditions et responsable du groupe les examens nĂ©cessaires pour s’assurer SĂ©lection vĂ©gĂ©tale de de leur innocuitĂ© doivent ĂȘtre adaptĂ©s l’Institut de recherche de au cas par cas. Compte tenu du scep­ l’agriculture biologique ticisme de larges couches de la popu­ (FiBL). lation, il faudrait, pour la mise sur le marchĂ© d’OGM, ne pas considĂ©rer seulement leur inno­ cuitĂ© et leur utilitĂ© pour l’agriculture, mais aussi leur uti­ litĂ© pour la sociĂ©tĂ©. Le public approuvera probablement plus volontiers des variĂ©tĂ©s sans allergĂšnes ou rĂ©sistantes aux maladies que des variĂ©tĂ©s rĂ©sistantes aux herbicides. Septembre 2021 51

Photo: mĂ d

NON génétiquement modifiés (OGM) a prÚs de


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