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IMAGERIE

Photo: John Rogers/University of Illinois/Science Photo Library

Faire sauter les limites de l’optique Ils font ce que le verre ne saurait faire: concentrer le bleu et le rouge sur deux points diffĂ©rents. Les nanostructures 2D ouvrent la voie aux nouvelles technologies d’imagerie. Texte  Lionel Pousaz

Quand un rayon de lumiĂšre traverse un matĂ©riau transparent, son trajet est plus complexe qu’il n’y paraĂźt. L’onde repousse les Ă©lectrons dans les atomes du matĂ©riau. MomentanĂ©ment perturbĂ©e, la charge Ă©lectrique revient ensuite Ă  l’équilibre; ce faisant, elle produit Ă  son tour une lumiĂšre indistinguable de la source d’origine. Le phĂ©nomĂšne se rĂ©pĂšte d’atome en atome Ă  travers le matĂ©riau, jusqu’à ce que l’onde s’échappe de l’autre cĂŽtĂ©. Ce que l’on perçoit comme un flux continu relĂšve donc plutĂŽt d’une course de relais. De plus, Ă  chaque Ă©tape, l’angle de la lumiĂšre est lĂ©gĂšrement dĂ©viĂ©: c’est la rĂ©fraction, le mĂȘme phĂ©nomĂšne qui fait apparaĂźtre brisĂ©e une baguette Ă  demi plongĂ©e dans l’eau. Les mĂ©tamatĂ©riaux fonctionnent de maniĂšre comparable. A la diffĂ©rence prĂšs qu’ils ne doivent pas leurs propriĂ©tĂ©s Ă  leur organisation atomique, mais Ă  une structure totalement artificielle: des couches de circuits imprimĂ©s sur lesquels sont disposĂ©s Ă  intervalles rĂ©guliers des motifs de cuivre, d’or ou d’argent, souvent dĂ©signĂ©s sous l’appellation d’«atomes artificiels». En jouant avec la forme, la taille et la disposition de ces motifs, les scientifiques peuvent agir sĂ©lectivement sur une longueur d’onde Ă©lectromagnĂ©tique – ultraviolets, lumiĂšre visible, infrarouges ou micro-ondes. Ils peuvent Ă©galement dĂ©finir la quantitĂ© de rĂ©fraction produite. De quoi dĂ©velopper de nouvelles technologies d’imagerie et repousser les limites physiques de rĂ©solution des optiques conventionnelles en verre. Mais la miniaturisation reste un obstacle de taille: les motifs imprimĂ©s doivent ĂȘtre cinq Ă  dix fois plus petits que la longueur de l’onde visĂ©e. Avec leur longueur d’une dizaine de centimĂštres, les micro-ondes ne posent pas de grands problĂšmes. Or les applications potentielles les plus prometteuses concernent la lumiĂšre visible dont la longueur d’onde est comprise entre 390 et 780 nanomĂštres. Ce qui requiert l’impression de motifs d’une taille infĂ©rieure Ă  100 nanomĂštres – soit le milliĂšme du diamĂštre d’un cheveu.

Les mĂ©tamatĂ©riaux prĂ©sentent des propriĂ©tĂ©s optiques inhabituelles et utiles. Voici une image au microscope Ă©lectronique, colorĂ©e d’un rĂ©seau flexible de fluorure d’argent et de magnĂ©sium.

En d’autres termes, on peut les focaliser en deux points bien distincts. «Cet effet de sĂ©paration est totalement innovant, sans contrepartie en optique classique», explique Olivier Martin. «Il s’agit certainement d’un progrĂšs considĂ©rable dans le domaine des mĂ©tasurfaces, commente Juejun Hu, chercheur en matĂ©riaux Ă  l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), qui n’a pas participĂ© Ă  ces travaux. A la diffĂ©rence des dispositifs optiques traditionnels et de leur ReconnaĂźtre plus facilement les maladies de la peau effet de dĂ©viation de la lumiĂšre Ă  large bande, ce prototype peut mani«Nous ne savons pas encore fabriquer des nanostructures en 3D assez puler une couleur, soit une longueur d’onde spĂ©cifique, sans affecter le petites et prĂ©cises pour interagir efficacement avec la lumiĂšre visible», reste du spectre, ce qui laisse entrevoir de nombreuses applications.» explique Olivier Martin, directeur du laboratoire de nanophotonique DĂšs cet automne, Olivier Martin fera d’ailleurs Ă©quipe avec d’autres et mĂ©trologie de l’EPFL. C’est pourquoi le scientifique travaille avec scientifiques de l’EPFL pour explorer des applications potentielles Ă  des surfaces bidimensionnelles, plus faciles Ă  produire. Ces mĂ©tasur- ses mĂ©tamatĂ©riaux. Il imagine par exemple des dispositifs d’imagerie faces sont moins efficaces qu’un matĂ©riau 3D mais elles permettent en dermatologie – pour repĂ©rer plus facilement certaines affections – dĂ©jĂ  des manipulations intĂ©ressantes de la lumiĂšre. en agriculture – pour surveiller la croissance et les maladies des L’un de ces mĂ©tamatĂ©riaux se prĂ©sente comme un substrat de verre cultures – et en hydrologie. Autant de procĂ©dĂ©s qui requiĂšrent ausur lequel sont imprimĂ©s des motifs d’argent en forme de «U». Les jourd’hui des camĂ©ras hyperspectrales spĂ©cialisĂ©es. plus grands interagissent avec la lumiĂšre rouge et les plus petits avec la bleue. En jouant sur la disposition et la forme des motifs, on peut induire un indice de rĂ©fraction diffĂ©rent pour chacune des couleurs. Lionel Pousaz est journaliste scientifique Ă  Boston.

Septembre 2021 41


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