A dire d'elles

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à dire d’Elles des doigts fins qui tressent tes envies pour en faire une corde de survie lorsque te pousse le temps au bord de la dérive un regard guérisseur qui enrobe ton chemin de grâce et d’attention lorsque tes caprices « mâle’ in » frelatent les traits de ton destin une parole futée qui glisse entre tes interrogations « homme ‘ni présentes » qui les assouvie qui les multiplie et qui les sublime une sensation de plénitude ondulée qui escalade, magiquement, tes forces pour combler les lacunes qui s’y creusent un silence qui ravale tes angoisses et les réduisent en une fine couche de sensibilité bénigne


une musique qui exalte tes joies et les souffle à l’oreille du faunin et du floral et tu danses Une femme dont la ferveur est « mère » « sœur » « fille » ou « épouse » attrape ton bruit ton regard et ton air et te les renvoie ineffables je vous tutoie « homme » conjugaison permet nature oblige sors de moi, une vie et « vie » insuffle-toi dans mon corps et contemple la magnificence du non additionnable

poèmes de Asma Ghiloufi


Rania WERDA, Toffeha sculpture, 2012.


Marquées à vie

Assise, digne et tellement indifférente à celui qui la regarde, Elle nous tourne le dos. Aujourd’hui c’est elle demain une autre. Le hasard ou le destin de naître ici ou là… Drapée dans le linceul de la partie de son être dont on vient de la priver, elle porte le deuil de sa féminité, cette petite part de masculin en elle, disent certains... sans seulement savoir à quel point il incarne le cœur même de sa féminité et de son désir. Elle est présente au monde et lui fait face, portant en elle la démence humaine, les prétextes religieux fallacieux, la domination masculine et les coutumes ancestrales des siens. Apprêtée comme pour aller au bal, danse en elle chaque scène de la "fête" dont elle fut reine. « Tu verras ma fille, pare toi de tes plus beaux habits, nous allons visiter ta tante… ». C’est aussi pour elle la mort de la confiance qu’elle portait aux siens, à sa communauté. A présent ? Continuer de vivre en attendant le jour de ses noces… amère union qui réveillera en elle la violence symbolique et physique subie. Peut-être est-ce aussi pour cela qu’elle porte sa voilette éclatante de pureté. Elle attend… Ici pas de lame ni de sang, pas de larmes ni de cris, juste le silence effroyable dans une blancheur immaculée. Loin des jugements hâtifs, Tobi Ayédadjou nous livre l’instantané d’une vie comme tant d’autres, elle nous plonge au cœur de l’intimité et de la pudeur d’une femme, de la férocité, du deuil d’elle-même. Et le tabouret de cérémonie qui fait face à l’œuvre aspire le spectateur, l’invite à incarner douloureusement les autres, tant d’autres, nos filles et petites filles peut-être… de toutes ces autres en attente de la mort d’une partie de leur âme. Aurélie Machghoul Mars 2012

Tobi AYEDADJOU, Marquées à vie

photo-installation, tirage argentique, 2011.




Oussema TROUDI, ... et nous sommes tunisiennes assemblage photo numérique, 40x40cm, 2012.

pousse à mes pieds le ciel et à l’intérieur de moi pousse ce qu’on appelle vie s’agrippe à mes lèvres ci-contre Noura MZOUGHI, Emergence installation, 2012.

le silence des grands et dans mes yeux luisent les dires des petits .


Alina D’Alva Duchrow, Gottesdienst Video HD en boucle. 7:45 min, 2011.

En allemand, Gottesdienst peut être défini comme « service divin » et « le culte public ». La définition fondamentale à un rapport avec le service sacramental de l'homme envers Dieu. Dans les temps bibliques, la pureté ou l'impureté ont pris une place prépondérante dans de nombreuses religions patriacales. Dans un environement où tous les aspects de la sexualité et la procréation ont été de plus en plus connotés avec le péché, une femme ne pouvait pas être chargée des rites religieux dans la crainte qu'elle souille le lieu saint en particulier l'autel, car considérée comme socialement impure pricipalement dans sa période menstruelle. Ce travail cherche à travers un récit simple, à montrer un rituel dirigé par une femme. Il s'agit d'une simple offrande faite par une femme qui puise l'eau pure d'une source pour laver les rideaux d'un lieu saint et les étend à l'intérieur de ce lieu saint. Laver, nettoyer, prendre soins, en général est un geste féminin. Et lorsqu'une femme nettoie, elle chante et quand elle chante elle prie. Avec l'eau '' l'impure'' purifie. C'est son offrande, son service à Dieu. [Gottesdienst est une installation multimédia présentée le 24 Septembre 2011, à la chapelle de la Chocolate Factory Cima Norma dans Dangio / Tessin / Suisse. Diriger et performer : Alina d'Alva Duchrow. Tournage et montage : Souleymane Diallo. Musique : Mari Boine] Alina D’Alva Duchrow Mars 2012


Alina D’Alva Duchrow, The Wild Goose

série de 15 dessins, graphite sur papier, 25x25cm, 2012.

panser le réel s’en approprier la surface arpenter la propriété et voilà plus qu’une matière première une figure artistique


Procréatrice est la femme, mais pas seulement ! Par conséquent, cet être vivant, d’apparence fragile, est un être auquel on doit respect et traitement égal. La procréation dont est dotée la femme, ne lui ôte point la nécessité d’accomplir les taches qu’elles qu’il soit. Espoir malgré le noir. Jaune est cette lumière pour dire oui à la vie. Grains de terre pour nous rappeler que nous venons tous d’argile et que nous retournerons poussière. Hommes ou Femmes, tous nous serons un jour terre ! Alors pourquoi ces discriminations, ces inégalités et toutes ces divisions !!! Laissons vivre et respirer notre corps, nos cinq sens, notre être, nos faits, gestes, actions, attitudes et pensées pour le bien de tous. Amel Bouslama Tunis, 8 mars 2012.

Amel BOUSLAMA Procréatrice mais pas seulement

montage photographique, 149,5x76cm, 2012.


Faten ROUISSI Tlaâ essaboun ndhif installation. 2010.



Imen BAHRI, Couvrir le soleil avec un tamis

polyptyque de 5 photos numĂŠriques sur toile, (30x45cm)x5, 2012.


Nadia Jelassi, © revisité

technique mixte, 95x35cm, 2005.


Basma HLEL, OpporTUNISme 1 technique mixte, 2012.



Atef MAATALLAH, Jemaa Assalam

acrylique et stylo sur dos de toile, 140x70cm, 2012.

temps trace tes pas sur mon front et fais de mon visage ton terrain sacré quelque part au bout de mon regard fleurit la vérité de force ou de gré

le visage comme l’aube qui, au rendez-vous cerne cette terre femme fige le regard art se prolifère Ibrahim MATOUSS, Egyptienne 1

pyrogravure et technique mixte sur contreplaqué de bois, 81x81cm, 2012.


Ahlem Boussandel, Expressivité de la matière technique mixte, 100x100cm, 2012.

crever la toile temporelle et laisser passer la lumière celle qui cultivée dans ton être a hâte de traverser l’aire


Yamina MATHLOUTHI, Sans titre acrylique sur toile, 40x50cm, 2012.


Boutheina KARDI, Du corps réel au corps vitré boîte en bois et images, 76x76x10,5cm 2012.


Sonia TABIB, l’être et le paraître technique mixte, 93x83cm, 2012.


Renata DLIMI, Sans titre

Tapisserie, 130x157cm, 2011.


Lamine SASSI, Miroir aquarelle, 2012


Eclaboussures

Un cri art-genté résonne par-dessus les dégâts-je perce de lumière l’ombre des faux gages d’un mur mûri qui cloisonne une seule et unique rage

Expose ton regard citoyen de cil artiste de pupille éparpillé comme poussière Pendu comme dépit étendu comme sillage le temps se nomme galerie et voilà que Patrie rouge de champs blanche de rivages s’arrête bien munie le mal englouti récolte sa culture à travers ton visage

Inspirons couleurs expirons tracés et lisons à la santé des ouvrages imprévus.

A.G.


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