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18-19 FÉVRIER 2009
«On peut construire 20% moins cher» • Des logements écologiques et de
qualité peuvent être réalisés à bas prix, selon un pro du bâtiment. • La réduction des coûts genevois passe par de nouvelles techniques et une certaine industrialisation. • Le conseiller d'Etat Mark Muller s'explique sur sa volonté d'économie qui, selon lui, a été déformée.
FRANÇOIS BAERTSCHI
Pourquoi pas des logements «low cost»? Après les billets d'avion à prix cassés et le discount, la construction n'échappe plus à cette mode, ou plutôt à ce rouleau compresseur. Pourra-t-on se loger à bas prix, sans sacrifier la qualité? Ce qui relevait de l'utopie pourrait bien devenir réalité.
Ecolo pas cher «Il est tout à fait possible de construire avec un haut niveau écologique et en baissant les prix. On peut réduire de 20% au minimum le coût d'une construction, sans supprimer les balcons ou diminuer la grandeur des pièces», argumente Steeve Gilestro, directeur de la société Ecologgia. Mais comment obtient-on cette baisse? Une technique innovante de construction permet de faire des économies étonnantes: il s'agit de grandes «briques» formées de matériaux isolants, dans lesquelles on coule du béton.
Le temps c'est de l'argent!
Grâce à des «briques» de ce style, formées de matériau isolant, on peut construire mieux, plus vite et moins cher. DR
«On économise 50% du temps de travail, ce qui compense largement le surcoût du produit. Dans tous les cas, on arrive à au moins 20% d'économies. Ce procédé, qui a été breveté à la fin des années 1950 par un Tessinois, est utilisé par plusieurs entreprises en Europe pour sa vitesse et ses qualités écologiques (standard Minergie). On obtient 98,7% de résorption de bruit, avec une garantie exceptionnelle de 35 ans.»
Afin de baisser les coûts, le 80% des produits pour les finitions seront achetés directement à l'usine, ce qui permet des réductions de prix de 40% à 60% sur les prix ordinaires. «Pour une villa de luxe, nous arrivons à une baisse de près de 600'000 francs», indique Steve Gilestro, qui nous annonce le projet d'un éco-quartier à Versoix pour des familles. «Nous voulons obtenir des coûts bas dans des surfaces convenables», indique Daniel Fayet, l'un des promoteurs du projet.
Deux fois plus cher
Directeur de la Fondation Braillard et professeur d'architecture, Bruno-Henri Vayssière est un observateur à la fois indépendant et bien renseigné. Il met en cause d'abord «le prix du foncier, qui est impossible à Genève». Les terrains sont bien trop élevés, comme les coûts de la construction. BrunoHenri Vayssière souligne que «l'on construit deux fois moins cher à 4 kilomètres de l'autre côté de la frontière. Le coût de la main-d'oeuvre est plus élevé mais l'écart n'est pas si grand au niveau des salaires.» Comme troisième élément, il faut ajouter les techniques. «On peut bâtir des logements de façon un peu industrielle, donc moins cher, indique Bruno Vayssière. Jean Nouvel (réd.: le célèbre architecte français) a fait la preuve que l'on peut construire au même prix avec 30% de volume en plus.» Aux Etats-Unis, on trouve des maisons pour 100'000-
I LE CONSEILLER D'ÉTAT MARK MULLER SE DÉFEND
Cet automne, le conseiller d'Etat libéral Mark Muller a été accusé de vouloir construire «des clapiers à lapin». La candidate à la candidature écologiste au Conseil d'Etat, Michel Künzler, s'est ainsi opposée à «ces logements M-Budget» et a pris la tête de la croisade contre les logements moins chers.
«Garder la qualité»
Mark Muller s'explique: «Nous avons tous le souci de trouver le prix le moins cher, tout en gardant la qualité. Néanmoins, j'estime déplorable la polémique qui s'est développée sur cette affaire, où on a dit que les balcons allaient être supprimés. Cer-
tains ont même parlé de clapiers à lapins.» Le conseiller d'Etat ajoute: «Si on ne veut pas économiser et rationaliser pour des logements privés, je peux le concevoir. Mais le logement social, financé par l'Etat, exige que le denier public soit bien géré sans atteinte à la qualité. Ma demande a été mal comprise ou volontairement déformée.» Aura-t-on une réduction des standards? «Ce n'est pas mon rôle de décider, répond Mark Muller. Les choix seront faits par les fondations de droits publics, où les partis et milieux intéressés, dont l'Asloca, sont représentés.» Le conseiller d'Etat est parti du principe que «les loyers étant très chers à Genève, il faut, comme dans n'importe
quel secteur économique, réexaminer les coûts de production régulièrement.» Mais la deuxième réflexion porte sur les 300 millions qui seront attribués aux LUP (Logements d'utilité publique) et devront être utilisés de la façon la plus efficace.
Economies techniques
Autre mise au point: il ne s'agit pas d'un projet «Mark Muller». Le conseiller d'Etat précise: «J'ai demandé aux fondations de droit public de réfléchir à la façon de construire moins cher. Un catalogue comprenant plusieurs dizaines de dispositions m'a été remis, deux à trois suscitant la controverse.»
On construit deux fois moins cher à 4 kilomètres de l'autre côté de la frontière.
BRUNO-HENRI VAYSSIÈRE directeur de la Fondation Braillard et professeur d'architecture
150'000 francs. D'autres, provenant d'Autriche et construites en bois préfabriqué, commencent à apparaître en Savoie. Bruno Vayssière prend la défense de Mark Muller, accusé de vouloir construire des clapiers à lapin (ce qu'il conteste, lire ci-dessous): «Le conseiller d'Etat n'a pas tort en disant qu'on peut réduire les coûts, ce qui est courageux vu les milieux qui le soutiennent, mais tout le monde lui jette la pierre. On a une gauche qui fait le jeu des entreprises les moins innovantes.» Chaque fois qu'on parle logement à Genève, chacun se crispe. Alors, le «low cost» pourrait être la solution pour sortir de la crise. ■
POUVOIR D'ACHAT
Logements hors de prix
FB • Le niveau excessif des loyers à Genève a des conséquences très graves sur le pouvoir d'achat. C'est ce que nous apprend l'étude du Crédit Suisse,publiée en novembre 2008: «Revenu disponible en Suisse: où la vie est-elle la moins chère?» Cette dernière nous apprend que le canton de Genève occupe la dernière place du classement. Selon le Crédit Suisse, cette position «est notamment imputable à des frais de logement élevés auxquels s'ajoutent une charge fiscale considérable et des coûts de la santé records.»
CHANTIERS
Surveillance par webcam
FB • Cette possibilité d'économiser sur les coûts de construction est tout à fait inattendue. Il s'agit d'utiliser des petites caméras vidéos, posées sur le chantier et reliées par internet. «On peut ainsi surveiller à distance la construction, en réduisant les déplacements», souligne Steeve Gilestro d'Ecologgia. Les divers corps de métier ont aussi accès à ces webcams, ce qui leur permet d'observer le chantier. Par exemple, ils n'iront pas sur place si certains travaux ne sont pas terminés. E
X P R I M E Z
V O T R E
O P I N I O N
S U R
www.ghi.ch/forum
«Le low-cost? pourquoi pas» FB • Pourquoi ne pas se lancer dans des logements «low cost»? Le conseiller d'Etat Mark Muller répond: «Si le service d'une compagnie comme Easy Jet n'est pas de moins bonne qualité - on ne voit pas la différence avec certains vols de ligne - et si l'on arrive à des prix plus bas par
la rationalité et les économies, pourquoi ne pas suivre ce modèle…» Le conseiller d'Etat reconnaît qu'une entreprise lui a proposé de construire 20% moins cher, mais il reste prudent face à de tels calculs. C'est souvent au moment de la réalisation que les difficultés apparaissent.
Editeur: J.-M. Fleury. SPN, Société de Publications Nouvelles, av. du Mail 22, 1205 Genève. Directeur général: J.-M. Velleman. Rédacteur en chef: Ch.-A. Aymon. Rédactrice en chef adjointe: Ch. Zaugg. Rédaction, administration, régie des petites annonces et publicitaire: av. du Mail 22, CP 167, 1211 Genève 4. Distribution: Société de Publications Nouvelles. Paraît tous les jeudis. Composition et montage: Sediprint. Impression: CIE Lausanne. Régie publicitaire pour la France: Swiss Media Press, ZAC de Marclaz 2, 74200 Anthy-sur-Léman. Abonnement: Fr. 75.–/an. CCP 12-6231-4. Tirage: 265 794 exemplaires.
«Ma demande a été mal comprise ou déformée» FRANÇOIS BAERTSCHI
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ALDAG
LOGEMENTS LOW COST
GHI, membre du pool PUB ● ● ●
Mark Muller trouve cette polémique «déplorable». AMIGUET
Quelles sont les autres mesures dont on n'a pas parlé? Mark Muller prend comme exemple «la planification du déroulement des chantiers de façon plus professionnelle (dès l'élaboration du projet), ce qui permet des économies. Nous pourrions également regrouper certaines pièces (cuisines, salles de bain...) autour d'une seule colonne d'eau.» ■
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