6 ĂCONOMIE CIRCULAIRE
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LâĂ©conomie circulaire : une alternative Ă©conomique viable ? On ne le rĂ©pĂ©tera jamais assez, lâhumanitĂ© est Ă un tournant de son existence. La crise climatique est Ă nos portes et ses effets se font dĂ©jĂ largement ressentir. Des alternatives Ă©conomiques sont nĂ©cessaires. Que penser de lâĂ©conomie circulaire ?
«C
e systĂšme Ă©conomique intĂšgre toutes les Ă©tapes du cycle de vie des produits et vise Ă accroĂźtre lâefficacitĂ© de lâutilisation des ressources », explique Emmanuel Mossay, expert en Ă©conomie circulaire chez EcoRes. « Il permet de rĂ©duire lâimpact sur lâenvironnement tout en accroissant le bien-ĂȘtre des personnes ». Face aux enjeux de rarĂ©faction, dâaccĂšs et de rupture des ressources qui menacent, lâĂ©conomie circulaire apparaĂźt donc comme plus que prometteuse. « Dâautant plus que depuis un moment, nous constatons que la Chine, dont lâOccident est particuliĂšrement dĂ©pendant, a dĂ©veloppĂ© sa classe moyenne et prĂ©fĂ©rera renforcer son marchĂ© intĂ©rieur et ses alliĂ©s directs, plutĂŽt que de sâadapter aux demandes occidentales ». Mais comment parvenir concrĂštement Ă mettre en application ce systĂšme dans le monde de lâentreprise ? Tout dâabord, il conviendrait dâĂ©tendre lâidĂ©e limitĂ©e que lâon a de ce systĂšme. Ce nâest pas uniquement du recyclage stricto sensu. « LâĂ©conomie circulaire comporte diffĂ©rentes Ă©tapes », prĂ©cise Yves De RongĂ©, titulaire de la chaire Candriam en Ă©conomie circulaire et rĂ©gĂ©nĂ©ratrice Ă lâUCLouvain. « La premiĂšre Ă©tape vise Ă revoir la conception du produit ainsi que le processus de production, en vue de rĂ©duire la consommation de ressources. Dans la seconde, lâobjectif est dâaugmenter la durĂ©e de vie des produits. Et ce nâest quâĂ la derniĂšre Ă©tape quâintervient le recyclage ». LâidĂ©al, selon les experts, serait de ne plus arriver Ă la derniĂšre Ă©tape de vie des produits : lâincinĂ©ration et la mise Ă la dĂ©charge, ici ou Ă lâautre bout de la planĂšte. « Dâici 2030, lâUnion europĂ©enne devra interdire ces pratiques », avance Emmanuel Mossay.
dĂ©veloppĂ©es dans lâĂ©conomie sociale et la partie recyclage lâest surtout dans lâindustrie. « Ce qui pĂȘche par contre en Europe, câest la premiĂšre Ă©tape du modĂšle Ă©conomiqueâ dans laquelle il faudrait investir massivement. âIl faut pouvoir rĂ©parer, rĂ©cupĂ©rer, valoriser, revoir les processus logistiques. Cela demande de repenser tous les processus depuis la production jusquâĂ la transformation en passant par la logistique ». Selon les experts, nous avons tous les atouts pour nous lancer dans lâĂ©coconception des produits. « Nous sommes avancĂ©s en robotique, en IA et en Big Data. Et nous possĂ©dons les connaissances nĂ©cessaires. Si on ne se lance pas, lâAsie ou lâAmĂ©rique du Nord, elles, le feront ».
Il existe diffĂ©rentes boucles de valeur que lâon peut activer dans lâĂ©conomie circulaire. â Yves De RongĂ©, UCLouvain
Aujourdâhui, il serait primordial de dĂ©velopper les premiĂšres Ă©tapes de ce type dâĂ©conomie. « Plus on touche aux Ă©tapes supĂ©rieures de lâĂ©conomie circulaire en repensant la chaĂźne
de valeur, plus on innove en Ă©tant performant au niveau de lâenvironnement et de lâemploi », poursuit Emmanuel Mossay. Selon lâexpert, les activitĂ©s de rĂ©utilisation sont fortement
Mais oĂč cela coince-t-il ? Outre lâinvestissement financier (les banques sont encore assez frileuses pour de tels projets), il serait impĂ©ratif de trouver suffisamment de talents pour engager ce processus de transformation. En termes de recyclage et de rĂ©utilisation, par contre, la rĂ©gularitĂ© des flux de dĂ©chets-ressources de qualitĂ© dans certains secteurs peut ĂȘtre critique. Sans compter le fait dâatteindre une taille critique minimale, des volumes consĂ©quents, une valorisation comptable des produits ou encore la concurrence des matiĂšres vierges Ă prix cassĂ©s. Du cĂŽtĂ© de la FEB, on semble Ă©galement faire de lâĂ©conomie circulaire un cheval de bataille depuis juin dernier. «ââMĂȘme sâil y avait des rĂ©ticences pendant plusieurs annĂ©es, on assiste Ă un vĂ©ritable shift aujourdâhui! », explique Emmanuel Mossay. Comme on le voit, il reste du chemin Ă parcourir. Mais, la conscience entrepreneuriale durable est bien en marche. Par Bastien Craninx