Etat des lieux des arts du cirque en Suisse

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Etat des lieux des Arts du Cirque en Suisse U RGENCE D ’ AGIR

Préparé pour : « Diplôme de formation continue en gestion culturelle organisé par les Universités de Genève et de Lausanne et l’association Artos / Diplôme en gestion culturelle / Session 2013-2015 » Rédigé par : Sarah SIMILI, route de Collombey 59B, 1870 Monthey Directeur : Jacques CORDONIER Expert : Eric EIGENMANN Remis le 4 juillet 2015 « Diffusé sous la seule responsabilité de son auteur, ce travail n’engage en aucun cas les Université de Lausanne et de Genève, ni les membres du jury »


Remerciements Jacques Cordonier, Stefan Hort, Claude Pottier, Anne-Françoise Epiney, René Florey, Tania Simili, Denis Alber, Tim Roberts, David Largo, Vanessa Pahud Ben Said, Jennifer Skolovski, Isabelle Vuong, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque, ProCirque, la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque ainsi que les écoles de cirque suisses et internationales. 2


Avant-Propos Metteur en piste, enseignante en arts du cirque, administratrice de compagnie, présidente de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque et membre du comité de ProCirque1, je suis directement touchée et engagée pour la reconnaissance de mon métier en Suisse. C’est donc naturellement que j’ai choisi de traiter cette question dans le cadre de mon travail de mémoire. Convaincue que le temps est venu de poser un véritable plan d’actions sur papier, ce projet est un premier outil d’informations et de propositions. Il s’adresse à ceux qui ignorent, à ceux qui s’interrogent et à ceux qui défendent les réalités et les initiatives circassiennes en Suisse. Complètement immergée et très active dans le domaine, j’y ai apporté ma vision et mes interprétations personnelles. Je souhaite que ce document suscite rapidement l’intérêt général et puisse aboutir sur une volonté de faire avancer la cause de la communauté circassienne en Suisse.

1

Association suisse des professionnels des arts de cirque

3


Table des matières 1.

2.

3.

Aperçu historique des arts du cirque 1.1. Du Cirque aux arts du cirque

8

1.2. Portrait des arts du cirque en Suisse

9

Résultats de l’enquête

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2.2. Parcours de formation

15

2.3. Portrait de la profession

18

2.4. L’image et la reconnaissance du cirque en Suisse

22

Etat des lieux

23

3.1. Méconnaissance et absence de reconnaissance du secteur

24

3.2. Soutien à la création et à la production

26

3.2.1. Service de soutien a la création et ressources spécialisées

26

3.2.2. Lieux d’accueil et infrastructures

27

3.3. Réseaux de diffusion

27

3.4. Formation en Arts du Cirque en Suisse

28

3.4.1. Aperçu de la formation en arts du cirque en Suisse

28

3.4.2. La Formation de pratique amateur

29

3.4.3. La Formation Préparatoire

30

3.4.4. La Formation professionnelle Supérieure

31

3.4.5. La Formation d’Enseignant en arts du cirque

31 32

3.5.1. ProCirque, l’association suisse des professionnels des arts du cirque

32

3.5.2. La Fédération Suisse des Ecoles de Cirque

33

3.6. Relation avec l’Europe

5.

11

2.1. Profils des artistes

3.5. Regroupement du secteur

4.

8

Bonnes pratiques

34 34

4.1. Nos arts voisins : Secteur Danse

34

4.2. Hors de nos frontières

36

4.2.1. Le modèle français

36

4.2.2. Formation en Europe

38

Plan d’actions

39

5.1. Connaissance et reconnaissance du secteur

39

5.2. Soutien à la Création et à la production

41

5.3. Soutien à la Diffusion

41

5.4. Développement et reconnaissance des Formations

42

5.4.1. Formation de pratique amateur

44

5.4.2. Formation préparatoire

44 4


5.4.3. Bachelor en arts du cirque

47

5.4.4. Mise en place d’une filière d’enseignants en arts du cirque

49

5.5. Consolidation des regroupements 6.

Conclusion

50 52

5


Introduction Nous ne pouvons plus aujourd’hui ignorer les arts du cirque qui constituent un des secteurs les plus innovateurs et dynamiques des arts vivants. Le cirque contemporain, qui se détourne de la prouesse acrobatique pour se recentrer sur l’humain, impose un nouveau langage qui se répand à grande vitesse. Je ne m’attarderai pas ici sur l’histoire du cirque, ni sur les notions de cirque traditionnel et de cirque contemporain. Les éléments de réponses à ces questions se trouvent dans la bibliographie annexée au travail. Dans cette étude, je me concentrerai sur le secteur du cirque de création. Le terme « cirque » se réfèrera donc spécifiquement au cirque contemporain en tant que genre. Depuis une trentaine d’années, des milliers de Suisses ont été séduits par cet art. On le croise de plus en plus : sur piste, sur scène, dans la rue. Des écoles de cirque poussent comme des champignons, le nombre d’artistes et de compagnies explose et leurs œuvres font le tour du monde. Tout indique que cette nouvelle vague circassienne est en constante expansion. La présente étude, inscrite dans le cadre du travail de mémoire du Diplôme of Advanced Studies (DAS) en gestion culturelle, a pour ambition de rendre compte de la réalité du secteur en Suisse. Inspiré entre autre par le « Projet Danse » réalisé en 2002 sur une initiative de l’OFC2 et de Pro Helvetia, qui se veut un modèle suisse, ainsi que par l’état des lieux des arts du cirque au Québec et au Canada mené par le regroupement national des arts du cirque « En Piste », ce document a pour principaux objectifs : F de dresser un bilan lisible pour tous les acteurs culturels et politiques sur le nouveau paysage circassien suisse qui se dessine depuis quelques années F de constater et de mettre en valeur le développement du secteur dans notre pays F de pointer les manques, les besoins et les attentes des acteurs F de proposer des améliorations possibles Par rapport aux objectifs fixés, deux approches ont été retenues :

2

Office fédéral de la culture

6


§ une partie « quantitative » reposant sur un questionnaire § une partie « qualitative » à partir d’entretiens individuels ou collectifs avec les acteurs du secteur (artistes, enseignants, directeurs d’écoles de cirque, techniciens, concepteurs), les acteurs du milieu culturel, des institutions officielles et des élus. Cette étude a été réalisée grâce à la collaboration de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque (FSEC) et de ProCirque. La partie « quantitative » a été conduite par ProCirque sur la base d’une enquête à l’échelle nationale. Dans un premier temps, un questionnaire fut élaboré et diffusé à l’ensemble des acteurs du domaine du cirque. Les résultats de ce premier questionnaire ont permis de rassembler des données de base. Parallèlement au questionnaire, le recueil de la perception de différents intervenants dans le champ des arts du cirque en Suisse (artistes, concepteurs, enseignants, directeurs, responsables culturels, élus), ainsi que des réunions de travail au sein des deux associations nationales ont permis d’enrichir considérablement l’étude. Cet état des lieux permet d’avoir un aperçu du paysage circassien suisse : § Combien il y a-t-il d’artistes de cirque ? Quels sont leurs parcours, leurs conditions de travail ? § Quels sont les partenaires et les réseaux qui maillent le milieu ? § Quelles sont les structures de formation en Suisse ? § Quelle est la place du cirque dans les projets culturels ? Le rapport témoigne de la récente évolution du cirque en Suisse et démontre ses besoins. Les résultats de l’enquête dévoilent la nécessité d’entreprendre une réelle réflexion sur l’accompagnement des artistes et ouvrent quelques pistes pour permettre le développement et la structuration d’un secteur en plein expansion via l’aide à la création, l’encouragement à la diffusion, la reconnaissance des formations et le soutien aux réseaux des acteurs du secteur qui favorisent les échanges. Afin de pouvoir définir ces stratégies de structuration, de développement et de reconnaissance, il était nécessaire de réaliser un véritable état des lieux de la création, de la formation, de la structure et de toutes les activités existantes. La finesse d’une telle photographie nous livrera les richesses et les manques du secteur dans notre pays.

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1. APERÇU HISTORIQUE DES ARTS DU CIRQUE 1.1. DU CIRQUE AUX ARTS DU CIRQUE Dès la fin des années 1970, après une profonde crise artistique qui a vu disparaître bon nombre de cirques familiaux, de nouvelles générations d’artistes commencent à détourner les codes traditionnels pour redonner un second souffle à cet art ancestral. En y amenant de la chorégraphie, de la dramaturgie et de la scénographie, ils lui font prendre une direction nouvelle qui transforme profondément l’esthétique de la branche. Ce nouveau cirque, appelé « cirque contemporain », mêlant prouesse physique et propos artistique, rompt avec l’image populaire de simple divertissement, pour devenir « œuvre d’art ». Contrairement à l’image traditionnelle, le cirque contemporain n’est pas nécessairement exécuté dans un chapiteau, n’est pas nécessairement nomade, n’implique que rarement des animaux et fusionne de plus en plus avec d’autres arts. « Le cirque est un art aux multiples facettes et qui se réinvente sans cesse, mais s'il y avait un seul dénominateur commun qui caractériserait le cirque contemporain par rapport au cirque d'autrefois, ce serait sans hésiter le fait que les artistes d’aujourd’hui ont quelque chose à dire, à montrer, à communiquer, il y a une intention dans leur création : un propos. L'artiste de cirque contemporain ne se contente donc plus de présenter son numéro pour distraire ou divertir le public, mais souhaite lui communiquer quelque chose qui dépasse la simple exhibition d'un corps performant. En parvenant de la sorte au palier du discours, il propose une signification de ce qu'il fait et la prouesse ne devient plus une fin en soi. »3 Ce cirque d’un genre nouveau fait aujourd’hui partie intégrante de la programmation de salles culturelles. Les publics ne cessent d’augmenter. Grâce à sa diversité et à ses spectacles innovants, le cirque contemporain accueil un public beaucoup plus hétérogène que celui de l’opéra, du cinéma et du théâtre. Ces nouvelles propositions artistiques bouleversent le cirque dans toute sa structure et se détachent sensiblement du schéma traditionnel. « Ces mutations profondes, perceptibles dans toute sa structure, concernent aussi bien la représentation elle-même que sa création, ses modes de production, ses lieux de diffusion, la formation des artistes, la manière de vivre, bref : ce sont toutes les facettes du cirque qui ont connu des transformations majeures,

3

Stefan Hort, L’écriture dans le cirque contemporain, travail de Master en Etudes du Spectacle Vivant, universités ULB Bruxelles et Goethe Universität Frankfurt, 2011

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esthétiques et économiques. » 4 Ces différences d’organisation sociale et économique poussent le cirque contemporain à affirmer sa volonté de démarcation. Les compagnies de cirque contemporain adoptent donc des modes de fonctionnement proches de ceux appliqués dans les secteurs subventionnés du spectacle vivant, comme la danse et le théâtre. L’apparition des écoles de cirque a été déterminante pour l’avenir du cirque contemporain. Elles permettent au cirque d’être accessible à tous en le faisant sortir du savoir dynastique. L’enseignement pluridisciplinaire qui y est dispensé contribue largement au développement de formes nouvelles. La jeune génération d’artistes de cirque contemporain impose donc une nouvelle vision de son métier et c’est au nom de cet aspect créatif et de l’idéologie du spectacle vivant qu’ils sollicitent le soutien, la légitimation et la reconnaissance des pouvoirs publics au même titre que les autres arts. Si c’est la France qui, en 1978, était la première à faire rentrer les arts du cirque au Ministère de la culture, il est, depuis, reconnu dans la majorité des pays dans le monde en tant que secteur à part entière de spectacle vivant. 1.2. PORTRAIT DES ARTS DU CIRQUE EN SUISSE « Le Suisse a une longue histoire de cirque, à l’image de la dynastie Knie, Cirque National Suisse, qui a été fondée en 1803 et qui compte parmi les plus anciennes et les plus renommées d’Europe. Outre les Knie, il existe environ cinq grandes familles de cirque, liées les unes aux autres au fil des ans et des mariages. »5 Depuis quelques décennies, le paysage circassien suisse a passablement changé. Si le cirque traditionnel subsiste en essayant tant bien que mal de chercher un renouveau, le cirque contemporain est en plein essor et s’impose de plus en plus. L’expression circassienne se transforme et se situe à la croisée de la danse et du théâtre. Il se revendique comme un domaine de recherche artistique à part entière. Contrairement à d’autres arts comme le théâtre, la danse ou la musique qui ont largement trouvé leur place, le cirque contemporain n’est pas encore reconnu à sa juste valeur en Suisse. Il est encore associé pour la majorité des personnes à un amusement populaire où

4

Sarah Simili et Stefan Hort, Dossier de présentation FSEC et ProCirque 2014

5

Sarah Simili, Dossier de présentation FSEC

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le divertissement et le spectaculaire priment sur tout. Il est donc indispensable que le cirque se libère de cette étiquette et soit officiellement reconnu comme forme d’art distincte. Ce sont aujourd’hui quelque 300 professionnels des arts du cirque (artistes, metteurs en scènes, chorégraphes, techniciens, pédagogues), une cinquantaine de compagnies et cirques établis, deux regroupements nationaux, ProCirque et la FSEC, une trentaine de lieux de diffusion et une dizaine de festivals et d’événements spéciaux consacrés aux arts du cirque qui représentent la branche, tel que nous l’expose ProCirque, dans sa lettre à l’intention de l’Office Fédéral de la Culture en réponse au deuxième message culture 20162019. En Suisse, ce sont sans doutes les écoles de cirque qui alimentent le plus massivement cette nouvelle veine. Avec plus d’une septantaine d’écoles de cirque réparties dans les trois régions linguistiques et dont 38 sont regroupées sous l’égide de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque, la Suisse est, avec la France, l’un des pays avec le plus d’écoles de cirque au kilomètre carré. La FSEC compte environ 10'000 amateurs qui participent à des cours annuels, des stages ou des ateliers ponctuels6. Aujourd’hui, le cirque s’enseigne dans les écoles de cirque, mais aussi dans les centres de loisirs, les écoles publiques et les ateliers conduits par les compagnies professionnelles elles-mêmes. Le secteur attire de plus en plus de pratiquants en tant qu’activité de loisir ou en tant que projet de professionnalisation. Ces écoles de cirque agissent donc comme des matrices où certains jeunes se découvrent une véritable vocation. Depuis quelques années, des structures se mettent en place pour soutenir la formation de jeunes à fort potentiel. L’intégration du cirque dans les systèmes Sport et Arts Etudes (SAE) est de plus en plus répandue dans les cantons romands. A l’échelon de l’enseignement professionnel, la Suisse ne possède pas de filière diplômante bien que deux écoles de cirque, l’une à Genève (Théâtre Cirqule), l’autre à Charrat en Valais (Cirque Zôfy) proposent des formations de trois ans à temps plein. La plupart des jeunes s’expatrient donc vers des écoles supérieures internationales profitant d’une reconnaissance au niveau Bachelor. Mais malgré ses succès, le secteur des arts du cirque en Suisse est éprouvé par un profond manque de reconnaissance auprès des instances publiques et peine à trouver les ressources légitimes. Il n’existe pas de formation, ni de diplôme, et par conséquent pas de profession d’artiste de cirque. Le support financier pour la création et la production de

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Selon une estimation de la Fédération Suisse des Ecoles de cirque faite en 2013

10


spectacles de cirque est quasi inexistant. La plupart des artistes s’exilent et travaillent dans des compagnies internationales, bénéficiant ainsi des systèmes du soutien de nos pays voisins. Pourtant, l’envie de consolider et de développer le secteur des arts du cirque en Suisse est bien là. Tous revendiquent ensemble des espaces de travail, des soutiens pour la création, des réseaux de diffusion et des filières d’enseignement. Les énergies et les compétences sont là et le public est demandeur. Depuis quelques années, les acteurs du monde du cirque tendent à se regrouper afin de promouvoir le cirque en Suisse. Deux associations nationales ont vu le jour : la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque (FSEC), qui travaille sur la structuration de la formation, et ProCirque qui défend les droits et les intérêts des artistes et des professionnels des arts du cirque. Toutes deux œuvrent conjointement à la valorisation et à la mise en place de stratégies de reconnaissance des arts du cirque en Suisse.

2. RESULTATS DE L’ENQUETE En 2014, ProCirque a lancé une vaste enquête à l’échelle nationale pour mieux comprendre la réalité des professionnels de cirque en Suisse. La création d’un questionnaire diffusé largement a permis de collecter plus d’une centaine de réponses. La récolte des données s’est déroulée de mars 2014 à décembre 2015. Les artistes ont été contactés via un questionnaire7 en ligne, comportant des données à la fois quantitatives et qualitatives. L’enquête vise tout artiste professionnel suisse ou ayant un lien étroit avec la Suisse, travaillant dans le secteur des arts du cirque (artistes de cirque, techniciens, concepteurs, diffuseurs ou administrateurs pour les arts du cirque). Le taux de réponses est plus ou moins satisfaisant : 141 artistes 8 ont répondu au questionnaire. Les résultats sont illustrés par un certain nombre d’éléments visuels (graphiques, tableaux, cartes). Ils se déclinent en 4 thématiques :

7

Questionnaire complet en annexe

8

Dans tout le chapitre consacré à l’analyse de l’enquête, le mot « artistes » sera utilisé au sens large, englobant non seulement les artistes de cirque, mais aussi les concepteurs, les techniciens et les administrateurs travaillant dans ce domaine.

11


1. Le profil des artistes 2. Le parcours de formation 3. Le profil de la profession 4. L’image et la reconnaissance du cirque en Suisse Schéma n°1 : Analyse de l’enquête ProCirque en 4 thématiques

1. Le profil des artistes

2. Le parcours de formation

3. Le profil de la profession

4. L’image et la reconnaissance du cirque en Suisse

Les résultats de l’enquête présentent certaines limites. Les statistiques exposées ci-après ont été construites le plus fidèlement possible sur la base des formulaires fournis par les artistes. Toutefois, le questionnaire, bien qu’approprié pour établir un état général de la situation des arts du cirque en Suisse, reste faible pour réaliser une étude pointue. Par exemple, un grand nombre d’artistes vivant à l’étranger, il a été difficile de diffuser l’information de manière efficace. Le taux de réponses ne nous permet donc pas de prétendre à l’exhaustivité de nos résultats. L’enquête n’offre pas d’éléments chiffrés sur le financement de la création ni sur le fonctionnement d’une compagnie. Elle ne renseigne pas non plus sur une réalité financière exhaustive. Cet outil fournit donc plus des tendances que des informations détaillées. Pour cette première étude, il s’agit bien d’entamer un bilan initial qui permet de nous appuyer sur un nombre suffisant d’éléments et faire ressortir certaines problématiques.

12


2.1. PROFILS DES ARTISTES Sur les 141 artistes ayant répondu au questionnaire9 : § 59 artistes viennent de la Suisse allemande § 59 artistes de la Suisse romande § 3 artistes de la Suisse italienne § 20 sont étrangers Graphique n°1 : Répartition des artistes selon les régions linguistiques

Suisse Italienne 2%

Non Suisse 14% Suisse Romande 42% Suisse Allemande 42%

La plus grande population d’artistes de cirque se trouve dans le canton de Vaud, suivi du canton de Zurich, de Berne et de Genève. Ce résultat corrèle avec la grandeur et la diversité de l’offre culturelle de ces cantons.

9

Voir la liste complète des artistes en annexe

13


Graphique n°2 : Répartition des artistes par canton 25

20

15

10

5

0 VD ZH BE GE NE VS AG FR BL JU LU SG BS GR SZ TI AR SH UR ZG

Les artistes de cirque forment une population jeune dont la moyenne d’âge se situe entre 26 et 35 ans. Cela témoigne de l’engouement exponentiel des jeunes pour la vocation circassienne et son accès hors des dynasties grâce aux écoles de cirque. On constate aussi que la forme contemporaine permet un certain vieillissement des acteurs du milieu. D’une part, la nouvelle esthétique permet de se détacher du travail d’exécutant pour une reconversion vers la mise en scène et, d’autre part, le secteur a su se structurer en réseaux professionnels,

sources

d’emplois

(professeurs

ou

directeurs

d’écoles

de

cirque,

administrateurs de compagnies, techniciens). La proportion homme/femme est quant à elle plus ou moins égale : 46% de femmes et 54% d’hommes.

14


Graphique n°3 : Moyenne d’âge des artistes 70 60 50 40 30 20 10 0 15-­‐18 ans

18-­‐25 ans

26-­‐35 ans

36-­‐45 ans

46-­‐55 ans

56 et plus

2.2. PARCOURS DE FORMATION Les mutations profondes qu’a connues le cirque ces 30 dernières années ont aussi touché la formation des artistes. Autrefois réservé aux « enfants de la balle », le métier d’artiste de cirque est aujourd’hui devenu accessible à des passionnés non issus d’une famille de cirque. Les artistes de cirque, surtout dans les jeunes générations, ont un niveau de formation de plus en plus élevé, comparable aux autres professions du spectacle vivant comme la danse et

le

théâtre.

Parmi

les

artistes

interrogés,

la

majorité

(46%)

a

un

niveau

maturité/baccalauréat et 38% a obtenu un diplôme universitaire. La formation des artistes est essentiellement assurée par les écoles de cirque qui se développent sur le plan international. La Fédération Européenne des Ecoles de Cirque (FEDEC) regroupe 41 écoles professionnelles. Quatorze d’entre elles sont des écoles supérieures délivrant un diplôme d’état de type Bachelor. Selon les dernières statistiques de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque (FSEC)10, plus d’une soixantaine de jeunes suisses ont suivi une formation professionnelle supérieure en

10

Statistiques réalisées par la FSEC en 2015

15


arts du cirque depuis 2005. L’enquête témoigne elle aussi de l’augmentation des artistes de cirque diplômés dans les écoles de cirque professionnelles. Sur les 141 artistes ayant répondu à l’enquête, plus de 61% ont suivi une formation artistique académique. Le pourcentage des artistes formés est plus important chez les jeunes de moins de trente-cinq ans : 72% contre 47% pour les plus de trente-cinq ans. Graphique n°4 : Pourcentage d’artistes ayant suivi une formation artistique académique

Autre 39% Formation académique 61%

Cet engouement à la formation professionnelle d’artiste de cirque est largement corrélé avec le développement des lieux de formation. Depuis une vingtaine d’années, la création d’écoles de cirque de pratique loisir explose en Suisse. Cet accès à la pratique circassienne pour le grand public contribue considérablement à la naissance de vocations chez les jeunes. Pour l’heure, il n’existe en Suisse, aucune formation reconnue en arts du cirque contrairement à ses voisins européens. La majorité des artistes vont se former hors de nos frontières. Plus de 75% des artistes sont partis faire leur formation à l’étranger. Pour ceux qui se sont formés uniquement en Suisse, ils ont généralement suivi des filières parallèles en danse, en musique, en théâtre. Parmi les hautes écoles les plus fréquentées, on peut notamment citer l’école Dimitri au Tessin car en réalité, c’est elle qui se rapproche le plus d’une formation circassienne en Suisse.

16


Graphique n°5 : Lieux de formation

25%

23% CH Etranger CH + Etranger 52%

Parmi les écoles supérieures internationales les plus fréquentées par nos étudiants suisses, nous pouvons citer : § Le CNAC (Centre National des Arts du Cirque) à Châlons-en-Champagne et l’ENACR à Rosny-sous-bois, FR § L’ESAC (Ecole Supérieure en Arts du Cirque) de Bruxelles, BE § L’école de cirque de Montréal et l’école de cirque de Québec, CA § Le Center of Circus Arts (Circus Space) à Londres et Circomedia à Bristol, GB § Codarts à Rotterdam et ACaPA à Tilburg, NL Et les écoles de cirque professionnelles non diplômantes : § Die Etage, Berlin, DE § Flic, Turin, IT § Carampa, Madrid, ES

17


Graphique n°6 : Fréquentation des écoles professionnelles internationales par les artistes suisses.

France Belgique Canada Allemagne Royaume Uni Italie Hollande Espagne Roumanie Portugal Finlande USA Russie Australie 0

5

10

15

20

25

2.3. PORTRAIT DE LA PROFESSION En Suisse, la majeur partie des professionnels travaillant dans les arts du cirque sont artistes de cirque (44%), suivis par les enseignants en arts du cirque (18%), directeurs d’école de cirque (12%) ou organisateurs d’événements de cirque (8%). Les 11% restant sont composés de concepteurs pour le cirque, de techniciens et régisseurs, de chorégraphe et de metteur en scène. Graphique n°7 : Répartition par professions dans les arts du cirque

Artiste de cirque Enseignant des arts du cirque Directeur d'une école de cirque Autres Metteur en scène Organisateur d'événement cirque Directeur d'une compagnie Etudiants Technicien/régisseur Concepteur pour le cirque Chorégraphe Producteur 0

10

20

30

40

50

60

70

Sur les 141 personnes interrogées 70% travaillent en Suisse. Nous retrouvons pratiquement les mêmes résultats que pour les lieux de vie des artistes, avec les cantons de Vaud, de 18


Berne et de Zurich en tête. Graphique n°8 : Répartition des artistes dans les régions suisses

30 25 20 15 10 5 0 VD

BE

ZH

VS

GE

NE

AG

SG

JU

BL

BS

FR

LU

TI

SO

TG

30% des artistes travaillant à l’étranger témoignent d’un marché du travail internationalisé où les artistes sont souvent mobiles et adoptent un style de vie diversifié. La Suisse n’ayant pas un système d’indemnisation adaptés aux artistes de cirque, ils font de la France, de la Belgique ou de l’Allemagne leur lieu de résidence. Là, ils trouvent des régimes d’indemnisation plus ou moins similaire à l’intermittence française qui leur permet de vivre entre deux contrats. Graphique n°9 : Lieux de travail des artistes à l’étranger

GER FRA CAN GBR BEL NED ITA ESP AUT Autre 0

2

4

6

8

10

12

14

Les artistes ayant commenté leur décision de travailler à l’étranger évoquent les raisons principales suivantes : § Absence de reconnaissance du milieu en Suisse § Manque de structures d’accueil pour les arts du cirque 19


§ L’aide apportée aux artistes est insuffisante § Ils ont fait leur réseau à l’étranger pendant leurs études Pour les personnes travaillant à l’étranger, seul 21% déclarent le faire par choix. 39% le font uniquement par nécessité et 40% le font pour les deux raisons. Le métier de circassien est un métier aux conditions financières souvent limitées et précaires. L’emploi y est souvent intermittent. Cette précarité est illustrée par des revenus modestes et irréguliers. 45% des personnes interrogées vivant en Suisse confient vivre avec difficulté de leur métier et 32% avouent ne pas y arriver. Seul 23% estiment vivre sans difficulté de leur art. Graphique n°10 : Réussissez-vous à vivre de votre métier ?

Non 23%

Sans difficulté 32%

Difficilement 45%

Pour la moitié des artistes résidents en Suisse (51%), le revenu annuel se situe en dessous des 30'000 francs alors que le seuil de pauvreté fixé par la Conférence suisse des institutions d'action sociale se situe autour des 27'000 francs. La majorité des artistes de cirque gagnent donc moins de 2'500 francs par mois alors que le «Premier manifeste pour la danse Suisse» stipule par exemple un salaire minimum recommandé de 4’000 francs bruts par mois pour les danseurs professionnels. Le Syndicat Suisse Romand du Spectacle (SSRS) recommande quant à lui un salaire minimum de 4’500frs11 . Ce résultat concorde avec celui de Philipp Mülhauser dans « Das Lohnbuch 2014 », édité par le Canton de Zurich, Orell Füssil Verlag, où l’on peut lire que la profession la plus mal rémunérée est artiste de cirque avec un salaire mensuel de 2'000 francs.

11

SSRS, http://www.ssrs.ch, (consulté le 1 juin 2015)

20


Comment les compagnies font-elles pour surmonter cette précarité ? Où trouvent-elles les ressources complémentaires ? La principale réponse réside, sans conteste, dans la flexibilité des artistes à exercer des emplois « alimentaires » pour arrondir leur fin de mois : 54% des artistes déclarent prendre des extras de manière occasionnelle à régulière. Graphique n°11 : Revenu moyen des artistes de cirque en Suisse 60

Nombre de réponses

50 40 30 20 10 0 0 -­‐ 30'000

30'000 -­‐ 45'000

45'000 -­‐ 60'000

60'000 -­‐ 75'000

75'000 -­‐ 100'000

Plus de 100'000

n/c

Revenu moyen en francs suisses

Les professionnels des milieux artistiques sont, d’une manière générale, soumis à la précarité. Les artistes de cirque contemporain revendiquent un soutien à la création artistique au même titre que les compagnies de danse et de théâtre. A ce jour, la majorité estime

que

les

autorités

publiques

suisses

accompagnent

insuffisamment,

voir

n’accompagnent pas du tout les projets de cirque.

21


Graphique n°12 : Est-ce que le cirque est suffisamment soutenu par les autorités publiques ?

Complètement Suf\isamment Moyennement Insuf\isamment Pas du tout 0

10

20

30

40

50

60

70

De ce fait, seul 10% des personnes interrogées estiment pouvoir vivre correctement des arts du cirque en Suisse. Les 90% restant estiment difficile voir impossible de travailler en terre helvétique. 2.4. L’IMAGE ET LA RECONNAISSANCE DU CIRQUE EN SUISSE En Suisse, plus qu’ailleurs, devenir artiste de cirque est un vrai parcours du combattant. Le métier d’artiste de cirque est très dévalorisé : « Artiste de cirque ?! Et ton vrai métier c’est quoi ?», « Il est où ton nez rouge ? », on imagine très vite les costumes de paillettes et les éléphants. Méconnaissant le cirque contemporain, les références en la matière proviennent très généralement du cirque traditionnel. Le cirque est considéré comme une activité puérile où les images de clowns et de chapiteaux sont omniprésentes. Ces perceptions engendrent une certaine répulsion à son égard. Graphique n°13 : Réputation / Image des artistes de cirque en Suisse

Très bonne 4 3 2 Très Mauvais 0

5

10

15

20

25

30

35

40

A la question « A votre avis, les artistes de cirque jouissent-ils en Suisse d’une bonne réputation ?», la majorité des artistes ont répondu « mauvaise » à « très mauvaise ». Ces résultats témoignent de la méconnaissance du cirque contemporain qui n’est, à ce jour, pas 22


approuvé comme du « grand art » au même titre que la danse et le théâtre. Mais cela renvoie aussi à l’image que les artistes ont de leur profession en Suisse. Persuadés de ne pas être soutenus, peu d’entre eux se risquent à proposer des projets sur le sol helvétique. La reconnaissance du métier et sa revalorisation permettra sans doute de redonner confiance à nos artistes. La plupart d’entre eux se disent d’ailleurs prêts à revenir vivre et travailler en Suisse si le cirque était mieux reconnu. Graphique n°14 : Seriez-vous prêt à vivre en Suisse si le cirque était mieux reconnu ? 25 20 15 10 5 0 Pas du tout

2

3

4

Absolument

Bien que le cirque contemporain aspire aujourd’hui à une reconnaissance artistique chez la plupart de nos voisins, il reste encore du travail en Suisse pour qu’il atteigne un statut noble.

3. ETAT DES LIEUX Afin de rendre un état des lieux le plus précis possible, les données statistiques de la précédente enquête ont été complétées par des données de nature qualitative. De nombreux entretiens individuels avec les acteurs du secteur des arts du cirque et du milieu culturel et politique ont permis d’enrichir l’étude sur le paysage circassien suisse. Ces démarches, initiées et développées par la FSEC et par ProCirque au cours de ces dernières années, englobent des ateliers de réflexions, des tables rondes

12

, des

collaborations avec les réseaux européens, ainsi que de multiples rencontres avec les arts

12

En annexe, le protocole de la table ronde du 14 septembre 2014 à Winterthur. 23


voisins et les acteurs politiques permettent de mieux définir la réalité du secteur. Le recueil de ces données démontre que le secteur fait face à d’importantes problématiques : F La méconnaissance et l’absence de reconnaissance du secteur F Un soutien inadéquat à la création, à la diffusion et à la production F La fuite des talents : La majorité des diplômés restent ensuite dans le pays de leur formation car beaucoup plus d’opportunités professionnelles s’offrent à eux. F Absence de formation reconnue : il n’existe aucune possibilité d’obtenir un diplôme professionnel au niveau fédéral Les différents éléments ont été traités selon 5 axes : 1. La reconnaissance du secteur 2. La création et la production 3. La diffusion 4. La formation 5. Les regroupements nationaux Schéma n°2 : Les 5 axes de l’étude

Axe 1 : La reconnaissance du secteur

Axe 5 : Les regroupements nationaux

Axe 4 : La Formation

Arts du cirque en Suisse

Axe 2: La création et la production

Axe 3 : La Diffusion

3.1. MECONNAISSANCE ET ABSENCE DE RECONNAISSANCE DU SECTEUR Dans la vision populaire, le cirque est perçu comme un divertissement qui se veut 24


spectaculaire et qui est généralement une opportunité pour quelques personnes habiles de leur corps voulant gagner de quoi survivre. Pour une large portion de la population, il n’existe pas de différenciation entre « cirque traditionnel » et « cirque contemporain ». Les deux courants continuent par conséquent à se fondre derrière l’appellation cirque. Ce qui souligne l’importance d’informer le public par une large communication. En Suisse, la première chose à laquelle on pense lorsqu’on évoque le cirque est certainement le cirque Knie. Avec ses 350 représentations annuelles, le cirque national est le leader helvétique incontesté et est considéré comme une véritable institution. « En Suisse, on ne va pas au cirque, on va au Knie13 ». Toutefois, le cirque suisse ne se limite pas au cirque Knie et à ses autres formes traditionnelles. Les nouvelles formes circassiennes prolifèrent : artistes autonomes, collectifs et compagnies. Mais cette communauté florissante d’artistes de cirque contemporains rencontre des difficultés à s’inscrire dans un répertoire « cirque » trop souvent confiné dans les esprits aux formes classiques et traditionnelles. Comme nous l’avons vu, les modes économiques de production et de diffusion entre les deux modèles de cirque sont complètement différents. Si le cirque traditionnel est souvent une entreprise privée, dépendante de la vente de billets et de produits dérivés, comme le cirque Knie « Le Cirque ne doit dépendre d’aucune subvention14 », le cirque contemporain a lui besoin d’être soutenu par les institutions pour survivre. Les artistes de cirque qui s’engagent dans une nouvelle production doivent pouvoir vivre pendant le processus de création. Par sa notoriété, le cirque traditionnel fausse donc les perceptions à l’égard du cirque en général. « C’est une autre logique économique qui pointe, plus “artistique” que “commerciale”15». La méconnaissance des arts du cirque actuels pèse sur les artistes qui essaient de vivre tant bien que mal de leur art, souvent contraints de travailler à l’étranger. Une communication ciblée auprès du public et des autorités concernées est devenue indispensable afin de briser les idées préconçues. Par rapport à la danse et au théâtre, le cirque a encore du chemin à

13

Franco Knie La cour du prince des Saltimbanques, L’Hebdo, 05.09.2005.

14

Ibid.

15

Gwénola David Gibert, Les arts du cirque, logiques en enjeux économiques, Questions de Culture, 2006

25


faire. Le cirque est un art à part entière, particulièrement novateur et dynamique. Il doit obtenir une place et un droit équivalent aux autres secteurs du spectacle vivant auprès des institutions culturelles. 3.2. SOUTIEN A LA CREATION ET A LA PRODUCTION Les compagnies qui souhaitent créer un spectacle en Suisse sont très rapidement confrontées à deux problèmes majeurs : F le manque de soutien à la création F le manque de lieux d’accueil adaptés aux disciplines circassiennes. Ce manque de soutien financier pour la création entraine une réelle difficulté à s’associer à des partenaires et à réaliser des coproductions. S’il n’y a pas assez d’artistes, cela limite l’émulation et le dynamisme du secteur. Pour les faire revenir, il faut leur proposer des lieux d’entrainement, de création, de diffusion, mais aussi mettre en place des réseaux de formation, le tout soutenu par des dispositifs de subventionnement adéquats. 3.2.1. SERVICE DE SOUTIEN A LA CREATION ET RESSOURCES SPECIALISEES Le processus de création du cirque contemporain se rapproche considérablement du fonctionnement des autres arts vivants. Contrairement aux cirques traditionnels qui achètent des numéros « clé en main », le nouveau cirque développe un spectacle dans son entier, basé sur une dramaturgie. Il y a donc une période dégagée spécifiquement pour la création, qui peut durer de 4 à 6 mois. Les compagnies ont donc besoin d’un subventionnement continu pour leur permettre de vivre durant toute la période de création. Les arts du cirque n’étant peu ou prou reconnu par les autorités et souvent épargné par les systèmes de subventionnement, il est très difficile pour une compagnie de trouver les financements pour la création. Dans les systèmes d’aide à la création artistique, le cirque n’apparait pas comme une catégorie d’art. La plupart des artistes disent donc devoir se ranger sous l’étiquette danse, théâtre ou arts multidisciplinaires, ce qui ne leur permet pas pour autant d’accéder aux subventionnements. Les actions et les gestes de soutien des instances politiques restent très discrets. Les artistes et les compagnies font face à des conditions financières et professionnelles précaires. Pour pallier à ce manque de ressources, les artistes sont contraints de s’autofinancer en enchaînant les galas et les évènementiels afin de financer leurs créations. Ils consacrent donc une partie de leurs ressources et de leur énergie aux activités autres que 26


la création. Ils échelonnent leurs périodes de résidence en plusieurs sessions afin de pouvoir travailler entre deux. Ils assument seuls la prise de risque lors de chaque production. La plupart d’entre eux choisissent donc l’exportation de la totalité de leur production en dehors de nos frontières pour assurer la survie de la compagnie. Pourtant, la plupart des spectacles tournent dans le monde entier durant de nombreuses années. 3.2.2. LIEUX D’ACCUEIL ET INFRASTRUCTURES Suivant l’orientation esthétique des compagnies, des besoins spécifiques aux disciplines de cirque apparaissent. En Suisse, il y a un réel manque d’infrastructures pour la création et la production de spectacles de cirque. Les quelques lieux existants ne répondent pas à la diversité des œuvres circassiennes ni aux besoins du milieu. Rares sont les compagnies qui possèdent un lieu de travail ponctuel ou permanent. Les artistes créent et répètent dans des granges, des hangars, parfois dans des salles de gymnastique des écoles publiques qui leur sont exceptionnellement ouvertes. Mais ces endroits sont rares et souvent onéreux. Beaucoup de compagnies ont un partenariat avec une ou plusieurs écoles de cirque, pour qui les artistes donnent généralement des cours aux élèves. Elles disposent donc de quelques espaces de travail en dehors des heures de cours de l’école. Ces accueils ont évidemment un coût pour les structures et les plages horaires disponibles sont souvent très restreintes. Les séjours ne durent généralement pas plus de quelques jours. Ces résidences sont uniquement une mise à disposition des infrastructures. Il n’existe, à ce jour, aucun système de financement pour l’hébergement, les cachets des artistes et du personnel technique. Les compagnies sont donc contraintes de chercher en permanence des espaces de travail et doivent résider dans plusieurs lieux ce qui engendre des coûts supplémentaires. 3.3. RESEAUX DE DIFFUSION S’il n’existe pas aujourd’hui de données globales concernant la diffusion du cirque en Suisse, il est indéniable que l’offre circassienne demeure très minoritaire par comparaison avec les autres genres, et ce, pour des raisons dont la liste est longue et variée : méconnaissance des propositions artistiques, manque d’intérêt, complexité des fiches techniques, prix élevé… Les diffuseurs suisses sont encore timides et craignent de prendre des risques en programmant des œuvres circassiennes dans leurs établissements. En effet, même s’il fait 27


de plus en plus d’adeptes, le cirque contemporain est moins connu du grand public. L’important manque de structures d’accueil pour les arts du cirque en Suisse entraine une grande difficulté de pénétration des réseaux de diffusion pour nos artistes.

La

méconnaissance des programmateurs à l’égard du cirque restreint sa diffusion. Une autre problématique est le coût de diffusion d’un spectacle de cirque. Comparativement à la danse ou le théâtre, un spectacle de cirque est généralement plus coûteux en raison de ses besoins spécifiques. Les lieux d’accueil ne sont pas assez soutenus pour se permettre la programmation de certaines œuvres. Les compagnies sont donc confrontées au problème suivant : les seuls plateaux qui auraient les capacités techniques de les recevoir ont une grande jauge ce qui augmente la crainte des programmateurs de ne pas remplir leur salle. Vu les difficultés de diffusion dans le marché helvétique, c’est logiquement vers l’Europe et le monde que se tournent les artistes suisses. Généralement, ils intègrent des compagnies internationales après leur formation dans une école professionnelle. Beaucoup de créations contenant des artistes suisses bénéficient même de sérieux coup de projecteurs. Les quelques rares compagnies de cirque contemporain établies en Suisse travaillent principalement à l’échelle régionale et essaient d’élargir leur marché en adaptant leur spectacle à différents lieux de représentation : théâtre, salles communales, festivals de rue, cabaret. 3.4. FORMATION EN ARTS DU CIRQUE EN SUISSE 3.4.1. APERÇU DE LA FORMATION EN ARTS DU CIRQUE EN SUISSE C’est dans les années 70 qu’apparaissent les premières écoles de cirque en Suisse, avec la Zirkusschule Robinson à Zurich qui propose des ateliers dans toutes les disciplines de cirque tout au long de la saison scolaire. Puis, en 1984, Renée Pahud crée, dans la campagne genevoise, une des toutes premières écoles de cirque amateur en Suisse romande. Les années 80 marquent donc le début de l’effervescence des écoles de cirque en Suisse : ateliers et écoles de cirque vont se multiplier. Selon les dernières estimations de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque, il existerait près de 70 écoles de cirque en Suisse aux styles divers et variés, souvent attachés aux personnalités de leur directeur, une spécificité qui fait la richesse du secteur. La formation en arts du cirque en Suisse s’est donc développée de façon autonome par des acteurs impliquées dans le secteur des arts du cirque. La filière de formation est une nébuleuse qui tend depuis quelques années à une structuration du secteur. 28


En 2007, naît la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque (FSEC). Elle répond à une nécessité : regrouper une quarantaine d’écoles autour de la question de la structuration de la filière de formation en arts du cirque et de la reconnaissance des arts du cirque. Graphique n°3 : Répartition des 37 écoles de cirque membres de la FSEC

BS : 1 école

JU : 2 écoles

ZH : 4 écoles SG : 1 école ZG : 1 école

NE : 3 écoles

LU : 1 école BE : 3 écoles

VD : 9 écoles

FR : 2 écoles

TI : 2 écoles

GE : 4 écoles VS : 4 écoles

3.4.2. LA FORMATION DE PRATIQUE AMATEUR L’immense majorité des écoles de cirque en Suisse est constituée par les écoles de pratique amateur qui s’adressent à des enfants et à des adultes désirant de s’initier aux arts du cirque. Elles proposent des cours durant toute l’année scolaire, généralement sous forme d’ateliers hebdomadaires. Il s’agit surtout de faire progresser les élèves en les éveillant aux diverses disciplines de façon ludique. Les écoles disposent généralement de locaux fixes (salles de gymnastique d’écoles publiques ou privées, anciens bâtiments désaffectés ou chapiteaux) et s’organisent autour d’un projet pédagogique. Elles proposent des apprentissages autour des grandes familles des arts du cirque : acrobatie, jonglerie, équilibre, aériens et arts clownesque, tout en mêlant chorégraphie et jeu d’acteur. En plus des cours réguliers, les écoles de cirque offrent des stages ponctuels pendant les vacances scolaires. Elles proposent aussi des ateliers sous forme de prestations en milieu 29


scolaire, centres éducatifs, manifestations culturelles, etc. Les niveaux vont de la découverte au perfectionnement. De nombreuses écoles proposent des enseignements intensifs à des jeunes motivés et assidus. Ils suivent généralement plusieurs heures par semaine et se préparent à une certaine autonomie pour la création de numéros. A ce jour, deux écoles de cirque suisses offrent une formation à plein temps de trois ans dédiée à la formation d’artistes de haut niveau : le Théâtre Cirqule à Thônex (GE) et l’école de cirque Zôfy à Charrat (VS). Bien que non reconnue par la Confédération, elles font partie intégrante de la formation professionnelle et sont membres de la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque Professionnelles (FEDEC). 3.4.3. LA FORMATION PREPARATOIRE Les écoles de cirque professionnelles européennes étant de plus en plus créditées Bachelor par le système de Bologne, l’entrée dans les cycles de formation supérieures se fait sur concours. Les écoles supérieures exigent des candidats des capacités physiques et artistiques avancées et d’être titulaire d’un Baccalauréat ou équivalent. La formation professionnelle de base doit donc être proposée au niveau Secondaire II. Les écoles de cirque suisses se sont données comme objectif de répondre aux besoins des jeunes gens qui souhaitent aborder les métiers des arts du cirque en leur offrant des formations préparatoires correspondantes aux exigences d’entrée des hautes écoles européennes. En s’inspirant des filières préprofessionnelles existantes pour la danse et le théâtre, les écoles de cirque, réunies autour de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque, développent activement des cursus préparatoires. Depuis quelques années, plusieurs initiatives voient le jour un peu partout en Suisse. Le cirque devient partie intégrante du système Sport et Art Etudes et de nombreux projets en collaboration avec des pôles d’arts vivants sont en cours. Cette diversité dans les cursus de formations permettra une adaptation aux différents profils d’artistes. La Formation Sport et Art Etudes (SAE) L’intégration du cirque dans les formation de type Sport et Art Etudes (SAE) dans certains cantons permet aux élèves les plus assidus de pouvoir suivre une formation académique, tout en leur donnant la possibilité de développer et de consolider leurs qualités physiques et artistiques. Ces formations permettent aux élèves de se préparer au mieux à l’entrée dans une formation professionnelle dans le domaine des arts du cirque tout en étant soumis aux mêmes exigences académiques. 30


Les candidats profitent ainsi d’une grille horaire scolaire allégée qui leur permet de suivre en parallèle des cours de cirque d’un niveau équivalent à une formation préparatoire qui leur offre un apprentissage exigeant et de haute qualité. Actuellement, quatre cantons romands offrent aux circassiens la possibilité de rentrer dans ces filières : § Canton du Valais : Ecole de cirque de Sion, Ecole Arena de Martigny et Ecole de cirque Zôfy à Charrat, en collaboration avec le cycle d’orientation de Grône, le cycle d’orientation de Collombey et le collège de Brigue. § Canton de Vaud : Ecole de cirque de Lausanne, Ecole de cirque Coquino à Morges, Ecole de cirque LéZarti’Cirque, en collaboration avec le Gymnase Auguste-Piccard à Lausanne. § Canton du Jura : Ecole de cirque Circosphère de Delémont, Ecole de cirque du Jura à Porrentruy pour les Secondaires I et II. § Canton de Neuchâtel : Ecole de cirque Ton sur Ton et Ecole de cirque Circobello tous deux à la Chaux-de-Fonds pour les Secondaires I et II. 3.4.4. LA FORMATION PROFESSIONNELLE SUPERIEURE Les programmes d’études supérieures ont pour but de former des artistes de cirque professionnels, en leur permettant de parfaire l’apprentissage des techniques de base tout en développant leurs propres langages artistiques et de contrétiser par eux-mêmes un processus de création. Bien qu’ayant deux écoles de cirque proposant des formations de trois ans à plein temps, il n’existe en Suisse, aucune formation supérieure reconnue. La plupart des artistes de cirque se voient donc contraints de quitter la Suisse pour se former dans des pays comme la France, la Belgique ou le Canada. La formation en arts du cirque suisse doit aujourd’hui s’adapter aux dispositifs européens et commencer son processus de certification. Les travaux consacrés au développement d’une filière Bachelor, à l’instar de nos pays voisins, ont été amorcés en 2014. L’obtention d’un statut et de la reconnaissance de la formation, permettra une certaine reconnaissance des arts du cirque. 3.4.5. LA FORMATION D’ENSEIGNANT EN ARTS DU CIRQUE L’apprentissage et la pratique des arts du cirque font appel à une éducation artistique mettant en jeu le corps et peut entraîner des risques importants de blessure. L’initiation et l’enseignement des arts du cirque touchent au développement physique et moral de la personne et mérite donc une vigilance particulière. En Suisse, il n’existe encore aucune formation d’enseignants en arts du cirque, aucun statut 31


n’est en place, il n’existe pas de diplôme d’Etat. Soucieuse de la formation des encadrants, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque a entamé un processus de mise en place de formations pour les enseignants. Depuis 2011, elle propose chaque année des week-ends de formation continue autour de thématiques spécifiques afin d’encourager l’interrogation des pratiques pédagogiques et l’échange entre les professeurs. Mais ces stages de deux jours sont loin d’être suffisants pour améliorer la qualification des enseignants. De ce fait, la Fédération Suisse des Ecoles de cirque souhaite créer une formation professionnelle en pédagogie des arts du cirque qui visera à développer les compétences pédagogiques, méthodologiques et didactiques spécifiques à l’enseignement, ainsi que les connaissances techniques nécessaires. 3.5. REGROUPEMENT DU SECTEUR Depuis une dizaine d’années, la communauté circassienne tend à se regrouper et à se structurer. Le secteur s’organise autour de deux regroupements nationaux : ProCirque, l’association suisse des professionnels des arts du cirque et la FSEC, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque. Ensemble, ils participent activement à la structuration du secteur des arts du cirque en Suisse, à sa valorisation et à sa reconnaissance. 3.5.1. PROCIRQUE, L’ASSOCIATION SUISSE DES PROFESSIONNELS DES ARTS DU CIRQUE Lancée en janvier 2014, ProCirque a pour ambition de réunir aussi bien les artistes de cirque, que les techniciens, pédagogues, metteurs en scène ou régisseurs travaillant dans le milieu du cirque. L’Association s’est donnée comme buts de regrouper et de défendre les artistes de cirque et des professionnels des arts du cirque, ainsi que la reconnaissance et la valorisation des arts du cirque en Suisse. « En regroupant aujourd'hui toutes ces personnes au sein d'une même association, l'enjeu est grand. ProCirque se dessine désormais comme l'interlocuteur privilégié pour représenter nos intérêts auprès des autorités. » Stefan Hort, Président ProCirque. ProCirque a été créée pour répondre aux besoins communs des artistes de cirque. Elle s’est donnée différents mandats d’études et s’engage à rassembler et à diffuser les renseignements de toute nature dans le domaine des arts du cirque. Afin d’offrir une meilleure visibilité au secteur, elle s’intègre aux associations suisses et internationales connexes. Elle est notamment affiliée à Suisse Culture et l’ATP, (association Artistes-Théâtres-Promotion) qui organise chaque année en avril la Bourse Suisse aux spectacles à Thoune. Elle participe régulièrement à des évènements culturels en lien avec le 32


cirque et les autres arts vivants. Enfin, ProCirque travaille activement à faire reconnaître les arts du cirque comme discipline à part entière en Suisse et intervient auprès des autorités compétentes en la matière. 3.5.2. LA FEDERATION SUISSE DES ECOLES DE CIRQUE La Fédération Suisse des Ecoles de Cirque a été créée en 2007 avec comme buts principaux la promotion, le développement et la reconnaissance des arts du cirque en Suisse, en soutenant la formation, la pédagogie et la création. La Fédération Suisse des Ecoles de Cirque « se veut un lieu de ressources, de partage et de collaboration, qui poussent les acteurs de l’enseignement des arts du cirque à se mettre en marche et à porter sur le devant de la scène des problématique communes. Se regrouper, apprendre des uns et comprendre des autres, rendre plus pertinentes nos démarches et nos réflexions, contribuer à faire bouger les cultures, telles sont les valeurs essentielles de notre Fédération. » Sarah Simili, Présidente FSEC. Forte de ses 37 écoles de cirque issues des trois régions linguistiques, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque souhaite : §

Promouvoir l’adhésion des écoles de cirque.

§

Améliorer la communication entre les écoles

§

Veillez au respect de la charte sur les points de la santé, de la sécurité et de la pédagogie

§

Assurer une communication moderne

§

Améliorer la formation en arts du cirque

§

Organiser des évènements culturels afin de favoriser et de stimuler l’échange et le dialogue entre les différentes écoles membres

La FSEC multiplie les contacts avec les instances politiques et institutionnelles afin de promouvoir et de valoriser les arts du cirque suisses au niveau national et international. Depuis sa création, la Fédération a décidé de donner la priorité au développement d’actions et d’outils pour répondre aux enjeux du secteur à travers la création de groupes de travail. Parmi les différents projets, elle organise des sessions de formation continue pour les professeurs, initie la mise en place de formations reconnues au niveau suisse et encourage les échanges éducatifs et artistiques pour les étudiants. La formation en arts du cirque restant au centre de ses préoccupations, la FSEC est devenue l’interlocuteur principal du Secrétariat d’Etat à la Formation, à la Recherche et à l’Innovation (SEFRI) pour tout ce qui concerne la structure formation en arts du cirque en Suisse.

33


3.6. RELATION AVEC L’EUROPE Réseau Circostrada Network ProCirque est inscrit depuis 2014 à Circostrada, le réseau européen pour les arts de la rue et du cirque, dédié à l’information, à l’observation et aux échanges professionnels. Il soutient le secteur des arts du cirque par des activités d’observation, de documentation, de formation, de recherche et d’édition. Réseau FACE (Fresh Arts Coalition Europe) ProCirque participe activement au réseau FACE - Fresh Arts Coalition Europe qui soutient, encourage et informe sur la création pluridisciplinaire et les formes d’arts émergents (créations pluridisciplinaires, cirque contemporain, théâtre physique, projets in-situ, etc.). FACE encourage ainsi les nouveaux partenariats en Europe et avec le reste du monde, et devient un forum dynamique soutenant ses membres et les professionnels du secteur artistique émergeant. La Fédération Européenne des Ecoles de Cirque (FEDEC) Afin de se tenir au courant du développement de la formation et de l’enseignement des arts du cirque en Europe, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque est membre partenaire de la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque. Fondée en 1998, la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque professionnelles a pour vocation principale de participer au développement et à l’évolution de la pédagogique et de la création dans le domaine des arts du cirque. Aujourd’hui, la FEDEC rassemble 41 écoles de cirque professionnelles européennes et canadiennes ainsi que 14 organisations liées aux arts du cirque, représentant 24 pays. La FSEC est membre partenaire de la FEDEC depuis sa création et participe activement aux différents projets qui visent au développement de la pédagogie dans le domaine des arts du cirque. Elle y apporte son expertise suisse et y tisse des liens privilégiés avec des structures partageant la même orientation.

4. BONNES PRATIQUES 4.1. NOS ARTS VOISINS : SECTEUR DANSE En 2002, Pro Helvetia et l’Office Fédéral de la Culture lançaient le « Projet Danse », visant à faire un état des lieux de toutes les étapes de la carrière professionnelle dans la danse (danseurs et chorégraphes) : de sa formation à sa reconversion, en passant par la création 34


et par la diffusion. Le projet avait pour objectifs de mettre un place une politique coordonnée pour la danse et de proposer des solutions aux manques. Réunissant les cantons, les villes et les associations de la danse, les groupes de travail ont œuvré pendant plus de 4 ans dans les domaines suivants : la formation, la reconversion, les archives, la production/diffusion et les infrastructures, la médiation/sensibilisation. Depuis sa publication, le Projet Danse a permis la mise en œuvre de plusieurs initiatives en faveur de l’encouragement à la danse : § Au niveau de la formation : avant 2002, il n’y avait aucune formation reconnue au niveau fédéral, uniquement des écoles privées. En 2009 a été ouvert le CFC Danseur-euse interprète orientation danse classique, en 2011 l’orientation danse contemporaine et dernièrement, en 2014, le Bachelor en Danse Contemporaine. L’association Danse Suisse s’occupe du développement de la formation et de la reconversion. § Au niveau de la reconversion : avant 2002, il n’existait aucun financement pour la reconversion des danseurs. La RDP, l’association pour la reconversion des danseurs professionnels, a été créée avec comme objectif d’aider les danseurs à réussir leur reconversion professionnelle à l’issue de leur carrière scénique. Elle propose un bureau permanent ainsi que des attributions de bourses. § Au niveau des archives : Depuis 2011, la Collection Suisse de la Danse œuvre dans la récolte des captations chorégraphiques et de documentation relatives à l’histoire de la danse suisse. § Au niveau production/diffusion : L’association Reso a pour objectif de mettre en réseaux les programmateurs et les différents partenaires subventionneurs. § Au niveau des infrastructures : peu de choses ont changé localement, tandis qu’au niveau national se créait un réseau animé par Reso. § Au niveau de la médiation/sensibilisation : la médiation de la danse s’est progressivement répandue en Suisse au cours de ces dix dernières années, même si les moyens en la matière mis à disposition des théâtres, festivals et artistes restent insuffisants. Par ailleurs, une Fête de la Danse est organisée depuis plus de 10 ans et rassemble aujourd’hui quelques 20 villes et communes de toute la Suisse. Le Projet Danse a entre autre permis la création de deux associations subventionnées par l’OFC : Danse Suisse, qui œuvre pour la reconnaissance et de la formation et Réso qui s’engage pour l’amélioration des conditions cadres pour la danse dans les domaines de la production,

diffusion,

infrastructures,

médiation,

avec

les

partenaires

concernés

(programmateurs, organisations de danse, subventionneurs). Le Projet Danse a donc été une étape décisive pour la danse en Suisse. En effectuant cet 35


état des lieux complet de l’ensemble de la carrière des danseurs en Suisse, les acteurs du projet ont pu poser un concept concret d’encouragement global. « Sa réussite fait déjà des envieux dans d’autres secteurs artistiques. On parle de nouveaux modèles pour la littérature, le théâtre ou la musique » écrit en 2006 Dominique Martinoli, coordinatrice du festival éviDanse. Depuis 2006, peu de choses se sont passées. « Il semble impossible d’adapter ce modèle dans les autres domaines mentionnés ci-dessus, et pour différentes raisons : la nature locale des infrastructures danse/théâtre/musique, généralement sous la responsabilité des villes, les problèmes de langues, les problèmes de taille des domaines (la danse est un petit domaine) et naturellement peu de volonté politique. Seul le cinéma a réussi le pas national » Isabelle Vuong, directrice de Reso. Avec son petit milieu et ses regroupements nationaux forts, le secteur circassien serait peutêtre le domaine artistique qui correspondrait le mieux à un tel modèle. 4.2. HORS DE NOS FRONTIERES Le soutien public et les modes de subventionnement pour les arts du cirque varient selon les pays. Depuis quelques années, le cirque tend de plus à plus à être considéré comme une activité culturelle et une forme d’art à part entière. Il bénéficie ainsi d’un soutien et d’un financement publics. 4.2.1. LE MODELE FRANÇAIS Depuis son passage du Ministère de l’agriculture à celui de la culture, le cirque français a bénéficié d’un soutien non négligeable de la part de l’Etat. L’attention toute particulière que lui accordent les pouvoirs publics lui a permis un renouvellement exceptionnel, qui tend à s’essaimer dans de multiples pays. Le premier axe dans le processus de reconnaissance des arts du cirque par l’Etat français fut porté sur la formation. L’ouverture de l’école nationale des arts du cirque à Châlons-enChampagne a fait naître de nouvelles générations d’artistes de cirque contemporains français et internationaux. « Le succès lui ouvre la porte des institutions culturelles, et, en 1985, le ministère de la Culture crée le Centre National des Arts du Cirque (CNAC) à Châlons-en-Champagne, ainsi que l’école nationale d’enseignement des arts du cirque (ENAC) à Rosny-sous-Bois. Cette légitimation institutionnelle marque un nouveau tournant

36


dans l’histoire de cet art novateur 16 ». Grâce à la mise en place de fonds de soutien par l’Etat, le paysage du cirque français a évolué à une allure impressionnante : multiplication du nombre de compagnies, de festivals, de lieux de création, de résidence, de diffusion, ainsi que la constitution de réseaux et d’organisations professionnelles. Le ministère de la Culture a élaboré des lignes précises en faveur des arts du cirque et les compagnies et les entreprises de cirque bénéficient de nombreuses aides : § des aides à la création qui soutiennent des projets de spectacles présentés par des compagnies ; § des aides au fonctionnement avec comme objectif de conforter le développement des compagnies déjà reconnues ; § des aides à la résidence, attribuées à des structures d’accueil, notamment pour le financement des apports en coproduction et des préachats ; § des aides à l’itinérance destinés à des compagnies qui tournent sous chapiteau ; § des aides à l’investissement pour l’achat de matériel nécessaire aux activités du cirque. Outre la mise en place de soutiens spécifiques à la création et l’augmentation de l’aide aux compagnies, le Ministère de la Culture reconnaît une grande importance aux Pôles des arts du cirque, lieux d’accueil et accompagnateurs majeurs des phases de création et de diffusion des spectacles de cirque. Ces établissements participent activement au rayonnement des arts du cirque et au lien avec les publics. A ce jour, dix Pôles des Arts du Cirque sont répartis sur le territoire français. Le paysage festivalier français est impressionnant. En 2010, l’on décomptait 63 festivals d’arts du cirque, 199 festivals d’arts de rue et 94 festivals hybrides d’arts de la rue et d’arts du cirque17. Au niveau de la formation, l’Etat met un point d’honneur à assurer une formation professionnelle de qualité. Les écoles nationales d’enseignement supérieur comme le Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne (CNAC) ou l’école nationale de Rosnysous-Bois sont soutenus par le ministère de la culture avec la volonté de développer les compétences techniques et artistiques des futurs artistes.

16

Marie-Carmen Garcia, Artistes de cirque contemporain, La Dispute, 2011

17

Les chiffres clés des arts du cirque & de la rue, HorsLesMurs, 2010

37


Enfin, le ministère de la culture subventionne un centre national de ressource, HorsLesMurs, Centre National de Ressources, la Fédération Française des Ecoles de Cirque qui cadre la rigueur, la sécurité et la qualification des formateurs, ainsi que le Syndicat du cirque de création. 4.2.2. FORMATION EN EUROPE En quelques années, le paysage de la formation supérieure aux arts du cirque s’est singulièrement modifié. Depuis la création des premières écoles de cirque en France, le mouvement est lancé et de nombreuses écoles de cirque apparaissent partout en Europe et dans le monde. La formation aux arts du cirque est en pleine ébullition. Désormais, artiste de cirque est devenu un métier qualifié d’un diplôme de niveau universitaire dans de nombreux pays, ce qui témoigne de l’intérêt grandissant pour le genre. En Belgique, Bruxelles abrite l’école supérieure des arts du cirque (ESAC) qui offre un diplôme de Bachelier. Même cas de figure à Londres au National Centre of Circus Arts, à Copenhague, à Akatemiet for Utaemmet Kreativitet

(AFUK), à Stockholm, à Dans och

Cirkushögskolan ou à Rotterdam, à Codarts (Circus Arts). A ce jour, on compte une quinzaine d’écoles supérieures délivrant une formation officielle dans le domaine. S’ajoutent à ce nombre, une vingtaine d’écoles ou d’institutions offrant des programmes à plein temps visant à la professionnalisation18. En 1998, ces écoles professionnelles et préparatoires se sont regroupées sous l’égide de la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque (FEDEC) afin de répondre à une nécessité pour elles de se regrouper afin de créer un réseau. Depuis, la FEDEC est devenue une véritable référence dans la formation aux arts du cirque. En 2008, la base de données du projet Miroir, mise en œuvre par la FEDEC, à permis la publication d’un répertoire mondial de toutes les écoles et institutions de formation aux arts du cirque, recensant plus de 600 structures : écoles de loisirs, préparatoires et professionnelles confondues. En 2014, la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque initie un projet ayant pour objectif de définir la profession de professeur en arts du cirque et un référentiel de compétences. Ce document participe activement à la reconnaissance de la profession. La Suisse, via la FSEC, a pu déjà profiter des ressources et de l’aide de la FEDEC dans de nombreux projets et initiatives.

18

Selon le listing des membres effectifs de la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque (FEDEC)

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5. PLAN D’ACTIONS En Suisse, le secteur des arts du cirque est un secteur jeune et dynamique. Les domaines de la formation, de la création et de la diffusion sont peu structurés et commencent à peine à être reconnus. C’est tout un concept à penser et à construire. Les pages qui suivent présentent la matérialisation de l’état des lieux exposé plus haut, en un début de plan d’action. Ce plan dédié aux arts du cirque vise à la mise en place des mesures adaptées afin de réduire les freins au développement du secteur. Il s’agit surtout de faire reconnaître la discipline, de soutenir le travail des créateurs et des diffuseurs, de structurer la formation, tout en favorisant l’appréciation du cirque contemporain par les publics. A la fois ambitieuses et visionnaires, les impulsions et les propositions données dans ce présent travail ont comme objectif principal de révéler des prises de conscience et d’engendrer des réalisations concrètes. Schéma n°4 : Rappel des axes de l’étude

Axe 1 : Connaissance et reconnaissance du secteur

Axe 5 : Les regroupements nationaux

Axe 4 : La Formation

Axe 2: La création et la production

Arts du cirque en Suisse

Axe 3 : La Diffusion

5.1. CONNAISSANCE ET RECONNAISSANCE DU SECTEUR La connaissance et l’intérêt pour un secteur est déjà la première étape pour sa reconnaissance. Il existe une réelle nécessité de débloquer des budgets afin d’approfondir les réflexions relatives à chacun des axes. Il serait judicieux de faire appel à un organe 39


professionnel comme l’Office Fédéral de la Statistique pour réaliser une étude plus poussée. Cette reconnaissance du secteur est un enjeu prioritaire. L’inscription du cirque dans la politique culturelle suisse aura des répercussions positives sur l’ensemble des axes exposés ici. Il est donc indispensable de poursuivre les démarches de représentation et de sensibilisation auprès des instances politiques communales, cantonales et fédérales. Le système de subsidiarité suisse suppose l’implication de tout le secteur par un lobbying ciblé de leurs décideurs régionaux afin de permettre aux regroupements nationaux d’agir au niveau fédéral. Les autorités doivent tôt ou tard se rendre compte des possibilités de rayonnement des arts du cirque, en soutenant la diffusion nationale et internationale. En septembre 2014, ProCirque et la FSEC, se sont prononcées conjointement sur le message culturel 2016-2019 en faisant part à l’OFC de la nécessité d'une prise de position politique claire à propos des arts du cirque et l’urgence d’agir sur la problématique de l’absence de la pleine reconnaissance de la discipline. Cette initiative a permis une première prise de contact avec l’Office Fédéral de la Culture mais pour l’heure, aucune suite concrète n’a été proposée. « La pleine reconnaissance des arts du cirque en Suisse prendra de nombreuses années », Danielle Nanchen, cheffe de la section Création Culturelle de l’Office Fédéral de la Culture. Dès 2016, ProCirque se penchera sur la définition de l’auteur dans les arts du cirque afin d’entamer une procédure d’intégration à la Société Suisse des Auteurs (SSA). De plus, en collaboration avec l’ATP (Association Artistes Théâtre Promotion Suisse), elle prévoit d’établir une liste des différents espaces de cirque en Suisse pour l’année 2015, répertoriant les lieux de diffusion, de résidence, de création, de répétition, etc. Ce catalogue répondra à une réelle nécessité pour les artistes de connaître l’éventail des accueils cirque possibles en Suisse. Toutes ces démarches contribuent pleinement à la reconnaissance des arts du cirque en Suisse. Plan d’actions pour la reconnaissance des arts du cirque F Continuer le lobbying auprès du public et des autorités concernées grâce à une communication ciblée F Informer, sensibiliser, convaincre F Présentation des arts du cirque comme une discipline artistique F Favoriser la présence de répondants cirque au sein des conseils culturels F Considération des arts du cirque comme une discipline artistique en soi dans les domaines d’encouragement du Message culture 2020-2024 F Collaboration avec la SSA, ATP-KTV

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5.2. SOUTIEN A LA CREATION ET A LA PRODUCTION La Suisse doit marquer une étape significative dans sa volonté de soutenir les arts du cirque en mettant en place un fond de soutien et des aides à la création. Cette assise économique permettra de favoriser le développement et le renouvellement du secteur en Suisse. En juin 2015, le canton du Valais inscrit officiellement les arts du cirque dans son dispositif ThéâtrePro Valais qui a pour objectif d’encourager et de soutenir le développement de la création professionnelle dans les domaines des arts vivants. Le Valais est donc le premier canton à inscrire le cirque en tant qu’art à part entière. Le modèle valaisan pourra être appliqué aux autres cantons. Un entretien avec Pro Helvetia devient indispensable pour définir une stratégie d’enveloppe budgétaire pour les formes circassiennes. Cet enjeu vise à ouvrir une « enveloppe» arts du cirque au sein de la Fondation suisse pour la culture afin que des projets cirque, ayant une portée nationale et internationale, puissent bénéficier d’un soutien à la création artistique et à la diffusion. Rappelons que les circassiens se défendent d’être de très bons investissements culturels, représentant la Suisse à l’étranger. L’absence de barrières linguistiques donne au cirque le privilège d’être exportable dans toutes les régions linguistiques. Contrairement à ses pays voisins, la Suisse n’a pas assez d’espaces propres aux arts du cirque et à ses spécificités. Cela limite les possibilités de création, de résidence et de production. Les arts du cirque ayant des caractéristiques propres, les mesures d’aide à la résidence, attribuées à des structures accueillant des compagnies en résidence, pourraient estomper les réticences à accueillir du cirque. A moyen terme, des lieux existants pourraient être davantage adaptés et exploités pour l’accueil de création circassienne. A long terme, il y a une réelle nécessité de développer des structures nationales ayant pour mission de créer des spectacles de cirque, des outils de travail pensés en fonction de ses besoins.

Plan d’actions pour l’aide à la création F Mise en place de fonds de soutien et d’aides à la création F Développer des mesures d’encouragement aux arts du cirque F Mesures d’aide à la résidence attribuées à des structures et les compagnies F Création d’espaces propres aux arts du cirque et à ses spécificités

5.3. SOUTIEN A LA DIFFUSION Il existe déjà certaines initiatives en cours pour développer la diffusion des œuvres circassiennes dans des institutions déjà existantes. Le cirque et ses nouvelles formes 41


trouvent de plus en plus une place dans les théâtres. Des établissements comme le Théâtre du Crochetan à Monthey, le Forum de Meyrin, le théâtre de Beausobre à Morges et d’autres encore proposent déjà des spectacles de cirque dans leur programmation annuelle. Cependant, si ces lieux montrent une affinité grandissante pour les arts du cirque, notamment contemporain, aucun d’eux n’en a fait sa spécialité. Dans un premier temps, la mise en réseau de lieux qui accueillent déjà du cirque permettra de consolider et de développer la diffusion de spectacles au niveau national. Il faut aussi créer un lien étroit entre les espaces de représentation et les espaces qui ont les infrastructures nécessaires pour accueillir les compagnies dans leurs premières phases de création. Des pistes pourraient être creusées, comme lier des établissements de diffusion à des espaces de résidence, d’entrainement ou de formation. Dans une phase de transition, les écoles de cirque ayant des espaces adaptés à la pratique pourraient accueillir une partie des résidences. Parallèlement, le développement de festivals, qui représentent un important réseau de diffusion des spectacles, viendrait compléter l’offre des théâtres accueillant des spectacles de cirque. A long terme, la création d’un centre entièrement dédié aux arts du cirque contribuera à la reconnaissance du domaine, à l’instar des pôles français qui sont des lieux pérennes de référence en matière de production, de diffusion et d’actions culturelles autour des arts du cirque. La mission de ces pôles engloberait non seulement la production de spectacles mais aussi leur diffusion. Plan d’actions pour la diffusion : F Développer une meilleure présence et circulation des arts du cirque sur tout le territoire helvétique F Augmenter la programmation cirque dans les réseaux F Sensibiliser les publics pour les spectacles présentés F Instaurer une réflexion avec les diffuseurs pour élargir les esthétiques programmées F Aider les compagnies à montrer leur travail, journée de présentation, lien avec le secteur de diffusion, soutien aux artistes émergeants F Développer les festivals de cirque contemporain

5.4. DEVELOPPEMENT ET RECONNAISSANCE DES FORMATIONS La structuration de la formation aux arts du cirque représente un enjeu important pour 42


l’avenir du secteur en Suisse. L’état des lieux sur la formation a permis de repérer les structures d’enseignement et de mieux connaître leur condition d’éducation. La septantaine d’écoles de cirque établies sur le territoire témoigne de l’engouement grandissant pour les arts du cirque, que ce soit pour une pratique en loisir ou pour une voie de professionnalisation. Suite à ce constat, il est temps de définir les besoins de ceux qui représentent le secteur, à savoir : les élèves qui pratiquent une activité cirque en loisir, les jeunes qui désirent en faire leur métier, les professeurs, ainsi que les artistes professionnels en formation continue ou en reconversion. Le développement des parcours artistiques (SAE, CFC, Brevet, Bachelor) permettra d’apporter aux futurs artistes et enseignants des formations correspondant à leurs besoins. Des diplômes reconnus au niveau fédéral agiront non seulement comme validation d’un cursus scolaire homologué par les institutions mais permettront aussi aux artistes de cirque de se reconvertir au terme de leur carrière. De plus, la structuration et la reconnaissance des filières permettront de clarifier l’utilisation des appellations « école préparatoire », « professionnelle » ou « supérieure », souvent peu lisibles pour le public non averti. Sur la base de la structuration de la formation en Suisse, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque propose un schéma de formation intégrant les différents cursus. Schéma n°5 : Possibilité de structuration de la formation aux arts du cirque

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5.4.1. FORMATION DE PRATIQUE AMATEUR Sans pratique amateur forte et de qualité, il n’y a pas de développement. Les cours de loisir à destination des enfants, des adolescents, des adultes permettent de tisser des liens forts entre curieux qui souhaitent s’initier ou se perfectionner et l’art circassien. Les écoles de cirque participent activement à une démarche d’ouverture artistique et culturelle. Elles agissent comme des vecteurs de rencontres et d’échanges, contribuant à rendre visible le renouveau et le dynamisme du secteur. Le secteur de pratique amateur se porte bien. Les écoles établies dans notre pays sont aussi diverses et variées et le nombre de pratiquants ne cessent d’augmenter depuis une vingtaine d’années. Cette croissance exponentielle du nombre d’écoles nécessite qu’on y porte une attention particulière, car contrairement aux activités sportives ou artistiques, le cirque n’est pas règlementé en Suisse. La création de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque fait l’objet d’une démarche volontaire de ses membres dans la mise en place d’un cadre de qualité dans l’enseignement des arts du cirque. Les écoles voient dans l’adhésion à la Fédération une première reconnaissance officielle. En ce sens, la FSEC tend à devenir un organe d’agrémentation qui atteste de l’engagement des écoles sur les points de la pédagogie, du respect de l’intégrité physique et psychique des participants, de la qualification des enseignants engagés et du respect des normes de sécurité. Dès lors, la Fédération doit donner une importance particulière aux critères et aux conditions d’admission en exigeant des programmes de qualité, donnés par des formateurs qualifiés.

Plan d’actions pour la pratique amateur : F Accompagner et valoriser les pratiques amateurs F Consolider les démarches de structuration et de qualification de l’enseignement aux arts du cirque F Définir une procédure d’agrémentation

5.4.2. FORMATION PREPARATOIRE Les formations préparatoires ont comme objectifs de préparer les élèves en vue d’une candidature dans les centres de formations professionnelles ou supérieures. Bien qu’il n’y ait pas encore de formation professionnelle en Suisse, de nombreuses écoles de cirque assurent une formation préparatoire de grande qualité qui permet à de nombreux jeunes de suivre un éventuel cursus professionnel ultérieur. Il s’agit maintenant d’officialiser 44


et de reconnaître ces cursus en les imbriquant dans la structure de formation suisse. La carrière d’artiste étant courte et soumise à un entraînement constant, comparable à celui d’un sport de haut niveau, il est indispensable de proposer un cursus professionnalisant dès la formation secondaire. De plus, la reconnaissance universitaire des écoles supérieures impose de plus en plus aux candidats d’avoir achevé une maturité professionnelle, spécialisée ou gymnasiale. C’est sur cette base que la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque propose un schéma de formation adapté au système de formation suisse et inspiré des cursus mis en place par la danse ou le théâtre. Parmi les options possibles sur le schéma de la structuration de la formation en Suisse : § Maturité gymnasiale en bénéficiant des conditions Sport et Art Etudes (SAE) : ex. les classes pour artistes et sportifs (MS) du Gymnaste Auguste Piccard à Lausanne (VD) ; § Maturité spécialisée artistique orientation cirque, à l’instar de la maturité spécialisée artistique orientation théâtre proposée à l’école de commerce et de cluture générale de Martigny (ECCG Martigny, VS) § Certificat Fédéral de Capacité (CFC), à l’image du CFC de danse contemporaine à Genève Schéma n°6 : Formations préparatoire au niveau secondaire

Structures Sport et Art Etudes Le développement d’une offre SAE-Cirque, à l’échelle nationale, est une étape accessible à court terme. Les arts du cirque ont déjà rencontré un bon accueil dans les différentes structures Sport et Art Etudes (SAE) dans les cantons romands. La mise en place d’une telle 45


reconnaissance est en cours pour les cantons alémaniques et tessinois. Des pôles de formation préprofessionnels Parallèlement à l’intégration du cirque dans les filières SAE, d’autres réflexions sont en cours afin de permettre d’effectuer une formation artistique en même temps que la formation scolaire. § Maturité Spécialisée Artistique à l’ECCG de Martigny (VS) : La Maturité spécialisée artistique est proposée par l’ECCG, en collaboration avec l’Ecole de Théâtre de Martigny. Un projet d’élargissement du spectre artistique a été déposé à la CDIP et une nouvelle filière, englobant le théâtre, la danse et le cirque, permettra de préparer les candidats aux différentes disciplines. L’école de cirque Zôfy à Charrat sera l’interlocutrice cirque. § Formation Préprofessionnelle BE-JU-NE dans le domaine des Arts et du Spectacle Vivant : un projet similaire est en cours à la Chaux-de-Fonds avec comme partenaires l’école de Ton-sur-Ton, Arc-en-Scène, le Lycée Blaise Cendrars et les affaires culturelles de la ville. Certificat Fédéral de Capacité (CFC) Option Arts du Cirque La loi sur la formation professionnelle donne un rôle essentiel aux organisations du monde du travail (associations professionnelles) dans la mise en place des formations. Le secteur cirque a la possibilité, sur le modèle du CFC de Danseur interprète orientation contemporaine, d’élaborer un apprentissage du cirque menant à l’obtention d’un certificat fédéral de capacité (CFC). Couplé avec une solide formation de culure générale (maturité professionnelle), le CFC permettra le passage à des formations supérieures, toute en acquérant un diplôme reconnu.

Plan d’actions pour la formation préparatoire : F Informer les futurs artistes aux possibilités qu’offrent les systèmes Sport et Art Etudes (SAE) F Développer l’offre SAE-Cirque dans les cantons alémaniques et tessinois F Validation des pôles de formation préparatoire en cours F Mise en place d’un groupe de travail pour évaluer la viabilité d’un CFC en arts du cirque en Suisse et prise de contact avec le SEFRI

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5.4.3. BACHELOR EN ARTS DU CIRQUE Alors que le paysage européen se compose de plus en plus de parcours de formation conduisant à l’obtention d’un diplôme universitaire, le cirque n’a pas de formation d’artistes reconnue en Suisse. Tout comme les autres métiers artistiques, un diplôme reconnu constitue un passeport indispensable pour la reconnaissance de la profession. Il permet aux artistes d’être reconnus comme professionnels et d’être concurrentiels dans le secteur. De plus, une reconnaissance de formation permet non seulement la carrière elle-même mais aussi d’envisager l’après carrière. Un papier académique agit comme un véritable parachute au parcours professionnel. Schéma n°7 : Bachelor en arts du cirque

Malheureusement, ceci n’est pas toujours entendu par les responsables politiques et les réponses reçues de la part des départements de la formation ont démontré la méconnaissance de notre secteur. Il n’y a, pour l’instant, pas de prise de conscience de l’évolution du domaine circassien et de ses réalités. Or, afin de palier à la fuite des talents, il est temps pour notre pays de se positionner sur la place qu’il veut donner à la formation de ses artistes de cirque. Les réflexions menées à ce jour pour la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque ont permis de définir deux stratégies de mise en place d’une formation supérieure. Quelle que soit la voie choisie, le niveau de formation devra correspondre aux standards internationaux, en s’alignant sur une architecture commune : Bachelor, Master : 47


A. La reconnaissance des formations de 3 ans à plein temps dispensées par des formations existantes (Ecole de Cirque Zôfy en Valais et Théâtre Cirqule à Genève) en leur donnant les moyens de se professionnaliser, d’établir des programmes basés sur les formations déjà existantes en Europe et sur les formations des arts voisins, d’engager du personnel qualifié et d’équiper leur infrastructure. B. La création d’une filière cirque, en partenariat avec les Bachelors en arts voisins comme le Bachelor en Théâtre ou en Danse contemporaine dispensé par la Manufacture. Les premiers contacts avec le SEFRI (Secrétariat d’Etat à la Formation, à la Recherche et à l’Innovation) ont confirmé qu’il est très difficile, actuellement, de lancer de nouvelles formations supérieures en Suisse. La mise en place d’une formation en arts du cirque de type Bachelor devra donc faire objet d’un projet à long terme et en partenariat avec ses arts voisins. Mais avant de pouvoir s’engager sur le long chemin de reconnaissance d’un bachelor en arts du cirque en Suisse, le secteur devra se poser quelques questions : § Qui dit paysage international où chaque école vise l’excellence, dit compétitivité et originalité. Qu’est-ce que le Bachelor en arts du cirque suisse apportera à l’offre riche de l’espace européen et mondial ? § Comment la nouvelle formation va-t-elle s’inscrire dans la complémentarité des écoles d’arts établies en Suisse? § Quelle est la véritable masse critique des futurs étudiants ? Quelles sont les ouvertures au niveau des postes de travail ? Une véritable étude de marché devra être entreprise. Enfin, on retrouve en la matière l’incontournable question des moyens financiers. A l’heure actuelle, il n’y a aucune ressource financière suffisante pour assumer les coûts de mise en place d’une telle formation. Mais face à l’urgence et à la pression du secteur, des mesures transitoires, comme la reconnaissance des diplômes étrangers, devraient être envisagées. La formation en arts du cirque, et en arts en général, se conjuguent aujourd’hui largement à l’international. Accepter la transmission des connaissances et la possibilité d’équivalences permettrait que les étudiants puissent revenir suivre des formations complémentaires ou de reconversion dans leur pays.

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Plan d’actions pour la formation supérieure F Constitution d’un groupe de travail composé de directeurs, de pédagogues, d’artistes ainsi que d’experts internationaux F Réflexion sur la pertinence d’une mise en place d’une formation supérieure en Suisse F Définir la meilleure stratégie F Trouver les collaborations possibles avec la danse ou le théâtre ? F Recherche d’un partenariat avec une université permettant l’accréditation de la formation au niveau Bachelor

5.4.4. MISE EN PLACE D’UNE FILIERE D’ENSEIGNANTS EN ARTS DU CIRQUE Le développement et la qualification de la pratique amateur ne peuvent se faire sans un encadrement professionnel. La Fédération Suisse des Ecoles de Cirque s’est engagée dans la formation de professeurs de cirque, afin de développer ou de compléter leur qualification, et d’assurer l’intégrité physique et morale de chaque jeune pratiquant. Cette formation reconnue assurera aux élèves et aux familles une garantie de compétence des enseignants. Cette formation permettra la définition de la profession d’enseignant en arts du cirque et permettra une reconversion des artistes de cirque en prenant en compte leurs parcours professionnels. Schéma n°8 : Ecole Supérieure pour les enseignants en danse, mouvement et cirque

Depuis deux ans, les nombreux entretiens et discussions avec les acteurs du secteur de 49


l’enseignement ont déclenché une véritable réflexion sur le développement de la formation en enseignement des arts du cirque en Suisse. La formation de formateurs est donc devenue une préoccupation centrale. Après l’introduction de stages de formation continue pour les enseignants travaillant dans les écoles de cirque, la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque a entamé un processus de mise en place d’une formation initiale reconnue pour les enseignants en arts du cirque. Le système éducatif suisse offrant la possibilité aux associations faîtières professionnelles de mettre en place des brevets et diplômes fédéraux, un projet de « Brevet Fédéral en enseignement des arts du cirque » a été déposé au SEFRI (Secrétariat d’Etat à la Formation, à la Recherche et à l’Innovation) au mois de mars 2015 avec le soutien du canton du Jura, du Valais et de la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque. Suite à une première réponse négative du SEFRI pour une question de masse critique, le groupe de travail s’est attelé à élaborer une nouvelle stratégie en collaboration avec les cantons. Parallèlement au brevet, un rapprochement avec l’association faîtière Danse Suisse et la Berufverband Gesundheit und Bewegung Schweiz a permis d’échanger sur la mise en place d’une formation tertiaire commune pour les enseignants en arts. L’écriture du cursus démarrera en septembre 2015. Ce partenariat avec Danse Suisse et la Berufverband Gesundheit

und

Bewegung

Schweiz

permettra

d’assurer

un

parcours

mutualisé,

encourageant les croisements artistiques et pédagogiques. Au niveau européen, la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque (FEDEC) discute actuellement sur les questions de compétences du professeur en arts du cirque grâce au projet « Intense » soutenu par les fonds européens. Le projet regroupe les directeurs pédagogiques des écoles de cirque supérieures et professionnelles d’Europe. La Suisse participe activement aux rencontres et une collaboration étroite pourrait être envisagée.

Plan d’actions pour la formation de formateurs F Collaboration avec les cantons pour la mise en place d’un « Brevet Fédéral en enseignement des arts du cirque » F Collaboration avec Danse Suisse et la Berufverband Gesundheit und Bewegung Schweiz pour la mise en place d’une formation de niveau tertiaire pour les enseignants en danse, mouvement et cirque

5.5. CONSOLIDATION DES REGROUPEMENTS ProCirque et la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque (FSEC) sont les seuls acteurs nationaux reconnus pour leur expertise dans le domaine des arts du cirque. Main dans la 50


main, elles souhaitent contribuer activement aux réflexions du secteur et des instances politiques et culturelles sur le futur développement du cirque en Suisse. Une grande partie du développement et de l’évolution du secteur dépend de ces réseaux qui mettent à disposition des ressources et des savoirs faire au service des acteurs du milieu. Les deux regroupements défendent activement les intérêts de leurs membres et encouragent les échanges entre les différents acteurs du secteur (artistes, lieux de diffusion, subventionneurs) au niveau national et international. De ce fait, les deux associations souhaitent obtenir la pleine reconnaissance des autorités politiques et culturelles et devenir les interlocuteurs nationaux des arts du cirque pour le secteur suisse des arts du cirque. Depuis la création de ProCirque et de la FSEC, les projets se multiplient et la charge de travail est devenue conséquente. L’augmentation des activités accentue inévitablement les besoins. Les groupements cherchent actuellement un lieu d’accueil pour installer un bureau permanent et un centre de ressources, des apports financiers pour la création de postes de travail salariés. Les revenus liés à la cotisation de leurs membres ne suffisent pas. Afin de maintenir, consolider et développer leurs activités, les deux groupements ont un besoin urgent de soutien financier adéquat, au même titre que leurs réseaux voisins (Reso, Danse Suisse, ARTOS) : § Une première piste s’est dessinée pour ProCirque qui pourrait bénéficier du régime d’encouragement de l’Office Fédéral de la Culture, en vigueur pour les organisations culturelles, étant une organisation aux services des acteurs culturels professionnels et représentant leurs intérêts. § Quant à la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque, n’étant pas, à proprement dit, une organisation professionnelle, mais un réseau d’associations, elle ne répond pas aux critères posés par l’OFC. Il sera plus difficile pour elle de trouver un financement pour son fonctionnement. Une base de financement est néanmoins indispensable pour qu’elle puisse continuer son travail dans la structuration de la formation.

Plan d’actions pour les regroupements nationaux F Soumettre une demande de financement en vue du soutien au fonctionnement de ProCirque via le régime d’encouragement de l’OFC F Obtenir un financement pour le fonctionnement de la Fédération Suisse des Ecoles de Cirque F Soutenir ProCirque et la Fédération Suisse des écoles de cirque comme organisations professionnelles au même titre que Danse Suisse et Reso F Contribuer activement aux réflexions des acteurs politiques et culturels sur le51 développement des arts du cirque


6. CONCLUSION Le présent portrait du secteur des arts du cirque en Suisse a permis de mieux connaître les conditions de pratique, de vie et de formation des artistes suisses ; de concevoir et de conduire des interventions cohérentes et adaptées à leur contexte et de proposer ainsi à la Confédération le mise en œuvre d’une politique pertinente dans le domaine des arts du cirque. L’état des lieux a démontré la volonté du secteur de mener une action forte afin de définir une véritable stratégie, des modes d’intervention, des types de projets, des domaines d’action et des priorités afin de répondre aux besoins réels du domaine en matière de pratique, de création, de diffusion et de formation. Elle a souligné la volonté de défendre et de développer un projet porté non seulement par le milieu circassien, mais également par tous ceux qui bâtissent la culture en Suisse. Les conclusions de l’enquête révèlent qu’il manque en Suisse une véritable politique en faveur des arts du cirque qui permettrait aux structures de s’organiser afin de mener une avancée collective significative. La reconnaissance du cirque contemporain en tant que genre artistique à part entière permettra d’acquérir une légitimité institutionnelle. Plusieurs années seront sans doute nécessaires pour relever ces défis, mais comme le dit Raymond Peyramaure, Clown, metteur en scène pour les arts du cirque, « Un artiste de cirque ne doute de rien sinon, jamais il ne marcherait sur un fil ». Le présent propose une première feuille de route dans l’optique qu’un jour, le secteur des arts du cirque passe du statut d’émergence au statut de développement. « Enfin, osons rêver, le cirque pourrait même devenir une figure de proue de la création et de l'innovation, les artistes de cirque démontrant une grande polyvalence et un dynamisme indéniable. Et le cirque, cet art non-verbal par excellence et accessible à tous, s'inscrit parfaitement dans l'amélioration de la cohésion sociale d'un pays multilingue et multiculturel!19»

19

Stefan Hort et Sarah Simili, Pour une reconnaissance et un soutien des arts du cirque dans le prochain message culture 2016-19, Lettre à l’Office Fédéral de la Culture, septembre 2014.

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