Sanctifier - Novembre 2011

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http://www.prosanctitate.be Octobre-Novembre-DĂŠcembre 2011


Tables des matières Editorial 03 La Journée de la Sanctification Universelle : un temps pour prier, un temps pour aimer

Rendez-vous

Rédaction et abonnements:

Ouvertes à tous: Adultes , jeunes et couples et leur enfants

Institut des Oblates Apostoliques Centre Horeb « Hautclair » Avenue Hamoir 14a 1180 Bruxelles Tél.: 0032 (0)2 3740016 Fax: 0032 (0)2 3745684 GSM: 0486641104 E-mail: sanctifier@prosanctitate.be

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Teresa Carboni et Mirella Scalia

Audience Générale 07 Benoit XVI

La prière de Jésus… 11 Guglielmo Giaquinta

La prière de la famille chrétienne

Informations et contact

Abonnement annuel: Belgique : 15 euros Etranger : 18 euros Soutien: 25 euros

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Jean Simonart

Le temps de l’Avent 17 Dieudonné Dufrasne

Les femmes au berceau 21 Marguerite Léna

Au coeur des sept sacrements Quelle présence pour Marie?

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Noël M. Rath

Seigneur, donne-nous des saints Guglielmo Giaquinta

Recension 27

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Tout don supplémentaire nous permet d'envoyer gratuitement la revue en Afrique et dans les pays de l'Est. Merci en leur nom. C.C.P. IBAN BE 34 000 - 1485936 - 90 BIC BPOTBEB 1 Banque BNP PARIBAS FORTIS BIC GEBABEBB IBAN BE 14 2100 5669 9683 de l'ASBL Institut des Oblates Apostoliques Bruxelles EDITEUR RESPONSABLE: L. Piccioli avenue Hamoir 14a - 1180 Bruxelles IMPRIMATUR Malines, 25 Novembre 2011 E. VAN BILLOEN, Vic. Gen.

Rencontres pour les familles

15h30 Enseignement 16h30 Partage en groupes ( adultes, jeunes, couples, enfants )

17h30 Célébration Eucharistique 18h30 Agape fraternelle Dimanche de 15h30 à 20h • • •

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18 Décembre 2011 8 Janvier 2012 19 Février 2012 ( Fête du Coeur immaculée de Marie Vierge de la Confiance ) 11 mars 2012 15 Avril 2012 Jeudi de l'Ascension 17 Mai 2012 ( Fête de l'Alliance ) 17 juin 2011 Fête de la Lumière et de la famille

A la fin de la réunion, nous partagerons une agape fraternelle avec ce que chacun apportera

1-3 Juin 2012 Journée Mondiale des Familles à Milan MOUVEMENT PRO SANCTITATE Avenue Hamoir 14a - 1180 Bruxelles Tél. 02 374 00 16 - GSM 0486 641104 secretariat@prosanctitate.be www.prosanctitate.be


Chers lecteurs, chers amis, Octobre, novembre, décembre : voici comme un itinéraire en trois étapes qui nous est donné pour aller avec Marie d’abord, avec tous les saints ensuite, nous recueillir enfin devant l’Enfant à la crèche… Marguerite Léna nous apprend que devant cette crèche, on peut rêver : Au berceau de Jésus, il n’y aurait pas eu que Marie comme femme… Octobre donc, le mois de Marie, du Rosaire, de la Mission. Nous verrons que la Mère de l’Eglise, Reine des Apôtres, est présente dans le sacrement de l’Ordre. Noël Rath nous en parle. Novembre commence par la Toussaint qui nous rappelle la vocation universelle à la sainteté ! Quelles que soient nos origines, notre parcours, notre âge, nous sommes appelés de par notre baptême à être des saints, des saintes : un exemple lumineux en est la bienheureuse Chiara Luce Badano.

Le thème de la prière est tout particulièrement retenu pour la Journée de la Sanctification Universelle et pour cette année 2011-2012 au sein du Mouvement Pro Sanctitate. Teresa Carboni et Mirella Scalia nous en parlent. Un extrait d’une catéchèse de Benoît XVI nous montre en quoi la prière s’inscrit dans la vie de l’homme, cet homo religiosus que nous sommes. Décembre, avec l’Avent, nous cheminons vers Bethléem. Le Père Dieudonné Dufrasne nous parle de cette belle période de la nouvelle année liturgique qui commence. En venant voir Jésus-Emmanuel, nous l’adorons et prions. Un passage des écrits de Monseigneur Guglielmo Giaquinta nous fait entrer dans la prière de Jésus.

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Et l’Abbé Simonart nous fait nous arrêter quelque peu sur la profondeur du « Notre » du Notre Père… Bonne lecture ! La Réédactiion

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La Journée de la Sanctification Universelle : un temps pour prier, un temps pour aimer 4

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Une heureuse initiative a fleuri au cœur même de la ville éternelle en 1956 ! Après avoir proposé et vécu pour la première fois la Journée de la Sanctification Sacerdotale au niveau local, les Groupes Pro Sanctitate sont restés en contact avec les paroisses, les Instituts religieux et les autorités diocésaines. Pourquoi ? Le Serviteur de Dieu, Guglielmo Giaquinta, fondateur du Mouvement Pro Sanctitate portait de longue date en son cœur et sa prière, le désir de concrétiser un de ses rêves : la Journée de la Sanctification Universelle (J.S.U.). Les paroisses et de nombreuses communautés religieuses ont immédiatement adhéré à ce projet et le 30 juin 1957, la Journée fut célébrée pour la première fois dans l’église saint Ignace (Rome). Le cardinal Luigi Traglia anima l’ « Heure Sainte » à laquelle participa également le Cardinal Vicaire, Clemente Micara.

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Au fil des ans, la Journée de la Sanctification s’est développée au niveau national pour prendre ensuite une ampleur universelle. Le but de cette Journée est de mettre en évidence le caractère universel de la vocation à la sainteté. Tous les hommes sont appelés à répondre de façon maximale à l’Amour infini de Dieu. Tous les hommes, mais aussi ‘tout’ l’homme, dans son humanité toute entière ; d’où l’accent mis sur la dimension ascétique - la conversion personnelle permanente-, la dimension culturelle - contenu et conséquences concrètes de la vocation universelle - l’aspect missionnaire - dans tous les lieux et à l’aide de tous les moyens de communication. Dès les débuts de la célébration de la J.S.U., l’aspect orant et particulièrement la prière « eucharistique » a eu une place de choix. Le thème de cette année - Prier ? - nous rappelle explicitement cette dimension essentielle : prier pour la sanctification universelle, demander à Dieu le don de nouveaux saints pour le monde d’aujourd’hui, solliciter la redécouverte de la grâce baptismale comme source d’un cheminement de sainteté personnelle, familiale, ecclésiale et sociale.

Prier ? La question du pourquoi et de la nécessité de la prière monte du plus profond du cœur humain, des viscères de l’humanité. Souvent notre vie est assoupie dans la somnolence de l’Esprit, perdue dans la monotonie quotidienne, prise dans un engrenage effréné et tiraillée entre différents devoirs quotidiens qui nous usent et nous consument. La prière est de ce point de vue une plage de liberté qui nous unifie, crée l’harmo-

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nie en nous et nous projette vers le Ciel, qui mystérieusement habite l’homme et le transcende. La prière est un chemin vers la Lumière, tout le contraire d’une aliénation ; c’est un profond retour à la vérité de nous-mêmes, dans une relation pacifiée avec les autres. Le Christ est le chemin, le centre et la source de notre prière. C’est ainsi qu’ensemble nous marchons formant le Corps du Christ, fortifiés dans l’Esprit, vers la sainteté du Père. Durant cette année, nous aurons ainsi l’occasion de découvrir la prière, comme désir du cœur humain, mais aussi cheminement vers la vérité de soi-même, lumière qui donne sens au quotidien et espérance qui allège et féconde chaque peine. La prière a donc une valeur personnelle forte qui a aussi des conséquences au niveau interpersonnel. Seul celui qui prie sait écouter, accueillir l’autre, penser et faire le bien, chercher sereinement le meilleur, construire la paix. Saint Maximilien Kolbe disait : « Il faut se tenir longtemps à genoux devant Dieu pour tenir debout devant les hommes. » Dans la confusion ambiante qui entoure jusqu’à la recherche des choses spirituelles, Jésus se propose à nous comme Maître divin ; Il nous prend par la main, prêt à nous révéler le secret de l’intimité avec le Père, nous donne la force de l’Esprit, et se pose en compagnon de voyage à chaque moment de notre vie.

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C’est principalement dans la célébration et l’adoration eucharistique que nous trouvons la source de la prière et son sommet. Dans l’Eucharistie, la prière est Vie pascale, Présence fidèle, Amour offert et donné.

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« Il n’y a pas de sainteté sans la prière » Cette affirmation de Jean-Paul II (LETTRE AUTOGRAPHE, 28.04.2001) suffit à elle seule pour donner le sens profond du thème de la Journée de la Sanctification Universelle. Les saints, chefs-d’œuvre d’humanité, sont la preuve vivante qu’il est possible de vivre ici-bas de façon surnaturelle, que l’être humain a la capacité de se plonger dans les profondeurs de l’Amour divin à travers l’expérience transformante de la prière. Les saints nous disent pourquoi et comment prier, ils sont nos maîtres et plus encore les témoins des choses d’en-haut, contemplées et vécues dans l’existence de chaque jour. Les pasteurs de l’Eglise nous invitent continuellement à mettre la prière au centre de nos intérêts, à éduquer sans cesse notre cœur au contact vital avec Dieu. Les catéchèses du mercredi de notre Pape Benoît XVI en sont un exemple précieux.

La prière, quand elle est vécue comme expérience vivante de recherche de la présence divine, attente, désir intense, dialogue vrai, nous rend plus humains, nous aide à vivre en plénitude notre « être » créatures follement aimées de Dieu et appelées à une vie chrétienne authentique. Marie, Vierge orante et femme eucharistique, guidera chacun de nous, ceux qui connaissent déjà la prière et la pratiquent, et ceux qui ne la connaissent pas encore afin qu’en leur cœur aussi se réveille le désir profond d’aller au-delà d’eux-mêmes pour rencontrer un Autre, revêtu du visage de la miséricorde, de découvrir la fraîcheur de l’Evangile et la joie des Béatitudes. Que cette année, la Journée de la Sanctification Universelle soit « célébrée » de façon particulière dans la prière au rythme de la célébration et de l’adoration eucharistique ; qu’elle soit un rendez-vous d’Amour entre Dieu qui nous aime, qui désire faire de nous des saints et chacun(e) de nous mu(e) par le désir de mener une vie bonne, sainte. Teeressa Ca arboonii ett Mireellaa Sca alia

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La paarole du Paape

Bennoît XVI AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercrredii 111 mai 2011

Chers frères et sœurs, Je voudrais réfléchir sur la façon dont la prière et le sentiment religieux font partie de l’homme tout au long de son histoire. Nous vivons à une époque où les signes du sécularisme sont évidents. Dieu semble être disparu de l’horizon de diverses personnes ou devenu une réalité envers laquelle on demeure indifférent. Nous

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voyons toutefois, dans le même temps, de nombreux signes qui nous indiquent un réveil du sentiment religieux, une redécouverte de l’importance de Dieu pour la vie de l’homme, une exigence de spiritualité, de dépasser une vision purement horizontale, matérielle de la vie humaine.

7 En regardant l’histoire récente, on constate l’échec de ceux qui, à l’époque des Lumières, prévoyaient la disparition des religions et exaltaient une raison absolue, détachée de la foi, une raison qui devait écraser les ténèbres des dogmatismes religieux et dissoudre le «monde du sacré», en restituant à l’homme sa liberté, sa dignité et son autonomie de Dieu. L’expérience du siècle dernier, avec les deux tragiques guerres mondiales, a remis en question ce progrès que la raison autonome, l’homme sans Dieu, semblait pouvoir garantir.

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Le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme: «Par la création, Dieu appelle tout être du néant à l’existence... Même après avoir perdu la ressemblance avec Dieu par son péché, l’homme reste à l’image de son Créateur. Il garde le désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent de cette quête essentielle des hommes» (n. 2566).

Nous pourrions dire — comme je l’ai montré dans la dernière catéchèse — qu’il n’y a eu aucune grande civilisation, des temps les plus reculés jusqu’à nos jours, qui n’ait été religieuse. L’homme est par nature religieux, il est homo religiosus comme il est homo sapiens et homo faber: «Le désir de Dieu — affirme encore le Catéchisme — est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu» (n. 27). L’image du Créateur est imprimée dans son être et il ressent le besoin de trouver une lumière pour donner une réponse aux questions qui concernent le sens profond de la réalité; réponse qu’il ne peut trouver en luimême, dans le progrès, dans la science empirique. L’homo religiosus ne ressort pas seulement des mondes antiques, il traverse toute l’histoire de l’humanité.

8 A ce propos, le riche terrain de l’expérience humaine a vu naître diverses formes de religiosité, dans la tentative de répondre au désir de plénitude et de bonheur, au besoin de salut, à la recherche de sens. L’homme «numérique», tout comme celui des cavernes, cherche dans l’expérience religieuse le moyen de dépasser sa finitude et d’assurer son aventure terrestre précaire. D’ailleurs, sans un horizon transcendant, la vie perdrait son sens plénier et le bonheur, auquel nous tendons tous, est projeté spontanément vers l’avenir, dans un lendemain qui reste encore à réaliser.

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Le Concile Vatican II, dans la déclaration Nostra aetate, l’a souligné de façon synthétique: «Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui, agitent profondément le cœur humain: Qu’est-ce que l’homme? Quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort? Qu’est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons?» (n. 1). L’homme sait qu’il ne peut répondre seul à son besoin fondamental de comprendre. Même s’il a nourri et nourrit encore l’illusion de se suffire à lui-même, il fait l’expérience de ne pas se suffire à lui-même. Il a besoin de s’ouvrir à autre chose, à quelque chose ou à quelqu’un qui puisse lui donner ce qui lui manque, il doit sortir de lui-même pour aller vers Celui qui est en mesure de remplir l’ampleur et la profondeur de son désir. L’homme porte en lui une soif d’infini, une nostalgie d’éternité, une recherche de beauté, un désir d’amour, un besoin de lumière et de vérité, qui le poussent vers l’Absolu; l’homme porte en lui le désir de Dieu. Et l’homme sait, d’une certaine façon, qu’il peut s’adresser à Dieu, il sait qu’il peut le prier. Saint Thomas d’Aquin, l’un des plus grands théologiens de l’histoire, définit la prière comme l’«expression du désir que l’homme a de Dieu». Cette attraction vers Dieu, que Dieu lui-même a placée dans l’homme, est l’âme de la prière, qui revêt ensuite tant de formes et de modalités selon l’histoire, le temps, le

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moment, la grâce et même le péché de chaque orant. L’histoire de l’homme a, en effet, connu diverses formes de prière, car il a développé différentes modalités d’ouverture vers l’Autre et vers l’Au-delà, si bien que nous pouvons reconnaître la prière comme une expérience présente dans chaque religion et culture. En effet la prière n’est pas liée à un contexte particulier, mais elle se trouve inscrite dans le cœur de chaque personne et de chaque civilisation. Naturellement, lorsque nous parlons de prière comme expérience de l’homme en tant que tel, de l’homo orans, il est nécessaire d’avoir à l’esprit que celle-ci est une attitude intérieure, avant d’être une série de pratiques et de formules, une manière d’être devant Dieu avant d’être l’accomplissement d’actes de culte ou la prononciation de paroles. La prière a son centre et plonge ses racines au plus profond de la personne; c’est pourquoi elle n’est pas

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facilement déchiffrable et, pour le même motif, elle peut être sujette à des malentendus et à des mystifications. C’est dans ce sens également que nous pouvons comprendre l’expression: prier est difficile. En effet, la prière est le lieu par excellence de la gratuité, de la tension vers l’Invisible, l’Inattendu, l’Ineffable. C’est pourquoi l’expérience de la prière est un défi pour tous, une «grâce» à invoquer, un don de Celui à qui nous nous adressons.

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Dans la prière, à chaque époque de l’histoire, l’homme se considère lui-même, ainsi que sa situation face à Dieu, à partir de Dieu et par rapport à Dieu, et il fait l’expérience d’être une créature qui a besoin d’aide, incapable de se procurer toute seule l’accomplissement de sa propre existence et de sa propre espérance. Le philosophe Ludwig Wittgenstein rappelait que «prier signifie sentir que le sens du monde est en dehors du monde». Dans la dynamique de cette relation avec

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celui qui donne un sens à l’existence, avec Dieu, la prière trouve l’une de ses expressions typiques dans le geste de se mettre à genoux. C’est un geste qui contient en lui-même une ambivalence radicale: en effet, je peux être contraint de me mettre à genoux — condition d’indigence et d’esclavage —, mais je peux également m’agenouiller spontanément, en déclarant ma limite et, donc, mon besoin d’un Autre. C’est à lui que je déclare être faible, nécessiteux, «pécheur». Dans l’expérience de la prière, la créature humaine exprime toute la conscience de soi, tout ce qu’elle réussit à saisir de sa propre existence et, dans le même temps, elle se tourne entièrement vers l’Etre face auquel elle se trouve, elle oriente son âme vers ce Mystère dont elle attend l’accomplissement des désirs les plus profonds et l’aide pour surmonter l’indigence de sa propre vie. Dans le fait de regarder un Autre, de se diriger «au-delà» se trouve l’essence de la prière, comme expérience d’une réalité qui dépasse ce qui est sensible et contingent.

Toutefois, c'est uniquement en Dieu qui se révèle que la recherche de l'homme s’accomplit pleinement. La prière qui est ouverture et élévation du cœur à Dieu, devient ainsi un rapport personnel avec Lui. Et même si l'homme oublie son Créateur, le Dieu vivant et vrai ne cesse d'appeler le premier l'homme à la rencontre mystérieuse de la prière. Comme l'affirme le Catéchisme: «Cette démarche d’amour du Dieu fidèle est toujours première dans la prière, la démarche de l’homme est toujours une réponse. Au fur et à mesure que Dieu se révèle et révèle l’homme à lui-même, la prière apparaît comme un appel réciproque, un drame d’Alliance. A travers des paroles et des actes, ce drame engage le cœur. Il se dévoile à travers toute l’histoire du salut» (n. 2567). Benooît XV XVI

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Les écrritts duu Fonndaateuur - Prrier ?

Nous voulons maintenant nous arrêter pour méditer sur la manière dont Jésus vivait sa relation au Père dans la prière.

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Que Jésus ait prié le Père ne fait aucune doute ; les Evangiles l’attestent à plusieurs reprises. Combien de temps Jésus accordait-il à cette prière ? Nous l’ignorons, mais il y a une annotation dans l’Evangile de Luc qui peut donner quelque indication : « Il passait toute la nuit à prier Dieu », « Erat pernoctans », donc pas une seule fois ! Il passait plusieurs nuits en prière avec son Père.

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En fait, on peut le comprendre qu’Il ait passé la nuit en prière avant de choisir ses apôtres, avant d’appeler les Douze un par un, bien qu’Il les connaissait, malgré qu’Il savait qu’un des leurs allait le trahir. Songez à sa lutte intérieure de devoir appeler parmi ses apôtres celui qui, humainement parlant, aurait été le motif de sa débâcle, de sa tragédie. Mais il ne s’agit pas d’une seule nuit : « Erat pernoctans » se réfère à quelque chose d’habituel, qui devait se produire souvent.

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Que disait Jésus à son Père ? Nous l’ignorons. Nous n’en avons que quelques exemples dans les Evangiles. Au jardin de Gethsémani : « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse » (Lc 22,41-42). Et après l’interruption, il recommence à prier « eundem sermonem dicens – en répétant les mêmes paroles- : Père, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse » (Lc 22,41-42). Voici le fond de l’attitude de Jésus dans la prière à son Père : « Non pas ma volonté, mais la tienne ! ». N’oublions pas que Jésus, comme tout bon juif, commençait sa journée par la récitation du Shema.

Mais il y a une prière qu’Il a récitée à titre personnel et au nom de ceux qui allaient devenir son Corps mystique qui incarne toute la réalité humaine. Je pense que Jésus, tout en l’adaptant, a récité le Notre Père. Il n’aura pas dit « Notre Père », mais ; « Mon Père, qui es aux cieux, que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel… ». Ou il aura dit peut-être en incluant toute l’humanité, Notre Père, qui es aux cieux… » ; dans l’intimité de la relation avec le Père, Il aura utilisé à l’occasion ce pluriel mystique. Seervviteeurr dee Dieeu Gugglieelm mo Giaaqu uin nta

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Prieer? Aussi, tout naturellement, Dieu sera désigné comme le Père d’Israël. Or, ce qui reste particulier dans tout l’Ancien Testament, c’est que Dieu est reconnu comme le père du peuple dans son ensemble. Jamais quelqu’un ne s’adressera à lui en revendiquant cette paternité à titre individuel et en disant “mon Père” ; non, Dieu est le père de la nation tout entière. “Quand vous priez, dites Notre Père… “ Mt 6,9 Nous voulons commencer notre approche de la “prière dominicale” en nous arrêtant au premier mot: “Notre”. Dans certaines langues, le premier mot n’est pas “notre” mais bien “Père”. Par exemple en latin, en allemand ou aussi en espagnol. Dans ces langues, le sens que nous voulons développer ici, en quelques lignes, est sans doute mieux exprimé. Nous y reviendrons plus loin. Nous savons que déjà dans l’Ancien Testament Dieu est perçu comme Père. Cette perception s’est faite à partir de la façon dont Dieu “s’occupe” du peuple d’Israël.Dieu choisit ce peuple, comme son peuple particulier, il fait alliance avec lui.Il se manifeste comme le protecteur, le nourricier et le maître de ce peuple.

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Depuis la venue de Jésus, les choses changent. Jésus s’adressait à Dieu en employant le vocable araméen: “Abba” qui trahit une grande proximité et une profonde intimité. Cette expression est celle du petit enfant qui dans l’intimité de la famille s’adresse à son Père. Jésus s’adresse non seulement au Père du peuple, mais à “son” Père et vit une relation unique et personnelle de filiation envers lui. En nous livrant son Esprit, Jésus nous fait participer à cette relation toute personnelle. A tel point que chacun de nous, peut aussi s’adresser à Lui en disant mon Père, Abba.

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Même si depuis la venue de Jésus, le chrétien animé par son Esprit, peut dire comme Jésus et en Lui: “Abba”, “mon Père”, Jésus lorsqu’il apprend à ses disciples à prier leur dit cependant : dites “Notre” Père et non pas “mon Père” ou “Père”!

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Essayons de découvrir le sens de ce “notre”, de rejoindre au mieux ce que Jésus veut nous apprendre par là. Un coup d’œil sur l’histoire du “Notre Père” va nous y aider. Durant les premiers siècles, la communauté chrétienne transmet le Notre Père à ceux qui viennent d’être baptisés. Il n’est pas encore transmis aux catéchumènes. Ceux-ci le recevront dès qu’ils seront baptisés. Ce fait souligne combien cette prière du “Notre Père” était considérée comme réservée et propre à ceux qui par le bain de la régénération étaient agrégés au peuple nouveau de Dieu, l’Eglise, qui rassemble les “enfants de Dieu”; ceux qui, selon la parole de Jean “sont nés ni de la chair, ni du sang, ni d’une volonté d’homme, mais nés de Dieu”. (Jn 1, 13) Eux peuvent désormais s’adresser à Dieu en l’appelant Père. Ils le feront en disant ensemble “Notre Père qui es aux cieux…”.

“Ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu” 14

Le mot “Notre” exprime en première instance, non pas une possession, mais bien une relation nouvelle. En disant “notre”, l’on reconnait que les promesses de Dieu annoncées par les prophètes sont accomplies: “Ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu” avaient-ils annoncé. Ainsi ce “Notre” trahit une appartenance mutuelle, une relation particulière et privilégiée. Elle nous est donnée par Jésus, grâce à qui nous sommes devenus “enfants de Dieu” (1 Jn 3,1), fils du Père. En lui nous pouvons participer à sa relation unique et privilégiée avec le Père.

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Cette relation, faite d’intimité et de proximité… d’affection et de communion. Quand je dis “notre”, je sors de mon individualisme… Même dans la vie spirituelle percent nos “défauts”… comme l’individualisme, la gourmandise, l’orgueil… Par le “notre”, Jésus nous invite à ne pas rester “recroquevillés” dans la prière sur nousmêmes mais d’y vivre la communion avec tous ceux qui sont dans le Christ et donc sont enfants de Dieu. Les demandes de la seconde partie de la prière, elles aussi, expriment cela clairement. Nous n’y prions pas pour demander chacun son pain personnel et individuel… Non, nous prions pour que Dieu donne à tous ses enfants ce pain quotidien. Nous ne disons pas donne-moi aujourd’hui… ni pardonne-moi mes offenses, ni ne me laisse pas succomber ou délivremoi du Malin. Non, nous disons: donnenous, pardonne-nous, ne nous laisse pas tomber… délivre-nous. Quand je dis le “Notre” Père, je me situe d’emblée à l’intérieur de la grande communion chrétienne, reprenant conscience qu’ensemble nous constituons un seul corps, le Corps du Christ où se vit une solidarité fraternelle admirable. Je ne veux pas me soustraire de celle-ci, au contraire, je m’y plonge!

Ainsi, quand je prie le Notre Père, je vis la communion, et je prie pour tous les enfants de Dieu de par le monde. Je prie avec et pour la moniale retirée dans son monastère, je prie pour le père de famille au travail, la mère éreintée, le frère ou la sœur persécutés… Je prie pour le frère ou la sœur les plus isolés; je prie pour l’ermite au cœur du désert. Mais c’est en sachant que ce dernier et tous les autres frères et sœurs en Christ, chaque fois qu’ils disent la

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prière du Seigneur, disent eux aussi “nous” et prient aussi pour moi. Chaque fois que dans le monde s’élève vers Dieu la prière du “Notre Père”, chaque fois je suis impliqué, chaque fois un frère, une sœur, prient pour moi. Comme moi, je le fais pour eux…avec eux, chaque fois que je dis la même prière. Admirable soutien, admirable fraternité, admirable solidarité qui dépasse les frontières, les limites de l’espace et même du temps! Quand je dis “Notre Père”, j’exerce et approfondis ma relation filiale envers Dieu et en même temps j’exerce et approfondis la relation fraternelle qui me lie à tous mes frères en Christ… et aussi à tous les hommes. C’est en me remettant devant le Père dont la bienveillance va vers chaque homme, que je réapprends à être le frère universel et que grandit ainsi dans le monde l’unité et la fraternité mondiale. C’est parce que nous avons le même Père, le Dieu unique, que nous sommes tous frères. Cela s’exprime de manière toute particulière dans des situations de disputes ou de conflits. Car, lorsque je dis le “notre Père”, je prie aussi pour le frère avec qui l’unité a été brisée. Lui aussi est inclus dans le “nous” de ma prière. Je dépasse déjà la rupture… Celle-ci n’est déjà plus totale car je prie pour lui…

A tel point que je puis dire: pardonnenous nos offenses, comme je le fais en priant pour celui qui m’a fait mal. Et quelle réconciliation quand les deux qui se sont disputé peuvent dire ensemble, l’un avec l’autre… peut-être en se donnant la main en signe de fraternité: “Notre Père… donne-nous, pardonne-nous… ne nous soumets pas à la tentation”.

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Je me permets d’ajouter à ces réflexions encore une dernière. Peut-être semblera-t-elle à certains être un peu trop étonnante. Cependant, les quelques lignes de Monseigneur Giaquinta qui précèdent me mettent sur cette voie. Quand je dis “notre Père”, il me semble que je vis aussi une grande proximité avec Jésus. Je m’adresse à Celui qui est avant tout son Père. Et cependant, moi aussi, je puis, grâce à Lui, m’adresser à Son Père en disant Père. Et quand moi je dis à Dieu non seulement Père, mais encore “notre Père”, j’ai l’impression d’être particulièrement à l’unisson avec Jésus. Bien sûr que la relation de Jésus à son Père est unique… que la mienne, la nôtre… est une participation à la sienne et à notre mesure. Mais quand je dis “notre Père” je dis aussi quelque chose de cette union qui m’unit à Jésus… Au début de ces quelques lignes, je faisais remarquer que dans certaines langues l’on universalise l’adjectif et le substantif. En français l’adjectif précède toujours le nom; l’on dit “notre Père”. En espagnol, en allemand, il n’en est pas ainsi. La langue allemande est sur ce point plus expressive encore. Elle peut dire Unser Vater ou Vater unser. A été choisie l’expression Vater unser… Et ainsi, elle fait mieux ressortir le “notre” dont nous venons d’essayer d’expliciter quelque peu la richesse.

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Jeean n Siimoonaart

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(évangile du 1er dimanche)

Mais voilà: depuis 2000 ans, les disciples de Jésus reprennent avec un amour patient, la prière finale de l’Apocalypse de Jean: “L’Esprit et l’épouse disent: VIENS!” (22,17), encouragés par la promesse du Christ: “Voici, je viens BIENTÔT” (22,12). Ce désir ardent du retour de leur Seigneur est, chez les chrétiens, une véritable SOIF qui peut être en partie étanchée à une source qui jaillit dans la sécheresse de l’attente: “Que celui qui a soif vienne recevoir de l’eau vive, gratuitement”(22,17)

Le temps de l’Avent rend plus vif notre sentiment que le Christ est “absent”, qu’il aurait comme “quitté” notre terre, qu’il nous aurait “oubliés”, comme des “orphelins”. Pourtant, il avait promis: “Je m’en vais, mais je reviendrai, et votre cœur se réjouira. Que votre cœur cesse de se troubler”.

Et cette oasis d’espérance rafraîchissante n’est autre que l’Eucharistie, au cœur de laquelle “Nous proclamons le mystère de la foi: Gloire à toi, qui étais mort, gloire à toi, qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu: VIENS, SEIGNEUR JESUS!”

“Il en est comme d’un homme parti en voyage…”

(CHANT DE L’ANAMNÈSE).

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Durant le temps de Noël, la liturgie nous fait chanter une anamnèse audacieuse: “Christ est venu. Christ est né. Christ a souffert. Christ est mort. Christ est ressuscité. Christ est vivant. CHRIST REVIENDRA. CHRIST EST LA!”. Une audace? Oui. Car, ou bien le Christ est DEJA là, déjà venu dans la nuit de Noël; ou bien il doit ENCORE revenir plus tard. En fait, Christ est déjà là, à Noël et dans toutes nos eucharisties, sous les signes du pain partagé et de la coupe offerte, signes aussi humbles et fragiles que fut le corps du bébé-divin de Bethléem, PRESENCE REELLE du Sauveur parmi les hommes, les bergers sous la voûte étoilée des cieux, et nous sous les ogives illuminées de nos églises, en la “douce et sainte nuit”. Les crèches “en carton” et celles de “mises en scène folkloriques” ne sont nullement à dédaigner, mais elles sont de l’ordre du “souvenir lointain” et non de la “présence actuelle” du Christ dans le sacrement eucharistique. Il est bon qu’il y ait ces traces dans nos rues.

Mais que faire durant cette longue Attente? Si le Christ, cet “homme parti en voyage”, nous apparaissait dès lors comme quelqu’un qui nous aurait abandonnés et oubliés, il nous a, en fait, confié la gestion de son absence:

“En quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller… Vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis”.

Aveent

Viendra-t-il à Noël?

(EVANGILE DU 1ER DIMANCHE).

Il nous faut donc VEILLER, et nous recevons le nécessaire pour rester éveillés et actifs: “Dans le Christ, vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu. Aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui qui vous fera tenir solidement jusqu’au bout” (2ÈME LECTURE DU 1ER DIMANCHE. 1CO 1, 5-8).

Nous avons à “TRAVAILLER A NOTRE SAINTETE pour que, lors de sa venue, le Christ nous “trouve nets et irréprochables, dans la paix” (2ème lecture du 2ème dimanche. 2P 3,14). Nous qui attendons le Christ, DIEU, LUI AUSSI, ATTEND beaucoup de nous: “Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance: c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le; éloignezvous de tout ce qui porte trace du mal. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la Venue de notre Seigneur Jésus Christ”

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(2ÈME LECTURE DU 3ÈME DIMANCHE.1 TH 5, 16-24).

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Nous sommes responsables de la conversion du monde Ne soyons pas plus impatients que Dieu ne l’est. Si le Christ semble tarder, c’est parce qu’il patiente, afin que TOUS AIENT LE TEMPS DE SE CONVERTIR (2ème lecture du 2ème dimanche. 2 P 3, 9-10). C’est à nous qu’incombe la responsabilité de “préparer le chemin du Seigneur et d’aplanir la route” (Mc 1,3. Evangile du 2ème dimanche). Nous ne sommes bien sûr pas les sauveurs du monde! Mais notre manière de vivre, telle celle du prophète Jean le Précurseur, doit révéler à ceux qui nous entourent que “au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas” (Evangile du 3ème dimanche. Jn 1,26). Et comment ceux qui nous entourent connaîtrontils Celui qui, invisiblement, se tient au milieu d’eux sinon par nos gestes visibles et par nos paroles audibles, car…

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“Le Christ n’a plus de mains, il a seulement nos mains pour faire aujourd’hui ses œuvres. Le Christ n’a plus de pieds, il a seulement nos pieds pour aller aujourd’hui aux hommes. Le Christ n’a plus de voix, il a seulement notre voix pour parler aujourd’hui de lui. Le Christ n’a plus de forces, il a seulement nos forces pour guider les hommes à lui. Le Christ n’a plus d’évangiles que ceux qui se lisent encore. Et ce que nous faisons en paroles et en œuvresc’est l’Evangile qui est en train de s’écrire.” (M M. Pom millio,, Lee Cin nqu uièm me Evvan ngille)..

L’Avent, le temps de la transparence Mais, dès lors, à quelle transparence sommes-nous appelés, afin de laisser filtrer, à travers nos lourdeurs et nos obscurités, la douce lumière de la présence du Christ en nous! Nous avons d’abord à reconnaître notre INDIGENCE, c’est à dire notre incapacité humaine à témoigner du Divin, et, dès lors, à creuser notre DESIR de laisser le Christ combler notre pauvreté: “Voici le temps du long désir où l’homme apprend son indigence, Chemin creusé pour accueillir Celui qui vient combler les pauvres” (HYMNE D’AVENT). Nous avons aussi à NOUS DEPOUILLER de tous nos conforts matériels et spirituels qui sont autant de carapaces qui empêchent le Christ de “nous” rencontrer et d’être les serviteurs de sa venue chez les “autres”: “Et si nos mains, pour t’appeler, Sont trop fermées sur leurs richesses, Seigneur Jésus, dépouille-les, Pour les ouvrir à ta rencontre” (HYMNE DE L’AVENT).

Et, enfin, loin de nous considérer “au-dessus de la mêlée” de nos frères et soeurs en humanité, nous avons à EPOUSER LEURS CRIS, afin de leur proposer une Espérance qui les rejoigne dans leurs détresses: “Pourquoi l’absence dans la nuit, Le poids du doute et nos blessures, Sinon pour mieux crier vers Lui, Pour mieux tenir dans l’espérance?” (HYMNE DE L’AVENT).

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Notre-Dame d’Avent Notre dévotion à la Vierge Marie sera particulièrement intense durant le temps de l’Avent, elle qui a vécu le tout premier Avent, de manière unique, dans son corps et dans son âme. Elle a reçu ce privilège de “nourrir le Sauveur du monde”, comme nous le chantons à la fin des Complies d’Avent: Alma Redemptoris Mater. C’est grâce à l’accueil qu’elle réserva à la salutation de l’ange Gabriel qu’ “elle mit au monde le Saint qui fit le monde”: Tu genuisti tuum Sanctum genitorum. Et depuis lors et jusqu’à nos jours, “elle émerveille l’humanité”: natura mirante!

Par son Assomption, elle est parvenue la première au royaume de son Bien-Aimé, et est devenue pour nous la porte large ouverte des cieux: Porta coeli. “Alma Redemptoris mater, Mère qui as nourri ton Rédempteur, tu demeures des cieux la porte large ouverte, et comme une étoile tu guides les navigateurs: ton peuple en péril cherche à se sauver. Viens à son secours! Devant l’humanité émerveillée, tu mis au monde le Créateur en accueillant l’illustre “Ave” de Gabriel. Mère toujours Vierge, sois compatissante pour nous pécheurs”. Dieeud don nnéé Du ufrrassne

Elle est “notre étoile” pour nous, navigateurs toujours en péril sur une mer démontée: Stella maris.

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Avant que les bergers n’arrivent à la crèche, avant que les rois mages n’aient achevé leur route vers Bethléem, saviezvous que déjà des femmes étaient arrivées près de Marie, de Joseph et de l’Enfant?

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Quoi d’étonnant à cela? Près d’un nouveau-né il y a toujours des femmes, elles sont chez elles partout où la vie commence. Une femme sait deviner le sens de ce qui n’est pas encore parole mais déjà verbe. Et cette nuit-là, avant même l’annonce de l’ange, sans se donner le mot, elles s’étaient mises en chemin vers la montagne de Judée.

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Et si vous trouvez que ma chronologie des événements bouscule un peu l’histoire, dites vous que l’histoire quelquefois a tort, et qu’il arrive que le temps de Dieu nous réserve quelques surprises. Donc, dans l’étable de Bethléem, Marthe de Béthanie est arrivée la première. Elle a compris du premier coup qu’une naissance au hasard d’un recensement devait laisser les voyageurs bien désemparés. En femme avisée, elle a pris avec elle toutes sortes de provisions, du lait et du miel pour l’Enfant, du pain pour Marie et du vin pour Joseph. Et elle s’affaire, efficace, silencieuse. Marie la regarde avec tendresse: “Marthe, Marthe, tu t’inquiètes de beaucoup de choses…” Puis entre une femme de Samarie, avec sa cruche pleine d’eau et son accent venu d’ailleurs. Elle a porté sa cruche pleine depuis le puits de Jacob, là-bas du côté de Sichem. Elle ne saurait dire pourquoi elle est là, elle en est toute étonnée et même gênée, elle, une Samaritaine, en plein territoire de Judée.

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Cette cruche de terre posée sur sa tête, serait-ce cela, l’eau vive? Derrière elle, une autre étrangère s’est faufilée, une cananéenne du pays de Tyr. Elle est là, elle aussi, mais elle n’ose même pas lever les yeux sur l’enfant. Elle est là, mais elle a laissé à la maison un autre enfant, sa petite fille malade. La route a été longue, mais il fallait qu’elle vienne. Elle se baisse devant l’enfant, et furtivement elle recueille les miettes de pain que Joseph et Marie ont laissé tomber de leur pauvre repas. Et voici que l’Enfant la regarde, elle, l’exclue de la Promesse. Et soudain il n’y a plus ni frontière, ni maladie, ni mort.

Ces miettes de pain entre ses mains, serait-ce cela, le Pain de vie? Puis c’est une autre femme qui entre devant la Crèche. Oh celle-là on la connait bien, elle est du pays. C’est la Madeleine, vous savez, la pécheresse de la ville, une femme pas très fréquentable avec ses longs cheveux et son indifférence au qu’en dira-t-on. Elle s’est mise en route, elle aussi, avec un vase de précieux parfum. Elle s’approche par derrière, et la voici qui verse le parfum sur les pieds de l’enfant, les essuie de ses cheveux,

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les couvre de baisers. Et l’étable se remplit d’une senteur de jasmin et de cinnamome, de nard et de safran.

Nooël

Elle sait seulement qu’il fallait qu’elle vienne, que l’Enfant avait besoin qu’on le lave avec cette eau-là, l’eau du puits où notre père Jacob a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes. Il fallait accueillir cet enfant avec l’eau des Patriarches, l’eau de la Promesse et de la fidélité.

Ce parfum répandu, seraitce cela, l’Onction royale? Et soudain la porte s’ouvre encore une fois. Celle qui vient d’entrer n’a ni lait ni miel, ni parfum, ni même l’eau du puits de Jacob. C’est une pauvre veuve. Au creux de sa main ouverte il n’y a que deux piécettes, deux petites monnaies insignifiantes, pas même de quoi acheter un peu de paille pour la crèche, ou un peu de foin pour l’âne. Une misérable obole. Mais voici que l’étoile glisse, entre les poutres mal jointes du toit, un rayon de lumière. Il entre, lui aussi, dans la pièce obscure, et vient se poser, silencieusement, sur ces deux menues piécettes. Et les deux piécettes de rien du tout se mettent à briller comme de l’or pur, à rayonner tout autour, sur l’enfant et sur Joseph, sur Marie et Marthe et Madeleine, sur la Samaritaine et la Cananéenne, trouant la nuit alentour, transfigurant chaque visage en une pure présence. Et l’Enfant tend les mains vers ces deux humbles piécettes.

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Serait-ce cela, l’amour? …Entrons à notre tour dans la Crèche de Bethléem, et offrons à l’Enfant ces deux humbles piécettes, notre “ici” et “maintenant”, le geste de notre pauvre amour. Car sa venue en notre chair saura les transfigurer en joyaux de lumière, pour la gloire du Père et la joie de nos frères. Marrgueeritte Léna

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Re--naîître : les sacrremeents 22

Au cœur des sept sacrements quelle présence pour Marie ?*

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« Pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien » dira saint Augustin. Telle est la norme de tout ministère qu’il soit reconnu, institué ou ordonné. Il n’a de sens que s’il est un service. C’est ce que rappelait Benoît XVI aux nouveaux cardinaux samedi 24 octobre 2010 : « dans l’Église personne n’est « patron, mais tous sont appelés, tous sont invités, tous sont touchés et guidés par la grâce divine » a-t-il dit dans son homélie…

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Le critère de la grandeur et de la primauté selon Dieu n’est pas la domination mais le service…c’est un message valable pour toute l’Église, mais surtout pour ceux qui ont la tâche de guider le peuple de Dieu ». Même si le Pape ne fait pas référence à Marie, cet extrait illustre parfaitement le sens de la présence de Marie pour les ministres ordonnés. Le fait que Marie n’appartienne pas à la hiérarchie invite à ne pas chercher une imitation limitée à une responsabilité précise mais à situer son rôle comme inspiratrice d’une manière de vivre la vie chrétienne y compris au sein de la hiérarchie. Marie, reine des apôtres, pourra recevoir par Paul VI le titre spirituel de « mère de l’Église » exprimé ainsi: « Marie comme mère du Christ est également mère des fidèles et des pasteurs. » Or « c’est du sein de la Vierge Marie que Jésus est devenu prêtre prenant le corps qu’il devait offrir en sacrifice… c’est moyennant l’Incarnation dans le sein de la Vierge que Jésus devint grand prêtre et put offrir son sacrifice au Père » dira le patriarche Proclus de Constantinople au 5ème siècle. Comme au baptême, comme à l’Eucharistie puisque c’est en lien avec l’Eucharistie que les ministères ordonnés prennent leur sens, Marie est une présence exemplaire voulue par Dieu pour éveiller à la docilité dans l’Esprit-Saint. Au N°18 du décret conciliaire sur le ministère et la vie des prêtres ( mais tous les ministères peuvent être concernés, à plus forte raison les ministères ordonnés), nous lisons : « De cette docilité les prêtres retrouvent sans cesse le merveilleux modèle dans la bienheureuse Vierge Marie : conduite par le Saint-Esprit, elle s’est donnée tout entière au mystère de

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la rédemption de l’humanité ; mère du Grand Prêtre éternel, reine des Apôtres, soutien de leur ministère, elle a droit à la dévotion filiale des prêtres, à leur vénération et à leur amour ». Si l’on veut détailler davantage, chaque aspect du ministère ordonné peut être soutenu par une attitude de Marie : le diacre, dédié au service de la liturgie, de la Parole et de la Charité, puisera dans la disponibilité de Marie « servante du Seigneur », une inspiration pour sa propre mission. Le prêtre appelé à prêcher l’Évangile et célébrer les sacrements, s’associera, comme tous les fidèles mais d’une manière différente du fait de son ministère, à l’abandon total de Marie, à son fiat : « Qu’il me soit fait selon ta Parole ». L’évêque, comme le rappelle Benoît XVI, appelé à veiller (episcopos, surveillant) sur le troupeau, afin de ne pas être prisonnier de préjugés ou de points de vue étroits se laissera animer par la même humilité et la même confiance « gardant toutes ces choses dans son cœur ». Enfin, dans la vie quotidienne, face aux multiples situations souvent douloureuses rencontrées dans les ministères, l’invocation de Marie fera découvrir la proximité avec le Christ plein de miséricorde, l’accueil inconditionnel de la Parole de Dieu, des pauvres et des chercheurs de Dieu, le regard sur les besoins matériels et spirituels. Comme toute grande dimension de la vie chrétienne, le sacrement de l’Ordre ne peut pas se vivre sans référence à sainte Marie.

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Noël M. Rath *Suite de l’exposé Marie dans la vie sacramentelle

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Journée Sanctification Universelle 24

et doivent le sanctifier par leur témoignage de vie et parmi ceux qui ont renoncé au monde pour affirmer Ta transcendance.

Père, donne-nous des hommes de Dieu, des hommes dont Tu es le Tout. Donne-nous des hommes remplis d’Amour pour Toi, qui ne vivent que pour Toi. Donne-nous des hommes dans le regard desquels nous croisons Ton regard, au travers desquels nous écoutons Ta parole, des hommes qui arrachent le monde à son matérialisme, en lui imposant l’évidence du Salut que Tu es venu lui apporter. Seigneur, nous avons besoin de saints. Toi, qui es l’auteur de la sainteté, suscite partout des saints: parmi les pauvres et les riches, les humbles et les savants; choisis des saints parmi nos frères qui vivent dans le monde

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Fais que chacun comprenne que la sainteté est un don et une conquête, que le saint est le chrétien tout comme le chrétien est l’homme selon le Cœur de Dieu, c’est-à-dire l’homme complet. Fais que chaque homme désire devenir ce pour quoi Tu l’as créé; aide-le à progresser sur le chemin des justes. Fais que sa vie soit comme la lumière de l’aube qui va croissante, jusqu’au jour parfait. Seigneur, nous avons besoin de saints parce que nous avons besoin de salut. Seigneur, donne-nous des Saints. Serviteur de Dieu Gugglieelm mo Giaaqu uin nta

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Receenssion Mariagrazia Magrini

Vie de la Bienheureuse Sarment édition du Jubilé

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« Maman! Les jeunes sont le futur! Je ne peux plus courir, mais je voudrais leur passer le flambeau comme aux Olympiades. Les jeunes n'ont qu'une vie, et cela vaut la peine de bien la dépenser. »

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Voilà le message que Chiara Badano (1971-1990) laisse aux jeunes. Sa vie a été brève, mais elle l'a vécue dans une continuelle ascension. Douée, intelligente, belle, sportive, c'était une jeune fille normale, et pourtant extraordinaire dans sa manière de vivre le quotidien.

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Adhérant très tôt au mouvement des Focolari, Chiara a découvert en Dieu Amour l'Idéal de sa vie. Cette découverte l'a comblée de joie, une joie contagieuse qu'elle rayonnait autour d'elle. Une tendresse innée l'attirait vers les petits, les gens simples, les pauvres. Elle envisageait d'être pédiatre en Afrique. Lorsque la maladie frappa à sa porte, Chiara, abandonnée à la volonté de Dieu, est allée à la rencontre de Jésus avec l'amour d'une épouse : « Si tu le veux, Jésus, je le veux, moi aussi. » Surnommée Chiara « Luce », elle communiqua sérénité et paix à tous ceux qui l'approchaient, les soutenant et les réconfortant.

Béatifiée le 25 septembre 2010, « Chiara Luce, par son exemple d'une vie chrétienne authentique, est une lampe qui ne peut rester cachée sous le boisseau. Dans son humilité, elle n'a jamais voulu se mettre en avant, mais désormais, elle ne peut pas être ignorée. À travers elle, Dieu répand sa lumière, renouvelle la foi, ranime l'amour, ouvre les coeurs à l'espérance et invite à l'imiter ». La jeune Chiara Badano nous offre le témoignage d'un oui inconditionnel à l'amour de Dieu. Un oui qui traverse toute sa vie et qui lui a donné la force de transformer sa maladie en un chemin de lumière vers la vraie Vie. (E Exttraitt dee laa Préssen ntaatioon)

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Tables des matières Editorial 03 La Journée de la Sanctification Universelle : un temps pour prier, un temps pour aimer

Rendez-vous

Rédaction et abonnements:

Ouvertes à tous: Adultes , jeunes et couples et leur enfants

Institut des Oblates Apostoliques Centre Horeb « Hautclair » Avenue Hamoir 14a 1180 Bruxelles Tél.: 0032 (0)2 3740016 Fax: 0032 (0)2 3745684 GSM: 0486641104 E-mail: sanctifier@prosanctitate.be

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Teresa Carboni et Mirella Scalia

Audience Générale 07 Benoit XVI

La prière de Jésus… 11 Guglielmo Giaquinta

La prière de la famille chrétienne

Informations et contact

Abonnement annuel: Belgique : 15 euros Etranger : 18 euros Soutien: 25 euros

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Jean Simonart

Le temps de l’Avent 17 Dieudonné Dufrasne

Les femmes au berceau 21 Marguerite Léna

Au coeur des sept sacrements Quelle présence pour Marie?

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Noël M. Rath

Seigneur, donne-nous des saints Guglielmo Giaquinta

Recension 27

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Tout don supplémentaire nous permet d'envoyer gratuitement la revue en Afrique et dans les pays de l'Est. Merci en leur nom. C.C.P. IBAN BE 34 000 - 1485936 - 90 BIC BPOTBEB 1 Banque BNP PARIBAS FORTIS BIC GEBABEBB IBAN BE 14 2100 5669 9683 de l'ASBL Institut des Oblates Apostoliques Bruxelles EDITEUR RESPONSABLE: L. Piccioli avenue Hamoir 14a - 1180 Bruxelles IMPRIMATUR Malines, 25 Novembre 2011 E. VAN BILLOEN, Vic. Gen.

Rencontres pour les familles

15h30 Enseignement 16h30 Partage en groupes ( adultes, jeunes, couples, enfants )

17h30 Célébration Eucharistique 18h30 Agape fraternelle Dimanche de 15h30 à 20h • • •

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18 Décembre 2011 8 Janvier 2012 19 Février 2012 ( Fête du Coeur immaculée de Marie Vierge de la Confiance ) 11 mars 2012 15 Avril 2012 Jeudi de l'Ascension 17 Mai 2012 ( Fête de l'Alliance ) 17 juin 2011 Fête de la Lumière et de la famille

A la fin de la réunion, nous partagerons une agape fraternelle avec ce que chacun apportera

1-3 Juin 2012 Journée Mondiale des Familles à Milan MOUVEMENT PRO SANCTITATE Avenue Hamoir 14a - 1180 Bruxelles Tél. 02 374 00 16 - GSM 0486 641104 secretariat@prosanctitate.be www.prosanctitate.be


http://www.prosanctitate.be Octobre-Novembre-DĂŠcembre 2011


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