La Main Tendue n° 14

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Bulletin du Club Parrainage du collège Paul-Bert d’Auxerre http://parrainagepaulbert.free.fr

n°° 14

0,50 €

Novembre 2012

LE CLUB PARRAINAGE INTERVIENT DÉSORMAIS DANS DEUX PAYS ( Voir notre article en page 2)

AFRIQUE

BENIN Onklou

Lohanatsahabe

Djalilou

Saina


L’année 2012-2013 sera pour le Club Parrainage du collège Paul Bert une année particulière: d’abord parce que plusieurs projets sont en cours, dont certains très ambitieux, et ensuite parce que le Club fêtera ses dix ans d’existence, une longévité que l’on doit à l’indéfectible motivation de ses membres, qui ont su, tout au long de ces années, transmettre le flambeau et leur expérience aux plus jeunes. Après avoir parrainé durant huit ans, Yvette, une jeune béninoise de la ville de Ouidah, le club parraine désormais un jeune garçon, prénommé Djalilou, élève de l’école primaire de Onklou (dans le nord du Bénin), ainsi qu’une jeune malgache, Saina, depuis seulement quelques mois. Cette action de parrainage se fait par l’intermédiaire d’Aide et Action, une organisation internationale non gouvernementale, qui œuvre, depuis 1981, pour l’amélioration de la scolarisation des enfants, dans les pays en voie de développement. Chaque année, le Club anime un certain nombre d’actions, dont le but est de récolter de l’argent, qui sert ensuite à l’achat de matériel scolaire, pour ses filleuls et leurs camarades de classe. Cette année, le Club compte trente-cinq membres de la sixième à la troisième, qui tous ont envie de s’investir, pour offrir à des jeunes comme eux la possibilité d’aller à l’école, sans jamais perdre de vue trois grands principes: « Patience, rigueur et respect d’autrui ».

UN PROJET AMBITIEUX POUR LES DIX ANS DU CLUB Après avoir ouvert une seconde antenne, à Madagascar, en janvier dernier, nous nous sommes lancés dans un grand projet, afin de marquer par un acte fort le dixième anniversaire de notre Club: l’aménagement d’une bibliothèque au Bénin. La première étape est déjà en cours de réalisation... Bilan de l’année 2011-2012 Le bilan financier est moins bon que les années précédentes et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord il n’y a eu qu’une seule série de réunions parents professeurs, au lieu de deux les années passées. Bien que notre exposition et la vente de gâteaux et boissons aient rencontré le même succès que d’habitude, les bénéfices eux, sont de fait deux fois moins importants (environ deux cent trente euros), ce qui nous pose un réel problème, car nous avons désormais deux parrainages à financer, et cela représente presque cinq cents euros annuels. Notre petit journal, qui est vendu durant ces mêmes réunions, n’a pu faire paraître qu’un seul numéro au lieu de deux, ce qui représente également un réel manque à gagner. Par ailleurs, il n’y a pas eu non plus, l’an passé, de soirée loto, à laquelle nous participions traditionnellement, et qui rapportait quelques subsides. Il va donc falloir que nous redoublions

d’efforts cette année, afin de faire rentrer dans nos caisses l’argent qui nous est nécessaire pour poursuivre nos actions. Nous tenons à remercier toutes les personnes qui se sont intéressées à ce que nous faisons, en venant voir notre exposition ou en nous achetant quelque chose, ainsi que les parents qui ont mis la main à la pâte pour confectionner les succulents gâteaux. Le bilan au niveau des actions est par contre très positif. En effet, depuis janvier dernier, le Club a franchi une nouvelle étape, car sans rien abandonner de nos actions au Bénin, nous avons pris la responsabilité d’entamer une seconde mission, mais cette fois, dans un autre pays, Madagascar, afin de découvrir une nouvelle contrée et sa culture. Nous sommes ainsi devenus les parrains et marraines de Saina, une petite fille d’une dizaine d’années, qui habite dans un village du Nord Est de l’île (voir nos articles en pages 6 et 7). C’est pour nous

à la fois une nouvelle porte qui s’ouvre, mais aussi un véritable challenge, car cela va nous permettre de voir si nous sommes capables d’exporter notre expérience, dans un pays où nous n’avons à ce jour aucun ancrage. En ce qui concerne le Bénin, nous avions pu envoyer, en novembre 2011, par l’intermédiaire de Joigny Baobab, une dizaine de colis remplis de livres, de dictionnaires et de petits matériels scolaires. Après les tribulations administratives habituelles, ces derniers sont arrivés à bon port, au siège d’Aide et Action Bénin, mais seulement en février 2012. Une grande cérémonie a été organisée à Onklou, le village de notre filleul Djalilou, le 2 mars suivant, en présence des personnalités locales, afin de faire la distribution de tout ce matériel aux écoles et au collège du secteur. Tous les élèves qui avaient participé au concours de dessins que nous avions organisé, l’an passé, ont reçu un petit livre, à cette

M. Dollé, coordonnateur du Club Parrainage

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La vie du Club. Des nouvelles de Djalilou Des nouvelles de Saina Reportage: la région de Lohanantsahabe P 8 Les 10 ans du club.

Remise des colis aux directeurs du complexe scolaire d’Onklou

Le représentant des élèves

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occasion. La cérémonie s’est achevée par des allocutions: les représentants des élèves, des enseignants, des parents et même des autorités locales, parmi lesquels un ministre du roi d’Onklou, ont pris successivement la parole, pour nous remercier et pour réaffirmer leur engagement pour l’éducation. Nous avons vraiment été très touchés par leurs témoignages de gratitude et cela nous a motivé encore davantage. Le directeur de l’école primaire de notre filleul a même obtenu du chef d’arrondissement la mise à disposition d’un local, pour installer provisoirement une bibliothèque, afin de gérer le plus efficacement possible les livres et encyclopédies que nous leur avons offerts. C’est ce qui nous a donné l’idée de constituer un dossier de demande de subvention, dans le cadre des Projets Jeunes d’Envie d’Agir (voir plus loin). Durant cette année scolaire, nous avons eu à deux repri- M. Niangane ses l’occasion de nous enrichir culturellement. Nous avons tout d’abord eu le grand plaisir d’accueillir, lors d’une de nos réunions hebdomadaires, M. Ladji Niangane. Depuis plus de trente ans, ce dernier se bat dans son pays, le Mali, et dans toute la région du fleuve Sénégal, pour développer une agriculture familiale forte et diversifiée, dans le respect de l’environnement. Dialoguer avec lui a été très enrichissant; nous lui avons posé plein de questions et cela nous a permis de mieux comprendre les problèmes et enjeux de la région du Sahel. Nous avons aujourd’hui une pensée affectueuse pour lui, car son pays a été secoué par de graves troubles, quelques jours seulement après son passage parmi nous. En juin, nous avons ensuite fait une petite visite en images du Burkina-Faso, un pays qui se situe au nord du Bénin,

Elsa encore gagnante du concours d’Awalé: trop forte !

grâce à Mme Vanzèle, professeur d’histoire, qui nous a fait profiter de son expérience, suite à un voyage qu’elle a fait dans cette lointaine contrée. Nous avons fini l’année par notre traditionnel petit tournoi interne d’awalé. C’est Elsa, qui l’a finalement emporté pour la seconde année consécutive, au terme d’une belle finale, qui l’a opposée à Dylan.

local est un peu comme une coquille vide. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de l’aménager, en « engageant » un artisan sur place, au Bénin, qui réalisera le mobilier nécessaire (meubles de rangement, tables, bancs…). Pour financier ce projet, nous avons décidé de constituer un dossier de demande de subvention, dans le cadre des Projets Jeunes d’Envie d’Agir, organisé par la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de l’Yonne). Co mme ce « concours » est réservé à des jeunes de moins de vingt-cinq ans, M. Dollé, notre professeur coordonnateur, a tenu à ce que nous montions nousmêmes notre projet. Lors de plusieurs réunions hebdomadaires, nous avons donc constitué notre dossier, en autonomie, sous l’égide d’Elsa, notre

Une subvention pour notre projet de bibliothèque Suite à la mise à disposition d’un local, à Onklou, afin d’installer une bibliothèque pour les livres et encyclopédies que nous avons fait parvenir à nos amis béninois, l’idée nous est venue d’aller plus loin et de monter un projet ambitieux, qui constituera un acte fort et symbolique pour le dixième anniversaire de notre club. A ce jour, à l’exception des livres, ce

L’équipe de choc: Suzanne, Elsa, Dylan et Maxime

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responsable élève. Nous avons dû réfléchir à tous les aspects du projet: son but, sa faisabilité, la chronologie de sa réalisation, les matières premières nécessaires, son financement… Le plus difficile a sans doute été de mettre par écrit, dans des cases préétablies, toutes les idées que nous avions brassées collectivement. Mais nous y sommes finalement parvenus et avons déposé notre dossier en avril. Le 6 juin, Elsa, Maxime, Suzanne et Dylan, sont allés le défendre devant un jury, au nom de tout le Club. Soutenus moralement par M. Dollé, qui a tenu à les laisser se présenter seuls face au jury, ils se sont débrouillés comme des chefs. Contrairement à la plupart des représentants des autres projets, ils ont su convaincre, sans lire aucune note. Quelques semaines plus tard, la bonne nouvelle est tombée: nous avons obtenu une subvention de sept cent cinquante euros, complétée par un don de deux cent cinquante euros, de la part du F.S.E. de notre collège, le reste des dépenses étant pris en charge par le club luimême. La première étape de réalisation du projet est d’ores et déjà en cours. Nous avons envoyé un mail à Mme Sylvie Hinson, responsable des parrainages à Aide et Action Bénin et lui avons demandé de contacter les autorités d’Onklou, ainsi que les parents d’élèves, afin qu’ils établissent une liste de leurs besoins avec une estimation des coûts. Il n’est en effet pas envisageable pour nous de faire ce projet, sans impliquer directement la communauté villageoise, qui sera au final la bénéficiaire de ce nouvel espace de culture. C’est à cette dernière également qu’incombera, dans un second temps, la tâche de recruter sur place un artisan menuisier, pour réaliser le travail. Mme Hinson nous a assuré de son total soutien, ainsi que de celui de son équipe. Nous l’en remercions vivement.


La nouvelle équipe Une fois de plus, le Club Parrainage a été « victime » de son succès. Après le départ des troisièmes, parmi lesquels se trouvait Elsa, notre ancienne responsable, que nous saluons affectueusement au passage, nous avons fait en septembre une réunion des « anciens », pour voir combien de places nous pouvions proposer pour de nouvelles inscriptions. La grande majorité des membres de l’an passé ayant rempilé, il ne restait guère qu’une petite dizaine de places possibles pour des nouveaux. Nous avons donc choisi, avec M. Dollé, de faire une réunion unique d’information, durant laquelle les documents d’inscription seraient distribués. Mais, une bonne vingtaine de camarades se sont présentés à cette réunion, apparemment très motivés pour nous rejoindre. Afin de rester avec un nombre raisonnable de membres, M. Dollé a décidé que les dossiers d’inscription ne seraient acceptés que jusqu’à la récréation du lendemain matin. Cela n’a pas vraiment donné le résultat escompté. A huit heures cinq, dix sept dossiers avaient été déposés. C’est vous dire l’envie de nous rejoindre de tous ces camarades. Tout le monde ayant joué le jeu, nous les avons tous bien entendu acceptés, mais nous nous sommes retrouvés à trente-cinq, ce qui est bien trop pour fonctionner de manière efficace durant nos réunions du mardi. M. Dollé a donc pris la décision de scinder le groupe en deux: les « anciens » viennent toutes les semaines, mais les nouveaux viennent, soit en semaine paire, soit en semaine impaire. Au départ, nous avions pensé que cette situation ne durerait que le temps que certains éventuellement se désistent, ce qui arrive parfois, afin de redescendre sous la barre des trente, mais à ce jour, nous sommes toujours trente cinq, tous plus motivés les uns que les autres. Après dix ans d’existence, notre

La nouvelle équipe

club est toujours aussi dynamique. Comme chaque année, nous avons démocratiquement choisi un responsable. Il s’git de Maxime Pannetrat, élève de 3°D, qui prend donc la succession d’Elsa. Maxime s’est déjà illustré l’année passée, notamment en faisant partie du quatuor qui a défendu notre projet de bibliothèque, devant le jury de la DDCSPP. Une petite nouveauté toutefois, nous avons également élu deux coresponsables, afin de seconder Maxime: Suzanne et Yanis. Une année chargée en perspective Avec deux parrainages à gérer, les réunions parents professeurs à préparer, notre projet d’aménagement d’une bibliothèque à Onklou à construire et piloter, nous avons un programme bien étoffé. D’ailleurs, les affaires ont déjà repris, puisque Joigny Baobab, par l’intermédiaire de sa présidente, Mme Thèrèse Brayotel, nous a fait savoir qu’une petite place nous était d’ores et déjà réservée, dans le prochain conteneur qu’ils affrèteront, fin novembre, pour le Bénin. C’est pour nous l’occasion rêvée de faire parvenir du matériel scolaire, mais aussi des livres à nos

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amis béninois et d’enrichir ainsi la future bibliothèque d’Onklou. Nous remercions une fois de plus nos amis de l’association Joigny Baobab, qui non seulement font un travail remarquable (voir leur site), mais qui en plus ne nous oublient jamais. Sans eux, nous ne pourrions pas être aussi efficaces que nous le sommes, car nos modestes finances ne nous permettraient pas d’envoyer autant de choses en Afrique, du fait des frais de port. Dès l’annonce de cette très bonne nouvelle, nous avons lancé une opération de collecte de livres susceptibles d’être intéressants pour des élèves de niveau primaire ou collège. Certains membres du club n’ont pas hésité à démarcher les commerçants et cela a donné de bons résultats. Des parents d’élèves nous ont également fait des dons, comme par exemple une encyclopédie « Tout l’Univers » complète. En seulement une semaine, nous avons collecté tellement de livres, qu’il n’est pas certain que nous puissions tout envoyer en une seule fois. Nous remercions toutes les personnes, qui nous ont fait confiance, en notre nom mais aussi en celui de tous ces jeunes béninois, qui auront prochainement le plaisir de parcourir tous ces ouvrages.

Dès que les réunions parents professeurs seront passées, nous nous attaquerons à quelque chose qui nous tient particulièrement à cœur: l’organisation du dixième anniversaire de notre club. Nous n’avons pas encore décidé quelle forme cela prendra, mais nous aimerions organiser une soirée festive, sans doute au printemps 2013, où nous inviterons les anciens, ceux que nous appelons les « ancêtres», c’est-à-dire les fondateurs du Club, et où nous espérons vous voir également nombreux, vous qui nous suivez et nous soutenez, parfois depuis plusieurs années. Nous envisageons également d’aller à la rencontre de nos ainés, en nous rendant dans une maison de retraite, pour organiser une initiation et un petit tournoi d’awalé. Cela permettra en plus de faire connaître Aide et Action, l’association avec laquelle nous travaillons. Dès que tout cela prendra forme, nous informerons les personnes intéressées par l’intermédiaire d’affiches mais aussi par notre site (http:// parrainagepaulbert.free.fr), qui va bientôt atteindre les cinquante mille visiteurs (depuis 2009), ce qui fait une moyenne d’une trentaine de visites journalières...

Les élèves du Club Parrainage


C’EST L’ANNEE DU C.E.P. POUR DJALILOU Déjà trois ans que nous suivons notre petit filleul béninois, trois ans durant lesquels les efforts réalisés par Djalilou lui ont permis de surmonter ses difficultés et de progresser. Cette année scolaire qui commence sera très importante pour son avenir... Durant l’année scolaire passée, Djalilou a eu tout loisir de jouer son rôle d’ambassadeur auprès de ses camarades, notamment lors de la remise des colis que nous avons fait parvenir au Bénin, grâce au conteneur de Joigny-Baobab. A cette occasion, il a également reçu des cadeaux, dont une trottinette et du matériel scolaire. Lorsque le directeur de son école lui a remis ces derniers, il a été un peu surpris par le poids et a failli tout faire tomber. Très touché par autant de bienfaits, Djalilou nous a chaleureusement remerciés par un très gentil courrier, en son nom mais aussi en celui de sa famille et de ses camarades. Au niveau scolaire, notre filleul a rencontré quelques difficultés en français et en mathématiques. Un groupe d’étude a aussitôt été mis en place, par son instituteur, M. Mamoudou, pour lui et quelques camarades. Son père lui a pris un répétiteur à la maison, et peu à peu les notes se sont améliorées. Courageux, Djalilou a compris tout le sens de l’école, qui lui per-

mettra de se construire un meilleur avenir. A la fin de l’année, ses résultats lui ont permis de passer dans la classe supérieure. Il est donc désormais en CM2, une année très importante, car elle s’achèvera par le C.E.P. (Certificat d’Etude Primaire). Il s’agit d’un véritable examen, mais tous les élèves ne l’obtiennent pas, loin de là, surtout que la région où se trouve Onklou est celle qui a

obtenu les plus faibles taux de réussite, à la dernière session: 70,5 % pour 82,2 % au niveau national et 89,6 % pour la région littorale. Rien n’est donc gagné, mais nous savons pouvoir compter sur Djalilou, pour faire les efforts nécessaires et se donner ainsi toutes les chances de réussite. Nous lui enverrons, tout au long de l’année, des tas de pensées positives pour l’encourager. Une fois le C.E.P. en poche, il

Djalilou recevant ses cadeaux

Le dernier courrier de Djalilou

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faudra encore qu’il réussisse le concours d’entrée en sixième, pour pouvoir poursuivre ses études au collège. Normalement, notre parrainage prendra fin, en ce qui le concerne, à la fin de sa scolarité primaire, mais nous caressons l’espoir de pouvoir continuer à avoir de ses nouvelles, comme nous le faisions pour Yvette et Yvonne, dont nous avons hélas perdu la trace, depuis deux ans.


NOTRE NOUVELLE FILLEULE: SAINA Depuis le mois de janvier dernier, nous avons entamé un second parrainage, mais à Madagascar, cette fois. Notre filleule s’appelle Saina, elle a une dizaine d’années et habite le village de Lohanantsahabe, dans le Nord Est du pays. Saina est issue d’une famille Tsimihety, une ethnie du Nord Ouest de Madagascar. Sa langue maternelle est le dialecte que l’on pratique dans le Nord de l’île. Elle apprend le français à l’école, car c’est une des langues officielles du pays et la langue utilisée le plus communément dans l’administration. Née vers 2003, Saina est élevée avec son petit frère Brayane, âgé de trois ans, par sa mère Irène. Cette dernière est agricultrice et commerçante. Elle cultive essentiellement du riz, qui est la base de l’alimentation de la plupart des Malgaches. Elle élève également quelques volailles et une truie, mais ses revenus restent très modestes; c’est pourquoi Saina a été intégrée dans le dispositif de parrainage d’Aide et Action, afin qu’elle puisse aller à l’école. Après la classe, Saina aide sa maman pour les tâches ménagères. C’est elle qui est chargée du ravitaillement en eau de la maison et qui fait la vaisselle. Elle est fière de se rendre utile, car elle sait que sa maman, qui les élève seule et qui travaille dure, ne peut pas tout faire. Une fois ses tâches quotidiennes effectuées, Saina aime jouer avec ses camarades, notamment à la poupée de chiffon, appelée « papoety ». Toutes les fins de semaine, elle se fait tresser

les cheveux par une amie, l’une coiffant l’autre à tour de rôle; elle aime beaucoup ce moment. La petite famille habite une modeste maison en bois, dans le village de Lohanantsahabe, à trente six kilomètres de la ville côtière de Sambava, dans la région Sava. C’est une superbe région, où se situe le parc national de Marojejy (voir notre article en page 7). Le village compte environ 1800 habitants, qui appartiennent à différentes ethnies. Saina est scolarisée dans l’école primaire publique, qui a été créée en 1949, par M. Belalahy. C’est la plus ancienne école de toute la commune. Elle est composée de cinq bâtiments et compte onze classes. Près de six cents élèves y sont scolarisés, qui viennent de Lohanantsahabe et des villages environnants, ce qui fait près de soixante élèves par classe. Ils sont encadrés par dix enseignants, dont huit sont payés par l’association des parents d’élèves et par une subvention de l’Etat. Cela montre à quel point les parents ont conscience de l’importance de l’école pour l’avenir de leurs enfants. Saina a fait son entrée en CE2, il y a quelques semaines. D’après la directrice, c’est une élève sérieuse, soucieuse de bien faire et qui fait partie des meilleurs éléments de sa clas-

se. Nous allons faire tout notre possible pour l’encourager à continuer ses efforts et nous sommes d’ores et déjà heu-

reux des progrès qu’elle a faits. Nous lui avons envoyé un premier colis et lui en préparons un second pour Noël.

Saina

Le dernier courrier de Saina

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LA REGION DE LOHANANTSAHABE Sambava

Le village de Lohanantsahabe se situe à trente six kilomètres de la ville côtière de Sambava et aux portes d’un des plus beaux parcs naturels de Madagascar. C’est l’environnement dans lequel vit notre nouvelle filleule, Saina. Lohanantsahabe se trouve à proximité de la source d’un ruisseau appelé Antsahabe, d’où le nom du village. Le climat, de type tropical humide, se caractérise par des températures élevées et une abondance de précipitations, durant toute l’année. Il n’y a pas de véritable saison sèche, d’où la verdure des paysages et la luxuriance de la végétation. Peuplé d’environ 1800 habitants, c’est un village pluriethnique, puisqu’on y trouve des familles d’origine Tsimihety (comme celle de Saina), Betsimisaraka, Merina et Betsileo. La religion traditionnelle occupe encore une place importante dans cette région de Madagascar. On y pratique le culte des ancêtres et la vénération de lieux, d’arbres ou de pierres sacrées, que les gens pensent habités par des êtres mystérieux appelés raha ou tsigny. Cela n’empêche pas la pratique en même temps du christianisme et de l’Islam. En dehors de l’école primaire, le village de Lohanantsahabe dispose d’un marché hebdomadaire et d’un dispensaire, tenu par une sage-femme et un infirmier, mais le manque de moyens oblige souvent les malades à faire appel à un guérisseur traditionnel. L’électricité n’est pas encore arrivée jusqu’au village, mais des bornes fontaines permettent désormais aux habitants de s’approvisionner en eau potable plus facilement. Lohanantsahabe se situe à trente six kilomètres de la ville côtière de Sambava, qui est le chef lieu de la région Sava. De par sa situation géographique, la ville, qui comp-

Un village dans la région de Sambava

Sambava Le parc national de Marojejy

Le Sifaka soyeux

te quelques 32 000 habitants, est un carrefour, par où passent les routes qui vont vers le Nord, l’Ouest ou le Sud. L’activité principale de la région est l’agriculture; on y

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pratique les cultures du riz, du maïs, du manioc, de la patate douce et de l’igname, destinées à fournir l’alimentation des populations locales, mais aussi celles du café et de la

Lohanantsahabe

vanille, qui sont destinées à l’exportation et qui ont connu un développement important, ces dernières années. Lohanantsahabe se trouve aux portes du parc national de Marojejy, qui couvre 55 500 hectares sur le massif du même nom. Cet espace naturel protégé a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, en 2007. Sa biodiversité et la splendeur de ses paysages font du parc un lieu magique, où l’Homme peut contempler la beauté de la nature, tout en prenant conscience de sa fragilité. Les reliefs escarpés et les microclimats locaux ont créé une multitude d’habitats différents, qui se succèdent sur les versants, en fonction de l’altitude ou de l’orientation géographique. On y trouve pas moins de 2000 espèces de plantes et fleurs, 118 espèces d’oiseaux, 148 espèces de reptiles et d’amphibiens et 11 espèces de lémuriens, dont le sifaka soyeux, une des espèces les plus menacées, puisqu’on ne dénombre plus qu’un millier d’individus dans le monde. Une seule piste mène de l’entrée du parc au point culminant de la chaîne de montagnes, à 2132 mètres, le long de laquelle trois campements sont disposés, pour les expéditions.


UNE GRANDE AVENTURE DE SOLIDARITÉ Le Club Parrainage du collège Paul-Bert existe maintenant depuis dix ans. Affilié à Aide et Action, il a pris le temps de grandir et de murir, s’enrichissant chaque année un peu plus. La clé de son succès réside sans doute dans son fonctionnement même. M. Dollé, professeur coordonnateur, a apporté l’idée en 2002, mais a très vite tenu à ce que les élèves s’approprient leur club… Toutes les décisions sont prises démocratiquement, dans le respect de trois principes qui sont devenus une devise: « rigueur, patience et respect d’autrui ». Le Club ne fait pas d’assistanat, il aide par ses actions la communauté villageoise à améliorer les conditions de scolarisation. Chaque année, les ainés partent vers d’autres horizons et de nouveaux membres prennent le relais, pour poursuivre cette magnifique aventure de solidarité, dont voici un bref résumé des étapes essentielles...

2002 2003 2003 2004 2004 2005 2005 2006 2006 2007 2007 2008 2008 2009 2009 2010 2010 2011 2011 2012

- Octobre 2002: M. Dollé propose à trois classes de cinquième de faire un parrainage, dans le cadre du cours d’éducation civique. Deux classes de quatrième, chargées de réaliser des cartes de vœux destinées à financer le projet, les ont ensuite rejoints: cent vingt-deux élèves sont ainsi devenus les parrains et marraines, pendant un an, de la classe de CM2 de Kandia, au Sénégal. - Septembre 2003: quinze élèves volontaires, ayant participé au projet de Kandia, créent le Club Parrainage. Nous les appelons affectueusement les « ancêtres ». Ils mettent en place le fonctionnement démocratique du club, prenant toutes les décisions eux-mêmes (actions, gestions des fonds…). Ils lancent le premier parrainage individuel, celui d’Yvette, une jeune béninoise scolarisée à Ouidah. - Peu à peu, le Club s’organise: participation aux réunions parents professeurs, durant lesquelles les élèves vendent des boissons et gâteaux, et présentent leur travail à travers une petite exposition; première collaboration avec le Conseil Général qui offre cinquante dictionnaires; organisation d’un concert de solidarité, à la salle Vaulabelle, avec la chanteuse Chantal Eden (le 4 mai 2005). - Le Club intensifie ses actions en confiant des colis de matériels scolaires à des personnes se rendant au Bénin. Le premier numéro de la « Main Tendue » paraît en décembre. - Une liaison directe est établie, via Internet, avec Mme Patricia Saizonou, responsable des parrainages à Aide et Action Bénin, qui devient rapidement une amie. - 9 mai 2007: Une délégation d’élèves participe au Forum Jeunes Solidaires, organisé par le mairie d’Auxerre. - 29 mai 2007: second concert de solidarité avec Chantal Eden, au théâtre municipal, qui remporte un grand succès. - Patricia Saizonou, de passage en France, vient rendre visite au Club Parrainage, avec des membres d’Aide et Action: un grand moment d’échanges et de convivialité. - Novembre 2007: Joigny Baobab propose, pour la première fois, une place dans un conteneur qu’il affrète pour le Bénin: cela permet d’envoyer cent kilos de matériels scolaires à l’école de notre filleule. - Juin 2008: organisation d’un grand tournoi d’Awalé. - Septembre 2008, une délégation de quatre membres participe au Forum National des Bénévoles d’Aide et Action, à Marly-le-Roi. Le Club est reconnu pour son efficacité. - Le parrainage d’Yvette prend officiellement fin, mais Patricia Saizonou accepte, à titre privé, de continuer à servir d’intermédiaire, ce qui permet de poursuivre l’action. Un second parrainage, celui de Djalilou, qui habite Onklou dans le Nord du Bénin, est entamé. - 14 avril 2009: le Club inaugure son site Internet. - Sylvie Hinson remplace Patricia Saizonou, comme responsable des parrainages, à Aide et Action Bénin et devient donc la partenaire privilégiée du Club, sur place. - 30 mai 2010: organisation d’une grande soirée loto, avec le FSE et le Club Planète. - Du fait du nombre grandissant de membres, le Club décide de choisir désormais démocratiquement un(e) responsable élève, chaque année: Camille est élue à ce poste. - 17 juin 2011: la seconde soirée loto, organisée conjointement avec le FSE et le Club Planète, rencontre un vif succès. - 25 juin 2011: une délégation de membres participe, à Paris, au Forum National de l’Engagement Bénévole d’Aide et Action. - Janvier 2012: les élèves décident d’entamer une seconde mission de parrainage, mais dans un autre pays: c’est le début de l’aventure malgache avec Saina. - Juin 2012: le Club obtient une subvention de la part de la DDCSPP, dans le cadre des Projets Jeunes, pour réaliser son projet de 8 bibliothèque au Bénin...

Les « ancêtres »

Yvette en 2003 et 2009

Chantal Eden en 2007 Saina

Djalilou

Le Forum des Bénévoles 2011 Directeur de la publication: M. Ferrand; Mise en page: M. Dollé (professeur d’histoire); Rédaction des articles: les élèves du club parrainage. Remerciements à tous ceux qui nous ont aidés.


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