Asymptotes

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a ss yy m p tt o o tt ee ss nous sommes quelque trente-six-mille droites, dessinées par un oubli... nous sommes un quelque trente-six-mille, réduits à toujours rester aussi dignes que l’effacement de nos lignes. quand à nos lignées, nous ne pouvons que subir le -isme de leur ostracisme... nous ne sommes que continuités de points, de moments, dirigés par quelques marges et quelques déroutes. nous sommes aussi tracés que nos acheminements, nous croyons souvent au hasard, mais nous suivons nos trajectoires, nos chemins, nos destinées, sans brancher, sans crier quand une autre de nos lignées devient gauche, se mêle à nos points et choisit un autre chemin. la nature fait tache en nous, et quand nos quelques perceptions d’elle nous font défaut, nous coulons, nous mélangeant à cette chose, nos lignes en souffrent, en deviennent liquides, nos couleurs se diversifient et nous suivons cette chute, lente, macabre mais paradoxalement plus colorée. certains d’entre nous survivent, ils passent leurs chemins et retournent à leur droiture, d’autres continuent dans leurs fatalités discontinues et gauches. nous, nous sommes cette minorité qui a préféré l’humain au parfait. nous en avons été disgraciés, chatiés, éparpillés par les lignées droites, alliées des gauches désormais, et forçonnés par nos natures, nos ratures et nos couleurs. nous atterrissons tous au sol, mais ce que la nature a fait de nous nous est à jamais irréversible. décembre 2010


chair, os et bleu ciel 1

technique mixte sur toile, 130 x 100 cm, automne 2010.

no us so m m es q u e lq u


chair, os et bleu ciel 2

technique mixte sur toile, 130 x 100 cm, automne 2010.

e tr e nt e- si x- m ill e d ro ite s, d es si n ĂŠ es p ar u n o u b li. ..


chair, ocres et oxydes technique mixte sur toile, 183 x 92 cm, automne 2010.


quand mon ogre se mele à ton ocre. noir, couleur ? coule quand meme, cale le gauche, à droite ? mes parts sont des lignes droites. on est droits et droitiers, sauf quand léonard simule sa droiture dans un miroir. je suis blueue à l’idée que ce vieux presse ses oranges à l’ombre d’un oranger. mon marginal préfère, pourtant, les pommes, et pour pécher des deux cotés, il a bien des couilles. et même quand c’est droit, je ne dois pas castrer mes mots. les lignes sont toujours musique. je révèlerais bien le secret de l’Ôté,

l e s

r i r e s

mais il eut fallu enlever T à peinTure, ... à S aT i e T n u ve on enlè s . comme s a t i r i q u e t n e v u o s o n t s titre : les gosses d’une Gnossienne


embuées 3

acrylique sur toile, 120 x 90 cm, automne 2010.

« Dancing in the rain » ou l’apothéose de la nature sur ma pauvre fenêtre martelée. Je ne pense pas sortir ce matin, ni pour m’acheter du pain, ni pour noyer mon chagrin. Je vais prendre une chaise, là, m’assoir le nez collé aux carreaux de ma vitre et voir mourir les larmes au loin, au sol, sur le trottoir d’en face. Je vais quitter mes occupations turlupinées d’un parfait citoyen intègre, m’oublier moi, ma barbe naissante, mes trentes années glorieuses, mes rêves artistiquement corrects et mon déjeuner qui doit sûrement brûler en ce moment. Je griffonnerai un « je t’aime » anonyme


sur le verre embué, et comme pris sur le fait, j’essuirai le tout avec la manche de ma chemise soigneusement répassée. Quand je me serai lassé de mon manège improvisé, j’aurai l’air un peu désolé, le ciel se verra dégagé, la brume de ma mélancolie m’aura surement épargné et mes pensées se travestiront en de joyeuses comptines printanières. Entre temps, mon déjeuner aura officiellement le goût du roussi, et moi j’aurai faim. Je reprendrai, le ventre creux, le vieux rythme des journées fatigantes, j’irai au boulot et je lâcherai entre deux pauses cigarettes une injonction ironique : « Quel temps de chien ! »

embuées 2

acrylique sur toile, 120 x 90 cm, automne 2010.


le compromis (ou automnales) acrylique sur toile, 100 x 243 cm, automne 2010.



Amer,

Amer,

Amer,

, ar raage , rrage, ma o i r. am ar ra geam o ir. d e n o iru.s e d e n n e d use use a g e r r a ge em e r ur angee m e r r e m e ’ n n barsies.o m barsies.o m b r i e . orm u r do’uu c e u rodu’uc e u r d s e s c e a r u e e c r o D D D Anc Anc A n c e, u r s , rs, n o i rrs

o ireucleqesuune os irc e u u lqseudeqesu eqnlq e u e q g i t e s d d e s s v e e s tiagu x s ti g l ,’oa cxcriyrveaie,en,ta uc xoynvasenutmcéoen s! u m é e ! n uuceeri el’o nnul’a Q u e l’oQ Q , , l’a e e t ren !p e i n t r e ! emin!otnre p! e in ée yyadynéatnot xoy dx éy d é e , l ’a y a n t c o nms ou nm p l’auy a n t ol’alx’a o m A u x p rA e soen la is s en l a i s s is is exs parvis la n o Aeuecxsm o a l’ l’ ’ po ue Que Q u e l rvie nscsetsm r eaosv,nQ enso,nm o n es ct rom m t r esst reetst rm sa roent m a r ,em g etsr .e s geet sm . arg . .e s . agitée agitée mer mer sol d’une au d’une s, aus,sol , salée , salée s salies s salies larme larme Aux Aux

L u m ièLreusmaièAreu sx al a r m e s s a l i e s , s a l é e s , a u s o l d ’ u n e m e r a g i t é e . v e u g lavnetule g la c h a în ecsh adîn s natv ele s alevse u g le s dp u etes m u sLte h b it uhéasbait u é s a mp i èsr .e s auv g . um e u g l a na ux Im m uaIm t l e s a v e ux blm bl es u xoi esua , dr ,adr oi te c te h s, s, u a fin esî,nfin g es l e e san , bl bl s an h du ch ch t ie e ms.p s . ie s. e a b i teu é s

n cdti o n d oa Immuables, droit a cetifr eins ,fifrbm m fi ein s ,n fe i e n e n u u r r l a n u u c o o h i p p sre . ssd u re s deule ùvile ’éslo g e so m e not m da’énlo de ed o e so ù t g vi e e d Ta n t T t n m m n n s dua n s u de seconde . . fime fraction s e c o nsdeec odnadneu n i rs rs u u e n jo jo u u u r u to to o t t p n n ges o re eures, perdu ’é lu e rd edrd s , nptre Ta ù les dures h h e u rehse, upre o e i v e d t n e m temptemp ole n mdonc ir le ir le s un d’en trevo s trevo le s d’en na ndonc a-t-oda-t-o Mais Mais . s r u o j e u o e agité t t men t ren e mer telle telle men t agité

eux d’un eux d’un e mer ciel crém ciel crém s, trevoir le ciel crénoire es es o n c l e t e m p s d ’e npo de vagu vagu de M a i s a -noire t - o n ds, rg u ese r d’y d’yseapo it ra it ffi ra ffi su su s noires, qu e’ u nité e’ile rqu l l e m e n t a g i t é e d e vet t mag t e ’il tx dag en e m en e uité lem tel lem tel et , fat iveale n su n su s’e s’eive er pied pour de ya de p o sale no ya ’ y, fat queemno po ur d po pie d pie n t ea g i t é e q u ’ i l s u f f i r a i t d equ t e l l ur ?ine ? tale et certaine ? inerta ce rtace q u e n o y a d e s ’e n s u i v e , f a

D i t e sD-i tl ees-- m ct e m l ep st e? m Dites-le-moi, donc ? ps ? l a-t-on e -o mio,i , aa -- tt- oo nn d od n le co ln etemps


recette d’un ama

r r a g e.

recette d’un ama r r a g e

prenez un homme, ni grand ni petit, ni beau ni laid, ni bon ni m a u v a i s. tenez-le droit, bien droit, entre deux lignées d’autres h o m m e s. prenez un homme, ni grand ni petit, ni beau ni laid, ni bon n i m a u v a i s. tout aussi i n t è g r e s. tenez-le droit, bien droit, entre deux lignées d’autres recette d’un ama rhc rol i m ac m es placez-le dans une vie bien jaune pour éviter quelques hgée s. tout aussi i inndt i èg ge sr et ess.. déplacez-le d’un chapitre à un autre etquelques faites-lui ii m rs. placez-le unenivie biennijaune éviter prenez undans homme, grand petit, pour ni beau ni laid, ni bon ncisl m acuuhvlaéei s. des droitures à la fin de chaque t o u r m e n t. i nhdaoi g e s t ense,s. tenez-le droit, droit, entre lignéesded’autres faites bien jaillir ses peines avecdeux une pincée noirceur m rm t i emn e déplacez-le d’un chapitre à un autre ettout faites-lui aussi i m ns toi èm ravivez ses temps r goursel eess..r droitures à tout, la éviter finpour dequelques chaque remuezune sa détresse et jaune éteignezpour le un laps de tcot luei r cm mhepn placez-le dans viedes bien é ts,s. à chaque chapitre i nm c l o s.. faites jaillir ses peines avec une pincée de noirceur a r t i e n n d i g e s t e se, une pincée de blanc quand cela bouillonera plus qu’il n’est i n d i q u é. temps msoi rmo us el es .r déplacez-le d’un chapitre à un ravivez autre etsesfaites-lui puis, quand vous sentirez que votre homme est c u i t, remuez sa détresse etdes éteignez le tout, unet laps de ttof euo rm droitures à lapour finnoir de chaque jetez-le dans du laissez nmdpe n rs te.., à se chaque chapitre faites jaillirvotre seshomme peines une pincée dedans noirceur doitavec complètement diluer sa vie cm j aalur tnoi eântsnr e, e.. oxydée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d ’ h o m m e. une pincée de blanc et quand cela bouillonera plus qu’il n’est i n d i q u é ravivez ses temps m o r o s e s . et que traces puis, vous etsentirez votre homme est ui v p ie tns t., remuezquand sa détresse éteignezque le tout, pour un lapss’en de t sceu m

jetez-le dansàdu noir etchapitre laissez cf o l n od rse . chaque votrepincée homme doit complètement se diluerplus dans vie i j na du inqâut ér e. une de blanc quand cela bouillonera qu’ilsan’est oxydée jusqu’à ce qu’il ait plusest d’h co um i mt e, puis, quand etvous sentirez que votre n’yhomme s’en sf ou ni vde rnet . jetez-le dansetduque noirtraces et laissez votre homme doit complètement se diluer dans sa vie j a u n â t r e i t e! et oxydée jusqu’à ce qu’il n’y ait plusbon d’ha po pmé t m et que traces s’en s u i v e n t . bon a p p é t i t bon a p p é t i t

! !


amarrage

acrylique sur toile, 120 x 90 cm, automne 2010.




Jabal ar’Rahmah, ou Montagne de la Mséricorde, se trouve en Arabie Saoudite, dans une région des terres saintes appelée Arafa. C’est la montagne sur laquelle le prophète Ibrahim, à la demande de Dieu, épargna son fils Ismaïl. A cet endroit, a été érigée une construction en forme d’obélisque dont les murs en briques ont été simplement recouverts d’enduits et de peinture blanche. Les pèlerins profitent de leurs séjour à Arafa pour se rendre à cette montagne. Ils l’escaladent donc et bien que cela ne fasse pas partie des rites du pèlerinage, ils inscrivent sur les parois de la construction, dans toutes les langues, leurs noms, ceux de leurs tribus ou villes, ainsi que leurs souhaits (voir illustration ci-contre). Les murs blancs, noircis spontanément par des millions d’inscriptions, sont, parait-il, repeints chaque année avant la saison du grand pèlerinage. La série suivante intitulée « Arafa » présente des recadrages sur des photos numériques prises par un groupe de pèlerins tunisiens au mois de Ramadan 2010. L’ u n d ’ e n t r e - e u x , m u n i d ’ u n m a r q u e u r r o u g e , a u l i e u d’écrire, il a tracé des lignes. Ce fut mon père. O.T.

ci-contre : Arafa 8 pages suivantes : A r a f a 5 et 10.




ahmed maamar accumulation 2 installation photos, 432 photos numériques de dimensions : 640 x 480 pixels, prises à l’aide d’un téléphone portable, sans retouches ni effets post capture.



ahmed maamar sans titre

photo numĂŠrique, 24 x 38 cm, 2009.


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