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Nos déchets, notre richesse ?
Sandy Van Der Vreken

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Marketing Manager, Festool Belgium
Nos déchets, ce nouvel Eldorado économique ?
Le réemploi des déchets et rebuts est devenu nécessaire pour l’environnement. La revalorisation de nos déchets pourrait également se révéler une mine d’or, véritable opportunité économique, pour les entrepreneurs visionnaires.
Une batterie électrique peut-elle allier puissance et efficacité ? « Le lithium-ion HighPower a considérablement amélioré la longévité et la puissance des batteries. Une scie circulaire sur batteries tourne parfois plus vite que son équivalent filaire. Il n’y a donc plus aucune raison d’hésiter à passer à la batterie et à oublier le filaire. »
Quels sont les avantages de l’électrique par rapport aux énergies fossiles ? « L’entretien d’un appareil électrique est plus léger. Ensuite, une alimentation électrique zéro émission et silencieuse comme la batterie “SYS-PowerStation” élimine bruits et odeurs. Un générateur fonctionnant au diesel génère en moyenne 90 dB. Avec notre produit, nous sommes à zéro. Un véritable bénéfice pour la santé de tous. »
Comment une entreprise peutelle s’inscrire dans une réelle démarche durable ? « Il importe de soigner la qualité des outils et de privilégier les réparations pour ne pas jeter trop vite. Après, certaines entreprises optent pour la certification “FSC®”, obligeant l’utilisation de matières premières provenant de sources durables, tant pour l’article en lui-même que pour son emballage. » En Belgique, le tri des déchets est devenu une vraie habitude chez le citoyen. Mais saviez-vous que nos poubelles pourraient également offrir de véritables opportunités économiques ? Et c’est certainement dans le domaine de l’agriculture que cette tendance est la plus marquée aujourd’hui. « En Belgique, nous sommes à la pointe en ce qui concerne la valorisation des rebuts organiques », explique Aurore Richel, professeur en biomasse et technologie verte à l’Université de Liège. « Un double point positif pour l’environnement, étant donné qu’on utilise des matières organiques locales. »
L’industrie des matériaux et celle des carburants notamment mènent ces recherches. « Aujourd’hui, il est par exemple possible de créer du carburant pour le transport routier et aérien à base de résidus de betterave ou de peuplier », continue Aurore Richel.
Y aura-t-il une véritable révolution dans les années à venir ? « Cela risque de changer profondément certaines filières. Mais nous n’en sommes encore qu’aux prémisses », explique la chercheuse. Les rendements de production restent encore assez faibles et les prix, trop élevés. Ce qui joue évidemment sur la compétitivité. « Un plastique biosourcé par exemple coûte entre 5 à 10 fois plus cher qu’un plastique pétrosourcé », explique Aurore Richel. Un problème qui, sur le long terme, finira par disparaître avec les taxes environnementales et la raréfaction du pétrole. Autre secteur, autre ambiance : celui de l’électronique. De plus en plus de sociétés se spécialisent en effet dans leur valorisation. Pour les particuliers comme pour le B2B (Business To Business). « Plus on fera durer un appareil électronique, plus celui-ci sera écologique », explique Éric Johnson, Responsable Wallonie-Luxembourg chez Out of Use. Mais l’opportunité économique est-elle réelle ? « Oui et non ! La demande sera toujours bien présente : il y a de vrais besoins d’appareils à un meilleur prix », selon l’expert. Et de citer l’exemple des écoles : peu de budgets, mais un énorme besoin d’électronique. Cependant, il estime que le secteur du reconditionnement électronique n’est pas encore suffisamment attractif. « Il faut respecter des procédures assez lourdes de traçage, de démantèlement, de dépollution et de recyclage, sans parler des destructions de données pour s’aligner sur les politiques de RGPD. » Bref, une partie du travail essentiel, énergivore, ne génère jamais de revenu.
Un autre problème selon Éric Johnson reste la relation entre les recycleurs et les producteurs. « Les producteurs préféreront toujours vendre de nouveaux appareils sans penser à leur fin de vie. Un push législatif serait nécessaire pour établir un dialogue plus constructif. »
Si le potentiel économique de nos déchets doit encore arriver à maturité, c’est aujourd’hui que se prépare demain, pour les entrepreneurs les plus visionnaires.

— Éric Johnson, Responsable Wallonie-Luxembourg, Out of Use

Notre pays est le champion du tri et cela vaut aussi pour les emballages industriels. En vingt ans, le taux de recyclage des emballages industriels est passé de 74 à 90,5 %. Et dans les années à venir, ce taux devra être encore plus élevé, déclare Francis Huysman, Managing Director de Valipac.
Valipac est l’organisme agréé en matière de « Responsabilité Élargie des Producteurs » appliquée aux emballages industriels. Cela signifie que les producteurs restent responsables de l’emballage tout au long de son cycle de vie. Valipac regroupe environ 7 000 producteurs et veille à ce que leurs emballages soient collectés et recyclés.
« Lors de notre création, en 1997, nous suivions principalement un modèle linéaire », explique M. Huysman. « Les déchets étaient pressés en balles, chargés sur un bateau et expédiés en Chine. Aujourd’hui, nous évoluons rapidement vers un modèle circulaire. Il s’agit désormais davantage de garder les déchets au niveau national, voire européen, pour les réutiliser. Un objectif qui n’est réalisable qu’à condition que tous les acteurs du processus prennent leurs responsabilités : non seulement les entreprises qui vendent des marchandises, mais aussi les producteurs d’emballages, collecteurs, recycleurs, traders… Les déchets doivent devenir une matière première. Le chemin est long, mais nous sommes sur la bonne voie. »
Les chiffres le prouvent. En 2020, les 7 000 clients de Valipac ont mis sur le marché un peu plus de 745 000 tonnes de matériaux d’emballage. Pas moins de 697 000 tonnes ont été recyclées, soit plus de 90 %. « Il y a des objectifs différents par type de matériau », précise M. Huysman. « Pour le carton, il s’élève à 90 %, et nous sommes déjà à 100 %. La quasi-totalité du carton utilisé en Belgique comme emballage industriel est déjà recyclée. Pour le bois, l’objectif est de 80 %, et nous avons atteint 88,6 %, ce qui est également très bien. Pour le plastique, l’objectif est actuellement fixé à 50 %. Nous avons atteint 60,9 %, mais nous voulons aller plus loin : la norme passera à 65 % en 2030. »
La Belgique occupe également une position unique en matière de recyclage des emballages. Notre pays est le seul en Europe à disposer de deux organismes dédiés à cette tâche : Fost Plus pour les emballages ménagers, Valipac pour les emballages industriels. « Nous sommes un petit pays compliqué, mais je pense que nous pouvons définitivement être fiers de la façon dont nous gérons la situation », assure M. Huysman. « Sans tomber dans l’autosatisfaction, Valipac est une petite organisation aux ressources modestes, mais ce que nous réalisons est vraiment exceptionnel. »
Pour assurer la circularité des emballages industriels, Valipac doit relever certains défis. L’amélioration de la traçabilité des emballages et du recyclage local par exemple. Les clients de l’organisation doivent également adhérer davantage au concept de circularité. « Envoyer des matériaux en Asie est facile et bon marché, mais pas durable », affirme M. Huysman. « Les solutions de recyclage sont nombreuses. Mais cela passe aussi par l’éducation. Par exemple, de nombreuses entreprises ne savent pas que les applications de recyclage des films imprimés sont beaucoup plus limitées que celles des films non imprimés. Ou que celles du film coloré recyclé sont très limitées et qu’il serait bon de l’utiliser le moins possible. »
Afin de sensibiliser les entreprises, Valipac, en collaboration avec Fost Plus, a mis en place une plateforme — Pack It Better — pour mettre en relation les centres d’expertise et les entreprises. Elles peuvent ainsi obtenir une réponse rapide et scientifiquement fondée à toutes leurs questions sur la durabilité de leurs emballages.
Les primes offertes par Valipac constituent une autre motivation pour les entreprises. « Il y a d’abord une prime de démarrage unique lorsqu’une entreprise commence à trier », explique M. Huysman. « Nous offrons ensuite une prime conteneur. Il s’agit d’une intervention dans la location d’un conteneur sélectif. Il y a également une contribution pour le recyclage des matériaux qui engendrent des frais. Elle est de 30 € par tonne pour le plastique, ou de 10 € par tonne pour le bois. Le papier et le métal rapportent de l’argent, donc nous n’intervenons pas. »
Bon à savoir également : ces primes ne sont pas des primes des autorités rappelle le Managing Director de Valipac. « Il ne s’agit pas de subventions. L’argent vient des producteurs eux-mêmes. En d’autres termes, environ 60 % de leur contribution est directement reversée à l’industrie. »
Les solutions de recyclage sont nombreuses. Par exemple, de nombreuses entreprises ne savent pas que les applications de recyclage des films imprimés sont beaucoup plus limitées que celles des films non imprimés.
Francis Huysman
Managing Director
Valipac a été créée en 1997 à l’initiative de l’industrie belge comme organisme de gestion des emballages industriels. La mission de Valipac est de mettre tous les acteurs sur la voie de l’économie circulaire. L’organisation recueille des informations sur les quantités d’emballages industriels mis sur le marché par les entreprises et collectés et recyclés par les collecteurs de déchets. Ces données sont comparées pour calculer le taux de recyclage global et communiquées à la Commission interrégionale de l’emballage.