Vision Est - Septembre 2017

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Bulletin mensuel de la Mission chrétienne pour les pays de l’Est

I500 TONNESI DE POMMES DE TERREI IPOUR L’HIVERI Personnel Anna Belev | Europe de l’Est Aide de survie pour les plus démunis | Moldavie Deux fois dans le même piège | Colonies d’été Un très cordial merci !


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editorial

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Une goutte d’eau dans la mer ?

Journal mensuel édité par la MISSION CHRETIENNE POUR LES PAYS DE L’EST (MCE Suisse)

Chers Amis de la mission, En discutant avec les gens, j’entends toujours à nouveau que les activités telles celles de la Mission chrétienne ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. La misère ne diminue pas malgré tout l’argent dépensé. Au contraire, on rend les gens dépendants et paresseux. Certains interlocuteurs pensent qu’il serait plus avisé d’abandonner ces gens à leur propre sort. Quelles réponses leur donneriez-vous ? Mes interlocuteurs sont-ils sans cœur et sans amour ? Ou bien sont-ils sensibles à certaines vérités et ont le courage de les exprimer ? Peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort. Vous constaterez en étudiant les statistiques que presqu’aucun lien manifeste ne peut être démontré entre les finances investies et la diminution de la pauvreté. Il vaut la peine de réfléchir à ces faits. Une aide financière en soi peut manifestement conduire à des résultats désespérants. Est-ce qu’en aidant l’être humain uniquement avec de l’argent on méconnaît sa nature ? Ne faut-il pas un moteur permettant à des femmes et des hommes de découvrir leur potentiel, les amenant ainsi à mobiliser leur créativité et leur sens de la responsabilité pour la résolution de leurs problèmes ? La Mission chrétienne est convaincue que sans ce moteur intérieur, une fois libéré individuellement, la situation dans bien des pays demeurerait largement sans espoir.

mement créatif ? N’est-il pas bien disposé et plein d’amour envers l’homme ? N’estil pas décrit comme un Dieu juste ? Tous les êtres humains ne sont-ils pas égaux à ses yeux ? Ne laisse-t-il pas une grande liberté à l’homme ? Ne transfère-t-il pas aux hommes une grande responsabilité et leur offre des capacités et la raison ? Dieu n’at-il pas mis toutes ces choses en nous les êtres humains, selon la Bible qui dit qu’il nous a créés à son image ? L’aide de la Mission chrétienne s’inspire de cette image de l’homme et l’applique à chaque personne individuellement. Elle recherche par son impact à libérer et à promouvoir les capacités qui sommeillent dans ces personnes. C’est avec satisfaction que nous constatons régulièrement : lorsque des femmes, des hommes découvrent leur potentiel et leur responsabilité envers Dieu, l’aide reçue ne disparaît pas comme une goutte d’eau dans l’océan, mais déclenche des processus à long terme. Des changements durables et positifs ont lieu pour l’individu et la société. Nous les attribuons à l’action de Dieu. Pour gagner en influence, la Mission chrétienne a besoin d’une endurance et d’un engagement sans relâche. Nous sommes très reconnaissants de vos réflexions, de vos encouragements et de votre soutien. Nous nous réjouissons de vous savoir partie prenante de cette aide, de nos défis et des résultats que nous décrivons dans ce magazine.

Comment Dieu a-t-il donc créé l’homme ? Quelle a été son idée créatrice ? En Génèse 1, verset 27, il est écrit : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » Comment ce Dieu est-il représenté, ce Dieu à l’image duquel nous avons été créés selon la Bible ? Günther Baumann Le créateur de ce monde n’est-il pas extrê- Mandataire du Conseil de fondation

N° 544 : Septembre 2017 Abonnement annuel : CHF 15.– Rédaction : Georges Dubi, Beatrice Käufeler, Thomas Martin Adresse : MCE, Bodengasse 14, case postale 312 3076 Worb BE Téléphone : 021 626 47 91 Fax : 031 839 63 44 E-mail : mail@ostmission.ch Internet : www.ostmission.ch Compte postal :

Mission chrétienne pour les pays de l’Est, Worb, Lausanne 10-13461-0

Compte Spar + Leihkasse bancaire : Münsingen 16 0.264.720.06 Contrôle comptabilité : UNICO, Berthoud Tous les cantons admettent la défal­c ation des dons. Renseignements au se­crétariat. Si les dons dépassent ce qui est nécessaire à un projet, le surplus sera affecté à des buts si­mi­lai­res.

Source d’images : MCE Sans mention, les personnes photogra­phiées n’ont aucun rapport avec les exemples cités. Graphisme : Thomas Martin Impression : Stämpfli AG, Berne Papier : Le rapport annuel est imprimé sur papier certifié FSC et blanchi sans chlore. Direction de l’entreprise : Georges Dubi, directeur de la mission Gallus Tannheimer Conseil de fondation : Mario Brühlmann, Orpund, président Thomas Hurni, pasteur, Madiswil, vice-président Lilo Hadorn, Selzach Matthias Schüürmann, pasteur, Reitnau Thomas Haller, Langenthal

Mandataire du Conseil de fondation : Günther Baumann

La Mission chrétienne pour les pays de l’Est a signé le Code d’honneur. Ce label de qualité engage le signataire à une utilisation responsable des dons reçus.

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personnel

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Anna Belev Moldavie

DES PERSONNES partagent notre chemin

Je m’appelle Anna Belev, je suis née et j’ai grandi dans la ville de Chisinau. Ma vie était semblable à celle de la plupart des habitants dans l’ancienne Union soviétique. Je travaillais comme responsable d’ascenseur. Mon devoir était d’assurer la maintenance des ascenseurs et d’aider des personnes ne pouvant elles-mêmes entrer et sortir. J’aimais mon travail et je l’ai pratiqué pendant 15 ans. Une chose tout à fait extraordinaire dans le quotidien soviétique s’est alors passée : j’ai appris à connaître Dieu et suis devenue chrétienne. Je suis entrée dans la communauté baptiste « Istochnik Shizni » (source de la vie), me suis mise à chanter dans le chœur et à m’engager sur d’autres plans dans l’église. Dieu m’a fait don d’un gentil mari et de trois merveilleux enfants, maintenant déjà adultes. Après la dissolution de l’Union soviétique, nous devions voir comment survivre. Mes enfants et mon beau-fils ont commencé à tenir des abeilles et à vendre du miel. C’est encore aujourd’hui notre revenu principal. Mais il ne suffit pas pour nourrir toute la famille. Les deux fils doivent travailler à l’étranger. Mon mari a été rappelé par Dieu il y a plus de 10 ans. Depuis, je suis seule avec ma fille et mon beau-fils. J’ai prié Dieu de me donner un emploi me permettant de parler de Lui aux habitants. Et Il a répondu : Les frères

de l’église baptiste m’ont offert de travailler dans le vestiaire. Ma joie fut immense ! J’ai naturellement tout de suite accepté.

« Mon engagement dans le vestiaire n’est pas seulement un emploi, c’est une immense occasion et ma vocation. » Mon engagement dans le vestiaire n’est pas seulement un emploi, c’est une immense occasion et ma vocation. Nous collaboratrices prenons le temps de parler avec les bénéficiaires et de répondre à leurs problèmes. Les plus indigents et les sans-abri obtiennent même un repas chaud. Que le Seigneur bénisse toutes les personnes en Suisse rendant notre action possible par leurs dons et leurs collectes de vêtements ! Chez nous viennent des personnes n’ayant pas d’argent pour acheter des vêtements. Je vois leurs larmes et leurs visages rayonnants quand ils obtiennent estime et encouragement au vestiaire.


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500 TONNES DE POMMES DE TERRE AIDE DE SURVIE POUR LES PLUS DÉMUNIS


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500 TONNES DE POMMES DE TERRE POUR L’HIVER Et même s’ils retournent deux fois chaque pièce de monnaie dans leurs mains : le misérable revenu de beaucoup de personnes, en Europe de l’Est, ne suffit tout simplement pas. Qu’ils donnent leur argent pour se nourrir et il ne reste plus rien pour se chauffer. Ils ont besoin de médicaments et ne peuvent même pas se payer des habits chauds. C’est à désespérer.

« Cet hiver, nous n’aurons ni faim ni froid. »

La Mission chrétienne pour les pays de l’Est apporte son aide. Déjà avant que l’hiver ne s’installe, elle veut distribuer 500 tonnes de pommes de terre en Moldavie, en Biélorussie, en Russie et en Ukraine. Et du charbon pour se chauffer. Elle le fait en collaboration avec les services sociaux et les communautés religieuses locales. Ceci permet de s’assurer que l’aide parvient bien aux plus démunis : les familles nombreuses, les familles monoparentales, les handicapés et les personnes âgées.

Christina et son mari ont quatre enfants. Lui travaille dans le bâtiment en tant que journalier, elle dans une fabrique de vêtements. Ensemble ils gagnent quelque 80 euros par mois.

FAITES QUELQUE CHOSE DE BIEN !

La maman déjà âgée de Christina vit aussi avec eux. Elle a régulièrement besoin de médicaments. Et voilà aussi le fils le plus âgé qui, suite à une malformation congénitale, a déjà trois opérations derrière lui. Leur revenu ne couvre tout juste que les dépenses en eau, en électricité et en médicaments. Il reste à peine de quoi se nourrir. Quant aux achats en matière d’habits, de chaussures ou de charbon pour le chauffage, il ne faut guère y penser.

25.– 100 kg

Avec 25 francs vous offrez à une personne seule 100 kilos de pommes de terre.

95.– 400 kg

Avec 95 francs vous offrez à une famille 400 kilos de pommes de terre.

UN GRAND MERCI !

Vu que, l’hiver dernier, la famille a acheté du bois à crédit, elle s’est finalement retrouvée devant une montagne de dettes. « Chaque fois que je pensais à l’hiver, des larmes de désespoir me montaient aux yeux », raconte Christina. Puis, les secours sont arrivés sous la forme de pommes de terre et de charbon délivrés par la Mission. « Pour nous, cela a été un véritable miracle ! » Le charbon et les pommes de terre offerts ont fourni une sécurité à la famille. « Maintenant, je suis tranquille », disait Christina, « parce que je sais que durant l’hiver qui approche nous n’aurons ni faim ni froid. Un très grand merci pour cette aide immense ! » Christina et avec elle beaucoup d’autres gens en détresse espèrent que, cette année encore, la Mission les aidera à surmonter l’hiver.


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PROTECTION mettons fin à la traite des femmes et des enfants

DEUX FOIS DANS LE MÊME PIÈGE MOLDAVIE Une fois piégée par des marchands d’êtres humains, cela n’arrive plus jamais – pourrait-on croire. La réalité est malheureusement différente. De nombreuses victimes tombent plusieurs fois dans les griffes de marchands d’êtres humains. Le risque est particulièrement grand quand elles restent seules avec leur douleur après la première fois et qu’elles n’obtiennent pas d’aide. Quand elles souffrent aussi d’indigence matérielle et d’un manque d’espoir et de perspectives, leur vulnérabilité est d’autant plus grande. L’histoire de Marina est typique. « Je suis née dans une petite ville au sud de la Moldavie. Ma mère était alcoolique, elle est décédée tôt. Je vivais avec ses frères et sœurs et mon père. Mais il n’avait presque pas de temps pour moi. Il amenait toujours de nouvelles femmes à la maison. J’avais de bons contacts avec mes tantes et mon oncle. Mais l’amour et l’attention de mon père me manquaient.

Le manque d’espoir et de perspectives pousse de nombreuses femmes à partir à l’étranger.

En 2010, je suis partie en Russie, où j’avais un emploi de concierge. Je suis rentrée après une année. J’étais enceinte au huitième mois. Mon père n’était pas content, mais il m’a permis de garder l’enfant et de vivre chez lui. Nous avons malheureusement de nouveau eu régulièrement des tensions. Une amie m’a conseillée : ‹ Retourne donc en Russie. Tu n’auras plus ces problèmes et tu gagneras de l’argent. › Je lui ai fait confiance. Lorsque je suis arrivée avec le bus à Moscou, un homme qui s’appelait Nikolaï est venu me chercher. Il m’a tout de suite amenée dans son appartement où se trouvaient aussi d’autres jeunes femmes. ‹ Tu m’appartiens maintenant ›, a-t-il dit. ‹ A partir de ce moment, tu dois servir sexuellement


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tous les hommes que je t’amène. › Il m’a ensuite pris mes documents. D’un cauchemar à l’autre Cela a duré une année jusqu’à ce que j’aie pu m’enfuir. Des autorités m’ont aidée à rentrer en Moldavie. Je vivais de nouveau chez mon père. J’étais bouleversée, mais ne pouvais dire à personne ce qui s’était passé. C’était trop douloureux et j’avais tellement honte ! Ma relation avec mon père se détériorait de plus en plus. Après deux ans, je ne tenais plus le coup et me suis alors installée chez une amie. C’est là que j’ai fait connaissance de Dimitri. Nous avons bientôt eu une relation. D’une manière ou d’une autre, il a découvert que je m’étais prostituée en Russie. ‹ Je te paie 500 dollars par mois si tu travailles pour moi, › m’a-t-il dit. Comme je ne savais pas de quoi vivre, j’ai accepté son offre. Je suis partie en Russie, à l’endroit où j’avais déjà été humiliée et martyrisée. Et tout à coup, Nikolaï se trouvait devant moi ! › J’étais terrifiée. Il m’a prise et m’a forcée à la

prostitution avec encore plus de brutalité qu’auparavant. Je n’aurais jamais pensé que Dimitri travaillait avec lui et m’avait piégée. J’ai désespérément tenté de m’enfuir. Deux semaines plus tard, un client était tellement ivre qu’il s’est endormi. J’ai couru aussi rapidement que possible. Mais où aller ? Je ne le savais pas.

« Il m’a forcée à la prostitution avec encore plus de brutalité qu’auparavant ! » Je vivais dans la rue et mendiais. Je passais la nuit dans des gares. Une fois, j’ai abouti à StPétersbourg où des collaborateurs de l’assistance sociale m’ont trouvée. Ils m’ont amenée dans la maison protectrice pour migrants. Quatre mois plus tard, j’ai été renvoyée en Moldavie. Les policiers de l’aéroport ont remarqué que j’étais une victime de la traite d’êtres humains. Ils m’ont amenée dans une maison protectrice. »

Thérapie créative en groupe dans la maison protectrice de notre partenaire en Moldavie.


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COLONIES D’ÉTÉ

UN TRÈS CORDIAL MERCI ! Grâce à des personnes généreuses de Suisse, plus de 8000 enfants ont pu cet été participer à des colonies de vacances en Europe de l’Est et en Asie centrale. Ils ont vécu des journées sans souci, ont bien mangé, joué ensemble et entendu parler de Dieu. Pour beaucoup, cela leur a ouvert la porte vers une nouvelle vie. Partout où c’est possible, les paroisses locales encadrent les enfants aussi après la colonie.

« Je participe pour la première fois à une colonie d’été. Je m’y plais beaucoup. Malgré que je vive dans un foyer d’enfants et que ma mère est en prison parce qu’elle a tué quelqu’un, personne ne se moque de moi ici. Personne ne dit que je n’ai aucune valeur. Au contraire : tous m’aiment ici, ils sont amicaux et serviables. Cela me plaît beaucoup que l’on nous y apprend à chanter et prier et à mémoriser des versets bibliques. Je remercie Dieu et toutes les personnes ayant permis de réaliser cela. Merci de nous aider pour que la colonie puisse aussi avoir lieu l’année prochaine. » Mariana, 8 ans (nom fictif)


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