Clap n°10

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TOP JAMES BOND

1965

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OPERATION TONNERRE Réalisé par Terence Young

Dernier film de la trilogie réalisée par Terence Young dans les divines années soixante. Le cinéaste s’est depuis imposé avec le temps comme un réalisateur-culte de la franchise par son style sec, nerveux et intemporel. Sean Connery s’y amuse encore beaucoup alors qu’il a confessé s’ennuyer mortellement sur les suivants. On retiendra les séquences sous-marines qui influenceront le tournage de tous les autres films aquatiques comme Le Grand Bleu ou Titanic, la scène savoureuse du chevalet de torture et la présence de la très belle et troublante Claudine Auger, première James Bond Girl française, en Domino. L’équipe concurrente d’Albert Broccoli, menée par Kevin McClory, fera un remake d’Opération Tonnerre dix-huit ans plus tard, nommé Jamais plus jamais, toujours avec Sean Connery, Kim Basinger remplaçant Claudine Auger. Opération Tonnerre, dernier vrai James Bond mythique de la période Connery, a le goût des ultimes rendez-vous réussis, où l’on profite des beaux moments, tant qu’il en est encore temps. D.S.

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1962

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JAMES BOND CONTRE DR NO Réalisé par Terence Young

C’est le premier de la série et donc il pose les fondations du mythe. En le revoyant on est surpris par ses qualités de style et d’inventivité qui pourraient l’apparenter aux meilleures séries B., alors qu’il s’agit manifestement d’une autre catégorie. C’est la « Terence Young touch » qui s’exercera miraculeusement sur trois films : celui-ci, Bons baisers de Russie et Opération Tonnerre. Sean Connery écrase tout sur son passage par son charisme monstrueux, excepté Ursula Andress. Il est désormais impossible de revoir le film sans avoir à l’esprit sa parodie par les OSS 117 de Jean Dujardin et Michel Hazanavicius, ce qui donne un arrière-goût vintage, décalé et savoureux à la chose. Q n’est pas encore là, le gun barrel n’est pas encore tout à fait au point (Connery, occupé, l’avait laissé à une doublure) et pourtant toute la magie fonctionne déjà. On peut se demander pourquoi les producteurs se croient parfois obligés de mobiliser l’Armée Rouge au complet et une batterie exhaustive de gadgets et d’effets spéciaux alors que l’option minimaliste fonctionnait parfaitement. La preuve. D .S.

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1995

3

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1964

2

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Goldeneye Réalisé par Martin Campbell Il suffit de quelques plans dans la séquence de pré-générique –un saut à l’élastique filmé au ralenti- et l’on sait déjà que ce « James Bond » sera très réussi. Précision et élégance du style, pertinence du montage et vivacité de la narration, Martin Campbell maîtrise tout ou presque. Il s’est manifestement posé la bonne question : comment rendre James Bond intéressant pour le public des années 90. Qualifié de « dinosaure sexiste et misogyne » par M (Judi Dench), James Bond contemple les ruines de la guerre froide et expérimente des émotions plus complexes (la confusion, la trahison) en voyant son double, l’agent 006 passer à l’ennemi. Si on ajoute que Famke Janssen est anthologique dans son rôle de garce nymphomane, on en oublie presque l’inexpressivité érigée en système de jeu par Pierce Brosnan. GoldenEye sera de loin le meilleur film de la période Brosnan et l’un des meilleurs James Bond, tout simplement. Martin Campbell se posera à nouveau la bonne question pour Casino Royale. Jamais deux sans trois ? D .S.

GOLDFINGER Réalisé par Guy Hamilton

Le Bond le plus mythique des années soixante n’est pas signé Terence Young mais Guy Hamilton. Or ce dernier a également signé le plus mauvais des Bond, l’Homme au pistolet d’or, ce qui le signale comme un cinéaste pour le moins inégal. Goldfinger est surtout le résultat d’un système qui fonctionne à plein. Tout le monde, dont Sean Connery, est parfaitement rôdé après 3 films. John Barry crée avec l’aide immense de Shirley Bassey un standard absolu. Le service de James Bond est au complet (M, Q et Moneypenny) et fonctionne comme à la parade. Les méchants se répartissent les rôles : à Goldfinger, la mégalomanie et l’humour involontaire ; à OddJob, son homme de main, le sale boulot des scènes d’action avec son chapeau melon qui tue. On peut reprocher à Goldfinger sa réplique sur les Beatles ou la misogynie forcée de Bond qui s’exprime par des claques sur les fesses, il n’en demeure pas moins que c’est un classique. L’image de la blonde asphyxiée, couverte d’or fin, ne cessera de hanter vos pensées. Elle s’appelle Shirley Eaton et en acceptant ce maquillage, a gagné son passeport pour l’éternité, tout comme ce film. D .S.


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