UN OISEAU DES ARBRES DE VIE (Oiseau Tui ) pour orchestre
for perusal only
Orchestration réalisée d’après les esquisses par Christopher Dingle
Orchestration realized from the sketches by Christopher Dingle
© 2022 by Éditions musicales Alphonse Leduc, Paris
Tous droits d’exécution, de reproduction, de transcription et d’adaptation réservés pour tous pays
OLIVIER MESSIAEN
UN OISEAU DES ARBRES DE VIE (Oiseau Tui )
« De part et d’autre du fleuve, il y a des arbres de Vie… »
(Apocalypse 22, v. 2)
« Ô vous tous, oiseaux du Ciel, bénissez le Seigneur ! »
(Daniel 3, v. 80)
PRÉFACE
Genèse de l’œuvre
Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui) fut conçu à l’origine comme le troisième mouvement d’Éclairs sur l’Au-Delà…, la dernière œuvre achevée d’Olivier Messiaen. Zubin Mehta, qui était alors directeur musical de l’Orchestre philharmonique de New York, prit contact avec Messiaen le 21 juillet 1987 afin de lui passer commande d’une œuvre pour le 150e anniversaire de l’orchestre, pour la saison 1992-1993. Dans une lettre à Mehta du 2 août 1987, Messiaen accepta la commande d’« une œuvre pour grand orchestre » et les deux musiciens se rencontrèrent en octobre. Messiaen avait déjà reçu une commande de Salzbourg d’une œuvre pour piano et orchestre1, mais il fut si enthousiasmé par sa rencontre avec Mehta qu’il commença d’abord la pièce pour New York. Fin octobre 1987, il note dans son agenda la liste des choses à emporter à sa maison de campagne, La Sauline, ainsi que quelques idées pour la pièce : Emporter livres d’astronomie, de peinture – la même musique peut changer de matière en étant : aiguë ou grave, FF ou PP, très vif ou très lent – emporter cassette des oiseaux de Nouvelle-Zélande et le grand cahier où j’ai commencé leur notation – ainsi que le livre d’oiseaux de Nouv. Zélande […] chercher accords – rythmes – mélodies pour « Prélude à l’Apocalypse !2 ».
La référence aux oiseaux de Nouvelle-Zélande est particulièrement révélatrice dans la mesure ou Un oiseau des arbres de Vie consiste entièrement en une transcription par Messiaen du chant d’un oiseau de ce pays, le Tui, dont le nom savant est Prosthemadera novaeseelandiae, membre d’assez grande taille de la famille des méliphages. Comme par coïncidence par rapport à Messiaen, le Tui était connu des colons européens sous le nom d’Oiseau pasteur à cause de la touffe blanche sur son cou qui ressemble aux cols des pasteurs. Entre le début et le milieu des années soixante, certains étudiants et admirateurs ont offert à Messiaen des enregistrements de chants d’oiseaux de leur pays, notamment Robin Maconie et Nicholas Armfelt, ce dernier lui ayant adressé plusieurs cadeaux de ce type. Le Tui fournit le tout début de la musique de Couleurs de la cité céleste (1963) ; on l’entend également dans le final de Concert à quatre (1991-92).
Au début de son agenda de 1988, Messiaen a noté plusieurs idées pour la commande de New York, dont « Pièce de l’oiseau Tui, avec lui, 20 ou 30 oiseaux de tous pays3 ». À ce stade, Messiaen pensait à une œuvre en sept mouvements, qui allait
1. Transcription des agendas d’Olivier Messiaen, 1939-1992, par Yvonne Loriod, Bibliothèque nationale de France, IFN55010164, p. 727.
2 Transcription des agendas d’Olivier Messiaen, p. 731–2.
3 Transcription des agendas d’Olivier Messiaen, p. 741.
PREFACE
Genesis of the work
Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui) was originally envisaged as the third movement of Éclairs sur l’Au-Delà…, Messiaen’s last completed work. Zubin Mehta, then Music Director of the New York Philharmonic, first approached Messiaen on 21st July 1987 with a commission to write a work for the orchestra’s 150th anniversary season in 1992–93.Messiaen accepted the commission for ‘a work for large orchestra’ in a letter to Mehta dated 2nd August 1987, and the two men met in October. Messiaen had an existing commission from Salzburg to write a work for piano and orchestra,1 but was so enthused by his meeting with Mehta that he started work on the piece for New York first. At the end of October 1987 he made a note in his diary of things to pack for a stay at ‘La Sauline’, his home in the country, along with some ideas for the piece:
Take books on astronomy, on painting – the same music can change in substance by being: high or low – fortissimo or pianissimo – very fast or very slow – pack the cassettes of New Zealand birds and the large cahier where I have started their notation – also the book about N. Zealand birds […] Devise harmonies – rhythms – melodies for ‘Prélude à l’Apocalypse’.2
The reference to New Zealand birds is especially pertinent as Un oiseau des arbres de Vie consists entirely of Messiaen’s transcription of a New Zealand bird, the Tui, ornithological designation Prosthemadera novaeseelandiae, a relatively large member of the honeyeater family. Appropriately for Messiaen, the Tui was known as the Parson bird by early European settlers on account of the white tuft on its throat resembling a clerical dog-collar. A number of students and devotees from New Zealand had given Messiaen recordings of birdsong from their country from the early- to mid-1960s onwards, notably Robin Maconie and Nicholas Armfelt, the latter sending Messiaen several such gifts. The Tui provides the first music heard in Couleurs de la cité celeste (1963) and is also heard in the final movement of the Concert à quatre (1991–92).
Messiaen noted several ideas for the New York commission at the front of his 1988 diary, including ‘Tui bird piece, with him, 20 or 30 birds of all countries’.3 At this time, Messiaen was thinking of a seven-movement work, but this soon grew. In May and June 1988, Messiaen made a trip to
1. Transcription des agendas d’Olivier Messiaen, 1939-1992, par Yvonne Loriod, Bibliothèque nationale de France, IFN55010164, p. 727
2 Transcription des agendas, pp. 731–2
3 Transcription des agendas, p. 741.
rapidement prendre de l’ampleur. En mai et juin, Messiaen fit un voyage en Australie au cours duquel il découvrit certains oiseaux sur le terrain, notamment l’Oiseau-lyre superbe. Entre le printemps et le début de l’automne 1988, il esquissa les grandes lignes des mouvements d’Éclairs sur l’Au-Delà…. Si l’on remarque des ratures et des changements sur ce plan de travail, il est clair qu’à ce stade, Messiaen avait en tête une œuvre en douze mouvements. Sur ce plan, le troisième mouvement est indiqué comme « Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui) » avec à côté le mot « fait » souligné deux fois, pour indiquer que la pièce était réalisée. Ce qui signifie que la musique était composée, mais seulement en particelle, avec des indications d’orchestration. En d’autres termes, Messiaen devait encore réaliser l’orchestration sous forme de partition d’orchestre. Le quatrième mouvement de ce plan en douze mouvements est intitulé « Un autre oiseau des arbres de Vie (Oiseau Lyre superbe) » avec pour annotation : « à terminer ». Cette paire de mouvements dédiés chacun à une espèce aurait dû être équilibrée par « Plusieurs oiseaux des arbres de Vie », qui était alors censé constituer le dixième des douze mouvements. Dans la version définitive d’Éclairs en onze mouvements, « Un autre oiseau des arbres de Vie » est devenu « L’Oiseau-Lyre et la Ville-Fiancée », placé en troisième position4
Alors que la couverture du manuscrit de la particelle donne pour titre du mouvement Tui « Un oiseau des arbres de Vie », la première page de la musique est intitulée « l’oiseau des Arbres de Vie » (voir plus bas la note sur le manuscrit). L’utilisation de l’article défini est un autre indice montrant que ce mouvement fut l’un des premiers à être écrits et suggère qu’au départ, Messiaen n’envisageait pas de lui adjoindre le mouvement de l’Oiseau-Lyre. Ce qui signifie que le mouvement Tui aurait été composé au plus tard en mai 1988, quand Messiaen partit en Australie. De plus, le compositeur réalisa des transcriptions d’Oiseaux-Lyres superbes à partir d’enregistrements envoyés par des ornithologues australiens à titre de préparation de ce voyage. Ceci montre que Messiaen avait l’intention de consacrer un mouvement à l’Oiseau-Lyre superbe avant même d’avoir posé le pied en Australie, ce qui suggère que le mouvement Tui fut achevé début 1988. Sans présager de l’état des réflexions de Messiaen avant son voyage en Australie, on peut assurer qu’à son retour, il avait l’intention de donner un rôle prééminent à l’Oiseau-Lyre superbe. Cependant, on constate que Messiaen n’a pas supprimé le mouvement de l’Oiseau Tui juste après son voyage en Australie. Dans une
Australia, where he encountered various birds in the field for the first time, notably the Superb Lyrebird. Sometime between the Spring and early Autumn of 1988, he jotted an outline of the movements for Éclairs. While there are various crossings-out and changes on this working plan, at this stage Messiaen clearly had in mind a work with twelve movements. The third movement is given on the working plan as ‘Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui)’ with the word ‘fait’ (done) next to it, underlined twice, to indicate the piece was written. This means that all the music was composed, but only in short score, with indications of the intended orchestration. In other words, Messiaen still needed to write up the orchestration into a full score. The fourth movement in Messiaen’s twelve-movement working plan is entitled ‘Un autre oiseau des arbres de Vie (Oiseau Lyre superbe)’ and is annotated with the words ‘à terminer’ (to finish). This pair of movements each dedicated to a single species would then be balanced by ‘Plusieurs oiseaux des arbres de Vie’, which at this point was intended to be the tenth movement of twelve. In the final eleven-movement definitive form of Éclairs, ‘Un autre oiseau des arbres de Vie’ became ‘L’Oiseau-Lyre et la Ville-Fiancée’ and is placed third.4
While the coversheet of the manuscript short score gives the title of the Tui movement as ‘Un oiseau des arbres de Vie’, the first page of the music is headed ‘l’oiseau des Arbres de Vie’ (see note on the manuscript below). The use of the definite article is another piece of evidence that the movement was one of the first to be written and suggests that Messiaen did not initially envisage it being partnered by the Lyrebird movement. This would mean the Tui movement was composed no later than May 1988, when Messiaen left for Australia. Moreover, the composer made transcriptions of Superb Lyrebirds from recordings sent to him by Australian ornithologists as preparation for his trip. This may indicate Messiaen intended to devote a movement to the Superb Lyrebird before he set foot in Australia, which would mean the Tui movement was probably complete by early 1988. Regardless of the exact state of Messiaen’s thoughts before Australia, he was certainly intent on giving the Superb Lyrebird prominence by the time that he returned. Crucially, though, Messiaen did not cut the Oiseau Tui movement from Éclairs immediately after the Australian trip. In a letter dated 11th October 1989 to Albert Webster, Managing Director of the NYPO, Messiaen was still uncertain whether Éclairs would comprise ten, eleven or twelve movements: ‘It is an enormous work, which comprises no less than ten movements
4 Pour plus d’informations sur sur l’évolution structurelle et les changements dans l’ordre des mouvements d’Éclairs sur l’Au-Delà…, voir Christopher Dingle, Messiaen’s Final Works (Farnham : Ashgate, 2013), p. 139–151.
4. For more on the structural development and changes of movement order in Éclairs sur l’Au-Delà , see Christopher Dingle, Messiaen’s Final Works (Farnham: Ashgate, 2013), pp. 139–51.
lettre du 11 octobre 1989 à Albert Webster (administrateur du NYPO), Messiaen ne sait pas encore si Éclairs comprendra dix, onze ou douze mouvements : « Il s’agit d’une œuvre énorme, qui comportera au moins dix pièces (peut-être onze, peut-être douze)5 ». Même aussi tardivement qu’en avril 1990, alors que Messiaen commençait à réaliser des copies au net de chaque mouvement de la partition d’orchestre, il fait référence, dans un de ses agendas, au « chemin de l’invisible » comme étant la onzième pièce, alors qu’il s’agit de la dixième dans la version définitive. La décision de retirer « Un oiseau des arbres de Vie » d’Éclairs sur l’Au-Delà… a été prise par Messiaen à contre cœur, en même temps qu’ont été réalisés des changements structurels importants6. On ne sait pas quand eut lieu ce changement radical dans l’ordre des mouvements, mais sans doute avant le 25 novembre 1990, date à laquelle, dans son agenda, Messiaen se réfère à « La Constellation du Sagittaire » comme étant le deuxième mouvement.
La particelle manuscrite
Le manuscrit de la particelle est conservé à la Bibliothèque nationale de France dans les archives Messiaen sous la cote Rés. Vma. Ms. 1488 (7) : « Un oiseau des arbres de Vie (oiseau Tui) ». Le manuscrit se compose de trois feuilles pliées comportant quatre pages chacune. La première feuille constitue la couverture et n’est écrite que sur la première page. Les deux autres feuilles comportent huit pages de musique numérotées, les pages 1 à 4 étant sur la première feuille et les pages 5 à 8 sur la seconde (outre la pagination de Messiaen, le manuscrit a été repaginé, y compris les pages blanches, pour les besoins du catalogage de la BnF). Tout est écrit au crayon. Messiaen a commencé la pièce sur un verso, ce qui signifie que la page 2 est sur un recto, les pages 3 et 4 se trouvant respectivement sur les verso et recto intérieurs. Les quatre autres pages se présentent de manière traditionnelle, la page 5 sur un recto, 6 et 7 sur les verso et recto intérieurs, la page 8 se situant au verso. La couverture utilise un papier à musique à 26 portées tandis que les huit pages de musique figurent sur du papier à 20 portées. La page de couverture porte le chiffre trois en chiffres romains (III) et le titre « un oiseau des arbres de Vie » avec, un peu plus haut à droite, les mots « oiseau Tui ». Elle comporte également deux citations bibliques. Sous le mot « un », l’article défini a été effacé de la précédente version du titre « l’oiseau des arbres de Vie » (ceci sur la première page de musique –voir plus bas). La lettre « x » semble aussi avoir été effacée à la fin du mot « oiseau », suggérant qu’à un certain point,
5. L a lettre est reproduite intégralement dans Christopher Dingle, Messiaen’s Final Works, p. 151–2
6 Le deuxième movement, “La Constellation du Sagittaire” était le neuvième, le quatrième movement “Les élus marqués du sceau” était le huitième et “Les étoiles et la Gloire”, actuel huitième movement, était le deuxième dans le plan initial de Messiaen.
(perhaps eleven, perhaps twelve)’.5 Even as late as the end of April 1990, when Messiaen began the task of making fair copies of the full scores for each movement, he still refers in his diary to ‘le chemin de l’Invisible’ as the eleventh piece; it is the tenth of the completed work. It is likely that Messiaen’s (clearly reluctant) decision to omit ‘Un oiseau des arbres de Vie’ from Éclairs was made at the same time as other major structural changes.6 It is unclear when this radical change of movement order happened, but it will have been before 25th November 1990, as Messiaen refers to ‘La Constellation du Sagittaire’ as the second movement in his diary on that date.
The manuscript short score
The manuscript short score (particelle) is held at the Bibliothèque nationale de France as part of the Messiaen Archive: Rés. Vma. Ms. 1488 (7): Un oiseau des arbres de Vie (oiseau Tui). The manuscript consists of three sheets of paper. Each sheet is folded to create four pages. The first sheet is a cover with writing only on one page. The remaining two sheets have 8 numbered pages of music, with pages one to four on one sheet and five to eight on the other (in addition to Messiaen’s page numbers for the music, the pages of the manuscript, including the blank pages of the cover sheet, have each been numbered as part of the BnF cataloguing). Everything is handwritten in pencil. Messiaen started the piece on a lefthand (verso) page, meaning that the second page is on the right (recto) of the same side of the sheet. Pages three and four are on the inside of the sheet, verso and recto respectively. The remaining four pages are presented conventionally, starting with the recto page five, six and seven on the inner verso and recto, and the final eighth page on the verso. The coversheet is on 26 stave manuscript paper, whereas the 8 pages of music are on 20 stave manuscript paper. The coversheet has a roman three (III) and gives the title as ‘un oiseau des arbres de Vie’ with the words ‘oiseau Tui’ slightly higher to the right-hand side. It also gives the two biblical inscriptions. Under ‘un’ the definite article has been erased from an earlier version of the title: ‘l’oiseau des arbres de Vie’ (this appears on the first page of music – see below). There are also signs that the letter ‘x’ has been erased from the end of the word ‘oiseau’, suggesting the title at one point may have been ‘les [or des] oiseaux des arbres de Vie’. Along with what can also be gleaned from the remains of some erased and largely illegible pencil markings, notably the words ‘superposer à l’oiseau Tui’ and, later, ‘Singapour’, it seems that Messiaen considered adding some Malaysian birdsongs to the Tui. This appears to be an initial
5 The full text of the letter is reproduced in Dingle, Messiaen’s Final Works, pp. 151–2.
6 The second movement, ‘La Constellation du Sagittaire’, had been ninth, the fourth movement, ‘Les élus marqués du sceau’ had been eighth, and ‘Les étoiles et la Gloire’, the eighth movement, was second in Messiaen’s working plan.
le titre aurait été « les [ou des] oiseaux des arbres de Vie ». Parmi ce que l’on peut deviner des restes de quelques annotations au crayon illisibles pour l’essentiel, on distingue les mots « superposer à l’oiseau Tui », puis « Singapour », qui laissent penser que Messiaen eut l’idée d’ajouter un oiseau malaisien à l’oiseau Tui. Il s’agirait d’une version affinée de la note figurant en tête de l’agenda 1988 mentionnant que l’oiseau Tui serait accompagné de « 20 ou 30 oiseaux de tous pays ». Une chose est sûre : toutes ces alternatives ont été rejetées et effacées de la partition qui se présente clairement comme une pièce achevée ayant pour titre « un oiseau des arbres de Vie ».
Sur la page de titre figure le mot « non » juste au-dessus du titre. Il n’apparaît pas sur la photocopie du manuscrit réalisée au début des années 2000, mais a dû être ajouté plus tard par Yvonne Loriod, sans doute quand elle a entrepris la tâche herculéenne de trier l’important volume d’archives accumulé par Messiaen tout au long de sa vie. En tant que tel, ce mot indique bien que le mouvement ne fait pas partie de la version définitive d’Éclairs sur l’Au-Delà…
Trois mentions figurent en haut de la première page de musique : « pièce III », « “l’oiseau des Arbres de Vie” » [sic] « (Apoc : ch 22, v. 2) ». Sur la couverture, on distingue aussi la variante du titre qui a été recouverte. Messiaen reprend la citation biblique en bas de page à droite, avec la variante du titre « (pour “l’oiseau de Arbres de Vie”) ». Il ajoute également, (« C’est une pièce »), pour indiquer qu’il s’agit d’un mouvement plutôt que d’une section de l’un d’entre eux. En bas de page, Messiaen écrit : « Oiseau Tui (NouvelleZélande) » avec deux grandes flèches dirigées vers le haut, vers la musique, précisant ainsi que tout le matériel provient du chant de l’oiseau Tui. Les pages 2 à 7 portent la mention « Oiseau Tui (suite) » avec des flèches, tandis sur la dernière page, on lit « Oiseau Tui (suite et fin) ».
Les pages 1, 2, 3, 6 et 7 de la musique comportent chacune cinq systèmes de trois portées, séparés par une portée vierge. La page 5 adopte la même disposition mais un accord du premier système empiète sur la portée restée blanche entre les systèmes. La page 4 comprend deux systèmes de 3 portées, la fin du 3e système et le début du 4e utilisant quatre portées. La page finale comporte un système de quatre portées suivi de deux systèmes à trois portées complets, plus un dernier système très court à trois portées.
À la fin de la partition, Messiaen a noté : « toute la pièce : entièrement revue et Bien », indiquant par là que la pièce est complète (c’est-à-dire qu’il n’y a rien à ajouter comme c’est parfois le cas dans certaines esquisses préparatoires), et qu’il l’a vérifiée. « Bien » est la manière habituelle qu’avait Messiaen de signifier qu’une œuvre était terminée. Toutes les autres indications du manuscrit font partie intégrante de la musique.
Jusqu’à présent, aucune esquisse plus ancienne susceptible d’appartenir à la composition d’Éclairs sur l’Au-Delà… n’a été retrouvée dans les Archives Messiaen. Il n’existe pas non plus d’esquisses de l’orchestration.
refinement of the note at the front of his 1988 diary that the Tui would be accompanied by ‘20 or 30 birds from all countries’. What is certain is that such alternate conceptions were rejected and erased from the remaining score, which is very clearly presented as a finished entity with the title ‘un oiseau des arbres de Vie’.
The title page of the manuscript also has the word ‘non’ added just above the title. This does not appear on a photocopy of the manuscript made in the early 2000s so must have been added later by Yvonne Loriod-Messiaen. It is likely, therefore, that she added this during the Herculean task of sorting the vast amount of archive material kept from across Messiaen’s life. As such, it merely indicates that the movement is not part of the final version of Éclairs sur l’Au-Delà…
The first page of music has three annotations at the top: ‘pièce III’; ‘ “l’oiseau des Arbres de Vie” ’ [sic]; ‘(Apoc: ch 22, v.2)’. The variant of the title can also be seen overwritten on the coversheet. Messiaen repeats the biblical inscription at the bottom right of the page, along with the variant title: ‘(pour “l’oiseau des Arbres de Vie”)’. He also adds ‘(C’est une pièce)’, indicating that this is a movement rather than a section of one. At the foot of the page, Messiaen also writes ‘Oiseau Tui (Nouvelle Zélande)’ with two large arrows pointing upwards to the music, making clear that all of the material comes from the Tui bird. Pages 2 to 7 of the music have ‘Oiseau Tui (suite)’ with the arrows while the final page has ‘Oiseau Tui (suite et fin)’.
Pages 1, 2, 3, 6 and 7 of the music each have five systems consisting of three-staves, with a blank stave separating the systems. Page 5 follows the same layout, but one chord in the first system extends onto the otherwise blank stave between systems. Page 4 has two three-stave systems, with the end of the third system and beginning of the fourth using fourstaves. The final page has one four stave system followed by two complete three-stave systems and the last, brief threestave system.
At the end of the score, Messiaen wrote the words ‘toute la pièce: entierement revue et Bien’, thus indicating that this was the whole piece (i.e. nothing needed to be inserted, as was the case with some working sketches), and that he had checked it. ‘Bien’ was Messiaen’s customary way of denoting a completed work. All other markings on the manuscript are part of the music.
No earlier sketches exist within the material so far identified in the Messiaen Archive as belonging to the composition of Éclairs sur l’Au-Delà…, nor are there any drafts of the full orchestration.
Le titre
Le titre figurant sur cette partition correspond à celui de la page de couverture de la particelle. S’il avait vécu plus longtemps, Messiaen aurait sans doute changé le titre, surtout dans l’hypothèse vraisemblable où il aurait utilisé cette pièce dans une autre œuvre. Bien qu’il soit tentant d’appeler ce mouvement simplement « Oiseau Tui », suivre le titre complet laissé par le compositeur souligne le fait que, quel que soit le contexte, ce mouvement aurait été empreint d’une signification allant au-delà de la pure transcription d’un chant d’oiseau.
L’origine du titre de Messiaen n’est pas parfaitement claire, mais les citations figurant dans « Plusieurs oiseaux des arbres de Vie » (9e mouvement d’Éclairs sur l’Au-Delà…) sont significatives :
L’Arbre de Vie représente l’Humanité du Verbe. Dom J. de Monléon
Les élus cueilleront le fruit de cet arbre merveilleux, et ils chanteront dans ses branches, comme des oiseaux.
( voir Dom J. de Monléon : « le sens mystique de l’Apocalypse »)
Dans sa préface à la partition d’Éclairs sur l’Au-Delà…, Yvonne Loriod-Messiaen pose la question suivante : « Quoi de plus séduisant pour un compositeur-ornithologue que d’imaginer la Vie éternelle comme un arbre infini représentant le Christ, avec toutes les âmes élues commes des oiseaux chantant dans ses branches et cueillant des fruits suaves7 ? » Quoi qu’il en soit, les citations ne sont pas aussi claires qu’il y paraît. La première se trouve à la page 369 de l’ouvrage de Dom Jean de Monléon Le Sens mystique de l’Apocalypse, livre qui a influencé la pensée de Messiaen dans d’autres passages d’Éclairs sur l’Au-Delà…8 Bien entendu, le Verbe représente le Christ, comme au début de l’évangile de Jean, tandis que l’arbre de Vie est mentionné dans l’Apocalypse (22, v. 2). C’est cette phrase qui fournit la citation d’Un oiseau des arbres de Vie (voir plus bas). Cependant, la seconde citation pour « Plusieurs oiseaux des arbres de Vie » ne semble pas figurer dans le livre de Monléon. On y mentionne que les élus « peuvent cueillir les douze fruits de l’Esprit9 », et plus tard, après avoir expliqué ce qui les attend au ciel, l’auteur indique : « Voilà les fruits que cueilleront les élus sur cet arbre merveilleux10 ». Ces affirmations corroborent la première partie de l’inscription, mais l’image des élus chantant dans les branches de l’arbre – et, surtout, la référence aux oiseaux apparaissent comme l’interprétation poétique du texte de Monléon par
7 Yvonne Loriod-Messiaen ‘Éclairs sur l’Au-Delà…’ dans Olivier Messiaen, Éclairs sur l’Au-Delà…, 2 volumes, Paris : Leduc, 1998, p. 13.
8 Dom Jean de Monléon, Le Sens mystique de l’Apocalypse, Paris : Nouvelles éditions latines, 1984.
9 Monléon, Le Sens mystique de l’Apocalypse, p. 369.
10 Monléon, Le Sens mystique de l’Apocalypse, p. 370.
The title
The title on this score follows that on the cover page of the manuscript short score. Had he lived longer, it should be recognized that Messiaen would have changed the title if, as seems likely, he had used this piece in another work. While it is tempting, therefore, just to call this movement ‘Oiseau Tui’, following the full version of the only title left by the composer underlines that, whatever the context, this movement would have been imbued with a meaning beyond the pure transcription of birdsong.
The provenance of Messiaen’s title is not entirely clear, but the inscriptions for ‘Plusieurs oiseaux des arbres de Vie’ [several birds from the trees of Life], the ninth movement of Éclairs, are clearly relevant:
The tree of Life represents the Humanity of the Word.
Dom J. de Monléon
The chosen shall pick fruit of this marvellous tree, and they shall sing in its branches, like birds.
‘see Dom J. de Monléon: le sens mystique de l’Apocalypse’
Yvonne Loriod asks in her preface to the score of Éclairs: ‘What could be more attractive for a Composer-Ornithologist than to imagine eternal life as an infinite tree representing Christ, with all the souls of the elect as birds singing in its branches and picking its delicious fruit?’7 That may be so, but these inscriptions are not quite as straightforward as they might seem. The first can be found on page 369 of Dom Jean de Monléon’s Le Sens mystique de l’Apocalypse, a book that clearly informed Messiaen’s thought elsewhere in Éclairs as well.8 The Word is, of course, Christ, as in the beginning of John’s Gospel, while the tree of life is mentioned in Revelation (22: 2), the phrase that provides the first inscription for Un oiseau des arbres de Vie (see below). However, the second inscription for ‘Plusieurs oiseaux des arbres de Vie’ does not seem to appear in Monléon’s book. There are mentions of the chosen ‘picking the twelve fruits of the Spirit’9 and later, having explained what awaits in heaven, he states that ‘these are the fruits picked by the chosen on this marvellous tree’.10 These statements are in keeping with the first part of the inscription, but the imagery of the chosen singing in the branches of the tree, and, crucially, the reference to birds, appear to be Messiaen’s poetic reading of Monléon’s text. It is apparently
7. Yvonne Loriod-Messiaen ‘Éclairs sur l’Au-Delà…’ in Olivier Messiaen, Éclairs sur l’Au-Delà , 2 volumes (Paris: Éditions Alphonse Leduc, 1998), p. 13.
8 Dom Jean de Monléon, Le Sens mystique de l’Apocalypse, (Paris : Nouvelles Editions Latines, 1984).
9. Monléon, Le Sens mystique de l’Apocalypse, p. 369. ‘... ils peuvent cueillir les douze fruits de l’Esprit...’
10 Monléon, Le Sens mystique de l’Apocalypse, p. 370. ‘Voilà les fruits que cueilleront les élus sur cet arbre merveilleux ...’
EXCERPT for perusal only
UN OISEAU DES ARBRES DE VIE
œ œnnR œ œ nb R R R
R ≈≈≈ R ≈≈≈ R R r ≈≈≈ r ≈≈≈ R r
R ≈≈≈ R ≈≈≈ R R œ n#œ R ≈≈≈ œ n#œ R ≈‰ œ nnœ R œ œnbR
œ n r ≈≈≈ œ n r ≈‰ œ nnœ R œ n r œ b r ≈≈≈ œ b r ≈≈≈ œ R œ n r
r ≈≈≈ r ≈‰
œ œ b nR ≈≈≈ œ œ b nR ≈≈≈ R R nnœœ R ≈
r ≈≈≈ r ≈≈≈ R ≈ œ œn n r ≈ r ≈
R ≈≈≈ R ≈≈≈
œ œ n # R ≈≈≈ œ œ n # R ≈≈≈
œ n#œ R ≈≈≈ œ n#œ R ≈≈≈
œ œbnR ≈≈≈ œ œbnR ≈≈≈
ff ff
r ≈≈≈ r ≈≈≈ ≈ œ #bœ nnœœ ≈ œ œb r ≈
œ R ≈≈≈ œ R ≈≈≈ œr œr œr ≈
828
≈≈≈ R R R R
R ≈≈≈ R ≈≈≈ R R R R
œ n#œ R ≈≈≈ œ œ # n œ n#œ œ n#œ R ≈≈≈ œ œ #n R œ bbœ R œ n#œ R nœœ b R ≈≈
œ n r ≈≈≈ œ n œ n œ n r ≈≈≈ œ #nœ R œ bbœ R œ œn n r œ nœ b R ≈≈
œ b r ≈≈≈ œ n œ b œ b r ≈≈≈ œ #nœ R œ bbœ R œ n r œ nœ b R
r ≈≈≈ r ≈≈≈
œ œ n n œ œ b n œ œ b nR ≈≈≈ r ≈≈≈ r ≈≈≈ œ n r ≈≈≈ r ≈≈≈ R ≈≈≈ R ≈≈≈
œ œ b nR ≈≈≈
œ œ n # R ≈≈≈
œ œ n # œ œ n # ≈ ≈ œ œ #b œ œ bb œ ##œ ≈ ≈
œ n#œ R ≈≈≈ œ ##œ œ n#œ ≈ œ œn# œ œ nn ≈ ≈ ≈
œ œ n b R ≈≈≈ œ œnn œ œbn r ≈≈≈
œ R ≈≈≈ œ R Ô œ R œr œr œr œ R
œ R ≈≈≈ œ œ œ R ≈≈≈
œr ≈≈≈ œ œ œr ≈≈≈
œ R ≈≈≈ ≈ œ R œ R
EXCERPT for perusal only
NOTES ÉDITORIALES
Généralités et principes
Messiaen a écrit la musique de tout le mouvement. En d’autres termes, aucun passage n’a été ajouté, omis ou modifié pour ce qui est de l’essentiel du contenu musical pour cette partition. Les seuls ajouts concernent quelques éléments de percussion sans hauteur déterminée conformément à l’usage qu’en fait Messiaen ailleurs (voir les détails ci-dessous). Pour certains accords de cors et de bassons, Messiaen a indiqué qu’il fallait ajouter des cloches-tubes sans en préciser les hauteurs. Dans ces cas, les cloches-tubes reprennent les notes de l’accord, mais certaines se situent obligatoirement dans d’autres registres (voir ci-dessous).
Dans de nombreux cas, les indications d’orchestration de Messiaen sont claires et ne posent pas de problème. Par exemple, pour les mes. 4 et 5 de la partition d’orchestre, la particelle comporte trois lignes indiquées « fl », « htb » et « basson », si bien qu’elles ont été transcrites directement comme flûte 1, hautbois 1 et basson 1. De la même manière, quand la particelle comprend trois lignes en mouvements parallèles avec l’indication « 3 xylos », il est clair que la partie supérieure revient au xylophone, celle du milieu au xylorimba et celle du bas au marimba. Dans d’autres cas, les indications de Messiaen pour un accord concernent une ou plusieurs familles d’instruments, par exemples, les « bois », ou une sélection d’instruments sans que leur affectation ou que la répartition des voix soit claires. Pour déterminer la répartition des voix, l’éditeur s’est basé, chaque fois que c’était possible, sur un cas semblable dans la musique de Messiaen. Les exemples ont été recherchés dans des œuvres précédentes aussi proches que possibles d’Un oiseau des arbres de Vie, à commencer par Éclairs sur l’Au-Delà…, puis dans des œuvres postérieures à l’opéra Saint François d’Assise, puis dans cet opéra, enfin dans d’autres œuvres de Messiaen. L’orchestration généreuse des accords telle qu’on la trouve mes. 3 et dans des passages situés plus loin résulte en partie d’exemples précédents situés dans Éclairs sur l’Au-Delà… et La Ville d’EnHaut. Le premier d’entre eux est « un accord à renversements transposés sur la même note de basse ». Ces accords étant très répandus dans les œuvres tardives de Messiaen, les exemples ne sont pas rares. On remarque cependant que la répartition des voix ne suit pas scrupuleusement les exemples connus, car les accords voisins sont différents.
Il faut également noter que si l’orchestration suit les indications de Messiaen, le compositeur a parfois modifié des détails de la particelle sur la partition finale. Par exemple, les esquisses d’orchestration de « L’Oiseau-Lyre et la Ville fiancée » indiquent que les deux doubles croches de la fin de la mes. 2 et toute la mes. 3 doivent être jouées par les flûtes,
EDITORIAL NOTES
General overview and principles
Messiaen provided music for the entire movement. In other words, no passages were added, omitted or changed in terms of the fundamental musical content for this score. The only additions are a few extra elements of unpitched percussion in line with Messiaen’s usage elsewhere (details are given below). There are also some horn and bassoon chords where Messiaen indicated that tubular bells should be added without specifying the pitch(es). In these cases, the tubular bells draw on pitches from the chord, but some are necessarily at a different register (see below for further details).
In many cases, Messiaen’s indications of orchestration are straightforward and unproblematic. For instance, for bars 4 and 5 of the full score, the manuscript short score has three musical lines marked ‘fl’, ‘htb’ and ‘bassoon’ so the lines translate directly to flute 1, oboe 1 and bassoon 1. Similarly, where the manuscript short score has three musical lines moving in parallel with the marking ‘3 xylos’, it is clear that the top line will be xylophone, the middle line xylorimba and the bottom line marimba. In other cases, Messiaen’s indication for a chord will be for an orchestral section or sections, e.g. ‘bois’ [woodwind], or for a selection of instruments without the precise allocation and voicing being clear. Wherever possible, the starting point for determining the voicing is a precedent elsewhere in Messiaen’s music. Precedents were sought from music as close as possible to Un oiseau des arbres de Vie, first in Éclairs sur l’Au-Delà…, then other post-Saint François works, then the opera and further back in Messiaen œuvre. In particular, the generous woodwind scoring for chords such as those found in bar 3 and equivalent passages later in the score is a result, in part, of precedents in Éclairs and La Ville d’EnHaut. The first of these is what Messiaen termed ‘un accord à renversements transposés sur la même note de basse’ (a chord with inversions transposed onto the same bass note). These chords are prevalent in the works of Messiaen’s final years, so exemplars are not uncommon. It should be noted, though, that the voicing does not slavishly follow individual precedents as neighbour chords are different here.
It is important to note also that, while this orchestration follows Messiaen’s indications, he sometimes changed details between the particelle and the final score. For instance, the draft orchestration for ‘L’Oiseau-Lyre et la Ville-Fiancée’ indicates that the two demisemquavers at the end of bar two, as well as the entirety of bar 3, should be played by flutes,
clarinettes, hautbois, bassons, trompettes et cors1. Pourtant, dans l’orchestration définitive, ce sont les xylophone, xylorimba et marimba qui jouent les dernières notes de la mes. 2 et doublent le premier accord de la mes. 32. La présente orchestration ne correspond évidemment pas aux finesses équivalentes que Messiaen n’aurait pas manquer de trouver en la réalisant lui-même.
Barres de mesure
La particelle comporte relativement peu de barres de mesures, qui n’ont pas leur fonction habituelle consistant à délimiter des mesures. Elles signalent plutôt la différence entre deux types de matériau : l’accord « arraché » en tutti qui est le leitmotiv du mouvement et le matériau plus fluide du chant d’oiseau. Elles encadrent aussi les mesures de silence. Les barres indiquant le début des mesures suivantes sont reprises exactement de la particelle :
3, 7, 8, 11, 14, 15, 18, 19, 21, 40, 42, 50, 51, 58, 59, 63, 68, 69, 71, 85, 86, 88, 91, 92, 95, 126, 127, 129, 130, 133, 149, 150, 158, 159, 161, 182, 184, 188, 191, 194, 198, 205, 212, 219.
Toutes les autres barres de mesures ont été ajoutées. Il existe des milliers de permutations et de combinaisons possibles pour diviser la particelle en des mesures reflétant le sens musical dans l’optique d’une exécution orchestrale. La manière de disposer les barres de mesures choisie ici tente d’adopter la pratique de Messiaen consistant à suivre les motifs individuels (il utiliserait le terme grégorien de « neumes »), correspondant à des changements d’instrumentation et permettant de placer les débuts et les fins de phrases de manière adéquate en terme de temps forts ou faibles. À certains endroits, la logique musicale suggère de placer des mesures à un seul temps comme ! Messiaen n’était pas hostile à ce type de chiffrage de mesure, mais étant donné la nature très rapide de ce mouvement, cette solution a été écartée. Malgré cela, le résultat est complexe, avec 164 changements de mesure après le initial pour une partition de 219 mesures. Par comparaison, « L’Oiseau-Lyre et la Ville-Fiancée » d’Éclairs sur l’Au-Delà… ne comporte que 69 changements de mesure pour 194 mesures (bien que « L’Oiseau-Lyre et la Ville-Fiancée » comporte sept tempi différents, alors qu’Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui) n’en contient que cinq).
clarinets, oboes, bassoons, trumpet and horns.1 However, in the final orchestration, xylophone, xylorimba and marimba play the last notes of bar 2, and double the first chord of bar 3.2 The realization presented here will inevitably fall short of equivalent finesses that Messiaen would undoubtedly have made had he completed the orchestration.
Barlines
The manuscript short score has relatively few barlines. These do not function in the conventional manner of delineating bars. Rather, they mark the difference between two types of material; the tutti ‘arraché’ chord that is a leitmotif of the movement and the more flowing birdsong. They also frame the silent pause bars. The lines marking the beginning of the following bars are equivalent to where the barlines occur in the manuscript short score:
3, 7, 8, 11, 14, 15, 18, 19, 21, 40, 42, 50, 51, 58, 59, 63, 68, 69, 71, 85, 86, 88, 91, 92, 95, 126, 127, 129, 130, 133, 149, 150, 158, 159, 161, 182, 184, 188, 191, 194, 198, 205, 212, 219
All other barlines are additions. There are myriad possible permutations and combinations for dividing Messiaen’s manuscript short score into bars that reflect the musical sense of the material for orchestral performance. The adopted barring attempts to follow Messiaen’s practice in following the sense of the individual motifs (he would use the plainsong term ‘neumes’), while reflecting changes in instrumentation and enabling the beginnings and ends of phrases to be placed appropriately in terms of weak or strong stresses. In some places, the logic of the music suggested single beat bars such as !. Messiaen was not averse to such time signatures, but, given the fast-moving nature of this movement, these have been avoided. Even so, the resulting barring is complex, with the 219 bar score having 164 changes of time signature after the initial . For comparison, ‘L’Oiseau-Lyre et la Ville Fiancée’ from Éclairs has 67 changes of time signature in 194 bars (though ‘L’Oiseau-Lyre et la Ville Fiancée’ has seven rather than five distinct tempi).
1. Voir Rés. Vma. Ms. 1488(5), p. 7 dans les Archives Messiaen à la Bibliothèque nationale de France.
2 Notons que le manuscrit Rés. Vma. Ms. 1488(5) de « L’OiseauLyre et la Ville-Fiancée » présente un état moins abouti que celui d’Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui), les sections apparaissant dans un ordre différent de celui de la partition définitive.
1. See Rés. Vma. Ms. 1488(5), p.7 in the Messiaen Archive at the Bibliothèque nationale de France.
2 It should be noted that the music for ‘L’Oiseau-Lyre et la VilleFiancée’ in Rés. Vma. Ms. 1488(5) is in a less polished state than that in the manuscript for Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui), with the sections appearing in an order different to that in the score.
Indications de tempo
L’unique indication de tempo inscrite sur la particelle est « Modéré ». Cependant, étant donné ce qui se passe dans les autres mouvements, et notamment dans « L’Oiseau-Lyre et la Ville Fiancée », il y a très peu de chances que Messiaen ait prévu un seul tempo tout au long de la pièce. L’une des notations les plus significatives concernant l’oiseau Tui dans les Cahiers de notation de chants d’oiseaux comporte trois indications de tempo différentes : « Très modéré », « Modéré » et « Vif »3. Une autre transcruption importante comporte également trois tempi : « Modéré », « Un peu vif » et « Vif4 » tandis qu’un troisième porte seulement l’indication initiale de « Modéré5 ». Étant données les délimitations de barre de mesure de la particelle, il est possible que Messiaen aurait utilisé deux tempi, l’un pour les accords en tutti « arraché » (indiqué comme un « cri » dans un des cahiers), l’autre pour le matériau plus fluide (indiqué « chant » dans ce même cahier). Cependant, il semble probable qu’il aurait opéré d’autres distinctions afin d’adapter les tempi aux types de matériau. C’est le cas dans « L’Oiseau-Lyre et la Ville Fiancée » qui comprend sept tempi distincts bien que la notation correspondante dans les cahiers ne comprenne qu’un seul tempo tout au long de la pièce6. En conséquence, la partition d’Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui) comporte quatre indications de tempo correspondant chacune à un matériau spécifique :
Modéré ( = 132) les accords en tutti ‘arraché’
Un peu vif ( = 200) la mélodie fluide de chants d’oiseaux
Bien modéré ( = 120) le geste de wood block
Presque vif ( = 116) les traits de xylos
Il y a donc quatre types de matériau, ayant chacun son indication de tempo propre et son mouvement métronomique. Les deux passages pour xylos dans lesquels les bois réalisent un halo d’accords calmes constituent l’exception. Ici, alors que l’indication est « Presque vif » (aux chiffres 14 et 27), le mouvement métronomique est légèrement plus souple : = 108.
Tempo markings
The only tempo marking given on the manuscript short score is ‘Modéré’. However, given his practice in other pieces, notably ‘L’Oiseau-Lyre et la Ville Fiancée’, it is extremely unlikely that Messiaen intended Un oiseau des arbres de Vie to have a single tempo throughout. One of the most relevant Tui notations in Messiaen’s birdsong cahiers de notation de chants d’oiseaux has three tempo markings: ‘Très Modéré’ ‘Modéré’ and ‘Vif’.3 Another important transcription also has three tempo markings: ‘Modéré’, ‘Un peu vif’ and ‘Vif’,4 while a third simply has an initial marking of ‘Modéré’.5 Given the barline delineations in the manuscript short score, it is possible that Messiaen may have used two tempi, one for the tutti ‘arraché’ chords (marked as ‘cri’ in one cahier), and another for the more flowing material (marked ‘chant’ in the same cahier). However, it seems likely that he would have made further distinctions to align tempi with particular types of material. This is the case in ‘L’Oiseau-Lyre et la Ville Fiancée’, which has seven distinct tempi despite the relevant source transcriptions in the cahiers having a single tempo marking throughout.6 As a consequence, the score for Un oiseau des arbres de Vie (Oiseau Tui) has four tempo markings, each denoting a particular type of material:
Modéré ( = 132) The tutti ‘arraché’ chords
Un peu vif ( = 200) The flowing birdsong melody
Bien modéré ( = 120) The wood block gesture
Presque vif ( = 116) The rapid passages for the xylos
In other words, there are four types of material, each with its own tempo marking and metronome marking. The exception to this is the two passages for xylos where the woodwind provide a halo of quiet chords. Here, while the marking is still ‘Presque vif’ (rehearsal figures 14 et 27), the metronome marking is a slightly more relaxed = 108.
3. Ms. 23000, p. 21 à 23, cahier non daté. Une notation relativement brève de l’Oiseau Tui apparaît page 35 du Ms. 23130 (cahier utilisé entre le 15 juillet et le 5 septembre 1976) avec également l’indication “Modéré”, tandis qu’une brève notation de l’Oiseau Tui figure page 49 du Ms. 23159 (un cahier de 1988) avec l’indication “Bien modéré”.
4 Ms. 23161, p. 1–3 (un cahier de 1988).
5 Ms. 23000, p. 1.
6 La notation de plein air de l’Oiseau-Lyre Superbe (Ms. 23159 p. 33, 34 et 37) du 11 juin 1988 à Tidbinbilla par Messiaen porte ‘Modéré’ tout du long, tandis qu’une seconde version (Ms. 23161 p. 22 à 26) est indiquée ‘Bien modéré’.
3. MS 23000, pp. 21–23 – an undated cahier. A relatively short Oiseau Tui notation appears on page 35 of MS 23130 (a cahier used between 15th July and 5th September 1976) also with the marking ‘Modéré’, while a short Oiseau Tui notation appears on page 49 of MS 23159 (a cahier from 1988) with the marking ‘Bien modéré’.
4 MS 23161, pp. 1–3 (a cahier from 1988).
5 MS 23000, p. 1.
6 Messiaen’s field notation for the Oiseau-Lyre Superbe (MS 23159 pp. 33, 34 and 37) from 11 June 1988 in Tidbinbilla has the marking ‘Modéré’ throughout, while a second version (MS 23161 pp. 22–26) has the marking ‘Bien modéré’.