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Janvier-FĂŠvrier-Mars 2013


Tables des matières Editorial 3 L’année de la foi 4 Père Gioele Schiavella, augustin

Message au peuple de Dieu

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Benoît XVI

La mission, faire aimer l’amour

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Daniel-Ange

Chercheurs de paix

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Jean Simonart

Affamés d’un même pain

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Mgr André-Joseph Léonard

Le désir de parler avec Dieu

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Jehison Herrera

Le sens eucharistique du signe de Cana

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Jean-Marie HENNAUX, s.j.

Le silence de Celle qui aime

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Saint Bernard

Au cœur des sept sacrements - Le Mariage

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Noël M. Rath, OSM

La voie mystique

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Camille Jordens

Edith Stein Philibert Secretan

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Editorial Il a été le Soleil de la vie de tant de ses amis : un Papy colombien, un homme et une femme qui se donnent l’un l’autre en Lui dans le mariage, et même de mystiques musulmans qui vivent intensément leur relation à Dieu.

Benoît XVI n’a cessé depuis le début de son pontificat, de nous « rappeler l’exigence de redécouvrir le chemin de la foi pour mettre en lumière de façon toujours plus évidente la joie Autant de questions auxquelles et l’enthousiasme renouvelé de la chacun des articles de Sanctifier rencontre avec le Christ » (Porta répond à sa façon. Car c’est Lui, Fidei, n° 2). Deux articles font écho l’enfant de Bethléem –la maison du de cette double nécessité : rencontrer pain- qui est le Pain dont nous avons Jésus, L’aimer pour l’annoncer. Marie, faim. C’est Lui qui nous donne la vie silencieuse et tellement aimante, en plénitude, qui est le Pain de la vie, nous est un bon guide pour le chemin offert en soutien à tous ceux qui sont d’approfondissement de foi ; Elle aime et son amour la rend toute attentive ses disciples. aux nécessités du couple de Cana. Et c’est encore Jésus, Pain de Vie offert, que nous retrouvons au milieu Que la joie de la rencontre avec du camp d’Auschwitz, aux côtés Jésus et de l’annonce de son Amour d’Edith Stein et de tant d’autres de habite votre cœur et illumine votre nos frères et sœurs qui aspiraient à vie, et que Marie vous guide dans la vivre en harmonie, en « hommes de collaboration attentionnée à l’œuvre de Dieu en ce monde. bonne volonté ». La Rédaction

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La Joie de Noël et l’explosion de vie pascale nous régénèrent. Des forces neuves nous nous sont données en plénitude. Dieu se fait homme, Il entre dans notre monde pour le transformer par la puissance de sa résurrection. Savons-nous Le reconnaître, avonsnous élargi l’espace de la tente de notre cœur pour L’accueillir, osonsnous dire ouvertement qu’Il est notre frère, notre Dieu, notre tout ou avonsnous honte de Lui ?


Vie de l’Eglise

L’Année de la Foi Le 11 octobre dernier, Benoît XVI a inauguré l’Année de la Foi, lors d’une eucharistie concélébrée Place saint Pierre, avec les Pères Synodaux et même quelques Pères Conciliaires. Pourquoi avoir choisi cette date ? Car elle marque le 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II.

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Le 21 octobre a eu lieu la canonisation de 6 martyrs de la foi en hommage « à des hommes et des femmes de tous les âges, dont le nom est inscrit au Livre de vie (cf. Ap 7, 9; 13, 8), qui ont confessé la beauté de suivre le Seigneur Jésus là où ils étaient appelés à donner le témoignage de leur être chrétiens » (Benoît XVI, Porta Fidei n° 13).


Le mât principal représente une croix sur laquelle sont hissées les voiles ; elles forment de façon dynamique le trigramme du Christ JHS (Jesus Hominum Salvator, Jésus Sauveur des hommes). Les voiles s’inscrivent sur un soleil associé au trigramme pour évoquer ainsi l’eucharistie.

Quels sont les contenus de la foi que nous voulons célébrer cette Année ? Le catéchisme de saint Pie V et le Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique en énumère quatre : croire et professer les vérités que Dieu a révélées et qui sont inscrites dans le Credo, la Tradition ou définies par l’Eglise, célébrer les sacrements et plus particulièrement l’Eucharistie, vivre les Commandements, et prier, car la prière est la respiration de l’âme. La place de l’amour est fondamentale dans la démarche de foi. En effet, « la foi, écrit le Saint-Père, grandit quand elle est vécue comme une expérience d’un amour reçu et quand elle est communiquée comme expérience de

grâce et de joie » (Benoît XVI, Porta Fidei n° 7). La foi, plus qu’une théorie, est la rencontre avec le Christ. C’est avoir confiance en Lui, car en Lui toute aspiration du cœur humain trouve un apaisement : la joie de l’amour, la réponse au drame du mal et de la souffrance, la force paisible du pardon donné face à l’offense reçue et la victoire de la vie devant le vide angoissant de la mort. Tout a son achèvement dans le mystère de Celui qui par son Incarnation, a voulu partager notre condition humaine pour nous transformer par la puissance de sa Grâce, en créatures nouvelles capables d’accueillir le don de l’Amour divin et de le transmettre à nos frères. Par la foi, Marie a accueilli la parole de l’ange qui lui révélait qu’Elle serait la Mère de Dieu. Elisabeth lui adresse ces paroles : « Bienheureuse celle qui a cru » et Marie de prophétiser : « Toutes les générations me proclameront bienheureuse ». Par la foi, les Apôtres ont quitté toute ambition humaine pour suivre le Maître, ils allèrent dans le monde entier et sans peur, ils annoncèrent à tous la joie de la résurrection dont ils furent de fidèles témoins.

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Un logo utilisé lors de chaque événement organisé pendant l’Année de la Foi, a été créé ; il représente une barque, symbole de l’Eglise, qui navigue sur des flots juste évoqués.


Par la foi, les martyrs offrèrent leur vie pour témoigner des valeurs évangéliques. Par la foi, des hommes et des femmes ont consacré leur vie au Christ.

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Abraham, un des personnages que la Bible cite à plusieurs reprises, est considéré comme le père de la foi tant par les hébreux que par les chrétiens ou les musulmans. Il obéit à l’ordre de Dieu : « Va, quitte ton pays, ta patrie et la maison de ton père et va vers le pays que je t’indiquerai » (Gen 12,1). Il crût à la promesse divine, qui lui avait révélé qu’il serait le père d’un grand peuple, même si cela était impossible au seul regard humain puisqu’Abraham était avancé en âge – environ 80 ans – et que son épouse était stérile. Quand Isaac naquit, à environ 20 ans de la promesse, le Seigneur lui demanda de l’offrir en sacrifice. Il était prêt à exécuter la requête divine mais l’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur l’enfant et ne lui fais aucun mal. Car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne M’as pas refusé ton propre fils, ton unique » (Gen 22,12). Les Pères de l’Eglise ont vu, dans le sacrifice d’Isaac, l’Amour inexprimable de Dieu pour l’homme et l’anticipation de la passion et de la mort de Jésus. Père Gioele Schiavella, augustin


Vie de l’Eglise

Dieu conduit l’œuvre de l’évangélisation* 1. La rencontre personnelle avec Jésus Christ dans l’Église

L’Église est cet espace offert par le Christ dans l’histoire afin que nous puissions le rencontrer, parce qu’il lui a confié sa Parole, le Baptême

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L’œuvre de la nouvelle évangélisation consiste à proposer de nouveau, au cœur et à l’esprit souvent distraits et confus des hommes et des femmes de notre temps, et avant tout à nousmêmes, la beauté et la nouveauté de la rencontre avec le Christ. Nous vous invitons tous à contempler le visage du Seigneur Jésus Christ, à entrer dans le mystère de son existence, donnée pour nous jusqu’à la Croix et confirmée comme don du Père par sa Résurrection d’entre les morts et qui nous est communiquée par l’Esprit. C’est dans la personne de Jésus que se dévoile le mystère de l’amour de Dieu le Père pour toute la famille humaine qu’il n’a pas voulu laisser à la dérive d’une impossible autonomie, mais qu’il a réunie à lui en un pacte d’amour renouvelé.


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qui nous rend fils de Dieu, son Corps et son Sang, la grâce du pardon du péché dans le sacrement de la Réconciliation surtout, l’expérience d’une communion qui est le reflet du mystère même de la Sainte Trinité, la force de l’Esprit qui suscite la charité envers tous. Il faut favoriser des communautés accueillantes, dans lesquelles tous les exclus se sentent chez eux, des expériences concrètes de communion, qui, avec la force ardente de l’amour, — « Voyez comme ils s’aiment ! » (Tertullien, Apologétique, 39, 7) — attirent le regard désenchanté de l’humanité contemporaine. La beauté de la foi doit resplendir en particulier dans les actions de la liturgie sacrée, dans l’Eucharistie dominicale avant tout. C’est proprement dans les célébrations liturgiques que l’Église dévoile en fait son visage d’œuvre de Dieu et rend visible, dans les paroles et dans les gestes, le sens de l’Évangile. C’est à nous aujourd’hui de rendre concrètement accessibles des expériences d’Église, de multiplier les puits auxquels inviter les hommes et les femmes assoiffés, pour faire rencontrer Jésus, véritable oasis dans les déserts de la vie. Les communautés chrétiennes en sont responsables et, en elles, c’est chaque disciple du Seigneur qui l’est aussi. C’est à chacun qu’est confié un irremplaçable

témoignage, afin que l’Évangile puisse croiser l’existence de tous; c’est pourquoi la sainteté de vie est exigée de nous.

2. Les occasions de rencontre avec Jésus et l’écoute de la Parole On se demandera comment faire tout cela. Il ne s’agit pas d’inventer on ne sait quelles stratégies, comme si l’Évangile était un produit à placer sur le marché des religions, mais de redécouvrir la façon dont, dans la vie de Jésus, les personnes se sont approchées de lui et ont été appelées par lui, afin d’introduire ces mêmes modalités dans les conditions de notre temps. Rappelons-nous par exemple comment Pierre, André, Jacques et Jean ont été interpellés par Jésus dans le contexte de leur travail, comment Zachée a pu passer de la simple curiosité à un chaleureux partage du repas avec le Maître, comment le centurion romain lui a demandé d’intervenir à l’occasion de la maladie d’une personne chère, comment l’aveugle de naissance l’a invoqué pour être libéré de sa marginalisation, comment Marthe et Marie ont vu leur hospitalité, chez elles et dans leur cœur, récompensée par sa présence. Nous pourrions continuer à parcourir


3. Nous laisser évangéliser nous-mêmes et nous disposer à la conversion Ne pensons surtout pas que la nouvelle évangélisation ne nous concerne pas personnellement ! Ces jours-ci, à plusieurs reprises, des voix se sont levées parmi les évêques pour rappeler que, pour pouvoir évangéliser le monde, l’Église doit avant tout se mettre à l’écoute de la Parole. L’invitation à évangéliser se traduit en un appel à la conversion. Nous sentons sincèrement le devoir de nous convertir avant tout nousmêmes à la puissance du Christ, qui seul est capable de renouveler toute chose, surtout nos pauvres existences. Avec humilité, nous devons reconnaître que les pauvretés et les faiblesses des disciples de Jésus, en particulier de ses ministres, pèsent sur la crédibilité de la mission. Nous sommes, certes, conscients, nous évêques en premier lieu, de ne jamais pouvoir être à la hauteur de l’appel du Seigneur et de la garde qu’il nous a confiée de son Évangile pour l’annoncer aux nations. Nous avons conscience du devoir de reconnaître humblement notre vulnérabilité aux blessures de l’histoire et nous n’hésitons pas à reconnaître nos propres péchés. Cependant, nous sommes aussi convaincus que la

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les pages de l’Évangile pour illustrer combien, dans des conditions variées, la vie des personnes s’est ouverte à la présence du Christ. Nous pouvons en faire autant avec ce que nous disent les Écritures concernant l’expérience missionnaire des apôtres dans l’Église primitive. La lecture fréquente des Saintes Écritures, illuminée par la Tradition de l’Église qui nous les a transmises et en est l’authentique interprète, est non seulement un passage obligé pour connaître le contenu même de l’Évangile, c’està-dire la personne de Jésus dans le contexte de l’histoire du salut, mais elle nous aide aussi à trouver de nouveaux espaces de rencontre avec lui, des modalités vraiment évangéliques, enracinées dans les dimensions fondamentales de la vie humaine : la famille, le travail, l’amitié, la pauvreté, les épreuves de la vie, etc.


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force de l’Esprit du Seigneur peut renouveler son Église et la revêtir de beauté, si nous nous laissons modeler par lui. Les vies des saints en sont la preuve. C’est pourquoi en faire mémoire et les raconter est un instrument privilégié de la nouvelle évangélisation. Si ce renouvellement était confié à nos forces, il y aurait de sérieux motifs de douter, mais la conversion, comme l’évangélisation, n’a pas dans l’Église comme premiers acteurs les pauvres hommes que nous sommes, mais bien plutôt l’Esprit même du Seigneur. C’est en cela que réside notre force ainsi que notre certitude que le mal n’aura jamais le dernier mot, ni dans l’Église ni dans l’histoire : « Que votre cœur ne se trouble pas et qu’il n’ait pas de crainte » a dit Jésus à ses disciples (Jn 14, 27). L’œuvre de la nouvelle évangélisation repose sur cette certitude sereine. Nous sommes confiants dans l’inspiration et dans la force de l’Esprit, qui nous enseignera ce que nous devons dire et ce que nous devons faire, même dans les circonstances les plus difficiles. C’est notre devoir, par conséquent, de vaincre la peur par la foi, le découragement par l’espérance, l’indifférence par l’amour.

4. Recueillir les nouvelles chances d’évangélisation dans le monde d’aujourd’hui Ce courage serein inspire également notre regard sur le monde contemporain. Nous ne nous sentons pas intimidés par les conditions des temps que nous vivons. C’est un monde plein de contradictions et de défis, mais il reste création de Dieu, blessé certes par le mal, mais toujours aimé de Dieu, dans lequel peut germer à nouveau la semence de la Parole afin qu’elle donne un fruit neuf. Il n’y a pas de place pour le pessimisme dans les esprits et dans les cœurs de ceux qui savent que leur Seigneur a vaincu la mort et que son Esprit œuvre avec puissance dans l’histoire. Avec humilité, mais aussi avec détermination — celle qui vient de


la manière de Jésus. Même dans les formes les plus âpres de l’athéisme et de l’agnosticisme nous entendons pouvoir reconnaître, bien que sous la forme de contradictions, non un vide, mais une nostalgie, une attente qui espère une réponse adéquate. Face à ces interrogations que les cultures dominantes posent à la foi et à l’Église, nous renouvelons notre confiance dans le Seigneur, sûrs que même dans ces contextes l’Évangile est porteur de lumière et capable de guérir chaque faiblesse de l’homme. Ce n’est pas nous qui conduisons l’œuvre de l’évangélisation mais Dieu. Comme le Pape nous l’a rappelé : « La première parole, l’initiative vraie, l’activité vraie, vient de Dieu et c’est seulement en nous insérant dans cette initiative divine, seulement en implorant cette initiative divine, que nous pouvons nous aussi devenir — par Lui et en Lui — évangélisateurs » (Benoît XVI, Méditation de la première Congrégation générale de la XIIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, Rome le 8 octobre 2012).

* Extrait du Message au peuple de Dieu, (XIIIe Assemblée Générale ordinaire du Synode des Évêques - 7-28 OCTOBRE 2012)

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la certitude que la vérité vaincra à la fin — nous rejoignons ce monde et voulons y voir une invitation du Ressuscité à être témoins de son Nom. Notre Église est vivante et affronte, avec le courage de la foi et le témoignage de tant de ses fils, les défis que l’histoire nous lance. Nous savons que, dans le monde, nous devons faire face à la bataille contre « les Principautés et les Puissances », « les esprits du mal » (Ep 6, 12). Nous ne nous cachons pas les défis des phénomènes de globalisation, ni ne les craignons. Ils doivent être pour nous une chance pour l’élargissement de la présence de l’Évangile. De même les migrations — avec le poids de souffrance qu’elles comportent et dont nous voulons sincèrement être proches par un authentique accueil des frères — sont des occasions, comme cela est déjà arrivé dans le passé, de diffusion de la foi et de communion à travers la variété des formes qu’elles prennent. La sécularisation, mais aussi la crise de l’hégémonie de la politique et de l’État, conduisent l’Église à repenser sa propre présence dans la société, mais sans renoncer à cette présence. Les nombreuses et toujours nouvelles formes de pauvreté ouvrent des espaces inédits au service de la charité : la proclamation de l’Évangile engage l’Église à être proche des pauvres et à faire sienne leur souffrance à


Evangélisation

La mission, faire aimer l’Amour* Quand je vois tout ce qu’un jeune doit subir comme pressions, tout ce qu’il doit ingurgiter comme mensonges, tout ce qu’il doit encaisser comme provocation au péché : comment dormir tranquille ?

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A longueur de jour, on lui serine : Prends ton préservatif et vas-y cette nuit avec n’importe qui ! Tapote sur ton clavier : sites pornos à gogo…. La masturbation ? Innocente distraction ! T’es homo ? Géniale alternative ! Marijuana et haschisch ? Le top ! Alors comment dormir tranquille ? Quand je surprends Satan ravageant au bulldozer le jardin secret de leur cœur, empoisonnant de son venin pestilentiel cet amour qui est leur raison de vivre, et du même coup, vieillir leur jeunesse et donc saper leur avenir : comment dormir tranquille ?


Quant à un orphelin au cœur déjà brisé on impose deux « papas » ou deux « mamans », - l’aberration, l’abomination – lui qui n’a pu exister et ne peut se construire sans un père, et une mère inséparablement… comment dormir tranquille ?

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Devant cette multitude qui ne sait même pas l’ABC de l’existence, le sens de la vie, le nom de Dieu - sinon pour jurer - la distinction entre bien et mal, vérité et erreur, amour et haine, vie et mort : et si j’arrive malgré tout à somnoler, j’en suis réveillé et je me mets à crier dans la nuit : Quand un mari peut sur simple « Miséricorde ! Que vont devenir les déclaration répudier sa femme, sans jeunes ? Vont-ils finir par se flinguer à l’accord de celle-ci, quand se séparer force de galérer ? » n’est plus qu’une formalité vite faite, et que les enfants en restent déchirés Comment parer au vertige ? à vie, orphelins de parents vivants, Quand l’Assassin tue la vie où elle est comment dormir tranquille ? la plus faible et fragile, et du même coup culpabilise tous les faibles et Quand tout est calculé cyniquement fragiles. Quand on peut encore pour fragiliser, sinon, saper cette étrangler le bébé au 6ème mois, famille qui continue d’être le rêve fou parce qu’il n’est pas copie conforme de chaque jeune, simplement parce aux normes… Quand le premier qu’un enfant ne peut être heureux, ne berceau devient tombeau, et le lieu peut devenir lui-même en dehors du le plus menacé du monde… Comment berceau d’un amour fidèle… comment parer au vertige ? dormir tranquille ? Quand la vie elle-même devient un Quand dans une classe, je tremble de préjudice, l’existence une tare, la parler amour et famille, car alors les naissance un mal, quand sont rejetés larmes se mettent à perler, puisqu’un hors société ceux qui portent un élève sur deux souffre d’une famille handicap – pire que les lépreux du disloquée, recomposée, comment Moyen Age ! – et que sont ispso facto dormir tranquille ? considérés comme des idiots ceux qui osent les accueillir, les soutenir, ou Devant ces jeunes par millions, à qui simplement les aimer…. Comment on n’offre que fric et sexe (comme les parer au vertige ? romains du pain et des jeux), et qui par désespoir, se défoncent, s’éclatent, puis se décervellent, comment dormir tranquille ?


Quand un enfant à qui Dieu a donné la vie est réduit à n’être qu’un kyste à éliminer, du même coup chaque jeune se pose la question : pourquoi moi, suis-je survivant de cette guerre des puissants contre les faibles ? Pourquoi en ai-je réchappé ? Où sont passés tant d’amis devenus virtuels ? Comment parer au vertige ? Quand les infirmières donnant leur vie pour sauver la vie sont obligées de faire une piqûre létale pour assassiner une bouche inutile, économiquement non rentable, simplement parce que des lâches politiciens permettent aux médecins de signer son arrêt de mort… Comment parer au vertige ?

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Quand on ose dire que la maternité est une aliénation de la femme, que les différences homme-femme sont purement culturelles et que la famille, est un vieux résidu d’une culture périmée… Quand on peut te fabriquer un clone sans cervelle pour te donner des pièces de rechange dans une clinique garage… Comment parer au vertige ?

de faim, et qu’ils en contractent le sida… Quand les trois quarts de la planète ne mange pas à sa faim, pendant que l’autre quart est en crise de boulimie…. Comment parer au vertige ?

Comment bailler devant la télé ?

Quand je vois des enfants qui grandissent sans avoir jamais, pas une seule fois mis les pieds dans une église, s’être agenouillés devant une crèche, ouvert un Evangile en images, sans avoir jamais prononcé ces noms – doux entre tous – de Marie, de Jésus. Comment bailler devant la télé ? Quand je rencontre tous ces jeunes se défonçant dans la drogue sans avoir jamais pu dire une seule fois : « Papa ! » à Dieu, tant il est vrai qu’ils n’ont pas connu de père sur la terre… Comment bailler devant la télé ? Quand je vois ces personnes âgées à qui l’on peut parler de tout – sauf de Dieu– et qui risquent de crever comme des bêtes, oui, comme ça, bêtement, sans même s’être préparées, sans même avoir pu se réjouir de ce qui les attend…. Comment bailler devant la télé ?

Quand on stérilise sans leur consentement des jeunes femmes par millions, condition d’une aide économique, quand les enfants sont obligés de se prostituer aux touristes Quand je croise dans la rue toutes ces pour que la famille ne meure pas personnes au visage tendu, au cœur


Comment ne pas céder à la colère ?

Mais lorsque par ailleurs, je vois nos églises vides de jeunes, quand seulement un sur 300 000 reçoit son Dieu chaque dimanche, quand je sais que même dans nos écoles catholiques seulement 2% vivent avec Jésus en ses sacrements. Quand j’entends dans des lycées : « C’est qui ce bonhomme sur un bout de bois ? » Quand à la Toussaint il est interdit de parler des saints, de la vie après la mort, mais que sévit tous azimuts Halloween, avec ses connexions occultes, avec la sorcellerie… Quand, à Noël, il devient humainement incorrect d’évoquer l’Enfant Jésus, mais qu’on se précipite en foule sur Harry Potter, avec son mythe de toute puissance magique…. Quand on met le black-out sur Jésus, et qu’on propose Hare Krishna ou tel film où Jésus est présenté comme homosexuel. Quand on ne peut avouer qu’on aime le Pape et qu’on prend comme parole d’évangile les bobards de Da Vinci Code !…alors, comment ne pas céder à la colère ?

Quand il n’est pas de bon ton de dire la réalité sur le mystère de la mort, mais qu’on vous en met plein les yeux de meurtres, de crânes sanguinolents, de tombeaux profanés, de cadavres exhibés !… alors, comment ne pas céder à la colère ? Quand il est tabou de parler de la splendeur de l’amour, mais qu’on vous crache des scènes de viol, de sodomie, de fellation, de cunnilingus, de partouzes, de copulations homosexuelles, si ce n’est zoophiles – car évidemment c’est ça l’amour, et rien d’autre !…. alors, comment ne pas céder à la colère ? Quand il est désuet de parler d’un Créateur qui a pris ma mort pour me donner son immortalité mais qu’on vous fait ingurgiter des vipères : des histoires de corps astral, de réincarnation, d’énergies cosmologiques, de Grand Tout cosmique où l’on se dissout, car c’est évidemment ça la religion la plus adaptée à notre culture !…. alors, comment ne pas céder à la colère ? Quand partager sa foi c’est : racolage ! prosélytisme ! Mais distribuer préservatifs et pilules du lendemain : prévention ! précaution ! Quand, parler de son week-end de retraite, c’est déplacé, mais retracer par le menu ses dernières orgies sexuelles : branché !... alors, comment ne pas céder à la colère ?

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inquiet, qui ne savent rien de ce qui les attend, de Qui les attend … Et qu’ils vont peut-être rencontrer ce soir même ou demain – et comme demain arrive vite ! - Comment bailler devant la télé ?


Quand des jeunes qui témoignent de leur joie de vivre est perçu comme un attentat à la sacro-sainte laïcité ! Mais faire intervenir Act’up, promouvoir Halloween, la Gay Pride, c’est être « in », alors, comment ne pas céder à la colère ?

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Quand je sais qu’un certain Enfant est venu rendre un cœur d’enfant à ceux à qui on a arraché l’enfance, qu’un certain Médecin est venu offrir le sérum de l’éternelle jeunesse de Dieu, qu’un certain Agonisant est là qui éclaire du dedans toute détresse, et qu’enfin un certain Pèlerin du soir est Quand je vois tout cela sous mes sur ma route, m’ouvrant tout grand propres yeux, alors une tristesse me les portes de ma maison du ciel, alors, saisit qui frise la colère… Est-ce comment garder le silence ? la colère de l’Amour en personne devant ses enfants razziés, prostitués Quand je sais d’expérience qu’Il est matraqués, assassinés ? le Seul à ne jamais laisser seul, qu’Il peut combler le cœur du plus paumé, illuminer la vie du plus éprouvé, Comment garder le silence ? Tout cela, c’est l’envers de la médaille. sécher les larmes du plus meurtri, Mais quand de l’autre je sais que apaiser les pleurs du plus angoissé, seul Dieu peut résoudre tous les ouvrir le ciel au plus désespéré, alors, problèmes d’humanité, que 80% de comment garder le silence ? nos souffrances sont dues au péché, et que Dieu s’est précisément intégré Il leur dit : « Est-il permis de sauver une à notre humanité infectée par ce virus vie ou de la tuer ? Eux de se taire…. pour nous en guérir, pour infuser les Alors il promène sur eux un regard de anticorps à tout microbe de péché, colère, navré de l’endurcissement de leur cœur. Ils tiennent alors conseil : alors, comment garder le silence ? comment le tuer ? » (Mc 3,4) Quand je sais que si tous vivaient de Daniel-Ange l’Evangile en recevant cet Esprit qui donne de le vivre, il n’y aurait plus *Extrait du livre ni guerre, ni Sida, ni divorces, ni La mission, faire aimer l’amour, vengeance, ni haine, ni jalousie, mais Editions des Béatitudes que l’on vivrait tous dans l’amour et le (publié avec l’aimable autorisation de l’auteur) respect mutuels, alors, comment garder le silence ?


Spiritualité

Chercheurs de Paix... En la nuit de Noël, la liturgie nous fait entendre un extrait de l’évangile de Luc relatant la naissance du Seigneur à Bethléem et aussi l’annonce qui en est faite aux bergers. Cette annonce se clôt par un chant d’une troupe céleste : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes qu’il aime ».

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Les exégètes ne sont pas unanimes quant à la traduction de la dernière partie de cette louange. Le texte grec étant ambigu, deux traductions sont possibles ; d’une part « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » et d’autre part, « Paix sur la terre aux hommes sur qui repose la bienveillance de Dieu ». Cette différence de traduction change évidemment la portée du message. Ou bien la paix est promise à tous les hommes car ils sont l’objet de la bienveillance et de l’amour de Dieu, ou bien cette paix est réservée seulement aux hommes « de bonne volonté ».


Nous savons que la paix était annoncée et promise par les prophètes. L’avènement des temps messianiques serait la venue de la paix. Le Messie devait porter selon Isaïe, le nom de « Prince-de-la-Paix ».

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Cette paix foncière et radicale du cœur, cette paix intérieure, où la trouver ? C’est bien la quête de tant et tant de chercheurs de tous les temps ! Un saint Augustin s’écriait après sa longue recherche : « Mon cœur était inquiet aussi longtemps qu’il ne reposât Cette paix promise et offerte, ne doit- en toi, Seigneur ! » elle cependant pas être « construite » Un Claudel, dans la Cathédrale de Paris, le jour de Noël, brusquement par ces hommes de bonne volonté ? Dans l’évangile, le Seigneur réserve crût… et reçut la révélation de une béatitude aux « artisans de paix » l’éternelle enfance de Dieu. c’est-à-dire ceux qui effectivement s’engagent pour établir la paix quand Oui, Jésus vient pour nous donner celle-ci a été brisée pour favoriser la sa paix. Celle que le monde ne peut réconciliation, l’entente et l’unité. pas nous donner, même avec l’aide d’ « hommes de bonne volonté ». Le Concile Vatican II renchérit : « Tous Notre paix, c’est Jésus. Car c’est Lui, les chrétiens sont appelés à vivre dans qui nous remet au plus profond de la vérité de l’amour pour s’unir aux notre être dans l’harmonie avec Celui hommes vraiment pacifiques afin qui est notre Créateur. Elle est le fruit d’implorer et de construire la paix » de l’Esprit, dit saint Paul, et dépasse et « La paix n’est jamais acquise une toute imagination. fois pour toute : elle est sans cesse à construire ». Il n’y a donc pas de Approchons-nous donc de Celui doute à avoir, tout chercheur et tout qui a osé venir à nous sous les traits homme de bonne volonté est appelé à pacifiques d’un enfant nouveau-né, le œuvrer pour la paix dans le monde. Et Prince-de-la-Paix. le Concile précise les tâches à réaliser En nous prosternant devant Lui, dans cette optique. accueillons le don venu du ciel afin Mais, l’on peut se poser la question… qu’avec l’engagement de tous les quant aux racines profondes de hommes de bonne volonté, la paix l’absence de paix entre les hommes. des cœurs devienne aussi paix pour le N’est-ce pas dans le cœur de l’homme monde. que s’en trouvent les causes ? Jean Simonart N’est-ce pas dans l’absence de la paix du cœur, dans les désirs immodérés, les peurs, etc. qui l’habitent ?


Affamés d’un même pain

C’est un très grand bonheur de se retrouver durant cet après-midi de ‘Tous-saints’ pour un temps d’adoration eucharistique. Chaque fois que nous vivons l’adoration, nous vivons le chapitre 5 de l’Apocalypse dans lequel un voyant a vu auprès du trône de Dieu un Agneau immolé et cependant debout, que Dieu a ressuscité. Il possède la clé de l’histoire du monde. Il est le seul capable de recevoir le livre scellé de 7 sceaux, écrit au recto et au verso, rempli de l’histoire et Lui seul est capable d’en avoir la clé car Il est, Lui, l’Agneau immolé et vainqueur. L’Apocalypse nous présente autour de l’Agneau, toute une multitude, une foule de personnages : 24 anciens qui se prosternent devant Lui -12 qui évoquent l’Ancienne Alliance

Mouvement Pro Sanctitate 19

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Nous vous livrons le texte de la méditation que Mgr Léonard a donnée durant l’adoration eucharistique de la Journée de la Sanctification Universelle, le 1er novembre, en la Cathédrale saints Michel et Gudule. Nous avons gardé le style oral qui donne encore plus de fraîcheur à ce texte dense et joyeux.


et 12, la Nouvelle. Il y a aussi 4 Vivants qui sont autour du trône et qui représentent ce qu’il y a de plus remarquable dans le cosmos. Il y a aussi des myriades d’anges, de saints que nous fêtons ici. Quand nous adorons le Saint Sacrement, il y a beaucoup de monde présent ! Bien sûr, il y a nous mais plus encore, tout le cosmos est présent, la nature physique. Ça fait beaucoup de monde, même quand on est tout seul pour adorer ! Nous sommes heureux que tous les saints du ciel soient avec nous aujourd’hui ! Un pain surabondant qui rassasie toute faim

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Je désire partager avec vous quelques réflexions à partir des textes bibliques priés durant l’adoration. Et comme « en toute chose, il faut considérer la fin », commençons par le dernier texte biblique qui nous est proposé. Dans l’Evangile de saint Matthieu nous lisons : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. » (Mt 14,19). Ceci a été écrit dans sa version dernière, quelques dizaines d’années après la mort et la résurrection de Jésus. C’est à peu de détails près, la façon dont nous célébrons aujourd’hui. Et n’importe

quel lecteur averti comprend ce qu’il y a dans ce texte ; l’évangile décrit le miracle dans un langage eucharistique : Jésus prit le pain, le bénit, le rompit et le donna. Ce sont les 4 verbes qu’on entend à la Messe, au moment de la consécration. Ce que Jésus a accompli à ce momentlà, c’est ce qu’Il continue de faire dans l’Eucharistie. Il y a aussi une petite allusion au ministère des apôtres –évêques, prêtres et diacres. Le ministère de l’Eucharistie fait partie de la mission des apôtres. « Tous mangèrent à leur faim et, des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants. » (Mt 14,20-21). Tous mangèrent à leur faim et ils étaient cinq mille personnes sans compter les femmes et les enfants, qui ont aussi bon appétit ! Le pain que Jésus donne est surabondant ; il n’y a pas de danger qu’il vienne à manquer. Comme le souligne le thème de cet après-midi -Affamés d’un même painla foule, affamée, a été rassasiée. Jésus est capable de rassasier toute faim. Avec les mies, on remplit 12 paniers -symbole des 12 tribus- et ce, malgré un très grand nombre de personnes. Premier message que nous pouvons retenir : le Pain que Jésus nous donne est surabondant et capable de rassasier toute faim.


Prenons maintenant le texte suivant : « Les disciples dirent à Jésus : « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. (…) Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6, 28-29; 33-34; 54; 56). C’est un extrait de l’évangile de saint Jean ; tous les versets ne se suivent pas mais ce texte nous parle du pain. Les foules ont été rassasiées mais Jésus est déçu car les foules Le cherchent car elles n’ont pas vu un ‘signe’ -qui renvoie à quelque chose d’autre- mais elles suivent Jésus car elles veulent encore manger le même pain.

La question que posent les disciples « que faut-il faire ? » est très conforme à nos mentalités : que nous fautil faire pour travailler aux œuvres divines ? Pour avoir du pain, ils sont prêts à travailler ! Jésus donne une admirable réponse ! « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez ». Dans la suite de ce discours, Jésus continue à parler du pain donné à ceux qui viennent à Lui par la foi. Jésus, pain de vie, qui a revêtu une humanité semblable à la nôtre et qui se fait nourriture. « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim » : Jésus est Pain pour celui qui croit en sa Parole et c’est un Pain qui rassasie. Le pain matériel, on en mange et après trois heures, on a de nouveau faim ; c’est une nourriture passagère par nature. Mais quand on mange le Pain de Vie, on a encore faim, mais c’est de demeurer en Lui. Ce Pain, pour celui qui croit et qui mange la Chair du Fils de l’homme, c’est-à-dire qui se nourrit de Jésus procure la vie éternelle. Recevoir gratuitement

Jésus explique aux apôtres que « travailler aux œuvres de Dieu » signifie croire en Celui que le Père a envoyé, en Celui qui est le Pain qui donne la vie, à savoir Jésus Lui-même.

Je voudrais conclure en faisant écho au texte du Livre d’Isaïe : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et

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Un Pain pour la vie éternelle


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du lait sans argent et sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. » (55, 1-3). Nous sommes invités à nous fatiguer, à faire des efforts spirituels et parfois aussi physiques, pour que ça nous mène à l’essentiel. C’est la même gratuité que nous retrouvons dans la rencontre entre Jésus et la samaritaine ; épisode qui sert de fil conducteur au message final du Synode des Evêques qui vient de s’achever à Rome. Jésus dit à la samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu » (Jn 4, 10). La femme comprend que l’eau dont Jésus lui parle est l’eau courante et elle serait très contente de disposer de cette eau. Mais Jésus essaye de la conduire à un niveau supérieur : « l’eau dont tu parles, on a encore soif après qu’on l’ait bue. Mais celle que Je donne désaltère vraiment ».

qu’on la trouve, on a un apaisement mais on est aussi toujours relancé dans sa recherche. -La soif de la Sagesse incarnée : on en a toujours faim, soif, mais on est par elle toujours rassasié d’une « insatiable satiété », comme le dira si justement saint Augustin. Le Seigneur seul comble le cœur humain au plus profond. C’est une sagesse telle qu’Elle nous rassasie, mais aussi nous maintient dans un appétit qui sera toujours rassasié. Nous l’aurons toujours ici-bas. Les grands moments de bonheur que nous vivons dans l’adoration, et cet après-midi également, nous préparent à ce que nous vivrons dans l’éternité, rassasiés d’une « insatiable satiété ».

Il restera toujours un mystère insondable, on le savourera perpétuellement mais il ne sera jamais tari. Et cependant, nous en serons toujours rassasiés. C’est pourquoi, il n’y a aucun risque de s’ennuyer pendant l’éternité ! Nous avons la joie Nous percevons donc qu’il y a trois d’en avoir un avant-goût en vivant types de soif. ce moment d’adoration ensemble, - La soif de nourriture, de loisirs, en vivant la grâce d’avoir parmi nous de plaisir, de confort. Dès qu’on Celui qui est le Pain de la Vie. l’a étanchée, elle revient. Elle est Mgr André-Joseph Léonard satisfaite pour un temps puis renaît. Archevêque de Malines-Bruxelles

- La soif de la sagesse humaine. Quand on cherche la sagesse à travers les grandes religions, les philosophies et


Témoignage

Le désir de parler avec Dieu Depuis que je participe à la Journée de la Sanctification Universelle, j’ai entendu de très beaux témoignages et aujourd’hui, c’est moi qui suis appelé à partager les merveilles que le Seigneur a accomplies dans ma vie.

Durant mon enfance, quand nous rendions régulièrement visite à mes grands-parents, nous étions ponctuellement accueillis dès l’entrée de la maison par notre papy. C’était toujours lui qui nous attendait, nous accueillait sur le pas de la porte et nous

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Je vous parlerai de l’origine de ma vocation sacerdotale, don de Dieu, mais un don de Dieu qui passe aussi par le témoignage de nos ainés. Dès mon plus jeune âge, j’avais reçu de mes parents ce désir de chercher Dieu, un désir qui me donna faim de recevoir le Pain de vie.


accompagnait à l’intérieur, c’était la fête ! Un jour, Mamy est venue ouvrir la porte. J’ai été immédiatement frappé par le fait de l’absence de l’accueil tendre de Papy. J’ai alors demandé où il était et mamy m’a répondu : « Il va descendre ». En fait, il se trouvait à l’étage. Alors que les adultes commençaient à prendre le café, et qu’ils avaient l’attention détournée, je me suis échappé car je voulais voir à tout prix où était mon Papy !

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Et dans mon cœur est né ce désir de parler avec Dieu. Je voulais entendre Dieu me parler. Je participais à la messe avec mes grands-parents, à la procession, pour entendre Dieu me parler. Mais je n’entendais rien !

Je grandissais, et je continuais ma recherche de la voix de Dieu sans me fatiguer, et tout doucement - même s’Il avait toujours été là- sa présence et sa voix ont commencé à se révéler dans ma vie. Dans mon cheminement et au Quand je suis arrivé en haut des fur et à mesure du discernement, j’ai escaliers, j’ai vu Papy, debout devant compris que pour entendre plus fort une énorme Bible ouverte –posée sur encore la voix de Dieu il fallait que je un lutrin qu’il avait lui-même fabriqué- me donne à Lui complètement. les bras étendus et le regard plongé vers le ciel, comme dans un océan. Je ne suis pas déçu d’avoir cherché à J’ai seulement regardé, je n’ai rien dit. assouvir ma faim, ma soif de Dieu ! Cette image est restée gravée dans ma Je suis maintenant vers la fin de ma mémoire. Quand je suis redescendu formation comme futur prêtre, une silencieusement, maman m’attendait fin que ne sera que le commencement au pied des escaliers et me demanda d’une aventure, car quand je serai sévèrement : « Tu n’as pas dérangé ordonné, je désire aussi communiquer Papy au moins ! ». « Non, maman. » cette « faim de Dieu » et aussi donner Le pain de Dieu! J’avais plus ou moins 7-8 ans. De retour à la maison, j’ai interrogé mes Je suis tellement heureux d’avoir vu parents : « Que faisait Papy ? » et je mon Papy parler avec Dieu car c’est n’avais de cesse que je ne reçus une ainsi que le désir de parler avec Dieu réponse ! Maman m’a répondu : « Il est né en moi. Et je sais que l’Amour priait ». Elle avait dit tout… et rien ! qui est né de cette conversation ne me Comme j’insistais pour savoir de quoi quittera jamais. Jehison Herrera, il s’agissait on m’a dit qu’il « parlait Diacre en vue du sacerdoce avec Dieu ». J’étais tellement joyeux, heureux !!! Je me disais : J’ai un super Papy car il parle avec Dieu !


Spiritualité mariale

Le sens eucharistique du signe de Cana (Jn 2, 1-12) I. Introduction

Parmi les actions de Jésus, il en est cependant qui sont particulièrement significatives. Saint Jean les appelle précisément des « signes ». Dans l’évangile de Jean, il y a 7 grands signes (il s’agit en fait d’actions que les trois autres évangiles nomment des « miracles ») : Cana (2, 1-12), la résurrection du Temple (2, 13-22), la 1 Sauf indication contraire, toutes nos références sont à l’évangile de saint Jean.

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Dès les premiers mots de son évangile, saint Jean donne à Jésus son nom de « Verbe » (Jn 1, 1). Jésus est la Parole de Dieu, la Parole dite par Dieu et la Parole qui nous dit Dieu. Par toutes ses actions, par tous ses gestes, par toutes ses paroles, par tous ses silences, par tout son être, Jésus nous révèle le Père : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé » (1, 18)1.


guérison du fils d’un fonctionnaire royal (4, 43-54), la guérison d’un paralytique à Jérusalem (5, 1-18), la multiplication des pains (6, 1-15), la guérison de l’aveugle de naissance (9, 1-41), la résurrection de Lazare (11, 1-44). Tout signe renvoie à autre chose que lui-même : le signifié. Les 7 grands signes johanniques renvoient à leur signification définitive, à leur accomplissement, c’est-à-dire au mystère de la Passion-Résurrection de Jésus, qu’ils annoncent en prophétie. Le moment de cet accomplissement, saint Jean l’appelle l’« Heure ».

II. Le signe de Cana2

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mon heure sera venue. » Deux versets plus loin, Jean fait voir des « jarres de pierre destinées aux purifications des juifs » (2, 6). Il s’agit évidemment d’évoquer les « purifications par l’eau » pratiquées par les juifs. Purifications efficaces (puisque voulues par Dieu), mais encore provisoires et qui annoncent la purification définitive de l’humanité opérée par Jésus sur la croix, au moment de l’Heure, quand il verse son sang (voir 19, 34). Purification donc par le sang cette fois. Or, les lecteurs de saint Jean savent que le sang du Christ est présent, les atteint et les purifient dans le vin eucharistique. Ils ont lu au chapitre 6 de l’évangile : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour » (6, 53-54). Ils comprennent donc que le vin de Cana est une annonce du vin eucharistique. Nous avons là une des clés du récit.

A sa mère qui lui signale, aux noces de Cana, un manque de vin, Jésus répond : « mon heure n’est pas encore venue » (2, 4). C’est comme s’il lui disait : « ce que je vais faire (transsubstancier l’eau en vin) n’est encore qu’un signe. Le signe est l’annonce d’une autre transsubstantiation. Le vin que je vais donner (un vin matériel et ordinaire, même s’il est meilleur que tous ceux qu’on a servi jusqu’à présent ; voir 2, 10), n’est encore que le signe, l’annonce, d’un autre vin, que je donnerai quand A Cana, « l’eau devient vin » (2, 9) : L’alliance (nuptiale depuis toujours : 2 Notre intention, dans ce bref article, n’est Dieu est l’Époux et Israël, l’Épouse) pas de donner un commentaire complet du récit de Cana. Nous désirons simplement ici devient alliance de sang : « Celui qui mettre en évidence le sens eucharistique de mange ma chair et boit mon sang ce « commencement des signes » (2, 11). demeure en moi et moi en lui » (Jn 6,


III. La mère de Jésus, Ève-collaboratrice de Jésus et mère des disciples 1. Les disciples Aux noces de Cana, les bénéficiaires du don du vin (un don surabondant ; près de 700 litres, disent les exégètes ; signe de la plénitude du salut qui nous vient par Jésus) sont évidemment les époux et tous leurs invités, mais les premiers destinataires du signe comme signe, ce sont les disciples. Cela nous est clairement indiqué par la conclusion du récit : « Il (Jésus) manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (2, 11). Le but principal du geste de Jésus est de manifester sa gloire aux disciples qui, dans les jours précédents (1, 3551), ont commencé à croire en lui, et de mener cette foi à un premier accomplissement. Il semble même que la foule des participants au repas, à part les servants et les disciples, n’ait pu constater d’où provenait le vin. Le maître du repas lui-même « ne savait pas d’où il venait » (2, 9) ! Que les destinataires directs du signe soient les disciples, cela nous est indiqué

d’ailleurs dès le début du texte. La mère de Jésus lui dit : « ils n’ont pas de vin » (2, 3 ; la traduction « ils n’ont plus de vin », qui identifie implicitement le « ils » aux époux, alors qu’il n’est jamais question d’eux dans le récit et que le « marié » n’apparait que vers la fin, au verset 9 – cette traduction est fautive). Grammaticalement, en effet, lorsqu’on trouve un « ils » indéterminé dans une phrase, ce « ils » renvoie au dernier substantif pluriel qui précède. Or, dans notre texte, celui-ci est : « les disciples » : « Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples » (2, 2). On ne s’attendait peut-être pas à ce que Jésus ne vienne pas seul, mais accompagné de disciples. Dans sa prière implicite à Jésus, Marie intercède pour les disciples. Elle dit que ce sont eux les premiers concernés par le manque de vin. 2. La Femme Jésus appelle sa mère « Femme » (2, 4). Il reconnait en elle l’Ève de la Genèse, dont Dieu avait dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide (une collaboratrice) qui lui soit assortie » (Gen 2, 18). Quand il fut devant Ève, l’homme s’écria : « Elle sera appelée «femme», celle-ci » (Gen 2, 23). Marie collabore avec Jésus qui, fidèle à la loi posée par Dieu dès la création, ne veut rien faire sans la collaboration de la femme, par son intercession et

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56 : formule d’intériorité réciproque, formule nuptiale donc). Il nous reste à voir qui sont les premiers bénéficiaires de Cana et le rôle de la mère de Jésus dans ce qui est en train de s’accomplir.


par sa foi. Une foi inconditionnelle : aux paroles de Jésus, elle répond, s’adressant aux servants : « Quoi qu’il vous dise, faites-le » (2, 5).

Pour ceux-ci, elle prie que leur soit donnée la joie, la douleur de compassion et l’ivresse sainte (c’est le symbolisme biblique du vin) du vin eucharistique et peut-être même le C’est ainsi que la mère de Jésus obtint pouvoir de le consacrer. aux noces de Cana le premier des L’évangile de saint Jean nous révèle signes grâce auquel la foi des disciples donc Marie comme la médiatrice de attint une première plénitude : « Il toutes grâces, y compris les sacrements manifesta sa gloire et ses disciples de l’Eucharistie et de l’Ordre3. crurent en lui » (2, 11). Marie apparaît Jean-Marie HENNAUX, s.j. dès le début de l’évangile du disciple que Jésus aimait (21, 24) comme mère de la foi des disciples, comme mère des 3 Les lecteurs désireux d’un commentaire disciples. Dans sa prière à Cana (« ils n’ont pas de vin » : 2, 3) Marie ne pouvait penser qu’à un don de vin matériel, mais par sa réponse énigmatique (2, 4), Jésus lui faisait comprendre qu’en lui demandant de se manifester, elle demandait plus qu’elle ne pensait : Jésus envisageait de faire don d’un « signe » annonciateur du vin eucharistique.

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Aux yeux de Jésus et de l’auteur du quatrième évangile, c’est donc le don du vin eucharistique que Marie demande en dernière analyse. Et elle le demande avant tout pour les destinataires prioritaires du signe : les disciples.

plus complet du récit de Cana pourront se référer à notre article. Le rapport intrinsèque du sacerdoce ministériel et du sacerdoce commun des fidèles. Pour une symbolique du sacerdoce, publié dans la Nouvelle Revue Théologique d’avril-juin 2009, pp. 211-224.


« Marie était très réservée ; nous en trouvons la preuve dans l’Evangile. Quand voyez-vous qu’elle ait été loquace ou pleine de présomption ? Un jour, elle se tenait à la porte, désirant parler à son fils, mais elle n’a pas usé de son autorité maternelle ni pour interrompre sa prédication, ni pour entrer dans la maison où il prêchait. (Mc 3,31)

Prière

Dans toutes les autres circonstances, Marie se montre lente à parler, prompte à écouter, car « elle conservait toutes ces paroles, les méditant dans son coeur » (Lc 2,19.51). Non, vous ne trouverez nulle part qu’elle ait parlé, même du mystère de l’Incarnation. Malheur à nous qui avons le souffle aux narines ! Malheur à nous qui répandons toute notre âme, comme un récipient qui serait percé !

Que de fois Marie a entendu son fils, non seulement parler en paraboles à la foule, mais dans l’intimité, révéler aux disciples les secrets du Royaume des cieux. Elle l’a vu faire des miracles, puis suspendu à la croix, expirant, ressuscité, et montant au ciel. Combien de fois nous dit-on qu’en toutes ces circonstances la voix de la Si j’ai bonne mémoire, les évangélistes Vierge se soit faite entendre ?… Plus ne font entendre que quatre fois les Marie est grande, plus elle s’humilie paroles de Marie. La première, quand non seulement en tout, mais plus que elle s’adresse à l’ange ; encore n’est-ce tous. » Saint Bernard

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Le silence de Celle qui aime

qu’une réponse. La seconde, dans sa visite à Elisabeth, lorsque, magnifiée par sa cousine, Marie voulut plus encore magnifier le Seigneur. La troisième, quand elle se plaignit à son fils, alors âgé de douze ans, que son père et elle-même l’avaient cherché dans l’inquiétude. La quatrième, aux noces de Cana, quand elle interpella son fils et les serviteurs.


Re-naître : les sacrements

Au cœur des sept sacrements quelle présence pour Marie ?*

Mariage Pour l’Église le sacrement de mariage exprime la participation à l’unité de Dieu et à l’amour fécond entre le Christ et l’Église.

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Même si Marie a vécu le mariage autrement, il n’en demeure pas moins qu’elle a été mariée. Il est bon de rappeler comme le fondateur des Équipes Notre Dame, le P. Caffarel a su le faire qu’il s’est agi d’un vrai mariage. Georgette Blaquière nous dit pourquoi : Dans le mariage de Marie et de Joseph, nous avons tout l’essentiel du mariage, célébré lors du sacrement de mariage et appelé à se déployer tout au long de la vie commune.


Ce récit de Cana est chargé de multiples significations mais on ne peut oublier que dans ce mariage réel, d’une manière discrète et efficace, la Vierge Marie est là.

Dès qu’une place lui est laissée, Elle intercède pour implorer le Christ afin qu’Il vienne changer constamment l’eau sans saveur d’une vie routinière en vin délicieux d’une vie emplie Ensuite, il y a la reconnaissance d’un amour qui fera de la famille une de Marie et de Joseph chacun véritable église domestique dont le dans sa vocation, l’alliance entre rayonnement pourra se montrer plus eux d’assistance mutuelle dans la fort que la souffrance et que la mort. tendresse et l’amour. « Et ce mariage porte fruit, le fruit béni qu’est Jésus Cette souffrance que le Christ nous qui vient directement de Dieu, sans appelle également à assumer dans la foi. leur relation charnelle, c’est vrai, mais Noël M. Rath, OSM qui ne saurait mûrir sans le support de leur amour. » Alors conclutelle : « Que les couples chrétiens se remettent devant Marie et Joseph, tout simplement, en toute clarté, en * Suite de l’exposé Marie dans la vie toute paix, et regardent leur mariage sacramentelle à cette lumière. » C’est en ce sens que la Sainte Famille est exemplaire. Ainsi donc même si le rituel est très sobre, il faut voir que le sens du sacrement déborde considérablement la célébration proprement dite. Comme à Cana, Marie, figure de l’Église, peut dire aux servants et à tous à travers eux : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. ».

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D’abord, le don de Dieu. En effet, à l’origine, ce n’est pas Adam qui s’est donné à Ève ni Ève qui s’est donnée à Adam. C’est Dieu qui a donné Ève à Adam et Adam à Ève (cf. Gn 2, 22 et sv). Ainsi donc dans le mariage chrétien, on reçoit l’autre, on l’accueille comme le don de Dieu. Joseph reçoit ainsi Marie : « Prends chez toi Marie, ton épouse. ».


Sainteté interreligieuse Sanctifier

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La voie mystique, un chemin privilégié vers Dieu ? Le soufisme dans l’Islam. Nous publions ci-dessous un article qui nous est parvenu d’un connaisseur de la mystique musulmane (le soufisme). Il nous révèle à quelle élévation spirituelle et religieuse sont parvenusdes hommes et des femmes chercheurs de Dieu malgré leur ignorance de la pleine révélation en Jésus-Christ. L’évocation de leur témoignage ne peut être pour nous qu’un stimulant sur notre chemin vers la sainteté chrétienne.


Mais ce culte va s’intérioriser et devenir une adoration qui est une offrande du cœur à Dieu, puis une dévotion (‘ubûda) qui est une consécration totale de soi, analogue à ce qu’on a dans le christianisme : le service exclusif à Dieu et un complet détachement du monde. Le soufisme relève de ce phénomène d’intériorisation. Ainsi la « sharia » devient la guerre que le disciple doit mener contre soi-même, contre son ego, en vue d’atteindre au détachement de soi. L’histoire de la spiritualité en terre d’islam recouvre un grand nombre de personnalités qui ont trouvé leur aliment dans le Coran, continuellement médité et devenu le centre de leur vie spirituelle.

On discerne trois directions : la crainte révérencielle (al makhâfa), l’amour ( al mahabba) et la connaissance ( al ma’rifa) dans le sens de la gnose salvatrice. Les mystiques proprement dits feront de l’Amour non seulement le but de leur vie, mais surtout la plus haute réalité ontologique.

Le soufisme Le soufisme n’est nullement une réalité homogène dont on pourrait donner une définition précise générale, vu la variété infinie de ses représentants dans des aires géographiques diverses. Le soufisme commence très tôt (dès le huitième siècle avec Rabi’a, morte en 801) et connaît son apogée vers le treizième siècle, ce qui ne signifie nullement qu’il ne s’est pas perpétué jusqu’à aujourd’hui. Par contre dès le douzième siècle le soufisme s’organise en « confréries ». Dans mon bref aperçu je me limiterai à deux figures, l’une contemporaine, le Cheikh Hâjj Adda Ben Tunis décédé en 1952, l’autre Rabi’a . Adda Ben Tunis fut un disciple de Al Alawî (voir M. Lings, Un saint musulman du vingtième siècle, 1967) et il devint à son tour un maître rayonnant à Mostaganem ; l’humilité,

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Le croyant musulman doit attester qu’il n’existe de divinité que Dieu et que Mohamed est son prophète ; il doit observer comme il faut la prière, s’acquitter de l’aumône légale, jeûner le mois du Ramadân, faire le pèlerinage à la Mecque, s’il dispose des moyens pour le faire. Ces obligations constituent ce qu’on appelle les cinq piliers de l’islam. Ce sont des actes cultuels extérieurs. Ce culte est un « service » que l’homme, le serviteur doit à Dieu en témoignage de son obéissance aux commandements.


la patience, la bonté et l’oubli de soi. Il était proche du christianisme lui qui, peu avant de mourir, exprima le secret qui mène à Dieu : « C’est la générosité de donner sans cesse, non pas faire l’aumône, mais donner, donner toujours aux créatures de Dieu, pour Dieu. Veiller sur ses frères afin qu’il ne leur manque jamais rien. Même seulement sauver un oiseau. » On est proche ici de l’attitude de saint François d’Assise.

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Dans sa confrérie Adda Ben Tunis avait un aveugle qu’il conduisait luimême par la main, qu’il installait à la meilleure place au lieu de prières, ce qui suscitait la réaction des disciples : « Mais voyons, Cheikh, il exige de vous plus que vous-même n’exigez de nous !... »A quoi Adda Ben Tunis répliquait « Laissez-moi lui donner la main pour l’amour de Dieu. Ne sommes-nous pas tous des aveugles ? » Le maître avait l’humilité profonde et le dévouement envers les siens qui le rapproche de Jésus lavant les pieds de ses disciples.

Et il ajoutait : «C’est dans l’abandon, le sacrifice, la soumission que se tient le soufisme. » Le soufisme implique un effort de désappropriation de soi impliquant la pauvreté matérielle, mais surtout la pauvreté spirituelle, le refus de se croire savant, de l’autosatisfaction intellectuelle de posséder une science spirituelle. Un jour Cheikh Al-Alawî entendit un disciple qui disait à Dieu : « Sur Toi, la louange, car Tu ne m’as pas fait riche ; sur Toi la louange, car Tu ne m’as pas fait ni noble, ni instruit ! » Pourquoi pries-tu ainsi demanda Al Alawî : « Je remercie Dieu du fond de mon cœur. S’ Il m’avait donné la richesse, je ne L’aurais pas connu. S’Il m’avait donné la noblesse, je n’aurais pas pu me soumettre à Lui. S’Il m’avait donné le savoir, je n’aurais jamais connu la science du cœur. »

L’humilité est une caractéristique de la démarche du soufi. Un soufi racontait non sans humour : « J’ai cherché Dieu par toutes les portes, mais j’ai trouvé à chacune d’elles une Quand on demandait au Cheikh foule indescriptible. A voir la porte de quelle était la plus grande grâce que la prière, je n’aurais jamais cru qu’il y Dieu lui avait faite, il répondait : eût autant de gens qui prient. A la « Celle de l’avoir connu. » Lorsqu’on porte de l’aumône, que d’hommes lui demandait ce qu’était le soufisme, il charitables ! J’ai pensé que jamais je répondait citant Abû Saïd ibn Khaïr : n’entrerais chez Dieu. Lorsque mon « Ce que tu as en tête, abandonne- cœur me dit : « Va donc voir à la porte le ; ce que tu tiens, donne-le ; ce qui de l’humilité ! » Je suis entré tout de t’advient, ne l’esquive pas. » suite !... » Adda Ben Tunis ajouta le


commentaire suivant : « Si vous êtes humble, Dieu le sera plus que vous, et l’on peut parler à plus humble que soi » Lorsqu’on posait à Adda Ben Tunis la question : « Verrons-nous Dieu dans l’autre monde ? Il répondait avec malice et un vrai sens des réalités : « Comment veux-tu voir Dieu dans l’autre monde, si tu ne le vois pas d’abord en celui-ci ? Tu risques seulement de ne pas le reconnaître… » A la question capitale : « Parlez-nous de la Mahabbah, la voie de l’amour mystique, le cheikh répondit :

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« C’est ne plus manger et ne plus dormir. C’est comprendre et ne plus comprendre. C’est se faire de continuels reproches et c’est obéir. C’est chercher le seul contentement de l’Aimé. C’est bouillonner de ferveur pour Lui. C’est ne plus pouvoir rester sans Lui. C’est disparaître en Lui. C’est compter pour peu tout ce qui est de soi et pour tout, tout ce qui est en Dieu. C’est remplacer les attributs de l’amant par les attributs de l’Aimé. C’est ce qui efface nos traces. C’est l’angoisse qui consume et l’affliction qui ne veut pas d’allègement. C’est l’adhésion du cœur à toutes les volontés de Dieu. C’est la crainte d’abandonner la vénération de Dieu. C’est l’effluve de la brise de Dieu et le parfum de son


approche. C’est une saveur très douce et une stupéfaction terrible. C’est le brasier de la conscience qui brûle tout ce qui n’est pas le désir de l’Aimé. C’est une folie quand il commence. C’est une mort quand il finit. C’est le déchirement des voiles et le dévoilement des secrets… »

La pratique du Dhikr

poèmes appellent la connaissance de tout un contexte mystique dont j’ai fourni les grandes lignes. O mon Dieu, tout ce que Tu m’as réservé en fait de choses terrestres, donne-les à Tes ennemis ; et tout ce que Tu m’as réservé dans le monde à venir, donne-le à tes amis ; car Tu me suffis.

Un autre aspect important du soufisme c’est la pratique du Dhikr, O mon Dieu, si je T’adore par crainte la répétition du Nom divin. Cheikh Alawî affirmait que la répétition du Nom permet à l’adorant de « saturer tous ses instants de la conscience de la grandeur de Dieu. » Nous touchons ici à une pratique apparentée à la « prière du cœur » des hésychastes du christianisme orthodoxe.

Rabi’a

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Ces citations et considérations permettent de passer à Rabi’a et à ses poèmes. Cette ancienne joueuse de flûte, esclave, (prostituée ?) se fixa, une fois affranchie, à Basra où elle mena jusqu’à sa mort une vie de recluse (voir Rabi’a Les chants de la recluse, Edit Arfuyen, 2010). Elle est restée célèbre et pour sa sainteté et pour ses poèmes. Elle appartient à la couche la plus ancienne de la mystique en Islam, près d’un siècle et demi avant El Hallaj. Pour être compris, ses


O mon Dieu, ma seule occupation et tout mon désir en ce monde, de toutes les choses créées, c’est de me souvenir de Toi, et dans le monde à venir, de toutes les choses du monde à venir, c’est de Te rencontrer. Il en est pour moi ainsi que le l’ai dit ; mais Toi, fais tout ce que Tu veux. Le poème se divise en trois strophes ou

étapes commençant chacune par une apostrophe exclamative au Bien Aimé. La première exprime l’exclusion de tous les biens terrestres et spirituels au seul profit de Dieu : « Tu me suffis ». Dieu, l’Unique, est forcément le seul que Rabi’a aime, excluant tout le reste, tenu pour accessoire. La seconde strophe concerne deux types de motivations considérées comme foncièrement impures, inappropriées : la crainte de l’enfer et l’attente de récompenses paradisiaques. Seul compte l’amour exclusif envers la personne de Dieu. Mais Rabi’a associe à cette adoration de Dieu pour Luimême une ultime requête de sa part : «Si je T’adore uniquement pour Toimême, ne me prive pas de Ta beauté éternelle. » Requête qui implique la présence en elle d’un intérêt personnel indu : la peur secrète de ne pas voir son désir opiniâtre exaucé. La troisième strophe concerne les deux mondes que Rabi’a a expérimentés et dont elle s’est détachée. Le monde terrestre, en se fixant sur le seul souvenir de Dieu (Le Dhikr) ; le monde paradisiaque, en étant uniquement centrée sur la rencontre avec le Bien-aimé sans se soucier de ce que le paradis pourrait lui apporter comme avantages. Mais arrivé à ce point de fixation exclusive sur le Bien-

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de l’enfer, brûle-moi en enfer, et si je T’adore par espoir du paradis, exclus-moi du paradis ; mais je T’adore uniquement pour Toi-même, ne me prive pas de Ta beauté éternelle.


aimé, l’attend un ultime sacrifice : la soumission inconditionnelle à la décision du Bien-aimé : « mais Toi, fais tout ce que tu veux.» Le Bienaimé seul décide s’il accepte de rencontrer l’amante folle d’amour et ainsi la combler. La démarche de ce poème assez obscur se retrouve dans le texte suivant : Quelqu’un rencontra Râbi’a dans les rues de Bassorah, une torche et un seau d’eau à la main. On lui demanda ce qu’elle voulait faire avec cela, et elle répondit : « Le seau d’eau, c’est pour éteindre l’enfer, la torche, c’est pour enflammer le paradis, afin qu’on aime Dieu, non par crainte de son châtiment, ni par espoir de sa récompense, mais pour Lui-même. »

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Il y a là symboliquement une volonté d’anéantir les fausses justifications : éteindre par l’eau le feu de l’enfer, incendier le paradis en y mettant le feu par la torche. La finalité est claire : l’amour de Dieu n’a rien à voir ni avec la peur ni avec l’espoir de gratification qui supposent chacun un secret attachement à soi-même. Seul importe l’amour absolu désintéressé :


aimer Dieu pour Lui-même pour ce qu’Il est, quelles qu’en soient les conséquences. On songe en lisant les deux textes à saint Jean de la Croix (Second Cantique spirituel) « Me hize perdidiza y fué ganada » ce qui signifie je me suis fait objet perdu et je fus gagnée. Toutefois cette certitude est nettement moins forte chez Rabi’a. Ibn Ala Allah (13 siècle) distingue trois phases dans la désappropriation totale de soi : la soumission, l’adhésion, et l’identification à la volonté divine. La personne humaine renonce radicalement à tout désir personnel et laisse Dieu agir à sa place. C’est le fameux : « Je ne veux plus rien, c’est Dieu qui veut en moi.» Cette substitution de Dieu au moi personnel se retrouve dans une certaine mystique d’enfouissement de l’école française du 17e siècle chez le capucin anglais Benoît de Canfield dans la Règle de perfection et chez le père jésuite de Caussade dans son traité L’Abandon à la Providence divine.

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P.S. Je signale que dans le rapport annuel concernant la liberté religieuse en 2011, le Ministère américain des Affaires étrangères relève les limitations des libertés religieuses des Soufis en Iran.

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Camille Jordens


Hagiographie

Edith Stein, philosophe et mystique Edith Stein (1891-1942), philosophe, carmélite sous le nom de Theresa Benedicta a Cruce, victime des persécutions nazies, canonisée en 1998 par Jean-Paul II.

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Sous cette brève mention se cache un destin exceptionnel. Née dans une famille juive de Breslau, Edith Stein fit de solides études dans sa ville natale et s’orienta vers les sciences humaines, littérature, histoire et psychologie ; puis, sur le conseil de l’un de ses professeurs elle rejoignit l’école de phénoménologie, groupée à Göttingen autour d’Edmund Husserl. La phénoménologie était un courant philosophique issu de Descartes et de Kant, qui cherchait à retrouver les fondements d’une philosophie comme science rigoureuse en étudiant la manière de laquelle les choses, réduites à leurs caractères


Le grand tournant de la vie d’Edith Stein fut en 1921, après une période dépressive, la lecture, chez son amie Hedwig Conrad-Martius, de la Vie de sainte Thérèse d’Avila. Selon une biographe, elle aurait déclaré après cette lecture : Voila la vérité ! Quelle vérité ? Certes pas la vérité du christianisme, à laquelle l’avaient sensibilisée Max Scheler (catholique) et les couples amis Reinach et Conrad-Martius (protestants) ; mais la vérité de la vie mystique comme accomplissement de ce que la phénoménologie avait amorcé en elle. Cette « illumination » fut rapidement suivie de son entrée dans l’Eglise, puis d’une activité pédagogique à Speyer, dans une Ecole normale pour Jeunes filles dirigée par des Dominicaines. Ce premier pas dans la vie « monastique » la conduisit, – après deux essais d’habilitation dans l’université allemande et deux ans d’enseignement à l’Institut supérieur de pédagogie de Münster, puis à la suite de l’interdiction que lui signifia le régime nazi d’enseigner en tant que juive, – à enfin réaliser le vœu ardent, retardé depuis dix ans, de rejoindre le Carmel. Edith Stein entra au Carmel de Cologne en 1933.

Edith vit dans la phénoménologie une méthode rigoureuse qui permettait d’apporter de nouveaux fondements à la psychologie en tant que « science de l’esprit », et elle développa une théorie de l’ « intuition » des valeurs comme prolongement de l’intuition des « choses ». Ainsi prenait forme une anthropologie conçue comme une analyse de la « personne », de son autonomie, de sa responsabilité à l’égard d’elle-même. Une théorie des valeurs morales (notamment inspirée par Max Scheler) impliquait une attention aux valeurs religieuses, ce qui ne resta pas une affaire intellectuelle, mais qui devint une préoccupation personnelle. Ayant soutenu en 1917 sa thèse sur l’Einfühlung ou « intuition empathique », elle fut l’assistante de Husserl et le suivit à Freiburg-imBreisgau. Elle y fit la connaissance de Heidegger, qui allait à la fois parachever l’édition, commencée par d’Edith Stein, du traité de Husserl sur la « Conscience du temps » et orienter sa réflexion sur l’Etre. La grande œuvre de Stein, de 1935, s’appellera Etre fini et Etre éternel. Une montée vers Ses années d’enseignement furent le sens de l’Etre. autant des années de réflexion sur la femme que des années d’initiation à

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constitutifs permanents, apparaissent à une conscience purifiée de tout « idée » préalable. C’est ce que signifie le terme « phénoménologie ».


la philosophie « chrétienne », c’està-dire à la lecture de saint Thomas. Deux ouvrages (outre une traduction, jugée étrange, des « Questions disputées sur la Vérité ») témoignent d’une traversée du thomisme – sous la conduite du P. Erich Przywara, génial jésuite qui lui fit également connaître Newman. Ce sont Akt und Potenz et Endliches und Ewiges Sein.

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Le Sacrifice de la Croix, sœur Bénédicte l’a vécu, avec son peuple et pour son peuple, dans un four crématoire en août 1942. Elle avait passé neuf ans au Carmel – d’abord de Cologne, puis d’Echt en Hollande où elle avait fui l’Allemagne, – dans l’achèvement de son œuvre philosophique lestée de théologie, dans l’étude des femmes qui ont illustré le Carmel, dans la plus stricte On peut dire d’Edith Stein qu’elle est obéissance aux règles de son Ordre et fidèle à saint Augustin en ce que deux dans l’humble mais fière et confiante choses lui importent : l’âme et Dieu. soumission aux volontés de son Dieu. La phénoménologie avait été une école d’analyse pénétrante de l’âme ; « C’est notre devoir de respecter aussi et le Dieu de Thérèse Bénédicte est à scrupuleusement que possible les la fois le Dieu d’Abraham et le Dieu prescriptions de la clôture, pour vivre de Jésus-Christ. Le Dieu d’Israël librement avec le Christ, cachées en qu’elle redécouvre à l’occasion de son Dieu. Si nous étions jetées à la rue, mais ascension vers le Dieu qui « Est Qui que nous demeurions fidèles, le Seigneur Il est ». Or, l’homme aussi est « qui posterait ses anges autour de nous, et ils il est », et l’analogie de la Personne feraient de leurs ailes une enceinte de divine et de la personne humaine est paix autour de nos âmes, plus sûre que l’une des clefs de voûte de l’édifice les murailles les plus hautes et les plus steinien. solides. » (14 septembre 1941) Mais il faut aussi parler de son attachement à la famille bénédictine. L’abbaye de Beuron fut l’une de ses stations spirituelles et un des lieux où elle cherchait l’inspiration des nombreuses conférences qu’elle prononça dans les milieux universitaires catholiques d’Allemagne.

Philibert Secretan


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