ô saisons, ô photos... – Lionel Gerin & David Chabin

ô saisons, ô pheol Gteroin s...

Lion David Chabin

[ ] Ce qui re s t e

ô saisons, ô photos...

Poèmes

Lionel Gerin

P h oto g r a p h i e s

David Chabin

Ouvert ?

Ce bleu Ce blues Ce ciel dilapidé Qui portent la fleur du regard Loin Jusqu'au bout de l'ombre Et cette ligne de vie inquiète Jusqu'à l'outremer

Un pas sur la mélancolie des départs Un œil sur le sursis de l'ailleurs Entre les deux Toute une vie Et la liberté de n'être plus Le bonheur de n'être pas encore Nos racines Lestent légèrement Les nuages

Absence Assise Sur le jour ĂŠpaulĂŠ Par le vol des oiseaux Odeur de pluie Imminente Que chassera l'averse ?

Main sur les cicatrices du mur Tu prends le pouls de la maison Qui ronronne sous avril L'arabesque de l'ombre Amure le ciel Monte vers les collines Un voile gris lavande

Ton regard aimantĂŠ Par la vacance de la plaine Et la possible symĂŠtrie des fumĂŠes

Sur la margelle du soir Se perche le gréement de l'herbe C'est l'heure Où les ombres vont boire Les allées sont un peu trop sages Nos pas y cherchent les citronnades Les mains tenues Et ce qui tient lieu de légèreté À la fatigue De nos corps diurnes

Nous avions fait notre lit dans le ciel Sans souci de savoir voler Il pleuvait de l'herbe Et je ne me souviens plus de ce que nous [ avions rêvé Des corbeaux nous avaient réveillés Et ton corps picorait le soleil Mais qui pourra croire tout cela ?

Noblesse Des blés Ne blesse Que l'été Ciel Paraphé Vert Rouge Éphémère Violence Fertile De la tige Qui pourfendra L'orage

Ta main Dessine sur l'eau La contagion du ciel Le bateau Qui inventa la mer Et le feu D'une caravane Qui s'en va vendre Du sel Aux pays d'algues Et la violence indigo Du Sud À des péninsules Où les hommes Sont sur la brande Le seul amer

D'où vient le bleu de la mer ?

Sinon des caravanes Qui roulent sous le gréement des vagues Sourates Indigo Galets Trempés Dans la grande ourse Pierres Qui s'avancent Et s'en vont Perdre le ciel Sur le lait poudreux Des chemins

Traverse Ce qui t'étreint Et t'emporte Frissonne Avec le sable Qui s'émeut Du courant Les marches de l'eau Dessinent La presqu'île Où ton regard se perd Et le royaume Où tes pas Dégénèrent

Nous irons encore lĂ -bas Vivre un temps de feuilles

Soucieux des heures verticales Planteurs de nuages

La main sur le chambranle

Ă minuit

Il pleuvait Et l'ombre était rouge Tout filait vers l'arrière Je ne savais pas encore Qu'on écrit toujours Contre l'oubli Ton sourire était dans les flaques Et ton enfance aussi Notre sang était dans la musique Qui faisait trembler la vitre Londres était dans les flaques Ton sourire faisait trembler la vitre La pluie était rouge Je ne savais pas encore La musique de l'oubli

Extérieur nuit L'iris est noir Et observe sa proie Se tatouent sur le bleu Les formes qui incendient le ciel les rêves cunéiformes Qui noient nos cris Les ondes qui parlent Au front brûlant de nos fièvres Tout compte fait Le noir vit dans la marge Que lui offre sa proie

Promontoire Au bord Étranger à la neige Traversé par l'écho De notre regard Les maisons Qui nous habitent Et le rouge Dérobé Au sang des jardins Voyagent Á nos dépens

Témoin des arbres Tu ne sais pas leurs mots Ni ce qu'ils savent de l'air Et des oiseaux Il te plait d'imaginer Leur accent d'hiver Dans l'air bleu et sec Près du mur Dans la griffure de l'ombre Te vient l'idée De rembourser le ciel

Des feuilles Écrivent le vent Frégates amarrées Arborent Un signe sur la pierre Font fructifier La lisière Rue déracinée Apprend La syntaxe de l'hiver

Les auteurs

Lionel Gerin est né à Roanne et a suivi des études d'anglais à Nanterre. Il vit et enseigne à Lyon.

Outre la poésie, il se passionne pour le cinéma, et par-dessus tout le voyage. Europe, Amérique du Nord et du Sud, Asie, Moyen-Orient.

Ses poèmes paraissent dans Les Cahiers du sens depuis 2009, ainsi que dans la revue Kahel. Son premier recueil, Si nous n'avions qu'une ombre, est sorti en 2014 au Nouvel Athanor. Noirs sur Blancs, avec des photos de David Chabin, est paru chez Jacques Flament éditions en 2017. On le trouve également dans le recueil collectif "Résonances", chez le même éditeur, toujours en 2017.

Enfin, on peut lire des extraits de Saisons de l'été, sur des aquarelles de Caroline François-Rubino, sur la revue Ce qui reste.

David Chabin Né à Lyon en 1968. Etudes de philosophie à Lyon III, de 1987 à 1992, puis Agrégation de philosophie en 1993. Enseigne la philosophie depuis 1992, au lycée et en vacation à l’Université Lyon III (Esthétique). Aujourd’hui en poste en classes préparatoires au lycée Ampère, où il enseigne depuis 2003.

Photographie Noirs sur Blancs, Ed. Jacques Flament (avec les poèmes de Lionel Gerin), 2016 Poésie Résonances, Ed. Jacques Flament (ouvrage collectif, trois poèmes), 2016

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Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix

Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres.

La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc).

Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1

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© Février 2018 — Poèmes de Lionel Gerin Photographies de David Chabin La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363

« Un pas sur la mélancolie des départs

Un œil sur le sursis de l'ailleurs Entre les deux Toute une vie »

Poèmes de Lionel G erin Photogr aphies de David Chabin