"La Main Tendue" n° 9

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Bulletin du Club Parrainage du collège Paul Bert d’Auxerre

n°° 9 Décembre 2009

0,50 E

LE CLUB PARRAINAGE, PLUS MOTIVE QUE JAMAIS ( Voir notre article en pages 2 )

Voir aussi, en pages 5 et 6: Djalilou, notre nouveau filleul Les élèves du Club préparant l’envoi des colis pour le Bénin


Le Club Parrainage du collège Paul Bert entre déjà dans sa huitième année. Composé d’une vingtaine d’élèves volontaires, il parraine depuis 2003, deux jeunes sœurs jumelles, Yvette et Yvonne, actuellement scolarisées au collège de Ouidah, dans le sud du Bénin, ainsi qu’un jeune garçon, Djalilou, élève de l’école primaire de Onklou, dans le nord du pays, ceci depuis le printemps dernier. Notre action de parrainage se fait par l’intermédiaire d’Aide et Action, une organisation internationale non gouvernementale, qui œuvre, depuis 1981, pour l’amélioration de la scolarisation des enfants, dans les pays en voie de développement. C’est grâce à la qualité du travail de ses représentants sur place, que nos projets tiennent toutes leurs promesses et sont, depuis le début, toujours arrivés à leur aboutissement. Chaque année, le Club anime un certain nombre d’actions, qui ont pour but de récolter de l’argent, qui sert ensuite à l’achat de petits matériels scolaires, pour nos filleuls, mais aussi pour leurs classes et leurs écoles. Malgré le temps qui passe et le départ, chaque fin d’année de quelques « anciens », la motivation ne faiblit pas, bien au contraire. La relève de cette année est particulièrement motivée, et nul doute que les nouvelles actions qui seront entreprises par ces élèves, seront couronnées de succès.

M. Dollé, coordonnateur du Club Parrainage

P 2 La vie du Club. P 4 Des nouvelles de nos filleuls: Yvette et Yvonne. P 5 Des nouvelles de nos filleuls: Djalilou. P 7 Mieux connaître le Bénin: Le festival Quintessence P 8 A l’honneur: YSIA.

LA DEVISE DU CLUB PARRAINAGE, PLUS D’ACTUALITE QUE JAMAIS... Depuis sa création, le Club Parrainage s’est donné une ligne de conduite, qui se résume en trois mots: persévérance, patience et respect d’autrui. Cette dernière s’est avérée tout à fait justifiée, dans une de nos actions phares de l’an passé, qui a connu quelques aléas. Mais, si tout devait toujours se passer comme prévu, où serait le piment de l’aventure ? Bilan financier de l’année 2008-2009

se, ou bien simplement pour regarder notre exposition sur le Bénin et sur nos activités. En terme de chiffres, ces deux séries de réunions, nous ont permis de faire dans les quatre cent cinquante euros de bénéfices. Nous rappelons à nos lecteurs, que malgré le fait que notre Club est affilié, pour des raisons juridiques, au Foyer Socio Educatif de notre collège, nous fonctionnons sur le principe de l’autofinancement.

L’an passé, le Club Parrainage a été plus dépensier que les années précédentes, mais il y a des raisons à cela: premièrement, nous avons entamé un second parrainage, qui revient à 250 euros annuels; ensuite, nous avons tenu à continuer à aider Yvette et sa famille, malgré la fin officielle de son parrainage par l’intermédiaire d’Aide et Action; et enfin, nous avons acheté pas mal de matériel scolaire, dans le but L’épopée des cartons de profiter pleinement de l’opportunité qui nous a été Comme nous vous l’avions offerte de l’envoyer au Bénin, expliqué, dans notre dernier par l’intermédiaire d’une as- numéro, l’association Joigny sociation amie (voir plus Baobab, qui travaille égaleloin). Mais, même s’il faudra ment sur le Bénin, nous a très songer, cette année, à organi- gentiment proposé, pour la ser une action qui fera rentrer seconde fois en deux ans, de un peu plus d’argent que l’an nous garder gracieusement passé, la situation financière une place, dans son contede notre Club reste tout à fait saine. Cela La préparation d’un colis est en grande partie dû au succès que rencontre notre stand, lors des réunions parents-professeurs. En effet, à deux reprises, en décembre et en mars, nous vendons des gâteaux, confectionnés par nos soins, des boissons et notre petit journal. Nous tenons d’ailleurs à remercier toutes les familles qui ont mis la main à la pâte, ainsi que toutes les personnes qui ont eu la gentillesse de s’arrêter à notre stand, pour nous 2 acheter quelque cho-

neur. Inutile de vous dire que nous avons accepté avec enthousiasme, car c’est pour nous la chance de pouvoir envoyer, en une seule fois, beaucoup plus de choses à nos filleuls, et même à l’occasion, des choses plus lourdes et encombrantes. Au niveau efficacité et rentabilité, il n’y a pas de comparaison possible avec les envois postaux, que nous faisons régulièrement, et qui nous coûtent 19,50 euros pour deux kilogrammes. Pendant plusieurs semaines, nous avons donc œuvré à la confection de nos cartons. Nous avons contacté Mme Hadrbolek, notre conseillère générale, qui a répondu présente comme à chaque fois, en nous obtenant cinquante dictionnaires de langue française. Nous tenons d’ailleurs à remercier chaleureusement le Conseil Général de l’Yonne, pour ce don qui sera si utile au Bénin. Nous avons également reçu soixante dix lots de quatre crayons de couleurs, offerts par une grande surface d’Auxerre, grâce à l’intervention d’Agathe, une de nos membres. Nous avons encore collecté cent vingt cahiers de vacances, offerts, cette fois, par une grande édition nationale, ainsi qu’une calculatrice et des livres (une trentaine pour enfants, une quinzaine pour l’enseignement du français, une encyclopédie médicale…), tout cela offert par des professeurs ou des élèves de notre éta-


blissement. Nous remercions vivement tous ces généreux donateurs, pour leur geste de solidarité. De notre côté, nous avons quelque peu pioché dans nos réserves, pour acheter des cahiers (soixantecinq), des livrets de coloriage (cinquante-six), des crayons à papier (deux cents), des crayons de couleur, des ciseaux, des gommes, des tailles crayons, un cartable, mais également un jeu en bois « Je découvre la France », et un ballon de foot avec sa pompe, pour Djalilou, ainsi qu’un jeu de Badminton avec des volants, pour Yvette et Yvonne. Nous avons ensuite rassemblé tout cela dans huit cartons, représentant une centaine de kilos, que nous avons confiés à l’association Joigny Baobab, le 27 mai dernier. Le conteneur a été chargé la semaine suivante et est parti pour le Havre. Trois jours plus tard, le bateau a pris la route du Bénin, où il est arrivé, le 22 juin. Et c’est là que les soucis ont commencé. Malgré le fait que Mme Thérèse Brayotel, présidente de l’association Joigny Baobab, avait pris un maximum de précautions, en envoyant au préalable toutes les pièces administratives nécessaires, le « connaissement », document qui permet au destinataire de « relâcher », c’est-à-dire de faire sortir du port le conteneur, a été égaré. Mme Brayotel a alors immédiatement envoyé un double du dit document par chronopost, en suivant son trajet sur Internet. Le 28 juin, M. Alokpon, responsable du Service des Béninois de l’Extérieur dépendant du Ministère des Affaires Etrangères, est informé que le document a été retiré par une personne du dit ministère. Mais, il s’est vite avéré impossible de mettre la main sur celui-ci, qui a dû se perdre dans un autre service. Après quinze jours de recherches infructueuses, Mme Brayotel s’est résignée à envoyer une seconde co-

chainement, un voyage est prévu dans le nord du pays, pour apporter tout le reste dans l’école de Djalilou. En ce qui concerne les cinquante dictionnaires de langue française, nous avons pensé qu’à peu près la moitié pourrait être donnée à l’école de notre filleul, le reste pouvant être distribué à d’autres écoles, selon les besoins que Patricia saura cibler.

Marine chargeant nos colis

Les Graines de l’amitié

pie du « connaissement », qui a fini par arriver entre les mains de M. Alokpon, fin juillet. Ce dernier a déposé, le 4 août, une demande d’exonération des taxes douanières, auprès du Ministère des Finances. Il a lui fallu recommencer cette formalité, à trois reprises, sans succès, avant d’obtenir enfin, le papier d’exonération, le 30 septembre dernier. Le 16 octobre, le conteneur a finalement été livré au Ministère des Affaires Etrangères Béninois et les colis ont été remis à leurs différents destinataires, en grande pompe médiatique, dix jours plus tard… Pour ceux qui nous suivent depuis plusieurs années, vous vous rappelez sans doute des difficultés qu’avait déjà rencontré le précédent conteneur, en 2007. Le problème, c’est que le Bénin, comme de nom-

La nouvelle équipe

breux pays en voie de développement, est rongé par une corruption endémique, qui empêche les administrations de fonctionner correctement. Il faut donc, pour ceux qui veulent faire avancer les choses, à la fois prendre un maximum de précautions, et en même temps, s’armer de patience et de persévérance. Nous remercions toutes les personnes, qui ont œuvré pour un dénouement heureux de cette épopée, et plus particulièrement, Mme Brayotel, MM. Alokpon, Alamou, Atchade, Dossoumou et Gaba. Nos huit cartons sont donc désormais dans les bureaux d’Aide et Action. Notre amie Patricia Saizonou, responsable des parrainages, a d’oreset-déjà apporté à Yvette et Yvonne, les effets qui leurs étaient destinés (voir notre article en page 4). Et très pro-

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A la fin de l’année scolaire dernière, nous avons organisé une opération de collecte de sachets de graines, qui a rencontré un vif succès. Nous avons en effet pu envoyer pour près de deux kilos de graines diverses (tomates, haricots, salades, radis…), qui permettront à l’école de notre nouveau filleul, Djalilou, de réaliser un potager pédagogique. Nous remercions toutes les personnes qui ont participé à cette opération. La vie du site Notre site Internet se porte à merveille. Inauguré fin avril, lors d’une soirée spéciale au collège, nous avons déjà eu plus de trois mille visites. Nous avons même été contactés par plusieurs personnes, désireuses de se lancer dans l’aventure du parrainage, parmi lesquelles deux enseignants. C’est d’ailleurs là un de nos objectifs, au sein d’Aide et Action, et notre ami Romain Jannel, responsable des opérations jeunesse de l’association, espère vivement que notre exemple sera une source d’inspiration pour d’autres groupes de jeunes. Nous avons, depuis peu, ouvert une nouvelle rubrique, la onzième, mais celle-ci est réservée aux membres du club, anciens et actuels et on ne peut y accéder qu’avec un code secret. Grâce à cette dernière, nous avons la possibilité d’échanger des informations ou des idées entre nous, nous pouvons


consulter le tableau d’organisation des réunions parentsprofesseurs, et nous avons même un port folio, où nous pouvons visionner ou même récupérer toutes les photos que le Club reçoit ou réalise. Une nouvelle équipe du tonnerre Cette année, le Club Parrainage compte vingt-trois membres, dont quatorze filles et neuf garçons, issus de différentes classes de la cinquième à la troisième. Nous formons une équipe motivée et soudée, avec plein de projets en tête. Nous nous réunissons, tous les jeudis, à partir de 12 h 45, sous la responsabilité de M. Dollé, professeur coordonnateur. Durant ces réunions, nous discutons et votons chaque décision, chaque dépense. Parfois, lorsque nous repérons des réductions intéressantes sur du matériel scolaire, dans des publicités, nous envoyons M. Dollé faire les courses, avec un budget précis que nous lui avons confié. En fait, nous sommes les décideurs du Club et c’est un élément très important de notre fonctionnement, car nous avons ainsi bien conscience de la responsabilité que nous avons envers nos filleuls. Le 19 novembre dernier, nous avons reçu, durant une de nos réunions, Marine et une de ses camarades de classe, car elles sont en train de réaliser un projet tuteuré sur les associations solidaires, dans le cadre

de leurs études à l’I.U.T.. Elles nous ont filmés, pendant que nous leur avons expliqué nos motivations, notre organisation et nos projets. C’était un peu stressant, car nous n’avons pas l’habitude de parler devant une caméra, mais c’était très sympathique. Pour cette année scolaire, nous avons comme objectif principal de réalimenter financièrement notre compte, afin d’assurer nos actions à venir, et d’avoir suffisamment de réserve pour répondre à tous les besoins que pourraient avoir nos filleuls. Nous envisageons d’organiser, pour le printemps prochain, un loto, conjointement avec le Foyer Socio-éducatif de notre collège. Nous nous sommes déjà pas mal renseignés et ce n’est pas une chose facile. Car, non seulement il y a une réglementation bien précise, mais en outre, il nous faudra mettre en place une organisation sans faille. Pour qu’il y ait du monde, il nous faudra aussi avoir de nombreux lots attrayants. Tout cela est pour le moment à l’étude et nous ne manquerons pas de vous tenir au courant, dès que tout sera décidé et cadré. En ce moment, nos activités tournent autour des réunions parents-professeurs. Nous en avons d’ailleurs déjà fait une, en octobre dernier, qui s’est très bien passée. Toute l’équipe du Club Parrainage vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d’année.

Une première réunion parents-professeurs réussie

Les élèves du Club Parrainage 4

EN ROUTE POUR LA CINQUIEME... Grâce à notre amie Patricia Saizonou, nous continuons à avoir, régulièrement, des nouvelles de nos jeunes protégées, qui viennent de faire leur entrée en classe de cinquième, dans le Collège d’Enseignement Général 1 de Ouidah.

Yvette et Yvonne, novembre 2009

Notre amie Patricia a rendu une petite visite à Yvette et à sa famille, le 18 novembre dernier, afin de leur apporter un colis et de prendre de leurs nouvelles. Elle s’y était déjà rendue le mois précédent mais les filles étaient absentes. Celles-ci vont très bien et leur année de sixième a été couronnée de succès: Yvette est passée en cinquième, avec un très honorable 13/20 de moyenne générale et Yvonne, avec 12/20. Nous sommes très fiers d’elles, car malgré le niveau d’exigence qui ne cesse d’augmenter, elles continuent à s’investir dans leurs études. Et nous espérons bien qu’elles en feront autant cette année. La rentrée a eu lieu, début octobre. Les cours ont été quelques peu perturbés, la première semaine, car les formalités d’inscription et la répartition des élèves par classe avaient pris du retard. Cette situation s’explique par le fait que l’éducation est devenue, ces dix dernières années, une priorité pour le Bénin. Et les résultats sont là: en l’espace de dix ans, le taux d’accès à

la classe de sixième est passé de 28 à 55 %, ce qui est très encourageant, mais cela pose également des problèmes d’organisation et de qualité des enseignements, par manque de personnels formés. Louise, la maman des jumelles, va également très bien, mais ses modestes moyens financiers ne suffisent pas pour payer les frais de scolarité et le matériel scolaire de ses filles, notamment les livres. C’est pourquoi, notre club a pris, comme l’an passé, les dispositions nécessaires pour que ce souci soit réglé au plus vite… Yvette et Yvonne ont été ravies des courriers et petits cadeaux, qu’elles ont découverts dans notre colis: des livres, du petit matériel scolaire, quelques exemplaires du numéro 8 de notre petit journal, une calculatrice et un jeu de badminton, qui déclenchera sans nul doute de bonnes parties de rigolade. Nous pensons très fort à elles et leur souhaitons une excellente année scolaire 20092010.


UNE NOUVELLE MISSION DANS LA REGION DE DJOUGOU Dans notre dernier numéro, nous vous présentions notre nouveau filleul, Thomas, un jeune garçon de 8 ans demeurant à Fomérou, village de la commune de Djougou, dans le nord du Bénin. Nous espérions alors entamer avec lui un parcours tout aussi passionnant et constructif que nous l’avons fait avec Yvette, mais... La fin prématurée du parrainage de Thomas Commencé en début d’année 2009, le parrainage de Thomas avait plutôt bien commencé. Content d’être soutenu par de jeunes collégiens, il s’était engagé à faire de son mieux, au niveau scolaire. Nous lui avions très vite fait parvenir un premier colis de matériel scolaire, contenant des cahiers et des stylos, qu’il avait eu grand plaisir à distribuer à ses camarades de classe. Mais, la famille de Thomas a dû déménager, pour des raisons professionnelles, au mois d’avril dernier. Nous aurions aimé suivre notre filleul dans son nouveau lieu de résidence, mais hélas, celui -ci se trouve en dehors des zones d’intervention d’Aide et Action. Cela a été une grande déception pour notre club, car nous espérions bien accompagner Thomas jusqu’au Certificat d’Etudes Primaires. Mais il y a parfois des choses que l’on ne peut contrôler... Si vous allez sur notre site, vous verrez que malgré la courte durée de cette mission prématurément interrompue, nous avons tenu à garder une rubrique qui lui est consacrée. Cette expérience n’a pas pour autant entamé la détermination des membres de notre Club, qui ont immédiatement fait une nouvelle demande de parrainage, auprès d’Aide et Action. Nous remercions au passage Patricia, qui est intervenue personnellement, pour que nous puissions avoir rapidement un nouveau dossier, ce qui a été

le cas, dès le mois de mai. Notre nouvelle mission se tiendra dans le même cadre que la précédente, puisque notre nouveau filleul habite également la commune de Djougou, dans le nord du Bénin. Nous avions d’ailleurs fait un article sur cette dernière, dans notre précédent numéro (en page 7).

se situe à environ quarantecinq kilomètres au sud-est du centre de la ville. Il est né le 7 février 1998. Cette date précise indique qu’il est enregistré légalement et qu’il a donc une identité juridique, condition indispensable pour pouvoir, en fin de cycle primaire, passer le C.E.P.. Son papa, Boukari, est paysan et il a quatre enfants. Sa maman, Salamatou, est quant à elle, ménagère. Dans son village, Djalilou aide ses parents à faire les petits travaux domestiques. Il aide aussi parfois au

Djalilou, notre nouveau filleul Djalilou vit avec sa famille, dans le village de Onklou, qui

Djougou Onklou

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Djalilou

travail des champs, lorsqu’il n’y a pas d’école. Mais, d’esprit plutôt joueur, il préfère s’amuser avec ses amis et ses camarades de classe... Le cadre de vie de Djalilou La région où vit Djalilou bénéficie d’un climat tropical, avec une saison sèche et une saison pluvieuse. Entre les deux, sévit l’harmattan, un vent chaud et sec, venu du Sahara. La végétation est caractérisée par de grands arbres et de hautes herbes. La forêt, autrefois très présente et luxuriante, disparaît peu à peu, détruite par les besoins en bois et en charbon. Onklou est un village cosmopolite, composé de plusieurs ethnies: dendi, Yom, Lokpa, fon, mahi, nago, adja, peulh, cotocoli et koura. Il compte quelques sept mille habitants, pratiquant l’animisme, l’Islam ou le christianisme. D’après le Griot, un ancien, détenteur de la mémoire collective du village, ce dernier aurait été créé par un agriculteur du nom de Bériga Worou, qui aurait quitté son village natal de Satnohou, près de Soubroukou, pour rechercher plus loin des terres fertiles. Il aurait finalement décidé de s’installer au nord d’un marigot, c’est-à-dire, une mare d’assez grande taille. Rejoint bientôt par d’autres personnes, une communauté se serait alors créée, vivant de la culture, de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Le village aurait pris le nom du marigot, au bord duquel il se trouvait: Onklou.


Greniers à Onklou

L’école d’Onklou-A

Le premier mot de Djalilou

Aujourd’hui, l’activité principale est toujours l’agriculture. On y cultive l’igname, le maïs, le mil, le manioc, le sorgho, l’arachide, le coton et le haricot. De la même manière, la chasse saisonnière occupe toujours une place de choix, comme la pêche et la cueillette. Onklou a un grand marché, reconnu pour la vente des tubercules d’ignames, des volailles et des produits vivriers. Les femmes, réunies en groupements, font la tontine: il s’agit d’un système populaire d’épargne et de crédit. Au niveau des infrastructures, Onklou dispose d’un complexe scolaire, d’un centre de santé, d’un collège d’enseignement général, d’un service de micro finance et d’un bureau d’arrondissement; c’est donc tout de même un village important, doté de services.

de l’effectif grandissant des élèves, l’école a du s’agrandir. Elle se compose aujourd’hui de trois groupes (depuis 2008). Le groupe A, où est scolarisé Djalilou, compte près de trois cent cinquante élèves, dont quarante pour cent de filles. Ce groupe est constitué de deux modules de trois classes en matériaux définitifs. Le problème réside dans le nombre d’élèves par enseignant: l’an passé, dans la classe de CE1 de Djalilou, il n’y avait pas moins de quatrevingt écoliers (dont trenteneuf filles) ! Le point positif est qu’Aide et Action peut compter, sur place, sur l’association des parents d’élèves, qui participe activement à divers projets éducatifs.

L’école de Djalilou

Une première mission en tant qu’ambassadeur

L’école primaire publique de Onklou a été créée par M. Oshoumare, en 1967. A cause

premier colis de notre part. Cela a été pour lui l’occasion d’inaugurer son rôle d’ambassadeur auprès de ses camarades. Il a en effet été chargé de distribuer les cahiers et stylos, que nous lui avions envoyés. Grace au conteneur de l’association Joigny Baobab, l’école de Djalilou va très prochainement recevoir un important don de matériel scolaire: vingt -cinq dictionnaires de langue française, cent-vingt cahiers de travail Nathan, des livres, plusieurs dizaines de cahiers, des livrets de coloriage, des stylos, des crayons à papier, des crayons de couleurs, des gommes, des tailles crayons, etc., et même un ballon de football avec sa pompe, pour agrémenter les récréations. Le rôle de Djalilou va donc être considérable et nul doute que lorsque les cartons seront déballés, ce sera la fête dans l’école d’Onklou...

Au début du mois de juillet dernier, Djalilou a reçu un

Une année scolaire très importante Nous avons appris, en septembre dernier, par l’intermédiaire de notre amie Patricia, que Djalilou n’avait pas très bien travaillé, en CE1, et qu’à cause de cela, il devait redoubler ! Notre mission va donc aussi consister à lui faire comprendre les enjeux de l’école pour son avenir. Nous lui avons d’ores et déjà écrit quelques courriers, qu’il recevra en même temps que son cadeau de fin d’année, dans lesquels nous l’encourageons à bien écouter en classe, à bien faire ses devoirs, afin de combler les lacunes qu’il a accumulées, à ce jour. Nous attendons de lui de réels efforts, pour qu’il suive les traces d’Yvette. Et nous espérons qu’il sera motivé par l’importance du rôle qu’Aide et Action et notre Club, lui avons confié, celui d’être l’ambassadeur de sa classe et de son école…

Les élèves du Club Parrainage

La classe de CE1

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Djalilou inaugure son rôle d’ambassadeur, devant son papa


Quintessence

QUINTESSENCE: LE CANNES BENINOIS

Ouidah

Tout le monde connaît, en France, les festivals de Cannes ou de Deauville, qui mettent à l’honneur des films de tous pays, mais savez-vous que Ouidah a également son festival international de cinéma ? Celui-ci se tient chaque année au mois de janvier, en même temps que se déroule, un peu partout dans la ville, la grande fête traditionnelle du Vaudou... les festivités commenceront par une cérémonie d’ouverture, qui se déroulera à quelques centaines de mètres de la plage et de la route des esclaves, où tant de drames se sont autrefois joués. Durant celle-ci, M. Odoutan présentera les jurys ainsi que les films en compétition. Puis, les chants et les danses envahiront la ville, et l’ambiance sera, à n’en pas douter, chaude, comme à son habitude (il faut dire

ges, ainsi que des documentaires, réalisés et produits par des artistes venus les uns, d’Europe (France, Belgique), les autres d’Afrique (Bénin, Nigéria, Burkina-Faso, Sénégal, Algérie, Togo, Mali, Guinée, Comores, Cameroun…) o u mê me d ’ Amér iq ue (Canada). Les prix qui seront attribués par différents jurys, dont celui du court-métrage auquel participent chaque année des élèves du collège

Des enfants captivés par les images

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d’Yvette, portent des noms très évocateurs: le Python Royal (grand prix du festival pour les longs métrages), le Python de Children (prix du public pour les longs métrages), le Python Pygmée (prix du court-métrage), le Python Papou (prix du documentaire) et le Python à Tête Noire (prix du scénario). Organiser une telle manifestation n’est pas chose aisée, dans un pays en voie de développement, où l’électricité et le téléphone ne fonctionnent que lorsqu’ils le veulent bien. Mais la patience et la joie de tous les participants ne font

Jean Odoutan

jamais défaut, malgré les petites défaillances du matériel de projection, malgré les pannes de courant, qui obligent, en l’absence d’onduleur, à rechercher, sur le dvd, la place où on était… Les écrans sont souvent installés sur des camions, afin de ne pas être dérangé par le vent d’harmattan, qui peut souffler assez fort, en début d’année. Les enfants sont assis par terre, les adultes sont debout derrière, mais tout le monde est heureux de voir les images s’animer sur l’écran… En marge du festival, des ateliers sont organisés pour initier les débutants aux pratiques de la prise de son, de l’image, de la lumière, au métier de scripte ou à l’écriture documentaire. Car Quintessence a aussi pour vocation de développer la culture cinématographique. Et c’est dans cette optique, que l’I.C.O. (Institut Cinématographique de Ouidah) a été créé, en 2005. Il forme gratuitement des jeunes béninois ainsi que des jeunes ressortissants d’autres pays, aux métiers de l’image, du son et de l’animation. Les étudiants sont recrutés à Bac +2, sur dossier. Si vous voulez en savoir plus sur Quintessence, voici deux adresses incontournables: « www.festival-Ouidah.org » et « www.festival-ouidah.org/ rfi_reportage.html ». Les prix

Quintessence

qu’à cette période, il fait souvent dans les 25° la nuit). Ensuite, pendant cinq jours, des projections seront proposées, en divers lieux de la ville en fête, à un public chaque année plus nombreux (45 000 l’an passé): dans le centre de la cité, le festival s’installera dans l’Institut de Formation de la Santé Publique, mais il y aura aussi des projections gratuites en plein air, comme par exemple, en face du célèbre temple des pythons ou près du marché de nuit. On attend une quarantaine de films au programme, des longs et des courts métra-

Quintessence

En faisant des recherches sur la ville où habitent Yvette et Yvonne, nous avons découvert un destin parallèle entre notre Club et Quintessence, le festival international de cinéma de Ouidah. En effet, notre parrainage a commencé, en même temps que le festival ouvrait ses portes pour la première fois, en 2003. Depuis, chacun de notre côté, avec nos modestes moyens, nous avons œuvré pour que nos projets aboutissent, nous nous sommes peu à peu organisés, pour devenir plus efficaces, nous avons essayé de transmettre notre passion aux autres, sans donner de leçon, dans le respect de chacun. Le festival de Ouidah est au départ l’œuvre d’un homme, M. Jean Odoutan, metteur en scène et animateur culturel béninois. Né dans une maison de terre battue, à cinq kilomètres de Ouidah, M. Odoutan est un battant, un « véritable taureau de corrida, capable de bousculer l’inertie et la lenteur des administrations », disent certains, un militant de la culture, désireux de permettre aux plus démunis d’accéder aux joies du septième art. Pas à pas, il a su convaincre, pour faire finalement de sa ville, tellement riche d’une histoire humaine souvent dramatique, une des capitales du cinéma. Alors que la majorité des projets qui voient le jour en terre africaine disparaissent malheureusement souvent avant d’avoir atteint leur maturité, le festival international du cinéma de Ouidah, se déroulera pour sa huitième édition, du 7 au 11 janvier 2010. Comme chaque année,


YSIA OU DIX ANS DE SOLIDARITE ENVERS LES COMORES

Des fournitures viennent d’arriver à Singani

versaire de l’association, Mme Hadrbolec, conseillère générale et fidèle adhérente, a offert, au nom du Conseil Général de l’Yonne, des dictionnaires, des calculatrices et du petit matériel scolaire. Ce beau cadeau est parti pour les Comores, fin novembre, dans une quarantaine de colis, qui contenaient également des pansements et des produits de désinfection, destinés à la mission catholique de Moroni (la capitale), ainsi que des livres pour enfants et des manuels scolaires, destinés entre autres à l’école de Mitsoudjé

et au lycée de Moroni… YSIA accompagne également des projets de développement, à l’initiative des populations locales. C’est ainsi qu’un bloc sanitaire à été construit dans l’école de Singani, avec le soutien de la ville d’Auxerre. Les membres bénévoles et très actifs d’YSIA travaillent par ailleurs beaucoup à la promotion de la culture comorienne, grâce à l’organisation d’expositions, de concerts, de démonstrations de danses traditionnelles, de soirées contes… Cette action s’appuie sur des artistes como-

Photo YSIA

Une bibliothèque

Elèves au travail

Photo YSIA

L’archipel des Comores se situe en Afrique, au nordouest de Madagascar. Il est constitué de quatre îles: Grande Comore, Mohéli et Anjouan, qui forment la République des Comores et Mayotte, le 101° département français. L’association YSIA est née en juillet 1999, à l’initiative de Wassila et Bruno Bosvy. C’est une association de loi de 1901, qui regroupe une centaine d’adhérents. Elle ne dispose que d’un budget modeste, environ deux mille euros annuels, mais elle a su tisser un véritable réseau de partenaires, en France et aux Comores. Le sigle YSIA n’a pas été choisi par hasard. Il reprend en effet les initiales de l’Yonne, de Singani, le village natal de sa présidente Wassila Bosvy, et d’Auxerre. Ce sigle a également une signification, en comorien: il désigne la ration de nourriture que l’on réserve à un voisin ou à un étranger de passage… Depuis dix ans, YSIA poursuit principalement trois buts: soutenir le village de Singani dans son développement, au niveau de l’éducation, de la santé et de la culture; promouvoir la culture des Comores, en France et faire découvrir Auxerre et la Bourgogne, dans l’archipel comorien. Ses actions sont diverses. YSIA collecte et envoie des manuels et fournitures scolaires, des livres, du petit matériel médical… Elle a ainsi progressivement équipé plusieurs dizaines de bibliothèques, qui font le bonheur des étudiants, mais aussi des enseignants. En juillet dernier, à l’occasion du dixième anni-

Photo YSIA

Notre attention s’est portée cette fois sur l’association YSIA, dont le siège se trouve à Auxerre. Animée par des personnes à la fois passionnées et généreuses, elle œuvre depuis déjà dix ans pour apporter une aide des plus précieuses à la population comorienne.

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riens résidant en France, comme Salim Hatubou, Maalesh ou Gam-Gam, qui considèrent désormais Auxerre, comme une étape incontournable. En avril dernier, YSIA a organisé la Semaine des Comores, avec la collaboration de la maison de quartier de SaintSiméon. Fin octobre, l’association était présente à Monéteau, lors du Festilivres, ce qui lui a permis, non seulement, de faire connaître au public ses activités, mais aussi de vendre les livres qu’elle ne peut envoyer aux Comores. Afin de sensibiliser le jeune public, des interventions en milieu scolaire sont régulièrement organisées et pour les plus grands, il y a même des ateliers découverte de la langue et de la cuisine comoriennes. Si vous désirez en savoir plus, n’hésitez pas à faire un petit tour sur le très riche site de l’association. Son adresse: http://ysia.e-monsite.com Et si vous avez envie de vous investir dans une action solidaire, pourquoi ne pas choisir YSIA ? Ses coordonnées: 9C allée de Franche-Comté, 89000, Auxerre. Pour finir, voici un petit proverbe comorien, qui définit bien le travail de cette association: « Ye wandzo yende kawono houle », ce qui signifie « Qui veut aller loin ne regarde pas la distance »…

Les élèves du Club Parrainage

Directeur de la publication: M. J.-M. Dubus; Mise en page: M. Dollé (professeur d’histoire); Rédaction des articles: les élèves du club parrainage. Remerciements à tous ceux qui nous ont aidés.


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