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N°527 • samedi 18 avril 2009 • 1,5€

AVEC LES SOCIALISTES, SORTIR DE LA CRISE PAR L’EUROPE

EUROPÉENNES : C’EST PARTI

Les socialistes européens lancent leur campagne le 24 avril à Toulouse DOUBLE GIFLE POUR SARKOZY

Temps de parole présidentiel décompté présidentielécompté Hadopi rejeté


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Les rendez-vous ■ DU PARTI LES RENCONTRES DE LA DIVERSITE DÎNER-DEBAT

L'association Repères-Identités et les amis du journal Repères+ vous convient au dînerdébat suivi d'une grande soirée de gala qu'ils organisent le samedi 25 avril 2009 de 16h30 à 23h à l'Espace Fraternité au 10-12, rue de la Gare à Aubervilliers en présence de Jacques Salvator, Maire d'Aubervilliers et d'Evelyne Yonnet, Première adjointe au Maire et Conseillère générale. Première partie de la soirée Débats : Diversité ou diversion : un an après les municipales, bilan et perspectives ; la crise sociale aux Antilles ; les 100 jours d'Obama...

aGenDa Du ParTi ■ Vendredi 24 avril

Toulouse, meeting de lancement de la campagne européenne ■ Mercredi 29 avril

Strasbourg, meeting national pour les élections européennes

Deuxième partie de la soirée Dîner et concert avec : Coulby Praïce, Zayen, l'humoriste Akakou, le groupe Les Racines, Leady-be ...

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10-12, rue de la Gare (Aubervilliers 93300) A proximité de la Porte d'Aubervilliers. Accès, Bus 65. Direction Aubervilliers - Arrêt : Parc du millénaire / Direction Paris - Arrêt : La haie coq

PAF 25 euros (Repas complet). Réservation obligatoire : Jacqueline 06 26 30 80 98 Clémentine : 06 50 56 56 40 Elodie : 06 63 53 35 02. Merci de réserver vos places dès maintenant.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, la France subit un terrible recul des libertés. Ce livre élaboré par le Parti socialiste décrypte les multiples remises en cause des droits individuels et collectifs. De ADN à Zones d’attente, il dresse, en 89 mots clés, un état des lieux des atteintes aux libertés publiques orchestrées par Nicolas Sarkozy depuis mai 2007. Défendre les fondements du pacte républicain est un devoir. Cet ouvrage constitue une première contribution à ce travail.

Prix : 5 e l’exemplaire. Renseignements au 01 45 56 78 15 En Une : les femmes des salariés de Celanese à Pardies défilent, le 5 avril, contre la fermeture de l’usine. L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83 (Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : redaction@parti-socialiste.fr) DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud • DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF : Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION : Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent (76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE : Pascale Lecomte (79.44) et Joëlle Moreau (77.16) • PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • Photo de couverture : Alain Guilhot • SECRÉTARIAT : Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57) • FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE : Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0109 P 11 223) • ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 205 005 exemplaires.

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■ ÉDITO

La gauche qui marque des points Jean-Marc Ayrault, Il y a un discours dominant, celui d’une gauche sociaprésident du groupe socialiste à l’Assemblée nationale

■ sommaire France Double peine pour Sarkozy La France en crise Grève de la faim des employés de Celanese Élections européennes Focus sur l’Eurorégion Sud-Ouest International Interview d’Howard Dean par Olivier Ferrand Algérie : des élections sans surprise Territoire face à la crise Le soutien aux entreprises Portrait Delphine Roussy

p.6 p.7 p.12 p.16 p.17 p.20 p.28

liste - éteinte - qui ne retrouverait d’éclat que dans le cadre des mandats locaux qu’elle exerce. Et voilà qu’au détour d’une décision du Conseil d’État sur la nécessaire comptabilisation du temps de parole présidentiel ou du rejet surprise de la loi Hadopi, les commentateurs acceptent l’idée que nous sommes toujours là. La vérité c’est que nous faisons notre travail d’opposition - sans éclipse - à l’Assemblée comme au Sénat. Sur chaque texte,sur chaque grand débat,en coordination étroite avec le parti, nous apportons la contradiction au Président et à son gouvernement. Mais il faut le vote d’une motion de procédure comme sur la loi OGM, l’obstruction massive comme sur la loi « audiovisuel »,la suspension des travaux comme sur le travail du dimanche, la Marseillaise en chœur au pied du perchoir, pour que la presse relaie notre travail. Malheureusement, la presse n’est pas seule en cause. Nous nous sommes trop souvent laissés entraîner dans le commentaire de nous-mêmes. Trop souvent les micros et les caméras qui nous ont été tendus ont d’abord servi à notre propre dénigrement. Nous avons mieux à faire. Nous devons croire à une gauche qui marque des points. Le simple fait d’éclairer l’opinion sur les aspects les plus sombres de la politique sarkozyste constitue une victoire politique. Le paquet fiscal est devenu le boulet du gouvernement. Le plan de relance est perçu par tous comme insuffisant. Les atteintes aux libertés publiques commencent à être connues. Nous devons aller encore plus loin. Nous donnons rendez-vous aux Français le 30 avril. Ce jour-là seront débattues trois propositions de loi symboliques de ce que nous ferions au pouvoir : justice fiscale, équité salariale, suppression de tout délit de solidarité. Le 30 avril, veille du 1er mai, nous rappellerons avec force que pour ceux qui n’ont pas d’autre pouvoir que celui des urnes, l’espérance se lève toujours à gauche.

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Actualités ■ EN BREF Le

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cHiFFre

Une promesse de plus revue à la baisse. Le gouvernement a annoncé en grande pompe la création de 100 000 places de crèches d’ici à 2012,oubliant l’objectif de 400 000 gardes supplémentaires sur cinq ans évoqué en 2007, ou encore le chiffre de 200 000 promis en janvier dernier. Les socialistes crient à la « sous-enchère », quand les organisations familiales évaluent les besoins d’accueil des moins de 3 ans à au moins 350 000 places.

Viticulture

Outre-mer

Rouge dans le blanc, tout fout le camp

États généraux : répondre à l’urgence

e ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, fait mine de se révolter contre le principe du coupage entre vins blancs et rouges pour produire un prétendu « rosé ». Pourtant, lors d’un vote intervenu le 27 janvier à Bruxelles, le gouvernement français ne s’est pas opposé au projet de réglemen-

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es états généraux de l'outremer, censés mettre à plat tous les problèmes de ces territoires, ont débuté le 14 avril en Guadeloupe. Suivront la Martinique, la Guyane, La Réunion et la métropole. Les socialistes, présents, ont « entendu le président de la République évoquer des questions statutaires, elles sont totalement légitimes. Mais il ne faut pas que ce débat occulte la réalité de l'urgence sociale. Pas de diversion », prévient Christian Paul, co-responsable du secrétariat à l’Outre-mer du PS.

Élections tation européenne autorisant le « coupage ». En rejetant la faute sur l’Europe, la droite cherche à protéger ses intérêts avant les élections européennes de juin prochain. Mais cet écart entre les discours et les actes « met gravement en danger la réputation de la France et la sincérité du discours politique, renvoyé au rang de quantité négligeable », souligne le PS. L’HEBDO DES SOCIALISTES I 18 AVRIL 2009

Redécoupage = tripatouillage

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circonscriptions législatives doivent être supprimées dans le redécoupage électoral français, orchestré par l’UMP Alain Marleix. Si les socialistes ne s’opposent pas à une meilleure prise en compte de la répartition de la population sur le territoire, les révélations du quotidien Le Monde,

du 11 mars, confirment leurs craintes d’instrumentalisation politicienne. « Sur 33 suppressions prévues, 23 circonscriptions sont détenues par la gauche et 10 par la droite et sur ces 33 créations, 9 sont en faveur de la gauche et 24 en faveur de la droite. Cela représente une différence de 28 circonscriptions en faveur de la droite. Le déséquilibre est manifeste », a déclaré Martine Aubry, le 14 avril, dans une conférence de presse. Pour Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, « le document dont nous avons pris connaissance est à des annéeslumière de la démocratie exemplaire que prétendait promouvoir le président de la République ».

Environnement

L’État refroidit hantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie, a confirmé le 8 avril la création d’un régime d’autorisation simplifiée, intermédiaire entre le régime d’autorisation et le régime de déclaration, pour les installations classées potentiellement dangereuses. Pour le PS, « ce régime intermédiaire, voulu pour le gouvernement au nom de la relance, est un retour en arrière scandaleux et inadmissible, qui autorise tous les excès en supprimant tous les contrôles ». Et très loin des engagements du Grenelle de l’environnement.

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EN IMAGE ■ Actualités

L’imaGe De La

semaine

Solidaires et prisonniers volontaires « Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit! » C'est derrière ce mot d'ordre que des milliers de manifestants se sont mobilisés, le 8 avril. Ils se sont symboliquement constitués prisonniers dans de nombreuses villes de France, pour réclamer une révision de l’article de loi qui punit toute personne ayant facilité « l'entrée, la circulation ou le séjour d'un étranger en France ». Un flou juridique dont les bénévoles d’associations d’aide aux étrangers ont encore récemment fait les frais. Le même jour, la proposition de loi socialiste « Welcome » - du nom du film de Philippe Lioret qui aborde le sujet - visant à clarifier la loi, a été rejetée par la commission des lois de l'Assemblée nationale.


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Actualités ■ FRANCE

Double peine pour Sarkozy

AFP/ Lionel Bonaventure

Dure semaine pour le Président. Mercredi 8 avril, le Conseil d’État rendait une décision visant à limiter son temps de parole audiovisuel et le lendemain, le projet de loi Hadopi était rejeté à l’Assemblée nationale. Deux camouflets pour le chef de l’État ; deux victoires pour les socialistes.

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Les députés socialistes Christian Paul et Patrick Bloche, le 9 avril 2009, à l'Assemblée nationale après le rejet du projet de loi Hadopi. e devait être une formalité. Jeudi 9 avril, Nicolas Sarkozy fêtait même avec quelques heures d’avance le vote définitif de la loi Création et Internet, dite loi Hadopi. Mais dans l’après-midi, coup de théâtre à l’Assemblée nationale: ce projet de loi qui vise à instaurer la riposte graduée pour sanctionner le téléchargement illégal sur Internet est rejeté par 21 voix contre et 15 pour. Un retournement de situation dû à l’opiniâtreté des députés socialistes. « Nous avons toujours combattu ce texte inutile et inefficace, explique Patrick Bloche, député PS et secrétaire national chargé des médias. Ce projet de loi nous choque parce qu’il oppose stérilement les créateurs aux internautes, les artistes à leur public. » Ainsi la victoire que la droite croyait acquise s’est

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transformée en redoutable camouflet pour le gouvernement et surtout pour Nicolas Sarkozy qui avait fait de ce texte une affaire personnelle. «Il est le mari de qui on sait », rappelle Patrick Bloche. Il lui tenait donc à cœur de prétendre défendre les intérêts des artistes. Prétendre seulement, car cette loi ne rapportera pas un centime aux créateurs.

Aller-retour Une claque donc pour le président de la République.Et même un aller-retour,puisque la veille, le Conseil d’État rendait une décision défavorable au chef de l’État. En 2007, Didier Mathus, député PS de Saône-et-Loire, et François Hollande déposaient un recours devant cette instance pour demander la prise en compte du temps de parole audiovisuel du chef de l’État.

Car contrairement à ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy s’exprime à tout bout de champ et trop souvent,non en tant qu’arbitre, mais comme véritable chef de l’exécutif. «Nous avions d’abord saisi le CSA, lui faisant observer que la loi de 1986 a pour mission de faire respecter le pluralisme, précise Didier Mathus. Fidèle à son manque d’indépendance,le CSA a refusé de statuer. Le Conseil d’État vient de lui donner tort. » Les socialistes savourent cette double victoire. Sans pour autant se reposer sur leurs lauriers. Morte politiquement, la loi Hadopi sera tout de même exhumée et de nouveau soumise au vote des parlementaires. Les socialistes sont bien décidés, si besoin, à saisir le Conseil constitutionnel pour enterrer définitivement le projet. Quant au temps de parole présidentiel, le CSA devrait lancer une réflexion après les élections européennes. « Nous allons exercer une pression maximum pour que le CSA applique la décision du Conseil d’État, avertit Didier Mathus. Difficile d’imaginer qu’il n’obéisse pas à la plus haute juridiction administrative ». Sauf qu’avec Nicolas Sarkozy, tout est possible. Elisabeth Philippe


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CE LA FRAN E EN CRIS

Celanese : fermeture acide

PARDIES

Les 354 salariés du site de Pardies (Pyrénées-Atlantiques) de la société chimique américaine Celanese ont appris, le 23 mars, la fermeture prochaine de leur usine. Elle dégage pourtant des bénéfices. Soutenus par les élus locaux, les salariés ne baissent pas les bras et espèrent encore une reprise par un autre industriel.

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tate de vinyle monomère. 354 emplois sont sur la sellette. Aux côtés d’Éric ce jour-là, dans le local du comité d’entreprise (CE) où transats en plastique et matelas gonflables ont été installés, David Habib, maire de Mourenx, et Martine Lignières-Cassou, maire de Pau. Les deux députés socialistes des PyrénéesAtlantiques sont accompagnés d’Yves Salanave-Péhé, maire de la ville voisine de Monein. « Nous avons voulu participer à une démarche collective et répondre à une demande des salariés, explique Martine

Lignières-Cassou. Je suis un maillon de cette chaîne de solidarité, ni plus, ni moins. » L’action est symbolique, mais le but affiché – attirer l’opinion sur le cas Celanese – semble atteint à en juger par le nombre de médias, locaux et nationaux, qui se sont déplacés.

Incompréhension générale

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« Il y a une leçon Celanese, considère Alain Masse, délégué CGT. Ce n’est plus parce qu’on travaille dans une entreprise qui fait des bénéfices, que l’on doit se croire à

Les salariés en assemblée générale à l'annonce de leur licenciement le 23 mars 2009.

Alain Guilhot/Fédéphoto

ric Radiguet, quinze ans de maison, la cinquantaine, a pris son tour à 8 heures en ce lundi de Pâques. Cet ouvrier qui fait les trois-huit à la fabrication n’est pas là pour travailler. Il est venu jeûner. 24heures. Les salariés de l’usine Celanese de Pardies (PyrénéesAtlantiques) se relaient depuis le 28 mars pour une grève de la faim « tournante ». Le couperet est tombé cinq jours plus tôt: la direction du groupe chimique américain, basé à Dallas, a alors annoncé la fermeture, d’ici trois à sept mois, du site qui produit de l’acide acétique et de l’acé-


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Actualités ■ FRANCE l’abri. » Aucun élément n’aurait pu faire penser en 2008 à un tel dénouement. Chaque salarié a même reçu une participation aux bénéfices de 5 500 euros en 2008 et de 2 500 euros en début d’année. Sans parler de l’intéressement annuel de près de 2 200 euros distribué au titre de l’année 2008. « On voyait des fermetures d’usines à la télé, mais je pensais que nous étions à l’abri. Ce qui nous arrive, c’est une incompréhension générale », lâche Mickaël Chamorro, 35 ans, depuis dix ans au service des ressources humaines. Le coup est d’autant plus dur que sa femme, qui travaillait dans un bureau d’études à Pau, vient d’être licenciée en février. « Maintenant, c’est la rentabilité qui prévaut sur la ressource humaine », se désole-t-il. « La décision est vraiment injuste, dénonce le syndicaliste Alain Masse. Ce n’est pas qu’on perde de l’argent, mais on en gagne un peu moins qu’avant. On nous sacrifie parce que l’on veut

Alain Guilhot/Fédéphoto

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Deux députés du parti socialiste des Pyrénées-Atlantiques, David Habib et Martine Lignières-Cassou ont pris part lundi 13 avril à une grève de la faim avec les salariés de l'usine. De gauche à droite : Alain Masse le secrétaire du comité d'entreprise (CGT), David Habib, Yves Salanave-Péhé maire de Monein DVGAUCHE (greviste de la faim avec les 2 deputés) et Martine Lignières-Cassou. maintenir les mêmes rendements en période de crise. » Une décision révoltante. Surtout que la direction avait annoncé au moment du krach boursier que « le groupe avait assez de cash

L'usine Acetex Chimie située à Pardies dans les PyrénéesAtlantiques fait partie du Groupe Celanese depuis 2005. L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 18 AVRIL 2009

pour traverser la crise malgré la baisse de la demande ». En 2007, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à 6,4 milliards de dollars. « Dans leur esprit, crise ou pas crise, nous étions condamnés, poursuit Alain Masse. Leur but, c’est de tuer la concurrence en Europe et de l’approvisionner désormais grâce à la nouvelle usine inaugurée en 2008 en Chine. » Écœurement. Le mot revient sur toutes les lèvres : les salariés sont atterrés de voir qu’un outil de travail performant avec un personnel qualifié va être ainsi supprimé, sans raison économique objective.


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Alain Guilhot/Fédéphoto

CE LA FRAN E IS R EN C

Bras de fer juridique David Habib, qui est aussi à la tête de la Communauté de communes de Lacq (CCL), se bat pour venir en aide aux salariés de ce site, construit par Aquitaine Chimie au début des années 60. Son objectif : trouver un repreneur. Le site de Pardies est la seule usine en Europe qui produit de l’acide acétique, un produit utilisé pour le vinaigre, dans le textile, l’industrie du bâtiment ou même la fabrication de chewing-gums. 90 % de la production est consommée en Europe. Une situation de quasi monopole européen. « C’est pour cela qu’il y a cinq ans, Celanese n’a pu racheter le site

au groupe canadien Wade qu’au terme d’une procédure devant la Commission européenne qui a vérifié la pertinence du projet économique et social, rappelle David Habib. Le groupe américain avait pris des engagements sur le maintien de l’emploi et le libre accès à la production d’acide acétique pour les industriels européens. Celanese a acheté un droit d’exploitation, pas un droit de vie et de mort sur l’usine. » Aujourd’hui, la CCL compte porter plainte contre la Commission européenne qui n’a pas fait assez preuve de « vigilance » il y a cinq ans. Quant à Kader Arif, le candidat PS aux européennes pour

le Sud-Ouest, il PARDIES a interpellé la Commission Barroso sur le sujet. Pour David Habib, «un bras de fer juridique s’engage. Il faut contraindre Celanese à discuter avec d’éventuels repreneurs même si rien dans la loi ne l’oblige à vendre et même à dépolluer le site. » Le député a rencontré, avec le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, un cabinet d’avocats représentant un éventuel repreneur : « Nous avons décidé de rendre public les pistes de reprise pour faire pression sur le gouvernement. » ■ D’autant que la fermeture du 9 site entraînerait une réaction en chaîne. Les usines Yara et Air Liquide (160 emplois) de la même plateforme chimique de Pardies sont menacées, sans parler des 43 sous-traitants et du port de Bayonne (les exportations de Celanese représentent 10 % de son activité). Ce sont en tout 1 500 à 2 000 familles qui sont concernées. « C’est une catastrophe pour le bassin de Lacq, lâche Christian Campagne, 53 ans, employé de Celanese. Mais même si nous restons très prudents sur un espoir de reprise, nous ne nous disons pas vaincus. » Tous promettent d’aller jusqu’au bout du combat quitte à se radicaliser.«Le tout,c’est de mourir debout. On ne veut pas avoir des regrets, résume Éric Radiguet, le «jeûneur» du jour. On fera tout ce qu’on pourra pour sauver notre usine. » Mona Buckmaster


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Actualités ■ FRANCE

Coup de jeune pour la relance

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l y a urgence. Alors, les socialistes se mobilisent sans attendre pour la jeunesse, première victime de la crise. Sans attendre, notamment les décisions issues de la commission présidée par Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et la jeunesse, ouverte le 9 mars dernier. Alors que le Président n’avait annoncé aucune mesure à destination des jeunes dans son plan de relance, la commission Hirsch apparaît à beaucoup d’égards comme un alibi. À ce qui semble donc relever de l’effet d’annonce, le PS oppose un plan concret pour répondre à une situation de plus en plus alarmante. Le chômage des jeunes a augmenté deux fois plus vite que celui du reste de la population active dans les six derniers mois. Déjà, fin 2008, il avait progressé de 24% en un an pour atteindre 19,7% des 16-25 ans. « La crise aggrave L’HEBDO DES SOCIALISTES I 18 AVRIL 2009

un phénomène de déclassement des jeunes par rapport à leurs parents, explique Antoine Détourné, président du MJS. Les 15-29 ans ont beau être la génération la plus diplômée, 50% de ceux qui ont fait des études occupent un emploi sous-qualifié par rapport à leurs compétences ».

■ Les emplois-jeunes Alors, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Entre 150 000 et 250 000 jeunes devraient se retrouver sur le marché de l’emploi d’ici l’été. Les socialistes appellent donc en premier lieu à la création de 100 000 à 150 000 emploisjeunes. « Quand il y a urgence, la puissance publique est évidemment mieux armée pour répondre. Tabler uniquement, pour l’embauche des jeunes, sur le secteur marchand, dans les circonstances actuelles, est la plus sûre garantie d’échec, estime Marisol Touraine, députée socialiste, siégeant à la commission Hirsch. Le dispositif des emplois-jeunes a d’ailleurs prouvé son efficacité. 87% des jeunes en ayant bénéficié en 1997 sont restés durablement dans l’emploi. »

■ L’insertion-formation Ils proposent ensuite la mise en place de 50 000 contrats aidés : « les contrats d’insertion-formation ». Il s’agit de prendre en compte les jeunes

sans formation, générale ou professionnelle, et très éloignés du marché de l’emploi. Et de leur proposer, au-delà de l’emploi et d’une rémunération qui stabilise leur situation financière, une formation. La droite accuse le PS de favoriser l’assistanat alors qu’il répond par le volontarisme : « L’entrée dans un cycle de formation serait une condition nécessaire à l’obtention d’un tel contrat, sans que l’activité professionnelle et la formation ne se fassent nécessairement dans le même secteur d’activité, à la différence de l’apprentissage ». Et le financement serait mixte : le contrat aidé assumé par l’Etat, la partie formation par les régions responsables en la matière.

■ L’école de la deuxième chance Les socialistes n’oublient pas non plus les jeunes laissés en marge du système scolaire. Pour eux, le PS imagine la création d’une « allocation-formation Rebond ». « C’est un processus de non décrochage », souligne Marisol Touraine, la mise en place de formations relais permettant aux jeunes de rebondir immédiatement ». « Une école de la 2e chance » qui se doublerait d’une aide financière. « Nous proposons de coupler le dispositif au versement d’une allocation significative, sous le régime de la formation profes-

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Les jeunes sont les premières victimes de la crise. Pourtant le gouvernement n’a proposé aucune mesure spécifique dans son plan de relance de décembre. Et confié tardivement à Martin Hirsch le soin de réfléchir à des pistes pour améliorer la situation de la jeunesse française. Les socialistes ont, eux, déjà élaboré leur propre plan.


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demnisation à hauteur de 80% du dernier salaire lorsque l’entrée dans le système d’indemnisation est consécutive à la fin d’un CDD ou d’une mission d’intérim ».

BORIS HORVAT /AFP

■ 4 milliards : des moyens à la hauteur des ambitions

sionnelle, permettant au jeune de reprendre pied », précise le PS.

■ L’indemnisation chômage Enfin, pour prendre en considération l’ensemble de la jeunesse, le Parti socialiste demande l’aménagement de l’indemnisation chômage. Les

jeunes sont les plus touchés par la crise économique car ils occupent souvent des emplois précaires, en intérim ou en CDD. Ils sont donc les premières variables d’ajustement et ne sont indemnisés que sur une durée restreinte. Dans les 24 prochains mois, le PS souhaite donc « la prolongation automatique de 6 mois d’in-

Ce dispositif d’urgence en faveur des jeunes a bien sûr un coût. Mais il est possible de dégager rapidement les fonds nécessaires à sa mise en œuvre. La défiscalisation des heures supplémentaires coûte aujourd’hui à l’État 4 milliards d’euros, une somme qui suffirait à appliquer les quatre mesures proposées par les socialistes. Car dans leur démarche, ils tiennent aussi à dénoncer une politique qui depuis deux ans empêche toute perspective d’embellie chez la jeunesse française. « Nous dénonçons une forme d’imposture. Faciliter les heures supplémentaires a finalement favorisé les insiders au détriment des outsiders que sont les jeunes. Le cumul emploiretraite a également pesé sur les jeunes », argumente Antoine Détourné.Il s’agit enfin une démarche de précaution. Les socialistes préviennent : « Nous récusons d’emblée tout dispositif qui aurait pour conséquence d’institutionnaliser la précarité des jeunes : la droite nous a habitués à ce type de démarche avec le CIP en 1994 ou le CPE en 2006 ». Jamais deux sans trois ? Fanny Costes

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Actualités ■ ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Chaquesemaine,l’hebdofait lepoint sur les

Sud-Ouest : La crise a Touchée durement par la tempête Klaus, victime de la crise économique, l’Eurorégion Sud-Ouest n’est pas épargnée. Les défis sont nombreux et pour y répondre, les socialistes mettent la politique industrielle, le service public et l’environnement au cœur de leur campagne pour les élections européennes. Retour sur ces trois enjeux.

Sony à Pontonx, 311 salariés sur le carreau. Molex, fabricant de connecteurs pour automobiles, à Villemur-surTarn, 280 employés. Le SudOuest n’est pas épargné par la crise. « Il y a un manque flagrant de politique industrielle, affirme Renaud Lagrave, en 5ème position sur la liste socialiste menée par Kader Arif. Va-t-on défendre notre industrie ou regarder passer les trains ? » Le premier secrétaire fédéral des Landes pense aussi aux délocalisations. « Sony a décidé de fermer à Pontonx, explique Bernard Subsol, maire de la ville. L’usine fabriquait des bandes pour les cassettes VHS. J’admets que cette technologie est dépassée, mais en L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 18 AVRIL 2009

même temps, on apprend que Sony ouvre une nouvelle usine en Slovaquie pour fabriquer des écrans plats. Je ne comprends pas cette concurrence intra-européenne. » Aujourd’hui, les usines font aussi leurs cartons pour s’installer dans les pays voisins, membres de l’Union européenne. « Il faut créer des normes pour protéger notre modèle social, détaille Renaud Lagrave. Laisser faire les pays à faible coût de main d’œuvre et aux faibles salaires, c’est leur laisser des armes pour nous piquer nos industries. Mieux vaut chercher une harmonisation sociale et fiscale par le haut. » Le but est que les 27 États membres puissent parler d’une même voix sur le salaire minimum, la protection sociale, sur la retraite et l’éducation. « C’est ce qu’on a déjà réussi avec la taxe professionnelle unique pour les communautés d’agglomérations, reprend Renaud Lagrave. Une harmonisation fiscale a été trouvée sur un territoire pour que les communes entre elles ne se piquent pas leur industrie. Repensons ce modèle en fai-

sant en sorte que les entreprises trouvent en Europe les mêmes conditions d’installation. »

• Défendre le service public de proximité Du 23 au 25 janvier 2009, Klaus a ravagé le pays des Landes, le nord de l’Espagne et une partie de l’Italie. Cette tempête a été considérée comme la plus violente depuis 1999. Dans certains villages, pour combler les déficiences du service public, des employés à la retraite ont remis leur bleu d’électricien. Les habitants se souviennent qu’en 1999, les équipes d’EDF avaient déboulé dès le lendemain, mais en dix ans, « le service public a été détricoté, explique Renaud

AFP/Patrick Bernard

AFP/Rémy Gabalda

• Sony, Molex : Sauver l’industrie


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sur lesgrandsenjeuxdesEurorégions

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AFP/Patrick Bernard

e après la tempête Lagrave. Il faut arrêter le plan social de l’État. Au moment de la tempête Klaus, certains ont dû attendre plus de quatre jours pour voir arriver un dépanneur ». En 1999, pour la collectivité de Rion (Landes), on comptait 70 agents équipés de poteaux, d'armements, de câbles et de groupes électrogènes. En 2009, il reste une cellule commerciale de cinq personnes… « La suppression de centres EDF de proximité, la perte du savoir-faire, notamment dans l’encadrement à EDF comme à France Télécom ont handicapé l’efficacité des interventions », reconnaît la CGT landaise. « À force de délocaliser, d’enlever pour rentabiliser, on se retrouve avec des employés sur le terrain qui ne connaissent plus le réseau, analyse Renaud Lagrave. L’enjeu se situe au niveau de la directive service public. » Les services aujourd’hui représentent 70 % de l’emploi et de la valeur ajoutée en Europe, mais ne représentent que 20 % dans les échanges entre les États membres de l’Union. Un service public peut difficilement être délocalisé… Alors, pour ne pas voir réapparaître la directive Bolkenstein, « nous demandons la nonouverture à la concurrence des services publics et l’intégration de l’eau dans le service public», conclut Renaud Lagrave.

• Protéger la forêt et le littoral Par deux fois, en 2000 et en 2002, le grand Ouest a connu le désastre de la marée noire avec l’Erika puis le Prestige. Pour le Prestige,25 000 tonnes de déchets mazoutés ont été récupérés en France. « Il faut que nous parvenions à mieux protéger notre littoral contre les marées noires, explique Renaud Lagrave, pour cela il faut créer les conditions dans lesquelles les pollueurs seront enfin les payeurs. » Un trouble règne autour du comportement des autorités espagnoles dans l’affaire du Prestige : « Il faut qu’au niveau européen nous nous entendions pour que les bateaux poubelles ne circulent plus sur nos mers. » Les dégâts de la tempête Klaus sont une autre outrance écologique. « La tempête du 24 janvier représente entre 30 et 40 ans d'investissements de

boisement et d'entretien de la forêt réduits à néant, explique Jean, exploitant. Soit les dix prochaines années à passer sans obtenir de revenus. Depuis ce 24 janvier, nous n'avons plus de ressources financières pour entretenir le reste des parcelles intactes. » Les sylviculteurs se tournent donc vers l’Europe pour obtenir des aides. « La forêt landaise était un vrai poumon pour la région, commente Renaud Lagrave. Sans aide aujourd’hui, les exploitants ne pourront pas reboiser. Nous serons dans une impasse écologique si nous ne replantons pas. C’est une question d’aménagement du territoire mais pas seulement. Qu’adviendra-t-il alors de nos entreprises papetières et de la filière bois ? Des investissements sont donc à réaliser pour sauver la forêt européenne. » Stéphanie Platat

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« L’homme et son environnement au cœur de notre ambition » Pendant trois jours, Kader Arif et ses colistiers, ont traversé tout le sud-Ouest pour lancer la campagne des européennes. Ce parcours en plus de 15 étapes, leur a permis de rencontrer élus, vignerons, pêcheurs, associatifs et, surtout, de nombreux salariés dont l'emploi est menacé par la crise. Retour avec Kader Arif sur les grands enjeux de cette campagne.

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La liste de la région Sud-Ouest Kader Arif Françoise Castex Eric Andrieu Frédérique Espagnac Renaud Lagrave Béatrice Patrie Michel Teychenne Monique Collange Sébastien Denaja Nathalie Mannet-Carbonnier Kamel Chibli Gisèle Verniol Nicolas Cadene Brigitte Nabet Michel Durrieu Geneviève Tapié Pierre Pantanella Dominique SardeingRodriguez Philippe Pugnet Sophie Pantel

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Comment démarrez-vous cette campagne ? Avec une idée simple : celle de montrer que notre liste est une équipe soudée par une histoire, des valeurs et une situation géographique communes. Nous voulons montrer notre proximité avec les militants, mais aussi avec les sympathisants. Grâce à cette dynamique, nous créons une cohésion. Le 7 avril dernier, nous avons débuté le tour de notre grande région. Trois jours à bord de notre « caravane », de la Gironde à l’Hérault, pour discuter des priorités sociales et économiques. Un parcours nécessaire pour montrer notre détermination à changer l’Europe. Quels sont les grands axes que vous souhaitez développer ? L’Europe d’aujourd’hui est en panne de sens et d’engagement, à la différence de celle portée par François Mitterrand ou par Jacques Delors. Alors que la crise est là, nous devons persévérer et continuer à promouvoir une conception de l’Europe comme un véritable

espace démocratique, pour les citoyens d’abord. Pour cela, nous défendons notamment les services publics à l’échelle européenne ainsi qu’un salaire minimum européen,mais aussi une Europe de la recherche,une Europe qui sait créer des emplois dans le domaine environnemental. Un espace qui sait mettre l’homme et son environnement au cœur de son ambition, basée sur trois piliers : l’internationalisme, le changement et l’espoir. Vous êtes tête de liste dans une région qui compte beaucoup de têtes d’affiche… Je fais une campagne socialiste, je ne regarde pas dans le rétroviseur. Mes seuls adversaires réels, ce sont les droites et l’extrême droite. Pour le reste, ce sera projet contre projet. Pour bâtir une Europe sociale forte, seul le groupe socialiste pourra réellement faire avancer les choses. C’est ce que nous nous martèlerons lors de cette campagne, avec beaucoup de transPropos recueillis par parence. Ariane Vincent


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ÉLECTIONS EUROPÉENNES ■ Actualités

OUTILS DE CAMPAGNE Slogan, affiches, tracts… Le détail du matériel de communication La campagne des Européennes se déroulera en trois temps, à partir d’un slogan : « CHANGEONS MAINTENANT » et un double caractère : la sanction du duo SarkozyBarroso et, dans le même temps, la mise en perspective de l’Europe que nous voulons. Jusqu’au 1er mai, c’est la pétition pour l’abrogation du paquet fiscal qui sera au cœur de la campagne, avec en point d’orgue la publication des signatures la veille des manifestations du 1er mai. Parallèlement, sur des thématiques européennes, une affiche tirée à 300 000 exemplaires est d’ores est déjà arrivée dans les fédérations, ainsi qu’un document de quatre pages « régional » (5,3 millions d’exemplaires). Au mois de mai, huit grandes réunions nationales seront organisées dans chaque Eurorégion. Auxquelles s’ajouteront de très nombreuses réunions de proximité. Un matériel spécifique (affiche et tracts) sera à nouveau réalisé. Dans la troisième phase, du 28 mai au 7 juin, les énergies seront mobilisées dans le sens de l’appel au vote. Bonne campagne !

Affiche, tract et le site internet.

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Actualités ■ INTERNATIONAL

« Une convergence réelle entre démocrates américains et sociaux-démocrates européens » Président sortant du Parti démocrate, Howard Dean est considéré comme un des architectes de la victoire de Barack Obama. Lors de sa venue à Paris, le 4 avril dernier, il s’est entretenu avec Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova, sur les rapports entre le Parti démocrate et les socialistes européens. Interview.

Olivier Ferrand : Comment l'expérience des primaires américaines peut-elle inspirer le Parti socialiste français ? Howard Dean : Le fait que les socialistes aient engagé un débat sur les primaires est une première étape. Le principal enjeu est de mobiliser plus d'électeurs dès le départ afin qu'ils soient présents le jour J. Cependant, le modèle américain n'est pas nécessairement le mieux adapté pour la France et c'est aux socialistes français de déterminer quel est le type d'élections primaires qui convient. O.-F. : Quels sont les liens entre démocrates américains et sociaux-démocrates européens ? H.-D. : Il existe une convergence réelle. La perception des États-Unis par les Européens ces huit dernières années a été L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 18 AVRIL 2009

largement déterminée par ce que George Bush disait. Il faut aller au-delà de cette apparence car des évolutions très positives ont eu lieu pendant cette période. Pour exemple, lorsque George Bush est arrivé à la Maison Blanche, l'égalité de droits pour les gays et les lesbiennes n'existait que dans un seul État et lorsque son mandat s'est terminé, cette égalité concernait dix États. Malgré l'apparence d'une société de plus en plus conservatrice, les jeunes Américains ont donc fait évoluer les valeurs politiques vers le centre-gauche. En parallèle, les grands partis politiques européens de gauche ont également évolué massivement vers une ligne sociale-démocrate. De plus, on peut constater une réconciliation entre capitalisme et socialisme dans la mesure où tout le monde a compris que le capitalisme fait partie de la nature humaine. Toutefois, aux États-Unis comme en Europe, les gens ont compris que le sens de la collectivité est primordial. La question n'est donc pas de

choisir entre les deux, mais de savoir comment on peut les conjuguer. O.-F. : Comment construire une plateforme intellectuelle progressiste durable ? H.-D. :Il est nécessaire d'instaurer une relation durable. Une des suggestions est que les membres du Congrès rendent visite régulièrement aux membres des parlements européens. Les Américains n'ont pas encore compris que les Européens sont désormais à l'origine de la plupart des régulations du commerce mondial car les États-Unis n’ont eu aucun dialogue sérieux avec les autres pays pendant les huit dernières années. Les Américains doivent parler avec les Européens, ne serait-ce que parce que le marché européen est 60 % plus important que le marché américain. Il faut donc que les relations entre intellectuels et politiciens se pérennisent, mais il est également indispensable de créer un contexte politique formel de discussion entre les politiques et ceux qui font les régulations.


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« L’Algérie peut s’embraser du jour au lendemain » Sans surprise, les résultats sont tombés le 10 avril. Le chef de l’État sortant, Abdelaziz Bouteflika, a décroché un troisième mandat présidentiel. Chercheur et directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Didier Billion revient sur cette élection et sur ses conséquences pour l’Algérie. Le président Bouteflika vient d’être réélu avec 90 % des voix. Le Front des Forces Socialistes (FFS) dénonce une fraude massive... On ne peut pas dire que le résultat de l’élection soit une surprise ! La seule inconnue portait sur le taux de participation. Tous les témoignages recueillis au préalable montraient que la population n’était pas mobilisée par l’élection. D’autre part, plusieurs partis d’opposition ont appelé au boycott du scrutin. Dans ces conditions, le taux de participation de 74,5 % annoncé ne leurre personne. Que traduit une telle fraude au niveau politique ? Cela pose un problème de légitimité, comme en Tunisie et dans divers pays avec lesquels la France entretient les meilleures relations du monde. C’est aussi la traduction d’une coupure de plus en plus marquée entre le pouvoir et le peuple algérien. La situation est aggravée par l’absence de corps intermédiaires. Sans ces soupapes de sécurité, la société peut s’embraser du jour au len-

demain. L’opposition n’a pas réussi à proposer une alternative dans ce contexte. D’un côté, le FFS reste faible en dehors de ses bastions traditionnels, comme la Kabylie. De l’autre, si l’islam politique a bien été en partie intégré au système politique, ce processus est fragilisé par l’absence même d’alternative. Quelles sont les perspectives de développement de l’Algérie ? L’Algérie n’est pas un pays pauvre. Le pays a remboursé sa dette extérieure grâce aux revenus du pétrole, mais la captation de cette rente par une minorité hypothèque tout développement industriel. Cela contraste avec les politiques de redistribution de la manne pétrolière mises en œuvre au Venezuela ou en Bolivie.

Quel est le résultat de la politique de grands travaux ? Bouteflika a mis en place une politique de construction de routes, de ponts, de logements, etc. Cela est utile, bien sûr, mais sert surtout de vitrine à l’égard de l’étranger sans répondre aux préoccupations principales de la population. Beaucoup de villages souhaiteraient, par exemple, être raccordés à des réseaux de distribution d’eau et d’électricité. En outre, toute une génération de diplômés algériens continue de souffrir du chômage. Cette absence de perspectives pourrait se révéler très déstabilisatrice, dans un pays où près de 70 % des habitants a moins de 30 ans.

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Propos recueillis par Olivier Vilain

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Territoires ■ FACE À LA CRISE

Les élus travaillent pour l’emploi Face au ralentissement de l’économie, qui se répercute durement sur les entreprises et les ménages, les élus socialistes multiplient les initiatives pour amortir le choc et engager des politiques audacieuses. Exemples à l’appui… ecteur automobile, bâtiment, travaux publics… Aucun secteur ou presque n’échappe à la crise. Au point que les élus se voient contraints d’actionner les leviers dont ils disposent pour combattre les effets de la récession et promouvoir des actions volontaristes. Au regard de l’emploi, les enjeux sont majeurs : l’investissement local représente ainsi le maintien direct ou indirect de 850 000 postes répartis entre la construction, les services et l’industrie. Sans compter que 300 000 acteurs du BTP dépendent, peu ou prou, de leur capacité d’intervention.

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Forte de ce constat, Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, a réuni fin janvier une conférence sociale régionale pour l’emploi, en présence de représentants de l’État, d’élus, de salariés et d’organisations syndicales.

Volontarisme Cette conférence a démarré

Rennes injecte de la maille dans son tissu économique 2 millions de plus alloués à la section « investissement » dans le cadre du budget 2009. La ville de Rennes assume pleinement sa volonté de soutenir au plus près le tissu économique local. Prévus initialement à hauteur de 74 millions lors du débat d’orientation budgétaire, en janvier, ce sont finalement 86 millions d’euros qui seront ainsi injectés par la collectivité. Des deniers supplémentaires qui ne seront pas de trop pour donner un sérieux coup d’accélérateur à des opérations sociales, sportives, culturelles ou éducatives menées dans les quartiers - nouveaux équipements, réhabilitation-rénovation… -, en complément de chantiers d’envergure en cours d’élaboration. En investissant ainsi massivement, Daniel Delaveau et son équipe affirment leur volonté de soutenir, coûte que coûte, les entreB.T. prises de proximité et l’emploi.

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par la mise en œuvre, en 2009, d’un plan régional visant à soutenir l’investissement, dégager des moyens de financement nouveaux pour les entreprises, agir pour l’emploi et la formation et venir en aide aux salariés et licenciés. Avec l’ambition de pérenniser la sécurité financière des établissements les plus fragiles et de soutenir, au plus près, les organismes créateurs d’emplois. Plusieurs mesures ont été engagées à cet effet : soutien à l’activité, avec 83 millions d’euros d’investissements régionaux et 50 millions affectés au financement des entreprises, création de 4 700 stages de formation et de 300 postes, aide à la mise en place de véhicules à un euro par jour, en direction des employés et des stagiaires issus de la formation professionnelle, renforcement du dialogue social


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et soutien accordé aux salariés, via les comités d’entreprise des sites en difficulté, coup de pouce aux filières innovantes qui ont pris le parti de doper la croissance verte pour créer des emplois.

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La preuve parl’exemple Rebond pour les Rmistes en Meurthe-et-Moselle

Les municipalités se mobilisent elles aussi activement pour soutenir l’activité. À Tourcoing, Michel-François Delannoy et son équipe ont ainsi créé un forum permanent des solidarités, en mettant autour de la table responsables associatifs, humanitaires et organisations syndicales. Et ce, afin de mettre en perspective les outils existants. Il s’agit surtout de soutenir un pan entier de la population qui se retrouve subitement sur la brèche, en anticipant sur les retombées prévisibles de la crise. De son côté, le Conseil général du territoire de Belfort a créé un Contrat départemental d’accès à l’emploi (CDAE), pour favoriser l’intégration des allocataires du RMI. Initié en 2005, cet outil sert d’interface entre l’économique et le social, avec plusieurs objectifs à la clé : agir sur l’insertion et favoriser le retour à l’emploi durable des acteurs les plus en difficulté, répondre aux offres non satisfaites et former les publics les plus fragiles aux besoins de l’entreprise. De quoi redonner espoir à ceux qui en ont le plus besoin.

Favoriser l’accès à l’emploi des bénéficiaires du RMI, en répondant au mieux à leurs attentes ainsi qu’aux besoins des employeurs, par une approche individualisée des situations. Depuis janvier 2008, Michel Dinet, président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, et ses adjoints ont lancé l’expérimentation, sur trois ans, d’un dispositif unique en son genre, le contrat Tremplin pour travailler en Meurthe-et-Moselle (TTEMM). En concertation avec l’Agence nationale des solidarités actives (ANSA), ce dispositif permet à une personne en phase d’insertion de bénéficier d’un contrat aidé à la carte pour une durée maximale de douze mois - de 26 à 35 heures hebdomadaires -, afin d’élever son niveau de professionnalisation et de qualification sur des postes à caractère marchand (contrat CI-RMA) ou non-marchand (contrat Avenir). Tutorat du salarié dans l’entreprise, formation à la clé, accompagnement dans l’emploi, tels sont les trois piliers du TTEM, signé par l’employeur, le titulaire du RMI et le département. Lequel garantit à l’entreprise une enveloppe de 10 000 e co-financée par la Région, le Fonds social européen (FSE), les organismes paritaires collecteurs agréés et plusieurs autres partenaires locaux. Chaque contrat est bâti « sur-mesure » pour répondre le plus précisément possible aux attentes de l’entreprise et du salarié. À charge, pour la première, de s’engager sur la pérennité de l’emploi, à l’issue de la « phase de consolidation ». Et, pour le Conseil général, d’offrir un parcours digne de ce nom aux personnes en situation d’exclusion durable, en allant même au-delà de ce qui est prévu par la loi.

Bruno Tranchant

Bruno Tranchant

Espoir

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Territoires ■ FACE À LA CRISE

Leurs petites entreprises subissent moins la crise Soutien accru aux entreprises et au secteur automobile, dispositifs d’accompagnement, hébergement… Les collectivités socialistes redoublent d’efforts pour doper l’économie locale et agir de manière volontariste contre la crise.

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l’heure où la crise sévit de toutes parts, les élus doivent redoubler d’efforts pour conjurer le sort et affirmer leur soutien au tissu local. Dotées de l’autonomie que leur confèrent leurs ressources budgétaires, les territoires dont ils ont la charge contribuent efficacement à soutenir l’investissement public dont ils assument 73 % des dépenses.

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Prêts et crédits La Région Haute-Normandie s’emploie ainsi à agir dans le cadre des compétences qui lui sont propres. Conformément aux objectifs fixés dans le cadre de l’action 18 du Schéma régional de développement économique (SRDE) visant à accompagner les entreprises soumises à un plan de relance, un comité de pilotage est chargé de faire un point régulier sur les actions engagées, les perspectives et les outils à développer. Mené par le présiL’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 18 AVRIL 2009

dent de l’exécutif, Alain Le Vern, il a pour rôle de consolider les prêts consentis aux PME et de favoriser l’octroi, par les banques, de crédits pour financer les besoins en fonds de roulement. L’actuelle majorité entend ainsi renforcer son partenariat avec l’établissement public, OSEO, autoriser si besoin les différés de remboursement sur les avances, aménager l’application des programmes d’aides en cours pour les entreprises en difficulté et porter les avances en marchés de travaux de 5 à 15 %.

Expertise En Lorraine, sous l’impulsion de son président Jean-Pierre Masseret, le Conseil régional a lancé le Dispositif lorrain d’accompagnement (DILA) au service des PME-TPE, des associations et des territoires. « Nous

agissons pour que les entreprises et les salariés puissent, à la sortie de la crise, être en capacité de profiter de la reprise, précise l’élu ». L’idée est d’aller à la rencontre des entrepreneurs et identifier leurs besoins en recourant à des expertises : marketing téléphonique et diagnostic, co-animation d’une cellule. 723 entreprises ont déjà fait l’objet d’un « diagnostic flash ». Une équipe recense et analyse leurs besoins pour les orienter et leur proposer des solutions en termes de formation et d’insertion des salariés. 27 % d’entre elles ont fait part de leur intérêt pour le dispositif et sont suivies pour des projets d’investissement. Enfin, le numéro vert de la région recense à ce jour près de 300 appels - demandes d’informations - dont 158 déjà traités. Bruno Tranchant


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FACE À LA CRISE ■ Territoires

L’Oise pas oisive face à la crise

Le plan de soutien économique adopté par le Conseil général de l’Oise, le 23 mars dernier, devrait générer plus d’un milliard d’euros au profit des entreprises et de l’emploi. Avec 227 millions d’euros mobilisés pour l’occasion auxquels doivent s’ajouter 225 millions, à la charge des organismes associés, la majorité conduite par Yves Rome s’attache à soutenir

des projets structurants. 38 millions seront ainsi consacrés, au cours des deux prochains exercices, à la modernisation de la plate-forme aéroportuaire de Beauvais-Tillé, en partenariat avec la SAGEB. À commencer par la réfection complète de la piste, en juin, qui constituera l’un des plus gros chantiers du nord de la France.

abondé le budget 2009 de 12 millions d’euros, il vient de mobiliser 18 millions supplémentaires, avec plusieurs priorités à la clé : création d’un Conseil culturel, élaboration d’un plan de développement pour les ports de pêche sur la période 2007-2013, modernisation des instituts de formation, service public régional de formation à l’étude…

La Région Bretagne double la mise Automobile, bâtiment, travaux publics… Des pans entiers de l’économie bretonne sont touchés par la crise. Pour y faire face, la Région pilotée par JeanYves Le Drian, a mis les bouchées doubles. Après avoir

La filière automobile à la trace Au nom du groupe socialiste de la Haute Assemblée, Jean-Pierre Bel devait déposer une proposition de résolution, à l’initiative de Martial Bourquin, sénateur du Doubs, visant la création d’une commission d’enquête sur les aides et prêts publics destinés à la filière automobile et l’évaluation de leur efficacité industrielle, sociale et environnementale. Suite logique du pacte automobile mis en œuvre par le gouvernement, le 9 février dernier, assorti d’un important volet financier qui mobilise des fonds publics, sous forme de subventions ou de prêts. Or, seul un petit nombre d’équipementiers et de soustraitants, pourtant très durement touchés par la chute de la demande, de la production et la raréfaction du crédit, ont aujourd’hui accès aux fonds qui leur sont destinés. « Un signal fort doit être donné par les parlementaires qui doivent contrôler les conditions d’accès à ces fonds, le niveau, l’efficacité, la destination de ces aides, ainsi que le respect des contreparties associées, afin d’assurer une véritable traçabilité de celles-ci au service d’une meilleure efficacité de la dépense publique », assure Jean-Pierre Bel.

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Les Alpes de Haute-Provence s’investissent 5 millions d’euros. C’est la somme consacrée cette année par le Conseil général des Alpes de Haute-Provence au programme exceptionnel de travaux en direction des routes et des collèges. Cet investissement sans précédent vient s’ajouter au budget exceptionnel, dans cette période de crise, d’un montant de 56,4 millions d’euros adopté à l’unanimité par l’Assemblée départementale, en décembre dernier. Au total, près de 62 millions seront investis ainsi au profit du territoire, en 2009, soit une hausse de 30 % en quatre ans. Bruno Tranchant


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Vie du parti ■ ACTUALITÉS

Le Parti socialiste vient d’engager un important travail de rénovation de l’éducation, autour de dix chantiers appelés à être débattus pour définir le projet que la gauche portera dans les années à venir. Éclairage.

Le PS planche sur l’éducation éformes à l’emportepièce, suppressions de postes, personnels méprisés… Rarement notre système scolaire aura été à ce point maltraité. Le thème est sensible et hautement politique. Dans un tel contexte, Bruno Julliard, secrétaire national en charge de l’Éducation est convaincu de l’urgence d’un débat, en concertation avec le milieu enseignant, les parents d’élèves, les syndicalistes et les citoyens. « L’instrument de promotion sociale est en panne et la confiance n’y est plus. » Il appelle à un service public de l’éducation digne de ce nom, capable de conduire 100 % d’une même génération à une qualification.

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Rénover « De la maternelle à l’université, l’école doit être le creuset du « vivre ensemble » et le lieu de l’émancipation individuelle », estime l’adjoint au maire de Paris. Son souhait : rénover le projet éducatif engagé par le parti, autour de l’école publique. Ce, pour assurer la réussite du plus grand nombre et l’élévation du niveau des connaissances

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afin de préparer les jeunes à la pratique d’une citoyenneté pleine et entière. « Nous lançons un chantier sur le lien entre politiques culturelles et éducation, précise Bruno Julliard. D’autres sur l’environnement éducatif, la place accordée aux parents, aux associations d’éducation populaire, ou bien encore aux politiques mises en œuvre par les municipalités socialistes qui consentent d’importants efforts dans le domaine du périscolaire, notamment ». Ce travail de réflexion s’articulera autour de dix chantiers. De la petite enfance à l’accès aux études supérieures, en passant par le respect du principe de laïcité et les parcours d’orientation, il doit déboucher sur des propositions concrètes. « Je pense à la réforme du collège, aux modalités pédagogiques, aux moyens qu’il faudra déployer pour assurer la formation des enseignants », poursuit l’élu. Récemment, un blog a vu le

jour (1). Ouvert à tous, il s’est fixé pour objectif de nourrir le débat, au même titre que les réunions thématiques et participatives décentralisées.

Nourrir le débat « Nous tenterons ainsi de réunir un maximum de contributions pour qu’au final, sur chacun des chantiers engagés, nous puissions recueillir des propositions de réformes », résume Bruno Julliard. Le tout, en concertation avec les secrétaires nationaux en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la petite enfance et de la culture. « Notre volonté est claire : doter le parti d’un projet global éducatif ambitieux pour le pays. Et je ne doute pas que celui-ci figurera au cœur de nos priorités pour 2012. » (1)http://www.agirpourleducation.fr

Bruno Bruno Tranchant


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ACTUALITÉS ■ Vie du parti

Le 1er mai en ordre de marche Entourée de plusieurs dirigeants du Parti socialiste, Martine Aubry a réuni, le 7 avril dernier, à l’Assemblée nationale, les secrétaires de section franciliens pour les inciter à mobiliser leurs troupes, en perspective des manifestations du 1er mai et des élections européennes, programmées le 7 juin. L’occasion, pour la Première secrétaire, d’inviter ses hôtes à faire montre d’imagination pour organiser des débats localement, partir à la rencontre des électeurs, en les convaincant de voter, créer leurs propres outils de communication et mettre les sections en ordre de bataille. Le PS a non seulement décidé de rallier le mouvement social du 1er mai, mais aussi d’organiser son propre cortège. Histoire de joindre sa colère à celle des manifestants, en faisant valoir ses convictions internationalistes et européennes. B.T.

De gauche à droite : David Assouline, Harlem Désir, Martine Aubry, Jean-Christophe Cambadélis et Estelle Rodes.

Le militantisme socialiste aujourd’hui Les Entretiens de Solferino recevaient, le 8 avril dernier, le jeune sociologue Rémi Lefebvre, professeur à l’université de Reims. Au menu de cette réunion-débat : « les transformations des pratiques militantes au PS ». L’invité est d’abord revenu sur la représentation du militantisme qui domine aujourd’hui : celle d'un militantisme « distancié », post-idéologique, pragmatique, bref individualiste. Devant un public particulièrement attentif, Rémi Lefebvre s’est employé à décrire le militantisme socialiste des deux dernières décennies, en s’appuyant, notamment, sur les études contenues dans l’ouvrage qu’il a publié avec Frédéric Sawicki, La société des socialistes (Éditions du croquant, 2006). Il a mis en évidence un certain nombre de mutations - poids des élus, professionnalisation des cadres du PS, rétraction des réseaux, fin de la multipositionnalité associative et syndicale... - et émis l’hypothèse de l’émergence d’un « militantisme d'assemblée générale ». Enfin, il a analysé la réaction des socialistes par rapport à l’afflux - temporaire - des adhérents à 20 euros, lors de la dernière primaire interne. Le débat qui a suivi a surtout été l’occasion de confronter les points de vue sur les mesures à prendre pour rénover le Parti socialiste : diversification de l’origine sociologique des militants, multiplication du nombre d’adhérents, renforcement de l’influence sociale du parti. Emmanuel Maurel, secrétaire national du PS


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Histoire ■ MOUVEMENTS SOCIAUX

Quand la rue gouverne : aux origines des mouvements s

Qu’appelle-t-on au juste « mouvement social » ? Il s’agit d’une forme d’action concertée ayant pour but la défense de revendications spécifiques, générales,voire catégorielles, au travers de pratiques comme la grève, l’occupation, la manifestation ou la pétition.Les mouvements sociaux constituent, au fond, un des rares espaces d’intervention accessible aux exclus du champ politique, comme les ouvriers, les chômeurs ou les sans-papiers. Ils sont organisés par des organisations syndicales, des associations, des mutuelles ou des coopératives qui structurent la mobilisation collective. Quand ces mouvements sociaux prennent-ils forme pour la première fois ? On peut considérer, avec le sociologue Charles Tilly, qu’ils L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 18 AVRIL 2009

Keystone

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Des premières formes d’actions collectives aux mobilisations contemporaines, les mouvements sociaux sont avant tout le fait de minorités, peu en phase avec les organisations politiques. Un entretien avec Pierre Singaravélou, membre du comité de rédaction de la revue Le Mouvement social, et professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bordeaux 3.

se développent de façon non linéaire à partir du début du XIXe siècle, dans la plupart des pays industrialisés. Les débrayages -en petit nombre-, la destruction des machines et les mobilisations locales cèdent peu à peu la place aux manifestations massives et autres grandes grèves. Le « chartisme anglais », qui représente dans les années 1830-1840 un des principaux prototypes de mobilisation moderne, prend effet

par le biais de pétitions, de grandes grèves et de campagnes publiques. Aux États-Unis, ce sont des associations luttant, par exemple, contre l’esclavage, qui inspirent les mouvements sociaux, avant l’émergence des syndicats salariés. Réprimés, la plupart du temps, par les pouvoirs politiques et économiques, ils s’institutionnalisent progressivement, sous l’effet de la Révolution


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s sociaux

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industrielle, de la « nationalisation » de la vie politique et de la légalisation des organisations ouvrières, avec la loi de 1884, dite Loi WaldeckRousseau. Cette politisation prend tout son sens au XXe siècle, avec les grands mouvements de grève, à l’image des mobilisations de 1936 ou 1968. Quelles sont leurs caractéristiques ? Ils représentent de nouvelles formes de mobilisations conceptualisées dans les années 1980, exprimant l’appartenance collective à un groupe spécifique : minorités ethniques, sexuelles… Ils n’en possèdent pas moins, le plus souvent, une dimension contestataire qui s’inscrit dans la tradition des mouvements sociaux du début du siècle. Plus récemment, de nouveaux mouvements se sont révélés par leur capacité à mener des actions non conventionnelles, afin de perturber « l’ordre social ». Les militants d’« Agir ensemble contre le chômage » (AC !) se sont mis à réquisitionner des produits alimentaires dans les supermarchés, pendant que les acteurs du Droit au logement (DAL) occupent des appartements vides et que les enseignantschercheurs promeuvent la grève active, le freezing et les

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mises en scène parodiques qui enrichissent les répertoires d’actions contestataires. Ces formes d’actions, inventées ou réinventées, s’adaptent au fonctionnement des médias qui incitent les militants à créer des événements spectaculaires. Parallèlement, face à la globalisation économique, de nouvelles formes de mobilisations apparaissent à l’échelle transnationale, via la construction, à partir de la fin des années 1990, d’un Mouvement social européen. Quelles relations les socialistes entretiennent-ils avec ces mouvements sociaux ? Ils n’ont jamais réellement été à l’aise avec les tenants du mouvement social. La SFIO, elle-même, entretenait de faibles liens avec les organisations syndicales. Et ce, même si François Mitterrand a tenté, à l’issue du congrès d’Épinay, de nouer des relations suivies avec leurs chefs de file. Le tournant politique de 1983 a mis un terme à cette tentative de coopération que le Parti a pourtant continué à considérer comme prioritaire. Plus largement, il n’a jamais pu s’appuyer sur les réseaux associatifs ou coopératifs, qui auraient pu accompagner sa transformation en un véritable parti de masse. Et si l’on envisage rétrospectivement l’histoire du PS au XXe siècle, cette absence de liens a sans doute été l’une de ses principales faiblesses. Propos recueillis pas B.T

Bibliographie ■ Olivier Fillieule et Danielle Tartakowsky, La manifestation, Paris, Presses de Sciences Po, 2008 ; ■ Frank Georgi, « Le socialisme, les syndicats et les mouvements sociaux », Recherche socialiste, 31/32, 2005 ; ■ Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam (http://www.iisg.nl/instfr.php) ; ■ Lilian Mathieu, Comment lutter ? Sociologie et mouvements sociaux, Paris, Textuel, 2004 ; ■ Erik Neveu, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La découverte, 2002 ; ■ Michel Pigenet, Patrick Pasture et Jean-Louis Robert (dir.), L’apogée des syndicalismes en Europe occidentale, 1960-1985, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005 ; ■ Revue Le Mouvement social, éditions La découverte (http://mouvement-social. univ-paris1.fr) ; ■ Site d’histoire sociale, maitron.org (http://biosoc.univ-paris1.fr) ; ■ Danièle Tartakowsky, Le pouvoir est dans la rue. Crises politiques et manifestations en France, Paris, Aubier, 2001 ; ■ Charles Tilly, Social Movements (1768-2004), London, Paradigm Publishers, 2004.

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Culture ■ À LIRE, À VOIR

LIV RES Une rage intelligente

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La banlieue, cliché médiatique

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a banlieue sous le feu des projecteurs. Les médias raffolent des reportages dans les quartiers dits sensibles. Sensationnalisme assuré. La caricature aussi. Les journalistes envoyés sur le terrain sont de moins en moins spécialisés, les interlocuteurs pas toujours bien choisis. Résultat, dans les journaux ou à la télé, la banlieue, c’est le lieu de tous les dangers. Et de tous les clichés. Pourquoi cette focalisation qui donne une image négative de ces lieux ? Comment ceux qui sont sur le terrain réagissentils ? La sociologue Julie Sedel livre une enquête honnête qui, sans être misérabiliste, interroge notre système d’information. C.C.

Julie Sedel, Les médias et la banlieue, éditions Le Bord de l’eau, 2009, 247 pages, 18 e. L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 18 AVRIL 2009

ne obsession parcourt les œuvres de Klaus Mann : échapper à la barbarie nazie, s’en désolidariser et la combattre en tant qu’Allemand. Comme Fuite au nord ou Le Tournant, Contre la barbarie ne fait pas exception. Ces articles, notes ou discours sont des textes inspirés. Du portrait du philosophe Karl Jaspers, avec ses souffrances morales, à celui de Richard Strauss, indifférent à tout ce qui n’est pas le sort de sa musique et de sa personne… On comprend aussi bien les raisons de combattre le régime hitlérien que l’extrême difficulté dans laquelle les Allemands ont été de se révolter. Le fils de Thomas Mann était lui aussi un grand écrivain. J.G. Klaus Mann, Contre la barbarie (19251948), traduit de l’allemand par Dominique Laure Miermont et Corinna Gepner, Phébus, 368 pages, 23 e.

Paris contemporain

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imon Texier, à qui on doit un beau livre sur le XIIIe arrondissement, publie une grammaire de l’architecture contemporaine à Paris qui s’adresse aussi bien au spécialiste qu’au grand public. Il décrit et analyse, en une vaste déambulation dans la capitale, les plus belles architectures, publiques ou privées, monumentales ou modestes, des XXe et XXIe siècles. La progression est temporelle, mais à travers chaque époque,des cohérences de quartier sont soulignées. On peut entrer dans cet ouvrage par le nom d’un architecte, par celui d’un immeuble que l’on connaît, on peut aussi faire une recherche géographique. Chaque référence est illustrée par une photo. Et chacun retrouvera les immeubles qui un jour ont attiré son regard, avec des détails sur le contexte de leur création. J.G. Simon Texier, Paris, grammaire de l’architecture, XXe-XXIe siècles, Parigramme, 2007, 300 pages, 29 e.


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FILM Mille et une vies

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ablo Neruda avait intitulé ses mémoires J’avoue que j’ai vécu. Claude Lanzmann aurait pu reprendre ce titre à son compte pour son autobiographie. Il lui a préféré l’énigmatique Le lièvre de Patagonie.Toujours est-il que le réalisateur de Shoah a vécu mille vies en une. Quitte à jouer souvent les trompe-la-mort. Résistant à 17 ans, amant de Simone de Beauvoir à 27, collaborateur des Temps modernes, journaliste, cinéaste… Sa curiosité et son audace l’ont mené presque partout. Jusqu’en Corée du Nord, cet État complètement fermé sur le reste du monde. Le récit de son séjour dans ce pays constitue une description rare de l’absurdité du système totalitaire. Plus qu’un témoin du siècle, Claude Lanzmann en est un acteur infatigable et passionné. À lire absolument. E.P. Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, Gallimard, 557 pages, 25 e.

Chacun cherche son chien

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e film Wendy et Lucy repose sur une trame modeste. Wendy, une très jeune Américaine, part pour l’Alaska à bord de sa voiture agonisante dans l’espoir de trouver un travail de main-d’œuvre dans les usines de saumon. À la suite de nombreuses déconvenues, elle se retrouve coincée dans une ville de l’Oregon,à la recherche de sa seule compagne, sa chienne Lucy qu’elle a fâcheusement perdue. Ce scénario ténu est prétexte à montrer dans cet espace fantôme et désertique, l’éphémère et l’indifférence des rencontres et des rapports humains. Les longs plans esthétiques sur les actions et les gestes du quotidien brossent la solitude sociale de ceux qui peu à peu dérivent à la marge. Un film emblématique du nouveau cinéma indépendant américain. J. P. Wendy and Lucy, film de Kelly Reichardt, avec Michelle Williams, durée 1h20. Sortie : 8 avril.

Histoire d’un massacre

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939 : la Pologne est envahie par les troupes allemandes et soviétiques. Katyn, c’est le nom d’une forêt. C’est aussi devenu un mot qui désigne le massacre de milliers d’officiers polonais exécutés d’une balle dans la nuque. Un charnier découvert par l’armée allemande en 1941. Qui avait commandité ce massacre ? Les Allemands accusèrent les Soviétiques. Les Soviétiques désignèrent les Allemands. La polémique dura jusqu'à ce qu'éclate la vérité : en 1990, Mikhaïl Gorbatchev reconnaît officiellement que ces prisonniers de guerre avaient été fusillés par les troupes russes. Le film de Wajda rétablit cette vérité ave une force poignante. C. C.

Katyn, film réalisé par Andrzej Wajda, 2 h. Sortie : 1er avril.

Pages réalisées par Chloé Costes, Jacques Goulet, Julia Pasquel et Elisabeth Philippe.

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Portrait ■ DELPHINE ROUSSY

Bienvenue chez les Balkany

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’ai adhéré au PS en 2006, mais je me Dernièrement,elle a organisé une réunion suis surtout impliquée durant les publique avec des élus socialistes des municipales de 2008. » Au terme de villes voisines. Une première. La section de ces élections, Delphine Roussy devient Levallois avait fait les choses en grand. secrétaire de section à Levallois-Perret Résultat, une centaine de personnes est (Hauts-de-Seine), sa prédécesvenue débattre. « Objectif atteint ! seure ayant fait son entrée au Ça motive ! » À Levallois, conseil municipal avec trois autres Chez Delphine, le sens du combat j’ai découvert socialistes. Delphine a donc repris est presque inné. « Mes parents le flambeau à 25 ans, au moment sont tous deux militants au sein la droite dure du congrès de Reims. d’organisations d’éducation popuLa section comprend une centaine d’adhérents, laire et mon père a longtemps été l’adjoint d’un plutôt jeunes et motivés. « Lorsqu’on fait une maire socialiste. J’avais toujours vécu dans une action, il y a toujours du monde. On aime se ville socialiste, depuis ma naissance dans le retrouver. Notre engagement est militant, bénéCantal. Ça contraste avec la droite dure que j’ai vole, alors autant faire en sorte que cela soit découverte dans cette partie des Hauts-de-Seine.» agréable entre nous. » D’autant que la ville est Le choc a été rude. Elle s’est installée à Levallois tenue par Patrick Balkany, un proche de Nicolas après avoir réussi ses divers concours pour devenir Sarkozy qui s’emploie à entraver l’émergence de ingénieure en protection des droits de propriété contre-pouvoirs au sein de son fief. « Par décision industrielle. du conseil municipal, nos élus ne sont pas indemDelphine s’est donné comme mission de mettre nisés, si bien que nous devons uniquement nous fin au défaitisme qui s’est traduit par 47% d’absappuyer sur nos cotisations pour nous financer.Or, tention lors des dernières municipales. « Nous pour attirer les chômeurs ou les ouvriers, celles-ci pouvons gagner à condition de mobiliser l’ensemne peuvent pas être très élevées. » Conséquence ble de la gauche.Si nous atteignons le second tour, pratique, la section n’a pas les moyens d’imprimer ce sera une avancée importante. » Les contacts régulièrement des tracts. L’imagination doit donc sont en train de se nouer à travers plusieurs collecprendre le relais. tifs de défense des étrangers et du logement Les militants arpentent les marchés avec de social. Un chantier à la mesure de cette jeune grands panneaux qui reprennent des coupures de femme qui donne, en outre, des cours de soutien presse, illustrées par de nombreuses photos. « Ça scolaire. « Le travail associatif, c’est aider tout de marche. Les gens viennent nous voir. » Delphine a suite peu de gens alors que l’engagement poliaussi mis au point une lettre d’information qu’elle tique aide beaucoup de gens mais à long terme. » Olivier Vilain envoie tous les mois par messagerie électronique.

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