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Plantes de bord de mer

Flore et végétation du littoral

Une flore atlantique sous forte

des Pays de la Loire

influence méridionale

Ces conditions clémentes favorisent la re-

thorei), le trèfle rouge (Trifolium rubens), le chêne

montée, le long de la façade atlantique, de plantes

vert (Quercus ilex), le chêne pubescent (Quer-

Des facteurs écologiques contraignants qui façonnent la flore

Les mécanismes physiologiques développés par les végétaux en réponse à la sécheresse de

Zone d’interface entre terre et mer, le littoral

La flore d’un territoire peut être décomposée en

plus généralement présentes sur le pourtour

cus pubescens) ou le garou (Daphne gnidium),

Le littoral est un territoire privilégié pour

ces milieux sont multiples. La conservation de

constitue un milieu naturel riche en plantes

plusieurs éléments floristiques regroupant les

méditerranéen et qui s’étendent sur une partie

qui arrivent en limite septentrionale de répar-

l’observation des stratégies d’adaptation dé-

l’eau au sein de feuilles charnues (succulence)

supérieures terrestres (plantes à fleurs et à

espèces végétales en fonction de leur aire géo-

du littoral atlantique. Parmi ces espèces médi-

tition. Entre Noirmoutier et l’embouchure de

veloppées par les végétaux en réaction aux

est une réponse à la sécheresse qui est déployée

graines, fougères) adaptées à une forte em-

graphique générale de répartition. La flore du

terranéo-atlantiques figurent, par exemple, le

la Loire, d’autres plantes atteignent leur limite

contraintes environnementales imposées par

par des plantes comme la spergulaire des

preinte marine. La singularité des conditions

littoral des Pays de la Loire se caractérise ainsi

lis de mer (Pancratium maritimum), le diotis

nord-occidentale : c’est le cas de l’angélique des

des conditions de vie sévères. La sécheresse de

rochers (Spergularia rupicola), l’inule fausse-

écologiques qui règnent sur le littoral (na-

par un lot d’espèces qualifiées d’atlantiques,

maritime (Otanthus maritimus) ou la luzerne

estuaires (Angelica heterocarpa) ou de l’alysson

certains substrats, la présence de sel, l’action du

criste (Inula crithmoides) ou la criste marine

ture du substrat, submersion par les marées,

qui sont cantonnées à la bordure océanique

marine (Medicago marina). On peut également

des champs (Alyssum minus). Enfin, une der-

vent, les remaniements constants du sable ou

(Crithmum maritimum) qui peuplent les falaises,

influence du sel, climat) explique l’existence

du continent européen, de l’Espagne à la

mentionner l’oseille tête-de-bœuf (Rumex buce-

nière étape dans l’appauvrissement de la flore

encore l’alternance des cycles de marées sélec-

ou par l’orpin âcre (Sedum acre), dans les dunes.

d’une flore spécifique, qui lui est inféodée.

Norvège,

îles

phalophorus), qui atteint la Gironde mais pos-

méridionale littorale en Pays de la Loire est

tionnent sur le littoral une flore spécialisée qui

La cuticule épaisse qui revêt les feuilles et les

incluant

en

totalité

les

La façade littorale de la région des

britanniques. Parmi ces plantes atlantiques,

sède une micro-aire sur l’île d’Yeu en extension

marquée par l’estuaire de la Vilaine, qui n’est,

présente de nombreuses adaptations, qu’elles

tiges et leur confère un aspect luisant limite

Pays de la Loire tire son intérêt floristique

on compte quelques espèces propres à la façade

récente sur l’île de Noirmoutier.

par exemple, pas dépassé par la croix de Malte

soient physiologiques, morphologiques ou phé-

les déperditions en eau des tissus végétaux par

de la juxtaposition de trois cortèges floris-

atlantique française (endémiques), comme le

La continuité du linéaire côtier le long de la

(Tribulus terrestris), l’althénie filiforme (Althenia

nologiques ( jouant, dans ce dernier cas, sur

transpiration. Le revêtement pileux du diotis

tiques appartenant aux trois types de côtes

gaillet des sables (Galium arenarium) ou le

façade atlantique constitue un corridor écolo-

filiformis) ou le faux cresson de Thore (Thorella

leur période de développement). Ces différents

maritime (Otanthus maritimus), de la giroflée

que sont les milieux sableux, les milieux va-

cynoglosse des dunes (Omphalodes littoralis).

gique qui permet des courants floristiques dont

verticillatinundata), et à partir duquel de nom-

mécanismes adaptatifs font parfois converger

des dunes (Matthiola sinuata), de l’immortelle

seux et les milieux rocheux. Le substrat est,

D’autres espèces, appelées ibéro-atlantiques,

le rôle a été important dans l’histoire du peu-

breuses autres espèces se raréfient : le silène de

morphologiquement des espèces soumises aux

(Helichrysum stoechas) ou de la luzerne marine

en effet, un facteur de diversité important

ont une aire de répartition mondiale à peine

plement de la flore des côtes du Nord-Ouest de

Porto (Silene portensis), la vesce fausse gesse

mêmes facteurs écologiques, alors qu’elles sont

(Medicago marina), qui se rencontrent dans les

pour la flore qui détermine des assemblages

moins restreinte qui se partage entre les côtes

la France et qui font également l’objet de mou-

(Vicia lathyroides), l’inule fausse-criste (Inula

très éloignées dans la classification botanique.

dunes, a une fonction équivalente. Une autre

d’espèces

commu-

du nord-ouest de la péninsule Ibérique et celles

vements actuels. Il existe, selon Robert Corillion

crithmoides), l’armoise de Lloyd (Artemisia cam-

Exposées toutes les deux aux embruns sur les ro-

stratégie consiste à réduire la surface des

nautés propres à chacun de ces faciès

végétales

réunies

en

de l’Ouest de la France. C’est le cas de la linaire

(1971), une véritable « voie littorale » traversée

pestris subsp. maritima), l’arroche des sables

chers maritimes, où elles se côtoient, une Apia-

feuilles, qui deviennent effilées comme chez l’ar-

côtiers. De sorte qu’il conviendrait plutôt,

des sables (Linaria arenaria), présente de

par un courant de pénétration et de migration

(Atriplex laciniata), l’arroche littorale (Atriplex

cée (Ombellifère), la criste marine (Crithmum

mérie maritime (Armeria maritima), s’enroulent

comme le font les géomorphologues, d’em-

la Gironde à la Manche ainsi que dans une

de la flore d’origine méridionale vers le nord, à

littoralis), etc.

maritimum) et une Astéracée (Composée), l’inule

sur elles-mêmes (exemple de l’oyat, Ammophila

ployer le pluriel, en évoquant des flores litto-

micro-aire en Galice.

partir d’un important foyer floristique centré sur

Au nord des limites des Pays de la Loire, le

fausse-criste (Inula crithmoides), présentent,

arenaria), se transforment en épines (ajonc

D’un point de vue phytogéographique, la

le Bassin aquitain, notamment les Charentes. De

phénomène d’appauvrissement se poursuit gra-

par exemple, des feuillages charnus d’allure très

d’Europe, Ulex europaeus) ou en écailles (tama-

Bien que le littoral puisse être comparé à

flore du littoral des Pays de la Loire présente

la Loire jusqu’au Cotentin, ce phytogéographe a

duellement en Bretagne et en basse Normandie

semblable.

ris, Tamarix gallica). En milieu dunaire, d’autres

une frontière entre le milieu marin et le milieu

l’autre particularité de posséder un fort contin-

décrit un échelonnement des espèces à carac-

jusque sur les côtes de la Manche. Un nombre im-

continental, cette ligne de contact est tout

gent

tère méridional qui jalonne l’appauvrissement

portant de ces espèces méridionales qui dispa-

sauf une ligne de démarcation figée. C’est,

viennent

typiquement

progressif du cortège des espèces méridionales

raissent ou se raréfient plus au nord se trouvent

La relative faiblesse des précipitations sur le litto-

atlantique. La proximité de l’océan Atlantique

vers le nord. À cette échelle, le littoral des Pays

sur les rivages des Pays de la Loire et participent

plus humides. Le panicaut des dunes (Eryngium

au contraire, une limite mobile qui fluctue

ral est amplifiée dans certaines conditions par la

crée des conditions climatiques très locales le

de la Loire s’inscrit dans une zone géographique

au fond de la flore littorale de la région :

maritimum) et l’euphorbe des dunes (Euphorbia

deux fois par jour au rythme des marées, mais

présence d’un substrat très drainant, caractérisé

paralias) présentent ainsi des racines pivotantes

aussi suivant des cycles saisonniers (tempêtes

long des côtes de Loire-Atlantique et de Vendée

encore placée sous une forte influence méridio-

l’armérie des sables (Armeria alliacea), la giro-

par de très faibles réserves en eau, dans lequel

qui se caractérisent par un adoucissement des

nale, en comparaison des côtes situées plus au

flée des dunes (Matthiola sinuata), l’immortelle

qui peuvent s’enfoncer jusqu’à 2 ou 3 mètres de

hivernales, marées d’équinoxe) et, enfin, en

les plantes sont sujettes à une période de séche-

températures moyennes annuelles : aux en-

nord, en particulier à partir du Finistère, où de

des dunes (Helichrysum stoechas), la franké-

profondeur. Chez le corynéphore (Corynephorus

fonction de pas de temps plus longs, par le jeu

resse estivale. C’est le cas des sables dunaires,

virons de 12 °C sur l’ensemble du littoral de la

nombreuses espèces disparaissent ou se raré-

nie lisse (Frankenia laevis), la soude ligneuse

canescens), le système racinaire est au contraire

des processus d’érosion ou de sédimentation

dont la capacité de rétention en eau est quasi

superficiel, et constitué d’un réseau de racines

qui redessinent les côtes. Ce caractère instable

région, les valeurs maximales sont atteintes à

fient. Ces observations sont à mettre en relation

(Sueda vera)…

nulle et qui sont susceptibles de s’échauffer for-

l’île d’Yeu (environ 12,5 °C de moyenne annuelle)

avec l’existence d’un climat thermo-atlantique

La « voie littorale » fonctionne également

en faisceau très dense, capables d’exploiter la

dans le temps se conjugue à une variabilité

tement au soleil, tout particulièrement les sables

qui ne connaît, par ailleurs, qu’une douzaine de

du Morbihan jusqu’aux Pyrénées-Atlantiques

en sens inverse, avec une pénétration d’espèces

moindre humidité du sable.

dans l’espace au travers d’une perte d’influence

fixés de la dune « grise » qui, étant assombris par

jours de gelée par an. L’ensoleillement est aussi

et d’une variation climatique marquée par une

nordiques vers le sud, qui est, cependant, loin

Une autre forme d’adaptation à la séche-

plus ou moins rapide des contraintes liées

la matière organique, absorbent plus fortement

au milieu marin, au fur et à mesure que l’on

privilégié sur le littoral grâce à des effets de

période de sécheresse estivale qui se manifeste

de présenter la même intensité que le courant

resse réside dans une stratégie d’évitement

le rayonnement solaire. C’est également le cas

brise de mer qui chassent les nuages. Pour cette

suivant laquelle la plante réalise son cycle bio-

s’éloigne du rivage.

entre Loire et Gironde. La durée d’insolation est

méridional. Cette influence nordique est néan-

des falaises maritimes, dans lesquelles les sols se

raison, les précipitations y sont plus faibles

effectivement très favorable sur les côtes de la

moins perceptible sur le littoral des Pays de la

logique avant que la période sèche défavorable

Il est, par conséquent, très difficile de dé-

limitent à une mince couche de matériaux fins

qu’à l’intérieur des terres. Par exemple, sur une

Vendée et particulièrement aux Sables-d’Olonne,

Loire à travers la présence d’espèces comme

n’intervienne. Les espèces annuelles comme la

limiter strictement un territoire littoral. En

accumulés dans les fissures, à partir de la désa-

tout état de cause, la bande côtière placée

distance de quelque 60 kilomètres entre Les

où elle dépasse les 2 100 heures par an.

l’arroche de Babington (Atriplex glabriuscula),

linaire des sables (Linaria arenaria) profitent

grégation de la roche mère et de la décomposi-

Sables-d’Olonne et le centre de la Vendée, les

L’influence méridionale est la plus forte

en Vendée, ou de la pyrole à feuilles longues

du printemps, au cours duquel le sable

franchement sous l’influence de la mer n’a

tion de matière organique, et qui laissent s’écou-

températures moyennes annuelles s’abaissent

jusqu’à l’île de Noirmoutier, qui constitue un

(Pyrola rotundifolia subsp. maritima), nouvelle-

est encore un peu humide, et achèvent leur

généralement pas plus de quelques centaines

ler l’eau très rapidement après chaque pluie. Les

de plus de 1 °C tandis que la pluviosité s’accroît

premier jalon d’appauvrissement avec entre

ment découverte sur la presqu’île du Croisic, en

court cycle de vie avant la période de séche-

de mètres de profondeur vers l’intérieur des

vents, fréquents sur les côtes, accusent par leur

de près de 300 millimètres.

autres le silène de Thore (Silene vulgaris subsp.

Loire-Atlantique.

resse sévère, durant laquelle elles survivent à

terres.

action desséchante l’aridité de ces milieux.

l’état de graines. Des espèces vivaces comme

rales en relation avec des littoraux.

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d’espèces

d’origine

enrichir

méridionale, qui

l’élément

Adaptations à la sécheresse

végétaux possèdent un appareil souterrain très profond qui leur permet d’atteindre des couches

95


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