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Interview : Bertrand Lejoly
Bertrand Lejoly Un designer belge en vogue
Premier designer belge à être engagé par la prestigieuse marque allemande Duravit pour créer une ligne de salle de bain (« D-Neo »), Bertrand Lejoly, 41 ans, a ouvert cette année son bureau à Anvers.
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Par David Hainaut Photo Britt Guns O n peut dire que votre carrière décolle ! Elle a commencé dans les Ardennes belges. « Oui. Après avoir grandi à Eupen et fait mes études à Liège, j’ai commencé à travailler à 22 ans, dans le design industriel au sein d’un bureau situé non loin de la frontière, à Aix-La-Chapelle. Après trois ans, je me suis retrouvé à Milan auprès d’un grand nom italien, Matteo Thun, avant de collaborer avec une référence belge, Vincent Van Duysen jusqu’à cette année. Ce dernier a été capital dans mon parcours. En parallèle, j’ai donc eu la chance d’être sollicité par Duravit, qui m’a demandé de créer quatre-vingts articles d’une grande collection dans l’entrée de gamme. Ils cherchaient une collection jeune, fraîche et accessible au niveau prix, idéale pour les gens qui veulent investir dans un premier appartement, par exemple… »
Une demande qui coïncide parfaitement avec votre style, réputé simple, intemporel et raffiné ? « C’est un peu ça. Et c’est cette commande qui m’a fait prendre la décision de me lancer en mon nom, à Anvers. C’est une ville où il y a énormément de créativité et dont on sent que les gens en prennent soin, avec des établissements (restaurants, endroits culturels…), assez inspirants pour un créateur. Mais je pourrais dire ça d’autres villes, comme Bruxelles, bien sûr. »
Dans ce monde en mutation constante, avec des enjeux écologiques toujours plus grands, en quoi votre travail de créateur d’objets est-il impacté ? « Ne nous leurrons pas : je pense
Le revêtement BEALSTONE®, le choix déco de la Maison Dandoy.
Dès les premières rénovations menées par la Maison Dandoy, le terrazzo BEALSTONE® a été choisi comme élément central dans la conception des lieux, jusqu’à devenir au fil des projets une véritable signature des boutiques de l’enseigne belge. D’abord uniquement utilisé pour la création d’un comptoir dans l’une des boutiques précédemment rénovée, l’équipe a souhaité, pour ce nouveau tearoom, poursuivre l’exploration de ce matériau afin de le mettre encore plus en valeur.
L’idée, pour ce nouveau projet d’envergure, était donc d’aller encore plus loin dans la personnalisation du terrazzo et de tirer profit de son adaptabilité et de sa résistance en l’utilisant à plus grande échelle. Comptoir, escaliers, sols sur deux étages, toilettes et vasques : tous ces éléments seraient cette fois en terrazzo. sonnalisation de la couleur et du rendu de l’enduit, notre choix s’est naturellement porté sur le BEALSTONE®, l’enduit minéral à l’aspect terrazzo de BEAL International », explique l’architecte Olivier Hannaert.
Un chantier de grande ampleur pour un résultat prestigieux
À l’adresse du nouveau tearoom de la Maison Dandoy, situé au 14 rue Charles Buls à Bruxelles, se trouvaient à l’origine trois toutes petites maisons qui ont depuis été réunies en une seule. Le bâtiment se situant à deux pas de la GrandPlace de Bruxelles, il était important de prendre un grand soin à conserver l’intégrité du lieu et à en protéger l’histoire. BEAL International et spécialiste de ces produits. Ensemble, ils ont évalué différents échantillons afin de trouver la combinaison qui correspondrait au moodboard du projet. Les couleurs, le type d’agrégat, leur granularité… tout a été choisi spécifiquement pour cette rénovation, ce qui en fait un revêtement unique !
Le revêtement BEALSTONE®, la solution idéale pour réaliser les projets de construction et de rénovation
Le produit BEALSTONE® est un terrazzo revisité et amélioré. Composé à 97 % d’ingrédients d’origine naturelle, il s’agit d’une solution totalement personnalisable (choix de la teinte, des agrégats, du rendu final) qui offre aux projets de décoration ou de rénovation un cachet comme nul autre.
qu’au niveau des aspects écologiques, qu’importe le secteur dans lequel on travaille, nous traversons tous une importante phase de transition. Même s’il y a encore un grand travail à faire dans l’évolution de nos consciences. L’écologie, ou même l’éco-conception, ce sont des choses dont on parlait déjà il y a dix ans, mais c’était plutôt dans une démarche de marketing. Alors que maintenant, on sent un réel éveil et des entreprises qui considèrent sérieusement ces enjeux. »
Concrètement ? « Un premier aspect pour moi, c’est que les éléments qui permettent l’élaboration d’un objet puissent être séparés à la fin du cycle de vie, afin de permettre le recyclage. En collaborant par le passé avec quelques grandes marques notamment dans le mobilier de jardin, tout est pensé dans ce sens depuis des années : on utilise du tissu, de l’aluminium et du plastique, mais quand un produit est en fin de cycle, tout peut être scindé pour qu’on récupère le maximum d’éléments. Un autre aspect, comme je le fais actuellement pour Duravit, c’est de concevoir des objets qui durent assez longtemps. Pour moi, si quelque chose fonctionne bien dans une maison, il n’y a pas lieu d’en changer tout le temps. »
C’est peut-être là qu’interviendrait l’éveil collectif que vous évoquiez ? « C’est la question qu’on se pose un peu tous, avec le covid. Est-ce que cet éveil collectif poussera les consommateurs à investir dans des matériaux plus durables ? C’est difficile à prévoir, mais peut-être que ce sera le cas quand ce genre de choses sera légiféré. Dès qu’il y aura plus de règles sur ce que l’on jette et qu’on touchera au portefeuille, sans doute que les gens achèteront moins de mobilier bon marché, qui disparaît au bout de deux ou trois ans. Mais seule la législation les poussera à consommer autrement. »

Des gens ont passé davantage de temps chez eux pendant la période covid. Cela aurait été positif pour votre secteur. « Clairement. L’ensemble du secteur a eu énormément de succès au niveau des ventes. Car le budget des vacances a souvent été reporté vers du mobilier de maison ou d’extérieur. À un point tel que les entreprises n’arrivent plus à suivre les commandes, même. Les matières premières ont vite manqué, sans oublier la limitation des moyens de transport… » Est-ce que cela a permis de ralentir votre rythme de travail ? « Vu le design que je pratique par nature, qui s’inscrit dans le temps, avec des objets durables pour au moins quinze ou vingt ans, cela ne change pas trop. Mais on espère voir les gens établir un autre rapport aux objets, avec peut-être plus d’émotionnel et des liens plus intenses que ces dernières années. D’ailleurs, je travaille aussi avec Vincent Sheppart, une société belge active dans le mobilier de jardin, qui mise sur la récupération des matériaux : aluminium, bois, cordage, etc. Preuve parmi bien d’autres que certains changements de mentalité sont tout de même en cours… »
Smart Fact.
Si vous n’aviez pas été designer, vous seriez…
« Oh… Difficile à dire. Peutêtre critique de cinéma, parce que je suis fan de ciné depuis toujours. Je ne peux pas dire que je me suis focalisé là-dessus étant jeune, mais l’idée d’être payé pour aller voir des films, ça m’a toujours paru chouette. Même si j’imagine qu’il doit y avoir pas mal de choses compliquées à regarder ! (Rires) »

