Lampes de mineur

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Philippe Estang et Pascal Tissières

LAMPES DE MINEUR | Une lumière sur

le passé minier et l’essor industriel en milieu alpin

À ceux qui ont su malgré l’obscurité, faire preuve de courage et d’ingéniosité, cette œuvre est dédiée.

Puisse leur lumière continuer de briller à travers le prisme de notre mémoire.

Olivier Dumas

La littérature et l’histoire sont les lumières de notre culture ; sans elles, nous errerions dans l’obscurité des oubliettes du temps.

Homme de technique et de terrain, Olivier Dumas incarne cette alliance entre l’histoire locale et l’engagement citoyen. Son parcours, ancré à Martigny, reflète son attachement aux valeurs de la communauté et à la préservation de son héritage. Figure du radicalisme valaisan, ancien président de la Ville de Martigny, il a su transformer son expérience politique en force vive pour le conseil et les services aux entreprises.

De la rencontre de deux passionnés, un captivant ouvrage a vu le jour. Philippe Estang, Languedocien, collectionneur enthousiaste d’objets marquant les rudes travaux des mineurs et Pascal Tissières, expert des sciences de la Terre, érudit des activités minières et de l’histoire économico-technique du Valais ont réuni leurs savoirs pour nous offrir une agréable balade au fil du temps. Leurs textes, regorgeant d’informations mais aisément accessibles, permettent à chacun d’apprécier une riche palette d’évolutions technologiques observées depuis le début du 19e siècle.

Dès son origine, l’homme a creusé la terre pour y chercher nourriture

ou gisements de cuivre et minerais de fer. S’enfonçant de plus en plus dans les entrailles de notre planète, notamment pour en extraire du charbon, il a dû s’éclairer. L’évolution des lampes qui furent les siennes est fascinante. D’abord, une flamme ouverte délivrait une faible lueur lui permettant toutefois de se repérer et travailler dans les mines. Plus tard, l’électricité offrira un éclairage amélioré et beaucoup plus sûr aux mineurs. Cette précieuse houille blanche entraînera également le développement économique de nos vallées alpines tant françaises que suisses, les sciences naissantes de l’électrochimie et de l’électrométallurgie autorisant alors l’implantation d’entreprises florissantes

produisant ferroalliages, aluminium, carbure de calcium ou encore engrais... Ces industries, aujourd’hui largement reconverties voire disparues, ont cependant offert une assise propice aux actuels pouvoirs politiques pour soutenir de nouvelles activités et favoriser la naissance de parcs technologiques liés à la recherche et aux grandes écoles. De nouvelles sociétés naissent ainsi et complètent le tissu industriel préexistant.

Bien que le Valais économique soit souvent considéré comme une région dédiée essentiellement au tourisme, à la viticulture et l’agriculture, les industries présentes de longue date et les entreprises nouvellement créées dégagent

Olivier Dumas
Membre du conseil de la Fondation Tissières

quelque 25% du PIB cantonal et gagnent un franc sur deux à l’exportation. Une récente étude montre qu’un emploi dans le secteur industriel rapporte deux fois plus qu’un emploi dans le secteur tertiaire, dix fois plus que dans l’agriculture.

L’ouvrage que vous tenez en mains rend hommage aux pionniers et ouvriers de l’industrie, qui, dans des conditions de travail extrêmement difficiles, ont ouvert la voie à de multiples activités économiquement profitables.

A Lampe rave Rossi (Paris) utilisée pour le fonçage et l’entretien des égouts de Paris

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 32 cm / Diamètre : 10 cm

Collection Estang

De l’éclat du soleil à l’innovation humaine

La lumière est sans doute l’un des phénomènes physiques les plus captivants, un mystère que les humains ont longtemps cherché à comprendre et à maîtriser. Émanant naturellement du soleil, cette force éblouissante est le socle de la vie sur Terre, stimulant la photosynthèse chez les plantes et nous baignant de chaleur.

C’est en 1873 que la compréhension de la lumière a pris un tournant décisif. James Clerk Maxwell, un physicien écossais, découvre qu’elle se comporte comme une onde électromagnétique, unissant ainsi les concepts d’électricité, de magnétisme et d’optique en une seule théorie. Ces ondes transportent une

énergie considérable, atteignant jusqu’à 1’000 watts par mètre carré à leur zénith.

La lumière, qui apparaît blanche à l’œil humain, se divise en fait en un éventail de couleurs allant du violet au rouge. C’est ce qu’on peut observer avec le phénomène de l’arc-en-ciel, lorsque le temps est à la fois humide et ensoleillé. Son spectre continu est alors totalement visible. Dans un ciel sans nuage, ce sont les ondes de couleur bleue qui se diffusent plus fortement, et qui lui donnent sa teinte azurée.

La lumière, en plus d’être une manifestation physique étonnante, est aujourd’hui une source d’énergie puissante, exploitée par l’homme pour générer de l’électricité. Dans le cas des

panneaux photovoltaïques par exemple, le rayonnement solaire libère des électrons de substances telles que le silicium, à l’origine du courant électrique (effet photoélectrique). C’est d’ailleurs cette découverte qui vaut à Albert Einstein le prix Nobel de physique en 1921, et non pas sa célèbre relation E=mc², comme la croyance populaire pourrait le laisser penser.

La vitesse de la lumière est une autre de ses caractéristiques stupéfiantes : environ 300’000 kilomètres par seconde, permettant ainsi de couvrir la distance entre le Soleil et la Terre en 8 minutes et 20 secondes.

01 Exemple de l’utilisation du soleil comme source d’énergie

Parc solaire, Lac des Toules, Valais, 1’810 m — 2020

La lumière d’origine thermique

Depuis plus de 700’000 ans, le feu est un compagnon fidèle à l’homme, octroyant chaleur et réconfort. Le foyer, point central des habitations primitives, sert à l’éclairage, à la cuisson, ainsi qu’à la fabrication de matériaux tels que le verre ou plus tard la métallurgie. Mais le feu, difficilement maîtrisable, est aussi synonyme de destruction, comme en témoignent les nombreux incendies qui dévastent et remodèlent périodiquement nos villes et villages.

Les flammes peuvent apparaître de différentes couleurs ; passant du blanc au jaune en atteignant les 1’000 degrés, elles sont bleues en dépassant 1’400°C, lors de la combustion de gaz comme le méthane ou d’autres hydrocarbures.

En 1879, Thomas Edison est l’un des premiers à dompter la lumière, grâce à l’ampoule à incandescence ; un filament de carbone ou de métal porté à haute température devient blanc et émet une lumière brillante. Cette technologie, véritable révolution, a éclairé nos intérieurs pendant des générations.

Parallèlement à la lumière issue de la chaleur, il existe la lumière froide fonctionnant par luminescence. Elle est émise lorsqu’un atome excité retombe à son état initial. Cette propriété est aujourd’hui exploitée dans la technologie LED, qui remplace progressivement les lampes à incandescence pour leur efficacité et leur durabilité.

02 Troglodytes de l’Âge de la pierre, Tableaux d’histoire suisse : la découverte du feu

Karl Jauslin — 1928

03 Thomas Edison, l’un des inventeurs de la lampe à incandescence

1925

Compléments :

Le triangle du feu

Le feu illustre le phénomène de la combustion qui est un ensemble de trois éléments : de la chaleur initiale + du bois comme combustible + de l’oxygène (appelé comburant par les spécialistes) donnent de l’énergie thermique et lumineuse, du gaz carbonique et de l’eau.

Liste d’incendies importants dans le Bas-Valais :

• Sion, 1788

• La Chaux-de-Fonds, 1794

• Charrat, 1892

• Isérables, 1881 et 1935

• Leytron, 1962

DEL, ou LED, en anglais

Diode ElectroLuminescente

L’odyssée de l’éclairage à travers les âges

L’éclairage, c’est l’histoire d’une quête pour repousser l’obscurité enveloppant l’activité humaine une fois le soleil couché. Pendant des millénaires, le seul refuge contre la nuit est la lueur vacillante du feu. Sous forme de torche, de lampe à huile ou encore de chandelle, ces sources de lumière, bien que réconfortantes, étaient limitées en intensité et en portée.

De la Préhistoire au 18 e siècle, les hommes s’éclairent à la flamme nue, avec le bois et l’huile comme principaux combustibles. Les torches sont souvent enduites de poix ou de bitume, tandis que la lampe à huile et les chandelles à mèches de lin, de chanvre ou de coton

brûlent divers combustibles allant de l’huile végétale à la graisse animale. Ce n’est qu’avec l’ingéniosité de Léonard de Vinci par l’invention du réflecteur 1 , placé derrière la flamme, que l’intensité lumineuse connaît une première amélioration significative.

Le 19 e siècle marque un tournant majeur avec la découverte du pétrole, l’avènement du carbure de calcium et, finalement, la révolution de l’ampoule électrique. L’éclairage urbain évolue, et Paris s’illumine de ses fameux réverbères à huile pour devenir la Ville-Lumière. L’invention de la mèche circulaire par Ami Argand et Antoine Arnoult Quinquet optimise la lampe à huile, préfigurant ainsi la transition vers des sources de lumière plus efficaces et économiques.

Le domaine minier n’est pas en reste, avec l’introduction des lampes de sûreté conçues pour prévenir les explosions de grisou. Ces lampes deviennent plus confortables et sûres avec des évolutions comme la lampe rave ou la célèbre lampe Davy-Stephenson, perfectionnée par les travaux de William Reid Clanny et d’autres inventeurs, qui ont contribué à une utilisation plus sûre dans les mines.

La suite de cette épopée lumineuse est marquée par le remplacement progressif de l’huile et du suif par l’acide stéarique et la paraffine, puis par l’utilisation du pétrole et enfin par le triomphe de l’électricité avec les lampes à incandescence, les lampes à décharge et les lampes électroluminescentes ou LED.

Compléments :

Dès 1820

Chacune de ces innovations a rendu l’éclairage plus abordable, plus sûr et plus pratique, accompagnant l’humanité dans son élan vers le progrès et le confort moderne. La nuit, autrefois redoutée, est devenue un nouveau domaine à conquérir et à habiter, grâce à l’éclairage qui, au fil des siècles, est passé de flamme vacillante à lumière omniprésente.

La lumière, indissociable de l’histoire humaine est une preuve de notre quête incessante de savoir et de développement. Mais, elle est devenue, dans son abondance moderne, une forme de pollution, perturbant la faune, la flore et affectant la santé humaine. Le suréclairage des métropoles entraîne, une baisse de la visibilité des étoiles. Actuellement,

04 Panorama de nuit montrant une partie des lumières européennes ; une forme de pollution nocturne 25 janvier 2012

la tendance est à la remise en question et à l’optimisation de l’éclairage public.

Le gaz de houille est obtenu pour l’éclairage des villes par distillation du charbon.

Dès 1823

L’acide stéarique, remplace le suif des chandelles ; cette bougie est inventée par le chimiste français Michel-Eugène Chevreul (1786-1889).

Dès 1850

Le pétrole est utilisé pour l’éclairage domestique par distillation du brut de pétrole ; la lampe à pétrole est inventée par le pharmacien polonais Ignacy Lukasiewicz (1822-1882).

Dès 1884

L’essence obtenue par distillation du pétrole est utilisée pour l’éclairage, selon le brevet de l’ingénieur français Charles Pigeon (1838-1915).

Dès 1890

Le carbure de calcium, fabriqué dans des fours électriques est utilisé pour les lampes à acétylène, selon l’invention du prix Nobel 1906 de chimie Henri Moissan (1852-1907).

Dès 1900

L’ampoule à incandescence est mise au point par l’électricien anglais Joseph Swan (1828-1914), puis perfectionnée en 1879 par Thomas Edison (1847-1931).

Dès 1930

Le tube fluorescent à vapeur de mercure à basse pression revêtu d’une couche fluorescente est mis au point afin de générer une puissante lumière blanche.

Dès 1959

Edward G. Zubler et Frederick Mosby, inventent la lampe à incandescence halogène.

Dès 1962

La lampe électroluminescente ou LED est inventée par l’Américain Nick Holonyak Jr.

Philippe Estang

Une passion née au fond d’une mine désaffectée lors d’une expédition spéléologique !

Philippe Estang est un fervent collectionneur et conservateur d’histoire minière, dont la passion a donné vie au remarquable musée « Les Lumières de la Mine » du Bousquet d’Orb près de Montpellier. Il a patiemment rassemblé des pièces de collection, devenant ainsi un gardien de la mémoire sociale et technologique des mineurs. Son engagement dans la préservation et la transmission de ce riche patrimoine fait de lui un ambassadeur culturel de son territoire et un passeur d’histoire.

Je vous invite à plonger dans les profondeurs de notre passé industriel, à la lumière des lampes qui ont éclairé le labeur des mineurs d’antan. Ces objets, que je collectionne avec passion, ne sont pas de simples reliques ; ce sont des témoins lumineux d’une époque révolue et des vies qui l’ont animée. Chaque lampe raconte une histoire, chaque outil évoque une journée de dur labeur sous la terre.

Au sein de notre exposition « Les Lumières de la Mine », ces récits prennent vie, illustrant la force et le courage des hommes et femmes qui ont façonné notre territoire. Grâce à ces lampes, nous honorons leur travail et nous nous souvenons de leur contribution inestimable à notre communauté.

Je suis fier de partager avec vous cette partie essentielle de notre patrimoine, et j’espère que vous trouverez dans cette collection le même émerveillement et la même reconnaissance pour notre passé minier que j’ai ressentis en les découvrant.

Venez découvrir ces joyaux d’histoire et d’ingéniosité, et laissez-vous guider par leur lueur à travers les récits de notre passé commun.

Philippe Estang Collectionneur

B Lampe rave

Matériaux : Laiton / Hauteur totale : 55 cm / Diamètre : 18 cm

Collection Estang

Compléments :

L’Espace Muséographique du Bousquet d’Orb met en scène la collection de lampes et d’objets de la mine, mise à la disposition de la Communauté de Communes Grand Orb par Philippe Estang au travers de l’Association « Cvriosity ». Il a ainsi constitué, depuis une quarantaine d’années, une collection internationalement reconnue, composée de quelque mille lampes de mineur.

Le Bousquet d’Orb (Hérault) est situé au nord de Montpellier au milieu d’un vaste complexe minier carbonifère s’étirant sur 20 km de long et 2 km de large. Ce bassin houiller a été exploité dès 1767 par plus de 300 galeries et de nombreux puits avec 30 millions de tonnes extraites de charbon.

Le Musée du Bousquet d’Orb relate l’histoire de l’exploitation du charbon dans le bassin de Graissessac, depuis les premières concessions minières au 18e siècle jusqu’à la fermeture de la mine en 1993. 2

En 2021, ont eu lieu les commémorations des 20 ans du musée ainsi que l’inauguration de l’Espace Francis Boutet. Cet ancien mineur et ancien maire du Bousquet d’Orb de 1996 à 2008, a été l’initiateur du musée et un ardent défenseur du patrimoine minier de la région. 3

En Suisse, il n’existe pas d’équivalent au Musée du Bousquet d’Orb. En revanche, le Musée des Sciences de la Terre est un des seuls à présenter dans ses vitrines l’histoire de l’éclairage. 4

La rave : l’héritage lumineux des mineurs

Au cœur de l’obscurité, où chaque éclat de lumière est une victoire contre le noir absolu, la lampe de mineur, et plus particulièrement la lampe à huile dite « rave », émerge comme un phare de progrès et de sécurité.

La lampe à huile rave, une icône de l’éclairage minier du 19e siècle, est un symbole de la révolution industrielle et de l’innovation technique. Nommée pour sa ressemblance avec le légume, la rave naît vers 1815 dans la Vallée du Gier (Loire), en parallèle de la lampe de sûreté Davy-Stephenson. Cette contemporanéité marque une époque d’importantes avancées technologiques dans l’éclairage souterrain.

Son design efficace, mélangeant robustesse et praticité, la rend facile à produire en masse, contribuant à sa diffusion rapide parmi les mineurs. Cette lampe, fabriquée dans les ateliers de ferblanterie et vendue dans les quincailleries, devient rapidement populaire pour son coût abordable et sa fiabilité.

La rave se distingue techniquement par sa forme optimisée, une sphère aplatie qui regroupe tous les éléments nécessaires à un bon éclairage : un réservoir fermé facilement accessible, une mèche ajustable, et un système d’étrier pour le transport. Son crochet, appelé la potence, permet un éclairage élevé et un large rayon lumineux, augmentant ainsi la sécurité et l’efficacité du travail des mineurs.

Outre ses aspects pratiques, la rave est aussi un objet de culture et d’art. Elle porte divers noms, comme le crézieu ou le poulet, reflétant la diversité des régions où elle est utilisée. En Allemagne, elle est connue comme la « Linsenlampe » (lampe-lentille), et comme la lampe sicilienne, honorant ainsi les travailleurs italiens travaillant dans les grands tunnels des Alpes. Par son utilisation dans ces nouvelles tâches de génie civil, la rave se voit bientôt affublée du nom générique de « Tunnellampe » ou lampe de tunnel.

Compléments :

Fonctionnement de la lampe de sûreté Si la flamme manque d’oxygène, en cas d’excès de gaz carbonique, la flamme s’éteint.

Si la flamme brûle du méthane, elle s’allonge et devient bleue.

Dans les deux cas, la situation est dangereuse et le mineur doit rapidement sortir de la galerie pour retrouver l’air libre.

Accident

Il faudra un accident majeur, la catastrophe de Courrières le 10 mars 1906 avec 1’100 morts pour que la lampe de sûreté devienne obligatoire en France. 5

Terminologie de la lampe rave

Nœuds de préhension

Étrier

Anneau de jonction

Crochet (potence)

Porte-mèche

Verrou de fermoir

Plaque de fermoir

Réservoir

C Lampe rave d’accrochage, ronde

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 80 cm / Diamètre : 17 cm

Collection Estang

D Lampe rave attribuée à Paul Seyve, 8 pans

Matériaux : Acier et laiton / Hauteur totale : 30 cm / Diamètre : 12 cm

Collection Estang

Les formes des raves varient, des modèles circulaires aux designs plus élaborés à 8 ou 16 pans. Des miniatures de ces raves sont destinées à des ingénieurs ou des personnalités du monde minier pour marquer leur passage dans une exploitation. La personnalisation par la gravure et la ciselure fait de certaines raves de véritables œuvres d’art. De même, la diversité des matériaux, allant de l’acier à l’argent, ajoute à la singularité de chaque pièce.

Le fermoir, souvent en forme de coq, n’est pas qu’un simple dispositif pratique ; il symbolise la vigilance et la lumière, des valeurs essentielles dans l’obscurité des mines. Encore n’y a-t-il pas que le coq qui orne les fermoirs de

raves. On en connaît avec un cœur, une hache ou un marteau de boiseur, une aigle napoléonienne ou un ornement personnel, comme la lune, l’étoile ou le croissant. Ces détails en font un objet représentatif de son époque, de la région de sa fabrication ou encore de la profession qu’elle représente.

La rave, véritable lampe universelle du 19 e siècle, est distribuée par des colporteurs à travers la France et bien au-delà, depuis les bassins miniers stéphanois jusqu’aux mines du monde entier. Son voyage l’amène à travers l’Europe, l’Amérique du Nord et le Canada à l’époque de la ruée vers l’or, et l’Amérique du Sud, où elle est utilisée dans de nombreuses exploitations souterraines.

Malgré sa popularité, la rave est progressivement remplacée par des lampes plus sécuritaires et par de nouvelles sources d’éclairage comme le pétrole et l’électricité, la reléguant à des rôles plus modestes avant qu’elle ne disparaisse presque totalement dans les années 1950.

Les lampes raves, désormais objets de collection et de mémoire, rappellent l’époque où l’éclairage était à la fois un outil vital et un témoignage de l’ingéniosité humaine face aux défis de la vie et du travail dans les profondeurs de la terre.

L’impact de la lampe à acétylène dans l’industrie

La lampe à acétylène est découverte en 1832 par Edmund Davy. Mais ce n’est qu’avec le développement industriel du carbure de calcium que son potentiel a pu être pleinement exploité. Grâce à Louis Bullier et au lauréat du prix Nobel de chimie, Henri Moissan, le carbure de calcium devient la source de l’acétylène, transformant radicalement l’éclairage.

Avec son double réservoir, la lampe à carbure génère de l’acétylène par réaction avec l’eau, produisant une lumière éclatante qui surpasse les lampes à huile de l’époque. Cette avancée stimule la demande pour des applications variées, des éclairages public et privé aux phares

des véhicules, marquant ainsi les débuts de l’éclairage moderne.

En France, des sociétés comme Arras, Albert Butin et Joseph Mercier dominent le marché des lampes à acétylène, avec des innovations telles que la flamme protégée Klein-Pujol. Cet engouement pour l’acétylène ne se limite pas à la France ; en Allemagne, les lampes Friemann & Wolf et Rötelmann connaissent également un grand succès.

La Suisse et la Belgique, avec leurs fabricants locaux respectifs, comme Castor Egloff et Elgass en Suisse, répondent à la demande croissante pour ce type d’éclairage. La diversité des lampes à acétylène est immense, avec des modèles comportant divers réflecteurs,

réservoirs et becs, adaptés à chaque besoin spécifique *.

La société Petzl, dès 1975, prend le relais pour fournir des lampes à carbure aux spéléologues, avant que l’ère des LED ne vienne remplacer définitivement l’acétylène. Le Musée de l’Automobile de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny a préservé cet héritage, exposant des véhicules anciens équipés de phares à acétylène.

* Vous pourrez trouver en page 91, une liste de fabricants de lampes

Compléments :

Le brevet de M. Bullier M. Bullier fait breveter son processus en 1892 qui est immédiatement adopté par le milieu industriel. Ce processus exige de porter à 2’500°C de la chaux vive et du charbon grâce à un arc électrique.

La lampe à carbure comporte deux réservoirs, le supérieur pour l’eau et l’inférieur pour le carbure de calcium. L’eau tombe en goutte à goutte sur le carbure qui réagit en produisant l’acétylène ; celui-ci s’échappe par le bec sur la lampe. Le résidu blanc dans le réservoir inférieur est de la chaux éteinte. Un kilogramme de carbure donne 350 litres d’acétylène.

Castor Egloff et Elgass

Ces deux entreprises suisses existent encore, en s’étant totalement adaptées à des produits actuels.

La lumière pour l’automobile Jusque dans les années 1925, à peu près toutes les automobiles ne connaissent pas encore les ampoules électriques. 6

Automobile à phares à acétylène, PicPic 1911 (Suisse)
Fondation Pierre Gianadda, Martigny

08 Reproduction d’une publicité pour la société Magondeaux (Paris), spécialisée dans la production de phares à acétylène Journal « Ouest-Éclair » — 1922

09

Marque-page publicitaire Éclairage Magondeaux — 20 e siècle

10 Affiche pour une compagnie de lampes à acétylène

Compléments :

Éclairage Magondeaux

Une entreprise s’est spécialisée dans l’éclairage des voitures grâce à son brevet sur les bonbonnes d’acétylène : la société Magondeaux, de Paris, vendait une bouteille empêchant l’acétylène d’exploser, ce qui lui a assuré un large succès dans le domaine automobile pendant une vingtaine d’années.

12 Entretien des lampes (lampisterie)

Lens, Pas-de-Calais — 1931-1934

11 Ouvriers avec leur lampe à acétylène

Mines de Chandoline/Sion — 1941

Dans le secteur minier, l’acétylène offre un éclairage puissant. Les lampes à acétylène deviennent partie intégrante de la lampisterie, où elles sont entretenues quotidiennement, souvent par des femmes dédiées à cette tâche. Alors que les lampes sont fournies et entretenues par les compagnies minières, le mineur est responsable de sa lampe et doit prendre en charge les éventuelles réparations entraînées par sa négligence.

Lorsque les mines de charbon de Suisse se ferment à la fin des années 1950, les travaux de construction des grands barrages, comme ceux de la Grande Dixence et de Mauvoisin, ont déjà commencé ; les mineurs sont alors tous équipés de lampes électriques sur leur casque et de batteries rechargeables

accrochées à leur ceinture. Cette évolution marque la fin d’une ère pour les lampes à acétylène. Pourtant, l’impact de cette dernière sur l’industrie et la société reste incontestable, un témoignage de la recherche constante de l’humanité pour apporter la lumière dans les lieux les plus inaccessibles.

Compléments :

Dès 1910

Les lampes à carbure à flamme nue se généralisent dans les gisements de charbon peu grisouteux d’Europe et dans les gisements métalliques. Elles se retrouvent dans les carrières souterraines de calcaire, de marnes, de sable, d’ardoises, de gypse, d’argiles ou de phosphates. 7

La lampe du mineur

Celle-ci portait une plaque avec le numéro de matricule gravé que l’on retrouvait également sur le jeton que chaque mineur possédait. Il remettait celui-ci à un employé ou au lampiste avant de descendre, pour le récupérer à la remontée. Un surveillant assiste à la distribution des lampes, vérifie si celles-ci sont en bon état en soufflant sur le verre pour vérifier si celui-ci est bien fermé. Les tamis des lampes de sûreté sont aussi brossés chaque jour soit manuellement, soit à l’aide d’une machine surmontée de brosses rotatives.

Yvan Cassili

Une personnalité emblématique dont le parcours s’entremêle avec l’histoire, la fiction et les arcanes de l’esprit humain.

Yvan Cassili, en tant que maire du Bousquet d’Orb près de Montpellier, est un acteur-clé dans la préservation et la valorisation du riche héritage minier de la commune. M. Cassili poursuit les efforts de ses prédécesseurs, comme Francis Boutet, pour honorer la mémoire des mineurs et célébrer l’histoire minière qui a façonné la commune.

Le Bousquet d’Orb, a vu le jour en 1881 grâce à l’exploitation des mines de charbon, attirant à son apogée plus de 2’500 habitants qui vivaient, pour beaucoup, de l’activité minière. Cette période florissante s’est prolongée jusqu’en 1960, date marquant la progressive fermeture des mines. Nous sommes fiers de notre passé minier, qui reste profondément ancré dans notre histoire.

C’est de cette fierté qu’ont émergé deux projets de la municipalité mettant en avant ce passé. Depuis le 15 avril 2000, une grande lampe de mineur est exposée au cœur du village en hommage aux travailleurs de la mine. En 2001, c’est l’espace muséographique « Les Lumières de la Mine » qui voit le jour, accueillant la magnifique collection de Philippe Estang

dont la passion pour les lampes et objets miniers a permis la concrétisation de ce projet.

Ces pièces de collection, véritables joyaux chargés d’histoire sociale et technologique, sont au cœur d’une exposition permanente. Cet espace culturel représente et complète admirablement la préservation et la mise en valeur de notre patrimoine minier, reflétant notre identité locale.

En 2023, 50 pièces remarquables de cette collection sont présentées au Musée des Sciences de la Terre de Martigny en Suisse pour une durée d’un an. Nous sommes fiers et heureux de partager l’histoire de notre commune, désormais par-delà nos frontières. Notre

passé minier, présenté et apprécié dans d’autres pays, témoigne de son importance et de sa richesse.

À cet effet, nous exprimons notre reconnaissance à Philippe Estang qui œuvre avec passion à la transmission de cette histoire et à la reconnaissance de cet art populaire. Il est en quelque sorte l’ambassadeur de notre territoire et d’une partie de son histoire.

Comment parler de notre musée sans mentionner mon prédécesseur Francis Boutet, ancien mineur et Maire de la commune, qui s’est grandement investi pour la réalisation de ce lieu de mémoire ?

Yvan Cassili Maire du Bousquet d’Orb

Enfin, il est important de souligner que l’existence de ce musée, réunissant cette collection unique de lampes et objets de mine au Bousquet d’Orb, est le fruit d’un soutien de la communauté des Communes Grand Orb et du Département de l’Hérault.

E Lampe rave avec double réservoir, provenant des mines de cuivre d’Acari (Pérou)

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 27 cm / Diamètre : 8 cm

Collection Estang

De la houille noire à la houille blanche

Comparées aux régions du nord de la France, de la Belgique et de l’Allemagne, les Alpes ont de faibles ressources en charbon. L’exploitation minière n’y a jamais dépassé le côté anecdotique sauf dans le petit bassin dauphinois de La Mure 8 et le Permocarbonifère de Bramois, les premiers à entrer dans l’histoire des mines alpines à partir du 16e siècle.

En Valais, l’exploitation du charbon commence à petite échelle à la fin du 19 e siècle pour devenir systématique pendant les deux Guerres mondiales : des dizaines de milliers de tonnes d’anthracite sont extraits des gisements de Dorénaz, de Grône, de Chandoline/Sion ou encore de Goppenstein.

Dès 1870, en parallèle à cette exploitation minière, l’utilisation de la force motrice de l’eau en tant que source d’énergie se généralise. Les progrès techniques, tels que les turbines à aubes, inventées par Lester Allan Pelton en 1879, ainsi que la génératrice à courant continu de Zenobe Gramme, libèrent le potentiel de l’hydroélectricité.

Aristide Bergès, ingénieur hydraulicien des Pyrénées, fait de l’Isère le berceau de la « houille blanche », terme qu’il forge, en opposition à la houille noire (le charbon), pour décrire cette énergie propre et renouvelable 9. Marcel Deprez, ingénieur électricien français, pionnier dans le transport d’électricité sur de longues distances, pose les fondations d’un réseau électrique moderne.

En 1882 le transport de courant se fait sur 52 km près de Paris avec 6% de perte.

Le paysage industriel est alors transformé par l’éclosion d’entreprises spécialisées dans l’hydroélectricité. Les conduites forcées fabriquées par des chaudronniers, les turbines de Faesch & Piccard, et Brenier et Neyret, ainsi que les génératrices d’Alioth, Meuron & Cuénod, et surtout Brown, Boveri & Cie, forment les équipements nécessaires à son développement.

Grâce à ces derniers, se construisent les premières installations hydroélectriques. On commence d’abord par créer de petites retenues d’eau, jusqu’à arriver aux impressionnants barrages de la seconde moitié du 20e siècle.

13 Affiche pour la ligne de chemin de fer électrique

Martigny-Chamonix

Friedrich Burger — ca 1925

Compléments :

Le développement

La génératrice produisant du courant alternatif triphasé est mise au point selon les bases théoriques du Piémontais Galileo Ferraris (1847-1897).

Le four électrique à haute température dans une cuve électrolytique en 1886 est créé simultanément par le chimiste normand Paul Héroult (18631914) et par l’Américain Charles Martin Hall (1863-1914).

L’hydroélectricité

Les conduites forcées sont façonnées et posées par des entreprises de chaudronnerie :

• Piedboeuf (Düsseldorf)

• Giovanola (Monthey)

• Bouchayer-Viallet (Grenoble)

Les turbines sont usinées en Suisse par l’entreprise genevoise Faesch & Piccard 10 et en France par l’entreprise grenobloise Brenier et Neyret dès 1879. En Suisse, ce marché très pointu est détenu par l’entreprise Escher, Wyss & Cie à Zurich créée en 1805. D’autres entreprises suisses étaient, au début du 20 e siècle, très actives en France, comme les Ateliers mécaniques de Vevey.

Les génératrices et alternateurs sont livrés en France, par exemple, par la succursale de l’entreprise Ludwig Rudolf Alioth qui invente à Bâle en 1884 la première dynamo.

Brown, Boveri & Cie à Baden est à la pointe de la technique électromécanique depuis 1891.

Wilhelm

14 Construction du mur du barrage-voûte ; le mur prend forme à la manière d’un « lego » géant

Barrage de Tseuzier, Valais — ca 1956

15

Sachant tirer profit de leurs paysages montagneux, les Italiens et les Suisses sont parmi les premiers à bénéficier de cette source d’énergie pour l’électrification de leurs chemins de fer. L’électricité leur permet de se libérer de leur dépendance au charbon. C’est alors une alternative bienvenue, surtout après les pénuries de la Première Guerre mondiale.

La maîtrise de la force hydraulique, marque un tournant pour les Alpes. Entre 1895 et 1914, les industries électrochimiques et électrométallurgiques s’y installent pour bénéficier de cette électricité abondante. De l’électrochimie avec le carbure et les engrais, à l’électrométallurgie avec l’aluminium et les

Trois hommes bloqués dans une galerie d’amenée après une coulée de plus de 50’000 m3 de rochers et de terre

Galerie de Bieudron-Nendaz, Grande-Dixence, Valais — 6 avril 1956

ferroalliages, les Alpes deviennent un centre industriel de pointe.

L’attrait des industriels pour les régions alpines s’explique aussi par les avantages des travailleurs locaux. Alors que ceux-ci, issus principalement du monde rural, voient en ces industries l’occasion d’assurer la survie de leur exploitation agricole, les industriels, eux, voient en ces ouvriers-paysans une main d’œuvre bon marché, flexible, et habituée aux conditions de travail difficiles.

L’industrie issue de la houille blanche fait partie de l’héritage économique dans les Alpes savoyardes et valaisannes. Elle est un témoignage de la capacité humaine à innover tout en cultivant ses ressources naturelles. Elle a fait des

Alpes un exemple de progrès, et bien que d’abord peu respectueuse de l’environnement, elle intègre actuellement les bases d’un développement durable.

Électrochimie : entre carbure de calcium et engrais

À l’aube de l’industrialisation, tandis que le nord de la France et les régions d’Angleterre bourdonnent au rythme des machines alimentées par le charbon, les Alpes restent à l’écart de cette frénésie. Ce n’est qu’avec l’avènement de l’électrochimie, en particulier le carbure de calcium et les engrais, que le Valais et la Savoie se sont inscrits dans le paysage industriel.

Portée par une poignée d’ingénieurs visionnaires, dont les français Henry Gall et Paul Héroult, le fribourgeois Paul Girod, et le franco-suisse Anthelme Boucher 11, l’électrochimie transalpine a forgé un réseau performant et influent, défiant les frontières et même

la notion de neutralité. Comme durant la Première Guerre mondiale, lorsque la société d’Anthelme Boucher à Fully, fournit des millions d’embouts d’obus au Ministère français de l’armement. 12

Ces pionniers ont fondé des sociétés dont l’influence perdure aujourd’hui encore, malgré les nécessaires transformations et adaptations au marché actuel. La société de la Lonza en est l’exemple éloquent ; autrefois concentrée sur la production de carbure, elle a su évoluer pour embrasser les défis contemporains, notamment dans le secteur de la santé, avec entre autres, la fabrication de vitamines et, plus récemment, avec le développement du vaccin à ARN messager « Patente Moderna » actif contre le virus du Covid-19. 13

À Martigny, le chimiste Henry Gall 14 , met en place le turbinage des eaux de la Dranse. Grâce à cette source d’électricité, il a l’intention de se lancer dans la fabrication de carbure de calcium et d’engrais à base d’azote comme la cyanamide de chaux. Il fonde alors en 1907 la Société des Produits Azotés (SPA) qui devient rapidement une entreprise précieuse pour le développement de la région 15, offrant de nombreux emplois et produisant des engrais très efficaces pour les terres agricoles.

En Valais, la Lonza et la SPA ne sont pas les seules à se frotter au secteur du carbure. D’autres sociétés à Bramois, Vernayaz et Vouvry s’y essayent également mais la durée de leur activité ne dépassera pas la décennie. 16

Compléments :

La Lonza

La société S. Schuckert & Co, de Nuremberg (D) qui s’allie avec des banquiers bâlois, dont Alfons Ehinger, s’établit en 1897 à Gampel dans le Haut-Valais sur les bords de la rivière la Lonza. La Lonza AG est alors créée avec comme but premier, la fabrication de carbure de calcium. Tout de suite, La Lonza sent venir la concurrence de l’éclairage électrique. Elle se diversifie, passe dès 1915 à la production d’engrais, la fameuse cyanamide de chaux, le CaCN2 , un efficace fertilisant et à la fabrication d’acétylène, ce gaz étant utilisé pour la découpe du métal et pour la soudure.

Pendant la Première Guerre mondiale, La Lonza élargit sa palette avec l’ammoniaque, l’acide acétique et les alcools : elle construit une nouvelle usine à Visp/Viège en 1917. Elle gère aussi elle-même sa fourniture de calcaire par ses propres carrières 17. La production de carbure et d’engrais cesse en 1972.

17 Collection de flyers informatifs sur les engrais produits par la SPA Martigny — Milieu du 20e siècle Graphisme par Établissements graphiques Jonneret

18 Schéma représentant l’histoire de l’industrie du carbure de calcium et des engrais en Valais

Savoir-faire et capitaux

Exogènes

Main-d’œuvre locale

Souvent ouvriers-paysans Cadres locaux

Vide juridique en matière de protection de l’environnement

Jusqu’en 1983

Héritage

Pollution des sols et des eaux à gérer/ assainir

Vide juridique en matière de protection de la santé des travailleurs

Jusqu’en 1964

Absence d’inventaire du patrimoine industriel du Valais

Industrie = Poumon économique du Valais

Contraintes du marché très fortes

• Fin du carbure de calcium

• Fin des engrais

• Maladies professionnelles fréquentes

Démolition du patrimoine industriel du début du 20e siècle

Martigny

Vernayaz

Gampel

Dans le secteur des engrais, au milieu du 20e siècle, les Alpes sont détrônées par des géants internationaux tels que Yara International en Norvège, EuroChem en Russie et en Suisse ou encore Nutrien Ltd au Canada, et par la Chine pour la production de carbure, l’Europe ayant cessé totalement sa fabrication.

L’ère de la fabrication locale d’engrais et de carbure n’aura duré qu’un demi-siècle, mais l’héritage industriel de ces pionniers demeure, notamment dans le savoir-faire technique et la transformation de l’économie alpine.

Bien qu’il soit indéniable que cette révolution ait joué un grand rôle dans la croissance du Valais, elle ne fut pas sans conséquences environnementales.

19 Société des Produits Azotés (SPA), ancienne usine Martigny — ca 1950-1960

Comme le dit si bien l’adage repris par Charly Darbellay, ancien directeur du Centre d’arboriculture et d’horticulture des Fougères à Conthey ; « La cyanamide enrichit le père et ruine le fils ». Ainsi, tandis que l’usage répété de cyanamide de chaux appauvrit petit à petit les champs, les sols et les eaux sont pollués par des métaux lourds rejetés par les usines. La Lonza notamment, doit aujourd’hui faire face à son passif en termes de pollution. En 2016, elle lance le processus d’assainissement de la décharge de Gamsenried près de Brig-Glis ouverte en 1918. L’absence de législation protectrice jusqu’au milieu du 20 e siècle a malheureusement longtemps facilité ces dérapages. Ils sont aujourd’hui un héritage difficile à gérer, nécessitant

une attention soutenue des services environnementaux.

L’adaptation des Alpes à une économie industrielle axée sur l’hydroélectricité a modelé une nouvelle ère économique pour une région qui, jadis isolée, est devenue un exemple de progrès et d’innovation. L’histoire de l’électrochimie dans les Alpes est celle d’une transformation, marquant le passage d’un mode de vie rural à une intégration dans le courant du progrès technologique mondial.

20

Vue aérienne du site de la Société des Produits Azotés avec la nappe d’eau souterraine visible au bas et son canal d’amenée des déchets

Martigny — 18 août 1925

Compléments :

La cyanamide de chaux

La cyanamide de chaux s’obtenait à partir de poudre de carbure de calcium et d’azote selon le procédé d’Adolph Frank et de Nikodem Caro, mis au point en 1898. Elle était commercialisée sous forme de granulés ou de poudre mélangée avec 1,5 à 2% de mazout, pour éviter les poussières à l’épandage dans les champs.

L’azote était extrait de l’air par compression selon le procédé du chimiste parisien Georges Claude (1870-1960), à -190°C, l’azote étant gazeux et l’oxygène encore liquide à cette température.

L’acide sulfurique produit dès 1914, est obtenu par grillage de la pyrite, puis par oxydation du SO2 dans des chambres de plomb. Cet acide servait à attaquer les minerais à phosphates, comme l’apatite pour en faire des engrais.

En France

Cinq sites se lancent dans la production de l’électrochimie et des ferroalliages :

• Notre-Dame-de-Briançon en Tarentaise (Savoie)

• Les Clavaux dans l’Isère

• Le Giffre en Haute Savoie

• Venthon en Savoie

• Bellegarde dans l’Ain

Le carbure aujourd’hui

Aujourd’hui, le carbure n’est plus produit en Europe mais provient essentiellement de Chine, ce pays compte quelque 120 fabriques de carbure, par exemple, la Tianjin Chengyuan Chemical Co Ltd à Tianjin. Le marché mondial consomme annuellement une quantité énorme de carbure, 27 millions de tonnes (valeur 2021), qui va surtout alimenter les besoins des industries en acétylène. 18

Pascal Tissières

Figure respectée dans le domaine des sciences de la Terre, il est l’auteur d’une trentaine de publications scientifiques.

Pascal Tissières est tombé tout jeune dans la marmite des mines, celles du Mont Chemin ; il a alors découvert les trésors de la géologie reposant dans les nombreuses galeries d’exploitation du fer et du plomb argentifère. Il en a fait son métier, obtenant même un permis de fouille pour l’or de Salanfe, en association avec Willy Hubacher, ingénieur et Pascal Couchepin, ancien conseiller fédéral.

Quand Jean-Claude Praz, directeur du Musée de la Nature à Sion, évoque en 2000 le déménagement des collections de minéraux de Sion à Martigny, Pascal Tissières s’embarque dans l’aventure du musée, en acquérant l’ancien bâtiment de l’UBS. Le transfert des collections des minéraux à Martigny ne se réalisera malheureusement pas, le concept liminaire n’étant pas totalement partagé au sein des Musées cantonaux. Cependant, la conjonction des astres était favorable à la création d’un lieu dédié aux beautés de nos sous-sols : La Société bas-valaisanne des minéraux et fossiles vient en effet immédiatement à la rescousse, aménageant même une galerie de mine au sous-sol. Michel Delaloye, professeur à l’Université de Genève, prend à

cœur de rendre possible le projet de Musée des Sciences de la Terre par ses connaissances scientifiques étendues et sa précieuse aide.

La Fondation Tissières, en incarnant un rôle de phare dans le domaine des sciences de la Terre, s’engage profondément à la valorisation et la diffusion des savoirs géologiques, au travers de son Musée des Sciences de la Terre.

Cette mission s’élargit bien au-delà de la simple exhibition de minéraux, englobant la valorisation de l’héritage industriel du Valais, notamment à travers les industries du carbure et de l’aluminium. Ces secteurs, marqués par d’importantes évolutions économiques et écologiques, notamment concernant

les impacts de polluants, sont au cœur des préoccupations de la Fondation dans son but de conserver la mémoire industrielle.

Pascal Tissières
Président de la Fondation Tissières

Collection Estang

F Lampe rave Camusso (Pérou)
Matériaux : Argent / Hauteur totale : 50 cm / Diamètre : 11 cm

L’aluminium : voyage industriel du local au global

L’essor et les défis de l’aluminium

L’aluminium, léger et résistant, a joué un rôle crucial dans les innovations technologiques et les efforts de guerre du 20e siècle, tout en étant vulnérable aux caprices des économies mondiales. La géographie alpine, avec ses ressources hydrauliques abondantes a initialement favorisé le développement des industries de l’aluminium en Valais et en Savoie. Néanmoins, l’isolement de ces régions a augmenté les coûts de transport, affaiblissant leur compétitivité.

L’aventure de l’aluminium présente de forts risques de fluctuations des prix de vente 19, en particulier entre 1908 et 1914 et ce marché très concurrentiel

éliminera, à la fin du 20 e siècle, une grande partie de ces industries alpines.

Au début des années 1900, trois sociétés dessinent le paysage de l’aluminium valaisan ; l’Aluminium-Industrie AG à Chippis, les Gebrüder Giulini GmbH à Martigny-Bourg, rebaptisée en 1918 Aluminium Martigny SA, et une société venue d’Angleterre ; la British Aluminium Company Ltd. Cette dernière voulait turbiner les eaux de la Dranse à Orsières pour y installer une usine d’électrolyse, mais le projet n’aboutit pas. En revanche, les Anglais laissent en héritage la ligne ferroviaire Martigny-Orsières, construite entre 1907 et 1910. 20

La société Aluminium-Industrie AG après avoir passé par plusieurs chan-

gements de statut, dont la fusion avec Alcan EP en 2000, a finalement été scindée entre Constellium et Novelis, et a ainsi réussi sa reconversion aux nouvelles technologies. Ces sociétés emploient actuellement environ 1’300 personnes. Aluminium Martigny SA a, quant à elle, cessé ses activités en 2003.

21 Ligne Martigny-Orsières construite par la British Aluminium Company Ltd entre 1907 et 1910, comme trace de leur passage dans la région ca 1950

ca 1950

22 Transfert de métal liquide dans un creuset

23 Site des Vorziers en 1952, avec stockage des déchets et leur remblayage dans la nappe 1952

L’histoire de l’aluminium est marquée dès le début par des effets néfastes aux alentours des sites de production. La végétation sèche ou porte des traces de brûlure et la production fruitière chute drastiquement. Le bétail semble lui aussi souffrir d’un nouveau mal sous la forme d’une maladie des os. 21

Rapidement, le lien est fait par la communauté scientifique entre ces phénomènes et les gaz fluorés émanant des usines. Ce sont ces émissions, dues au fluor utilisé pour l’abaissement du point de fusion nécessaire à la fabrication de l’aluminium, qui sont la cause de ces dégâts. À la longue, ces émanations attaquent également les os, les articulations ainsi que les voies respiratoires des ouvriers les plus exposés. Ils souffriront de fluorose.

Dès 1950, malgré ces problèmes, la production valaisanne d’aluminium va connaître une forte augmentation annuelle ; entre 1960 et 1974, la production passe même de 40’000 tonnes à 94’000 tonnes. Il faudra attendre les années 1980 et l’appui du monde scientifique et politique, en particulier celui de Raymond Vouilloz (1932-2024), préfet à Martigny, pour que les dommages déniés depuis plus de 70 ans par l’industrie et l’État soient enfin reconnus. Dans le sillon de cette attitude, se développent les premières législations en matière de protection de l’environnement (1983).

Aluminium-Industrie AG, Pionnier à Chippis, Sierre et Steg

Au tournant du 19 e siècle, Michel Zufferey 22 et W. D. Müller-Baur, deux entrepreneurs sierrois, initialement issus du monde de l’hôtellerie, se lancent dans l’aventure industrielle. En 1892, ils obtiennent une concession pour exploiter la force hydraulique de la Navizence à Chippis. En 1898, ils étendent leur droit à toute la rivière.

En 1905, les deux hommes d’affaires vendent leur projet à Adrien Palaz, représentant d’Aluminium-Industrie AG (AIAG), basée jusque-là dans le canton de Schaffhouse. AIAG acquiert les terrains nécessaires pour bâtir une usine d’aluminium à Chippis, inaugurée par la première coulée d’aluminium le 13 juillet 1908.

Dès 1914, face aux difficultés de vente de l’aluminium, AIAG se tourne vers la production d’acide nitrique pour l’effort de guerre, employant des milliers de personnes, dont beaucoup maintiennent en parallèle une activité agricole (ouvriers-paysans) 23. L’usine fabrique aussi l’ammoniaque et la glycérine, composants de la dynamite inventée en 1866 par Alfred Nobel (1833-1896).

Après la guerre, l’usine, s’étendant à Sierre, se recentre sur l’aluminium, produisant divers produits semi-facturés ; barres, profils, tôles laminées etc. En 1962, une nouvelle installation est créée à Steg.

Actuellement les deux sociétés nées des divers achats et fusions sont à la

pointe de la technologie de l’aluminium ; Constellium est spécialisé dans les secteurs du transport tandis que Novelis, continue de produire des tôles fines pour diverses applications, dont les canettes de boisson.

24 Usine de Aluminium-Industrie AG

Chippis — ca 1935

Compléments :

Vente de l’usine et de la concession à Adrien Palaz

Les hôteliers revendent au printemps 1905 leur usine et leur concession à l’ingénieur Adrien Palaz qui agit pour le compte de la société Aluminium-Industrie AG (AIAG), de siège social à Neuhausen am Rheinfall (SH), pour la coquette somme de Fr 235’000.-.

Aluminium Martigny SA, une histoire de famille et d’innovation

Au cœur du Valais, à Martigny, une saga industrielle prend racine avec la famille Giulini, originaire de Lombardie, qui, dès la fin du 19e siècle, s’engage dans l’aventure de l’aluminium. 24

Exploitant depuis les années 1860 des carrières de bauxite pour fournir l’Europe et les États-Unis, les Giulini se heurtent à l’ambition croissante de leurs clients désireux d’indépendance dans le traitement de la bauxite 25. Sous l’égide de Dr Georg Giulini, quatrième génération d’industriels, la décision est prise de maîtriser l’ensemble de la chaîne de production de l’aluminium 26 .

La rencontre entre Dr Georg Giulini et Henry Gall, figure de proue de l’électrochimie, esquisse le projet d’une usine d’aluminium à Martigny-Bourg, alimentée par l’énergie hydraulique de la Dranse. Toutefois, les négociations s’enlisent, et chacun poursuit son chemin : Henry Gall avec son usine de produits azotés (SPA), et Giulini qui inaugure l’usine d’Aluminium Martigny SA (initialement Gebrüder Giulini GmbH) dès avril 1908. Avec 52 fours, l’usine promet une production annuelle de 800 tonnes d’aluminium, soutenue par un contrat énergétique avantageux.

L’épopée de l’aluminium à Martigny connaît son apogée et ses défis : extension à l’est de Martigny aux Vorziers en

1938, une économie locale dynamisée par des emplois pour les paysans de la région 27, mais aussi les affres de la pollution au fluor, symptôme des tensions entre progrès industriel et conservation environnementale. La fin du 20 e siècle marque le déclin de l’électrolyse, et en 2003, l’ère du recyclage de l’aluminium s’achève à Martigny.

Les répercussions écologiques, notamment les émanations de fluor, suscitent une prise de conscience tardive, cristallisée par des législations environnementales en 1983 et 1986. L’histoire d’Aluminium Martigny SA est également marquée, durant l’année 1985, par un acte de sabotage inédit témoignant des tensions sociales et politiques liées au fluor.

25 Élévations et coupes de la halle des sulfates (SPA)  rappelant l’architecture d’une église ; un patrimoine industriel démoli au début des années 1990 Bâtiment conçu par l’architecte Marc Burgener Informations tirées de Varone et Franzetti, pp.60-61 — 1983 29

Entraînée par la fin de la prospérité de l’électrochimie et de l’aluminium en Valais, la démolition de sites emblématiques, tels que celui de le SPA à Martigny 28 ou l’usine de carbure de Vernayaz ou celle de papier à Vouvry, soulève la question de la préservation du patrimoine valaisan. Ces édifices, témoins d’une époque révolue, rappellent l’urgence de les intégrer dans une réflexion sur l’identité et l’avenir de la région, entre mémoires industrielle et architecturale.

Compléments :

Un contrat attrayant

Le contrat du 12 juin 1908 de fourniture de courant avec la Société d’Électrochimie d’Henry Gall (SEC) était attrayant : 0,8 centime le kWh pendant 20 ans.

Le travail d’une vie

Jusqu’en 1953, à l’âge respectable de 95 ans, Georg Giulini s’implique personnellement dans la conduite d’Aluminium Martigny AG, puis sa fille Elena HerrGiulini (1887-1984) deviendra administratrice – déléguée.

Un sabotage

Deux explosions détruisent les transformateurs de Martigny le 19 mars 1985, alors même qu’un important système de filtration fut installé avec succès en 1981 à dessein de respecter les normes d’émissions fluorées. Les responsables ne furent jamais identifiés. 30

Un patrimoine industriel

Il est vrai que la mise en valeur de ces objets dignes de protection exige de disposer d’un projet de revalorisation échappant souvent à l’économie strictement privée : ces locaux rencontrent souvent la prédilection des milieux artistiques.

26 Schéma représentant les raisons et les différentes entreprises qui sont nées en Valais en raison de la géographie du Canton

Gebrüder Giulini

aluminium

Conduites forcées

Piedbœuf

Giovanola

Bouchayer-Viallet

Société de Produits Azotés carbure de calcium engrais

Martigny

Géographie du Valais

Chutes d’eau

Turbines

Pelton 1879

Génératrices

Brown, Boveri & Cie (BBC)

Production d’électricité

grâce à l’hydraulique

British Aluminium Company Ltd Train

MartignyOrsières

TMR

aluminium Novelis Lonza SA carbure de calcium engrais vitamines vaccins

Gampel, Visp, Steg

Aluminium-Industrie AG Alusuisse

Constellium

Chippis, Sierre

27 Site des Vorziers avec le bâtiment administratif, à l’arrière la Grand-Garde ca 1950

28 Le remplissage des fours avec de l’alumine et de la cryolite ca 1950

Compléments :

En France

Quatre sites se sont lancés dans l’aluminium ; ils gravitent tous autour de Pechiney. Ces sites ont aussi vécu des épisodes tourmentés liés aux dégâts induits par le fluor :

• Salindres dans le Gard

• St-Michel et St-Jean de Maurienne

• La Praz près de Modane en Maurienne

• La Gardanne dans le département des Bouchesdu-Rhône

Exposition

Charbon, bon vieux fossile !

L’exposition « Charbon, bon vieux fossile ! », réalisée en 2023, en collaboration avec Sinergy, services industriels de Martigny, a fait découvrir au public les pratiques énergétiques à venir. À travers une approche éducative, elle a su susciter une réflexion sur les énergies carbonées et leur place dans un avenir durable.

En réunissant l’expertise de professionnels et la passion des amateurs de géologie et d’histoire industrielle, la Fondation Tissières et l’exposition « Charbon, bon vieux fossile ! » ont créé un espace d’apprentissage et d’exploration, où le public a pu se connecter avec le patrimoine naturel et industriel de la région. Ce faisant, la Fondation a permis de mettre en lumière les liens entre le passé industriel riche du Valais,

ses défis contemporains et les possibilités futures, favorisant une compréhension plus profonde de notre planète et soulignant l’importance de préserver notre environnement pour les générations actuelles et futures.

L’exposition vue par :

Une immersion historique et éducative

L’idée derrière cette exposition était de créer quelque chose de plus qu’informatif : nous voulions une expérience immersive et engageante. L’objectif principal étant de sensibiliser les visiteurs à l’importance de la transition énergétique et de montrer les efforts de la Ville de Martigny dans son travail de transition. Le charbon a une histoire riche, et son impact sur le climat est un sujet crucial que nous devons tous comprendre.

Pour capter l’attention et immerger les visiteurs, nous avons opté pour un design audacieux et dynamique. Des visuels en grand format et des couleurs vives et contrastées, notamment le jaune et le noir, créent une atmosphère stimulante.

Ces éléments visuels servent de guide tout au long du parcours de visite.

L’exposition est structurée en trois niveaux de lecture. D’abord, les accroches visuelles attirent immédiatement le regard. Ensuite, des textes introductifs offrent un aperçu rapide des sujets abordés. Enfin, pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances, nous proposons des informations détaillées. Cela permet à chacun de naviguer à son propre rythme et selon son intérêt.

Nous couvrons plusieurs thèmes clés. Des panneaux expliquent les méthodes d’extraction du charbon, les dangers associés et les mesures de sécurité. Une section est dédiée aux conséquences de la combustion du charbon sur le climat, soulignant l’urgence de la transition énergétique. Nous avons également exposé la riche collection de lampes de mineur de M. Estang, et d’autres artefacts historiques, créant un lien tangible avec le passé.

Les matériaux utilisés pour l’aménagement, tels que le bois, le métal et le charbon, renforcent l’authenticité et l’atmosphère de l’exposition. Tout au long du parcours, le charbon et l’anthracite, exposés sous forme de blocs brillants, sont sublimés en pièces de collection, transformant ces matériaux de peu de valeur en objet précieux. La volonté de les présenter à contre sens s’inscrit dans l’espace comme un rappel de la valeur que cette industrie a apporté dans l’histoire de l’humanité.

29 Vue partielle de l’aménagement
Fondation Tissières, Martigny — 2023

Une lumière sur le passé minier et l’essor industriel en milieu alpin

30 Mobilier de protection pour le prototype de dispositif de contrôle des présences de mineurs en souterrain

Fondation Tissières, Martigny — 2023

31 Vue générale de l’aménagement

Fondation Tissières, Martigny — 2023

32 Mise en scène des lampes de mineur Fondation Tissières, Martigny — 2023

33 Aménagement éducatif des murs au sol

Fondation Tissières, Martigny — 2023

Le parcours de l’exposition est conçu pour être fluide, permettant aux visiteurs de naviguer librement. Les sujets sont répartis sur les murs, le sol et des tablettes, ajoutant une dimension ludique à l’apprentissage.

« Charbon, bon vieux fossile ! » n’est pas une simple exposition, nous l’avons pensé comme une expérience immersive qui allie histoire, éducation et sensibilisation environnementale. L’envie de découvrir, d’apprendre et de se laisser surprendre par l’histoire sont les bases qui ont permis le développement de cette exposition.

34 Exposition ludique, proche du charbon Fondation Tissières, Martigny — 2023

35 Vue depuis l’entrée de la salle

Fondation Tissières, Martigny — 2023

Exposition réalisée par :

Commissariat général de l’exposition

Pascal Tissières, Géologue, Musée des Sciences de la Terre

Julien Bétrisey, Directeur, Sinergy Commerce SA, Sinergy

Infrastructure SA

Blaise Larpin, Conseiller municipal, Ville de Martigny

Scénographie et graphisme

Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

Collections

Lampes de mine, Collection de Philippe Estang

Documents d’archives, Musée des Sciences de la Terre

Médiathèque Valais, Fonds Michel Métral

Outils et matériel de mine, Musée des Sciences de la Terre

Soutenu par La Loterie Romande

Ville de Martigny

Lampes raves Collection

Estang

des égouts de Paris

Collection Estang

A Lampe rave Rossi (Paris) utilisée pour le fonçage et l’entretien
Matériaux : Acier / Hauteur totale : 32 cm / Diamètre : 10 cm

Collection Estang

B Lampe rave
Matériaux : Laiton / Hauteur totale : 55 cm / Diamètre : 18 cm

E Lampe rave avec double réservoir, provenant des mines de cuivre d’Acari (Pérou)

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 27 cm / Diamètre : 8 cm

Collection Estang

F Lampe rave Camusso (Pérou)

Matériaux : Argent / Hauteur totale : 50 cm / Diamètre : 11 cm

Collection Estang

G Lampe rave allemande avec un double système de crochet
Matériaux : Laiton / Hauteur totale : 36 cm / Diamètre : 7 cm
Collection Estang
H Lampe rave (Portugal ou Espagne)
Matériaux : Laiton / Hauteur totale : 46 cm / Diamètre : 11 cm
Collection Estang
I Lampe rave (Portugal ou Espagne)
Matériaux : Laiton / Hauteur totale : 28 cm / Diamètre : 6 cm
Collection Estang

J Lampe rave de fabrication allemande, utilisée sous licence au Pérou

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 53 cm / Diamètre : 11 cm

Collection Estang

K Lampe rave de petite taille

Matériaux : Laiton / Hauteur totale : 27 cm / Diamètre : 6 cm

Collection Estang

Une

L Lampe rave ayant un crochet articulé directement sur l’étrier

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 76 cm / Diamètre : 12 cm

Collection Estang

M Lampe rave d’accrochage provenant des mines d’or de la « Rinconada », utilisée comme photo de couverture et de 4e de couverture

Matériaux : Acier / Hauteur totale : 75 cm / Diamètre : 20 cm

Collection Estang

Annexes

Notes

Fabricants de lampes

Bibliographie

Crédits photographiques

1) Chrzanovski et al., 2012, p. 117.

2) EM, 2021, p. 46.

3) EM, 2021, p. 30-51 et p. 7.

4) Voici des exemples de musées exposant des lampes de mineur : En Valais, des lampes de mineur sont à admirer dans le musée de la mine créé par Roland Moix à Praz-Jean dans le Val d’Hérens : M. Moix a aménagé la station inférieure du téléphérique de la mine de Comtesse qui exploitait le minerai d’argent aux 19e et 20e siècles (NV, 31.7.2015). En Suisse, le Musée local de Niederrohrdorf (AG) présente un ensemble de lampes issues de l’entreprise Lampen-Metallwaren-Fischband-Fabrik & Messing-Giesserei Castor Egloff & Cie (Zollinger 2019, p.23). En France, chaque musée consacré à l’aventure minière expose des lampes, comme le Parc-Musée de la Mine et Puits Couriot couvrant 15 hectares à St-Étienne (Loire) avec sa lampisterie ou le Centre historique minier de Lewarde dans l’ancien charbonnage du Nord-Pas-de-Calais.

5) Puits Couriot, 2017-1.

6) Schmid, 2004, p.157 et 172.

7) Grisou en Suisse (FMM) : aucun coup de grisou n’est documenté en Suisse, à l’exception de cas signalés dans le Nouvelliste Valaisan : à Chandoline/Sion, il signale le 21 juin 1919 une terrible explosion qui tue un ouvrier italien, Jean Antonelli et blesse deux autres mineurs, en voulant allumer leur lampe et le 30 septembre 1944 un coup de grisou qui tue un ouvrier d’origine italienne, M. Castelli, et blesse légèrement un autre ; dans la mine de Collonges, le 19.2.1943, une explosion brûle deux mineurs au visage, et le 19.4.1945, une explosion provoque la mort d’un mineur, Jean Vouillamoz, d’Isérables et blesse deux autres personnes, car ils étaient probablement sous la cheminée avec leur lampe à carbure allumée. Le Nouvelliste Valaisan reporte le 26 février 1942, aussi dans la mine d’anthracite de Vernayaz un coup de grisou blessant deux mineurs, puis le 13 mars 1942 une explosion de gaz blessant deux hommes, et enfin le 27 janvier 1943 un coup de grisou blessant deux ouvriers.

Comme ce sont les seules explosions de l’histoire des mines du Valais attribuées par le Nouvelliste Valaisan au grisou, il n’est pas farfelu d’envisager d’autres causes, comme les poussières de charbon qui forment un mélange détonant en présence d’une flamme (recharge d’une lampe à carbure dans la mine, Chandoline/Sion, NV, 17 janvier 1941). Il arrivait aussi que l’explosion soit induite par les gaz d’essence en contact avec la flamme d’une lampe à carbure (Chandoline, NV, 20 septembre 1940). Le réservoir à carbure pouvait aussi exploser comme à Chandoline par apport d’eau (NV, 1er octobre 1940).

8) Guichonnet et al., 1980, pp. 267-274.

9) Houille blanche : voici la citation d’Aristide Bergès tirée de son discours à l’Exposition Universelle de Paris en 1889 (Wikipedia) : « Les glaciers des montagnes peuvent, étant exploités en forces motrices, être pour leur région et pour l’État des richesses aussi précieuses que la houille des profondeurs.

Lorsqu’on regarde la source des milliers de chevaux ainsi obtenus et leur puissant service, les glaciers ne sont plus des glaciers ; c’est la mine de la houille blanche à laquelle on puise, et combien préférable à l’autre. » On peut saluer l’anticipation face aux problèmes de pollution et d’effet de serre liés à l’utilisation du charbon.

10) Schmid 2004, p. 111 : L’entreprise Faesch & Piccard livre même ses turbines à la Niagara Falls Power Co ; elle deviendra Piccard & Pictet à la mort de l’ingénieur Faesch pour créer des modèles de voiture, les fameuses Pic-Pic, dont on peut admirer des exemplaires à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny (photo du modèle Pic-Pic 1911 en page 21).

11) Anthelme Boucher, né au Havre (F) en 1856, fait ses études d’ingénieur à la Faculté technique de l’Académie de Lausanne et obtient son diplôme en 1880 (BTSR, 1936). Cette Académie créée en 1853, soit deux ans avant la célèbre École Polytechnique de Zurich, devient l’EPUL, l’École polytechnique de l’Université de Lausanne en 1946, puis en 1969, l’EPFL, l’École polytechnique fédérale de Lausanne.

Anthelme Boucher a acquis la nationalité suisse.

Pour le compte de la Société d’électrochimie d’Henry Gall, nombreuses sont ses réalisations. Voici quelques-unes de ses réalisations :

• en 1889-1890 les usines du Day près de Vallorbe (VD),

• en 1893-1894, celles de St-Michel de Maurienne et de Notre-Damede-Briançon,

• 1901-1902, la construction de l’usine de Vouvry avec sa chute de 920 m depuis le lac de Tanay pour les Forces motrices de la Grande-Eau,

• en 1904-1908, l’usine de Martigny-Bourg,

• en 1907-1908, la deuxième usine à St-Michel de Maurienne et le projet pour la British Aluminium Company de turbiner les eaux de la Dranse à Orsières,

• en 1912-1915, l’usine de Fully avec le record de hauteur de chute (1650 m) et son usine d’emboutissage de 1916 à 1919,

• en 1925-1926, la seconde usine du Day/Vallorbe,

• en 1926-1929, la centrale de Sembrancher sur les eaux de la Dranse pour la Société romande d’électricité (devenue Romande Énergie).

M. Boucher travaille aussi dans les Pyrénées. En 1910, il est le co-auteur d’un projet de liaison ferroviaire entre Orsières et Pré-Saint-Didier dans le Val d’Aoste, avec l’ingénieur Jules Couchepin (Kalbermatten, 2010, p. 35). Il est aussi dès 1917 le promoteur des forces motrices de La Dixence, concession qu’il cède à Energie de l’Ouest Suisse, EOS, en 1925. Il décède à Prilly le 19 avril 1936.

12) Aimé Bouchayer, directeur de l’entreprise Buchayer-Viallet, et Anthelme Boucher ont un point commun très particulier : l’utilisation de la force hydraulique pour fabriquer des emboutis d’obus en acier pendant la Première Guerre mondiale, l’un à Grenoble, l’autre à Fully. Ainsi, de juin 1916 à octobre 1918, la Société d’emboutissage SA, de siège social à Fully, dirigée par Anthelme Boucher produit juste sous l’usine électrique de Fully jusqu’à 9’000 emboutis par jour, en occupant 350 personnes, en trois équipes, jour et nuit. Le Ministère de l’armement français qui a livré les presses de découpe et d’emboutissage y achète quelque six millions d’enveloppes d’obus de Fully.

Toutes les infrastructures sont démontées et renvoyées en France en 1919. Les conditions déplorables de travail, l’autoritarisme de la direction (des méthodes qui sentent la Prusse à vingt lieues à la ronde, dixit le journal de gauche Le Falot) sont alors dénoncées et vont contribuer à développer le syndicalisme en Valais.

Cette vision de la neutralité active ne dérangeait pas le conseiller national de Martigny, Jules Tissières, qui était le secrétaire de la société mais qui dénonce le 8 mars 1916 dans un discours au Conseil national les forts liens unissant l’Armée suisse au Gouvernement allemand (Bellwald et al., Bender Gabriel, 2006, pp. 300-309 et Tissières J., 1919, pp. 49-76).

13) Sources : www.lonza.com, Lonza, history ; Bellwald et al., 2006, Bellwald W. & Kalbermatten Hans, pp. 437-447.

14) La Société d’Électrochimie SA (SEC) fondée en 1889 par Henry Gall est un empire hydroélectrique et électrochimique en 1907 quand Alfred Tissières est en contact avec elle (FAT) : son capital social s’élève alors à FF 4’400’000.-. Elle gère six usines : en France, celle de St-Michel en Maurienne, des Clavaux en Isère, de Saint-Fons dans le département du Rhône, de La Barasse dans les Bouches du Rhône et en Suisse les usines de Vallorbe et de MartignyBourg. M. Gall est à partir de 1928 vice-président et administrateur délégué de la Société d’électrochimie, d’électrométallurgie et des aciéries électriques d’Ugine (SECEM) qui a repris la SEC. La SECEM vend ses usines de Martigny et de Fully en 1922 à Énergie de l’Ouest Suisse (EOS) créée en 1919, ainsi que la concession des forces motrices de Champsec-Fionnay (Paquier, 1989 p. 71). EOS réalise l’aménagement de Champsec-Fionnay entre 1927 et 1930, puis se lance dans la construction du grand projet de Chandoline/Dixence de 1929 à 1937, projet initié par Anthelme Boucher.

15) Personnel de la SPA : M. Hanauer est le premier directeur et habite sur place dans les années 1910, à qui succède Georges Chappuis de 1921 à 1942 ; Frédéric Chastellain, ingénieur, Dr ès sc, prend la direction de la SPA en 1942 à la suite du décès accidentel de M. Chappuis jusqu’à sa retraite en 1963 ; Harry Cellier, qui était directeur de la société Cupra à Renens,

appartenant à la SPA d’Ugine-Kuhlmann, est le dernier directeur de 1963 à 1974, date de la dissolution de la SPA (NV 19.5.1942 ;15.7.1960 ;23.1.1963).

La partie technique est dirigée par Pierre Mivelaz (Mivelaz, 1989). La clientèle de la SPA est reprise par La Lonza qui garde une partie du personnel administratif, en particulier l’ingénieur agronome Bernard Paccolat (19202010) qui est chargé des liens avec les stations fédérales d’agronomie, les écoles d’agriculture et les services de vulgarisation agricoles (NV 1.4.2010). La SPA a fait défendre ses intérêts pendant 50 ans par Henri Chappaz (1888-1960), un talentueux avocat de Martigny, député, conseiller communal et président du conseil de fondation en faveur du personnel de la SPA. Le personnel était local, comme Marcel Glassey comme chef de bureau et accessoirement sousdirecteur de l’Harmonie municipale (NV 11.1.1967).

16) Les autres fabricants de carbure en Valais sont installés à Bramois, Vouvry et Vernayaz (Duc 2003 ; Bellwald et al., 2006, p. 349) :

• la fabrique de Louis Dumont (1840-1908) est construite en 1898 et est alimentée par son usine électrique turbinant les eaux de La Borgne à Bramois ; son frère Pierre produit des lampes à acétylène avec des modèles pour les voitures et les bicyclettes et installe même ce type d’éclairage dans les habitations, comme chez Charles Haenni à Sion ; les frères Dumont, de Vouvry, sont les seuls industriels d’origine valaisanne.

• la Société romande d’électricité par les Forces motrices de la Grande Eau a aussi produit à Vouvry du carbure de calcium jusqu’en 1917. Le courant électrique est livré par l’usine de Vouvry qui turbine les eaux du lac de Tanay. Puis le courant sert à fabriquer du ciment pour la Société des chaux et ciments de Vouvry.

• la Société industrielle du Valais MM. Manz et Cie se lance en 1899 dans la production de carbure à Vernayaz grâce aux eaux de La Pissevache ; elle est reprise par les frères Dumont vers 1900, puis par le Bâlois Gregor Stächelin (Duc 2003). Ce dernier fournira jusqu’en 1924 le courant électrique à toute la région ; l’usine électrique et les bâtiments seront alors rachetés par La Lonza. Celle-ci avait déjà acquis en 1919 l’Hôtel des Gorges du Trient,

l’un des premiers grands hôtels du Valais, ouvert en 1871 déjà. La Lonza y installe ses bureaux. Les bâtiments de la fabrique de carbure ont été démolis vers 2010 malgré un préavis négatif de l’Office cantonal de la protection des biens culturels et du Service cantonal des Monuments historiques (Bellwald & al., 2006, p.11).

17) La Lonza dispose de ses propres carrières de calcaire du Malm, le calcaire de Chalchofe de 1898 à 1990 à Gampel et celui de Rufi à Leuk/Loèche de 1928/1929 à 1964. Cette dernière était équipée d’une voie Décauville reliant la carrière à la gare de Susten pour le transport ferroviaire jusqu’à Visp (Kissling & al, 2016, p. 357 sq.). Dans le Bas-Valais, La Lonza mandate vers 1900 deux entrepreneurs, Joseph Tissières (1869-1959), de St-Léonard et Jean Fortis, de Monthey, pour lui fournir un calcaire de l’Urgonien particulièrement pur, celui des Lappiaz à Monthey et pour y alimenter les fours à chaux construits sur place. En 1917, six fours à chaux de La Lonza fonctionnent aux Lappiaz et la chaux vive lui était livrée par train depuis Monthey. Vers 1920, Joseph Dionisotti (1891 à Nus (Val d’Aoste) - 1970 Monthey) reprend à son compte la production de chaux pour La Lonza. L’exploitation des Lapppiaz cesse à fin 1972 (Kissling & al, 2016, p. 154 sq.).

18) Mordor Intelligence Marché du carbure de calcium.

19) Zeerleder, 1938, p. 9.

20) La ligne ferroviaire Martigny-Orsières : après divers projets, c’est celui du groupe de Gustave Dietrich (-1933), ingénieur à Lausanne, Maurice de Cocatrix (1873-1955), ingénieur EPFZ à Martigny, d’Anatole Closuit (18631932), banquier à Martigny et de François Troillet (1854-1916), d’Orsières, juge cantonal qui obtient la concession des autorités fédérales le 23 juin 1904 pour un chemin de fer à voie étroite et électrique ; ce groupe était déjà détenteur de la concession de chemin de fer allant d’Orsières à la frontière italienne au col de Ferret ! Mais coup de tonnerre, la British Aluminium Company Ltd, fondée en 1894 veut aussi construire une fabrique d’aluminium à Orsières. Elle obtient les droits d’eau sur la Drance, projette l’usine électrique de Forces motrices d’Orsières et propose de construire à ses frais la ligne Martigny-

Orsières pour le transport de l’aluminium. Le groupe des initiateurs locaux se désiste Une ligne à voie normale est posée entre 1907 et 1910 avec de nombreux ouvrages d’art, des ponts, des tunnels et des galeries de protection contre les torrents. Jules Couchepin (1875-1939), ingénieur EPFZ de Martigny et président de la Commune de Martigny-Bourg participe à la construction des ouvrages d’art. L’usine d’aluminium ne verra pas le jour pour des raisons politiques et économiques liées à la Première Guerre mondiale. La British Aluminium Company Ltd reste propriétaire de la ligne jusqu’en 1955, puis la ligne est reprise par un groupe composé des communes de l’Entremont et de Martigny, du Canton du Valais, de la Confédération, etc. (Kalbermatten 2010).

Forces motrices d’Orsières : La British Aluminium Company Ltd se dessaisit de ses actions en 1929 ; elles sont reprises par Chemie-Industrie à Bâle, la CIBA qui est implantée à Monthey depuis 1904 pour la fabrication de colorants (indigo) et la Société suisse d’Électricité et de Traction de Bâle : Ces deux sociétés réalisent l’aménagement hydroélectrique que les Anglais n’avaient pas conduit à terme (BTSR, 1934).

21) Zufferey 1982, p. 163 et Elsig, 2019.

22) Un groupe d’avocats, de banquiers et d’hôteliers s’occupe localement de monter des dossiers de concessions de forces hydrauliques (FAT). On retrouve à Sion un ténor de la politique, Raymond Evéquoz (1863-1915), avocat, préfet et conseiller national, pour les Forces motrices du Haut-Rhône, Louis Calpini (1848-1918), notaire, commerçant en vins et exploitant du charbon de Collonges, pour la concession de Sorniot/Fully et des eaux de La Réchy/GrôneNax. Alfred (1854-1921) et son fils Jules Tissières (1881-1918) s’impliquent avec succès sur la chute des eaux de Sorniot : ils négocient avec la Commune de Fully la concession puis la vendent à la Société d’Électrochimie (SEC) d’Henri Gall, de Paris, le 28 novembre 1906 pour Fr 100’000.- et 8 actions à Fr 2’500.-, le tout sera repris par le Consortium des forces motrices de Fully et de Bagnes. Les deux Tissières sont partenaires en 1911 des Forces motrices de Bagnes avec Anthelme Boucher, deux personnalités de la Vallée de Bagnes, Louis

Troillet (1869-1943) avocat et juge, et Maurice Troillet (1880-1961), avocat et futur conseiller d’État, et avec des partenaires étrangers, Paul Piedboeuf, ingénieur à Düsseldorf, Aimé Bouchayer, des Établissements BouchayerViallet de Grenoble et la Société franco-suisse pour l’Industrie électrique, de Genève, un consortium de banquiers et de constructeurs électriques. Michel Zufferey (1850-1917), propriétaire de l’Hôtel Bellevue à Sierre et W. D. Müller-Baur ont construit la première usine sur la Navizence dans les années 1890 avec une chute de 30 m. Ils revendirent leur concession à l’ingénieur de l’AIAG, Adrien Palaz pour la création d’une nouvelle centrale hydroélectrique et une usine de fusion de la bauxite opérationnelle dès juillet 1908 ! Michel Zufferey a été une locomotive du tourisme : il construit avec son beau-frère Louis Antille (1853-1928) le premier hôtel à Montana, le Grand Hôtel du Parc inauguré en 1892, puis l’Hôtel de la Forêt à Vermala en 1897. Entre l’Hôtel Bellevue et l’Hôtel du Parc est établie la première ligne téléphonique du Valais, vers 1896. On retrouve Michel Zufferey dans la construction du funiculaire Sierre-Montana-Vermala en 1911 et du chemin de fer LoècheLoèche-les-Bains en 1915 (Doriot Galofaro et al., 2005, pp. 95-96). MM. Zufferey, Müller-Baur et Charles de Preux (1858-1922), avocat, préfet, puis conseiller d’État sont aussi à l’origine du projet ferroviaire reliant Sierre à Zermatt dont le premier coup de pioche aurait dû être donné le 1er septembre 1914 (NV, 20.7.1960) !

23) NV, 16.5.1989.

24) Ruch 2009, p. 18 sq.

25) Voici comment se déroule la fabrication de l’aluminium (v. Zeerleder, 1938) : l’aluminium s’obtient par un processus en deux temps, la production d’alumine à partir de la bauxite et la fusion de l’alumine grâce à un bain fluoré d’électrolyse à 950-1’000°C. Ce processus a été mis au point par l’Autrichien Karl Josef Bayer pour le premier pas et par les inventeurs Héroult et Hall pour la seconde étape. La bauxite, un hydroxyde d’aluminium, Al(OH) 3 est attaquée par de la soude NaOH à hautes pression et température, puis refroidie brutalement pour obtenir un nouvel hydroxyde d’aluminium, pur

cette fois, Al(OH)3. Ce produit est calciné à plus de 1’000°C : il devient de l’alumine, Al2O3. Cette alumine est le produit de base des usines d’aluminium. Grâce au bain fluoré de cryolite, Na3Al F6, l’alumine est réduite : il en résulte un métal pur à 99%. Des fours sortent différents gaz, l’oxygène et surtout de l’acide fluorhydrique dont l’effet ravageur sur les cultures maraîchères et les arbres fruitiers caractérise les environnements autour des usines d’aluminium.

26) Giulini, 1963, pp. 20-28.

27) Personnel d’Aluminium Martigny AG : L’usine a été un important pourvoyeur de travail à des ouvriers qui assumaient parallèlement leurs tâches de paysans ; une centaine de personnes venaient de Martigny et de ses environs dans les années 1920 et 1930. En 1908, le salaire horaire s’élevait à 48 centimes, avec un travail hebdomadaire de 60 heures. Dès les années 1940 plus de 300 employés étaient engagés à l’usine des Vorziers. Jusqu’à sa fermeture en 2003, l’usine n’a été dirigée que par six directeurs : de 1908 à 1924, Dr Gabriel van Oordt ; de 1924 à 1949, Dr Ernst Moser ; de 1951 à 1973, Herbert Vallentschag ; de 1970 à 1988, Henri Guinand ; de 1989 à 1996, Olivier Dumas et de 1996 à 2001, Mirko Schärer (Ruch, 2009, p.177). 28) Les « sols vitaminés » de la SPA, selon l’expression de Roby Jordan, ancien architecte communal de Martigny : le grillage de la pyrite entraînait d’énormes volumes de déchets contenant des éléments toxiques, le thallium, le mercure, le sélénium, le cuivre, le zinc, le cadmium et le cobalt. Ces déchets étaient déversés directement dans des étangs creusés dans la nappe d’eau souterraine et stabilisés avec de la chaux. Ils se sont ainsi inertisés et forment toujours d’immenses strates de gypse induré à faible profondeur dans le sol (Mivelaz, 1989). Ces couches ont été recouvertes en 1995 d’une natte d’argile bentonitique étanche pour empêcher que les eaux de pluie les lessivent et libèrent les polluants.

La SPA offrait aussi aux entreprises locales de génie civil ses scories de pyrite comme grave : on retrouve ainsi des terres fortement colorées en rouge ou en jaune, riches en métaux lourds sur des parcelles privées en pleine ville de Martigny sans qu’il soit possible de rendre ces terres à son expéditeur, la

SPA étant disparue ! Elle était aussi une grande consommatrice de mazout qui était mélangé à la cyanamide de chaux pour la rendre moins pulvérulente ; le mazout a été retrouvé dans les eaux souterraines sous l’usine dans les années 1990.

29) Bellwald et al., 2006, Bender Gabriel, p. 461 et Varone et al. 1983, p.51-61 ; Marc Burgener est d’ailleurs l’auteur des plans des églises de Saas-Grund, Susten, Chippis et Veyras ainsi que des bâtiments pour la fabrication du carbure à La Lonza à Visp. L’« église » de la SPA est la seule église irrémédiablement démolie en Valais !

30) Ruch, 2009, pp. 134-137.

Fabricants de lampes

Sources : Puits Couriot, 2017-2, Zollinger 2005 ; Zollinger 2019 ; M. Thomas Zollinger possède une remarquable collection de lampes à acétylène

Les lampes à huile

FRANCE

ARRAS ;

• Cosset Dubrulle à Lille dont la lampe de sûreté servait aussi de grisoumètre par mesure de la hauteur de la flamme

• Chesneau, aussi utilisé comme grisoumètre

• Epervier Gillet et Cie avec ses lampes pour la SNCF, la société fusionne ensuite avec Burtin à Paris

• Victor-Adrien Fumat, ingénieur de la Cie des Mines de la Grand-Combe (Gard), inventeur d’une lampe de sûreté

• Poyard avec ses lampes livrées à la SNCF

• F. M. et André Rebattet, société créée en 1870

Les lampes à acétylène

FRANCE

• Arras, société fondée par MM. Catrice et Neu en 1898 à Arras connue pour ses modèles Decazeville (Aveyron), KP (Klein-Pujol) et Carmaux (Tarn), la société devient Arras-Maxéi en 1955

• Beaudouin & Trilles à Bordeaux avec sa lampe Idéale, de 1900 à 1980

• Besnard, société fabriquant des phares à acétylène pour camions

• Albert Butin à Paris avec ses lampes à carbure de la série 142 pour la SNCF, la société est devenue Butin-Gillet SA dans les années 1950

• Clérin à Pontcharra (Isère)

• Cochet, Barriole & Cie à Andrézieux (Loire)

• Dehail et Grenier à Paris, avec ses lampes PLM (Paris-Lyon-Marseille) pour la SNCF

• Faber à Aumetz (Moselle)

• Ch. Ferron à Paris, dès 1907 avec son modèle La Française

• H. Fondeur à Paris dans les années 1950

• De Labrousse & Cie à Albi (1896-vers 1920) avec ses lampes Aurore

• Liotard Frères devenue Société du gaz acétylène

• J. Lorton & Cie à Bordeaux

• Société des appareils Magondeaux (1922-1948) à Paris renommée pour ses bonbonnes à acétylène pour les phares de voiture et de vélos

• Manufacture Française d’Armes et de Tir (1885-1988), devenue Manufrance SA, à St-Étienne ; elle fabrique d’abord ses propres lampes puis commercialise sous son nom les modèles Arras

• Joseph Mercier, puis ses enfants, connu par ses lampes Étoile, à Nancy, de 1904 à dans les années 1960 ; un modèle Étoile est commercialisé en Suisse sous le label Marke Castor ou Simplon

• Marie-Marcel Perbal et sa lampe Marcel vendue chez Eicher à Nancy dès 1904 ; le modèle Marcel est repris par la société Jules Delacour en 1909 sous la marque JD ou Croissant

• Pernin et Lardière dès 1941 avec le modèle Aquilon vendue par Desautel

• F. M. et André Rebattet créé en 1870

• SCAGM à Courpière (Puy-de-Dôme)

• Täsch à Montois-La-Montagne (Moselle)

• Fernand Petzl, puis son fils Paul à Crolles (Isère) dès 1975, pour les spéléologues avec le modèle Ariane où la lampe est fixée sur le casque et possède un allumage piézoélectrique de la flamme (www.petzl.com)

ALLEMAGNE

• Friemann & Wolf (FRIWO), Grubenlampenfabrik, société fondée en 1884 à Zwickau (Saxe)

• J. Kampschulte & Co, Osnabrücker Metallwerke à Osnabrück, fournisseur des Deutsche Bahnen

• Rötelmann

• Hesse

• Köhler dont le modèle Ko-Pax à essence, et le phare de voiture

• Seippel

LUXEMBOURG

• Schiltz

• Frères Gillain à Esch

SUISSE

• Acetylen Emmenbrücke (LU), société fondée par J. C. Truttmann en 1898 ; elle vend ses propres lampes et celles de Mercier (F) et de Friemann & Wolf (D) ; elle est reprise dans les années 1940 par l’entreprise Jos. Baumgartner

• La société L. Elgass créée vers 1840 à Estavayer-le-Lac (FR) est connue pour sa lampe ELGA ; l’entreprise existe toujours mais offre ses services dans la signalisation, le marquage et le mobilier urbains (www.ellgass.ch)

• Castor Egloff & Cie SA, Metallwarenfabrik à Niederrohrdorf (AG), société fondée en 1849 ; elle fabrique depuis 1912 des lampes à huile, puis à carbure dont les modèles les plus connus sont Castor et Pollux pour les chantiers souterrains et Lötschberglaterne pour les chemins de fer ; les lampes sont reconnaissables par leur sigle sur la partie supérieure, un coq dans un cercle. Les lampes Egloff étaient aussi commercialisées par d’autres entreprises comme Robert Aebi & Cie AG à Zurich, R. Pestalozzi & Co à Lugano (TI), Stegmann & Co à Thoune (BE) et Otto Zaugg & Cie AG à Berne. La société est devenue depuis 1977 EGRO Suisse AG, puis EGRO Industrial Systems AG et est spécialisée dans le formage de la tôle industrielle

• Petitpierre & Grisel à Neuchâtel, représentant des lampes Mercier (F), et Friemann & Wolf (D)

BELGIQUE

• Hubert Joris à Liège

ESPAGNE

• Fisma

ITALIE

• Breda

• Santini

• Torino

Les becs des lampes à acétylène

La marque la plus répandue en Europe est le bec anglais Bray, en laiton et céramique.

En France, les sociétés Bullier à Paris, Gallia et Lecoq mettent aussi leurs becs sur le marché. En Allemagne, les becs Hélios sont beaucoup utilisés, et en Espagne, c’est la firme Inar qui les produit.

Les lampes électriques

Elaul depuis 1949 à Montoban (Tarn & Garonne) (www.elaul.fr)

Bibliographie

Ouvrages et revues

Bellwald et al., 2006 : Bellwald Werner & Guzzi-Heeb Sandro, édit., 2006, Un peuple réfractaire à l’industrie ? Fabriques et ouvriers dans les montagnes valaisannes, avec des contributions de Gabriel Bender, Hans Kalbermatten, et al., Cahiers d’ethnologie 07, Payot, Lausanne, 549 p.

BTSR, 1934 : Bulletin technique de la Suisse romande, 1934, Société suisse d’Électricité et de Traction, L’usine hydro-électrique d’Orsières, 60, cahier 5, pp. 49-55.

BTSR, 1936 : Bulletin technique de la Suisse romande, 1936, Nécrologie, Anthelme Boucher, 62, cahier 10, pp. 118-120.

Chrzanovski Laurent et al., 2012, À la tombée de la nuit… Art et histoire de l’éclairage, Musée d’art et d’histoire, Genève, 5 Continents Ed., 256 p.

Delaloye Michel, 2005, Hydrogéologie et géothermie du Massif du Simplon, in : Simplon, Histoire-Géologie-Minéralogie, Fondation B. & S. Tissières, Martigny, pp. 97-105.

Doriot Galofaro Sylvie et al., 2005, Un siècle de tourisme à Crans-Montana, Ed. Porte-Plumes, Ayer, 213 p.

Duc Gérard, 2003, La trajectoire d’une famille d’industriels valaisans du XIX e siècle, Les Dumont et les filières techniques de la deuxième Révolution industrielle, Annales valaisannes, 2003, pp. 153-167.

Elsig Alexandre, 2019, Pour les ouvriers valaisans, la « guerre du fluor » n’a pas eu lieu, in : Pour une histoire ouvrière de l’environnement, Cahier d’histoire du mouvement ouvrier, 35, Ed. d’En Bas, pp. 44-60.

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SGPC : Syndicat général des produits chimiques, 1929, Bulletin, 5, mai 1929, Henry Gall, pp. 229-230.

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Zufferey Michel-André, 1982, Chippis, de la communauté paysanne au bourg industriel, Ed. Monographic, Sierre, 189 p.

Archives

FAT : Fonds Alfred Tissières, déposé à l’Association des Archives de la Commune de Martigny ; il contient plusieurs concessions de forces motrices, la correspondance avec Henry Gall et ses sociétés, et des fascicules et prospectus concernant les engrais de la Société des Produits Azotés.

FMM : Fonds Michel Métral, déposé au Musée des Sciences de la Terre à Martigny, comprenant des articles décrivant les accidents dans les mines du Valais parus dans le journal Nouvelliste Valaisan (NV) de 1915 à 1945.

Mivelaz, 1989 : notes des entretiens de 1989 entre Pierre Mivelaz, directeur technique de la SPA et Pascal Tissières, classées sous 3.057 au bureau d’ingénieurs et géologues Tissières SA à Martigny.

Sites internet

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Ellgass, fabricant de lampes à carbure, puis spécialisé dans la signalisation, le marquage et le mobilier urbain : www.ellgass.ch.

Lonza, historique : https://www.lonza.com/about-us/our-history ; consulté le 9.5.2023.

Marbot Anne, AQAF, Magondeaux à la Reymondie, une « success story » en Dordogne : https://www.aqaf.fr/magondeaux-reymondie-dordogne/ ; consulté le 5.5.2023.

Mordor Intelligence Marché du carbure de calcium, : https://www. mordorintelligence.com/fr/industry-reports/calcium-carbide-market, consulté le 9 juin 2023.

NV : Nouvelliste valaisan : https://www.e-newspaperarchives.ch/?a= cl&cl=CL1&l=fr&sp=NVE : Incendies des villages de Charrat, d’Isérables, de Produit/Leytron ; Roland Moix ; Société des Produits azotés, Louis Troillet, Michel Zufferey ; consulté en mai et juin 2023.

Petzl, fabricant de matériel de montagne et de spéléologie : www.petzl.com.

Trimet, usine de production d’aluminium à St-Jean-de-Maurienne : https: //www.trimet.eu/fr/trimet/site/site-de-saint-jean-de-maurienne, consulté le 24.7.2023.

Wikipedia : https://www.wikipedia.org/ : Acétylène, Acide nitrique, Agricola Georg, Aluminium, Ami Argand, Arkema, Carl Auer von Welsbach, Adrien Badin, Jules Barut, Aristide Bergès, Joseph Bouchayer, Brown Boveri, MichelEugène Chevreul, Constellium, Humphry Davy, Eclairage, Thomas Edison, EuroChem, Flamme (combustion), Henry Gall, Paul Girod, Jean-Baptiste Guimet, Paul Héroult, Nick Holonyak, Houille blanche, Industrie de la houille blanche en Maurienne, Charles Kuhlmann, Ignacy Lukasiewicz, James Clerk Maxwell, Henry Merle, Henri Moissan, Nutrien Ltd, Charles Pigeon, Marcello Pirani, Antoine Quinquet, Alfred Rangod Pechiney, Karl von Reichenbach, George Stephenson, SQM, Joseph Swan, Félix Viallet, Yara International ; consulté en mai et juin 2023.

Crédits photographiques

Images d’illustration

01 GFC Collection / Alamy Stock Photo

02 Image provenant des « Tableaux d’histoire suisse » de Karl Jauslin, publiés pour la première fois en 1896 — Reproduction de 1928

03 Universal Images Group North America LLC / Alamy Stock Photo

04 Stocktrek Images, Inc. / Alamy Stock Photo

05 Reproduction photographique © Jean-Yves Glassey, Martigny — Musées cantonaux du Valais, Sion

06 Collection Estang — photographie par Virginie Louis et Christophe Cordier, Département de l’Hérault

07 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

08 AGA Museum, Emmen, Pays-Bas : https://www.aga-museum.nl/ acetyleendissous-maatschappij-magondeaux/

09 Médiathèque de Roubaix, documents d’archive en ligne : https://www. bn-r.fr/notice.php?q=id:128772

10 Phoenix / Alamy Stock Photo

11 Collection P. Rombaldi, Médiathèque Valais – Martigny

12 © François Kollar, Bibliothèque Forney, Paris

13 Reproduction affiche ancienne originale, domaine public

14 Image tirée de la publication « Le barrage de Zeuzier arrêt sur images… », éditée en 2008 à l’occasion des 50 ans de la mise en eau du barrage de Zeuzier, photographies : Lienne SA, Archives cantonales, Olivier Gicot, Willy Bonvin et Marguerite Biner

15 © Léonard Gianadda, Médiathèque Valais – Martigny

16 © Lonza, used under license

17 Documents d’archives, Société des Produits Azotés — Fondation Tissières

18 Schéma réalisé par CréActif Sàrl selon les indications de M. Pascal Tissières

19 © Treize Étoiles, Médiathèque Valais – Martigny

20 ETH-Bibliothek, domaine public — Image prise par l’aviateur et photographe suisse Walter Mittelholzer lors de l’un de ses vols dans les Alpes

21 Document d’archives, Usine d’Aluminium Martigny SA — Mirko Schärer

22 Document d’archives, Usine d’Aluminium Martigny SA — Mirko Schärer

23 Document d’archives, Usine d’Aluminium Martigny SA — Mirko Schärer

24 © Oscar Darbellay, Médiathèque Valais – Martigny

25 Informations tirées de Varone et Franzetti, pp.60-61

26 Schéma réalisé par CréActif Sàrl selon les indications de M. Pascal Tissières

27 Document d’archives, Usine d’Aluminium Martigny SA — Mirko Schärer

28 Document d’archives, Usine d’Aluminium Martigny SA — Mirko Schärer

29 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

30 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

31 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

32 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

33 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

34 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

35 © Gaël Papilloud, CréActif Sàrl

Images lampes

A-M Collection Estang — photographies par Virginie Louis et Christophe Cordier, Département de l’Hérault

Remerciements

Les auteurs remercient Olivier Dumas pour sa relecture attentive, Lucka Simonetta-Vallentschag pour les documents mis à disposition concernant Aluminium-Martigny SA et la famille Giulini, Françoise Pitteloud pour la documentation sur les mouvements ouvriers en lien avec la pollution du fluor en Valais, Mirko Schärer pour les photos de l’usine d’Aluminium-Martigny SA, et pour leur précieux soutien, Yvan Cassili et Jean-Luc Lanneau, Mairie du Bousquet d’Orb, Natacha Toquet, Médiathèque du Bousquet d’Orb, Lucie Jacquemin, Communuauté de Communes Grand Orb, Claudine Jacquet, Pays Haut Languedoc et Vignoble, Virginie Gay, Virginie Louis et Christophe Cordier, Département de l’Hérault.

Avec le soutien du Service cantonal de la Culture et de la Loterie Romande

Impressum

Direction de la publication : Philippe Estang, Pascal Tissières

Rédaction : Pascal Tissières, Philippe Estang, Olivier Dumas, Yvan Cassili, Gaël Papilloud

Graphisme et mise en page : CréActif Sàrl, Martigny

Relecture : Olivier Dumas

Impression et reliure : Musumeci S.p.A. A socio unico

Papier : Intérieur ; Magno satin 150 g/m2 / Couverture ; Magno satin 300 g/m2

Achevé d’imprimer en juillet 2024 à 1’000 exemplaires

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