DP Chroniques de massacres annoncés

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Chroniques de massacres annoncés Les Assyro-Chaldéens d’Iran et du Hakkari face aux ambitions des empires (1896-1920) Florence Hellot-Bellier

L

es massacres perpétrés en 1915 et 1918 à l’encontre des chrétiens assyro-chaldéens et arméniens de l’Est de la Turquie et du NordOuest de l’Iran ont marqué durablement leur mémoire et leur histoire. Ce livre retrace les étapes, mais aussi les conditions qui ont abouti à cette tragédie. Il explore la lente montée de la violence, du Caucase à l’Anatolie orientale, et les tentatives des chrétiens pour la conjurer. Il s’attarde sur la faiblesse des gouvernants iraniens, sur l’arrivée au pouvoir des Jeunes Turcs et sur les revendications nationalistes qui fragilisèrent la coexistence des populations composant la mosaïque ethnique de la région. Il dénonce les agressions des empires ottoman, britannique et russe et les traités inéquitables générateurs de frustrations. « En contrepoint d’une interprétation unilatérale qui ne considèrerait la situation des chrétiens qu’en fonction de leurs contacts avec le monde étranger, l’auteur s’efforce de comprendre leur position à partir de l’évolution politique et religieuse interne des sociétés ottomane et iranienne – pari réussi. » (Préface de Herman Teule, p. viii)

« Il faut privilégier l’idée d’un enchevêtrement de ‘causalités multiples’ pour rendre compte de la montée de la violence à l’ouest du lac d’Ourmia entreÀ Qourana. 1896 et 1920, causalités qui, pour des raisons À Ardišah. À Djamalwa. de clarté, ont été abordées séparément, quoique étroitement imbriquées. » (Introduction, p. 4)

Structure de l’ouvrage : 1. Assyro-Chaldéens d’Azerbaïdjan et de Sena, tribus Assori du Hakkari ; ii. Le christianisme creuset de l’identité des Assyro-Chaldéens ; iii. Le rôle des missionnaires dans l’évolution des chrétiens en Iran au xixe siècle et au début du xxe siècle ; iv. Les prémices de la nation assyrienne ; v. Pressions ottomane, russe et kurde sur l’Azerbaïdjan iranien (1896-1914) ; vi. Les chrétiens d’Ourmia et de Salmas dans la révolution constitutionnelle iranienne (1905-1911) ; vii. 1915 : guerre et massacres à Ourmia et au Hakkari ; À Ardišah. À Djamalwa. À Qourana. viii. La violence à son acmé :À Ourmia. les massacres à Ourmia et ÀSalmas (1917-1919). Sanandadj. guerre et massacres à ourmia et au hakkari

guerre et massacres à ourmia et auministre, hakkari

almas et Khosrowa.

ministre de l’Intérieur communique la teneur de ce firman à tous les gouverneurs généraux, gouverneurs et fonctionnaires de l’État et leur fasse connaître que notre gouvernement veut conserver ses relations d’amitié avec les belligérants comme par le passé. Il doit également puis le long de la vallée d’Uski en décembre. Miss Maryaux E. fonctionnaires Lewis revintqu’ils de ne doivent sous aucun prétexte, tant rappeler congé le 7 octobre 1912 ; elle tint, lors de l’occupation d’Ourmia sur terreturque que sur mer, aider unen des belligérants ou agir contre lui, fournir 1915, un journal qui fut édité par Miss Schauffler-Platt à New York. Le couple des armes, des munitions ou en transporter ; ils doivent éviter de prendre et conserver Coan n’était pas encore là. Les presbytériens part furent donc un absolument peu moinsla neutralité de leur gouvernement. Si le cabinet ministres juge nécessaire toute autre mesure destinée à nombreux qu’en 1912 à rendre compte des troubles dansdes la région. neutralité du pays et consolider nos relations, il est invité à Le 5 octobre, des Kurdes se frayèrent un parfaire cheminla depuis Tergawer, chroniques de massacres annoncés la porter à notre connaissance afin que nous en ordonnions l’exécution. 12 zihadjeh 1332/2 novembre 1914.

Fantassin assyrien, 1918.

À Badelbou et Armoutaqadj.

Le 7e corps d’armée russe, basé à Ourmia, ne quitta pas la région avant le Porte de l’église Mar-Toma de Baloulan. mois de février 1918, mais l’armée russe se délita peu à peu et les auxiliaires

Chapelle Mar-Yohannan de Gawalan.

À Ourmia.

À Sanandadj.

Florence Hellot-Bellier appartient à l’Unité Mixte de Recherches « Mondes iranien et indien », au sein de laquelle elle consacre ses recherches à l’histoire iranienne au tournant des xixe et xxe siècles, en particulier à celle des Assyro-Chaldéens d’Iran. Elle a notamment publié en 2008 France-Iran, Quatre cents ans de dialogue, Paris. À Ardišah. demeurèrent livrés à eux-mêmes, avec leurs armes et sans encadrement.

Si l’on en croit le fedaï Onnig Avedissian, le vice-consul ottoman

Il faut distinguer ces auxiliaires, des bataillons mieux encadrés, mis sur d’Ourmia s’enfuit à Sawdjboulagh dès l’annonce de la déclaration de guerre Mergawer et Baradost jusqu’à Delgoša, et, aux portes d’Ourmia ; d’autres pied à Ourmia et Salmas, que l’on accusa de tous les maux. ajouta-t-il : « Les camarades investirent le consulat et prirent tout s’approchèrent à une Dans le long rapport qu’il écrivit au Kurdes ministre français de la Guerrede en Tchaharbašcepar qui Anhar, pouvait leur êtredizaine utile. Ils de trouvèrent beaucoup d’exemplaires du août 1919, le capitaine Gasfield ne souffla mot de la d’Ourmia venue du capitaine kilomètres et Alwatch. Le 7 octobre Sontag continua Coran, 1914, éditésMgr en Allemagne, avec des reliures dorées. Les Turcs devaient le beau rôle : Gasfield remplaça Gracey à Ourmia943, peut-être pour se donner de lier la sécurité des habitants de la région à la présence des troupes les offrir aux Persans pour les attirer de leur côté ». La déclaration de e le colonel Boutakov rejeté en décembre par le comité du 7 corps, lequel russes, tout en craignant que l’exaspération engendrée par les initiatives guerre par les Ottomans fut suivie de déclarations de djihad destinées à vota ensuite le départ des généraux Vadbolski et Voropanoff. Mais ce même unirles leschrétiens musulmans les alliés chrétiens de la Triple-Entente, en des orthodoxes russes se retournât contre : « contre Si les troupes comité accepta, le 9 janvier 1918, « la formation immédiate de troupes russes reçoivent renfort, aborigènes pour que les petits peuples, pendant l’armistice, du ne soient pas c’est bien, la tranquillité du pays est assurée, écrasés » – selon Chklowsky, à condition de contrôler les officiers et ensur les chrétiens. Bien plus, les musulmans, je sinon les Kurdes fonderont dépit de l’arrivée à Ourmia d’un certain Peremont, Pétrograd,se mettront du parti des Kurdes pour fondre veux parlervenu de ladepopulace, qui prétendit avoir été chargé de la responsabilité des bataillons. 423 sur les chrétiens » 791.Gasfield lança, avec le colonel russe Tabouré, la formation des 3e et 4e bataillons Dans la nuit du 9 au; 10 octobre, les Kurdes attaquèrent et incendièrent assyriens à Salmas, auxquels vint s’ajouter un bataillon arménien il mit en place deux batteries de montagne et une deSeir mitrailleuses. Il à une dizaine de kilomètres d’Ourmia. Les les compagnie villages de et d’Anhar, regretta l’inexpérience des paysans-combattants d’Ourmia, ilseuls pendant quelques heures, puis avec le cosaquesoriginaires les affrontèrent, déplora le pillage des villages de la plaine d’Ourmia par des bandes armées et il constata, non sans amertume, son échec à imposer ordre et discipline ;

À Nazlou et Alwatch.

710 p. ◆ 16 x 24 cm ◆ 55 € Parution octobre 2014 ◆ isbn 978-2-7053-3901-2 508

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À Ardišah.


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