Gauguin et le mythe de l'androgyne

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Gauguin et le mythe de l’androgyne En février 2010, mon épouse et moi, avons eu la joie de faire la connaissance de Jean-Marc Tera’ituatini Pambrun. Nous étions chargés de lui remettre, pour être conservée au Musée de Tahiti et des Iles, une partie des archives du pasteur Paul Vernier, ancien missionnaire aux Marquises, ami et soignant de Paul Gauguin. A l’issu de cette rencontre, qui nous a beaucoup marqué, nous avons été gratifiés d’un magnifique livre, Gauguin, Tahiti et la photographie,1 édité par le Musée dont il était alors directeur. En rédigeant les lignes qui suivent et qui reprennent deux clichés reproduits dans cet ouvrage, nous n’avons cessé de penser à Jean-Marc, trop tôt disparu. En signe de gratitude nous voudrions les dédier à sa mémoire.

1. Bref retour sur le Sorcier d’Hiva Oa et la Jeune femme à l’éventail

Dans une précédente étude du Bulletin,2 nous avons essayé d’identifier les quatre personnes représentées sur le cliché de gauche3 que, pour notre part, nous avons découvert en consultant les archives du pasteur Vernier.4 Nous avons pu établir qu’il s’agit, de gauche à droite, de Timo, le traducteur de Paul Gauguin ; de Tioka, diacre du pasteur Vernier, grand ami et frère, selon le mode marquisien, du peintre ; de Tohotaua, encore appelée Sara, qui fut le modèle par excellence de Gauguin à Atuona durant la dernière période de sa vie ; de Ka’hui, palefrenier et cuisinier de l’artiste, montant le cheval de celui-ci. Par ailleurs, nous avons pu mettre en évidence que les jeunes personnes figurant sur la photo étaient toutes les trois, dans la tradition polynésienne, enfants adoptifs de Tioka. Dans le même travail nous avions rapproché le profil de Tohotaua, la jeune fille aux fleurs, avec le personnage central du célèbre tableau de Gauguin, aujourd’hui appelé Le Marquisien à la cape rouge, jadis intitulé Le Sorcier d’Hiva Oa. La ressemblance entre les deux nous avait paru évidente ; nous nous réjouissons de voir que ce constat fait son chemin. Le cliché de droite5 a servi à Gauguin pour peindre un autre tableau majeur, la Jeune Femme à l’éventail. De longue date on sait que cette photographie a été réalisée dans la case de Gauguin en 1901, également par Louis Grelet, et qu’elle représente avec certitude Tohotaua. 6 1

Jean-Yves Tréhin, Gauguin, Tahiti et la photographie, Musée de Tahiti et des Iles-Te Fare Iamanaha, 2003.

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Le Sorcier d’Hiva Oa identifié ? Bulletin de la Société des Etudes Océaniennes n° 317, octobre/décembre 2009, pp 99-107 3

Cette photographie a été réalisée, fort probablement en 1901, à Atuona par Louis Grelet, photographe amateur d’origine suisse résidant alors à Fatu Hiva. Grelet était ami de Gauguin et de Vernier. 4

Nous ignorions alors que ce cliché, reproduit partiellement dans plusieurs études, figurait dans son intégralité en page 136 de l’ouvrage de Tréhin. Seuls Tioka et Ka’hui y ont été identifiés par l’auteur. 5 Reproduit par Tréhin, opus cité, p. 166.


2 Depuis cette précédente recherche nous avons continué nos explorations et, à travers des investigations minutieuses, allant jusqu’au recours aux méthodes anthropométriques de la police scientifique7, pu établir que les deux reproductions photographiques correspondent bien à la même jeune femme.

2. Les Contes Barbares En examinant l’ensemble des peintures réalisées par Gauguin aux Marquises on s’aperçoit que Tohotaua apparait fort souvent comme modèle, mais, fait étonnant, tantôt comme figure masculine, tantôt comme figure féminine.8 Cette ambiguïté prend un relief particulier dans l’énigmatique tableau, la seule production marquisienne portant un titre donné par Gauguin luimême : les Contes Barbares. De même que la Jeune Femme à l’éventail, les Contes barbares sont conservés au Musée Folkwang d’Essen. En prenant connaissance du descriptif fourni par le musée nous avons été frappés par cette note : «…Fasciné par la vue de Tohotaua, le modèle qui lui a servi pour réaliser la Jeune fille à l’Eventail, Gauguin a introduit la jeune femme dans le tableau de 1902 intitulé Contes Barbares. Nous la reconnaissons dans la figure agenouillée au premier plan avec sa lumineuse chevelure rouge orange. La figure de gauche est le portrait du jeune homme qui a déjà servi à Gauguin de modèle pour peindre le Marquisien à la cape rouge abrité à Liège… » Rapprochant ce constat avec les différents éléments que nous venons d’examiner, nous aboutissons à cette conclusion étonnante : Gauguin a utilisé le même modèle, Tohotaua, à deux reprises, dans le même tableau, une fois pour peindre une jeune femme, la seconde fois pour peindre un jeune homme ! Ce constat nous confronte à un problème, récurent chez Gauguin, à savoir la question androgyne. Outre les deux belles figures apparaissant au premier plan du tableau, nous voyons se profiler en arrière-plan celle de Meijer de Haan. Gauguin, qui l’a rencontré en Bretagne en 1889, en a fait plusieurs portraits peints et sculptés. Issu d’une famille juive aisée d’Amsterdam, initié à la franc-maçonnerie, De Haan a eu une grande influence sur Gauguin. D’une part, moyennant des leçons de peinture, il l’a soutenu sur le plan matériel. Par ailleurs, il l’a initié à plusieurs courants philosophiques et théologiques : à l’Ancien Testament et ses développements talmudiques et kabbalistiques ; au bouddhisme et à l’hindouisme ; à la théosophie à travers les écrits de Goethe et de Swedenborg.9 Nous ne pouvons développer ici ces courants. Retenons seulement que le thème de l’androgynie y occupe une place centrale. Pourquoi Gauguin a-t-il donné un aspect « diabolique » à son ancien et regretté ami dont il venait d’apprendre la mort ? Bien des réponses ont été proposées. Pour nous, cette figure 6

Pour l’étude détaillée de ces deux clichés on peut se reporter à Othon Printz, Paul Gauguin le peintre-écrivain, Jérôme Do Bentzinger, Colmar, 2010, pp105ss. Ou encore à Gauguin, Grelet, Huguenin…ou l’autre Jeune fille à l’éventail in Paul Huguenin, Aux Iles Enchanteresses, Editions Haere Po, Tahiti, 2011, pp 266 et ss. 7 Pour WHO_IS, un système d'identification de personnes par reconnaissance des visages humains, la probabilité qu’il s’agit de la même personne est supérieure à 90%. 8

Il s’agit notamment de L’Appel, des Baigneurs, de la Sœur de Charité et peut-être d’autres. Le lecteur intéressé par Meijer de Haan, pourra consulter le très beau catalogue d’une exposition intitulée Meijer de Haan, le maître caché qui s’est tenue en 2009 et 2010 successivement au Musée historique juif d’Amsterdam, au Musée d’Orsay à Paris et au Musée des Beaux-Arts de Quimper. 9


3 « méphistophélique » renvoie à la place qu’occupe dans la pensée théosophique le « diable », aussi appelé Lucifer, ce qui signifie « porteur de lumière ». Audelà de son statut d’ange déchu, il est appelé à incarner, avec l’approbation du Créateur, un principe fondamental de l’humanité : « l’inquiétude féconde et créatrice ». (cf. Méphistophélès dans le Faust de Goethe)

3. L’androgynie dans l’œuvre écrite de Gauguin En plus du grand peintre, Paul Gauguin, on l’ignore souvent, a été un écrivain prolixe. Dans ses nombreux écrits la question androgyne est un problème souvent abordé. Dès 1888 il écrit dans une lettre adressée à Madeleine Bernard, alors âgée de 17 ans : « Si vous voulez être quelqu'un, avoir pour unique bonheur celui qui est le résultat de votre indépendance et de votre conscience, il n'est que temps d'y penser et dans trois ans d’agir. Premièrement il faut vous considérer comme Androgyne sans sexe ; je veux dire par là que l'âme, le cœur, tout ce qui est divin enfin, ne doit pas être esclave de la matière, c'est-à-dire du corps ». Relatant son premier séjour à Tahiti dans Noa Noa, il évoque la scène où, en compagnie d’un jeune polynésien il est allé dans la montagne à la recherche de bois de rose : « …Et nous étions seulement tous deux. J'eus comme un pressentiment de crime, le désir d'inconnu, le réveil du mal. Puis la lassitude du rôle de mâle qui doit toujours être fort, protecteur ; de lourdes épaules à supporter. Être une minute l'être faible qui aime et obéit. Je m'approchai, sans peur des lois, le trouble aux tempes. Le sentier était fini, il fallait traverser la rivière; mon compagnon se détournait en ce moment, me présentant la poitrine. L’androgyne avait disparu : ce fut bien un jeune homme ; ses yeux innocents présentaient l’aspect de la limpidité des eaux. Le calme soudain rentra dans mon âme et cette fois je goûtai délicieusement la fraîcheur du ruisseau. » Durant le second séjour à Tahiti la question androgyne resurgit. Dans le n°1 de son journal Le Sourire Gauguin note : « …Et le monstre, étreignant sa créature, féconde de sa semence des flancs généreux pour engendrer Séraphita Séraphitus….». Il s’agit là d’une claire allusion à Swedenborg et à Séraphita, le célèbre roman de Balzac.10 Enfin, aux Marquises, dans Avant et Après, Gauguin nous livre ce mot énigmatique : « L’art comporte la philosophie comme la philosophie comporte l’art. Sinon que devient la beauté. Le Colosse remonte au pôle le pivot du monde ; son grand manteau réchauffe et abrite les deux germes, Séraphitus, Séraphita, âmes fécondes s’alliant sans cesse qui sortent des vapeurs boréales pour aller sur tout l’univers apprendre, aimer et créer ».11 Placé à la fin de l’ouvrage, cette remarque a dû être écrite en novembre ou décembre 1902, devenant, de la sorte, concomitante avec la réalisation des Contes barbares. On peut donc admettre que la citation d’Avant et Après constitue un commentaire littéraire des Contes Barbares.12 La thématique de l’androgynie est encore fortement présente, même si le terme n’y figure pas, dans deux écrits, peu connus, mais dont le peintre a estimé qu’ils étaient « au point de vue philosophique ce que j’ai exprimé de mieux dans ma vie ». Le premier, intitulé L’Église catholique et les temps modernes a été rédigé à Tahiti en 1896 et 1897. Le second ouvrage, 10

Charles Grivel, spécialiste de Balzac, en donne ce résumé : « Dans un château de Norvège situé près d’un fjord, Séraphitus, un être étrange et mélancolique, semble cacher un terrible secret. Il aime Minna et il est aimé d’elle, qui voit en lui un homme. Mais Séraphitus est aussi aimé par Wilfrid, qui le considère comme une femme (Séraphîta). En réalité, Séraphitus-Séraphita est un parfait androgyne, né de parents acquis à la doctrine de Swedenborg, qui vise à transcender la condition humaine et dont Séraphitus-Séraphita est l’exemple parfait. Immensément érudit, doué de facultés mentales dépassant le commun des mortels, il mène une vie solitaire et contemplative. Mais cet être quasi céleste rêve de connaître l’amour parfait, celui qui consiste à aimer conjointement deux êtres de sexes opposés. Finalement, sous les yeux effarés de Minna et Wilfrid, l’être total se transforme en séraphin et monte au ciel ». 11 12

Paul Gauguin, Avant et Après, Editions Avant et Après, Taravao, Tahiti, 1989, p. 195. Pour plus de développements, voir Othon Printz, opus cité pp. 108 ss.


4 L’Esprit moderne et le catholicisme, est une reprise du premier avec quelques développements consacrés à la conception maorie du monde et à ses convergences avec d’autres religions.13 Le peintre-écrivain s’y réfère à la mythologie grecque, à Platon en particulier, pour lequel « jadis la nature humaine était bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui. D'abord il y avait trois sortes d'hommes : les deux sexes qui subsistent encore, et un troisième composé de ces deux-là ; il a été détruit, la seule chose qui en reste c'est le nom. Cet animal formait une espèce particulière et s'appelait androgyne, parce qu'il réunissait le sexe masculin et le sexe féminin ; mais il n'existe plus, et son nom tenu pour infamant ».14 Il constate par ailleurs que le mythe d’une androgynie primordiale, présent dans beaucoup de religions anciennes, repose sur le concept de dieux eux-mêmes androgynes. Dans le bouddhisme et l'hindouisme, non seulement les créatures mais le créateur lui-même sont androgynes. Et à la fin des temps « tous les hommes deviendront des Boudas », en d’autres termes des êtres androgynes. Le dieu Ptah, dans l'ancienne Egypte, est à la fois « père et mère » des autres dieux. Par ailleurs, Gauguin croit déceler une nette convergence entre la genèse juive et la genèse maorie. On trouve des allusions aux commentaires midrashiques du récit de la création de l’homme dans l’Ancien Testament où l'Adam originel n'est devenu mâle qu'après la naissance d'Eve. Au préalable il était un être androgyne, créé par un Dieu lui-même androgyne. Dans le Nouveau Testament, des traces d'androgynie sont présentes chez Saint Paul, dans ce texte adressé aux Galates : « Il n'y a plus ni Juif, ni Grec...ni mâle, ni femelle ; car vous n'êtes qu'un dans le Christ Jésus ». (Gal. 3, 18) Familières à Gauguin, ces notions ont été évoquées de façon disparate dans ses écrits. Ne pouvant les développer ici, retenons simplement cette citation : « …la nature comme la vie est une. L’Être en son universalité un. Ces harmonies expressives de l’unité vivante de la nature, les artistes, les poètes, s’en inspirent et les traduisent en leurs œuvres, en leurs reproductions d’idéalisme ».15 Dans les Contes barbares la dimension archétypale de l’androgynie s’exprime à travers Meijer de Haan, représentant du courant théosophique européen, alors que l’attitude du jeune homme renvoie au bouddhisme et celle de la jeune femme à la conception polynésienne du monde.

4. L’influence de l’androgyne de Gauguin sur la pensée moderne

Dans un livre majeur intitulé Méphistophélès et l’Androgyne ou le mystère de la totalité,16 Mircea Eliade, le grand historien des religions, raconte qu’un jour il lui est arrivé de relire le Prologue du Ciel du Faust de Goethe peu de temps après avoir lu Séraphita de Balzac. « Je crus entrevoir - ajoute-t-il - entre ces deux ouvrages une sorte de symétrie que je ne parvenais pas à déchiffrer. Il me faudra 20 ans pour comprendre que les deux ouvrages trahissent la nostalgie d’un Paradis perdu, la nostalgie d’un état paradoxal dans lequel les contraires coexistent sans pour autant s’affronter et où les multiples composent les aspects d’une mystérieuse unité ». Pour Eliade l’androgynie renvoie à ce que les anciens appelaient la « coincidentia oppositorum », la réunion des contraires, ou, selon une autre formule à « la totalisation des 13

La première version de l’ouvrage de Gauguin n’est accessible qu’à travers un CD-Rom : Isabelle Cahn, Gauguin Ecrivain, édité par Réunion des musées nationaux, 2003. Nous l’avons repris en 2011 sous forme de manuscrit et tapuscrit avec commentaires introductifs et conclusion. Ce travail inédit est consultable à la bibliothèque du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg. La seconde version a été publiée par Philippe Verdier, Un manuscrit de Gauguin : l’Esprit moderne et le catholicisme. Wallraf-Richarts-Jahrbuch, Westdeutsches Jahrbuch für Kunstgeschichte, Cologne, n°46, 1985, pp. 280 ss. 14 Platon, Le Banquet, traduction française de Dacier et Gron révisée par A. Saisset en 1892. 15 Extrait de la version initiale de L’Eglise catholique et les temps modernes. Ce texte a été repris par Gauguin aux Marquises 16 Mircea Eliade, Méphistophélès et l'Androgyne, Paris, Gallimard, 1962 p.152.


5 fragments ». C’est cette perception qui apparait dans bien des peintures et textes de Gauguin et de façon magistrale dans les Contes barbares.17 Pour C. G. Jung, le grand psychiatre suisse, qui se réfère explicitement à Gauguin, le thème de l’androgynie fait partie des « archétypes » de l’humanité et la recherche de l’équilibre entre « l’anima » (la composante femelle du mâle) et « l’animus » (la composante mâle de la femelle), constitue l’un des piliers de la thérapie qu’il propose. Très récemment, la psychologue Christine Marsan, s’appuyant sur les travaux de l’anthropologue Françoise Héritier, a magistralement montré comment l’androgyne est appelé à redevenir une grande figure archétypale de notre civilisation renaissante. « L’androgyne - écritelle - apparaît dans la mythologie comme l’instance originelle, l’Etre initial qui a engendré la vie sur terre et qui représente l’unité des principes opposés. Issu des eaux primordiales et du chaos, l’androgyne symbolise le principe de vie par excellence avant qu’il ne se sépare pour créer la matière, segmentant la réalité physique, la vie et l’esprit. Il est à la fois la représentation de l’Etre primordial comme celle de l’Etre réunifié vers lequel nous tendons comme pour envisager une issue paradisiaque et expiatoire à notre condition humaine souffrante et violente. C’est ainsi qu’à chaque époque particulièrement chaotique, lorsque le sens s’est perdu dans les méandres des violences guerrières, resurgit cet archétype de l’Androgyne comme une figure universelle permettant de recréer de la vie là où elle semble perdue, caduque et nauséabonde ». 18

5. Conclusion A travers ces lignes nous avons voulu montrer que la question androgyne constitue une des clés susceptible de mieux appréhender l’œuvre picturale et littéraire de Gauguin. Il nous importe aussi d’affirmer avec force que nous sommes bien loin des propos réducteurs tenus actuellement sur la sexualité de l’artiste dont un penchant homosexuel serait « le secret du peintre et de son œuvre ».19

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La proximité entre la peinture de Gauguin et la pensée d’Eliade a été soulignée dans un discours, La peinture et le mythe, d’Arnaud d'Hauterives, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts, lors de la Séance publique annuelle du 22 novembre 2006. 18

Christine Marsan, Les cahiers de psychologie politique, juillet 2005. Accessible en ligne : http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1139 19

Cette approche « moderne » a été vigoureusement dénoncée par Jean-Jo Scemla à l’occasion d’une critique du roman de Vargas Llosa, Le Paradis un peu plus loin. On peut lire ce texte sur le site internet de la Bibliothèque Insulaire Virtuelle animé par Jacques Bayle-Ottenheim.


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