201409 telerama rozeblauw

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Vu de l’étranger

Amsterdam seraitelle gagnée par l’homophobie ? La réponse de Marja Lust, enquêtrice au sein du réseau policier Roze in blauw, qui recueille les plaintes des homosexuels à Amsterdam.

Lors de la Gay Pride amstellodamoise en 2013 (ici, le cortège des policiers).

Les Pays-Bas furent, en 2001, le premier Etat au monde à reconnaître le mariage gay. Pourtant, aujourd’hui, les plaintes pour agressions à l’encontre d’homosexuels s’y multiplient. Plusieurs articles de presse ont récemment fait état d’une augmentation des violences homophobes. En fait, il s’agit plutôt d’une augmentation des plaintes, pas des attaques. En 2007, la police d’Amsterdam a créé une unité consacrée à la communauté LGBT [lesbiennes, gays, bi et trans, NDLR], baptisée Roze in blauw [Rose en bleu]. Nous insistons auprès des gays pour qu’ils dénoncent les agressions, y compris verbales, dont ils sont victimes : on ne peut résoudre que les problèmes dont on entend parler. Dans chaque commissariat est basé au moins un policier Roze in blauw. Les victimes savent qu’elles y trouveront une oreille compassionnelle et ont donc moins honte qu’auparavant de dénoncer les attaques — comme les rencontres sur Internet qui tournent au cambriolage, par exemple. C’est pour cela que les chiffres grimpent. Par ailleurs, Roze in blauw s’applique à sensibiliser la population hétérosexuelle, par le biais d’ateliers, d’interventions dans les écoles… Le travail de diplomatie prime dans la rue. Un couple de lesbiennes se faisait harceler par des petits Marocains : nous avons envoyé un officier marocain homosexuel discuter avec eux. Tout le voisinage en a bénéficié. Les résultats sont très positifs. Même si cela nécessite une génération ou deux, je pense qu’un jour nous nous dirons : “Nous sommes devenus inutiles”. » Propos recueillis par Marie-Charlotte Pezé

Faut-il revoir nos classiques ? L’écrivaine Nicole Galigaris signe un Ubu roi transposé dans l’univers de la finance globalisée. Ubuesque ?

Pourquoi tant de remakes au cinéma, et si peu en littérature ? C’est ce qu’a dû se dire la maison d’édition Belfond, qui lance une nouvelle collection (Remake, donc) avec trois titres où sont revisités Balzac, Flaubert et Jarry. A l’origine, un roman de Frédéric Berthet (publié en 1996, mais depuis introuvable), Le Retour de Bouvard et Pécuchet, mettant en scène ces deux imbéciles heureux dans la France des années 1980, plus d’un siècle après leur création par Gustave Flaubert. Berthet a donné des idées à d’autres : Nicole Caligaris, dont le personnage d’Ubu roi sévit dans le monde actuel de la finance et de la politique (cet Ubu-là exhibe sa Rolex en paraphant « des contrats intercontinentaux ») ; Bertrand Leclair, lui, ressuscite, dans Bonhomme Pons, le cousin Pons en ex-chanteur soixante-huitard, égaré dans la mondanité contemporaine avec sa collection de tracts dadaïstes et de manuscrits rares. Gageure pour l’un et l’autre : garder son style en marchant dans les pas du géant. Demi-réussites à l’arrivée. Leclair met son piquant dans la phrase charpentée du père Balzac. Caligaris réinvente l’invention langagière de Jarry. Mais tout cela sonne un peu contraint. Berthet s’était passé la commande à luimême. Est-ce pour cela qu’il s’en tirait mieux ? — François Gorin Télérama 3376 24 / 09 / 14

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