Carnet berlinois 2012

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M O N C A R N E T B E R L I N O I S

SÉJOUR CULTUREL 23 – 28 juillet 2012

Proposé & organisé par PASSAGE & CO. www.passage.co.com www.tell-­‐me-­‐tours.com


SOMMAIRE Programme de la semaine 01 l‘hôtel Bogota 08 City-­‐West. Le Ku‘damm, laboratoire de la modernité 11 La Potsdamer Platz 14 La „Topographie de la terreur“ / le Mur 17 Kreuzberg -­‐ un quartier multiculturel 18 Le jardin de princesses à Kreuzberg Gros plan sur l‘exposition d‘Alfredo Jaar à la galerie NGBK 19 Visite commentée du Bundestag Gros plan sur les oeuvres d‘art au Reichstag 20 Sur les traces de la Märzrevolution de 1848 23 Le Palais des larmes -­‐ Visite commentée 26 Maxim Leo, L‘histoire d‘un allemand de l‘est 27 L‘effacement des traces à Berlin 30 La révolution de novembre 1918 32 Sur les traces des Huguenots 33 Le classicisme architectural, les salons littéraires 38 E.T.A. Hoffmann, La Motte Fouqué, les Mendelssohns, Mirabeau 40 L‘Alexanderplatz 44 Le quartier des granges -­‐ Scheunenviertel 45 Potsdam -­‐ le château de Sanssouci 49 L‘île aux musées 52 la nouvelle galerie nationale 55 La collection Berggruen 56 La Hamburger Bahnhof -­‐ l‘art contemporain 57 Où manger un (bon) morceau ? 58 L’équipe se présente 59 Passage & Co. se présente, liste de lectures 62 3


PROGRAMME DU 23 AU 27 JUILLET 2012 À BERLIN Lundi 23 juillet -­‐ Journée de l‘arrivée Jusqu’à 18h00 : Arrivée des participant(e)s à l’hôtel Adresse : Hotel Bogota, Schlüterstr. 45, 10707 Berlin, Tél : + 49 30 881 50 01 18h30 : pot de bienvenue au salon de l’hôtel. L’équipe se présente. Distribution du « carnet berlinois ». Floriane et Thea racontent l’histoire incroyable de l’hôtel devant la galerie photo d’Yva, au 4ème étage de l‘hôtel. Option : dîner en groupe près de l’hôtel (restaurant italien « Via Veneto ») Mardi 24 juillet 9h00 départ de l’hôtel. Balade commentée le long du Kurfürstendamm. Walter Kreipe nous raconte „Le Broadway de Berlin et son âge d‘or dans les années 20“. 12h00 Pause de midi au restaurant Weyers, Pariser Str. 16 14h00 Visite de la Potsdamer Platz et évocation de son histoire mouvementée. Le monument inachevé pour Karl Liebknecht, la station de bus en hommage à Varian Fry. Lecture critique de la place par Floriane Moro : du No mans‘ land au manège pour touristes. 15h00 à pied, de la Potsdamer Platz à la Fondation « Topographie de la terreur ». Traces historiques du mur. Le Check Point Charlie. 16 h00 En bus n° 29 à Kreuzberg, un quartier multiculturel 16h30 Pause café au jardin urbain Prinzessinnengarten, Moritzplatz. Balade dans la Oranienstrasse, rue principale du quartier Visite de l’exposition : Alfredo Jaar -­‐ The way it is. Eine Ästhetik des

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Widerstands, Neue Gesellschaft für bildende Kunst, Oranienstrasse 19h30 (en option) Dîner couscous au restaurant Rote Harfe, Orient Lounge, Heinrichplatz. 22h00 Retour à l’hôtel en bus M29 Mercredi 25 juillet 9h00 Rendez-­‐vous devant l‘hôtel. En bus n° 100 de la Gare Zoologischer Garten au Reichstag. 10h – 12h Visite commentée du Bundestag, l‘Assemblée Nationale allemande. Vue panoramique sur Berlin. 13h00 – 14h00 Pause de midi en groupe au „Berlin-­‐Pavillon“ 14h30 Mémorial de l’Holocauste et mémorial pour les homosexuels victimes du nazisme 15h00 Promenade historique sur la Pariser Platz -­‐ ambassades, Académie des beaux-­‐arts, la banque DZ avec une sculpture de Frank O. Gehry, la maison du peintre impressionniste Max Liebermann 15h30 En métro U55 jusqu’à la Gare centrale 16h00 Visite du parc mémorial à l‘emplacement de l‘ancienne prison de Moabit. Évocation de la révolution de mars en 1848 et des résistants antifascistes. Les écrivains Albrecht Haushofer et Wolfgang Borchert. 17h00 Tränenpalast, Friedrichstrasse – visite commentée de l‘ancienne gare terminus et du poste-­‐frontière pour les passages entre l'Ouest et l'Est d'Allemagne 18h00 Retour à l‘hôtel (S-­‐Bahn Friedrichstrasse → Zoologischer Garten, Bus M49 → Schlüterstr., Hôtel Bogota) 19h00 (option) Réunion au salon de l‘hôtel Bogota pour discuter sur le livre de Maxim Leo « L’histoire d’un allemand de l’Est ».

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Jeudi 26 juillet 08h30 Rendez-­‐vous devant l‘hôtel. En bus n° 100 de la Gare Zoologischer Garten au Lustgarten. 09h30 Nous commençons sur la « place de château » par une ré{lexion critique sur l’effacement des traces et la ré-­‐interprétation de l’Histoire après la ré-­‐uni{ication allemande. Balade littéraire dans les quartiers de la Friedrichstadt et de Friedrichswerder : la Hausvogteiplatz, l‘ancien quartier de la mode, la Mohrenstrasse. Les salons littéraires à l‘époque romantique et l‘histoire des Huguenots autour du Gendarmenmarkt -­‐ E.T.A. Hoffmann, La Motte-­‐Fouqué, Rahel Varnhagen, Alexander von Humboldt, Adalbert von Chamisso, Madame de Staël, Mirabeau ... 11h30 – 12h30 Déjeuner en groupe au restaurant Roter Jäger, Jägerstr., en face de la Remise Mendelssohn. 13h00 – 14h00 Concert dans la remise de la banque Mendelssohn 14h00 en métro à l’Alexanderplatz – évocation du roman d’Alfred Döblin « Berlin Alexanderplatz » . 14h30 Balade dans l‘ancien quartier juif Scheunenviertel, en commencant sur la Rosa-­‐Luxemburg-­‐Platz, Münzstrasse., Visite de l'atelier de fabrication de balais d‘Otto Weidt, évocation des « Stolpersteine », les Hackesche Höfe et le Neue Club des Expressionistes. La Sophienstrasse avec les Sophiensäle, 16h00 Pause café au café-­‐restaurant Mittendrin, Sophienstrasse 17h00 Poursuite de notre balade dans la Grosse Hamburger Strasse: le philosophe des Lumières Moses Mendelssohn, The Missing House, de Christian Boltanski. Le parc Monbijou et Adelbert von Chamisso. La nouvelle Synagogue dans la Oranienburger Strasse. Le quartier des galeries autour de la Auguststrasse: Kunstwerke et l‘ancienne école juive, devenue centre d‘art.

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À partir de 18h30, du temps libre pour se préparer au „marathon muséal“ (ouverture des musées jusqu‘à 21 ou 22h) sur l‘île des musées. Vous serez munis d‘un Pass Musées, valable durant 3 jours.* Retour individuel à l’hôtel. Vendredi 27 juillet 08h00 Départ de l’hôtel. Sortie à Potsdam 10h00 Visite du château de Sans-­‐Souci et du parc 12h00 Pause de midi individuelle 14h00 Quartier hollandais, retour à Berlin Option I 14 h 00 Visite de l’exposition « Friederisiko », en hommage au tricentenaire de Frédéric II. Retour à Berlin vers 18h00 Option II Rester à Berlin pour faire du shopping, voir d’autres expositions ou musées et rejoindre le groupe à la villa Liebermann. 14h00

Départ accompagné de la gare Zoologischer Garten.

15h00 Arrêt à Berlin-­‐Wannsee, Visite de la Villa Liebermann avec son somptueux parc, Exposition « Les tableaux de jardin de Max Liebermann et Emil Nolde » , Teatime 17h00 Au retour à Berlin, arrêt à la station Grunewald (la gare d'où les trains via les camps d'extermination sont partis). Visite du « Gleis 17 », un mémorial plein-­‐air méconnu. 19h30

Rendez-­‐vous devant l’hôtel.

20h30 Dîner de clôture du séjour dans un restaurant typique et convivial. Samedi, 28 juillet -­‐ Départ individuel 6


Informations pratiques

Durant le séjour organisé, les tickets de transports (tickets de groupe journaliers) ainsi que le „pass musée“* valable durant 3 jours (mercredi-­‐vendredi), sont pris en charge par l’organisateur. Vos petits-­‐déjeuners à l‘hôtel et 4 repas en groupe (en dehors des boissons consommées) sont également pris en charge. Nous ne prenons pas en charge la location d’audio-­‐guides, les repas en dehors des 4 repas organisés, les boissons et pourboires ainsi que les déplacements individuels en dehors du programme journalier. A part les responsables du séjour, Sabine Günther et Walter Kreipe, les trois stagiaires bilingues de Passage & Co. Thea, Floriane et Thomas se tiennent à votre disposition pour vous guider dans Berlin et pour vous faire découvrir encore plus de belles choses.

Vous pouvez nous joindre par téléphone : Sabine Günther : 0049 -­‐ (0) -­‐ 176 53 47 72 44 Walter Kreipe : 0049 -­‐ (0) -­‐ 175 490 35 98 Thea : 0033 -­‐ (0) -­‐ 15 15 53 94 595 Floriane : 06 71 58 16 80 Thomas : 0049 -­‐ (0) -­‐ 15 77 41 303 48

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HÔTEL BOGOTA

Tout sous un seul toit. Sur les traces de l’Histoire au 45, Schlüterstraße

Construit en 1912, le bâtiment au 45, Schlüsterstraße fait partie d'un ensemble d'immeubles typiques et élégants situés près du Kurfürstendamm, un quartier peuplé notamment par des juifs fortunés au début du XXème siècle. En 1919, Oskar Skaller, homme d'affaires couronné de succès, collectionneur d'art et m e m b r e d u p a r t i s o c i a l -­‐ d é m o c r a t e , emménagea dans l’immeuble qui, grâce à la personnalité rayonnante de son locataire, devint par la suite un lieu de rencontre d'hommes politiques et d'artistes, parmi lesquels Benny Goodman et Max Liebermann. Suite au déclin de ses affaires, Oskar Skaller fut contraint de vendre sa collection d'art, de déménager, puis d’émigrer. Jack Hylton, leader d'un groupe de swing et de jazz connu dans le monde entier, occupa l’immeuble pendant les années vingt. En 1935, un couple de photographes installa son atelier au quatrième étage du bâtiment. Il s'agit d’Yva, de son vrai nom Else Ernestine Neuländer, et de son mari Alfred Simon. Photographe de mode très connue, Yva publiait des photos dans de nombreuses revues. La vie du couple juif devint de plus en plus dif{icile sous le régime nazi, et ils {inirent par être déportés au camp de concentration de Majdanek. Deux ans après avoir commencé sa formation chez Yva, Helmut Neustädter, son élève, réussi à s’échapper en émigrant en 1938. Il ouvrit à Melbourne son propre atelier sous le nom aujourd’hui célèbre d’Helmut Newton.

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L’immeuble cessa ensuite d'être un repère d'artistes pour devenir un haut lieu de la politique culturelle: en 1942, les nazis con{isquèrent l’immeuble, considéré comme une possession juive, et y i n s t a l l è r e n t l a C h a m b r e d e l a c u l t u r e d u R e i c h (Reichskulturkammer), dirigée par Joseph Goebbels et Hans Hinkel, destinée à superviser tous les aspects de la culture allemande et dont l’adhésion était obligatoire pour tout artiste. Après la {in de la Seconde Guerre Mondiale, cette institution nationale-­‐socialiste fut remplacée par une institution soviétique, la Chambre des artistes (Kammer der Kunstschaffenden), dirigée par Paul Wegener et ayant pour but de réorganiser la vie artistique et culturelle à Berlin. La classi{ication permettant l'attribution des cartes de rationnement s’y poursuivant, l’immeuble devint un lieu de rencontre d'artistes et d'intellectuels berlinois. La première exposition de la Chambre des artistes à Berlin y eut lieu en juillet 1945. L’Association culturelle pour le renouveau démocratique de l’Allemagne (Kulturbund zur demokratischen Erneuerung Deutschlands), y établit ensuite son siège. Son président, Johannes R. Becher, renforça la collaboration avec des auteurs exilés ou retirés dans une « émigration intérieure », tels que Gerhart Hauptmann et Hans Fallada, et accorda une licence à plusieurs maisons d'édition, parmi lesquelles « Au{bau » ou encore « Axel Springer ». La dissolution de la Chambre des artistes se poursuivit en 1946 avec l'arrivée des Alliés. Dès lors, la Schlüterstraße fut intégrée au secteur britannique et l’immeuble devint le siège de l'organisme chargé de la dénazi{ication du secteur culturel et des artistes de Berlin, tels que l'actrice Grethe Weiser et le musicien Wilhelm Furtwängler. Parallèlement, les libraires et les éditeurs y fondèrent une association boursière commune aux quatre zones qui dura un an. Après la restructuration de l'Allemagne et la fondation des deux états allemands, l’immeuble cessa d’être un haut lieu de la politique culturelle et fut transformé en hôtel. Pendant les années soixante, Heinz Rewald, un juif exilé en Colombie, y établit l' « Hôtel Bogota ». En 1976, Steffen Rissmann reprit l'hôtel et y entreprit des travaux

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de modernisation. Son {ils Joachim Rissmann redonna vie à l'histoire du lieu en y établissant des témoignages de son passé varié. Ainsi, les grands plafonniers rappellent l'architecte Eckart Muthesius, dont le bureau se trouvait dans les sous-­‐sols de l'hôtel pendant les années soixante-­‐dix, et, au quatrième étage, une salle exposant des photographies de mode évoque Yva et Helmut Newton. L'omniprésence, tout au long du XXème siècle, de l'art et de la politique culturelle dans cet immeuble, en fait aujourd'hui un lieu plein de charme, de caractère et d'histoire. Devant l‘hôtel, deux Stolpersteine -­‐ pierres à trébucher -­‐ rappellent le destin tragique d‘Yva et de son mari Alfred Simon. Compte rendu et traduction : Thea Göhring, Floriane Moro Source : Carl-­‐Peter Steinmann, Von Karl May zu Helmut Newton. Spurensuche in Berlin. Transit Verlag 2006

Si vous êtes un admirateur inconditionnel d’Helmut Newton, faites un tour au musée de la photographie de Berlin pour l’exposition permanente « Helmut Newton’s Private Property » . En 2003, un an avant sa disparation lors d’un banal accident de voiture contre le mur d’un palace de Los Angeles, Helmut Newton avait fait don d’une partie de son œuvre à la ville de Berlin et fait savoir qu’il souhaitait y être (Foto: SMB / Jürgen Hohmuth, zeitort.de) inhumé. Au Friedhof Schöneberg quelques anonymes séparent sa tombe de celle de Marlene Dietrich qu’il n’a jamais photographiée.

Museum für FotograBie, Jebensstr. 2, 10623 Berlin (directement derrière la gare Zoologischer Garten). Horaires : lundi -­‐ fermé, mardi, mercredi : 10-­‐18h, jeudi : 10-­‐22h, vendredi-­‐dimanche : 10-­‐18 h

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Le Kurfürstendamm – Laboratoire de la modernité Son âge d’or dans les années 20, raconté par Walter Kreipe

Il faut dire que le Ku'damm a un passé chargé. C'est Otto von Bismarck qui, après la victoire sur la France, a voulu donner à Berlin un axe rivalisant avec les Champs Elysées. Dans les années 1920, ce fut un foyer de la vie culturelle. Dans l'après-­‐guerre, un symbole de la société de consommation, à un jet de pierre de la RDA. Dans les années 1960, la scène des mouvements protestataires. Le 11 avril 1968, c'est là qu'une {igure de proue du mouvement étudiant, Rudi Dutschke, a été victime d'un attentat. Dans les années 1980, l'avenue a amorcé un déclin que la réuni{ication a accéléré, quand le centre de gravité du Berlin créatif s'est décalé vers les quartiers de l'est, de Mitte à Friedrichshain, puis vers le sud de la ville, jusqu'à Neukölln. Notre balade commence sur la « Lehniner Platz », devant le théâtre « Schaubühne », l’ancien cinéma « Universum ». Dans cet ensemble de bâtiments construit par Erich Mendelsohn, se trouvaient le café préféré d’Erich Kästner le « Leon », mais aussi le Cabaret des Comiques ( KadeKo ) dans lequel Blandine Ebinger, les Comedian Harmonists et Ernst Busch triomphèrent. Sur le chemin vers le « Romanisches Café » qu’on a du mal à imaginer d a n s l ’ a c t u e l Europacenter, nous verrons où Helmut Newton a été formé p o u r d e v e n i r photographe de mode (l‘hôtel BOGOTA!)n. Nous nous arrêtons un moment devant les anciennes Max-­‐ Reinhardt-­‐Bühnen s u r l e Kurfürstendamm.

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Nous parlerons de Moritz Seeler, le fondateur de la « Jeune Scène », du peintre Felix Nussbaum, de la peintre Jeanne Mammen, de l’amitié entre G e o r g e G r o s z e t M a x H e r r m a n n -­‐ N e i s s e , d e s spectacles solo scandaleux de la danseuse Anita Berber mais aussi de Vladimir Nabokov et des cafés et cabarets dans le Berlin « russe » que ce dernier avait l’habitude de fréquenter. Hannah Höch „Coupe au couteau de cuisine dans la dernière époque culturelle de l'Allemagne, celle de la grosse bedaine weimarienne“, 1920

Nous nous demanderons ce que l’établissement « Tattersall Franz Diener » a de spécial et pourquoi Vicki Baum, Marlene Dietrich, George Grosz et Bertolt Brecht voulaient tous apprendre la boxe chez un égyptien. Un petit détour par le « Théâtre de l’Ouest », c’est sur cette scène que Bertolt Brecht {it sa première apparition à Berlin et que Marlene Dietrich chanta une dernière fois avant de partir dé{initivement pour l’Amérique. Les nazis n’appréciaient pas le Ku’Damm : pas assez allemand, trop américain et surtout trop juif. Beaucoup savaient que cet endroit serait la première victime de leur folie et {irent, comme Heinrich Mann, Bertolt Brecht et Walter Mehring, leurs valises pour quitter l’Allemagne… Max Liebermann ainsi que les Sécessionnistes et les Expressionnistes berlinois Otto Dix, Georg Grosz et Hannah Höch sont à voir dans la Berlinische Galerie, Alte Jakobstr. Ouvert du mercredi au lundi, de 10 à 18 h

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Olivier Apert

Ludwigkirchplatz Combien de temps le monde {ini — commencé — met-­‐il à {inir, se demande, attablé en terrasse, l’homme seul avec l u i -­‐ m ê m e c o m m e B a u d e l a i r e interrogeant la fumée de son cigare, concluait avec colère, avec tristesse : “ Q u e m ’ i m p o r t e o ù v o n t c e s consciences ”… Donc, combien de temps le monde {ini mettra-­‐t-­‐il à {inir depuis que l’annonce du commencement du temps {ini hante l’homme seul avec lui-­‐ même, attablé Ludwigkirchplatz devant un verre de Chardonnay blanc : de conscience est-­‐il encore question Ludwigkirchplatz puisque, selon le bon sens populaire, tout a un prix : le verre de Chardonnay à la terrasse de Ludwigkirchplatz, la liberté de prendre un verre à la terrasse de Ludwigkirchplatz, la terrasse de Ludwigkircheplatz elle-­‐même, la conscience ruminante assise à la terrasse de Ludwigkirchplatz qui demande : combien de temps le monde {ini (nous) prendra-­‐t-­‐il pour {inir depuis qu’il s’est annoncé ainsi, à la terrasse de Ludwigkirchplatz, comme ailleurs. Le Paradis doit-­‐il {inir, se demande l’homme seul avec lui-­‐même à la terrasse de Ludwigkirchplatz, à moins d’annuler sa propre dé{inition, or la terrasse de Ludwigkirchplatz pourrait être, devrait être, est peut-­‐être un des paradis localisés : pourquoi devrait-­‐il {inir ici plutôt qu’ailleurs, se demande l’homme seul avec lui-­‐même, puisqu’au Paradis également tout a un prix, ne fut-­‐ce que le renoncement au verre de Chardonnay à la terrasse de Ludwigkirchplatz.

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La Potsdamer Platz n'est à l'origine qu'un carrefour aux portes de Berlin dont les routes mènent à Charlottenburg, Schöneberg et Potsdam. Au début du 20e siècle, la Potsdamer Platz est le carrefour le plus encombré d'Europe : 34 lignes de métro y font leur jonction.

E n 1 9 4 5 l a p l a c e , d é v a s t é e , s i t u é e à l'époque aux jonctions d e s s e c t e u r s b r i t a n n i q u e s , a m é r i c a i n s e t soviétiques, devient une plaque tournante du marché noir. Avec la construction du Mur de Berlin, la place est coupée en deux et condamnée à rester un terrain en friche.

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D e p u i s l a r é u n i { i c a t i o n , l a Potsdamer Platz retrouve sa fonction de carrefour stratégique et de vitrine. De fait, beaucoup de grandes entreprises décident d'y installer leurs sièges sociaux. P a r m i l e s é d i { i c e s l e s p l u s saisissants, l'on peut citer ceux de DaimlerChrysler dessinés par Hans Kollhof, de Sony conçu par Helmut Jahn et d'ABB d'après les plans de Giorgio Grassi. Debis Hochhaus -­‐ Culminant à 101 mètres de hauteur, le campanile de la société Debis domine le Sud du quartier d'affaires de la Potsdamer Platz. Réalisé par les architectes Renzo Piano et Christoph Kohlbecker, le siège de la société de services du groupe Daimler-­‐ Benz présente des proportions dignes d'une cathédrale. En dépit de ses dimensions impressionnantes, la structure en quatre blocs parvient à concilier force et légèreté. Sur ses 163 mètres de longueur, l'édi{ice est parcouru sur près de sa moitié par un atrium, couronné par une verrière haute de 33 mètres. Au son sein sont exposées des oeuvres contemporaines : un ensemble mécanique de Jean Tinguely intitulé Méta-­‐Maxi, une installation de Nam June Paik, et les néons bleus de François Morellet. La façade extérieure est rythmée par une ornementation alternant verre et terre cuite. Point de vue critique de Christian Prigent dans : Berlin. Deux temps trois mouvements. Ed. Zulma, 1999

Berlin change. C’est ce qu’on dit. C’est ce qu’ici et là on voit. Ainsi la Potsdamer Platz, du temps que je vivais dans cette ville, était un vaste vide couturé et aride, une jachère fauchée à la vie au cœur de la cité, une lande de 15


mauvaise végétation, semée de baraquements improbables, de ferrailles résiduelles et de moignons d’architectures noircies. (…) L’été 98 m’a montré, au même endroit, une sorte de Manhattan un peu surbaissé mais pareillement engorgé d’immeubles. (...) Et partout, déjà, envahissant, arrogant, décomplexé, l’éclat, architecturé par Renzo Piano, Giorgio Grassi ou Helmut Jahn, des verres, des aciers, des néons et des ors d’une économie libérale branchée à la planète entière par les réseaux informatiques : bienvenue à l’axe Sony-­‐Daimler-­‐Benz ! (p 17-­‐19) La Varian-­‐Fry-­‐Straße est une rue nommée d’après le journaliste américain qui sauva à Marseille la vie à un grand nombre d’intellectuels allemands en exil. La photo (1935) montre Varian Fry sur un balcon du Kurfürstendamm. C‘est à Berlin que Fry avait décidé de travailler pour la cause antifasciste. Mais pourquoi a-­‐t-­‐on donné à une station de bus sur la Potsdamer Platz le nom de Varian Fry ? Deuxième mystère : Un socle sans monument Karl Liebknecht ( né en 1871, assasiné le 15 janvier 1919 ), député du Reichstag et, avec Rosa L u x e m b u r g , f o n d a t e u r d u „Spartakusbund“ (devenu ensuite le parti communiste allemande), organisa le 1er mai 1916 une manifestation contre la Grande Guerre sur la Potsdamer Platz.

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A{in de rappeler cette grande manifestation antimilitariste, la municipalité de Berlin décida en 1951 de poser la première pierre pour un monument en hommage à Karl Liebknecht. Après la construction du mur, le socle se retrouvait dans le No man´s land entre l‘est et l‘ouest. On le démontait au début du chantier de la Potsdamer Platz. En 2002, il y retrouva sa place, toujours sans monument. Près de la Potsdamer Platz : un mille-­‐feuille d‘histoire Inaugurée en mai 2010, le musée-­‐mémorial consacré aux crimes nazis «Topographie de la Terreur» est située sur un lieu hautement symbolique dans l'ancien quartier gouvernemental nazi de la Wilhelmstrasse, à proximité immédiate des lieux où s'élevaient les quartiers généraux de la Gestapo, la direction générale de la SS, le Service de sécurité (SD) de la SS et l'Of{ice central de sécurité du Reich (RSHA). Le musée, immense cube de verre, qui a mis de longues années à voir le jour abrite un centre de documentation et d’information pédagogique sur le nazisme et prend le relais de l’exposition en plein air le long de l'enceinte du terrain. Cette exposition se trouve à la place d‘anciennes caves de torture de la Gestapo et juste à coté d‘une portion du mur.

LECTURE : TERRAY Emmanuel / Ombres berlinoises / Document / 1996 / Une visite des ‘lieux de mémoire’ les plus signimicatifs de Berlin, célèbres ou ignorés. Un voyage dans une autre Allemagne...

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Berlin -­‐ Kreuzberg Un quartier haut en couleur Prinzessinnengarten – un jardin urbain en centre-­‐ville Le Prinzessinnengarten fut créé en 2009 par Robert Shaw et Marco Clausen dans le quartier de Kreuzberg, à côté de la Moritzplatz. Ce jardin écologique et social est entièrement {inancé par des dons, les ventes de légumes et un petit snack-­‐ café. La ville est propriétaire du terrain et le loue aux deux organisateurs. Le contrat de location doit être renouvelé chaque année. A cause de cette précarité, le jardin est construit de façon à rester mobile, les maisonnettes sont des containers et les parcelles sont faites d’emballages et de sacs de voyage. N’importe qui peut venir travailler dans le jardin, s’occuper des parcelles, récolter les légumes etc... Les légumes récoltés doivent néanmoins être achetées à un prix avantageux pour soutenir {inancièrement le projet. Il existe aussi la formule « Parrainage de parcelles » qui permet d’aider le Prinzessinnengarten à se développer sans trop se fatiguer ! Le nombre de collaborateurs pour ce jardin de 6000 m2 s’élève à 1200 personnes. Que serait Berlin sans ses marchés turcs, ses hammams, ses bars à chicha et surtout ses Döners? Il y a à Berlin environ 180 000 personnes turques ou d’origines turques, soit 5 % de la population berlinoise, et environ 38 % des 4,8 millions berlinois ne possédant pas la nationalité allemande. Il est toujours un peu dif{icile d’établir une frontière claire, car les

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enfants nés en Allemagne de parents turcs sont automatiquement allemands, mais doivent choisir entre la nationalité turque et la nationalité allemande à leur majorité, impossible pour eux (contrairement aux franco-­‐allemands par exemple) d’avoir la double nationalité, avec tous les déchirements que cela peut impliquer. Les nombreux habitants turcs ou d’origine turque donnent bien sûr à la ville une ambiance particulière. Kreuzberg ne mérite pas mieux son nom de Klein-­‐Istanbul que lors des marchés du mardi et du vendredi sur le Maybachufer, où l’on peut renouveler son stock d’olives, de fruits et légumes, de Fladenbrot, d’épices et de tissu dans une atmosphère chaotique et joyeuse. De quoi faire le plein de couleurs et de bonne humeur pour la journée. Gros plan sur l‘exposition The way it is. L’esthétique de la résistance, d‘Alfredo Jaar à la NGBK, Oranienstrasse La galerie NGBK montre, dans trois lieux différents, une grande rétrospective de l’artiste chilien Alfredo Jaar. Artiste d'origine chilienne, né en 1956 à Santiago, internationalement reconnu, Alfredo Jaar vit et travaille en partie à New York et en partie à Barcelone. Il a réalisé des travaux à partir d'images {ixes ou d'images mobiles et des installations très complexes, dans bien des endroits du monde. Il s'intéresse aux effets des images et à leur réception, cherchant à provoquer la ré{lexion. Il est curieusement méconnu en France, et encore plus curieusement à Toulouse, où une oeuvre majeure est exposée, dans la plus grande discrétion. On peut la trouver dans la Salle des Pas Perdus du tribunal (accessible que sous certaines conditions) : Paysage montre, depuis l'intérieur des caissons, des re{lets dans des miroirs, qui sont des photos qu'Alfredo Jaar a prises au Rwanda en 19


août 1994. Ce sont des portraits de gens qui attendent que l'on rouvre la frontière fermée du Zaïre, à présent Congo, a{in d'échapper aux massacres. Sind Sie glücklich? – „Studies on Happiness: Public Interventions“, 1981. Bild: Courtesy: The Artist

Mercredi 25 juillet -­‐ Visite commentée du Bundestag, le

parlement allemand. Vue panoramique sur Berlin à partir de la plateforme de la coupole.

Si aujourd'hui le parlement a l l e m a n d ( B u n d e s t a g ) o c c u p e l e p a l a i s d u Reichstag, il n'en fut pas toujours ainsi. C'est en effet au palais du Reichstag à Berlin que siège l'assemblée du Reich de 1894 jusqu'à l'incendie du 27 février 1933 que l'on attribua à un jeune hollandais du nom de Marius Van der Lubbe dont la culpabilité n'a jamais été prouvée. Les nazis présentent alors l'évènement comme un complot communiste et lancent une campagne de terreur et de répression des partis politiques qui leur sont opposés, à commencer par les membres du Parti communiste allemand.

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Après la réuni{ication allemande du 3 octobre 1990, le parlement allemand, Bundestag, décide le 20 juin 1991 le déménagement du parlement et du gouvernement fédéraux de Bonn à Berlin, et sa réintégration dans le palais du Reichstag à Berlin, devenue capitale de l'Allemagne réuni{iée. En ce qui concerne l'édi{ice, sa construction d'après un projet de Paul Wallot s'est achevée en décembre 1894. Depuis 1998, le bâtiment a retrouvé une coupole, celle en verre dessinée par Sir Norman Foster qui incarne les principes de transparence et de démocratie de la nation.

Les oeuvres d‘art au Reichstag Pour décorer et donner sens au n o u v e a u c e n t r e d u p o u v o i r , d’importantes commandes publiques o n t é t é p a s s é e s . D e s œ u v r e s monumentales de Gerhard Richter et Sigmar Polke, tous deux originaires de l’ex-­‐Allemagne de l’Est, sont accrochées sur les murs de l’entrée ouest. Deux toiles de Baselitz sont placées dans l’entrée sud, et le restaurant principal est orné d’une peinture murale de Markus Lüpertz. Curieusement, l’immense toile d’Anselm Kiefer, Seulement avec le vent, avec le temps et avec le son, est reléguée dans une salle de réception dont les dimensions réduites ne lui rendent pas justice. Quant à la chapelle, elle a été conçue par Gunther Uecker. Dans la salle de repos ou salle « des pas perdus » grande salle lumineuse, à la décoration simple, se trouve un grand tableau de Katharina Sieverding remémorant l’incendie du Reichstag avant la prise de pouvoir des nazis, et l’incendie mondiale de la seconde

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guerre mondiale. Elle contient également un mémorial pour les députés assassiné durant la prise de pouvoir de Hitler. Des personnalités représentant les anciennes forces d’occupation ont aussi été invitées. La Grande-­‐Bretagne est évoquée par le travail de Norman Foster ; Jenny Holzer – probablement l’artiste américaine la plus sollicitée par les pouvoirs publics allemands – a installé dans le hall d’entrée nord une colonne quadrangulaire où dé{ilent des textes électroniques, transcriptions de discours et de débats historiques tenus dans l’enceinte du Reichstag. Choisi pour représenter la France, Christian Boltanski a réalisé dans une cave du palais une installation intitulée Archives des députés allemands. Caractéristique du travail de l’artiste, la pièce est un couloir de dix mètres de long où sont entreposées environ cinq milles boîtes métalliques, chacune dédiée à un parlementaire ayant siégé au Reichstag. Une œuvre de l’artiste russe Grisha Bruskin, placée dans un salon, rappelle la longue présence de l’URSS dans la partie orientale du pays. L‘oeuvre la plus controversée Depuis la terrasse il est possible de voir dans la cour intérieur l‘oeuvre végétale de Hans Haacke "Der Bevölkerung" (dédié à la population). Il s‘agit d'une grande auge dans laquelle chacun des 669 députés apporte une pelletée de terre de sa circonscription, pour former une oeuvre évolutive. Le hic, qui a provoqué en avril 2000 un débat au Bundestag était que Hans Haacke avait dédié sa plate-­‐bande non pas «Au peuple allemand» («Dem deutschen Volke»), l'inscription qui orne le Reichstag, mais «A la population» («Der Bevölkerung»), dédicace qui brille aujourd‘hui en lettres lumineuses imitant la calligraphie du fronton. Qui donc est le Souverain en Allemagne: «le peu-­‐ple» ou bien «la population»? Et l'un exclut-­‐il l'autre? Pendant une heure et demie, le 22


Parlement allemand a dû débattre et voter ( à 260 voix pour et 258 contre ) sur ces questions de fond" soulevées par l'artiste Hans Haacke, un Allemand émigré depuis des années aux Etats-­‐Unis. Nous verrons sur la Rosa-­‐Luxemburg-­‐Platz une autre oeuvre de Hans Haake, en hommage à Rosa Luxemburg.

Dans la Marie-­‐Elisabeth-­‐Lüders-­‐Haus se trouve une oeuvre de l‘artiste française Sophie Calle : Souvenirs de Berlin-­‐Est, 1996.

A Berlin, de nombreux symboles e l'ex Allemagne de l'Est ont été effacés. Ils sont laissé des traces. J'ai photographié cette absence et demandé aux passants de me décrire leurs souvenirs. Le parc mémorial de l‘ancienne prison de Moabit Sur les traces de la Märzrevolution de 1848 Balade historique avec Walter Kreipe

En mars 1848, le continent européen s’embrase à nouveau, de Vienne à Venise en passant par Prague et Berlin : c’est le

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« printemps des peuples », explosion simultanée de populations privées de nation et de droits politiques. Les révolutions de 1848 ont en commun, outre les barricades, un style romantique qu’incarnent les chants ou les habits et appelé « quarante-­‐huitard ». Comme en 1789 et plus encore en 1830, les soulèvements qui ont éclaté à Paris ont mis en branle la contestation violente dans les capitales des États voisins, tout en in{luençant les modes de la révolte et le contenu des revendications : libertés p r i v é e s e t p u b l i q u e s g a r a n t i e s , d é m o c r a t i s a t i o n d u pouvoir, reconnaissance des nationalités. Apparue en France au mois de février, la {ièvre révolutionnaire, après avoir gagné l’Autriche, m e t e n d i f { i c u l t é l e Royaume de Prusse. Le 18 mars, un affrontement sanglant éclate à Berlin entre les troupes et le peuple qui réclame une libéralisation du régime. Face à l’inaction des princes, Frédéric-­‐ Guillaume IV promet dès le lendemain de retirer ses troupes de Berlin, mais le con{lit se poursuivra après l’échec des discussions avec l’Assemblée – il conduira à la déclaration de l’état de siège. La Moabiter Zellengefängnis fut construite à cette époque là et conçue comme un nouveau modèle de prison : elle instaurait le principe de surveillance individuelle des prisonniers. Ludwik Mieroslawski, révolutionnaire polonais, fut l’un des premiers incarcérés dans le bâtiment. Avec lui, 256 séparatistes polonais ont été condamnés. A partir de 1940, la prison fut d’abord utilisé par la Wehrmacht et par la police allemande et après le 20 juillet 1944 (tentative d’attentat d’Hitler) également par la Gestapo a{in d’y incarcérer les ennemis d’état, dont le poète Wolfgang Borchert. Dans la nuit du 24


23 avril 1945, 16 prisonniers ont été assassinés. Parmi les victimes : Klaus Bonhoeffer und Albrecht Haushofer. La prison fut détruite en 1958. A partir de 2003, les deux architectes Glaßer et Dagenbach ont transformé le terrain derrière la nouvelle gare Hauptbahnhof dans un parc d’histoire -­‐ Geschichtspark Ehemaliges Zellengefängnis Moabit. Depuis 2006, le parc est ouvert au public.

Cécile Wajsbrot (journal, 2007) Albrecht Haushofer, un écrivain, un géographe, qui soutenait le régime nazi mais prit ses distances à partir de la guerre, jusqu’à participer à l’attentat. En prison, il écrivit des sonnets rassemblés sous le titre Moabiter Sonette -­‐ sonnets de Moabit, du nom de la prison. Il y en a quatre-­‐vingts, des vers plus qu’émouvants, une confession retrouvée après sa mort et publiée en 1946. Voici un extrait de celui qui s’appelle Schuld, la faute, mais il faudrait plutôt dire, « Coupable ». « Je reconnais volontiers ce que le tribunal Appellera ma faute (…) Mais coupable, je le suis a u t r e m e n t q u e v o u s n e croyez, J’aurais dû savoir bien avant où était mon devoir, J’aurais dû dire plus haut que cette calamité était une calamité – Je n’ai que trop tardé à porter mon verdict. » Le plan des allées suit les plans de l’ancienne prison, le cube de béton se trouve à l’emplacement d’une cellule dont il a les dimensions – sur le banc, à l’intérieur de la cellule symbolique, de jeunes Turcs écoutent du rap – et au milieu du parc, un étrange cube vide migure le panoptique central qui permettait de surveiller l’ensemble. Dans la

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rue, une plaque explique l’histoire spécimique des lieux sous le nazisme tandis que d’autres panneaux racontent le reste des temps. (...) Dans ce parc, on marche sur le malheur des autres, on traverse la souffrance sans entendre les cris de ceux qui furent enfermés -­‐ quelle qu’en soit la raison. Au retour, je ne sais pas si je prendrai ce raccourci qui passe par les labyrinthes de l’histoire. http://remue.net

Le Tränenpalast ou Palais des Larmes était, après la fermeture de la frontière et la construction du Mur de Berlin, la gare terminus et le poste-­‐frontière pour les passages entre l'Ouest et l'Est d'Allemagne. Le poste douanier, baptisé « Palais des Larmes » en raison de nombreux adieux que s'y sont déroulés jusqu'en 1989, a été conservé.

Après la construction du Mur de Berlin la gare de Friedrichstrasse s'est retrouvée entièrement dans le secteur soviétique de Berlin. Le « Tränenpalast » fut construit pour faire face à ce tra{ic et à l'agrandissement de la gare de Friedrichstrasse. Il était utilisé seulement comme lieu de transit, avec différents points de contrôle pour les citoyens de Berlin-­‐Ouest, citoyens d'Allemagne de l'Ouest, é t r a n g e r s , d i p l o m a t e s , voyageurs en transit e t c i t o y e n s d'Allemagne de l'Est. Après la chute du M u r l e p o s t e -­‐ f r o n t i è r e e s t transformé 1991 en club et théâtre par M a r c u s H e r o l d . Jusqu'en 2006 se succèdent pièces de théâtre, lectures publiques et concerts des grands noms du jazz (Amy Winehouse y a chanté le 28 septembre 20041).

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En septembre 2011, le « Palais des larmes » est transformé en m u s é e . L ' e x p o s i t i o n informe les visiteurs sur la vie quotidienne dans l'Allemagne divisée. T r ä n e n p a l a s t , Reichstagufer 17, 10117 Berlin

Invitation à une discussion sur L‘Histoire d‘un allemand de l‘est, de Maxim Leo. Actes Sud Une famille berlinoise entre Est et Ouest Il est des destins à cheval sur deux époques, deux mondes. Il en va aussi parfois de certaines familles. Maxim Leo, chroniqueur truculent et talentueux au Berliner Zeitung se penche sur l’histoire de sa famille sur six décennies. Une famille singulière dans un pays (ou deux ?) et une époque qui ne l’est pas moins. Si l’Allemagne ou même Berlin semble parfois être u n r é s u m é g é o p o l i t i q u e (Fascisme, Shoa, Stalinisme, min de la guerre froide) de la deuxième moitié du 20ème Siècle, cette famille est au cœur du Maelstrom. Quand l’histoire intime croise la grande Histoire. Des destins empreints d’un certain tropisme franco-­‐allemand : du grand-­‐père juif allemand résistant en 27


France, en passant par un « dépucelage idéologique » de l’auteur à 16 ans à travers un voyage en Provence, jusqu’aux enfants franco-­‐allemands qui grandissent aujourd’hui à Prenzlauer Berg. De l’inéluctable atavisme… Après avoir combattu dans la résistance française, le grand-­‐ père de Maxim Leo a contribué à la fondation de la RDA. Sa mère a cru à l'avenir du jeune état communiste, tandis que son père rêvait déjà de le voir disparaître. Maxim Leo avait 20 ans au moment de la chute du mur ; il raconte aujourd’hui d'une plume alerte et captivante l'histoire d'une famille peu commune : la sienne. Un portrait de l'Allemagne de l'Est sans fard ni "Ostalgie" et toujours proche de la réalité vécue par ses habitants. Maxim Leo, interview pour Le Monde, 15.12.2011 Mon identité franco-­‐allemande est née avec mon grand-­‐père Gerhard, qui a dû fuir l'Allemagne en 1932 avec sa famille parce que son père, un avocat, avait gagné dans les années 1920 un procès contre un certain Joseph Goebbels -­‐ et qu'il était juif, par-­‐dessus le marché. Sa famille partit pour Paris. Mon arrière-­‐grand-­‐père s'établit comme libraire ; Gerhard et ses autres enfants devinrent de petits Français en l'espace de quelques mois. Lorsque les Allemands marchèrent sur Paris, mon grand-­‐père Gerhard prit la fuite et rallia la Résistance. Il opéra dans 28


la clandestinité, fut arrêté par la Gestapo, condamné à mort et libéré par les partisans. Après la guerre, lorsque Gerhard revint dans sa patrie vaincue, il était l i e u t e n a n t d e l ' a r m é e française. Et, comme il était e n t r e -­‐ t e m p s d e v e n u c o m m u n i s t e , i l a l l a construire en RDA l'autre Allemagne, l'Allemagne antifasciste. Mais je crois que, au fond de son coeur, il n'a jamais cessé d'être un Français. Voilà comment l'image que je me faisais de ce pays merveilleux a commencé à se former. Et lorsque la RDA a mini par disparaître, je suis allé faire mes études à Paris. Les choses y étaient exactement comme mon grand-­‐père me l'avait promis. Peut-­‐être même mieux que cela. Je mis la connaissance d'une belle Française à laquelle je chantai des chansons russes sur une plage de Normandie, ce qu'elle trouva très exotique. Lorsque nous nous mariâmes, quatre ans plus tard, à Berlin, Gerhard tint un discours. Il parla de la France, de l'Allemagne et de la réconciliation entre les peuples.

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L’effacement des traces à Berlin La reconstruction de l’Allemagne s’est faite sur des destructions, d’abord celle du mur, puis celle d’une grande partie des bâtiments qui symbolisaient la RDA. La nouvelle identité de l’Allemagne semble ne pouvoir se faire avec la mémoire de l’Allemagne de l’Est, comme si celle-­‐ci était indigne de {igurer dans la mémoire nationale. Certains bâtiments socialistes ont été détruits pour être remplacés par des répliques du 19ème siècle, comme si l’on voulait établir une continuité historique factice et sauter des pages de l’Histoire.

La disparition du Palais de la République et la r e c o n s t r u c t i o n d u C h â t e a u d e s Hohenzollern Le château des Hohenzollern a été construit au 15ème siècle par le prince-­‐électeur Frédéric II, et reconstruit par l’électeur de Brandebourg et premier roi de Prusse Frédéric Ier au début du 18ème siècle. L’architecte Andreas Schlüter s’est occupé de sa reconstruction en style baroque. La dynastie des Hohenzollern a occupé ce château pendant plus de deux siècles jusqu’à la fuite de l’empereur Guillaume II aux Pays Bas après la défaite allemande lors de la Première Guerre mondiale. Le château a été gravement endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale en 1944 et en 1945. Malgré les protestations, Walter Ulbricht en a fait dynamiter les ruines en décembre 1950 (seul le portail nord avec le balcon de Liebknecht est sauvé). L’espace est resté vide pendant 20 ans, puis le régime socialiste a construit à sa place le Palais de la République.

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Le Palais de la République a été inauguré en 1976 par Erich Honecker et a {ini par faire partie de la vie quotidienne des Berlinois de l’Est. On l’appelait, entre autres, Erichs Lampenladen, le magasin des lampes de Honecker, parce qu’il était illuminé. Fierté de la RDA, il était à la fois le siège de la chambre du peuple (Volkskammer) et la maison de la culture, un lieu de rencontre populaire. Aujourd’hui, sa disparition symbolise l’effacement des traces de l’Allemagne de l’Est. Un mois après la chute du mur, on a découvert que de l’amiante avait été utilisé dans sa construction, ce qui permit de le mettre immédiatement sous palissade a{in de le désamianter. En 1991, une commission interministérielle est chargée en de trancher sur son sort. Elle décide, en 1993, de le détruire, et une violente polémique s’engage entre ceux qui veulent restaurer le palais, ceux qui veulent reconstruire le château à l’identique et ceux qui veulent y bâtir un bâtiment d’aujourd’hui affecté à des activités culturelles. Les critiques refusent la réplique disneyisée du château, qui pour eux n’a aucune valeur historique. Le palais est désamianté en 1998, et, quatre ans plus tard, malgré les diverses protestations, le Parlement vote sa destruction et opte pour un compromis, l’édi{ication sur trois côtés de la façade du palais des Hohenzollern. En novembre 2003, le Bundestag con{irme la reconstruction du château et approuve la création de l’Humboldt Forum, un forum culturel qui devrait accueillir le Musée d’ethnologie et le Musée d'art asiatique issus des collections du Staatliche Museum de Berlin et de l’Université Humboldt, ainsi que la Bibliothèque centrale et régionale de Berlin. Le Palais de la République est démonté de janvier 2006 à mars 2009. Entre 2008 et 2009, un concours international d’architecture est organisé pour nommer l’architecte en charge de la reconstruction, il est remporté par l’italien Franco Stella. La mise en chantier du Humboldt Forum a commencé le 21 juin 2012, la pose de la première pierre devrait avoir lieu en 2013 et l’inauguration en 2019. L’ancien Conseil d’état, quant à lui, est à présent le campus de l’European School of Management and Technology. Après la réuni{ication, la place a repris son nom d’origine. Il ne reste donc 31


presque plus de traces de cette place qui était, pendant 40 ans, la place centrale de Berlin Est. Elle n’a conservé ni son nom, ni ses bâtiments symboliques, comme si la RDA n’avait jamais existé. Lorsque le château de Berlin fut rasé en 1950, seul le portail latéral nord et son balcon furent préservés et intégrés en 1964 dans le siège du Conseil d’Etat. Ce geste n’est pas un honneur au Hohenzollern ni à l’architecte qui a construit l’édi{ice. Un évènement majeur cher aux socialistes s’est produit sur ce balcon.

La révolution de novembre 1918

Dès le début de l’année 1918, la révolte contre la guerre se renforce en Allemagne, que ce soit à l’arrière où les ouvriers multiplient les grèves ou sur le front où les soldats en ont assez de se faire massacrer pour le prestige des of{iciers. Les soldats savent que l’Allemagne a perdu la guerre mais l’état-­‐major cherche à continuer les c o m b a t s “ p o u r l ’ h o n n e u r ” . L’emprisonnement de marins mutins à Kiel renforce la colère du peuple qui manifeste en masse pour leur libération. Des conseils de soldats sont constitués sur le modèle soviétique. Aux revendications de paix et de libération des marins s’ajoute celle de l’abdication du Kaiser. Début novembre, la révolution gagne plusieurs villes et des conseils d’ouvriers et de soldats prennent le pouvoir dans certaines d’entre elles. Face à la menace révolutionnaire, Max de Baden annonce l’abdication de Guillaume II le 9 novembre 1918 et démissionne pour donner le pouvoir à Friedrich Ebert. Berlin apprend sa nomination vers 14 heures et la foule s’amasse autour du Reichstag. Un des lieutenants d’Ebert, Philipp Scheidemann, proclame la République d’une des fenêtres du bâtiment. C’est le début de la République de Weimar. Au même moment, la même scène se 32


déroule au château, envahi par les conseils de soldats et les ouvriers en révolte. Karl Liebknecht ouvre la fenêtre d’un balcon, se montre à la foule et proclame à son tour la n a i s s a n c e d e l a « l i b r e R é p u b l i q u e s o c i a l i s t e d’Allemagne ». Pour les sociaux-­‐ démocrates, le départ du Kaiser marquait la {in de la révolution. Pour les spartakistes, qui bientôt allaient fonder le Parti Communiste d’Allemagne, elle ne faisait que commencer. Dossier établi par Floriane Moro

Sur les traces des Huguenots à Berlin Le 18ème siècle est considéré, à Berlin, comme le siècle des Français : 20 000 réfugiés français de foi protestante, les Huguenots, vinrent s’installer en Prusse. Plus de 6 000 Huguenots s’établirent à Berlin, d’abord dans les environs du château, ensuite dans la ville de Frédéric, autour du Gendarmenmarkt, mais également à Moabit et dans le Bois dit des Français : Französisch Buchholz. En 1700, un Berlinois sur cinq parlait français. En 1806, Napoléon entra victorieux dans Berlin et espérait pouvoir compter sur l’aide des Huguenots. Peine perdue ! Ils étaient depuis longtemps devenus de « bons » Prussiens. De nos jours, les traces du « Temps des Français » sont encore perceptibles à Berlin, par exemple sous la forme de la nouvelle garde, des monuments de généraux devant le Café de l’Opéra ou de la Schlossbrücke. En{in, le parler populaire berlinois a conservé jusqu’à nos jours des traces de l’in{luence linguistique française. En arrivant en Prusse, les huguenots apportèrent avec eux leurs habitudes alimentaires et culinaires, avec leurs produits plus variés que ceux qui étaient courants à l'époque en Prusse. Cette in{luence 33


se manifeste, encore maintenant, dans l'usage de nombreux termes culinaires importés du français. La fabrication de pain blanc, notamment pour les petits pains (Schripppen) remonte sans doute a u x h u g u e n o t s ; l a f a b r i c a t i o n d e b i è r e b l a n c h e , b a p t i s é e Champagner du nord, d'où est issue l'actuelle Berliner Weiße ; les actu ell es Buletten, qui ont leur origine dans les petites boulettes de viande que les h u g u e n o t s a v a i e n t l'habitude de mettre dans la soupe; le Ragoût {in, authentique spécialité berlinoise, fait de viandes blanches {ines en sauce ; de nombreux termes désignant des aliments ou des plats ont été introduits par eux à cette époque et plus ou moins germanisés ensuite : Aubergine, Bonbon, B o u i l l o n , C h a m p i g n o n ( = champignon de couche), Karotte, Delikatesse, Muckefuck (< mocca faux = "café" à base de chicorée), Orange, Pommes frites, Praline (= bonbon au chocolat), Püree, Sellerie, etc.

La révocation de l’édit de Nantes et ses conséquences Le 18 octobre 1685, en son château de Fontainebleau, le Roi Soleil signait l'édit par lequel les mesures de tolérance religieuse de l'édit de Nantes (1598) se trouvaient révoquées. À Metz, comme dans tout le pays, le traumatisme fut aussi profond que durable. Quelque 170000 réformés du royaume -­‐ que l'on appelait, dès le XVIe siècle, 34


les « huguenots » -­‐ furent lancés sur les chemins de l'exil, en Angleterre, aux Provinces-­‐Unies et en Allemagne, pour ne rien dire de l'Afrique du Sud ou encore des États-­‐Unis. Les réformés du Pays messin choisirent majoritairement les états voisins du Saint-­‐Empire et, plus particulièrement, le Brandebourg-­‐Prusse.

L’entrée des troupes napoléoniennes à Berlin Quinze jours à peine après les brillantes victoires d'Auerstedt et de Iéna remportées sur les troupes prussiennes, Napoléon fait une entrée solennelle à Berlin. Si les rapports of{iciels font état d'une liesse populaire, les témoignages de ceux qui étaient présents dans la ville ce 27 octobre 1806 sont assez différents…

Souvenirs du commandant Parquin Le 25, nous arrivâmes sur les hauteurs de Berlin, ayant marché par étapes, sans rencontrer un tirailleur ennemi. Qu'était donc devenue cette belle armée prussienne qui nous attendait naguère si orgueilleusement sur le champ de bataille d'Iéna, et dont le plus médiocre ofmicier se croyait un grand Frédéric ? Elle était en partie détruite, et le reste cherchait refuge dans les forteresses prussiennes, qui ne devaient pas non plus tarder à tomber au pouvoir de l'armée française. […] Notre brigade, qui marchait après le troisième corps entra à Berlin à deux heures après midi. Nous ne {îmes que traverser la ville pour aller occuper plusieurs villages à quelques lieues au-­‐delà de Berlin. L'infanterie de notre armée y logea. L'empereur, le quartier général, la garde impériale, cavalerie, infanterie et artillerie y arrivèrent le 27 ; le général Rapp fut nommé gouverneur de la ville. Dans le village que nous occupions, les paysans avaient déserté leurs maisons. Nous y trouvâmes des fourrages en abondance : les récoltes venaient d'être faites. Mais les vivres, viande, pain, bière, etc., ainsi que l'avoine, devaient nous être fournis par la ville de Berlin. Lorsque notre régiment avait traversé la ville, nous l'avions trouvée peu bruyante et triste ; nous y trouvâmes, le lendemain une toute autre

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physionomie ; c'était absolument un petit Paris. Tout le monde y vaquait à ses affaires. Souvenirs du commandant Parquin, Bibliothèque napoléonienne, Tallandier, Paris, 1979 pp.82-­‐83

Un témoin inattendu : Stendhal Opposant farouche à l'Empire dans ses jeunes années, Henri Beyle, dit Stendhal (1783-­‐1842), se rallia grâce à l'intervention de Daru, son protecteur qui lui {it obtenir les fonctions d'intendant des domaines de l'Empereur à Brunswick. Le 27 octobre 1806, il entre à Berlin à la suite de Napoléon. Je rends grâce à Dieu d'être entré sain et sauf, avec mes pistolets soigneusement chargés, à Berlin, le 27 octobre 1806. Napoléon prit, pour y entrer, le grand uniforme de général de division. C'est peut-­‐être la seule fois que je lui ai vu. Il marchait à vingt pas en avant des soldats ; la foule silencieuse n'était qu'à deux pas de son cheval ; on pouvait lui tirer des coups de fusil de toutes les fenêtres. Stendhal, Correspondance, Gallimard, Paris, 1968. Dans tous les endroits qui ne sont pas pavés, on entre jusqu'à la cheville ; le sable rend déserts les environs de la ville ; ils ne produisent que des arbres et quelque gazon. Je ne sais pas qui a donné l'idée de

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planter une ville au milieu de ce sable ; cette ville aurait cent cinquante-­‐neuf mille habitants, à ce que l'on dit. Stendhal, Correspondance, Le divan, 1933. Extrait d'une lettre du 3 novembre 1806 à sa soeur Pauline.

L'arrivée des troupes napoléoniennes vue par un Prussien Le premier fantassin entra ; c'était un homme grand et maigre avec un visage pâle, couvert d'une chevelure noire en broussaille [...] Nous fûmes étonnés de son équipage : une capote courte couvrait son corps ; sur sa tête un petit chapeau tout décati, d'une forme indescriptible, mais ajusté si crânement et insolemment que cette tête et ce chapeau étaient pour nous un extraordinaire sujet d'étonnement. Les pantalons étaient de toile sale et très déchirée ; les pieds nus dans des souliers troués ; un caniche hirsute mixait attentivement sa bouche avec laquelle il arrachait de gros morceaux de pains qu'il lui jetait. Qu'on s'imagine ! Un soldat avec un chien en laisse et avec un demi-­‐pain enmilé sur sa baïonnette ; à son briquet pendait une oie et sur le chapeau, au lieu de l'enseigne, brillait une cuillère étamée. George, Erinnerungen eines Preussen aus der Napoleonischen Zeit, Grima 1840. LECTURES Bonifas (Aimé) et Krum (Horsta), Les huguenots à Berlin et en Brandebourg de Louis XIV à Hitler, Paris, 2000 CNRS (éd.), Le Refuge huguenot en Allemagne, Paris, 1981 Hoch (Philippe), Hugenots : de la Moselle à Berlin – Les chemins de l’exil, Woippy, 2006 Rosen-­‐Prest (Viviane), L'historiographie des huguenots en Prusse au temps des Lumières, Champion, Paris, 2002 Oudin (Bernard), Georges (Michèle), Histoires de Berlin, Librairie Académique Perrin, 2000 Henry(Jean), Journal d’un voyage à Paris en 1814, Editions Gallimard, 2001 : Journal d’un Prussien, pasteur huguenot, dépêché 37


en France par le roi au printemps 1814 pour recouvrer les oeuvres d’art que Dominique-­‐Vivant Denon avait con{isquées 7 ans plus tôt à Berlin et Potsdam FONTAINE J. / Memoires d'une famille huguenotte / Autobiographie / XVII / Une autobiographie qui vaut un roman d’aventure : la vie mouvementée d’un pasteur homme d’affaire et de sa famille, victimes de la révocation de l’Edit de Nantes.

Un nouveau classicisme architectural A la libération de l’occupation française qui dura de 1806 à 1808, de nombreuses réformes sont entreprises a{in de réorganiser les v i l l e s p r u s s i e n n e s e n l e u r o c t r o y a n t u n e a u t o n o m i e administrative et constitutionnelle. Une nouvelle constitution est projetée en 1815, mais au grand dam des Berlinois, celle-­‐ci ne verra jamais le jour. Dépités, ces derniers se résignent et, faute d’une vie politique, cultivent leurs intérêts artistiques et intellectuels. Science, enseignement, littérature et musique connaissent une longue période de splendeur. Le plus grand artisan du classicisme berlinois s’appelle Karl Friedrich Schinkel (1781-­‐1841). Ses réalisations, comme par exemple la Neue Wache, le Vieux Musée, Le Schauspielhaus, que l’on peut tous encore admirer aujourd’hui, se distinguent par leur sobriété, la pureté de leurs lignes, leur style dépouillé et fonctionnel, le raf{inement dans l’exécution des détails. 38


La Bauakademie sur la Schlossplatz était l‘un de ses chef-­‐d‘oeuvres (1831-­‐35). Elle a été détruite après la Seconde Guerre mondiale. Il est alors prévu de reconstruire à l'identique les façades de l'ancienne académie pour abriter un musée d'architecture, ainsi qu'un centre de recherche de la {irme Mercedes-­‐Benz. Mais le coût des travaux ne permet pas pour l'instant la reconstruction. À la moitié du 18ème siècle Berlin devint le centre allemand des Lumières. Au tour du siècle des jeunes femmes juives issues de ce milieu culturel mais déjà ouvertes à la pensée romantique ouvrent leurs maisons à tous les gens d´esprit donnant vie à la tradition des salons littéraires berlinois qui va durer plus d´un siècle.

Rahel Varnhagen, née Levin

Rahel est née à Berlin en 1771 dans une famille juive. A cette époque, seuls les garçons peuvent être instruits. L’existence d’une femme cultivée comme Rahel est donc exceptionnelle. Jeune femme, elle fréquente le salon littéraire de son père et, plus tard, elle embauche un précepteur pour apprendre l'allemand (elle parle un mélange d'allemand et de y i d d i s h ) , l e f r a n ç a i s , l e s mathématiques... Elle refuse le mariage arrangé par son père avec un riche juif et ce n'est qu'en 1814, à l'âge de 43 ans, qu'elle se marie. Avant de se marier, elle se convertit au protestantisme, le mariage civil n'existant pas en Prusse. Karl August von Ense, son époux, est écrivain, historien et diplomate. Il parvient à décrocher un titre de noblesse, ce qui constitue pour Rahel un ticket d'entrée dans l’aristocratie et la haute

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société allemande. Rahel Levin devient donc Rahel Frederike Varnhagen von Ense. A la {in du règne de Frédéric II, les salons littéraires et mondains, inspirés du modèle français, {leurissent à Berlin. Rahel Varnhagen ouvre son premier salon au 54, Jägerstraße juste à côté du Gendarmenmarkt. Elle en tient ensuite deux autres dans les rues Friedrichstraße et Mauerstraße. Le règne de Frédéric II se termine en 1786 et Rahel fonde son salon en 1785 sur le modèle français, après avoir passé un an à Paris. A Berlin, les deux tiers des salons sont tenus par des familles juives, bien que leur communauté ne représente alors que 2% de la population. Le salon de Rahel, tenu par une femme juive, se démarque des autres. Les salons berlinois marquent un tournant dans l'histoire de la femme allemande qui accède à un espace semi-­‐public ainsi qu’à la culture en rencontrant des écrivains, des intellectuels… En donnant aux femmes un accès à une vie sociale qui leur est habituellement interdite, les salons constituent un premier pas vers leur émancipation.

E.T.A. Hoffmann Hoffmann est l'un des plus importants représentants du romantisme allemand. Il incarne le goût du fantastique, du ténébreux et du morbide. Il n'est pas seulement écrivain, mais aussi compositeur, peintre et juriste. En France, Hoffmann a connu un grand succès. Au 19ème siècle, il y est même plus connu et populaire qu'en Allemagne. On parle ainsi en France d'une « vogue hoffmannienne » et de la création du « genre hoffmannesque ». En 1814, Hoffmann est accrédité comme magistrat au tribunal régional supérieur (Kammergericht) de Berlin. Il loue une chambre au restaurant-­‐hôtel 40


« Lutter und Wegner », fondé par deux frères en 1811. Il y séjourne de juillet 1815 jusqu'à sa mort en 1822. Peut-­‐être a-­‐t-­‐il choisi ce lieu parce qu’il est près de son théâtre préféré, le « Königliches Schauspielhaus », aujourd'hui devenu le « Konzerthaus Berlin ». Bien qu’il travaille comme fonctionnaire, il consacre tout son temps et son énergie à l'art, il rédige de nombreux contes et compose de la musique. Dans cette chambre, Hoffmann écrit les contes que Jacques Offenbach transformera plus tard en opéra sous le titre « Les contes d'Hoffmann ». Il y écrit également « Les Frères de Saint-­‐Sérapion », un recueil de contes avec un récit-­‐cadre. L'action de ce récit-­‐cadre contient les discussions des « Frères de Saint-­‐Sérapion », un groupe d'amis qui se réunissait régulièrement chez « Lutter und Wegner », et parmi lesquels on compte le baron de la Motte-­‐Fouqué, Adalbert von Chamisso, Julius Eduard Hitzig et d'autres. Il y écrit également son œuvre majeure, « Le Chat Murr », et « La fenêtre d'angle de mon cousin ». Il évoque la Theaterplatz, d’Unter den Linden et de la Charlottenstraße, des lieux proches de « Lutter et Wegner ». Gravement malade, Hoffmann meurt deux mois après avoir terminé l'œuvre, des suites d’une paralysie générale.

Friedrich de la Motte-­‐Fouqué Il descend d'une famille française de huguenots qui s'est exilée en Prusse après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. A l'âge de 17 ans, il commence une carrière militaire. Il prend part à la campagne du Rhin en 1794. En 1803, il interrompt son service militaire pour le reprendre en 1813, lors de la révolte de l a P r u s s e c o n t r e l a d o m i n a t i o n napoléonienne. Parallèlement à sa carrière militaire, il poursuit une carrière littéraire. Fouqué représente le mouvement littéraire du romantisme et se lie avec A.W. Schlegel, Fichte, Kleist, Chamisso, 41


Arnim, Brentano, Eichendorff et Hoffmann. Comme Chamisso, il fréquente également le salon littéraire d'Henriette Herz. En 1811, il publie son chef-­‐d'œuvre intitulé « Ondine ». Il s'agit d'un vrai « Märchen » allemand, un genre situé entre la nouvelle, la légende et le conte populaire féérique et merveilleux. L'œuvre connaît tout de suite un grand succès. En 1816 paraît le livret de d‘opéra mis en musique par E.T.A. Hoffmann. Fouqué meurt en 1843 à Berlin. Il est enterré au cimetière « Alter Garnisonfriedhof » à Berlin-­‐Mitte.

La remise de la banque Mendelssohn C'est aux numéros 49 et 50 que se trouvait la banque « Mendelssohn & Co. ». Le bâtiment a été construit entre 1891 et 1893 par Schmieden & Speer. La banque a été fondée en 1795. Vingt ans plus tard, en 1815, les frères Joseph et Abraham Mendelssohn, {ils de Moses Mendelssohn, ont installé la banque au 51, Jägerstraße. La banque des Mendelssohn était située entre deux banques publiques. Une avait été fondée par Frédéric II en 1765 et s'appelait « Königliche Giro-­‐ und Lehnbank », l'autre s'appelait « Preußische Seehandlung », plus tard « Preußische Staatsbank ». La banque des frères Mendelssohn était la plus importante banque privée de Berlin. L'immeuble à côté, au numéro 51, servait de lieu d'habitation et de commerce depuis 1789. Il est appelé « Mendelssohn-­‐Remise ». En 1890, on y a aménagé une salle qui servait comme halle de commerce (Kassenhalle). Plus tard, elle servait de remise où ranger les carrosses. Aujourd'hui, on peut visiter ce bâtiment où se trouve une exposition temporaire intitulée « Les Mendelssohn dans la Jägerstraße ». De plus, l'exposition met l'accent sur le rôle de la religion dans la famille Mendelssohn : les séparations confessionnelles de la famille 42


et la recherche d'identité entre protestantisme, catholicisme et judaïsme.

Moses Mendelssohn (1729-­‐1786) Arrivé à Berlin en 1743, Moses Mendelssohn s’imposa comme l’un des plus grands philosophes allemands du 18è siècle. Il fut une {igure centrale de la lutte des juifs pour le droit à la citoyenneté; il fallut attendre 1812 pour que ces derniers deviennent à Berlin des citoyens à part entière. Moses Mendelssohn repose dans le Vieux Cimetière Juif.

Mirabeau (1749 -­‐1791) En 1786, Mirabeau a publié un livre sur l'émancipation des juifs, intitulé « Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs et en particulier sur la révolution tentée en la faveur en 1753 dans la Grande-­‐Bretagne ». C'est un vibrant plaidoyer en faveur des juifs et de la tolérance, et l'une des premières fois que l'idée que l'antisémitisme est une hypocrisie dangereuse et que la haine raciale est une perversion de l'esprit humain est clairement avancée. L'œuvre a connu un grand succès lors de sa première publication. Mirabeau a écrit ce livre après avoir fréquenté les milieux juifs éclairés de Berlin, par exemple le salon de Rahel Levin et d’Henriette Herz. Il a découvert les écrits de Kant et ceux de Lessing ainsi que le mouvement d'émancipation des juifs, dominé par la personnalité de Moses Mendelssohn.

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L'Alexanderplatz a pour

origine un marché à bestiaux, p u i s a u x l a i n e s , a p p e l é naguère l'"Ochsenmarkt". Elle prit le nom du Tsar Alexandre Ier en 1805, lorsque ce dernier rendit visite au monarque prussien. La place était le coeur de la ville socialiste du temps de RDA. Conçue dans les années 1950-­‐1970 sur les ruines de la guerre, cette esplanade glaciale n'a plus grand chose en commun avec l'"Alex" des années 1920, décrite par Alfred Döblin dans son roman "Berlin Alexanderplatz". Avant guerre, elle était réputée pour être un lieu de distraction, où les ouvriers des quartiers Nord et Est de Berlin venaient grossir la clientèle des innombrables commerces et bistrots de la place. Elle n'en demeure pas moins toujours aussi fascinante par le choc des styles architecturaux et ses perspectives impressionnantes.

Berlin Alexanderplatz est un roman d'Alfred Döblin publié en 1929. Il relate le

parcours de Franz Biberkopf, délinquant à peine sorti de prison, dans le monde de la pègre dont il réalise qu'il lui est impossible d'en sortir. Un sondage de 2002, effectué auprès de cent écrivains du monde entier, l'a placé parmi les cent meilleurs livres de l'histoire. Cette oeuvre aborde avec brio le thème de la fatalité au travers du récit épique 44


d'un criminel, Franz Biberkopf, qui ne parvient pas à se débarrasser de son vice premier : tuer. Ce roman, publié en 1929, constitue l'oeuvre maîtresse de Döblin, médecin et romancier allemand, que dans une préface, Mac Orlan rapproche de Céline. Berlin Alexanderplatz est une exploration des bas-­‐fonds du Berlin des années 1925-­‐1930. Son antihéros, Franz Biberkopf, criminel repenti, sera victime de la fatalité et retombera dans la délinquance. La modernité du récit étonne encore les critiques d'aujourd'hui : la technique de l'oeuvre a des points communs avec 'Ulysse' de Joyce.

E x t r a i t d u r o m a n B e r l i n Alexanderplatz (Gallimard 2009) Ainsi l’ancien cimentier et déménageur Franz Biberkopf, un homme fruste, mal dégrossi et d’aspect repoussant, est de retour à Berlin et dans la rue, un homme dont une jolie jeune mille issue d’une famille de serruriers s’était entichée autrefois, dont il mit alors une putain et qu’il blessa pour minir mortellement lors d’une rixe. Il a juré au monde entier et à lui-­‐même qu’il resterait honnête. Et aussi longtemps qu’il eut de l’argent, il le demeura en effet. Puis l’argent vint à lui manquer, précisément l’instant qu’il attendait pour montrer enmin à tous quel gaillard il est. (Livre I, p.49)

le Scheunenviertel -­‐ le quartier des granges Au 19è siècle, la communauté juive de Berlin, installée dans le Scheunenviertel, connut une période de prospérité dont témoigne la Neue Synagoge (1866). Celle-­‐ci fut incendiée par les nazis le 9 novembre 1938 lors de la Nuit de cristal (Kristallnacht), puis ravagée par les bombardements alliés en 1943. La plus grande partie de la synagogue fut démolie en 1958, puis reconstruite en 1988 et {inalement inaugurée en 1995. Sous le IIIème Reich, la Gestapo vida le quartier d’une grande partie de ses habitants. Le quartier renfermait aussi plusieurs écoles ainsi 45


que le premier cimetière juif de Berlin (Alter Jüdischer Friedhof) fondé en 1672 et utilisé jusqu’en 1827. Un parc arboré (créé en 1945) occupe aujourd’hui le site de ce cimetière juif, détruit par la Gestapo en 1943. On trouve aussi dans la Grosse Hamburger Strasse l’école juive fondée en 1778 par Moses Mendelssohn, réouverte en 1993. Situées au coeur du Scheunenviertel, les Hackesche Höfe c o n s t i t u e n t u n labyrinthe de 8 cours j u x t a p o s é e s . Construites en 1905, les Hackesche Höfe s o n t d é c o r é e s d e briques vernissées polychromes, d'après les dessins d'August Endell. Aujourd'hui, on y trouve de nombreux cafés, restaurants, galeries d'art, un cinéma et un cabaret, valant à cet ensemble un caractère particulièrement vivant.

Les Stolpersteine -­‐ le plus grand monument décentralisé au monde Durant vos balades dans les rues de Berlin, avez-­‐vous déjà remarqué ces petites plaques en laiton souvent disposées devant des immeubles sur lesquelles on peut lire un nom, une date de naissance, un lieu et une date de mort ? Mine de rien, ces pavés dorés représentent le plus grand monument décentralisé au monde initié en 1996 par l’artiste berlinois Gunter Demnig. Ils 46


rappellent le destin de milliers de personnes, connues ou inconnues, déportées sous le régime nazi. Ce qui n’était au début qu’une idée conceptuelle a vite pris une ampleur commerciale grâce à son succès auprès du public interpellé par l’originalité du projet. Fin 2011, plus de 32 000 pierres ont été installées dans 700 lieux en Allemagne.

The Missing House de Christian Botanski

Le cow-­‐boy, dans son avion, il appuie sur le bouton et la bombe s'écrase sur une des maisons et pas sur les autres. Christian Boltanski Christian Boltanski aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français, est resté marqué par le souvenir de l'holocauste. L'œuvre de Boltanski The Missing House se concentre sur le vide laissé par un édi{ice détruit pendant la guerre dans la Grosse Hamburger Strasse et dont l'environnement comportait jusque dans les années 30 une proportion importante d'habitants juifs. L'artiste est allé étudier dans les archives la structure sociale des habitants de l'immeuble détruit et a constaté que ses habitants juifs avaient été expulsés ou déportés par les nationaux-­‐ socialistes. Pour rappeler les anciens habitants, on a installé sur les murs des plaques mentionnant leur nom, leur profession et le lieu où ils vivaient.

Adelbert von Chamisso au Monbijoupark A l’entrée du Monbijoupark se trouve un monument pour Adelbert von Chamisso, poète français de langue allemande auquel nous voudrons rendre hommage en récitant ses poèmes mais aussi des poèmes et des textes contemporains…

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Agé de onze ans, Adelbert Chamisso de Boncourt quitte la France en 1792, chassé par la Révolution. Il suit sa famille à Berlin et obtient un poste de page auprès de la reine Luise qui habita au château de ville dans le parc Monbijou (Le château fut détruit en 1959) . Un jour, il servira dans l'armée prussienne et se battra contre les Français. Plus tard, à Paris, il rencontrera Alexandre von Humboldt et à Coppet, Madame de Staël : deux autres déracinés... De 1815 à 1818, Chamisso entreprend un voyage d'études autour du monde : ce fut un éblouissement, le commencement d'une nouvelle vie. De retour à Berlin, « l'homme à la haute silhouette » se marie, devient conservateur de l'Herbarium royal. Le voilà dé{initivement enraciné. La Merveilleuse Histoire de Peter Schlemihl a fondé sa renommée. Il a publié des p o è m e s e t R o b e r t S c h u m a n n e n a m i s quelques-­‐uns en musique. Sa Description d'un Voyage autour du Monde semble annoncer Melville ou... Loti. Qui était Adelbert von Chamisso ? Un Français déraciné ou un Prussien mal assimilé ? Un grand écrivain classique ? Ou, comme il s'est désigné lui-­‐même : un « homme de l'avenir » ?

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Le parc du château de Sanssouci

Le parc de Sanssouci couvre une surface de près de 300 hectares. Dès l'entrée, la succession de jardins et de palais permet une découverte qui surprend à tout moment. Le château domine six terrasses mêlant vignes et serres. C'est à

cheval que Frédéric II découvrit le site enchanteur du Wüster Berg, où il ordonna la construction de sa future résidence en 1744. Il remit les plans à Knobelsdorff. Le roi ne voulait pas d'un nouveau Versailles, mais plutôt d'une retraite dédiée aux Arts et aux réunions privées entre amis. Le parc a été aménagé au XIXe siècle, bien après la disparition du grand monarque, par le paysagiste Peter Joseph Lenné.

Nouvelles chambres

Il s'agit de l'ancienne Orangerie réalisée par Knobelsdorff, puis remaniée par Georg Christian Unger en 1755 a{in d'accueillir les hôtes du roi. La décoration rococo est claire et raf{inée. Deux pièces méritent le détour : la Galerie d'Ovide, dont les boiseries dorées sont inspirées des Métamorphoses du poète latin ; la salle de Jaspe agrémentée de bustes en provenance du château de Berlin Rappel : L'entrée aux Nouvelles Chambres est comprise dans le prix du séjour. Visite du château (entrée : 12 €) en option.

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Friederisiko

En 2012, Berlin et Potsdam fêtent le 300e anniversaire de la naissance de Frédéric Le Grand. C'est au château de Sans-­‐Souci que vous pouvez découvrir une exposition d'envergure "Friederisiko-­‐Fréderic le Grand, 1712-­‐2012". A cette occasion certaines salles du palais seront ouvertes pour la première fois au public.

Le quartier hollandais

Le quartier hollandais, situé en plein coeur de Potsdam (Allemagne) est composé de 134 maisons de briques rouges et à pignons, de style hollandais. Ces maisons ont été construites de 1733 à 1740 par l'architecte néerlandais Jan Bouman, sur ordre du roi-­‐sergent Frédéric-­‐Guillaume Ier de Prusse. L'enjeu était d'attirer des artisans hollandais à Potsdam.

Le „Château du Lac" La villa de Max Liebermann au Wannsee Après la rénovation du bâtiment et du jardin, la villa du peintre Max Liebermann a ouvert ses portes au public en avril 2006. Le musée au premier étage expose des tableaux, des pastels et des graphiques créés à Wannsee : La terrasse en {leurs, le bosquet de bouleaux et le bord du Wannsee. Il y a un lien entre les oeuvres et leur endroit de création grâce à la proximité spatiale des motives. 50


Ceci permet au visiteur de saisir les sources d’inspiration en regardant la beauté du jardin conçu par l’artiste lui-­‐ même. Au rez-­‐de-­‐chaussée, une exposition de documentation informe sur la vie de la famille Liebermann et l’histoire de la villa. Sur la terrasse, le Café Max vous accueille avec une vue formidable sur le lac.

Max Liebermann (1847−1935) est considéré comme l’un des

peintres les plus importants de l’avantgarde allemande aussi bien par son œuvre que par son activité en politique culturelle. Jeune peintre, il combat avec véhémence l’académisme {igé; en tant que co-­‐fondateur et président de la « Berliner Secession » il a contribué à sortir la capitale de sa torpeur artistique. Pendant la longue période de sa présidence de l’Académie Prussienne des Beaux-­‐Arts (1920– 1933), il a permis à la jeune génération d’artistes de s’exprimer librement, même si lui-­‐même ne savait pas toujours en apprécier les résultats. En 1927, Max Liebermann est nommé citoyen d’honneur de Berlin, sa ville natale, ce qui rend son destin d’autant plus tragique après 1933: en tant que juif victime de l’ostracisme des nazis, il meurt solitaire et aigri en 1935. Martha, sa veuve, échappe à la déportation à Theresienstadt en se suicidant en 1943. Informations générales : Max-­‐Liebermann-­‐Gesellsch. , Colomierstr. 3, 14109 Berlin / T.: +49 (0) 30 / 80 85 90 0 / Accès : S-­‐Bahn ligne 1 et 7: station Wannsee, à partir de Wannsee bus 114: arrêt Colomierstrasse. Ou: à partir de Wannsee ca. 25 min. à pied. L'entrée incluse dans le prix du séjour.

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GROS PLAN SUR L'ÎLE AUX MUSÉES Amarrée à la Spree, cette petite surface au cœur de Berlin abrite depuis le 1 9 è m e s i è c l e u n e concentration historique de musées. l’Ile des Musées est classée au Patrimoine M o n d i a l d e l ’ U N E S C O depuis 1999. Il s’agit du Musée de Pergame, de l ’ A n c i e n n e G a l e r i e N a t i o n a l e , d e l ’ A l t e s Museum, du Musée Bode et du Neues Museum.

Le Museuminsel de Berlin (l’Ile aux Musées)

e s t u n e n s e m b l e e x c e p t i o n n e l d e c i n q musées, construit entre 1824 et 1930 sur une petite ile de la rivière qui traverse Berlin, la Spree, et qui inclue le Pergamon Museum (Musée de Pergame). Ce bâtiment d’une grande importance culturelle et architecturale a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1994. Véritable Acropole des arts de Berlin, elle est considérée comme exceptionnelle, car elle illustre l’évolution de la conception muséale au cours du 20ème siècle et ses collections couvrent six mille ans de propositions artistiques de l’humanité. Les oeuvres, provenant pour une large part des collections privées de la famille royale de Prusse, ont été administrées depuis 1918 par la Stiftung Preussicher Kulturbesitz (Fondation de l’Héritage culturel de Prusse) Le premier musée, le Altes Museum (1830) considéré comme le chef d’œuvre néoclassique de Karl Friedrich 52


Schinkel est le plus ancien musée d’Allemagne. Le développement de cette zone comme complexe muséal et la construction des quatre autres musées provient de la vision romantique du roi Fréderic Guillaume (1840-­‐1861) d’un refuge des arts et des sciences similaire au Forum de la Rome antique. L’Unesco l’a dé{ini ainsi : « Un exemple remarquable, dans un environnement urbain central, de l’idéal des Lumières de rendre l’art accessible au plus grand nombre» Le plan d’ensemble de la rénovation et de la modernisation complètes de la zone, adopté et mise en œuvre depuis 1999, est conçu pour transformer le site en un lieu de culture ultramoderne à partir de 2015. Une visite virtuelle de l’île est possible dans la salle des médias du Pergamon Muséum et constitue un bon point de départ pour prendre la mesure de l’ampleur du projet intitulé Musée Island Berlin-­‐2015. Parmi les extensions plani{iées, on compte la promenade architecturale reliant les bâtiments, des développements d’infrastructure incluant un nouveau bâtiment d’accès principal conçu par l’architecte britannique David Chipper{iled avec des salles d’exposition, des cafés et des boutiques, la restauration des jardins de la Alte Nationalgalerie dans leur aspect de 1900 et la quatrième aile du Pergamon Museum. L’Ile aux Trésors de Berlin est accessible directement en prenant à gauche par rapport au Musée d’Histoire allemande – en face du Staatsoper de Berlin sur Unter den Linden, à proximité du pont richement ornementé de sculptures Schlossbrücke (Pont royal) Le site est également d’un grand intérêt topographique et historique car c’est ici, sur la petite Spreeinsel (l’Ile de la Spree) que la ville de Berlin fut créée au 13ème siècle, par la fusion des territoires jumeaux de Berl et de Cölln. Après la construction du Altes Museum de Schinkel en 1830, Fréderic Guillaume IV {it construire le Neues Museun (Nouveau Musée) en 1859 pour abriter les collections d’art égyptien et de la préhistoire. Plus de 200 millions d’euros ont été investis pour

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rénover le musée qui expose, à de rares occasions et à l’abri de vitrines à miroirs, la collection des Papyrus égyptiens, la Bibliothèque d’Antiquité et Néfertiti. La Alte Nationalgalerie suivit en 1876, construite par Johann Heinrich Strack, le successeur de Friedrich August Stüler semblable à un temple antique destiné aux collections de peinture du XIXème siècle allemand et européen. Il rouvrit en 2001 avec des œuvres de Monet, Manet, Renoir et Caspar David Friedrich. Le baroque Bode Museum (1904), à l’origine Kaiser Friedrich Museum (Musée d’Art de la Renaissance de l’Empereur Frédéric) fut baptisé du nom de son premier directeur Wilhelm von Bode en 1956. Réputé pour sa collection de sculptures et comme Musée d’Art byzantin, il rouvrit seulement en 2006, après cinq ans et demi de restauration. Le musée le plus connu du complexe le Pergamon Museum d’Alfred Mussel (1930) (Musée de Pergame) fut construit devant la nécessité de créer un espace supplémentaire d’exposition pour accueillir les œuvres des fouilles des archéologues allemands du XIXème siècle à Pergame et en en Asie mineure datant de l’époque où Henri Schliemann découvrait le trésor de Priam. Le Musée de Pergame continue d’attirer un million de visiteurs venant du monde entier par an pour admirer le Grand Autel de Pergame reconstitué, la porte du marché de Milet et la porte d’Ishtar. Des audio guides sont disponibles dans de nombreuses langues et compris dans le prix d’entrée. Horaires d’ouvertures des musées sur l’Ile des musées : t l j . d e 9 h à 1 8 h , j e u d i d e 9 à

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h

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La Nouvelle Galerie Nationale au Kulturforum -­‐ Neue Nationalgalerie Le bâtiment construit entre 1965 et 1968 par Mies van der Rohe, directeur du Bauhaus, était à l'origine un projet pour Cuba. Il s'agit en fait du seul édi{ice de Mies van der Rohe à avoir été bâti sur le sol a l l e m a n d d e p u i s s o n émigration aux Etats Unis en 1 9 3 3 . L ' h i s t o i r e d e l a Nationalgalerie commence après la seconde moitié du XIXe siècle, avec la fondation d'une collection privée couvrant l'art allemand depuis le romantisme. Au début du XXe siècle, elle intègre également les tendances modernes allemandes et étrangères. En 1920, la collection est suf{isamment grande pour occuper entièrement le Kronprinzenpalais, et ce jusqu'en 1937. Lors de l'opération "art dégénéré" (Entartete Kunst), menée par les nazis, le musée est vidé et voit ses pièces vendues ou détruites. Après la seconde guerre mondiale, les oeuvres subsistantes sont divisées entre les secteurs occidentaux et orientaux. La partie restée à Berlin Ouest s'agrandit pour devenir un musée d'art moderne, qui emménage en 1968 dans son bâtiment actuel. Exposition actuelle à la nouvelle galerie nationale : Kunst des 20. Jahrhunderts aus der Sammlung der Nationalgalerie "Der geteilte Himmel. 1945 -­‐ 1968. -­‐ L‘art dans l‘Allemagne divisé. Adresse: Potsdamer Str. 50 (Kulturforum) Horaires d'ouverture : 10 -­‐ 18 h, jeudi: 10 -­‐ 22 h Accès : U-­‐Bahn U2 (Potsdamer Platz), S-­‐Bahn S1, S2, S25 (Potsdamer Platz), Bus M29 (Potsdamer Brücke); M41 (Potsdamer Platz Bhf / Voßstraße); M48, M85 (Kulturforum); 200 55


Arrêt sur la collection Berggruen (Sammlung Berggruen) Depuis 1996, le Musée Berggruen de Berlin propose des tableaux et des sculptures de Heinz Berggruen. Il s’agit en réalité de l’une des plus importantes collections privées au monde, avec des œuvres exceptionnelles d’artistes de renom du Moderne classique. Le musée est surtout connu pour ses importants groupes d’œuvres de Pablo Picasso, Paul Klee et Henri Matisse. Sur trois étages, une exposition intitulée « Picasso und seine Zeit » (Picasso et son époque) présente des tableaux, des sculptures et des travaux sur papier. Picasso y est représenté avec plus de 100 œuvres, de sa période d’études en 1897 à ses dernières années de 1960 à 1970. Les tableaux de la période bleue (1901-­‐1904) et de la période rose (1904-­‐1906) y {igurent en bonne place, tout comme ses phases cubistes et classicistes. Paul Klee y est également à l’honneur avec plus de 60 œuvres. Sans oublier Henri Matisse … Après la mort de Heinz Berggruen, Nicolas Berggruen, né à Paris, {ils du collectionneur d'art Heinz Berggruen et de Bettina Moissi, a repris le {lambeau. Il fonde Berggruen Holdings en 1984, ainsi que Alpha Investment Management, un hedge fund qu'il revendra en 2004. Berggruen a été surnommé "le SDF milliardaire" par Le Wall Street Journal. Il s'est en effet débarrassé au cours du temps de l'essentiel de ses biens tels que son appartement new-­‐yorkais et sa villa de Miami, et vit exclusivement dans des hôtels disséminés dans ses divers points de chute qu'il rallie avec son jet privé. Il a notamment fait don de sa collection d'art à des musées, et rejoint le club des milliardaires philanthropes. Il crée en 2009 le Nicolas Berggruen Institute, un think tank dedié à la recherche d'idées nouvelles pour améliorer la gouvernance publique auquel il af{irme dédier la moitié de son temps.

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la Hamburger Bahnhof Depuis 1996, l'ancienne gare de Hambourg, Hamburger Bahnhof en allemand, abrite le Musée d'Art contemporain, Museum für Gegenwart. Plus ancienne gare de Berlin, sa construction remonte au milieu du 19ème siècle. Aujourd’hui elle abrite, sous forme d’exposition permanente, des œuvres de plusieurs grands noms d’artistes du 20ème siècle : Joseph Beuys en particulier, auquel une aile entière est consacrée, mais aussi Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Cy Twombly, Roy Lichtenstein, Keith Haring, Julian Schnabel … Depuis 2003, le Musée présente également, sous forme d’expositions temporaires tournantes, l’immense possession du collectionneur d’art Friedrich Christian Flick, longtemps critiquée en raison des liens de la famille du collectionneur avec le régime national-­‐socialiste. Parmi les expositions actuelles : Cy Twombly & The School of Fontainebleau Hamburger Bahnhof Invalidenstraße 50/51 -­‐ 10557 Berlin Horaires d'ouverture : Mar. -­‐ Vend. 10-­‐18h , Sam. 11-­‐20h Entrée : 12 € Accès : U-­‐Bahn U6 (Naturkundemuseum), S-­‐Bahn S3, S5, S7, S75 (Hauptbahnhof), Tram M6, M8, 12 (Naturkundemuseum), Bus M41, M85, TXL (Hauptbahnhof); 120, 123, 147, 240, 245 (Invalidenpark) La célèbre chef cuisinière autrichienne SARAH WIENER tient un café-­‐bistro-­‐restaurant au Hamburger Bahnhof.

Où manger un bon morceau près de votre hôtel ? Dans le quartier où vous êtes logés, il y a de nombreux restaurants -­‐ très chics, très chers mais aussi moins chers et aussi sympas -­‐ où vous pouvez manger pratiquement à chaque heure de la journée.

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Sachez que dans les restaurants allemands, on ne vous sert pas automatiquement du pain ni de l'eau en carafe. Pour commander de l'eau plate (en général, on vous sert de l'eau gazeuse si vous ne le précisez pas), il faut dire : "Ein stilles Wasser, bitte." Après le repas, pour demander l'addition, on dit : "Die Rechnung, bitte.". Quand on règle la facture, on donne tout de suite le pour-­‐ boire avec la somme à payer. Par exemple, si la facture se lève à 20 €, on donne au serveur 21 €. Samos -­‐ Restaurant Grec Leibnizstr,56 Marooush -­‐ spécialités égyptiennes Knesebeckstraße 48, Ecke Kurfürstendamm 10719 Berlin Ali Baba -­‐ Restaurant italien Bleibtreustr. 45 El Borriquito -­‐ Restaurant espagnol Wielandstr. 6 Mommsen-­‐Eck -­‐ Spécialités allemandes -­‐ La "Maison des 100 bières" Mommsenstr. 45 Vogelweide -­‐ Spécialités autrichiennes et bavaroises Bayerische Str. 32 Il Calice -­‐ Bar à vin et spécialités italiennes Walter-­‐Benjamin-­‐Platz 4 | 10629 Berlin | Tel 030-­‐3242308 | Mo-­‐ Sa 12-­‐02 Uhr So 17-­‐02 Uhr La Caleta -­‐ Spécialités espagnoles Wielandstraße 26a 58


Pour rentrer à la maison en taxi ... Il est tard, vous êtes fatigué, vous voulez rentrer à l’hôtel qui vous semble si loin ? Si un taxi vide passe à côté de vous, vous pouvez l'arrêter et demander (tout de suite en montant) une « Kurzstrecke » : 3 Euros pour un parcours allant jusqu’à 2 km.

L’ÉQUIPE SE PRÉSENTE

Sabine GÜNTHER Née à Berlin. Germaniste, critique littéraire, traductrice, chef de projet auprès de Passage & Co. Vit depuis 1991 en Provence. Travaille comme auteur free-­‐lance pour différentes stations de radio en Allemagne. Spécialisée en littérature et philosophie françaises contemporaines. Entre 1991 et 1995, enseignante en civilisation et théâtre allemands à l‘Université d‘Aix-­‐en-­‐Provence. En 1996, elle a fondé l‘association Passage & Co. -­‐ une Organisation à but non lucratif destinée à promouvoir de nouvelles formes d‘échanges culturels et littéraires en Europe. Elle anime de balades littéraires à Marseille et organise des séminaires européens ainsi que des voyages culturels sous le label TELL ME TOURS.

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Walter KREIPE Vit depuis 1963 à Berlin. Études e n l a n g u e s e t l i t t é r a t u r e s romanes, études germaniques et politologie. P r o f e s s e u r d ’ a l l e m a n d à Clermont-­‐Ferrand. Assistant de r e c h e r c h e a u d é p a r t e m e n t “Littérature comparée” à la Freie Universität de Berlin. Éditeur. Professeur de lycée (français et a l l e m a n d ) . D e n o m b r e u s e s expériences dans le domaine des échanges scolaires franco-­‐ allemands. Guide conférencier. Membre de la Société Max Liebermann. Collaboration free-­‐lance avec la Fondation Brandenburgische Gedenkstätten, avec différents musées et avec les agences Berlin Tourismus Marketing, gehen & sehen et Berlin Kompakt.

Thea Göhring Née en 1989 à Francfort-­‐Hoechst. Depuis 2010 étudiante en licence internationale « Allemand-­‐Lettres » à Rheinische Friedrich-­‐Wilhelms-­‐Universität Bonn. De 2011 à 2012 une année d'études à Paris-­‐ Sorbonne (Paris IV). Les matières principales sont la littérature et la linguistique comparées (franco-­‐allemand). 2012 stage auprès de « Passage & Co. ». Collaboration aux ateliers « Plan d'exil », « Nord-­‐Sud-­‐Passage » et le séjour culturel « tell me tours Berlin ». 60


Floriane Moro

Etudiante en traduction et management interculturel à l’Ecole Supérieure de Traduction et de Relations Internationales de Lyon. Licence de Langues Etrangères Appliquées anglais-­‐allemand de l’Université Lyon II. Stage de traduction et d’organisation évènementielle chez Passage and Co. à Berlin, juillet 2012.

Thomas Nolte

Née en 1986 à Marbourg. Etudes: 2011 Bachelor of Arts de Littérature et langue allemande avec mineures romanistique française et musicologie (Philipps-­‐ Universität Marburg), depuis 2011 Master Aires interculturelles franco-­‐allemand (Université de P r o v e n c e e t U n i v e r s i t ä t Tübingen). Stage auprès de « Passage & Co. », juillet 2012. Collaboration aux ateliers « Nord-­‐Sud-­‐Passage » et le séjour culturel « tell me tours Berlin ».

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L‘association porteuse du projet TELL ME TOURS PASSAGE & CO.

Échanges culturels et littéraires en Europe Passage & Co. – Échanges franco-­‐ allemands culturels et littéraires en Europe est une association loi 1901, créée à Marseille en février 1996 par l a c r i t i q u e l i t t é r a i r e S a b i n e GÜNTHER. Après la fermeture de « l’Institut Goethe » en 1997, notre a s s o c i a t i o n – à t r a v e r s s e s différents projets culturels -­‐ est devenue l’un des acteurs principaux dans le domaine des échanges littéraires et culturels franco-­‐ allemands en région PACA. Parmi nos activités et projets culturels franco-­‐allemands : -­‐ Nous promouvons la mobilité des artistes en Europe, la traduction littéraire et la diffusion de la poésie contemporaine. -­‐ Nous soutenons activement l’apprentissage de langues étrangères et développons les échanges culturels entre jeunes venant de différents pays européens. -­‐ Nous travaillons sur la mémoire de l‘exil, sous forme d‘ateliers, de projets artistiques et de séminaires européens. -­‐ Nous proposons un programme de balades littéraires (7 thèmes au choix) à Marseille et dans la région PACA. PASSAGE & CO. – Chemin de la Porte rouge, F – 13530 Trets Tél/Fax: 04 42 29 34 05 /Mél: passage.co@gmail.com www.passage-­‐co.com

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LECTURES DÖBLIN Alfred / Berlin Alexanderplatz / Roman / entre deux guerres / Dans les bas-­‐fonds du Berlin des années 1925-­‐30, l’aventure d’un criminel, libéré de prison, qui, poussé par la fatalité, retourne au crime. Nouvelle traduction !!! FALLADA Hans / Seul dans Berlin / Roman / 1947 / En 1940, à Berlin, à travers le quotidien d’un immeuble modeste où cohabitent persécuteurs et persécutés, la description des conditions réelles de survie des citoyens allemands, juifs ou non, sous le IIIème Reich : l’un des plus beaux livres sur la résistance antinazie. ROTH Joseph / A Berlin / Textes / 1921 – 1933 / Les articles du correspondant allemand le plus réputé de son époque, arrivé à Berlin en 1920. TERRAY Emmanuel / Ombres berlinoises / Document / 1996 / Une visite des ‘lieux de mémoire’ les plus signi{icatifs de Berlin, célèbres ou ignorés. Un voyage dans une autre Allemagne... GRÉSILLON, Boris / Berlin, Métropole culturelle / Belin / 2002 Bernard OUDIN et Michèle GEORGES / Histoires de Berlin Georges (Perrin, 2010) Le portrait haut en couleurs d'une ville jeune -­‐Berlin ne devient Berlin qu'au XVIIe siècle-­‐ à travers les lieux et les personnages qui l'ont modelée. Sous la direction de RICHARD, Lionel / Berlin, 1919-­‐1933 : Gigantisme, crise sociale et avant-­‐garde : l'incarnation extrême de la modernité (Editions Autrement, 2005) Anne WIAZEMSKY, Mon enfant de Berlin. Gallimard 2009 En septembre 1944, Claire, ambulancière à la Croix-­‐Rouge française, se trouve à Béziers avec sa section, alors que dans quelques mois elle suivra les armées alliées dans un Berlin en ruine. 63


Hotel Bogota, Schlüterstr. 45 En direction de la Gare Zoologischer Garten (Bahnhof Zoo, terminus), prenez sur le Kurfürstendamm le bus M49. En direction de lʻhôtel à partir de la gare Zoologischer Garten, prenez le bus M49 en direction de „Heerstr./ Nennhauser Damm. Descendez à la 4ème station : Schlüterstr.

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