L'asile public d'aliénées de Maison-Blanche à Neuilly-sur-Marne - Master Thesis - Paul de Greslan

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Il aura donc fallu attendre soixante ans et l’utilisation de calmants chimiques pour permettre à Maison-Blanche de mettre en place un système équivalent à celui de l’Offen-Tür (portes ouvertes) allemand, à partir duquel avait pourtant été rêvée l’aile « village ».

III/2 TERREAU DE L’OBSOLESCENCE DE MAISON-BLANCHE

Les neuroleptiques, en mettant hors-jeu sur les plans pratique et économique la question architecturale comme moyen d’influencer le comportement des patient.e.s, ouvrent le champ libre à une politique d’hébergement dégagée de toute responsabilité spatiale.

La condition économique et la surpopulation

La crise de surpopulation que connaît Maison-Blanche au tournant des années soixante-dix ne lui est pas singulière. En France, une grande partie des hôpitaux psychiatriques la subit d’une manière similaire. La raison est claire: « les maladies psychiatriques ne débouchent/débouchaient que très rarement sur un diagnostic permettant aux patients de se réinsérer dans la société civile1 ». Faute de disposer d’autres endroits où les transférer, il faut donc les garder au sein de l’hôpital psychiatrique et c’est ce déséquilibre entre les entrées et les rares sorties qui encombre le milieu asilaire au-delà du raisonnable. La courbe ascendante du nombre de malades interné.e.s ne s’infléchira qu’avec le développement d’offres de soin alternatives à l’internement asilaire. Sur la quasi-totalité des hôpitaux psychiatriques français concernés par la sur-occupation et le manque de moyens économiques, beaucoup se résolvent à l’emploi d’une même solution pour y faire face : les préfabriqués. Le cas de l’asile de Lesvellec dans le Morbihan est révélateur de cette situation nationale :

BACLET, Michelle, entretien épistolaire avec Paul de Greslan, le lundi 24 avril 2017 1

De l’asile de Lesvellec à l’Établissement Public de Santé Mentale Morbihan, 100 ans d’histoire de la psychiatrie morbihannaise, EPSM Morbihan, 2013, p.38 2

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Au début de 1965, malgré tous les efforts, la surpopulation est telle qu’il faut trouver rapidement une solution. Avec l’accord des autorités de tutelle, un contrat est passé pour la construction de deux pavillons préfabriqués de 28 lits chacun pour les hommes et les femmes. En 1967, le surencombrement persistant, deux nouveaux pavillons préfabriqués identiques aux précédents sont installés. Construits en dépannage pour quelques courtes années, leur utilisation va durer au-delà du raisonnable puisque le dernier de ces quatre pavillons n’a pu être fermé qu’en 2009.2


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