Je me souviens de Jean Vilar

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« Dès le second Festival, en 1948, j’ai vécu de grandes heures dans la Cour du Palais des papes et j’ai fait partie de la troupe. » Ainsi Agnès Varda évoque-t-elle son arrivée à Avignon quand Jean Vilar lui propose de photographier le tout jeune festival. Ces clichés demeurent, par dizaines, des légendes de la photographie, du théâtre et du Festival réunis. Le visage grave du « roi » Vilar, le prince Gérard Philipe dans le clair de lune immaculé de Hombourg, Maria Casarès en profil de lady Macbeth… Présentées pour la première fois au cloître Saint Louis d’Avignon en 1991, Agnès Varda a voulu les remontrer autrement. Comme des fragments de ses souvenirs personnels qu’elle agrandit jusqu’à en faire des éclats de la mémoire de tous.


1. JEAN VILAR EN DON DIEGUE - 1949 VILAR, suivant les périodes, a interprété le père du Cid et le roi du Cid. Ici, il est en roi. Neg : AV. 49 n.67


2. LORENZACCIO - 1952 Jean VILAR, la rigueur pour le Cardinal et Gérard PHILIPE, la grâce pour Lorenzo, beau, fragile et ambigu. Chaque fois qu’ils jouaient ensemble, quelque chose de précieux passait entre eux, admiration réciproque, tendresse, complicité.


3. MACBETH - 1954 Les meubles de Prassinos étaient rouges sur le fond du mur toujours sombre et les costumes étaient austères. Jean VILAR et Maria CASARES jouaient ce couple maudit, Macbeth et Lady Macbeth, comme s’ils avaient toujours été ensemble et maudits, hantés par le sang. Neg : AV. 54 n.32


4. LA MORT DE DANTON - 1949 Georges WILSON en Danton à la tribune et Jean-François REMY. Pour mémoire Jean VILAR était Robespierre et Michel BOUQUET Saint Just. La révolution arrivait chez les Papes. La guillotine sur fond de mur était d’un effet sinistre et le serviteur de scène chantait : « Il pleut, il pleut, bergère… ».


5. JEAN VILAR EN JUILLET 1951, LE JOUR OÙ… Dans la Cour d’Honneur, Jeanne LAURENT, représentante du ministère de la Culture, vint lui proposer de diriger le T.N.P. au Palais de Chaillot.


5bis. VILAR A SETE Jean VILAR est né à Sète, Andrée VILAR aussi, devenue son épouse. Port de canaux, de bateaux, de cargos en partance et de barques de pêcheurs, Sète est aussi la ville de Paul Valéry le puriste. Jean avait fait son service militaire dans la musique. Chez lui, il jouait de la clarinette. Il aimait les journées d’été calme, et les joutes.


6. VILAR SEUL DANS SON PALAIS - 1952 VILAR face à son miroir, en acteur fatigué, sublime, fragmenté entre la porte et les grilles du Palais des Papes. Neg : AV. 52 n.161


7. VILAR A LA CHARTREUSE - 1958 A Villeneuve-les-Avignon, le metteur en scène regarde la répétition. C’est dans cette pose qu’il a été statufié. Neg : AV. 58 n.3


8. VILAR DIRECTEUR D’ACTEURS - 1959 Tous étés mélangés et toutes pièces confondues dans mon souvenir, c’est comme une seule répétition de fragments de pièces qui se joue devant le grand mur de la Cour du Palais des Papes. Les comédiens travaillaient. VILAR en salopette les observait. Neg : AV. 59 n.91


9. REPETITION EN SERIE -Monique CHAUMETTE, au loin. -Maria CASARES et Roger MOLLIEN (répétant MARIE TUDOR). -Un regardeur non-identifié. -Philippe NOIRET, Gérard PHILIPE et Charles DENNER (répétant LORENZACCIO). -Germaine MONTERO, Christiane MINNAZOLI (répétant MERE COURAGE) près de la roulotte. Neg : AV. 59 n.? Neg : AV. 59 n.9 Neg : AV. 59 n.9


10. RICHARD II DE SHAKESPEARE - 1948 Jean VILAR, Monique CHAUMETTE et Philippe NOIRET. Le premier grand rôle de VILAR dans la Cour d’honneur. Dans la scène des adieux du Roi à la Reine l’intensité de leurs regards annule la proximité menaçante de Northumberland et la présence des deux dames de cour. VILAR disait mieux que personne : Asseyons nous par terre et contons nous la fin lamentable des rois. Et pourtant quelle splendeur émanait de lui quand il trônait parmi les nobles du royaume. On peut identifier de gauche à droite : Philippe NOIRET, Jean Paul MOULINOT, Zanie CAMPAN, Monique CHAUMETTE, Jean VILAR, Georges WILSON et Michel BOUQUET.


11. LE CID DE CORNEILLE - 1951 L’arrivée de Gérard PHILIPE au Festival cet été-là fut l’irruption fracassante de la jeunesse et de la fougue. Gérard était déjà une vedette de cinéma, il devint un héros populaire. -Rodrigue, as-tu du cour ? -Tout autre que mon père l’éprouverait sur l’heure. Je me souviens des commentaires scolaires : cour voulait dire courage.


12. DON JUAN ET DEUX BELLES - 1953 (Zanie CAMPAN, Jean VILAR et Christiane MINAZZOLI) La nature est là, au cloître du Palais des Papes. Le théâtre est là, avec sur le front de VILAR la tarlatane qui maintient sa perruque. Neg : AV. 53 n.32


13. VILAR JOUANT L’AVARE - 1952 Pour qu’un comédien se transforme en Harpagon, comme le fit Molière, iI faut du talent à tous les niveaux. Il faut une fraise, un chapeau rond, des aiguillettes sur le justaucorps. Il faut apprendre les mots d’une autre époque. Et puis on crie : Ma cassette ! Au voleur ! On m’a coupé la gorge ! On a volé mon argent ! Et voilà que les trois enfants de VILAR prennent peur en voyant leur père devenu Harpagon.


14. GERARD PHILIPE : LE PRINCE DE HOMBOURG - 1951 Quand le plein soleil déversait des rayons de lune au jardin du cloître, le prince devenait à tout jamais le héros lumineux des premiers festivals d’Avignon. Neg : AV. 51 n.121


15. LE SALUT A LA FIN DE LORENZACCIO - 1952 Les acteurs s’avancent en guirlande vers le public qui applaudit. Leurs ombres immenses prolongent à contre nuit la magie du spectacle. Le salut est un spectacle. Neg : AV. 52 n.215


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16. COTE COUR D’HONNEUR, COTE JARDIN D’URBAIN ET COTE COULISSES DE PIERRES A - La pleine lune sur le Palais. B - Dans une loge de pierres, les coulisses du TRIOMPHE DE L’AMOUR : Monique CHAUMETTE, Maria CASARES et Catherine LE COUEY. C - Les comédiens qui n’étaient pas « de la pièce » assistaient aux répétitions avec VILAR. Ou alors ils passaient juste chercher leurs copains à l’heure du pastis. Roger MOLLIEN, Zanie CAMPAN, Philippe NOIRET, Jean TOPARD et Jean VILAR. Au premier plan : Monique CHAUMETTE et Christiane MINNAZOLI. D - D’où venait la camionnette du TNP pleine de matelas ? E - Photo de famille, en juillet 1955. Ils sont tous là, souriants. Le jeu est de les identifier… F - Les couturières ont installé leur atelier dans une salle d’armes du Palais des Papes. Tout le monde aimait Jeanne l’habilleuse.

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16.A - La pleine lune sur le Palais.

16.B - Dans une loge de pierres, les coulisses du TRIOMPHE DE L’AMOUR : Monique CHAUMETTE, Maria CASARES et Catherine LE COUEY.


16.C - Les comédiens qui n’étaient pas « de la pièce » assistaient aux répétitions avec VILAR. Ou alors ils passaient juste chercher leurs copains à l’heure du pastis. Roger MOLLIEN, Zanie CAMPAN, Philippe NOIRET, Jean TOPARD et Jean VILAR. Au premier plan : Monique CHAUMETTE et Christiane MINNAZOLI.

16.D - D’où venait la camionnette du TNP pleine de matelas ?


16.E - Photo de famille, en juillet 1955. Ils sont tous là, souriants. Le jeu est de les identifier…

16.F - Les couturières ont installé leur atelier dans une salle d’armes du Palais des Papes. Tout le monde aimait Jeanne l’habilleuse.


17. Monique CHAUMETTE et Philippe NOIRET - 1954 Ils se sont connus en Avignon et sont devenus un couple à la scène et à la ville.


18. MERE COURAGE - 1959 Germaine MONTERO et Christiane MINAZZOLI Mère Courage est en colère. Elle piétine le chapeau de sa fille muette.


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19. COTE COUR D’HONNEUR, COTE JARDIN D’URBAIN ET COTE COULISSES DE PIERRES

G - DON JUAN - 1953 La statue du Commandeur (Philippe NOIRET) se repose près d’un squelette (Monique CHAUMETTE). H - Philippe NOIRET signant des autographes. I - Aliette SAMAZEUILH, costumière, aide VILAR à s’habiller sous le regard de Monique CHAUMETTE. J - Jean VILAR répète DON JUAN entre Christiane MINNAZOLI et Zanie CAMPAN. K - VILAR et PHILIPE, pendant une répétition, attentifs ensemble. L - Dans une loge, en costumes de LORENZACCIO : Monique CHAUMETTE, Jeanne MOREAU, Françoise SPIRA et au fond Monique MELINAND. M - Maria CASARES près de l’affiche créée par JACNO.

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19.G - DON JUAN - 1953 La statue du Commandeur (Philippe NOIRET) se repose près d’un squelette (Monique CHAUMETTE).

19.H - Philippe NOIRET signant des autographes.


19.I - Aliette SAMAZEUILH, costumière, aide VILAR à s’habiller sous le regard de Monique CHAUMETTE

19.J - Jean VILAR répète DON JUAN entre Christiane MINNAZOLI et Zanie CAMPAN.


19.K - VILAR et PHILIPE, pendant une répétition, attentifs ensemble.

19.L - Dans une loge, en costumes de LORENZACCIO : Monique CHAUMETTE, Jeanne MOREAU, Françoise SPIRA et au fond Monique MELINAND.


19.M - Maria CASARES près de l’affiche créée par JACNO.


20. CASARES ET VILAR DANS LE SONGE D’UNE NUIT D’ETE - 1959 Le roi Obéron a envoûté Titania sa reine pour qu’elle s’éprenne d’un âne. Il y a du pathétique dans cette comédie-là. Il y avait du plaisir à photographier de tels interprètes. Neg : AV. 59 n.1


21. DON JUAN ET SGANARELLE - 1953 « Je te tiens par la barbichette » VILAR ET SORANO, chacun dans son rôle complémentaire et complice. Jubilation entre le maître et son valet. Neg : AV. 53 n.22


22. MARIA CASARES ET JEAN VILAR - 1954 Ils furent bien le Roi et la Reine des grandes annĂŠes du jeune Festival, ils se ressemblaient de profil regardant loin devant eux, comme dans une mĂŠdaille. Neg : AV. 54 n.1


23. LA MORT DE DANTON - 1949 Michel BOUQUET en Saint Just et Jean VILAR en Robespierre.


24. JEANNE MOREAU ET GERARD PHILIPE Nathalie d’Orange disait au Prince de Hombourg : « - Que trouverais-je ici ? le coeur ou l’écorce ? - Le cœur Nathalie, le cœur ! »


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