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4 MOBILITÉ DURABLE

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MobilitĂ© durable : encore trop peu exploitĂ©e. La mobilitĂ© durable s’incarne aujourd’hui dans trois volets distincts : rĂ©duction des dĂ©placements, voiture Ă©lectrique et solution multimodale. Mais encore faudrait-il exploiter ces initiatives au maximum.

Solution nationale Pour BĂ©nĂ©dicte Grosjean, une solution en vue d’augmenter la mobilitĂ© durable serait la prise de dĂ©cisions nationales sur le sujet. Selon la professeure de l’UCLouvain, il serait possible de desservir tout le territoire grĂące au substrat historique et de transport en commun dont dispose la Belgique. On ne pourrait plus se permettre le rail mais il existe d’autres moyens plus inventifs.

Un bon début Selon une étude Ipsos du 8 février dernier réalisée pour le compte de Partena Professional, 4 travailleurs belges sur 10 (43%) auraient recours à des moyens de transport durables pour rejoindre leur lieu de travail. Mais cela varie selon la région : 31% en Wallonie, contre 44% en Flandre et 52% à Bruxelles. Néanmoins, 47% des travailleurs interrogés utiliseraient toujours leur voiture personnelle.

S

’il est un secteur Ă©conomique qui se remet en question actuellement, c’est bien celui de la mobilitĂ©. Et pour cause ! “Ce secteur est en effet le deuxiĂšme plus gros Ă©metteur de CO2 (30%) au monde”, explique BĂ©nĂ©dicte Grosjean, professeure Ă  la FacultĂ© d’architecture de l’UCLouvain. “Dans ce secteur, c’est la route qui est responsable de Ÿ des Ă©missions dans le transport.” Mais si des changements sont primordiaux, par oĂč commencer ? “La volontĂ© a toujours existĂ© de rendre l’entiĂšretĂ© du territoire accessible. La Belgique possĂšde un territoire spĂ©cifique, il faut donc aborder la question en gardant cela Ă  l’esprit”. Trois volets existent via lesquels on pourrait aborder la mobilitĂ© durable. “La rĂ©duction des dĂ©placements, l’augmentation des transports dits “doux” et de la multimodalitĂ© et la transition de la voiture actuelle vers la voiture plus verte”, dĂ©taille EloĂŻse de Villegas, conseillĂšre adjointe du Centre de compĂ©tence Energie, Climat & MobilitĂ© de la FEB. Trois volets importants, donc, mais dont les limites sont pourtant dĂ©jĂ  perceptibles. “Diminuer les dĂ©placements est loin d’ĂȘtre Ă©vident !”, poursuit EloĂŻse de Villegas. “Et le Covid nous l’a fait clairement comprendre”. MĂȘme en tĂ©lĂ©travail, des experts ont en effet constatĂ© que les gens se dĂ©plaçaient toujours autant, mais dans des zones plus proches de chez eux. De mĂȘme, la peur des contaminations dans les transports en commun aurait augmentĂ© l’utilisation de la voiture.

La mobilitĂ© est quelque chose de trĂšs personnel. — EloĂŻse de Villegas, Centre de compĂ©tence Energie, Climat & MobilitĂ© de la FEB

Faudrait-il dĂšs lors se focaliser uniquement sur la voiture Ă©lectrique et durable ? “Oui et non ! Le gouvernement pousse les gens Ă  aller vers l’électrique, alors que d’autres types de transports et de technologies sont et doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s”, insiste EloĂŻse de Villegas. Les experts Ă©voquent aussi le manque cruel d’infrastructures nĂ©cessaires. “Doit-on rappeler que notre pays compte moins de bornes de recharge Ă©lectrique qu’Amsterdam ?”

Les transports en commun, quant Ă  eux, offriraient un potentiel inexploitĂ©. Que ce soit en Wallonie ou Ă  Bruxelles, il y a des gares SNCB un peu partout, mĂȘme si parfois les gens l’ignorent. Reste la multimodalitĂ© et son idĂ©e de budget mobilitĂ© ingĂ©nieux, mais, encore une fois, sous exploitĂ© et mĂ©connue. Depuis sa mise en application en 2019, cette mesure gouvernementale permet aux

travailleurs d’échanger leur voiture de sociĂ©tĂ© contre un certain budget allouĂ© Ă  des solutions de mobilitĂ© durable. Or cette solution s’applique de maniĂšre trĂšs large. Outre l’achat d’une voiture Ă©lectrique ou d’un abonnement de transport, ce budget permet Ă©galement de louer une voiture pendant les vacances, d’acheter un vĂ©lo, ou mĂȘme de payer son loyer ou son crĂ©dit hypothĂ©caire Ă  condition d’habiter Ă  moins de 10 km de son lieu de travail. “De plus, c’est avantageux fiscalement et si, Ă  la fin de l’annĂ©e, le budget n’est pas utilisĂ©, vous recevez l’argent en cash. Avec l’inconvĂ©nient d’une taxation importante (38,07%) pour le travailleur, et ce pour encourager l’utilisation pour une mobilitĂ© verte”, explique EloĂŻse de Villegas. Une aubaine quand on sait que le montant annuel du budget mobilitĂ© reprĂ©sente 3.000 euros au minimum et au maximum un cinquiĂšme du salaire brut annuel total, avec un maximum absolu de 16.000 euros. MalgrĂ© toutes ces solutions parfois encore trop peu utilisĂ©es, on se demande quand mĂȘme si, au final, la clĂ© d’une mobilitĂ© durable ne rĂ©siderait pas dans le changement de notre mode de vie. Pas si simple pourtant ! “La mobilitĂ© est quelque chose de trĂšs personnel”, estime EloĂŻse de Villegas. “La solution est d’avoir une variĂ©tĂ© de l’offre de mobilitĂ© durable Ă  disposition. Ainsi tout le monde pourra en profiter. Et c’est lĂ  que s’opĂ©rera le modal shift !” Par Bastien Craninx


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