La Main Tendue n° 12

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Bulletin du Club Parrainage du collège Paul-Bert d’Auxerre

n°° 12 Mars 2011

0,50 €

AIDE ET ACTION FÊTE SES 30 ANS ( Voir notre article en page 4 )


Depuis 2002, le Club Parrainage du collège Paul Bert œuvre, au sein d’Aide et Action, afin d’améliorer les conditions de scolarisation, dans les pays en voie de développement. La petite trentaine d’élèves volontaires de la sixième à la troisième, qui se réunit cette année, le mardi midi, parraine deux sœurs jumelles, Yvette et Yvonne, habitant désormais à Dassa Zoumé, dans le centre du Bénin, ainsi qu’un jeune garçon, Djalilou, scolarisé en CE2, dans l’école de Onklou, dans le nord du pays. Cette action de solidarité est à la fois un apprentissage de la responsabilité et de l’autonomie, puisque ce sont les élèves eux-mêmes qui prennent démocratiquement toutes les décisions: choix des actions destinées à financer les différents projets, achats de matériel scolaire, organisation des réunions parents professeurs, etc., sans perdre de vue la ligne de conduite du club, qui se résume dans sa devise: « Rigueur, patience et respect d’autrui ». Cette année, un nouveau pas est en passe de se franchir, dans le domaine de l’autonomie, car les membres du club sont en train de constituer un dossier de demande de subvention, auprès de la mairie d’Auxerre, afin de pouvoir encore aider davantage leurs amis béninois. Notre petit journal, quant à lui, atteint déjà sa sixième année, à travers ce numéro 12. Nous vous en souhaitons bonne lecture.

M. Dollé, coordonnateur du Club Parrainage

P 2 La vie du Club. P 4 L’évènement. P 5 Des nouvelles de nos filleuls P 6 Les Tatas Sombas. P 7 Reportage: les tissus du Bénin. P 8 A l’honneur: Kader Ndiaye

LE CLUB ACCENTUE SES PARTENARIATS Depuis plusieurs années, le Club Parrainage a tissé des liens avec d’autres associations locales et divers partenaires. Cette collaboration a souvent permis d’être plus efficace dans la réalisation des différents projets. C’est pourquoi les élèves du Club ont voulu, cette année, renforcer ces partenariats et essayer de renvoyer l’ascenseur, autant que faire se peut. Bilan des réunions parents professeurs de décembre Comme à notre habitude, nous avons vendu des gâteaux confectionnés par nos soins, ainsi que des boissons et le dernier numéro de notre petit journal. Nous avons également présenté une exposition sur le Bénin et les actions du club. Le stand de vente a toutefois été décalé par rapport à cette dernière, afin de permettre aux personnes intéressées de lire plus aisément les différents panneaux, et au vu des retours que nous avons eu, cela a été une bonne idée. Nous avons également enrichi notre stand des nouveaux objets que nous avions acquis auprès de Joigny-Baobab, lors du marché de Noël de StJulien-du-Sault, comme la nappe en tissu imprimé béninois ou bien les habits traditionnels, qui ont été tantôt portés par certains d’entre nous, tantôt présentés sur un mannequin. Concernant ce dernier, nous tenons à remercier le grand-père de Noël Edelin, qui nous l’a prêté, ainsi que les élèves de 3°A, qui ont confectionné, avec leur professeur d’atelier, M. Goaziou, un support métallique permettant de le maintenir debout en toute sécurité. Au niveau financier, même si le bilan reste tout à fait honorable, nous avons tout de même constaté une baisse des bénéfices, due d’une part, à l’augmentation des prix des boissons, d’autre part, à une diminution des achats, en particulier lors de la réunion des troisièmes… Peut-être est-ce là un effet de la cri- 2

Entre le stand et l’exposition… que de travail...

se... Nous tenons à remercier tout particulièrement les parents qui ont mis la main à la pâte pour la confection des gâteaux, qui étaient d’ailleurs succulents, ainsi que toutes les personnes qui se sont intéressées à notre action. Un don qui nous a fait grand plaisir Le 10 décembre dernier, Ma-

rine, Noël et Elie ont rencontré M. Denise, ancien professeur de mathématiques et responsable du club des retraités de la MGEN. A cause du déménagement de la dite mutuelle, courant 2011, le club des retraités va sans doute se retrouver sans local et ne pourra donc plus conserver les nombreux livres qui ont été acquis ces trente dernières années. Plutôt que de les voir finir dans des cartons, M.

Les élèves de 3°A avec le mannequin, qu’ils ont habillé, afin qu’il soit plus présentable pour la photo...


Denise, qui avait entendu parler de notre club, a préféré prendre les devants et faire plaisir à ceux qui en ont besoin. Il a donc pris contact avec M. Dollé, notre professeur coordonnateur, qui a organisé la rencontre. Lorsque nos trois représentants sont arrivés dans les locaux de la MGEN, M. Denise avait déjà préparé un carton plein de superbes livres, qui seront, à n’en pas douter, appréciés à leur juste titre, dans l’école de Djalilou. Parmi ceux-ci, un grand atlas ou bien encore des ouvrages sur la Bourgogne, les sciences, l’histoire… Marine, Noël et Elie ont ensuite fait un tour de tous les rayonnages avec M. Denise, afin de choisir ce qui serait utile au Bénin. Nous tenons à remercier de tout cœur ce grand monsieur de 87 printemps, pour son accueil et pour son don. Un renforcement des partenariats Depuis plusieurs années, nous avons tissé des liens de plus en plus étroits avec différents partenaires, tant en France qu’au Bénin et nous avons souvent bénéficié de leur aide pour mener à bien nos actions. Récemment encore, l’association Graine d’Espoir, par l’intermédiaire de son président, M. Hulnet, nous a fait don d’un lot conséquent de petits livres pour enfants. Elsa, une de nos membres, s’est chargée d’aller les chercher. Nos lecteurs remarqueront au passage que nous faisons de plus en plus de choses de manière autonome, même si la vigilance de M. Dollé n’est jamais bien loin. C’est une évolution du club dont nous sommes fiers et vous pouvez croire, que c’est avec le plus grand sérieux, que ceux qui sont mandatés par le groupe, s’acquittent de leur mission. Grâce à ces livres, nous avons proposé à l’institutrice de Djalilou l’organisation d’un concours de dessins, où tous les participants seront récompensés. L’association Ysia, présidée

grand secours, notamment pour régler un certain nombre de petits soucis, relatifs aux parrainages, et nous l’en remercions, tout en lui souhaitant pleine réussite dans sa nouvelle mission... Les projets de la fin d’année

Noël, Elie et Marine, en compagnie de M. Denise

par Mme Bosvy, nous a donné, de son côté, des dictionnaires, qui permettront d’équiper une nouvelle école de la commune de Djougou. L’association Joigny Baobab, qui vient d’obtenir le jumelage de Joigny avec la ville béninoise de Kilibo, nous a d’ores et déjà réservé une place dans le conteneur qu’elle affrètera, dans le courant de l’année 2011. Cela nous permettra d’envoyer une centaine de kilos de matériel scolaire, au Bénin, sans frais de transport, ce qui au regard de nos modestes finances, représente une aide des plus précieuses. Les échanges avec cette association amie sont de plus en plus riches. Nous avons par exemple reçu, en janvier, un courrier avec à l’intérieur un dossier très documenté sur les tissus béninois, qui nous a permis de faire l’article que vous découvrirez en page 7, ainsi que la recette du bissap, une boisson traditionnelle du Bénin, à base d’eucalyptus. Les responsables de Joigny Baobab doivent venir nous présenter un diaporama sur leur dernier voyage au Bénin, courant avril. Grâce à M. Denise, et avec son accord, nous avons pu renvoyer quelque peu l’ascenseur à tous ces partenaires qui nous honorent de leur confiance, depuis plusieurs années. Nous leur avons en effet passé l’information, afin qu’ils puissent prendre éventuellement contact avec lui. Le 1° février dernier, nous avons reçu M. Caillet, respon-

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sable des projets jeunes de la ville d’Auxerre, qui est venu nous expliquer comment constituer notre dossier de demande de subvention, auprès de la mairie. Chaque année, plusieurs projets, élaborés et animés par des jeunes de moins de 25 ans, sont soutenus par la municipalité, grâce à une aide financière, qui peut aller de 150 à 500 euros. Même s’il reste bien entendu l’adulte référent, M. Dollé tient à ce que nous constituions et présentions notre dossier de manière autonome. Notre projet consiste à financer la fabrication, par un artisan local béninois, de tables et de bancs, pour la classe de Djalilou, afin de permettre aux élèves d’étudier dans de meilleures conditions. A ce jour, le manque et la vétusté du mobilier scolaire obligent les élèves à travailler à trois par table de deux… Pour cette action, nous avons élu une responsable de projet, Camille, et quatre responsables adjoints: Jean-Baptiste, Paul et Charles. Nous vous tiendrons au courant de l’avancée de nos démarches et espérons compter prochainement la mairie parmi nos partenaires réguliers. Après quatre ans de bons et loyaux services à Aide et Action, en tant que responsable des projets jeunes, Romain Jannel, un de nos amis, est parti vers de nouvelles aventures: il encadre désormais le conseil municipal jeunes de la ville de Garges-lès-Gonesse. Il nous a été souvent d’un

En plus de la gestion des affaires courantes (envois de courriers, actualisation du site, etc.) et des projets en cours qu’il nous faut désormais mener à bien, nous participons d’ores et déjà à l’organisation d’une nouvelle soirée loto, prévue dans le courant du mois de mai, conjointement avec le F.S.E. et le Club Planète. Nous sommes actuellement dans la phase « collecte des lots » et nous sommes bien entendu fort intéressés par toute proposi-

tion, dans ce sens. Comme l’an dernier, lors de la première édition du loto du collège Paul Bert, nous mettrons à l’honneur tous les généreux donateurs. Si vous avez envie de nous aider, vous pouvez nous contacter, soit par l’intermédiaire de la boîte aux lettres de notre site (http:// parrainagepaulbert.free.fr), soit en laissant un mot avec vos coordonnées à l’accueil du collège, qui le transmettra à Mme Chenet, M. Bonin ou M. Dollé, les adultes organisateurs de la dite soirée.

Les élèves du Club

Rappel: Grand spectacle (théâtre, sons et lumières, concert d’orgues) à Seignelay, le 2 avril prochain !


AIDE ET ACTION FÊTE SES 30 ANS Aide et Action est une association humanitaire, qui a pour but d’aider les enfants n’ayant pas accès à l’éducation primaire. C’est l’association à laquelle le Club Parrainage du collège Paul Bert appartient, depuis 2002. 30 ans déjà, et que de chemin parcouru... Aide et Action a été créée en 1981, par le français PierreBernard Le Bas, un jeune coopérant de retour d’Inde, convaincu que l’éducation était le plus précieux des leviers de développement. Cette association est une O.N.G. (Organisation Non Gouvernementale), c’est-à-dire qu’elle ne dépend ni de l’Etat, ni d’une institution internationale. En 30 ans, l’association n’a cessé de se développer et d’affiner ses actions, pour une meilleure efficacité: - Lors de la première réunion des parrains, à Paris, en juin 1981, il n’y avait alors que 70 personnes. - Dès l’année suivante, l’association décide de donner aux jeunes la possibilité de s’engager à ses côtés, pour soutenir la cause de l’éducation. - A la rentrée 1984, les premiers clubs tiers-monde, animés par des groupes de jeunes, assistés de leurs enseignants, ouvrent leurs portes. - En 1985, Aide et Action développe son premier programme de vaccination des enfants, au Burundi. - En 1986, l’association entame un programme de construction d’écoles en dur, dans les pays où elle intervient, afin d’offrir aux enfants de meilleures conditions de scolarisation. - En 1990, Aide et Action reçoit, pour la première fois, le Prix Cristal de la transparence financière (elle le recevra également en 1995). C’est une reconnaissance de la part des institutions. - A partir de 1991, il est déci-

dé de mettre de plus en plus l’accent sur la formation des enseignants, condition indispensable pour une éducation de qualité. - En 1995, les premiers centres d’apprentissage, pour des jeunes ayant quitté l’école après le CM2, voient le jour. - En l’an 2000, Aide et Action est invitée à participer au Forum Mondial de Dakar. C’est là une réelle reconnaissance de ses compétences dans le domaine de l’éducation pour tous. - Début 2005, un programme d’urgence et de reconstruction est lancé, pour aider les victimes du tsunami, en Inde et au Sri Lanka. En 3 ans, l’association a contribué à la reconstruction de plus d’une centaine de villages, qui avaient été dévastés. - En 2007, l’association devient internationale. C’est une étape très importante, qui permet d’améliorer l’efficacité des différents programmes, grâce à un renforcement des partenariats locaux. - En 2010, suite au séisme dévastateur survenu à Haïti,

Aide et Action lance un nouveau programme d’urgence et de reconstruction, qui est toujours en cours. Aide et Action, aujourd’hui

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L’association intervient dans 22 pays différents, elle gère une centaine de projets et parraine plus de 5 millions d’enfants, grâce au soutien de 62 000 parrains, marraines et donateurs. Elle emploie environ 800 salariés et s’appuie sur des milliers de bénévoles, en France et dans le monde. En 1981, il y avait, sur notre planète, 105 millions d’enfants qui n’avaient pas accès à l’éducation, ce qui était énorme. Aujourd’hui, il y en a 72 millions: c’est moins, mais c’est encore beaucoup. L’idéal serait que tous les enfants du monde puissent aller à l’école, mais avant que ce ne soit une réalité, il y a de fortes chances que beaucoup d’eau coule encore sous les ponts. Les six priorités de l’association sont: favoriser l’accès à l’éducation et améliorer les conditions d’accueil

des enfants; améliorer la qualité de l’enseignement; appuyer les communautés dans le développement de leur projet éducatif; favoriser l’intégration sociale et professionnelle des plus vulnérables; sensibiliser et mobiliser l’opinion publique mondiale pour un monde plus juste et équitable et enfin, garantir l’éducation dans l’urgence et la posturgence. Le parrainage est un des moyens d’action de l’association. Chaque année, les parrains font un don de 250 euros, en une ou plusieurs fois. Cet argent sert aux différents programmes mis en place par Aide et Action. Le parrainage est un acte solidaire fort, un engagement à suivre la scolarité d’un enfant sur plusieurs années. Peu à peu, des liens se créent entre le parrain et son filleul, grâce aux correspondances échangées. Vous aussi, vous feriez un bon parrain. 30 ans, l’âge de la maturité Pour fêter cet anniversaire, Aide et Action a prévu des rencontres et des expositions. La principale se tient à Paris et s’intitule « Et moi, quand j’aurai 30 ans ? ». Si vous voulez en savoir plus sur le déroulement de ces manifestations, rendez-vous sur le site de l’association. D’ailleurs, vous pouvez participer en vous rendant sur sa page face book. Vous pourrez y déposer un texte, un dessin, une lettre, un poème… Votre vision de l’éducation intéresse Aide et Action, qui est résolument tournée vers un avenir meilleur pour tous.

Paul Crosnier


PAS DE NOUVELLES DES JUMELLES Depuis plusieurs mois, nous essayons de renouer le contact avec Yvonne et Yvette, qui ont déménagé à Dassa Zoumé, dans le centre du Bénin, mais à ce jour, nous n’y sommes pas parvenus, ce qui est source d’une grande inquiétude, pour tous les membres du club. Comme nous vous l’expliquions, dans notre dernier numéro, la famille d’Yvette et Yvonne a déménagé, en août dernier, pour la ville de Dassa Zoumé. Ils ont, d’après ce que nous en savons, rejoint un oncle maternel, qui serait enseignant. Sylvie Hinson, responsable des parrainages d’Aide et Action Bénin, a mené son enquête pour essayer d’en savoir davantage, mais l’association n’intervenant pas dans la région de Dassa, ce n’est pas chose facile et, à ce jour, nous n’avons pas réussi à rétablir le contact avec nos filleules. Cela nous inquiète beaucoup, car les filles sont désormais, selon la tradition, en âge d’être mariées et c’est une mission qui incombe généralement à un oncle, surtout lorsque le papa est décédé, ce qui est le cas pour les jumelles. Depuis plusieurs années, en raison de ce décès prématuré, la situation financière de la famille était précaire et c’était en partie la concession où ils vivaient, à Ouidah, qui subvenait aux besoins de Louise (la maman) et de ses enfants. Nous avons bien essayé, avec nos modestes moyens, d’aider au mieux nos filleules, au moins sur le plan scolaire, mais c’était là aussi assez délicat, car il fallait éviter de susciter des jalousies. Quoi qu’il en soit, nous ne renonçons pas et avons pris contact, sur le conseil de Thérèse Brayotel, présidente de Joigny Baobab, avec M. Séraphin Dossoumou, censeur du collège d’enseignement général de Kilibo et originaire de Dassa Zoumé, afin qu’il nous aide ou nous donne les conseils pour nous renseigner sur pla-

La dernière lettre de Djalilou

ce. Nous ne voulons en aucune façon interférer dans la vie familiale d’Yvette et Yvonne, mais si nous pouvions convaincre leur famille de les laisser poursuivre leurs études jusqu’à la fin de leur année de troisième, ce serait déjà très bien. Et puis, nous aimerions tellement continuer à garder le contact avec elles, simplement pour savoir ce qu’elles deviennent… De son côté, Djalilou continue son petit bonhomme de chemin, à Onklou, entre ses études, qu’il fait avec sérieux (sa maîtresse est d’ailleurs satisfaite de ses progrès), et ses passions, parmi lesquelles le football et la musique. Dans le dernier colis que nous lui avons envoyé, en plus du matériel scolaire qu’il devra partager avec ses camarades

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de classe, nous lui avons offert un agenda 2011 spécial football et un maillot (pour son anniversaire); nul doute que cela va lui faire plaisir. Djalilou a tout intérêt à étudier le plus sérieusement qui soit, car malgré les efforts consentis par le gouvernement béninois, les parents d’élèves et les organisations non gouvernementales, comme Aide et Action, la situation scolaire de Djougou n’est pas des meilleures. D’après M. Bassabi Djara, maire de la commune, de nombreux défis restent à relever: doter toutes les écoles en nombre suffisant d’enseignants qualifiés, améliorer l’environnement scolaire, en mettant en place des infrastructures adéquates, assurer la formation continue des enseignants, trouver des

Djalilou en classe

solutions pour les élèves non scolarisées et déscolarisés. Mais, le chemin sera encore long, comme l’attestent les résultats obtenus par les élèves de la commune, lors du dernier examen du Certificat d’Etudes Primaires, en juillet 2010, qui avec un taux de réussite de 46 %, se situent très en dessous de la moyenne nationale...


Atacora

LES « TATAS SOMBAS» Le patrimoine architectural béninois est constitué de différents types d’habitations, mais le plus célèbre est incontestablement le « Tata Somba », une habitation à étage que l’on trouve dans le nord du pays, au pied des montagnes de l’Atacora. Cette forme architecturale originale ne concerne que trois ethnies du nord Bénin: les ethnies Bétiabé, Bésorbé et Bétammaribé, regroupées sous le nom générique de Somba. A l’origine, le « tata » était une ferme citadelle, dans une région marquée par l’insécurité des biens et des personnes. Il abritait les familles, mais aussi les silos à grains et les animaux (des bovins, une basse-cour et bien souvent des abeilles). Aujourd’hui, ces fonctions perdurent, même si les animaux sont de plus en plus relégués à l’extérieur. Un « tata Somba » n’a qu’une seule entrée et toujours à l’ouest. En effet, l’Est est considéré comme un mauvais côté d’où viennent les maux dont souffre la société (la pluie et les orages entre autres). Le côté Ouest par contre, est censé n’apporter que du bonheur. Devant la porte d’entrée, se trouve un autel, dédié aux fétiches protecteurs de la famille. Un « tata Somba » est composé d’un rez-de-chaussée et d’un étage. Il est constitué de plusieurs tourelles surmontées d’un toit conique en paille. Ce sont des chambres et des greniers. Plus la famille est riche, plus il y a de tourelles. Cellesci sont reliées entre elles par un mur circulaire de deux à quatre mètres de hauteur, percé de trous permettant de voir un éventuel ennemi de loin et de lui lancer des flèches, si nécessaire. A l’étage, on trouve une ou plusieurs terrasses dallées. Les ouvertures des chambres donnent sur ces terrasses, mais elles sont souvent si petites, qu’il faut presque ramper pour aller se coucher. Le « tata » est symboli-

Un « Tata Somba »

quement divisé en deux parties: le nord de l’édifice est attribué aux femmes et le sud aux hommes. Cette différenciation sexuelle s’observe également au niveau des greniers. Celui des hommes renferme leurs récoltes (mil, sorgho), tandis que celui des femmes contient ce qu’elles ont cueilli (fruits, haricots...). Les « tatas » ne sont pas regroupés pour former un village, comme c’est le cas pour les autres habitations du Bénin. Il y a d’ailleurs une tradition qui perpétue cet état de fait: lorsqu’un jeune homme a fait son initiation et qu’il est prêt à construire son propre foyer, il monte sur la terrasse

de son père, se met à l’une des extrémités, puis tire une flèche, le plus loin possible. Il construira son « tata », là où elle s’est plantée… Construire un tel édifice n’est pas une chose aisée et cela peut prendre jusqu’à trois mois. Cela se déroule toujours en saison sèche et l’entraide est très importante. En échange de leur travail, le propriétaire du « tata » offre la boisson et, s’il a les moyens, le déjeuner, aux hommes des alentours, qui sont venus lui prêter main forte. Les murs sont construits en banco, une terre riche en ciment naturel, mélangée avec de l’eau. Dans un premier temps, on débar-

Depuis la terrasse d’un « tata »

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B E N I N

rasse la terre de tous ses déchets (cailloux, bouts de bois, herbes), puis on en fait une butte, au milieu de laquelle on creuse un large trou, dans lequel on verse de l’eau. On pétrit ensuite le mélange avec les pieds. Avec le banco ainsi obtenu, on fait des boules, qui sont collées les unes aux autres et lissées à la main. On commence par construire les tourelles, puis les murs qui les relient. Pour soutenir les murs et le plafond, on utilise le plus souvent du bois de karité, réputé pour sa solidité. Les terrasses sont faites de terre et de couches de feuilles de caïlcédrat. Lorsque les hommes ont fini la construction, les femmes prennent la relève, en crépissant les murs, avant de les décorer. Le crépissage se fait avec un mélange de terre, d’eau, de bouse de vache et de beurre de karité, le tout bien pétri pour former une couche qui imperméabilise les murs. Quant aux décorations, elles diffèrent d’une ethnie à l’autre, mais sont souvent de véritables œuvres d’art. L’entretien d’un « tata » est très difficile: il faut renouveler l’enduit tous les ans, changer la paille des toits, tous les trois ans... C’est ce qui explique que de nos jours, les Sombas construisent de plus en plus des maisons rectangulaires en béton avec un toit en tôle. Les « tatas » traditionnels sont donc menacés de disparition. D’ailleurs, dans certaines zones, on en voit de plus en plus en ruines.. Ils font pourtant partie du patrimoine architectural du Bénin et mériteraient d’être préservés...

Justine Thibault


Tapisserie d’Abomey (détail)

LES TISSUS DU BENIN

Au Bénin, comme dans beaucoup de pays africains, les tissus, souvent très colorés, sont bien davantage que de simples vêtements . Ils constituent un véritable marqueur social; ils incarnent l’appartenance à une ethnie, à un clan, à une famille. Le wax en est la parfaite illustration... Il existe plusieurs types de tissus, au Bénin, mais le plus répandu est incontestablement le wax hollandais. Il s’agit d’un tissu en coton imprimé, dont l’origine remonte à l’époque de l’arrivée des premiers européens, en Afrique de l’Ouest. Au XIX° siècle, les Hollandais recrutèrent des mercenaires ashantis de la Côte d’Or (l’actuel Ghana), pour aller lutter contre les Indonésiens, continuellement en révolte. Après avoir rendu de loyaux services, ces guerriers retournèrent dans leur pays, ramenant avec eux de jolis batiks indonésiens. Ces tissus eurent un énorme succès, aussi bien auprès de l’aristocratie ashanti, que du peuple. Le pagne batik eut bientôt la même valeur que l’or, dans toute l’Afrique de l’Ouest. Les Hollandais, en commerçant avisés, installèrent très vite des usines, chez eux, dont le seul but était d’approvisionner le marché africain. Aujourd’hui, le pagne n’est pas seulement un vêtement, c’est aussi un signe de reconnaissance sociale, un symbole reconnu et admis de tous. Les Béninois portent des tenues différentes pour chaque occasion: une fête, un baptême, un mariage, une cérémonie de fin d’apprentissage ou un enterrement. Les familles, parents et enfants, portent alors les mêmes costumes, arborant les mêmes couleurs. C’est un moyen d’identification et d’appartenance à un groupe. Lors d’un mariage, il n’est donc pas rare de voir dans les rues, des dizaines de personnes portant les mêmes motifs. Il y a également toute une

symbolique, au niveau de ces derniers. Par exemple, une femme ayant des enfants portera souvent un costume avec des coqs et des poules. Chaque nouvel évènement voit la sortie d’un nouveau modèle, à qui on donne un nom évocateur: « Tu sors, je sors » (sur ce modèle, on voit un oiseau sortir d’un nid et un autre prêt à le suivre), « Feuilles de piment », « Mon mari est capable », « L’œil de ma rivale » ou bien encore « Quand femme passe, les hommes trépassent ». Les femmes élégantes du Bénin rivalisent d’imagination pour baptiser le dernier modèle qu’elles convoitent, et d’ingéniosité pour être la première à le porter. Une partie de la production est réalisée au Bénin, par la Société Béninoise de Textile (SOBETEX), mais l’essentiel des wax est importé des PaysBas. Par contre, les motifs sont toujours dessinés par des Béninois et nombre de lycéens prennent des cours de dessin, afin d’en proposer de nouveaux aux entreprises textiles. De nombreuses jeu-

nes filles embrassent également le métier de couturière. Elles tissent des bandes de coton d’environ 30 cm de large, qu’elles cousent entre elles, pour fabriquer les tenues. Toutes les couleurs et tous les motifs sont permis. Seul le tissage avec des fils argent ou or est réservé aux familles royales. Aujourd’hui, le pagne connaît un léger déclin, au Bénin, du fait de son coût excessif et de l’arrivée des jeans et teeshirts « made in China », qui envahissent le marché ouest africain. Il existe d’autres tissus typiquement béninois, comme les appliqués. Spécialité d’Abomey (ancienne capitale), les appliqués sont traditionnellement le résultat de l’activité de plusieurs catégories d’artisans: fileuses, tisserands, tailleurs et brodeurs. Aujourd’hui, les tissus sont généralement importés, ce qui a pour effet de faire peu à peu disparaître

Le tissage traditionnel

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Un pagne wax

l’artisanat local et avec lui un savoir-faire original. Dans les derniers ateliers artisanaux, ce sont les femmes âgées qui filent le coton sur la fusaïole. Le fil ainsi préparé sert à tisser ou à coudre les étoffes. Ces dernières peuvent être teintes, dans un bain de teinture végétale (un rouge marron-violet provient de la préparation du sorgho pilé, un bleu noir de la macération de feuilles d’indigo, le jaune provient de la racine de gingembre sauvage, etc.). Ce sont les tailleurs et brodeurs qui réalisent les appliqués. Sur un fond uni, ils appliquent des pièces d’étoffes découpées, qu’ils cousent, après avoir rentré les rebords du tissu. Les tapisseries traditionnelles d’Abomey, où sont représentés les symboles des rois, sont le meilleur exemple d’appliqués.


ENSEMBLE, NOUS POUVONS FAIRE AVANCER LES CHOSES Notre monde est de plus en plus complexe, mais aussi de plus en plus inégal. Se contenter de regarder en regrettant que des centaines de millions d’enfants, dans le monde, ne bénéficient pas de conditions de vie décentes, qu’ils ne sont pas bien nourris, ou pas bien soignés, qu’ils sont maltraités, exploités ou simplement non scolarisés, ne nous satisfait pas. Nous sommes de plus en plus nombreux à agir, au nom de la solidarité, chacun à notre niveau. M. Kader Ndiaye, fait partie de ceux là. Laissons le nous expliquer qui il est... « Je suis Sénégalais et dès l’âge de 16 ans, je militais dans mon association de quartier, presque exclusivement dans le volet dit culturel (théâtre, récital de poèmes, chants et danses africains…), dans des activités de mobilisation sociale (nettoiement du quartier, cours de vacances pour les plus petits). J’ai la chance d’avoir un esprit critique, qui me permet de développer une indépendance de pensée, loin de tout mimétisme et des effets de mode. Il m’arrive de dire que je suis un pur produit du mouvement associatif où j’estime avoir appris le ‘vivre ensemble’, l’acceptation de l’autre avec ses différences, la conscience citoyenne, le refus de l’injustice, la solidarité, le soutien au faible, la générosité... Après des études dans une école nationale de formation administrative, j’ai embrassé le métier d’enseignant au primaire, puis de français et de philosophie, avant de suivre une formation pour devenir inspecteur de l’éducation populaire, de la jeunesse et des sports. Pendant 10 ans, j’ai travaillé dans ce secteur. Plus tard, je me suis investi dans la formation des jeunes à l’entreprenariat, dans le cadre de la promotion de l’emploi nonsalarié, à travers l’appui à la mise en place de microprojets générateurs de revenus : j’exerçais cette mission dans l’espace Afrique de l’Ouest, avec le soutien de la Francophonie. Au Ministère de la Jeunesse, j’ai beaucoup voyagé en Afrique et en France, avec des découvertes toutes

aussi riches et formatrices les unes que les autres. Au terme de ces dix ans d’exercice dans la fonction publique, j’ai été habité par une forte envie de plus et mieux servir, de m’épanouir davantage, avec un peu plus de liberté. Ainsi, j’ai cherché et j’ai trouvé dans la presse un appel à candidature pour un poste d’animateur à Aide et Action. Depuis, j’y travaille. A Aide et Action/programme Sénégal, j’ai d’abord été animateur (de 1993 à 2001), puis assistant pédagogique, puis responsable de zone (supervisant une équipe d’animateurs, jusqu’en 2005), puis responsable des partenariats et des financements institutionnels, et enfin responsable parrainage et vie associative. Depuis 2009, à la faveur d’une mutation, j’ai intégré la Direction régionale Aide et Action Internationale/Afrique de l’Ouest (qui couvre le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et le Maroc). Présentement, au sein de cette direction, je suis chargé de mission, responsable des partenariats avec la société civile, des dynamiques solidaires et de la conduite du processus vers les 3ème Etats Généraux. Responsable des partenariats avec la société civile : il s’agit de la gestion, au quotidien, de nos relations avec les autres O.N.G. et associations en vue de développer un partenariat dynamique pour l’amélioration du système éducatif. Un accent fort est mis sur des thèmes comme la lutte contre l’exclusion en éducation, une

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meilleure qualité des enseignements/apprentissages et une gestion décentralisée, qui favorise la responsabilisation des communautés, dans la prise en charge des questions éducatives. Ce plaidoyer est porté à travers des réseaux, comme la Campagne mondiale pour l’Education, le Forum social mondial et d’autres cadres d’action qui s’investissent à faire en sorte que les engagements pris par les Etats soient respectés pour l’atteinte des objectifs d’une éducation de qualité pour tous. Dynamiques solidaires en éducation : sur ce volet, je coordonne l’expérience en cours, portant sur les échanges entre une quarantaine de classes africaines (Bénin, Sénégal, Togo) et autant de classes françaises. A travers ceux-ci, nous voulons promouvoir une éducation à la solidarité internationale, brisant les barrières et les clichés, favorisant une connaissance et un enrichissement mutuels, dans un esprit d’égale dignité, de partage et de complémentarité. Ces échanges sont aussi un auxiliaire précieux pour améliorer les contenus d’enseignements. C’est dans ce cadre que j’ai eu à effectuer une mission en France en juin 2010, avec des collègues et partenaires français et que j’ai eu l’occasion, de rencontrer des membres du Club Parrainage, ce qui fut un énorme plaisir. Notre ambition est, d’ici 2012, de mettre en place un projet international, assis sur de solides partenariats, impliquant des acteurs de divers horizons, cons-

cients de la nécessité, à l’heure de la mondialisation, d’apporter une forte dose de solidarité, dans les rapports entre ‘citoyens du monde’. Conduite du processus vers les 3ème Etats Généraux d’Aide et Action: ces derniers sont un grand moment de réflexion, de débats, d’échanges, devant aboutir à l’adoption des orientations de l’association sur les 5 ans à venir. Ils tirent aussi leur importance en ce que l’association, devenue internationale, se compose aujourd’hui de régions qui doivent participer pleinement à la vie associative internationale. Ainsi, pour l’Afrique de l’Ouest, je suis chargé de coordonner ce processus de participation des acteurs de notre région. Toute ma vie est aujourd’hui consacrée à une réflexion permanente, un investissement quotidien au service de l’éducation. En cela, je me sens parfaitement à l’aise au sein d’Aide et Action, qui est ma seconde famille. « L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » (Nelson Mandela) et pour Aide et Action, « l’éducation change le monde ». J’y crois très fort. Et ce monde mérite des changements profonds, contre les injustices et les inégalités, pour l’égalisation des chances et pour que chaque individu y trouve sa dignité. »

Kader Ndiaye Directeur de la publication: M. J.-M. Dubus; Mise en page: M. Dollé; Rédaction des articles: les élèves du club parrainage.


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