CHERS AMIS DANS LE SEIGNEUR
Le Chemin du Cœur est l'itinéraire spirituel proposé par le Réseau Mondial de Prière du Pape C'est la boussole de notre mission, une mission de compassion pour le monde Il s'inscrit dans la démarche initiée par le pape François avec Evangelii Gaudium, "La joie de l'Évangile"
C'est le résultat d'un long processus impulsé par le père Adolfo Nicolás, alors supérieur général de la Compagnie de Jésus. Au tout début, avec une équipe internationale dirigée par le père Claudio Barriga SJ, une ébauche avait été rédigée, appelée ici « Cadre de référence ». Nous avons présenté cet itinéraire au pape François qui l’a approuvé en août 2014 ; puis nous l’avons publié dans un document intitulé : « Un chemin avec Jésus, en disponibilité apostolique » (décembre 2014). Ce document présentait une nouvelle manière de comprendre la mission de l'Apostolat de la Prière, dans une dynamique de disponibilité apostolique, comme c’était le cas au commencement.
Le Chemin du Cœur est essentiel pour la recréation de ce service ecclésial, aujourd’hui Réseau Mondial de Prière du Pape. Il s 'agit d'un approfondissement de la tradition spirituelle de l'Apostolat de la Prière pour aujourd'hui, et il articule de manière originale les éléments essentiels de ce trésor spirituel avec la dévotion au Cœur de Jésus Il peut être considéré comme une adaptation des Exercices Spirituels de saint Ignace Le Chemin du Cœur est la clé d'interprétation de notre mission Le commentaire écrit en 2017 souhaitait aider les équipes nationales du Réseau de Prière du Pape à approfondir chaque pas du Chemin du Cœur et à entrer dans sa dynamique interne, afin qu 'elles puissent proposer, avec leur propre créativité, des matériaux adaptés à leur contexte local Nous trouvons ce texte dans chaque livre sous le titre "Dynamique interne du pas "


Nous avons vite compris qu’il était important d’aider les équipes nationales à approfondir davantage Le Chemin du Cœur, sans lequel il serait difficile d’avancer dans le processus de recréation de cette œuvre pontificale. C’est pourquoi nous avons commencé à écrire en 2018, avec une équipe internationale, 11 livres. Cette équipe était coordonnée par Bettina Raed, aujourd’hui Coordinatrice Internationale du Chemin du Cœur. C'est depuis la terre du pape François, avec le soutien de plusieurs compagnons jésuites et des laïcs, que nous avons mené à bien ce labeur. En 2020 nous avons publié ce travail en espagnol, sous forme de site internet avec 86 vidéos, 86 podcasts et plusieurs centaines de fiches de présentation: www.caminodelcorazon.church
Vous trouverez ici la traduction française des livres du Chemin du Cœur. Une traduction est toujours limitée, et nous laissons à vos soins de l’adapter localement. Nous espérons que ce matériel vous aidera à proposer cette mission de compassion pour le monde avec créativité (retraites spirituelles, sessions de formation, réunions du Premier vendredi du mois, etc.) C'est le fondement de notre mission. Notre façon propre d'entrer dans la dynamique du Cœur de Jésus.
Original espagnol
P. Frédéric Fornos, S.J.
Directeur International
Boussole pour orienter ce PAS
Mot-clé : SE DONNER
Objectif : S'ouvrir à une vie eucharistique, être pour les autres
Attitude clé : Suivre Jésus-Christ sous le signe de la Croix
Ce que nous recherchons – Fruit : Persévérance et détermination dans le combat spirituel
Dynamique interne du PAS : Mon union au Christ, mon cœur à cœur avec Lui (PAS 6), est appelé à devenir offrande de ma propre vie, selon ma capacité d’amour Il y aurait sinon le risque d’une intimité close Cette disponibilité apostolique pour la mission de Jésus doit prendre le style de la vie même du Christ, d’où le combat spirituel.
Cadre de référence
Unir notre vie au Christ doit nous conduire à donner notre propre vie pour les autres, comme il l'a fait lui-même Il nous fait découvrir que, malgré nos pauvretés et nos limites, notre vie est utile aux autres Le fait de nous savoir aimés, choisis et habités par lui nous confère une dignité et nous remplit de gratitude Face à tant de bienfaits reçus, nous ne pouvons répondre qu ’ en offrant notre propre vie avec disponibilité à sa mission Nous l’offrons en agissant contre notre égoïsme et notre confort, qui font très souvent obstacle au désir de Dieu en nous Le Seigneur nous invite à lui donner notre « oui » généreux, à l'image de Marie de Nazareth. Il ne veut ni nous sauver ni changer le monde sans nous. Bien que l’offrande de notre disponibilité puisse nous sembler insignifiante, elle est précieuse aux autres, car le Père associe cette offrande à la vie et au Cœur de son Fils, qui se donne pour nous sur la croix.
Associés à Jésus, nous nous rendons plus proches des souffrances du monde et cherchons à y répondre comme Lui Nous exprimons au Père notre disponibilité par une oraison et une offrande quotidienne Nous supplions l’Esprit, avec humilité, de ne pas être un obstacle à son action Nous recevons de la célébration de l’Eucharistie, d’une manière toute spéciale, inspiration et nourriture en reconnaissant le don parfait du Christ au Père, modèle de notre vie offerte
Dynamique interne du PAS
Répondre à cet amour qui désire nous entraîner avec lui, dont nous connaissons toute la hauteur, la largeur et la profondeur dans l’Eucharistie, nous conduit à nous offrir nous-mêmes
Action de grâces - Eucharistie
Cet Amour qui transparaît dans le Cœur « doux et humble » (Évangile selon saint Matthieu, chap 11, 29) de Jésus, ne peut être compris qu ’ en suivant l’itinéraire de sa vie jusqu’à son terme Ce « trop-plein d’un amour qu ’ aucune parole ne saurait dire sans l’édulcorer » l'Église l’acclame avec pudeur, « en racontant comment l'Amour est arrivé, en commémorant (dans l’Eucharistie) la mort et la résurrection du Christ » (P Robert Scholtus)
« Ceci est mon corps Ceci est mon sang » Tout est là
L'Eucharistie nous révèle l’amour qui va « jusqu'au bout », un amour sans mesure, qui est force de résurrection. Jésus-Christ désire nous entraîner à notre tour sur son chemin. « Comme le Père qui est vivant m'a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi » (Évangile selon saint Jean, chap. 6, 57). Dans la communion à son corps et à son sang le Christ désire s ’unir profondément à nous en nous communiquant son Esprit Saint Comme l’écrit Saint Éphrem : « Il appela le pain son corps vivant, il le remplit de lui-même et de son Esprit [ ] Et celui qui le mange avec foi mange le Feu et l'Esprit [ ] Prenez-en, mangez-en tous, et mangez avec lui l'Esprit Saint C'est vraiment mon corps et celui qui le mange vivra éternellement »
Par le don de son corps et de son sang, le Christ fait grandir en nous le don de son Esprit, reçu au Baptême et confirmé comme « sceau » dans le sacrement de la Confirmation Avec l'Eucharistie, nous assimilons, comme le souligne Jean-Paul II, le « secret » de la résurrection, une résurrection qui commence dès aujourd’hui au cœur du monde
Pourquoi nous fait-il ce don immense, de se communiquer lui-même à nous, de nous communiquer son Esprit ? Parce qu’Il désire que nous devenions comme Lui. Il nous donne sa capacité à aimer, à offrir nos vies, avec Lui, pour le Royaume de Dieu, un monde nouveau qui est en engendrement.
C’est dans cette perspective que le Réseau Mondial de Prière du Pape – l’Apostolat de la Prière – nous invite depuis près de 175 ans à nous rendre disponibles chaque matin à la mission du Christ (Exercices Spirituels nos 91-100) Par une prière d’offrande, nous disons à Jésus : « Me voici ! », « Tu peux compter sur moi » M’offrir au service du Christ chaque matin, c ’est accueillir, plein de reconnaissance, le don gratuit de l’amour de Dieu et y répondre en offrant ma vie au service du Royaume, malgré mes incohérences, mes limites et mes fragilités
Par cette offrande j’entre dans une existence eucharistique, une vie donnée au service du Seigneur et des autres, au service de la mission de l’Église au cœur du monde Elle me fait participer au dessein d’amour de Dieu pour l’humanité
Jésus a vécu l'offrande eucharistique de sa vie. Son dernier repas ressaisissait toute sa vie offerte et livrée par amour Ce chemin qu'il a emprunté n ' a pas conduit à une impasse, mais à la Résurrection, à la vie en abondance Cette vie de bonheur éternel, il la souhaite pour chacune et chacun d’entre nous ! C'est pourquoi Il désire nous entraîner avec Lui dans cette « danse de l'amour », même si elle passe par la croix
Le combat spirituel
Cependant, suivre l’itinéraire même de Jésus, aimer comme il nous a aimés jusqu’au point de « donner sa vie pour ses amis », Cependant, suivre l’itinéraire même de Jésus, aimer comme il nous a aimés jusqu’au point de « donner sa vie pour ses amis », implique nécessairement un combat spirituel : « Je ne te demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du Mauvais » (Évangile selon saint Jean chap 17, 15) C’est même un critère de la fidélité à Jésus car « un serviteur n’est pas plus grand que son maître » (Évangile selon saint Jean chap 13, 16) Nous en faisons tous l’expérience, il y a en nous connivence avec le mal, le mensonge, tout ce qui s ’ oppose à la vie Mais le Christ ne nous laisse pas seuls Il a envoyé l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, qui démasque l’adversaire et nous aide à choisir la vie Répondre à l’appel de Jésus-Christ, se rendre disponible au service de la mission de l’Église, au cœur du monde, en allant avec Lui jusqu’au bout de l’Amour, peut sembler enthousiasmant Souvent, nous nous imaginons, comme apôtres de la prière, unis au Cœur de Jésus, marchant avec Lui sur les routes de Galilée, sur les verts pâturages parsemés de mille fleurs, ou le long des rivages, annonçant aux foules sa bonne nouvelle... mais nous oublions la croix.
Nous sommes comme les disciples, comme Pierre, pour qui Jésus est le Messie qui va aplanir les chemins, abaisser les montagnes d’un coup, sans effort de notre part, comme avec une baguette magique Comme si nous pouvions, du simple fait d’être au plus près de Jésus, éviter la souffrance, éviter la croix « Nul n ’entre sans souffrance au Royaume de l’amour » Non pas que la souffrance soit nécessaire, mais dans notre monde, « apprendre à aimer », nous dessaisir de nous-mêmes et offrir notre vie, nous conduit souvent, sinon toujours, sur un chemin de purification sans cesse renouvelé et approfondi, à un décollement de soi, à un décentrement vers l’autre qui passe par la souffrance, parfois par la croix, par la mort
« Je vous ai dit cela pour qu'en moi vous ayez la paix. En ce monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j'ai vaincu le monde ! » dit Jésus dans l’Évangile selon saint Jean, chap 16, 33
Entrée depuis la perspective biblique
Jusqu'où sommes-nous prêts à vivre pleinement notre vie ? Quelle est la mesure de nos engagements ? Est-ce que vous vous êtes déjà demandé s’il y a, dans ce monde, quelque chose pour laquelle vous seriez prêts à donner votre vie en échange ?
Rares sont peut-être ceux d'entre nous qui seront appelés à donner leur vie pour sauver quelqu'un ou quelque chose Pourtant, nous avons tous connu ces moments où notre cœur a dû choisir entre ce qui nous était précieux et une valeur plus haute encore Ces petits ou grands renoncements, tissés dans la trame de nos jours, finissent par dessiner le portrait d'une vie donnée, consacrée à ce qui nous dépasse
Car c 'est bien l'amour, ce mystérieux élan du cœur, qui éveille en nous cette capacité au don de soi et au renoncement L'amour seul a ce pouvoir de nous mettre en mouvement, de nous rendre capables des plus grands sacrifices
Paradoxe lumineux : ce renoncement, ce don de soi qui ressemble tant à une mortpuisqu'il nous demande de nous détacher, de nous dessaisir - devient source d'une vie nouvelle, plus riche et plus profonde que si nous avions gardé jalousement ce que nous avons choisi de donner. Comme si le dépouillement, loin d'être une fin, était une semence de vie nouvelle. Cette expérience est, en fin de compte, celle qui façonne en nous une vie « eucharistique ». N’est-ce pas le mystère de l’Eucharistie ? Une vie donnée qui engendre la vie, une mort féconde qui fait naître l'aurore
Les pages de la Bible nous offrent une galerie de visages lumineux, témoins de cette vie qui jaillit du renoncement Pensons à cette veuve dont Jésus fait l'éloge : « Cette veuve pauvre a mis plus que tous ceux qui mettent dans le tronc. Car tous ont mis en prenant sur leur superflu ; mais elle, elle a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » (Évangile selon saint Marc, chap 12, 43-44) Son geste, apparemment insignifiant, devient icône du don parfait
Plus encore, c 'est par le « oui » d'une jeune femme de Nazareth que Dieu a pu se faire chair parmi nous Marie, en son Fiat, n ' a pas seulement accepté une mission : elle a remis toute sa vie, tous ses rêves entre les mains du Père, sans autre assurance que sa confiance en Celui qui l'appelait. « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit » (Évangile selon saint Luc, chap. 1, 38).
Les Évangiles nous rapportent aussi ces moments décisifs où les premiers disciples, touchés par l'appel du Christ, « laissèrent tout » pour Le suivre En abandonnant leurs barques, leurs filets, leurs sécurités, ils naissaient à une vie nouvelle : « Ramenant alors les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent » (Évangile selon saint Luc,
chap. 5, 11). « Aussitôt, il les appela. Et laissant dans la barque leur père Zébédée avec les ouvriers, ils partirent à sa suite » (Évangile selon saint Marc, chap 1, 20)
Le don de soi implique toujours un dépouillement, un laisser-mourir qui ne va pas sans douleur Quiconque a véritablement donné, qui a offert le meilleur de lui-même, porte en son cœur la trace de ce sacrifice La souffrance, bien que jamais recherchée pour elle-même, accompagne comme une ombre le don véritable Regardons la Sainte Famille : ni Marie, ni Joseph, ni Jésus n 'ont été épargnés par l'épreuve Joseph, en particulier, n ' a pas seulement accueilli l'enfant et sa mère, renonçant à ses propres projets pour embrasser un mystère qui le dépassait Il a assumé avec une générosité sans faille les contradictions et les périls qui menaçaient ceux qui lui étaient confiés
L'Évangile nous le montre, se levant dans la nuit pour fuir en Égypte, protégeant l'Enfant : « Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode » (Évangile selon saint Matthieu, chap. 2, 14-15).
Les Évangiles nous racontent le dernier moment communautaire de Jésus avec ses disciples, où tout don de soi et tout renoncement prennent leur sens ultime, où tout ce que Jésus a vécu sur terre a atteint son apogée « Jésus, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. (…) Il se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge, dont il se ceint. Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (Évangile selon saint Jean, chap 13, 1 4-6) « Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit, le leur donna et dit : "Prenez, ceci est mon corps." Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna et ils en burent tous. Et il leur dit : "Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude." » (Évangile selon saint Marc, chap 14, 22-24 )
Ces deux récits – le Lavement des pieds et l'Institution de l'Eucharistie – sont comme les deux faces d'une même médaille. En eux, le Christ se donne tout entier et choisit de demeurer parmi nous comme une nourriture qui donne la vie, tel un pain destiné à être rompu et partagé. L'Eucharistie nous parle de ce double mystère du don de soi et du service. Jésus l'a manifesté non seulement par ses gestes et ses paroles, mais par toute sa vie
Pour participer pleinement à l'Eucharistie avec le Christ, nous sommes appelés à notre tour à nous donner et à nous partager avec nos frères et sœurs Comment vivre ce mystère ? En suivant l'exemple même de Jésus : en nous faisant serviteurs, en nous penchant avec compassion sur les besoins de nos frères et sœurs, en leur tendant la main dans leurs épreuves
Jésus est le don suprême de l'amour divin, l'accomplissement parfait de tous les sacrifices et renoncements En Lui, nous sommes tous invités à entrer dans cette dynamique du don, à participer à son offrande, à devenir véritablement enfants du Père en embrassant sa mission Et comme nous partageons sa vie et marchons sur ses pas, Il nous appelle aussi à Le rejoindre au moment décisif de notre identification avec Lui : celui de la Croix, du don total de soi, de l'acceptation d'une souffrance qui n 'est ni désirée, ni voulue, ni recherchée
À la suite du Christ, nous sommes invités à nous configurer à Lui jusque dans ce moment crucial de sa vie terrestre : en persévérant dans nos combats, les yeux fixés sur Celui qui nous a ouvert le chemin du don de soi qui mène à la vie C'est dans la confiance qu'Il marche vers sa Passion, sachant qu'Il a conquis la vie pour toujours, que nous pouvons choisir de porter avec Lui nos propres épreuves et souffrances. Unies à sa Passion et transfigurées par sa Résurrection, le Père les rendra fécondes.
Laissons-nous toucher au plus profond de notre cœur par Jésus qui s ' avance vers sa Passion par amour pour nous. Demeurons auprès de Lui, accompagnons-Le dans ce moment décisif et confions-Lui notre vie pour qu'Il la porte avec Lui sur la Croix, la transformant en source de vie nouvelle
● « Cette veuve pauvre a mis plus que tous ceux qui mettent dans le tronc. (…) Elle a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » (Évangile selon saint Marc, chap 12, 43-44)
● « Puis il prit du pain et, après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna en disant : "Ceci est mon corps donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi." ». (Évangile selon saint Luc, chap 22, 19)
● « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit » (Évangile selon saint Luc, chap 1, 38)
● ● « Je vous exhorte donc, frères, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel » (Épître aux Romains, chap. 12, 1).
● Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté
Tout ce que j'ai et tout ce que je possède
C'est toi qui m ' as tout donné, à toi, Seigneur, je le rends
Tout est à toi, disposes-en selon ton entière volonté
Donne-moi seulement de t'aimer et donne-moi ta grâce, elle seule me suffit
(Saint Ignace, Exercices Spirituels 234)
Entrée
Entrée depuis la perspective spirituelle
Offrir la vie avec le Fils
Le centre et le cœur du charisme du Réseau Mondial de Prière du Pape est la disponibilité apostolique à la mission de compassion de Jésus pour le monde C’est l’attitude de cœur de l’offrande totale de ma vie, avec tout ce que je suis et possède, en m ’unissant au Christ pour sa mission, pour l’amour du Royaume de Dieu. C’est une disponibilité totale, sans réserve, avec le désir profond de m ’unir à Jésus-Christ, à son Cœur, afin qu’Il puisse disposer de moi en faveur de son royaume. Cette disponibilité accompagne toute ma vie et imprègne tout. Ainsi, la prière d’offrande est la prière par laquelle nous nous offrons au Père, nous rendant disponibles à sa mission de compassion Dans cette prière, la mystique et l’action, le Cœur de Jésus et la mission sont unis Nous disons au Père « Me voici » avec toute notre être, avec toute notre vie, avec le désir de m ’unir à l’offrande de soi-même du Fils au Père, pour être fils avec Lui dans la mission de compassion
Il ne s ’agit pas seulement d’offrir notre travail de la journée, mais tout notre être, une disposition intérieure à être des apôtres dans la mission de compassion pour le monde Mais quelle est cette mission dans le Réseau de Prière du Pape ? Quel est, aujourd’hui, le lieu d’incarnation de cette mission pour ceux qui participent à ce Réseau de Prière ? Il s ’agit des défis de l’humanité et de la mission de l’Église, qui sont exprimés par les intentions de prière du Pape et représentent chaque année douze clés pour notre mission. C’est là le lieu concret où la mission s’incarne et où le Seigneur nous invite. Prier et mobiliser nos vies pour les nécessités concrètes des hommes et des femmes de ce monde. Ainsi, dans la prière d’offrande, nous disons au Seigneur que nous sommes entièrement disponibles pour Lui dans cette mission qu’Il nous a confiée, qui se concrétise et est lieu d’incarnation dans les intentions de prière du Pape
Ainsi, nous sommes des collaborateurs de la mission du Christ Nous devenons Eucharistie avec Jésus-Christ, en union avec Lui et disponibles à sa mission Il fait de nous le pain rompu pour nos frères et sœurs par notre disponibilité et son action Le Seigneur nous invite à cette disponibilité totale pour faire de notre vie une Eucharistie avec Lui Vivre eucharistiquement, c ’est vivre disponible au Christ, à sa mission, avec tout ce que nous sommes et avons, afin de collaborer avec Lui dans sa mission de compassion, en faveur de nos frères et sœurs
Ma vie, une Eucharistie permanente
En disant Eucharistie, nous évoquons deux gestes de Jésus à la veille du moment le plus sombre de sa vie terrestre : sa cène, c 'est-à-dire le repas du Seigneur, et la fraction du pain
Deux gestes qui s'inscrivent dans le plus grand geste de don jamais fait : le don de soi de Jésus-Christ, volontairement accepté par amour pour tous les hommes et femmes de tous les temps, sans conditions C'est pourquoi, lorsque nous nous réunissons pour l'Eucharistie, nous le faisons afin de célébrer la Cène du Seigneur et pour rompre et partager le pain : c 'est la messe
Bien que cela puisse sembler difficile à saisir dans le contexte actuel des dynamiques sociales et de l'évolution de l'histoire, l'Eucharistie transcende le simple acte de culte. Elle est la source même de la transformation des relations humaines. À cette table partagée entre amis, la " messe " signifie « envoi », et l'Eucharistie, « action de grâce ».
Le Seigneur lui-même a organisé la table de la Cène, une table où Jésus, le Maître, partage avec ses disciples, un geste inhabituel à son époque, où esclaves et serviteurs ne partageaient pas la table de leur Seigneur Pour ses disciples, ce fut un acte d'espérance, car un repas partagé est une célébration, un adieu au cœur d'une période sombre, mais aussi un acte d'espérance
Les Évangiles de Matthieu, Marc et Luc nous relatent que, lors de ce repas, Jésus a accompli deux actions significatives Il rompt le pain, le passe et le partage avec ses amis Ce geste symbolise le partage des besoins Le pain est un aliment, et en le rompant et le partageant, nous partageons nos besoins les uns avec les autres
Ensuite, Jésus passe la coupe, ce qui signifie communiquer la joie, car le vin est la joie, et tous partagent la même coupe que Jésus leur offre et par laquelle Il communique sa joie.
Il leur dit alors que chaque fois qu’ils feront ces gestes, Il sera là, Il sera présent parmi eux, parmi nous. Car « ceci est mon corps », leur dit-il, signifiant dans la culture sémitique de Jésus et ses amis, « ceci est ma personne », assurant ainsi que sa présence demeure toujours avec nous « Ceci est mon sang », dit-il, signifiant sa vie donnée À chaque célébration de ce mémorial, Jésus nous rappelle : « Lors de ma Cène, en rompant et en partageant le pain, nous partageons nos besoins les plus profonds ; en buvant tous à la même coupe de vin, ma joie vous est transmise Ainsi, chaque fois que vous accomplirez ces gestes, sachez que je serai présent parmi vous Je serai avec vous, en personne, et toute ma vie sera donnée là où ces gestes seront répétés »



Le corps que nous partageons est celui du Ressuscité, le Christ avec ses plaies, qui est apparu aux disciples enfermés dans la peur, et cette nuit-là sur le lac de Génésareth, alors qu'ils pêchaient dans la frustration Nous devons redécouvrir la signification profonde de la célébration eucharistique, en entrant profondément dans cette signification que le Seigneur a imprimée en eux
Dans son Épître aux Corinthiens, saint Paul nous enseigne qu ’ en participant tous au même pain rompu et partagé, qui est la personne du Christ, nous devenons un en Lui (Première Épître aux Corinthiens, chap 10, 17) Ce fait est à la fois un événement et une invitation, un don et une tâche, une grâce et une œuvre Nous sommes un parce qu’Il nous unit, et nous devons aussi œuvrer à devenir un dans la transformation concrète de nos relations quotidiennes. Par conséquent, l’Eucharistie, à travers le pain rompu et partagé et la coupe commune, est la source de la transformation de nos relations, avec les autres et avec nous-mêmes. Sans cette transformation quotidienne, l’Eucharistie perd son sens.
L’Eucharistie doit être un lieu de transformation des relations humaines L’Église est Eucharistie et l’Eucharistie est Église, et l’Église doit donc être le lieu de cette transformation Saint Paul nous avertit : si nous nous asseyons à la table du Seigneur, et que certains sont rassasiés tandis que d’autres ont faim, nous avons perdu la véritable signification, car le repas est la transformation des relations humaines où nous partageons nos besoins et communiquons Sa joie les uns aux autres Si, dans l’Eucharistie, il n ’ y a pas de transformation des relations humaines, il n ’ y a pas de véritable célébration de la Cène du Seigneur (Première Épître aux Corinthiens, chap 11, 20-21)
Dans l’Eucharistie, nous affirmons que nous célébrons la Vie du Seigneur donnée jusqu’à la mort. Nous rendons ainsi grâce pour le passé et nous annonçons l’avenir. Ce passé dans lequel nous avons reçu le don, la source dans laquelle les relations humaines ont été transformées, et cet avenir dans lequel les relations seront transformées par notre oui à la grâce et par notre engagement.
Cependant, accueillir la grâce de l’Eucharistie et célébrer la messe ne peut se limiter à « assister et participer » Car, il n ’ y aura d’Eucharistie que s’il y a transformation des relations humaines
Entrée à partir des paroles du Pape
« La foi signifie aussi croire en lui, croire qu’il nous aime vraiment, qu’il est vivant, qu’il est capable d’intervenir mystérieusement, qu’il ne nous abandonne pas, qu’il tire le bien du mal par sa puissance et sa créativité infinie. C’est croire qu’il marche victorieux dans l’histoire « et avec lui les appelés, les élus et les fidèles » (Livre de l’Apocalypse, chap 17, 14) Nous croyons à l’Évangile qui dit que le Règne de Dieu est déjà présent dans le monde, et qu’il se développe çà et là, de diverses manières : comme une petite semence qui peut grandir jusqu’à devenir un grand arbre (cf Évangile selon saint Matthieu, chap 13, 31-32), comme une poignée de levain, qui fait fermenter une grande quantité de farine (cf Évangile selon saint Matthieu, chap 13, 33), et comme le bon grain qui grandit au milieu de l’ivraie (cf Évangile selon saint Matthieu, chap 13, 24-30), et peut toujours nous surprendre agréablement Il est présent, il vient de nouveau, il combat pour refleurir La résurrection du Christ produit partout les germes de ce monde nouveau ; et même s’ils venaient à être taillés, ils poussent de nouveau, car la résurrection du Seigneur a déjà pénétré la trame cachée de cette histoire, car Jésus n ’est pas ressuscité pour rien. Ne restons pas en marge de ce chemin de l’espérance vivante !
Comme nous ne voyons pas toujours ces bourgeons, nous avons besoin de certitude intérieure, c ’est-à-dire de la conviction que Dieu peut agir en toutes circonstances, même au milieu des échecs apparents, car « ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile » (Deuxième Épître aux Corinthiens, chap 4, 7) Cette certitude s ’appelle « sens du mystère » C’est savoir avec certitude que celui qui se donne et s ’ en remet à Dieu par amour sera certainement fécond (cf Évangile selon saint Jean, chap 15, 5)
Cette fécondité est souvent invisible, insaisissable, elle ne peut pas être comptée La personne sait bien que sa vie donnera du fruit, mais sans prétendre connaître comment, ni où, ni quand Elle est sûre qu ’ aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue, ni aucune de ses préoccupations sincères pour les autres, ni aucun de ses actes d’amour envers Dieu, ni aucune fatigue généreuse, ni aucune patience douloureuse Tout cela envahit le monde, comme une force de vie Parfois, il nous semble que nos efforts ne portent pas de fruit, pourtant la mission n ’est pas un commerce ni un projet d’entreprise, pas plus qu ’ une organisation humanitaire, ni un spectacle pour raconter combien de personnes se sont engagées grâce à notre propagande ; elle est quelque chose de beaucoup plus profond, qui échappe à toute mesure. Peut-être que le Seigneur passe par notre engagement pour déverser des bénédictions quelque part, dans le monde, dans un lieu où nous n’irons jamais. L’Esprit Saint agit comme il veut, quand il veut et où il veut ; nous nous dépensons sans prétendre, cependant, voir des résultats visibles Nous savons seulement que notre don de soi est nécessaire



Apprenons à nous reposer dans la tendresse des bras du Père, au cœur de notre dévouement créatif et généreux Avançons, engageons-nous à fond, mais laissons-le rendre féconds nos efforts comme bon lui semble
Pour maintenir vive l’ardeur missionnaire, il faut une confiance ferme en l’Esprit Saint, car c ’est lui qui « vient en aide à notre faiblesse » (Épître aux Romains, chap 8, 26)
Mais cette confiance généreuse doit s ’alimenter et c ’est pourquoi nous devons sans cesse l’invoquer Il peut guérir tout ce qui nous affaiblit dans notre engagement missionnaire Il est vrai que cette confiance en l’invisible peut nous donner le vertige : c ’est comme se plonger dans une mer où nous ne savons pas ce que nous allons rencontrer Moi-même j’en ai fait l’expérience plusieurs fois Toutefois, il n ’ y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il veut. Il sait bien ce dont nous avons besoin à chaque époque et à chaque instant. On appelle cela être mystérieusement féconds ! »
Pape François, Evangelii Gaudium nos 278 à 280
Combat, Vigilance et Discernement
La vie chrétienne est un combat permanent Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Évangile Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie
Le combat et la vigilance. Il ne s ’agit pas seulement d’un combat contre le monde et la mentalité mondaine qui nous trompe, nous abrutit et fait de nous des médiocres dépourvus d’engagement et sans joie. Il ne se réduit pas non plus à une lutte contre sa propre fragilité et contre ses propres inclinations (chacun a la sienne : la paresse, la luxure, l’envie, la jalousie, entre autres). C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal Jésus lui-même fête nos victoires Il se réjouissait quand ses disciples arrivaient à progresser dans l’annonce de l’Évangile, en surmontant les obstacles du Malin, et il s ’exclamait : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair » (Évangile selon saint Luc, chap 10, 18)
Plus qu ’ un mythe Nous n ’admettrons pas l’existence du diable si nous nous évertuons à regarder la vie seulement avec des critères empiriques et sans le sens du surnaturel Précisément, la conviction que ce pouvoir malin est parmi nous est ce qui nous permet de comprendre pourquoi le mal a parfois tant de force destructrice Les auteurs bibliques avaient certes un bagage conceptuel limité pour exprimer certaines



réalités et au temps de Jésus, on pouvait confondre, par exemple, une épilepsie avec la possession du démon Cependant cela ne doit pas nous porter à trop simplifier la réalité en disant que tous les cas rapportés dans les Évangiles étaient des maladies psychiques et qu ’ en définitive le démon n ’existe pas ou n ’agit pas Sa présence se trouve à la première page des Écritures, qui se concluent avec la victoire de Dieu sur le démon De fait, quand Jésus nous a enseigné le Notre Père, il a demandé que nous terminions en demandant au Père de nous délivrer du Mal Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est « le Malin » Il désigne un être personnel qui nous harcèle Jésus nous a enseigné à demander tous les jours cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas
Ne pensons donc pas que c ’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Cette erreur nous conduit à baisser les bras, à relâcher l’attention et à être plus exposés. Il n ’ a pas besoin de nous posséder. Il nous empoisonne par la haine, par la tristesse, par l’envie, par les vices. Et ainsi, alors que nous baissons la garde, il en profite pour détruire notre vie, nos familles et nos communautés, car il rôde « comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (Première Épître de saint Pierre, chap 5, 8)
Éveillés et confiants La Parole de Dieu nous invite clairement à « tenir face aux manœuvres du diable » (Épître aux Éphésiens, chap 6, 11) et à éteindre « tous les projectiles enflammés du Malin » (Épître aux Éphésiens, chap 6, 16) Ce ne sont pas des paroles romantiques, car notre chemin vers la sainteté est aussi une lutte constante Celui qui ne veut pas le reconnaître se trouvera exposé à l’échec ou à la médiocrité Nous avons pour le combat les armes puissantes que le Seigneur nous donne : la foi qui s ’exprime dans la prière, la méditation de la parole de Dieu, la célébration de la Messe, l’adoration eucharistique, la réconciliation sacramentelle, les œuvres de charité, la vie communautaire et l’engagement missionnaire Si nous nous négligeons, les fausses promesses du mal nous séduiront facilement, car comme le disait le saint prêtre Brochero : « Qu’importe que Lucifer nous promette de nous libérer et même nous comble de tous ses biens, si ce sont des biens trompeurs, si ce sont des biens envenimés ? »
Sur ce chemin, le progrès du bien, la maturation spirituelle et la croissance de l’amour sont les meilleurs contrepoids au mal Personne ne résiste s’il reste au point mort, s’il se contente de peu, s’il cesse de rêver de faire au Seigneur un don de soi plus généreux Encore moins, s’il tombe dans un esprit de défaite, car « celui qui commence sans confiance a perdu d’avance la moitié de la bataille et enfouit ses talents [ ] le triomphe chrétien est toujours une croix, mais une croix qui en même temps est un étendard de victoire, qu ’ on porte avec une tendresse combative contre les assauts du mal »



La corruption spirituelle. Le chemin de la sainteté est une source de paix et de joie que nous offre l’Esprit, mais en même temps il demande que nous gardions « nos lampes allumées » (Évangile selon saint Luc, chap 12, 35) et que nous restions attentifs : « Tenez-vous à l’écart de toute espèce de mal » (Première Épître aux Thessaloniciens, chap 5, 22) « Veillez donc » (Évangile selon saint Matthieu, chap 24, 42 ; Évangile selon saint Marc, chap 13, 35) « Ne dormons pas » (Première Épître aux Thessaloniciens, chap 5, 6) Car ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s ’ empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter et se corrompre
La corruption spirituelle est pire que la chute d’un pécheur, car il s ’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité, puisque « Satan lui-même se camoufle en ange de lumière » (Deuxième Épître aux Corinthiens, chap. 11, 14). C’est ainsi que Salomon a fini ses jours, alors que le grand pécheur David sut se relever de sa misère Dans un épisode, Jésus nous met en garde contre cette tentation trompeuse qui nous fait glisser vers la corruption : il parle d’une personne libérée du démon qui, pensant que sa vie est pure, finit par être possédée par sept autres esprits malins (cf Évangile selon saint Luc, chap 11, 24-26) Un autre texte biblique utilise une image forte : « Le chien est retourné à son vomissement » (Deuxième Épître de saint Pierre, chap 2, 22 ; cf Livre des Proverbes, chap 26, 11)
Le discernement Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c ’est le discernement qui ne requiert pas seulement une bonne capacité à raisonner ou le sens commun C’est aussi un don qu’il faut demander Si nous le demandons avec confiance au Saint Esprit, et que nous nous efforçons en même temps de le développer par la prière, la réflexion, la lecture et le bon conseil, nous pourrons sûrement grandir dans cette capacité spirituelle.
Une nécessité impérieuse. Aujourd’hui, l’aptitude au discernement est redevenue particulièrement nécessaire En effet, la vie actuelle offre d’énormes possibilités d’actions et de distractions et le monde les présente comme si elles étaient toutes valables et bonnes Tout le monde, mais spécialement les jeunes, est exposé à un zapping constant Il est possible de naviguer sur deux ou trois écrans simultanément et d’interagir en même temps sur différents lieux virtuels Sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment



Cela devient particulièrement important quand apparaît une nouveauté dans notre vie et qu’il faudrait alors discerner pour savoir s’il s ’agit du vin nouveau de Dieu ou bien d’une nouveauté trompeuse de l’esprit du monde ou de l’esprit du diable En d’autres occasions, il arrive le contraire, parce que les forces du mal nous induisent à ne pas changer, à laisser les choses comme elles sont, à choisir l’immobilisme et la rigidité Nous empêchons donc le souffle de l’Esprit d’agir Nous sommes libres, de la liberté de Jésus-Christ, mais il nous appelle à examiner ce qu’il y a en nous – désirs, angoisses, craintes, aspirations – et ce qui se passe en dehors de nous – « les signes des temps » – pour reconnaître les chemins de la pleine liberté : « Examinez tout avec discernement : retenez ce qui est bon » (Première Épître aux Thessaloniciens, chap 5, 21)
Toujours à la lumière du Seigneur. Le discernement n ’est pas seulement nécessaire pour les moments extraordinaires, ou quand il faut résoudre de graves problèmes, ou quand il faut prendre une décision cruciale. C’est un instrument de lutte pour mieux suivre le Seigneur. Nous en avons toujours besoin pour être disposés à reconnaître les temps de Dieu et de sa grâce, pour ne pas gaspiller les inspirations du Seigneur, pour ne pas laisser passer son invitation à grandir Souvent cela se joue dans les petites choses, dans ce qui paraît négligeable, parce que la grandeur se montre dans ce qui est simple et quotidien Il s ’agit de ne pas avoir de limites pour ce qui est grand, pour ce qu’il y a de mieux et de plus beau, mais en même temps d’être attentif à ce qui est petit, au don de soi d’aujourd’hui Je demande donc à tous les chrétiens de faire chaque jour, en dialogue avec le Seigneur qui nous aime, un sincère « examen de conscience » En même temps, le discernement nous conduit à reconnaître les moyens concrets que le Seigneur prédispose dans son mystérieux plan d’amour, pour que nous n ’ en restions pas seulement à de bonnes intentions
Un don surnaturel. Il est vrai que le discernement spirituel n ’exclut pas les apports des connaissances humaines, existentielles, psychologiques, sociologiques ou morales. Mais il les transcende. Même les sages normes de l’Église n ’ y suffisent pas. Rappelons-nous toujours que le discernement est une grâce. Bien qu’il inclue la raison et la prudence, il les dépasse parce qu’il s ’agit d’entrevoir le mystère du projet unique et inimitable que Dieu a pour chacun, et qui se réalise dans des contextes et des limites les plus variés Ne sont pas seulement en jeu un bien-être temporel ni la satisfaction de faire quelque chose d’utile, ni le désir d’avoir la conscience tranquille non plus Ce qui est en jeu, c ’est le sens de ma vie devant le Père qui me connaît et qui m ’aime, le vrai sens de mon existence que personne ne connaît mieux que lui Le discernement, en définitive, conduit à la source même de la vie qui ne meurt pas, c ’est-à-dire connaître le Père, le seul vrai Dieu, et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ (cf



Évangile selon saint Jean, chap. 17, 3). Il ne requiert pas de capacités spéciales ni n ’est réservé aux plus intelligents ou aux plus instruits, et le Père se révèle volontiers aux humbles (cf Évangile selon saint Matthieu, chap 11, 25)
Même si le Seigneur nous parle de manières variées, dans notre travail, à travers les autres et à tout moment, il n ’est pas possible de se passer du silence de la prière attentive pour mieux percevoir ce langage, pour interpréter la signification réelle des inspirations que nous croyons recevoir, pour apaiser les angoisses et recomposer l’ensemble de l’existence personnelle à la lumière de Dieu Nous pouvons ainsi laisser naître cette nouvelle synthèse qui jaillit de la vie illuminée par l’Esprit
Parle, Seigneur Cependant, il pourrait arriver que dans la prière même nous évitions de nous laisser interpeller par la liberté de l’Esprit qui agit comme il veut Il faut rappeler que le discernement priant doit trouver son origine dans la disponibilité à écouter le Seigneur, les autres, la réalité même qui nous interpelle toujours de manière nouvelle. Seul celui qui est disposé à écouter possède la liberté pour renoncer à son propre point de vue partiel ou insuffisant, à ses habitudes, à ses schémas. De la sorte, il est vraiment disponible pour accueillir un appel qui brise ses sécurités mais qui le conduit à une vie meilleure, car il ne suffit pas que tout aille bien, que tout soit tranquille Dieu pourrait être en train de nous offrir quelque chose de plus, et à cause de notre distraction dans la commodité, nous ne nous en rendons pas compte
Une telle attitude d’écoute implique, c ’est certain, l’obéissance à l’Évangile comme ultime critère, mais aussi au Magistère qui le garde, en cherchant à trouver dans le trésor de l’Église ce qui est le plus fécond pour l’aujourd’hui du salut Il ne s ’agit pas d’appliquer des recettes ni de répéter le passé, puisque les mêmes solutions ne sont pas valables en toutes circonstances, et ce qui sera utile dans un certain contexte peut ne pas l’être dans un autre Le discernement des esprits nous libère de la rigidité qui n ’est pas de mise devant l’éternel aujourd’hui du Ressuscité. Seul l’Esprit sait pénétrer dans les replis les plus sombres de la réalité et prendre en compte toutes ses nuances, pour que, sous un nouveau jour, émerge la nouveauté de l’Évangile.
La logique du don et de la croix. Une condition essentielle au progrès dans le discernement, c ’est de s’éduquer à la patience de Dieu et à ses temps qui ne sont jamais les nôtres Il ne fait pas tomber le feu sur les infidèles (cf Évangile selon saint Luc, chap 9, 54-55) ni ne permet « d’arracher l’ivraie » qui grandit avec le blé (cf Évangile selon saint Matthieu, chap 13, 29) Il faut aussi de la générosité parce qu ’ « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Livre des Actes des Apôtres, chap 20, 35) Nous ne discernons pas pour découvrir ce que nous pouvons tirer davantage de cette vie, mais pour reconnaître comment nous pouvons mieux accomplir cette



mission qui nous a été confiée dans le Baptême, et cela implique que nous soyons disposés à des renoncements jusqu’à tout donner En effet, le bonheur est paradoxal et nous offre les meilleures expériences quand nous acceptons cette logique mystérieuse qui n ’est pas de ce monde Comme l’affirmait saint Bonaventure en parlant de la croix : « Telle est notre logique » Si quelqu’un entre dans cette dynamique, alors il ne laisse pas sa conscience s ’anesthésier et il s ’ ouvre généreusement au discernement
Quand nous scrutons devant Dieu les chemins de la vie, il n ’ y a pas de domaines qui soient exclus Sur tous les plans de notre vie, nous pouvons continuer à grandir et offrir quelque chose de plus à Dieu, y compris sur les plans où nous faisons l’expérience des difficultés les plus fortes Mais il faut demander à l’Esprit Saint de nous délivrer et d’expulser cette peur qui nous porte à lui interdire d’entrer dans certains domaines de notre vie. Lui qui demande tout donne également tout, et il ne veut pas entrer en nous pour mutiler ou affaiblir mais pour porter à la plénitude. Cela nous fait voir que le discernement n ’est pas une autoanalyse intimiste, une introspection égoïste, mais une véritable sortie de nous-mêmes vers le mystère de Dieu qui nous aide à vivre la mission à laquelle il nous a appelés pour le bien de nos frères
Je voudrais que la Vierge Marie couronne ces réflexions, car elle a vécu comme personne les béatitudes de Jésus Elle est celle qui tressaillait de joie en la présence de Dieu, celle qui gardait tout dans son cœur et qui s ’est laissée traverser par le glaive Elle est la sainte parmi les saints, la plus bénie, celle qui nous montre le chemin de la sainteté et qui nous accompagne Elle n ’accepte pas que nous restions à terre et parfois elle nous porte dans ses bras sans nous juger Parler avec elle nous console, nous libère et nous sanctifie La Mère n ’ a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n ’ a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : « Je vous salue Marie… »
Pape François, Gaudete et Exultate nos 158 à 176.
Entrée depuis la perspective de la prière
Quelles sont les raisons pour lesquelles vous donneriez votre vie ?
Dans nos conversations habituelles, il n ’est pas rare d’entendre des expressions comme « je donnerais ma vie pour » ou « je donnerais ma vie à condition que », utilisées pour exprimer le sacrifice que l’on est prêt à faire pour quelque chose ou quelqu’un. Cependant, derrière ces phrases, il peut y avoir des motivations variées. L’une d’elles peut être l’égoïsme, mais cela peut aussi refléter un amour profond. Lorsque nous employons l’expression « je donnerais ma vie », deux réalités peuvent émerger. La première est que nous pourrions réaliser que nous serions prêts à donner notre vie pour très peu de raisons, et que, dans la plupart des cas, ce serait pour un bénéfice purement personnel Mais nous pourrions également être surpris de reconnaître combien nous valorisons la vie des autres et le sacrifice que nous sommes prêts à faire pour eux
Mais que se passerait-il si, en réalité, ce pour quoi nous serions prêts à donner notre vie comme le bien-être dans une relation, la paix dans une situation donnée ou le bonheur des autres ne dépendait pas uniquement du fait de « donner » notre vie, mais simplement de la transformer ? Si le bonheur de l’autre dépendait d’un changement d’attitude de notre part, serions-nous prêts à changer ? Si, pour atteindre le bien-être et l’harmonie dans une relation, nous devions explorer de nouvelles façons d’entrer en relation avec l’autre, serions-nous disposés à modifier notre manière d’agir ? Et même, si le bonheur d’une personne dépendait de notre capacité à accepter de « perdre », serions-nous prêts à le faire ? Que se passerait-il si nous réalisions que nous pouvons obtenir ce que nous désirons en transformant notre manière d’être et d’agir ? Quelles décisions prendrions-nous ?
Sans aucun doute, donner sa vie pour le bien-être d’une autre personne peut être très louable Donner sa vie pour que l’autre vive peut être un immense geste d’amour C’est le plus grand geste d’amour que l’humanité ait jamais connu Lorsque Jésus partagea le pain et le vin avec ses disciples, il anticipait l’offrande ultime d’amour qu’il scellerait par sa mort sur la croix Il n ’ y a jamais eu, ni n ’ y aura jamais, de plus grand geste d’amour et d’offrande que celui réalisé par le Fils de Dieu
Sur la croix, Jésus révèle son amour qui va jusqu’à l’extrême du don de soi afin que l’autre puisse vivre, indépendamment du fait qu’il soit bon ou mauvais, juste ou injuste, pécheur ou saint, car son offrande est pour tous et pour toujours Lorsque nous entendons dans l’Évangile Jésus dire que « le disciple n ’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur », et qu’il ajoute qu’il suffit « au
disciple d’être comme son maître, et au serviteur d’être comme son seigneur », nous pouvons être tentés de croire que nous devons faire un sacrifice identique à celui de Jésus
L’offrande de Jésus sur la croix a été unique et pour toujours Cependant, en tant que disciples, nous sommes appelés à nous offrir nous-mêmes par amour L’offrande de notre vie est une attitude intérieure qui jaillit de l’eucharistie et atteint son sommet dans la croix Cela signifie être intérieurement disponibles afin que notre vie devienne nourriture pour les autres Ainsi, dans notre entourage, certaines situations ne s ’améliorent pas, car nous ne sommes pas prêts à nous sacrifier en renonçant, ne serait-ce qu’à une toute petite chose, ni à procéder d’une manière différente Or, notre vie devient une offrande lorsque nous l’offrons à Dieu comme instrument d’amour et de rédemption pour les autres.
Lorsque nous considérons notre propre vie comme un don de Dieu et que nous voulons l’offrir à la manière de Jésus, nous devenons des personnes eucharistiques. Être disciple de Jésus c ’est avoir le sceau du don de soi et du sacrifice qui naît de l’amour Serions-nous prêts à collaborer avec Jésus dans sa mission de donner la vie ? Jésus-Christ a dit : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime » (Évangile de Jean, chap 15, 13)
Jésus, par ses paroles, ses gestes et sa manière de procéder, a consolé un grand nombre de personnes Il leur a donné de l’espoir, les a aidées à croire et à retrouver la foi Si seulement nous examinions attentivement et courageusement le cours et le rythme de notre propre vie, et si nous décidions d’aider les autres à mieux vivre, nous réaliserions combien nous pourrions apporter notre contribution au bonheur d’autrui
La célébration eucharistique n ’est pas un spectacle artistique, mais un repas fraternel. Un lieu privilégié pour rencontrer Jésus-Christ Pour nous asseoir à sa table, nous devons confesser que nous avons faim de Lui. C’est une condition pour nous nourrir de son Corps et de son Sang qui nous fortifient, et un élément fondamental pour le lien affectif avec Lui.
De la même manière qu’à la dernière Cène, Jésus prit le pain dans ses mains, le partagea avec ses disciples et fit de même avec le calice, il répète cette même action avec chacun de nous En communiant, nous entrons en communion avec Jésus-Christ : nous sommes nourris par son Corps et son Sang, et Lui nous prend chacun entre ses mains Avec ses mains transpercées par les clous de la croix, il nous façonne comme des disciples eucharistiques Il assume la responsabilité principale de nous prendre comme ses disciples, mais en même temps Il exige de nous une disponibilité absolue



Le récit de la création de l’homme dans le livre de la Genèse nous raconte que Dieu prit de l’argile dans ses mains et façonna l’homme De même, lors de chaque Eucharistie, nous sommes pris par Jésus-Christ au moment même où nous le recevons comme nourriture Par l’acte de communion, il façonne peu à peu les traits qui nous définissent comme ses disciples de ses fragilités et manques Nous ne sommes pas seulement des qualités et des vertus, mais nous ne sommes pas non plus seulement des défauts et des limites Ces deux éléments forment un binôme parfait, qui ne peut être séparé sans déchirer l’essence même de l’être humain « Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile » (Deuxième lettre aux Corinthiens, chap 4, 7) Ce ne sont ni nos qualités ni nos talents qui permettent au Royaume de Dieu de s’instaurer, pas plus que nos limites ne peuvent empêcher sa réalisation. Nos faiblesses ne sont pas une excuse, et nos manques ne suffisent pas à arrêter le plan de Dieu. Notre fragilité ne sera jamais plus grande que sa puissance. La faiblesse humaine n ’est pas un obstacle pour que Dieu interrompe son action salvatrice, qui peut opérer avec notre collaboration.
Être des disciples eucharistiques signifie laisser l’Esprit Saint graver en nous l’image de Jésus Cela implique d’être prêts à renoncer à nos propres façons d’agir et à adopter son style de vie Il y a des moments dans notre vie où nous devons ouvrir notre cœur à Dieu et avoir le courage de « réévaluer » le style de vie que nous avons choisi Non pas parce qu’il est mauvais ou mal construit, mais simplement parce qu’il est bon de se remettre entre les mains de Dieu pour se laisser recréer Si nous ne nous détachons pas du style de vie de l’homme ancien, nous ne pourrons pas accueillir le projet du Seigneur en nous
Nous vous invitons à prier chaque matin la prière d’offrande de la Réseau Mondial de Prière du Pape afin de vous disposer à vivre la journée dans une attitude eucharistique. Cela signifie être intérieurement disponible à vivre la journée d’étude, de travail et les tâches quotidiennes dans une perspective de mission. L’offrande du matin, de tout ce que nous sommes, nous dispose à vivre tout au long de la journée par Lui, avec Lui et en Lui.
Propositions d’exercice
L’offrande
Maintenant que vous avez parcouru ce pas du Chemin du Cœur, nous pouvons nous familiariser avec la « Prière d’Offrande » Nous vous invitons à la réciter chaque matin avec le cœur, en ressentant et en vous arrêtant sur chaque phrase et chaque mot Savourez son sens profond Priez-la sans précipitation, pour que la beauté et la densité de chaque mot imprègnent votre cœur, comme une goutte qui creuse la pierre
Prière d’offrande
Père très bon, je sais que tu es toujours avec moi, Me voici, en ce jour nouveau Mets mon cœur, une fois encore, auprès du Cœur de ton Fils Jésus, qui s ’offre pour moi et qui vient à moi dans l’Eucharistie
Que ton Esprit Saint fasse de moi son ami et apôtre, disponible à sa mission de compassion.
Je mets en tes mains mes joies et mes espérances, mes activités et mes souffrances, tout ce que j’ai et possède, en communion avec mes frères et sœurs de ce réseau mondial de prière Avec Marie, je t’offre cette journée pour la mission de l’Église et pour les intentions de prière du Pape de ce mois et celles de mon évêque
Exercice
Nous vous proposons de participer à la célébration de l'Eucharistie avec le désir de rencontrer le Christ ressuscité Vivez-la comme la célébration de la Cène du Seigneur, où nous partageons notre besoin et notre nourriture, et où nous communiquons Sa Joie Écoutez les paroles des lectures comme si c'était Lui qui vous parlait et les
paroles de la prière eucharistique comme si c'était Lui qui les disait. Regardez les gestes de la consécration du pain et du vin comme s'Il les accomplissait, en accueillant dans votre cœur ses paroles : « Chaque fois que vous faites ceci en mémoire de moi, sachez que je suis avec vous » Recevez la communion comme s'Il vous nourrissait et accueillez la prière et la bénédiction finale comme s'Il vous envoyait Lui-même en mission
Dans quelle mesure est-ce que nous vivons selon le style de Jésus ou recherchons-nous une vie confortable, avec sécurité et sans combat ? Notre vie est-elle eucharistique ?
Pratique de l'Examen Thématique
Souvenons-vous … Qu'est-ce que le discernement spirituel ?
C'est l’art d'interpréter vers quelle direction nous conduisent les désirs du cœur, sans nous laisser séduire par ce qui nous entraîne là où nous n ’aurions jamais voulu aller. Le discernement est la pratique de la prise de décisions dans les situations concrètes de notre vie, pour chercher et trouver la volonté de Dieu
Six points à retenir sur le discernement spirituel
1 - Nos pensées peuvent être mises en mouvement par trois forces : notre moi naturel, le bon esprit et le mauvais esprit
2 - Comprendre d'où viennent et où conduisent les mouvements de notre cœur (sentiments et pensées)
3 - Chacune de ces forces pousse, met en mouvement, dans sa propre direction
4 - Le bon esprit, ainsi que le mauvais, agissent dans notre sentir naturel.
5 - Dieu vient soutenir le bon esprit, qui nous met en mouvement vers la liberté, tandis que le mauvais esprit nous pousse vers l'esclavage.
6 - Pour bien choisir, il est indispensable d'apprendre à reconnaître et distinguer ces forces afin d’être libre intérieurement.
Le discernement spirituel nous aide à prendre position face aux nombreux mouvements intérieurs, alternances et influences, afin de choisir la vie au milieu de ce combat spirituel Il ne s ’agit pas seulement de ressentir et de reconnaître ces mouvements en nous, mais de les identifier pour nous décider en faveur de ceux qui nous conduisent vers la vie et la vie en abondance


Dans ce combat, c ’est une erreur d’identifier Dieu avec le bon esprit. Certes, Dieu soutient le bon esprit, mais ne s’identifie pas à lui Le bon esprit se manifeste à travers tout ce que nous entendons, voyons, expérimentons dans notre vie, et le Seigneur le soutient Dieu vient soutenir le bon esprit afin que nous choisissions la vie et que nous soyons libres, mais également, face au mauvais esprit, il agit en aiguisant notre conscience, notre culpabilité, afin que nous réagissions Il ne s ’agit pas d’une lutte entre Dieu et le mauvais esprit Le Créateur est toujours différent et Il ne se confond pas avec l’action du bon esprit par rapport à celle du mauvais esprit Identifier le bon esprit avec Dieu, c ’est tomber dans le piège de croire que tout ce qui nous arrive de bon vient de Dieu (comme, par ailleurs, de croire que tout ce qui nous arrive de mauvais viendrait du diable) La sagesse de saint Ignace et de la tradition spirituelle consiste précisément à mettre de la distance, en parlant du bon ou du mauvais esprit Le bon esprit peut être soutenu par l’Esprit du Seigneur, mais cela ne se fait pas automatiquement. Dans cette perspective sapientielle, la personnification de ces forces aide à se situer dans la vie spirituelle, au sein de laquelle il ne s ’agit pas tant de faire le bien ou le mal, mais de ne pas se laisser tromper par un autre.
➔ Pour approfondir Ressources Annexe Un
« Prendre des décisions dans des moments difficiles ».
➔ Pour approfondir. Ressources. Annexe Deux.
« Une fidélité mise à l’épreuve ».
Relecture : faire preuve de discernement
Nous vous invitons à une pratique simple qui aide à se former au discernement C’est une démarche qui permet, peu à peu, de se mettre à l’écoute de l’Esprit du Seigneur, pour scruter notre cœur et découvrir nos mouvements intérieurs Cela a pour but de nous aider à les interpréter et à nous décider afin de choisir ce qui nous ouvre à la Vie du Seigneur.
1. Mettons-nous en présence du Seigneur, prenons simplement conscience qu’Il est avec nous présent dans ce temps de prière et qu’Il nous accompagne.
Entrons dans le silence du cœur
2 Prenons un temps d’action de grâce Avec notre cœur et notre esprit, passons en revue, dans le détail, toutes les raisons pour lesquelles nous souhaitons remercier le Seigneur
3 Prenons le pouls de notre vie, des lieux et des situations qui nous arrivent, de ce qui résonne le plus en nous Demandons au Seigneur de nous montrer la décision à prendre en ce moment, l’étape à franchir Il peut s ’agir de grandes
ou petites choses, du travail, de la famille ou d’un voyage à entreprendre.
Demandons-Lui de nous montrer les chemins qui s ’ouvrent à nous
4 Demandons la lumière afin de comprendre comment cette situation à impacté notre vie, comment elle l’impacte actuellement Quelles forces nous poussent vers l’intérieur ? Quelles sont celles qui nous rapprochent de Dieu et quelles nous en éloignent ? Dans quelles forces reconnaissons-nous la paix du Seigneur ?
5 Demandons au Seigneur de nous montrer les conséquences des chemins que nous pourrions emprunter et comment chaque décision pourrait nous affecter
Comment d’autres seraient-ils impactés ? Quelles seraient les peines et les joies ? Quel serait le plus grand bien qui résulterait de cette situation, au-delà des émotions qui sont aujourd’hui présentes ?
6. Que ressentons-nous face aux chemins possibles ? Quelles émotions s’éveillent en nous ? D’où viennent-elles et où nous poussent-elles ? Sur quel chemin sommes-nous plus en connexion avec la Vie, avec nos frères et sœurs, avec l’Amour qui vient du Père ? Dans quels chemins voyons-nous les attitudes du Seigneur se refléter en nous ?
7 Prenons note de nos découvertes Remettons entre les mains du Seigneur cette question que nous portons
8 Si nous nous sentons enclins à prendre une décision, remettons-la entre les mains du Seigneur et laissons-Le nous confirmer si elle correspond à ce qu’Il attend de nous, en nous rendant attentifs aux mouvements intérieurs
9 Terminons cette prière, remercions le Seigneur pour sa présence et demandons-Lui de faire sa volonté
Ressources
Annexe 1
Prendre des décisions dans des moments difficiles
Cela peut paraître curieux, mais la réalité semble parfois aller à l’encontre de tout ce que nous savons, au plus profond de nous, lorsqu’il s ’agit de prendre des bonnes décisions. Il est vrai, et sur cela nous sommes tous d’accord, que pour prendre une décision saine et éclairée, nous devons être calme, réfléchir, confronter nos idées avec celles des autres, méditer et prier. Nous savons que c ’est dans le silence du cœur, où Dieu demeure, que réside une source inépuisable de Sagesse qu’il nous faut écouter, car c ’est là que se trouve la vérité Cependant, il y a des moments dans notre vie où ce ne sont pas les périodes de sérénité qui nous amènent à prendre des décisions importantes et profondes, mais plutôt lorsque nous sommes dans des situations limites, des moment forts qui bouleversent notre cœur et secouent notre âme, voire qui remettent en question nos structures ou nos schémas de pensée et de compréhension de la réalité
Mais quelles sont ces situations ? Il s ’agit de l’échec et de la mort Bien qu’incomparables, il arrive pourtant que nous vivions certains échecs comme de véritables « morts » Nous avons certainement tous entendu des récits de personnes qui ont pris des décisions très radicales dans leur vie après avoir vécu un échec ou avoir ressenti la proximité de la mort. Des histoires de personnes qui, face à une situation limite où elles pensaient ne rien pouvoir faire, ont découvert que la meilleure décision de leur vie est née de cet instant. Ces personnes ont complètement changé leur vision de la vie et, par conséquent, leur façon de vivre. Est-il possible que l'échec et la mort nous enseignent à prendre de bonnes décisions ? Avons-nous besoin de toucher aux limites de l'échec ou de la mort pour comprendre la valeur de la vie ?
Parfois, nos décisions ou nos choix sont erronés parce que nous ne voulons pas changer intérieurement Nous affrontons le problème de la même manière et avec toujours le même point de vue, tout en continuant à penser comment réaliser nos idées et nos pensées, sans nous demander s’il existe d’autres manières de comprendre et d’affronter les situations difficiles Nous pensons ainsi que notre façon de résoudre les problèmes est une sorte de « joker » applicable à tout
L'échec ou la mort nous poussent à explorer de nouveaux chemins en vue d’une solution, car ils nous forcent à dépasser nos schémas rigides de pensée pour nous
connecter à la source de la Sagesse qui réside en nous. Lorsque la vie nous semble « étriquée », ou lorsque nous traversons des moments difficiles, nous devons nous connecter à la Sagesse intérieure qui est en nous Si nous le faisons, nous trouverons toujours des solutions créatives, même dans les moments les plus difficiles Ouvrons notre esprit et notre cœur au Seigneur qui demeure en nous !
Annexe 2
Une fidélité mise à l’épreuve
Plus d’une fois, il arrive que les événements prennent une tournure inattendue, qui ne nous plaît pas, et qui ne correspond pas à nos attentes Cette expérience englobe toute la réalité du monde qui nous entoure : la guerre, la famine, les réfugiés, les migrants, notre maison commune qui souffre et gémit sous l’agression et la négligence des hommes et des femmes Et il en va souvent de même en ce qui concerne nos univers les plus proches, comme le travail, la famille et les amis Nous ne sommes pas toujours satisfaits par les personnes qui nous entourent et elles ne nous apportent pas toujours ce que nous attendons d’elles Parfois, ces personnes ne reconnaissent même pas, et ne valorisent pas les efforts que nous faisons pour elles et pour leur bien-être. Nous ressentons souvent le goût de l’échec et de la frustration. Nos projets échouent et ne se réalisent pas. Malgré tous nos efforts, les choses ne se passent pas toujours comme nous l’avions espéré. Alors, la colère, la fatigue, le ras-le-bol et la désillusion peuvent nous envahir. L’on dit que ces sentiments sont des masques adoptés par une douleur qui n ’est pas acceptée comme telle. Ces situations nous blessent, mais il est moins engageant de dire que nous sommes en colère à cause de cette situation que de reconnaître la douleur qu 'elle nous cause
Et c ’est dans cet état que le mauvais esprit fait son apparition afin d’ajuster ses coups précis et abattre la victime Mais comment fait-il ? En semant des pensées d'échec et d'impuissance : « Regarde comment tu as tout gâché », « C'est inutile d'insister », « Tu es vraiment nul ! », « Arrête d'insister, ça ne vaut pas la peine », « Tu n ' y arriveras pas», « Tout ce qui dépend de toi est voué à l’échec ! »
Comment avancer ?
Ce qu’il faut d’abord retenir, c ’est que l’échec et la frustration font partie intégrante de la vie. Qui nous a dit que l’on n ’avançait qu ’ avec des succès et des réussites ? Ils sont bénéfiques, mais pas exclusifs. Il est nécessaire d’échouer, de commettre des erreurs et de se sentir frustré. Ces expériences nous façonnent et nous aident à grandir.


Une autre idée qui peut nous aider à avancer est de comprendre que cette situation d'échec est temporaire, elle ne durera pas éternellement, aussi douloureuse soit-elle De plus, ce n 'est pas la seule réalité de ma vie Nous ne devons pas oublier que nous avons déjà vécu des moments de réussite et il y en aura encore Nous devons reconnaître que « d'autres forces » agissent en nous dans le sens opposé, insinuant d'autres pensées : « Ce que tu vis fait partie de ta vie, mais n 'est pas toute ta vie », « C'est temporaire et ça passera », « Tu surmonteras cela, comme tu as surmonté d'autres défis », « Il y a de très bons aspects dans ta vie », « Il existe des situations où tout se passe bien » Ainsi, nous pourrions continuer à illustrer cette lutte intérieure entre ces deux groupes de pensées qui émergent en nous face à ces situations
Rien de ce qui se passe ne définit qui nous sommes, mais souligne seulement un aspect à améliorer ou à surmonter. Ce qui est décisif, c ’est d’être attentif à ce que nous ressentons, afin d’identifier ce qui se passe et décider ensuite ce qu’il convient de faire. C’est pourquoi l’échec et la déception ne sont pas aussi graves qu’ils le paraissent, car ils peuvent devenir une source précieuse de sagesse. Les expériences de rupture et de désillusion nous poussent à penser, à réfléchir sur nous-mêmes ainsi que sur autrui, au risque de sombrer dans un égo désabusé
L’échec nous invite au moins à deux choses : tout d’abord, reconnaître qu ’ une partie de ce qui s ’est passé vient de notre tendance à vouloir tout contrôler, comme si nous vivions dans l’illusion que nous maîtrisons tout ce qui nous arrive, tels des super-héros Cette attitude infantile nous pousse à croire que les choses se dérouleront exactement comme nous l’imaginons Ensuite, il nous invite à continuer à poursuivre notre chemin, même si cela demande des efforts, même si la douleur ne nous sera pas épargnée Dans ces moments, une dose importante d’humilité nous sera précieuse : accepter que nous ne contrôlons pas tout, que nous ne sommes pas des super-héros, mais que nous faisons simplement partie d’une réalité plus vaste, aux côtés d’autres personnes qui vivent également leur propre chemin. Nous ne sommes pas des maîtres absolus, mais des collaborateurs, et la réalité n ’ a pas à répondre à nos caprices.
Reconnaître que nous avons besoin d’aide, que nous sommes fragiles et dépendants, nous aidera aussi énormément à avancer Nous avons besoin des autres et du Seigneur dans cette école qu ’est la vie
C’est pourquoi il est essentiel de rester vigilants en ces temps d’épreuve, de veiller à ce que les forces qui nous enferment ne prennent pas possession de notre cœur Une prière confiante et suppliante, dans le silence du cœur, nous aidera à prendre du recul et à trouver la clarté nécessaire pour discerner les décisions qui nous ouvrent à
la Vie, qui nous invitent à avancer, à rester fidèles et à demeurer en harmonie avec le Père
Dans les moments d’épreuve, nous devons demander la grâce de persévérer Cela ne signifie pas toujours être en mesure de résoudre le problème par nous-mêmes, mais souvent simplement de continuer à avancer avec ouverture, confiance et espérance, en espérant que le Seigneur accomplira son œuvre avec notre disponibilité En fin de compte, il s ’agit d’insister, de recommencer et de poursuivre, répétant ce cycle encore et encore v 11/2024
Suite au livre suivant : le PAS 8 du Chemin du Cœur « Une mission de compassion »