Hommage à Paolo Boni (1925-2017)

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Hommage à Paolo Boni (1925-2017)

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© L’AVO Paris - décembre 2017


Hommage Ă Paolo Boni 10 - 27 janvier 2018

commissaires Carla Boni Mathilde Hatzenberger

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Carla Boni chez la restauratrice Francine Swaelens, Bruxelles, novembre 2016 Š Marie-Laure Picard


Paolo Boni, un artiste italien de Paris Paolo a toujours eu en lui cette impérieuse nécessité de créer, à partir du jour où, rentrant en train de son travail à l’usine d’optique Galileo, de Florence à son village de Vicchio dans le Mugello, il subit une attaque aérienne vers la fin de la guerre. Il voit la mort de près. Cette expérience traumatisante l’a révélé à lui-même et bien que fils de paysan avec toutes les difficultés que cela représentaient, il se décida : il serait peintre, artiste. Il me disait « Si c’était pour mourir comme ça, autant réaliser son rêve ». Il faut dire que Vicchio est le pays de naissance des peintres Beato Angelico et Giotto, la statue de celui-ci trône sur la place du village. Depuis son jeune âge, Paolo a toujours aimé dessiner, et lors de la location au village de l’atelier de marbrier de son frère Raffaello, le loueur, professeur de dessin en ville, lui proposa des cours gratuits par sympathie. Mû par cette nouvelle volonté, il réussit à entrer au « Liceo artistico » de Florence où il forme avec Vittorio Ottanelli, Giani Bertini, et Luciano Ori, un sacré groupe. Travailleur, talentueux, il dégage une certaine aura, due aussi à ses origines modestes et à sa participation à des actes de résistance avec son frère. Un de ses professeurs, le sculpteur Corrado Vigni le prend sous son aile et lui propose d’habiter et de travailler dans un coin de son atelier en échange de menus service. Corrado Vigni rejoint souvent son amante la photographe Ghitta Carell qui habite Rome. Plutôt beau gosse, Paolo est d’une nature malicieuse qui cache sa profonde timidité, en faisant rire l’assistance avec des « Barzellete », petites histoires drôles, qu’il collectionne dans de minuscules agendas. Il est aussi protégé par une femme plus âgée qui navigue dans le milieu de l’art à Florence, Mariuccia Minutelli. Il s’est ainsi trouvé des sortes de parents de substitution qui lui permettent de vivre de sa passion dans cette Florence d’après guerre. La jeune photographe américaine Katherine Ann White (Cuchi White) débarque chez Ghitta Carell, en 1949 pour faire réaliser son portrait. La photographe romaine conseille à la famille White, composée aussi de la mère Eleanor et du frère Charlie de rendre visite à l’atelier de Corrado Vigni lors de leur séjour à Florence. C’est là que ma mère rencontre mon père : c’est le coup de foudre. Paolo écrit l’adresse d’un café sur un paquet de cigarettes qu’il donne à Katherine. Elle a 19 ans, et depuis ces quatorze ans est habitée par une passion pour l’art jamais démentie, focalisée sur la photographie, lui a vingt-quatre ans et cherche sa voie de peintre à travers un labeur assidu. Ainsi commence toute une vie de couple d’artistes.

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Séparés en attendant la majorité de Katherine, ils se marièrent à Florence en février 1953 malgré l’opposition de ma grand-mère américaine. Dès 1954, ils décident d’émigrer à Paris, trouvant l’Italie de l’époque trop provinciale pour un jeune artiste. Ils formèrent toute leur vie un couple atypique par leur total anticonformisme même dans leur milieu et par une authenticité joviale qui forçait la sympathie de leurs amis et de ceux qui les côtoyaient. Paolo Boni a traversé la deuxième moitié du xxe siècle avec une œuvre très originale, hors des sentiers connus et des modes artistiques. Il s’est battu toute sa vie pour créer au plus proche de son ressenti. Il disait « L’important pour moi ; c’est le travail dans l’atelier, pas de courir les vernissages et les cafés. » Son œuvre restera marquée par ses origines très proches de la terre et de l’humain. Ses travaux des années 1940 à 1960 sont parcourus d’une recherche systématique des chemins qui mènent du figuratif à l’abstraction, partant d’une forte influence de Cézanne et Rouault. Ses sources d’inspirations, paysages et figures humaines, s’agrémenteront de son expérience d’ouvrier. Cela donnera d’étonnants bas-reliefs très métallurgiques : une âme de bois recouverte de cuivre, zinc, laiton ou inox. D’aussi loin que je me souvienne l’enclume et la perceuse ont toujours trôné au milieu de sa table de travail. Les rouages, rivets, talonnettes à chaussures, recyclage de plaques d’imprimerie, vieilles pièces de monnaie, grilles de chauffage : tout un bric-à-brac métallique, glané dans les quincailleries ou récupérés dans la rue, lui serviront à fabriquer ses gravures et les formes oniriques de ses toiles des années soixante-dix. Son travail de gravure sera d’ailleurs rebaptisé « graphisculptures », en 1970 lors de son exposition chez lui, par le galeriste milanais Alfonso Ciranna. Petit à petit le travail graphique est libérateur. Il marque de façon décisive son travail pictural d’abord par l’ajout de matières créant des dénivelés, années 60 à 65, puis vient un total changement de mise en espace aidé par la légèreté de la nouvelle peinture à l’acrylique. En effet, les premiers pas de l’homme sur la lune en juillet 1969 l’ont profondément impressionné. Il se met à figurer des avions, des flèches, des pistes d’atterrissage et puis d’étranges objets volants. Très imprégné par le cubisme, il effectue un retour progressif à une forme de figuration renouvelée. L’humain, le paysage réapparaissent d’abord dans des tableaux aux techniques mixtes : peinture, collages de papiers divers, tarlatane et crayons feutres. Cet attrait du relief, qui le caractérise tout au long de son travail, refait surface sous la forme de bois peints découpés, bas-reliefs et sculptures dont l’intense créativité s’enrichit des expériences passées, des années 1990 à 2004, et constituera l’essentiel de ses dernières œuvres. Carla Boni novembre 2017 6


Paolo Boni, an Italian artist from Paris

Paolo Boni un artista italiano di Parigi

Paolo always had this urgent need to create, from the day he was coming home by train from the Galileo optics factory in Florence to his village Vicchio di Mugello, when he was the victim of an aerial attack at the end of the war. He saw death up close. This traumatic experience made him become aware of himself and, even though he was the son of a farmer with all the difficulties that entailed, he made up his mind to become a painter, an artist. He used to tell me, “If it was just to die like that, might as well make your dreams come true.” It should be pointed out that Vicchio is the birthplace of the painters Beato Angelico and Giotto, whose statue dominate the village square. From a young age, Paolo always loved to draw and when his brother Raffaello rented his marble workshop, the tenant, a drawing teacher in town, offered to give Paolo free classes out of sympathy for him.

Paolo ha sempre avuto in sé un’imperiosa di creare, fin dal giorno in cui, verso la fine della guerra, rientrando in treno a Vicchio nel Mugello da Firenze, dal suo lavoro alle officine Galileo, è stato vittima di un attacco aereo. Vide la morte da vicino. Tale esperienza traumatica gli ha permesso di affermare la sua vocazione e benché figlio di contadini, con tutte le difficoltà che ciò avrebbe potuto rappresentare, si decise: sarà pittore, artista. Mi diceva: “Per morire cosi, tanto vale realizzare il proprio sogno!”. Bisogna dire che Vicchio è il luogo di nascita dei pittori Beato Angelico e Giotto, la cui statua troneggia sulla piazza del villaggio. Fin da giovane, Paolo amava disegnare, e, quando suo fratello Raffaello, marmista, si trovò ad affittar il suo atelier nel villaggio, l’inquilino, un professore di disegno, propone a Paolo dei corsi gratuiti, per simpatia.

Moved by this new desire, he successfully entered the “Liceo Artistico” of Florence where he formed a tight group with Vittorio Ottanelli, Giani Bertini and Luciano Ori. He gave off a certain aura: being a talented and hard worker, and due to his modest origins & participation in acts of resistance with his brother. One of his teachers, the sculptor Corrado Vigni, took him under his wing and offered to allow him to live and work in a corner of his studio in exchange

Mosso da questa nuova volontà, riuscì a entrare al Liceo artistico di Firenze dove studiò con Vittorio Ottanelli, Giani Bertini e Luciano Ori, un bel gruppo. Lavoratore, talentuoso, Paolo è carismatico anche per via delle sue origini modeste e della sua partecipazione alla resis‑ tenza con il fratello. Uno dei suoi professori, lo scultore Corrado Vigni lo prende sotto la sua protezione e gli propone di abitare da lui e lavorare nel suo atelier in cambio di piccoli servizi. Corrado Vigni visita sovente la sua amante, la

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for doing small tasks. Corrado Vigni often left to visit his lover Ghitta Carell in Rome, who was a photographer. A rather handsome young man, Paolo had a mischievous nature that hid his deep shyness, making everyone laugh with “Barzelletes”, funny little stories that he collected in small datebooks. He was also protected by an older woman who navigated the Florence art world, Mariuccia Minutelli. In this way, he managed to find substitute parents who allowed him to make a living through his art in postwar Florence.

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The young American photographer, Katherine Ann White (Cuchi White), arrived at Ghitta Carell’s in 1949 to have her portrait taken. The Roman photographer suggested that the White family (Katherine, her mother Eleanor and her brother Charlie) visit Corrado Vigni’s studio workshop during their stay in Florence. This is where my mother met my father and it was love at first sight. Paolo wrote the address of a café on a pack of cigarettes and gave it to Katherine. She was 19 and had been passionate about art, particularly photography, since she was 14. He was 24 and working incredibly hard in the search for his personal painting style. And so began the life of this artist couple. Separated while waiting for Katherine to turn 21, they married in Florence in February 1953 despite my American grandmother’s disapproval. In 1954 they decided to emigrate to Paris, finding the Italy of the time too provincial for a young artist. All their lives they formed an atypical couple by their anti-conformism, even for the environment they evolved in, and by

fotografa Ghitta Carell che abita a Roma. Di bell’aspetto, Paolo è di una natura giocosa che si nasconde dietro una profonda timidezza, facendo ridere con le sue barzellette che colleziona in minuscole agende. È anche protetto da una donna più anziana di lui che appartiene al mondo dell’arte a Firenze, Mariuccia Minutelli. Insomma, si è trovato una sorta di genitori sosti­tutivi che gli permettono di vivere della sua passione nella Firenze del dopo guerra. Nel 1949, la giovane fotografa americana Kathe­­rine Ann White (Cuchi White) arriva da Ghitta Carell per farsi ritrarre. La fotografa romana consiglia alla famiglia White, composta anche dalla madre Eleanor e del fratello Charlie, di visitare l’atelier di Corrado Vigni durante il loro soggiorno a Firenze. In quell’occasione, mia madre incontra mio padre: un colpo di fulmine. Paolo scrive l’indirizzo di un bar su un pacchetto di sigarette che offre a Katherine. Lei ha diciannove anni, e dai sui quattordici è appassionata di arte, in particolare la fotografia; lui ne ha ventiquattro e cerca la sua strada da pittore attraverso un lavoro assiduo. Così comincia tutta una vita di coppia, di artisti. Separati in attesa che Katherine diventi maggiorenne, si sposarono a Firenze nel febbraio 1953 nonostante l’opposizione di mia nonna americana. Dal 1954 decisero di emigrare a Parigi, trovando l’Italia troppo provinciale per un giovane artista. Formano per tutta la vita una coppia atipica per il loro totale anticonformismo, anche nel loro stesso ambiente artistico, e per un’autenticità gioviale che li rendeva simpatici ai loro amici e a coloro che li frequentavano.


their authenticity which induced their friends and peers’ amity. Paolo Boni lived through the second half of the 20th century with a very original body of work, far from the beaten track and artistic fashions of the day. He fought his entire life to create work as close to his experience and feelings as possible. He used to say, “What matters to me is working in my studio, not going to gallery openings and cafés.” His work will remain marked by his origins close to the land and humans. His work from the 40’s to the 60’s features a systematic search for ways to move from the figurative to the abstract, heavily influenced by Cézanne and Rouault. His sources of inspiration, landscapes and human figures, were enriched by his experience as a worker. This resulted in surprising metallurgic bas-reliefs: a core of wood covered with copper, zinc, brass or stainless steel. As far back as I remember, an anvil and a drill always dominated his workbench. Gearwheels, rivets, heelpieces, recycled printing plates, old coins, heating grates; all sorts of metallic odds and ends found in hardware shops or on the street, allowed him to make his engravings and the dreamlike shapes in his paintings from the 1970’s. His engraving work would be re-baptized “graphisculptures” in 1970 by the Milanese gallery owner, Alfonso Ciranna during an exhibit at his home. Little by little, the graphic work is liberating. It decisively marks his pictorial work: first by the addition of materials creating differences in height in the first half of the 1960’s, then comes a complete change of spatial arrange-

Paolo Boni ha attraversato la seconda metà del XX secolo con un’opera molto originale, fuori dai sentieri conosciuti e dalle mode artistiche. Si è battuto tutta la vita per creare in maniera sincera, per rispecchiare che cosa sentiva. Diceva: “L’importante per me è il lavoro negli atelier, non correre nei vernissage e nei caffè”. La sua opera sarà segnata dalle sue origini vicine alla terra e all’umano. I suoi lavori dagli anni ’40-’60 sono percorsi da una sistematica ricerca dei cammini che conducono dal figurativo all’astratto partendo da un’influenza forte di Cézanne e Rouault. Le sue fonti d’ispirazione, paesaggi e figure umane, trarranno beneficio della sua esperienza d’operaio. Questo aspetto produrrà dei bassirilievi “metallurgici” stupefacenti: un’anima di legno coperta di ottone, zinco, latta o inox. Da quando ho memoria, l’incudine e il trapano era sempre ben visibili sul suo tavolo di lavoro. I meccanismi delle viti, tacchi di scarpe, pezzi di riciclo di stamperia, vecchie monete, griglie di riscaldamento, tutto un guazzabuglio metallico raccolto nelle ferramenta o recupe­rato per strada gli serviranno per fabbricare le sue incisioni e le forme oniriche delle sue tele degli anni ’70. Il suo lavoro di incisione sarà ribattezzato “graphiscultures” dal gallerista milanese Alfonso Ciranna nel 1970 durante un’esposizione nella sua galleria. Poco a poco il suo lavoro grafico è libera­ tore. Caratterizza in modo decisivo il suo lavoro pittorico prima di tutto attraverso l’aggiunta di materiali che creano dei dislivelli (anni ’60 - ’75) dopo di ché arriva un cambiamento totale di organizzazione dello spazio pittorico aiutato dalla leggerezza della nuova pittura all’acrilico.

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ment helped by the lightness of the new acrylic paint. Man’s first steps on the moon in July 1969 left a deep impression on him; he started painting airplanes, arrows, landing strips and then strange flying objects. Very influenced by Cubism, he progressively returned to a new style of figurative work. Human figures and landscapes reappeared first in his mixed media paintings: paint, paper collages, tarlatan and ink markers. This attraction to relief painting characterized his work throughout his life and reappeared in the form of cut, painted wood, bas-reliefs and sculptures, all intensely creative and fed by his past experiences and would constitute the bulk of his late period work from the 1990’s to 2004.

In effetti, i primi passi dell’uomo sulla Luna l’hanno molto impressionato. Raffigura degli aerei, delle frecce, delle piste d’atterraggio e poi degli strani oggetti volanti. Molto influenzato dal cubismo effettua un ritorno progressivo a una forma di raffigurazione rinnovata. L’umano, il paesaggio riappaiono, prima di tutto, nei quadri con tecnica mista: pittura, collage di fogli diversi, tarlatana e matite feltrate. Quest’attrazione per il rilievo che lo caratterizza durante tutto il suo lavoro, riemerge sotto forma di legno tagliato, dipinto bassirilievi e sculture di cui la creatività intensa si arricchisce dell’esperienze passate (anni ’90 ’04) e caratterizzerà l’essenziale delle sue ultime opere.

Carla Boni, November 2017

Carla Boni, novembre 2017

Paolo Boni travaillant dans son atelier de Vallauris © Cuchi White


Paolo Boni travaillant dans son atelier de Vallauris Š AndrÊ Villers

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Paolo Boni travaillant dehors dans le Sud de l'Italie, dÊbut 50 Š Cuchi White


Pour Paolo Boni Mes souvenirs de Paolo Boni et de sa femme Cuchi remontent à très loin, mais elle me semble dater d’hier cette belle journée en balade, où ils nous avaient emmenés, mon père Gino Severini, ma mère et moi, j’avais tout juste seize ans, dans leur petite voiture, loin de Paris visiter la Malmaison et un coin de la forêt de Chantilly. Je conserve des photos de cette promenade. La rencontre de ces deux peintres toscans, qui ont tout de suite sympathisé, devait – il me semble – dater du début des années cinquante, lors de notre déplacement sur Paris, après six années et un certain isolement en banlieue, à Meudon. La sympathie, qui fut immédiate, allait de pair avec l’estime que mon père avait pour ce jeune artiste, avec en plus cette commune origine d’une terre bénie par les dieux des Arts ! Déjà en 1906, à propos de toscans, cette première rencontre avec Modigliani, qui sur un boulevard de Paris les avaient fait se retourner en se reconnaissant comme italiens tout d’abord, mais tout de suite aussi comme toscans. Pour nommer un autre des anciens, je me rappelle du peintre Magnelli, florentin, avec qui mon père n’avait pas trop d’accointances artistiques, mais une formation toscane rendait leurs rencontres conviviales. Une anecdote amusante souligne bien la familiarité qui s’était créée entre Paolo et mon père qui, ayant appris que Boni était natif du pays natal du peintre Giotto, lui reprocha de ne pas le lui avoir dit plus tôt. Et lors d’un voyage en Italie, où ils ont eu la chance de se retrouver à Florence, il cueillit l’occasion de se faire accompagner par Boni à Vicchio et devant la maison de Giotto, sans se faire remarquer, il en prit un clou en bois qu’il conserva précieusement comme une relique toute sa vie durant ! On ne peut évoquer Paolo Boni sans parler de sa femme Cuchi White, magnifique photographe, artiste qui savait unir la connaissance de son métier à une sensibilité pleine de poésie et de lumière, ce dont témoignent de très beaux livres. Tous deux venaient très souvent à l’atelier rue Schœlcher en fin d’après-midi, quelques fois attendus et quelques fois pas, sachant que mon père interrompait volontiers son travail pour converser d’un peu de tout, surtout des dernières expositions visitées, en faire quelques critiques ou appréciations (celles-ci en minorité !). Leurs opinions convergeaient presque sur tout, même sur la politique, qui ne manquait pas d’imprévus à l’époque. Le temps passait et on arrivait au soir sans s’en apercevoir, mais heureusement les Boni n’habitaient pas loin et on se quittait avec la promesse de se revoir au plus vite.

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Hélas, la disparition de mon père qui avait une bonne génération de différence et le fait que ma mère, peu de temps après, vint vivre auprès de moi à Rome, ne rendit plus possible ces échanges rapprochés, mais avec maman et moi le lien avec les Boni n’a jamais été coupé. Il y eut les occasions à Rome, lors de bref passages des Boni chez notre amie commune Luciana, la veuve du peintre Franco Gentilini, une autre toscane, de Pise, qui facilita nos rencontres, et puis mes séjours parisiens, durant un desquels j’ai pu connaitre l’atelier de Paolo à Alésia. Vrai atelier d’un vrai peintre. Il reste beaucoup à dire sur cette amitié, mais je n’ai pas les compétences pour pouvoir approfondir et citer leurs idées communes sur l’art et leurs différences pour en affronter les problèmes, d’autres le feront avec plus de connaissances. Je sais, par contre, que mon père a beaucoup apprécié cet attachant soutien d’un jeune artiste envers un collègue plus âgé, dont il savait remonter le moral physique et artistique. Je dois forcément conclure cet affectueux témoignage en parlant de Cuchi, qui a contribué à rendre ces rencontres encore plus chaleureuses avec son parler si particulier, mêlant les accents florentin-français-américain, qui la rendait unique, comme unique était leur couple si complémentaire. Romana Severini Brunori Roma Novembre 2017

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Paolo Boni et Gino Severini, 1954 © Cuchi White


For Paolo Boni

Per Paolo Boni

My memories of Paolo Boni and his wife Cuchi go way back, but it seems like only yesterday when they invited my father Gino Severini, my mother and I far from Paris on a beautiful day when I was only 16 to visit Malmaison and part of the Chantilly forest in their little car. I’ve kept photographs of the walk we took that day. I believe these two Tuscan painters, who hit it off immediately, first met in the early 50’s when we moved to Paris after six years living in partial isolation in the suburb of Meudon. The immediate friendship, which went hand in hand with the esteem my father had for this young artist, came with the bonus of both originating from a land blessed by the Art gods! Speaking of Tuscans, already in 1906, this first encounter with Modigliani, who stopped them when he recognized them as Italians and then as Tuscans. To name one other old master, I remember the Florentine painter Magnelli, with whom my father didn’t share much artistically, but studies in Tuscany gave them enough in common to get along. An amusing anecdote underlines the familiarity that existed between Paolo and my father who, having learned that Boni came from the same place as the painter Giotto, scolded him for not informing him sooner. And during a trip to Italy, where they had the good fortune to meet in Florence, he took advantage of the opportunity to travel to Vicchio with Boni, visit Giotto’s house and secretly remove a wooden

I miei ricordi di Paolo Boni e sua moglie, Cuchi, risalgono a molto lontano. Eppure mi sembra ieri quel quando Paolo e Cuchi ci avevano portato a fare un giro – mio padre, Gino Severini, mia madre e me, che avevo appena sedici anni – nella loro piccola auto. Un giro lontano da Parigi per visitare la Malmaison et un angolo della foresta di Chantilly. Conservo ancora delle foto di quella scampagnata. L’incontro coi due pittori toscani, con cui abbiamo subito simpatizzato, mi pare debba datare dell’inizio degli anni cinquanta, quando ci siamo trasferiti a Parigi dopo sei anni di quasi isolamento in periferia, a Meudon. La simpatia, che fu immediata, andava di pari passo con la stima che mio padre aveva per quel giovane artista, con cui, in più, condivideva le origini, radicate in una terra benedetta dal “dio delle arti”! A proposito di toscani, già nel 1906, un primo incontro lungo un boulevard di Parigi con Modigliani, li aveva fatti guardare per riconos­ cersi come italiani prima di tutto, ma anche, subito dopo, come toscani. Per nominare un altro dei “vecchi”, mi ricordo del pittore Magnelli, fiorentino, con chi mio padre non aveva troppi contatti artistici, ma la comune formazione toscana rese i loro incontri conviviali. Un aneddoto simpatico sottolinea la famigliarità che si è creata con Paolo e mio padre che, avendo appreso che Boni era nativo del paese natale di Giotto, gli rimprovera di non averglielo detto prima. Durante un viaggio in Italia,

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nail from it which he preciously kept his entire life like a religious relic!

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We can’t speak about Paolo Boni without mentioning his wife Cuchi White, a magnificent photographer, an artist who knew how to merge the skills of her trade with a very poetic sensitivity, which can be seen in some very beautiful books. They both came often to the studio on rue Schoelcher at the end of the afternoon, sometimes unexpected but not always, knowing that my father would happily stop working to speak with them about anything, especially the latest exhibits they had seen and offer their criticism or (very rarely!) their approval. They thought along the same lines on almost everything, even politics, which were very unpredictable at the time. Time flew by and it was suddenly evening, but luckily the Bonis didn’t live far away and we split up promising to meet again as soon as possible. Unfortunately, my father, who was a generation older, suddenly died and my mother, shortly thereafter, moved with me to Rome, making these close exchanges impossible. But my mother and I never cut ties with the Bonis. There were opportunities in Rome, when the Bonis stayed briefly with our shared friend Luciana, the widow of the painter Franco Gentilini, another Tuscan, from Pisa, who made our meetings easier. And then there were my stays in Paris during which I visited Paolo’s studio in Alesia. The real studio of a real painter. There is much to say about this friendship, but I don’t have the skills to go deeper and cite their shared ideas on art and their divergences

dove ebbero l’occasione di ritrovarsi a Firenze, approfittò di farsi accompagnare da Boni a Vicchio e, davanti alla casa di Giotto, senza farsi notare, ne prese un chiodo in legno che conservò tutta la vita preziosamente come una reliquia! Non si può evocare Paolo Boni senza parlare di sua moglie, Cuchi White, magnifica fotografa, un’artista che sapeva unire la conoscenza del suo mestiere ad una sensibilità piena di poesia e di luce, come testimoniano molti dei suoi bei libri. Tutti e due venivano sovente all’atelier di rue Schœlcher verso fine pomeriggio, qualche volta erano attesi, altre no, sapevano che mio padre interrompeva volentieri il suo lavoro per conversare d’un po’ di tutto, soprattutto delle ultime esposizioni visitate, farne delle critiche o degli apprezzamenti (quest’ultimi sempre in numero minore rispetto ai primi!). Le loro opinioni convergevano quasi su tutto, anche sulla politica, che non mancava di “imprevisti” all’epoca. Il tempo passava e la sera arrivava senza che ce ne accorgessimo, fortunatamente i Boni non abitavano lontano e ci si lasciava con la promessa di rivedersi al più presto. Purtroppo, la scomparsa di mio padre, che aveva una buona generazione di differenza da loro, e il fatto che mia madre, poco tempo dopo, venne a vivere da me a Roma, non ha più reso possibile degli scambi frequenti, ma il nostro legame con i Boni non si è mai spezzato. Ci sono state delle occasioni a Roma, il passaggio dei Boni dalla nostra amica comune Luciana, la vedova del pittore Franco Gentilini – un altro toscano, di Pisa – facilitava i nostri incontri, e poi c’erano i miei soggiorni parigini, durante uno dei quali ho potuto visitare l’atelier di Paolo


regarding the problems they raise; others will do so more knowledgeably. I do know, however, that my father really appreciated the endearing support of a young artist for an older colleague, who knew how to cheer him up physically and artistically. I need to finish this affectionate remembrance by mentioning Cuchi, who made these encounters all the more enjoyable with her particular way of speaking with a mix of Florentine, French and American accents, which made her unique, as they were as a couple and so complementary. Romana Severini Brunori Rome, November 2017

a Alésia. Vero atelier di un vero pittore. Resta ancora molto da dire su quest’amicizia, ma non ho le competenze per approfondire et citare le loro idee comuni sull’arte e anche di quelle differenti per affrontarne i problemi, altri hanno le compe­tenze per farlo meglio di me. So, invece, che mio padre ha molto apprezzato il sostegno interessante di questo giovane artista verso di lui, un collega più anziano cui sapeva risollevare il morale artistico e fisico. Devo concludere questa testimonianza affettuosa parlando di Cuchi, che ha contribuito a rendere gli incontri ancora più calorosi con il suo modo di parlare molto particolare che mescolava l’accento fiorentino, quello francese e quello americano e che la rendevano unica, come unica era la loro coppia cosi ben complementare. Romana Severini Brunori Roma, Novembre 2017

Jeanne, Romana, Gino Severini et Paolo Boni 1953 © Cuchi White

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Paolo Boni bricolant avec des objets glânés au bord du torrent, Sud de la France, 1983 © Laura Sapienza


Accanto a Paolo Boni Ho davanti agli occhi l’autoritratto che Paolo Boni aveva dipinto anni fa e che avevo fotografato nel 2014 a Vallauris, mentre ce lo faceva vedere. Un dipinto che mostra a un tempo un Paolo Boni giovane e una straordinaria maestria pittorica. In modo quasi incurante Boni lo teneva a Vallauris, lo maneggiava senza nessuna reverenza. A Vallauris, con gli immancabili calzoni corti (lo incontravamo spesso d’estate) lavorava tutto il giorno, tagliava, incollava, disegnava, sempre in attività e sempre allegro. Conservava intatto il suo accento toscano al quale mescolava ogni tanto qualche parola francese liberamente adattata alle necessità del suo racconto e arricchiva la narrazione con modi di dire dimenticati, calembour, giochi di parole. Maneggiava le sue sculture, i suoi quadri, senza attenzioni particolari, spostava, accatastava, felice se gli chiedevamo chiarimenti ma non particolarmente ansioso di raccontare quello che stava facendo. Aveva conservato negli anni un’attitudine artigianale alla creazione, operoso sempre ma sempre disponibile a fermarsi per bere un caffè o per raccontare un aneddoto su Picasso o Gentilini. A Parigi era lo stesso. Usciva presto di casa, tornava per pranzo e per cena ma lavorava sempre e puntualmente, quasi avesse un impiego a tempo fisso. Era nato nel 1925 a Vicchio di Mugello e nel 1954, come molti artisti italiani, si era trasferito a vivere e a lavorare a Parigi con sua moglie Cuchi White, formidabile fotografa americana, con la quale avrebbe trascorso tutta la vita. Già nel 1957 aveva iniziato a realizzare quelle che avrebbe poi definito “grafisculture”, realizzate assemblando metalli diversi, di formati e texture differenti che, a seconda delle sue intenzioni, potevano diventare opere tout-court oppure una matrice, una lastra per successive stampe grafiche. La sua pittura, dopo essere stata agli inizi figurativa, era diventata sempre più vicina al surrealismo, alla metafisica e aveva rivelato anche simpatie per il costruttivismo. Lontano tuttavia da scuole e da influenze, Paolo Boni aveva mantenuto per tutta la vita un legame forte con la manualità, con il “fare”: quando non realizzava opere per mostre o per committenti, assemblava materiali, tagliava cartoni o lamiere, realizzava piccole, immaginifiche composizioni che applicava poi alle porte di casa, alla ringhiera del giardino e continuava a dise­ gnare, colorare, incollare, ribadare. Le mostre importanti che gli venivano dedicate in Europa e nel mondo non modificavano il disincanto con il quale guardava al mondo dell’arte lasciando spesso a Cuchi White il compito di tenere vivi i legami con gli amici, i galleristi, i curatori dei musei. Paolo preferiva lavorare, artigiano felice nel mondo della sua arte. Giovanna Calvenzi Milano, ottobre 2017

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Beside Paolo Boni

Au côté de Paolo Boni

I’m looking at Paolo Boni’s self-portrait which I photographed in 2014 in Vallauris when he showed it to us. A painting that depicts a young Paolo with incredible pictorial mastery. He kept it in Vallauris, without paying much attention to it. In Vallauris, wearing his trademark shorts (we often met in the summer), he worked all day long, cutting and gluing, drawing and painting, always energetically and in a great mood. He kept his Tuscan accent and occasionally added French words freely adapted to the situation and embellished his story with forgotten expressions and inventive puns. He dispassionately handled his sculptures and paintings, moving them around, accumulating them but without being particularly attached to explaining the meaning of his work. He kept this same attitude throughout his career, always focused on his work, but nevertheless always available to have a coffee and share stories about Picasso or Gentilini. It was the same in Paris. He left home early, came home for lunch or dinner, but always remained punctual at work as if he had a regular job. He was born in 1925 in Vicchio di Mugello and in 1954, like many Italian artists, he came to live and work in Paris with his wife, Cuchi White, an incredible American photographer, with whom he shared his entire life. By 1957, he had begun a very particular project, later named “graphisculptures”: assemblages of various metals, varied formats

J’ai devant les yeux l’autoportrait que Paolo Boni avait peint et que j’avais photographié en 2014 à Vallauris, pendant qu’il nous le montrait. Un tableau qui illustre à la fois un Paolo jeune et une incroyable maestria picturale. Il le gardait de façon très désinvolte à Vallauris sans y porter d’attention particulière. À Vallauris, avec les habituels shorts (nous le rencontrions souvent l’été), il travaillait toute la journée, coupant, collant, dessinant, peignant, toujours en pleine activité et toujours gai. Il conservait intact son accent toscan auquel il mêlait par moments des mots français librement adaptés aux nécessités de son discours et enrichissait sa narration avec des façons de dire oubliées, des calembours, des jeux de mots. Il manipulait ses sculptures, ses tableaux, sans affectation, les déplaçaient, les accumulaient, heureux de donner des explications mais sans être spécialement attaché à expliquer le sens de ses œuvres. Il avait gardé à travers les années une même attitude dans la création, toujours concentré dans son travail, mais malgré tout disponible pour boire un café et échanger une anecdote sur Picasso ou Gentilini. À Paris, c’était la même chose. Il sortait tôt de la maison, rentrait pour le repas du midi ou le dîner, mais toujours ponctuel au travail comme s’il avait un emploi fixe. Il était né en 1925 à Vicchio di Mugello et en 1954, comme beaucoup d’artistes italiens, il était venu vivre et travailler à Paris avec sa femme Cuchi White, for-


and textures which became either bas-reliefs or matrices for engravings depending on his intentions. His painting, figurative early in his career, verged more and more towards surrealism, metaphysics and then constructivism. Free of precise influences or schools, Paolo Boni maintained a constant connection with manual work, with the traditional craft approach. When he wasn’t working on commissions or preparing exhibitions, he would gather material, create some compositions that he would then attach to doors in the house or the guardrail on the terrace all while drawing, painting, gluing, riveting. The important exhibitions he did in Europe and around the world didn’t change his disillusionment for the art world of his day, leaving Cuchi White to maintain relationships with friends, galleries, and museum curators. Paolo preferred working: a happy artist in the world of his creations. Giovanna Calvenzi, Milan, November 2017

midable photographe américaine, avec laquelle il partagera toute sa vie. Déjà en 1957, il avait initié un travail particulier, plus tard nommé « graphisculpture », réalisant des assemblages de divers métaux, de formats et textures variés, et qui selon ses intentions, devenaient des bas-reliefs ou des matrices pour tirages de gravures. Sa peinture, après avoir été figurative à ses débuts, était devenue toujours plus proche du surréalisme, de la métaphysique et avait approché le constructivisme. En dehors d’influences précises ou d’école, Paolo Boni a maintenu toute sa vie un rapport constant avec le travail manuel, avec le savoir-faire artisanal : quand il ne travaillait pas sur des œuvres commandées ou pour des expositions, il assemblait des matériaux, réalisait de petites compositions qu’il appliquait ensuite aux portes de la maison, aux rambardes de la terrasse tout en continuant à dessiner, peindre, coller, riveter. Les importantes expositions qu’il faisait en Europe et dans le monde ne changeait rien au désenchantement avec lequel il regardait le monde de l’art de son époque, laissant à Cuchi White la tâche d’entretenir les liens avec les amis, les galeries, les conser­vateurs de musée. Paolo préférait travailler, artisan heureux dans le monde de ses créations. Giovanna Calvenzi, Milan, novembre 2017

Lors de l'exposition Viaggio in Italia Cuchi White, Fulvio Ventura, Giovanna Calvenzi, Gabriele Basilico, Paolo Boni, Bari, Italie, 1984 © Laura Sapienza

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Paolo Boni tenant un élément d'une graphisculpture dans les mains © Cuchi White


Les espaces imaginaires. Fragments pour Paolo Boni « Je ne vois pas de meilleur hommage à lui rendre, maintenant que son œuvre est venue à son terme, que de refuser l’idée d’un point final pour voir dans l’entreprise qui fut la sienne, et jusque dans ses toutes dernières productions, un perpétuel départ, quelque chose comme une entrée en matière sans cesse renouvelée […]. »1

L’écriture, à l’égal de la peinture, de la sculpture et de la gravure, bien avant d’apparaître aux yeux de l’auteur, du lecteur ou du spectateur sous la forme de l’objet fini, de l’œuvre achevée circonscrite aux limites de la page, de la toile, de la plaque de métal, du bloc de pierre ou de bois, manifeste avant toute chose une pensée en acte, agissante et opérante, qu’il appartient au commentateur de percevoir et d’expliciter afin de « trouver “l’entrée” »2. En ce qui concerne Paolo Boni, peintre né en 1925 près de Florence et installé en France à partir de 1954, celle-ci reste avant toute chose à chercher et à découvrir tant le travail de l’artiste est jusqu’à présent demeuré peu ou prou confidentiel. Cette dernière affirmation n’est pourtant pas dénuée de paradoxes, ni d’ambiguïtés. D’une part parce que Paolo Boni n’a jamais cessé d’exposer jusque dans les années 1990, de façon personnelle et collective, en Europe et aux États-Unis (les lecteurs et lectrices intéressés trouveront les noms et les dates de certaines de ces manifestations dans les catalogues publiés à ces occasions). D’autre part car son art a très tôt été remarqué par des artistes, des écrivains, des historiens, des critiques et des conservateurs de musées, qui ont tous relevé sa singularité au regard d’une « École de Paris » finissante et d’une scène artistique française particuliè­ rement divisée. Le peintre Gino Severini, membre du groupe futuriste dans les années 1910, a ainsi rédigé une préface à l’occasion de la première exposition parisienne de Paolo Boni en 1954, organisée à la galerie Voyelle. Herta Wescher et Richard S. Field, auteurs respectifs d’ouvrages 1 Hubert Damisch, Jean Dubuffet, Entrée en matière, Zurich et Paris, JRP Ringier et La maison rouge, 2016, p. 32. 2 Idem, p.9. C’est l’auteur qui souligne.

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de référence sur le collage et la gravure, ont aussi valorisé les productions de Boni dans de beaux articles, de même que les critiques Simone Frigerio et Jacques Lepage, lesquels ont régulièrement contribué à quelques-unes des plus importantes revues françaises pendant la période de la Guerre froide : Art et Architecture d’aujourd’hui, Les Lettres françaises, etc. Les écrivains Michel Butor, Maurice Roche et Georges Perec, proches de Paolo Boni, ont collaboré avec l’artiste à l’élaboration de recueils d’estampes où se mêlent habilement les textes et les images à l’exemple de Chronique des Astéroïdes, de Ça ! ou de Métaux, sur les centtrente-cinq tirages prévus seuls quelques exemplaires ont été imprimé en 1985. Quoiqu’elle révèle les cercles amicaux et professionnels de l’artiste et renseigne sur les diffusions contemporaines de son travail, cette succincte recension de la fortune critique de Paolo Boni ne saurait en aucune façon occulter l’œuvre, riche et conséquente. C’est la raison pour laquelle de nombreux textes accentuent son caractère véritablement indépendant et original, fondé sur les recherches picturales et sculpturales initiées par Paolo Boni dans les années 40 et prolongées peu de temps après au travers d’expériences gravées inventives, baptisées « graphisculptures »3 par Alfonso Ciranna en 1970. À rebours des techniques de gravure traditionnelles, Paolo Boni ne procède pas par retraits successifs de matière. Loin de recourir à une quelconque soustraction, incision au burin ou morsure à l’acide, Boni façonne davantage le métal par ajouts : ceux de « morceaux de métal découpés », « rivés » sur la matrice originelle.4 Suite aux premiers portraits et paysages peints, loués en leur temps par Gino Severini, qui y décèle l’influence conjuguée des peintres « modernes » français et des primitifs italiens – faut-il rappeler que le village natal de Paolo Boni, Vicchio di Mugello, est le pays natal de Giotto di Bondone ? –, ses productions matérialisent les préoccupations essentiellement formelles de l’artiste, nourries de la pratique simultanée de ces différents arts. À l’intar de ses essais sculpturaux et graphiques, où dominent le goût de Paolo Boni pour les surfaces planes et les reliefs, ses peintures réalisées à partir des années 60 gagnent peu à peu en précision. Les juxtapositions et les superpositions de formes y sont dorénavant privilégiées ; les aplats et les contours nets préférés à la touche et aux empâtements ostensibles, sans que la matérialité des œuvres ne soit aucunement niée. Tandis que ses pre­­ mières toiles sont inspirées par les trouvailles des peintres dits fauves et cubistes et qu’elles

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3 On trouve également ce terme orthographié de la manière suivante : « grafisculture ». Cf Gayzag Zakarian, Boni, « Grafiscultures ». Oeuvre gravé, 1957-1970, Paris, Gayzag Zakarian, 1970 (avec un texte introductif d’Herta Wescher). 4 Idem, p.7.


représentent des motifs aux volumes fortement géométrisés, les suivantes semblent plutôt témoigner de l’intérêt manifesté par Paolo Boni pour l’œuvre de Fernand Léger, ses contrastes de formes et sa grande plasticité. Contrairement à l’art de ce dernier, lequel accuse une fascination certaine pour le monde industriel, quitte à ce que les particularités des corps humains, des objets et des machines s’entremêlent, celui de Boni suggère davantage la prédilection de l’inventeur des gravuresreliefs pour l’espace cosmique et les avions ; les rêves et les utopies qu’ils charrient ; les champs qu’ils ouvrent à l’imagination. L’œuvre de Paolo Boni, tel qu’il nous apparaît aujourd’hui, quelques mois après la disparition de l’artiste, est en lui-même un univers personnel, échappant aux querelles artistiques contemporaines et aux « angoissants problèmes du figuratif et du non figuratif, de l’art abstrait géométrique ou non, ou de l’art tachiste [...] »5. Ni abstrait, ni figuratif, parce qu’il est justement l’un et l’autre, son art partiellement dévoilé subsiste, alors que Paolo Boni a fui dans les espaces imaginaires. Vanessa Noizet Paris, décembre 2017

5 Gino Severini, préface de l’exposition à la galerie Voyelle, Paris, 1954, texte reproduit dans Boni, cat. expo., Rome, Edizione della Stamperia « Il Cigno », 1977, [n.p.].

Paolo Boni, Georges Perec, Robert Dutrou lors de la fabrication du livre Métaux © Cuchi White

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Imaginary spaces. Fragments for Paolo Boni

“I cannot imagine a better tribute to him, now that his work has come to an end, than to reject the idea of a​​ n end point in order to see in the ventures that were his own, and even in his later productions, a perpetual beginning, something akin to an endlessly renewed introduction [...].” 1

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Gli spazi immaginari. Frammenti per Paolo Boni “Non vedo miglior omaggio da rendergli, ora che la sua opera è giunta a termine, che rifiutare l'idea di un punto finale per vedere in quella che fu la sua impresa, fino alle ultimissime produzioni, una partenza continua, qualcosa come un ingresso nella materia incessantemente rinnovato [ ].”1

Long before it appears in the eyes of the author, reader or viewer as the final product, a finished piece limited to the boundaries of the page, canvas, metal plate, block of stone or wood, writing, and indeed painting, sculpture or engraving, firstly manifests itself as an active and operational thought in motion that the commentator then perceives and explains in order to “find the “way-in”2. In the case of Paolo Boni, a painter born near Florence in 1925 but installed in France since 1954, the way-in has really yet to be sought and discovered since the artist’s work has thus far remained somewhat confidential. This last statement, however, is not without paradox or ambiguity. On the one hand because Paolo Boni continued to exhibit until the beginning of the twenty-first century,

La scrittura, così come la pittura, la scultura, l’incisione, ben prima di apparire sotto forma di opera finita davanti agli occhi dell’artista, del lettore o dello spettatore- oggetti conclusi, conchiusi nei limiti di una pagina, di una tela, di un blocco di pietra o legno, di una lastra di metallo si manifestano innanzi tutto come un pensiero in atto, cioè che lavora ed agisce: percepirlo e renderlo esplicito, così da “trovarne l’‘ingresso‘”2, è il compito proprio del commentatore. Per quanto riguarda Paolo Boni, pittore nato nel 1925 vicino a Firenze e stabilito in Francia a partire dal 1954, questo “ingresso” è ancora tutto da trovare, tanto il lavoro dell’artista è rimasto fino ad oggi tutto sommato poco conosciuto. Affermazione, quest’ultima, non priva di una certa paradossalità. Da un lato perché fino all’inizio degli anni duemila Paolo Boni non ha infatti mai smesso di esporre, in Europa e negli

1 Hubert Damisch, Jean Dubuffet, Entrée en matière, Zurich and Paris, JRP Ringier and La maison rouge, 2016, p. 32. 2 Idem, p.9. Emphasis added.

1 Hubert Damisch, Jean Dubuffet, Entrée en matière, Zurigo e Parigi, JRP Ringier et La maison rouge, 2016, p. 32. 2 Idem, p.9. Sottolineatura dell’autore.


individually and collectively, in Europe and in the United States (curious readers can find the names and dates of some of these events in the catalogs published on these occasions). On the other hand, his art was noticed very early on by artists, writers, historians, critics and museum curators, all of whom perceived his singularity in the context of a declining “School of Paris” and a particularly divided French art scene. The painter Gino Severini, a member of the futurist group in the 1910s, wrote a preface for Paolo Boni’s first Parisian exhibition in 1954, organized at the Galerie Voyelle. Herta Wescher and Richard S. Field, the authors respectively of reference books on collage and engraving, also promoted Boni’s productions in fine articles, as did critics Simone Frigerio and Jacques Lepage, who regularly contributed to some of the most important French journals during the Cold War: Art et Architecture d’aujourd’hui, Les Lettres françaises, etc. Writers Michel Butor, Maurice Roche and Georges Perec, who were close to Paolo Boni, also collaborated with the artist compiling collections of prints where the text and the images are cleverly combined, such as for example, Chronique des Astéroïdes, Ça ! ou de Métaux, on the one hundred and thirty-five copies planned, only a few copies were printed in 1985. However much this short review of the critical reception of Paolo Boni’s work tells us about the artist’s circle of friends, his professional network and the contemporary spread of his work, it cannot in any way obscure the richness and significance of the work itself. This is why

Stati Uniti, in mostre personali e collettive (i lettori e le lettrici interessati troveranno i nomi e le date di alcune di queste manifestazioni nei cataloghi pubblicati in queste occasioni). D’altro lato perché la sua arte fu presto notata da artisti, scrittori, storici, critici e curatori di museo, tutti concordi nel rilevarne la peculiarità nei confronti di una “scuola di Parigi” ormai sulla fine e di una scena artistica francese particolarmente frammentata. Il pittore Gino Severini, membro del gruppo futurista negli 1910, ha così redatto una prefazione per la prima esposizione parigina di Paolo Boni, organizzata nel 1954 alla galleria Voyelle. Articoli significativi hanno valorizzato la sua produzione, come quelli di Herta Wescher e Richard S.Field, autori di opere di riferimento rispettivamente sul collage e sulla incisione o quelli dei critici Simone Frigerio e Jacques Lepahe, collaboratori regolari di alcune delle più importanti riviste francesi durante il periodo della guerra fredda: Art et Architecture d’aujourd’hui, Les Lettres françaises, etc. Gli scrittori Maurice Roche, Michel Butor e Georges Perec, vicini a Paolo Boni, hanno poi collaborato con l’artista all’elaborazione di alcune raccolte di stampe dove testi ed immagini si intrecciano abilmente, quali Chronique des Astéroïdes, Ça! oppure Métaux, su i centotrentacinque previsti, solo qualche esemplari sono stati stampati in 1985. Questa succinta recensione della fortuna critica di Paolo Boni, se rivela quale fosse la cerchia dei rapporti professionali e di amicizia dell’artista così come la diffusione coeva del suo lavoro, non può in alcun modo esaurire la ricchezza e la coerenza della sua opera. É la ragione per la quale molti testi ne sottolineano il carattere veramente

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many texts highlight its truly independent and original character, based on the pictorial and sculptural research initiated by Paolo Boni in the forties, which he continued a short time later with a series of inventive engraved experiments which Alfonso Ciranna classified as “graphisculptures”3 in 1970. Unlike traditional engraving techniques, Paolo Boni’s process does not involve the successive removal of material. Instead of resorting to subtraction, chiseling or an acid bath, Boni shapes the metal with additions of “pieces of cut metal”, “riveted” on the original matrix 4. After completing his first portraits and painted landscapes, praised at the time by Gino Severini, who saw in them the combined influence of “modern” French painters and the Italian Primitives – need we recall that Paolo Boni’s native village of Vicchio di Mugello was also the homeland of Giotto di Bondone? – Boni’s productions lent material form to the artist’s essentially formal concerns, themselves nourished by his simultaneous practice of these different arts. In the same way as Paolo Boni’s sculptural and graphic essays, dominated by his taste for flat surfaces and reliefs, his paintings in the nineteen-sixties gradually gained in precision. From this period onwards he favored juxtapositions and superimpositions of shapes and preferred flat surfaces with sharp contours to

indipendente ed originale, a partire dalle ricerche pittoriche e scultoree intraprese negli anni quaranta e proseguite, poco tempo dopo, attraverso quelle inventive esperienze con l’incisione battezzate poi “grafisculture” 3 da Alfonso Ciranna in 1970. Al contrario delle tecniche di incisione tradizionale, Paolo Boni non proceda per sottrazione successiva di materia tramite bulino o morsura all’acido, lavora il metallo soprattutto per aggiunta: quella di “frammenti metallici ritagliati” e “inchiodati” sulla matrice originale 4. Dopo i primi dipinti, ritratti e paesaggi lodati a suo tempo da Gino Severini che vi scorge l’influenza congiunta dei pittori “moderni” francesi e dei primitivi italiani -possiamo qui ricordare che Vicchio di Mugello, paese natale di Paolo Boni è anche luogo di nascita di Giotto di Bondone, le sue produzioni palesano le preoccupazioni essenzialmente formali dell’artista, nutrite dalla pratica simultanea delle diverse arti. Alla maniera delle prove scultoree e grafiche dove domina la propensione di Paolo Boni per le superfici piane ed il rilievo, i dipinti realizzati a partire dagli anni sessanta guadagnano poco a poco in accuratezza. Senza che la matericità delle opere sia minimamente compromessa, la giustapposizione e la sovrapposizione delle forme saranno ormai predilette così come le campiture uniformi ed i contorni nettamente definiti

3 This term is also spelled in the following way: “grafisculture”. See Gayzag Zakarian, Boni, “Grafiscultures”. Engraved work, 1957-1970, Paris, Gayzag Zakarian, 1970 (with an introductory text by Herta Wescher). 4 Idem, p.7.

3 Il termine si ritrova anche nella variante ortografica di: « Graphisculptures ». Cf Gayzag Zakarian, Boni, « Grafiscultures ». Oeuvre gravé, 1957-1970, Parigi, Gayzag Zakarian, 1970 (introduzione di Herta Wescher). 4 Idem, p.7.


brushstrokes and ostentatious impasto, without ever denying the artworks’ materiality in any way. While his first paintings were inspired by the discovery of so-called fauvist and cubist painters with their presentation of highly geometrical volumes, subsequent pieces rather seem to demonstrate Paolo Boni’s interest in the work of Fernand Léger, his contrasts of forms and great plasticity. Léger’s art, which displays a certain fascination for the industrial world, goes as far as intertwining the specificities of human bodies, objects and machines. However, the art of Boni, the inventor of a particular kind of relief engravings, suggests rather more a taste for cosmic spaces and aeroplanes, the dreams and utopias they embody, and the territories they offer to the imagination. The work of Paolo Boni, as it appears to us today, a few months after the artist’s passing, is in itself a personal world which escapes the contemporary artistic quarrels and the “agonizing problems of the figurative and the non-figurative, the abstract, the geometric or not, or Tachisme [...]”5. Neither abstract nor figurative, since he is precisely one and the other, his partially unveiled art prevails, while Paolo Boni himself has escaped into imaginary spaces. Vanezza Noizet Paris, December 2017 5 Gino Severini, preface to the exhibition at Galerie Voyelle, Paris, 1954, text reproduced in Boni, cat. exhibition, Rome, Edizione della Stamperia “Il Cigno”, 1977, [n.p.].

saranno preferiti alla pennellata ed agli impasti evidenti. Se le sue prime tele sono ispirate dalle scoperte dei pittori detti fauves e dei cubisti, rappresentando motivi dai volumi fortemente geometrici, quelle successive sembrano piuttosto testimoniare l’interesse di Paolo Boni per l’opera di Fernand Léger, i suoi contrasti di forme e la sua grande plasticità. A differenza dell’arte di quest’ultimo però, che risente una fascinazione per il mondo industriale a tal punto che le peculiarità dei corpi umani, degli oggetti e delle macchine si intrecciano tra loro, quella di Boni, l'inventore di un genere particulare di incisioni, suggerisce soprattutto una propensione per le vastità cosmiche e gli aerei, per i sogni e le utopie di cui sono veicolo, per gli spazi che aprono all’immaginazione. L’opera di Paolo Boni, così come ci appare oggi a qualche mese dalla scomparsa dell’artista, è di per se stessa un universo personale che sfugge alle controversie artistiche contemporanee ed agli “angosciosi dilemmi del figurativo e del non figurativo, dell’arte astratta geometrica o no, o del tachismo [...]” 5. Né astratta né figurativa perché appunto capace di essere sia l’una che l’altra, la sua arte, solo parzialmente svelata, continua a sussistere mentre lui, Paolo Boni, se n’è sfuggito tra gli spazi immaginari. Vanessa Noizet Parigi, decembre 2017 5 Gino Severini, prefazione all’esposizione della galleria Voyelle, Parigi, 1954, testo riprodotto in Boni, cat. expo., Rome, Edizione della Stamperia “Il Cigno”, 1977, [n.p.].

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Mathilde Hatzenberger chez la restauratrice Francine Swaelens, Bruxelles, novembre 2016 Š Marie-Laure Picard


L’extraordinaire aventure Boni Nous y voilà ! Après trois ans de recherches et de travaux, débutés bien avant mon embar­ quement pour l’aventure Boni par l’inventaire du vivant de l’artiste dès 2013, et devant encore se poursuivre, voici venu enfin le temps infiniment réjouissant de partager la joie de replonger dans l’œuvre sémillante et inclassable de Paolo Boni, qui malheureusement nous a quitté sans participer à cette fête. Vous connaissez peut-être le Jeu de Balle ? Ce lieu emblématique de Bruxelles, aussi dénommé « Vieux marché », est souvent le terminus d’œuvres d’artistes décédés. Avant que leurs maisons ne soient vidées, les « meilleures pièces » sont monnayées sur place par les antiquaires. Aux brocanteurs est souvent adjugé ce qui n’a pas été jugé comme « œuvre majeure » : fardes de dessins, même pinceaux ou outils se retrouvent ainsi sur les pavés centenaires de la place à la merci des amateurs et promeneurs curieux. À Paris aussi, l’œuvre de Paolo Boni aurait bien pu entamer ce genre de destinée morcelée s’il n’avait pas eu des descendants avisés, courageux, et un rien follets, sa fille Carla en cheffe d’équipe légitime. De fait, cette façon de « liquider » une œuvre est parfaitement conforme au marché de l’art tel que nous en avons hérité du xixe siècle. L’offre et la demande fixent les règles du jeu et l’on convoque, dès qu’on peut, la fameuse cote de l’artiste et de toutes les hiérarchies qui vont avec. C’est la cherté fixée dans une cote qui juge sa qualité artistique ! D’où cet intérêt permanent à trafiquer les cotes des œuvres anciennes, ou à authentifier tel vieux parchemin comme attribué à tel ou tel maître coté et, pour celles des jeunes artistes d’aujourd’hui, à fabriquer une cote artificielle. Car dans les temps modernes, on cherche à court-circuiter le temps pour augmenter les rendements, quelque soit la matière. Tout peut se vendre, et n’importe comment, les œuvres d’art n’y échappent pas. Les dégâts sont énormes : acheteurs déçus de ne pouvoir participer à cette manne longuement décrite par la presse, rarement capable de parler d’une œuvre mais préférant parler de son prix. C’est ainsi que les œuvres deviennent contingentes car soumises. Et qu’on nous impose un art toiletté et normé taillé pour un salon et un portefeuille à la taille déterminée. Telles des insultes aux oreilles, branding, placement, investissement, sont des termes issus du monde bancaire et utilisés dans un champ qui devrait échapper à cet ultra-libéralisme dominant qui écrase introspection, pensée, questionnement, intelligence, beauté… Dans la pratique quotidienne du métier de galériste - un sacerdoce qui est le mien - adopter la posture inverse est un principe directeur. Choisir des artistes sans considération de l’époque,

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des modes, mais plutôt défendre des œuvres nécessaires, des artistes nés et qui mourront artistes, des artistes pour qui l’art est aussi naturel et vital que de respirer. C’est pourquoi, après bien des tergiversations tant je savais dès le départ le travail titanesque à fournir, j’ai accepté la mission de « patrimonialiser » l’œuvre de Paolo Boni, c’est-à-dire tenter de l’inscrire indubitablement dans le xxe siècle. Une question de principe pour l’œuvre indépendante, libre, nécessaire de Paolo Boni. De passion aussi, car je vous l’avoue, cette extraordinaire aventure naît et existe aussi d’une grande histoire d’amour, de respect, de transmission, toutes valeurs qui nourrissent et abreuvent l’équipage quand le chemin semble incertain. Place à la surprise, place à l’émotion, place au plaisir de voir… Il est plus que temps de découvrir dans un lieu inédit, un magnifique écrin, le 24 Beaubourg qui nous fait le plaisir d’accueillir cet hommage et de retrouver enfin à Paris de belles « tartines », tel que Paolo désignait les toiles, sculptures et œuvres sur papier, un échantillon qu’il a été bien difficile de choisir dans ce riche héritage. Mathilde Hatzenberger Bruxelles, décembre 2017

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Mathilde Hatzenberger et Paolo Boni à l'atelier de Vallauris, juin 2016 © Carla Boni


The extraordinary Boni adventure

La straordinaria avventura Boni

Here we are then! After three years of research and work which began long before I joined the Boni adventure myself with the inventory of the workshop in 2013, carried out while the artist was still alive, and which has yet to be concluded, at last the infinitely rejoicing time has come to share the joy of revisiting Paolo Boni’s lively and unclassifiable work. Boni himself is unfortunately no longer with us and will not be able to share in this celebration. Perhaps you are familiar with the Jeu de Balle? This iconic place in Brussels, also known as the “Old Market”, is often the last stop for the artworks of deceased artists. Before their houses are emptied, antique dealers sell the “best pieces” on the spot. Second-hand dealers most often salvage anything which remains and is not considered a “major artwork”: piles of drawings, even brushes or tools are thus left on the square’s century-old cobblestones, to be contemplated by aficionados and curious passers-by alike. Back in Paris, Paolo Boni’s work could well have faced a similar fragmented destiny had his somewhat whimsical descendants and daughter cum natural team leader Carla not shown wisdom and courage. In fact this process of “selling off ” artworks perfectly reflects the art market that we inherited from the 19th century. The rules of the game are laid down by supply and demand and, whenever possible, we summon up the notori-

Ci siamo! Dopo tre anni di richerche e di lavori, cominciati molto prima del mio coinvolgimento nella avventura Boni per l’inventario dell’artista vivente dal 2013, e che non sta per finire’, ecco venuto il lieto momento di condividere la gioia d’immergersi nell’opera briosa, e singolare, di Paolo Boni, che purtroppo sfortunatamente ci ha lasciato senza partecipare a questa festa. Conoscete per caso il luogo “Jeu de Balle”? Questa piazza emblematica di Bruxelles, chiamata anche “mercato vecchio’’, e che e’ spesso il capolinea di opere di artisti defunti. Prima che le loro case siano svuotate, le “opere maggiori’’ sono negoziate direttamente sul posto dagli antiquari. Ai rigattieri e’ spesso venduto tutto cio che non e’ considerato come “pezzo di grande valore”: tavole da disegno, pennelli o atrezzi si ritrovano cosi’ sul acciotolato centenario della piazza alla mercé degli amatori e passanti curiosi. Anche a Parigi, l’opera di Paolo Boni avrebbe potuto avere questo genere di destino sparpagliato se non avesse avuto dei discendenti accorti, coraggiosi, e un poco stravaganti, sua figlia Carla a capessa legittima di questa “équipe”. Di fatto, questa maniera di ‘liquidare’ un’opera e’ perfettamente conforme al mercato dell’arte, cosi come l’abbiamo ereditata dal XIX secolo. L’offerta e la domanda fissano le regole del gioco e si convoca, appena e’ possibile, la famosa

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ety and esteem of the artist and all the hierarchies that go with it. The price determined in a valuation becomes the arbiter of artistic quality – hence the permanent temptation to falsify the valuation of old artworks, or to authenticate old parchments by attributing them to a fashionable master and, for today’s young generation of artists, to create an artificial valuation. This is because these days we attempt to bypass time to increase profit, whatever the item under consideration. Anything can be sold by whatever means and works of art are no exception. The fallout is considerable insofar as buyers are disappointed not to share in this manna from heaven that the press go to great lengths to describe, and are rarely capable of talking about an artwork, preferring to comment instead on its price. This is how artworks become incidental by virtue of being subservient, and that art is sanitized and standardized into living room designs and an appropriately-furnished wallet. Terms from the banking world such as branding, placement and investment, which are painful to the ears, are used in an environment that should escape dominant ultra-liberalism which crushes introspection, thought, questioning, intelligence and beauty ... In the daily life of a gallery owner – which happens to be my vocation - embracing the opposite viewpoint is a guiding principle. This means representing artists regardless of timeframe and fad, defending essential art by those who are born artists who will die as such, and artists for whom making art is as natural and vital as taking breath. That is why, after much hesitation occasioned

notorieta’ dell’artista e di tutte le gerarchie che si portano dietro. E’ il valore della quotazione che decidera della sua qualita artistica ! E questo spiega l’interesse permanente di trafficare il valore dell’opere anziane, o di autentificare tale vecchia pergamena per attribuirla a un artista celebre e, per quella dei giovani creatori di oggi, a fabbricare una quotazione artificiale. Poiché in questi tempi moderni, si cerca di raggirare il tempo per aumentare il guadagno, per qualsiasi materia. Tutto si puo’ vendere, senza criterio, e le opere d’arti non sfuggono alla regola. I danni sono enormi : gli acquirenti delusi di non poter partecipare a questa manna lungamente osannata dalla stampa, raramente capace di parlare di un’opera ma preferendo parlare del suo prezzo. E’ cosi che le opere diventano contingenti perché strumentalizzate. E che ci impongano un arte asettica e modellata per saloni e portafogli a la taglia ben precisa. Tali insulti per le nostre orecchie, branding, investimento, collocamento, sono dei termini prodotti dal mondo bancario e utilizzati in una sfera che dovrebbe sfuggire a l’ultra-liberalismo dominante che annienta introspezione, riflessione, questionamenti, inteligenza, bellezza ... Nella pratica quotidiana del mestiere di gallerista – un sacerdozio per me – adottare la postura inversa e’ un principio maggiore. Scegliere degli artisti senza considerazione dell’epoca, delle mode, ma piuttosto difendere delle opere necessarie, degli artisti nati e che moriranno artisti, degli artisti per cui l’arte e’ cosi naturale e vitale quanto respirare. E’ per questo che, dopo tanto tergiversare


by my awareness of the huge task at hand, I took on the task of turning Paolo Boni’s work into “heritage”, attempting to officially record him into the twentieth century. This was a matter of principle for the independent, free and essential work of Paolo Boni. A matter of passion too, as I confess that this extraordinary adventure was born from and exists through a great story of love, respect and transmission – values ​​that sustain the team when the path ahead looks uncertain. Time now to be amazed, time to be moved, time for the pleasure of contemplation... It is high time to discover, in a new location and a splendid setting - the 24 Beaubourg – which is doing us the honour of hosting this homage, and time to finally rediscover these beautiful “spreads”, as Paolo called his paintings, sculptures and graphic works, in Paris, from a cross-section that was difficult to select from such a rich heritage. Mathilde Hatzenberger Brussels, December 2017

Paolo Boni à Vicchio durant l'inventaire août 2015 © Carla Boni

visto che sapevo dall’inizio il lavoro titanesco da compiere, ho accettato la missione di ‘’patrimonizzare’’ l’opera di Paolo Boni, e cioé tentare d’inscriverlo indubitabilmente nel XX secolo. Una questione di principio per l’opera indipendente, libera, necessaria di Paolo Boni. Di passione anche, perché devo ammetterlo, questa straordinaria aventura nasce e esiste anche da una grande storia d’amore, di rispetto, di trasmissione, tutti valori che nutrono et abbeverano l’equipaggio quando il cammino sembra incerto. Spazio alla sorpresa, spazio a l’emozione, spazio al piacere di guardare … E’ giunto il momento di scoprire in un luogo inedito, un magnifico scrigno, il 24 Beaubourg che ci fa il piacere d’accogliere questo omaggio e di ritrovare infine a Parigi delle belle “tartine”, tali che Paolo disegnava le tele, sculture e opere su carta, un panel che e’ stato ben difficile da scegliere in questa ricca eredità. Mathilde Hatzenberger Bruxelles, decembre 2017

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Les premières Ĺ“uvres 1945 - 1955

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Autoportrait - huile sur carton - 38 x 35 cm [n° inv. 1160V]


Dit Verres et fruits - huile sur toile [hst] - 46 x 38 cm [n° inv. 0035M]

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1. Dit Olivi nel Mugello - 1953 - hst - 166 x 80,5 cm [n° inv. 1217V] 2. Dit Village de Toscane - hst - 47 x 63,5 cm [n° inv. 0035B]


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1. Dit Gare de Vicchio - hst - 48 x 64 cm [n° inv. 0034B] 2. Dit Paolo et Cuchi - hst - 39 x 28 cm [n° inv. 0047B]


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1. Dit Façade église - hst - 48 x 39 cm [n° inv. 0040B] 2. Dit Vase et fleurs - hst - 59 x 44 cm [n° inv. 0037B]


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1. Dit Place aux arbres dénudés - hst - 63 x 49 cm [n° inv. 0042B] 2. Dit Place au printemps - hst - 39 x 28- [n° inv. 0047B]

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Dit Verger et maison - hst - 45 x 60 cm [n° inv. 0038B]


Dit Arbre sur la baie - hst - 50 x 60 cm [n° inv. 0042bisB]

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Dit Paysage de mer - hst - 35,5 x 47 cm [n° inv. 0036B]


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Dit Seine et Notre-Dame - hst - 79 x 59 cm [n° inv. 0033B]


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Dit Pont sur la Seine - hst - 45 x 54 cm [n° inv. 0039B]


Dit Cheminées - hst - 75 x 60 [n° inv. 0032B]

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Figuration - Abstraction ? AnnĂŠes 50 - 60

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Dit Sur mer - 1957 - hst -100,5 x 65,5 cm [n° inv. 1180V]


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2 1. Dit Trous d’eau - hst - 72,5 x 137 cm [n° inv. 0055M] 2. Sans titre - hst - 51,5 x 36 cm [n° inv. 0371M]

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1. Sans titre - hst - 46 x 33 cm [n° inv. 0293M] 2. Sans titre - hst - 46,5 x 33 cm [n° inv. 0296M] 3. Sans titre - hst - 19,5 x 30 cm [n° inv. 0349M]


Sans titre - 1969 - inox sur âme bois - 65 x 40 cm [n° inv. 1035R]

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Sans titre - marbre gris - 50 x 40 cm [n° inv. 0067M]


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1. Sans titre - hst - 31 x 39 cm [n° inv. 0264M] 2. Sans titre - hst - 47 x 39 cm [n° inv. 0298M] 3. Sans titre - hst - 17 x 26,5 cm [n° inv. 0346M]

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1. Sans titre - hst - 38 x 30 cm [n° inv. 0265M] 2 Sans titre - hst - 27 x 18 cm [n° inv. 0269M] 3. Sans titre - hst - 30,5 x 19,5 cm [n° inv. 0281M]


Sans titre - cuivre sur âme bois - 34,5 x 81 cm [relief XLVI - n° inv. 770R]

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Derrière la colline - cuivre sur âme bois - 65 x 140,5 cm [relief XXV - n° inv. 0114M]


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1. Sans titre - hst - 35 x 27,5 cm [n° inv. 0321M] 2. Sans titre - 1961 - hst - 35 x 24 cm [n° inv. 0328M 3. Sans titre - hst - 31 x 38 cm [n° inv. 0308M]

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Sans titre - hst - 73 x 54 cm [n° inv. 0209M]


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1. Sans titre - fonte aluminium - 33 x 20 x 20 cm [n° inv. 0729R] 2. Sans titre - marbre gris - 28 x 10 x 15 cm [n° inv. 0075M]

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1. Cadence - 1969 - graphisculpture - 105 x 75 cm [inv. en cours] 2. Le Bourgeon - 1968 - graphisculpture - 38 x 57 cm [inv. en cours]

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1. Sans titre - techniques mixtes sur toile - 33 x 55 cm [n° inv. 0270M] 2. Sans titre - techniques mixtes sur toile - 38 x 55 cm [n° inv. 0260M]


Sans titre -1970 - inox sur âme bois - 85 x 154 cm [relief XLVIII - n° inv. 969R]

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La conquête de « l'espace » Années 70

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1. 21 juillet 1969 1969 matrice pour graphisculpture sur âme bois -106 x 76,5 cm [n° inv. 0806R]

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2. 21 juillet 1969 1969 71 graphisculpture - 106 x 76,5 cm [n° inv. 0806R]


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1. Essence - graphisculpture - 38 x 28 cm [inv. en cours] 2. Interposition - graphisculpture - 38x28 cm [inv. en cours] 3. Osmose - graphisculpture - 5/26 -63 x 60,50 cm [inv. en cours]


1

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1. éros-1974 - techniques mixtes sur toile - 66 x100 cm [n° inv. 0466V] 2. Double compartiment - 1974 - techniques mixtes sur toile - 100 x 81 cm [n° inv. 0825R] 73


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Altre direzione - 1978 - acrylique sur toile - 85 x 104 cm [n° inv. 0789R]


2

1

1. Flèche - acrylique sur toile - 82 x 61 cm [n° inv. 0900R] 2. Trace - graphisculpture - 33/40 -76,3 x 56,5 cm [inv. en cours]

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Sans titre - fonte d'aluminium - 32 x 20 x 20 cm [n° inv. 0729R]


Liaison - graphisculture - 16/30 - 63,5 x 89,8 cm [inv. en cours]

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1. Sans titre - acrylique sur toile - 36 x 81cm [n° inv. 0912R] 2. Instabilité - 1970 - acrylique sur toile -100 x 73 cm [n° inv. 0775R]


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Récup, papiers, ciseaux, etc. Années 80

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La Città - Triptyque -1980 - acrylique sur toile - 3 x 162 x 114 cm [inv. en cours]

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Tutto corre - techniques mixtes sur toile - 105 x 116 cm [n° inv. 0988R]


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Sans titre - techniques mixtes sur toile - 130 x 97,5 cm [n° inv. 1000R]


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1. Image de la mémoire -1983 - techniques mixtes sur contreplaqué - 121 x 130 cm [n° inv. 012B] 2. Sdoppiamento -1983 - techniques mixtes sur contreplaqué - 113 x 99 cm [n° inv. 013B]


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La Femme libellule - 1982 - techniques mixtes sur toile - 102 x 83,5 cm [n° inv. 0783R]


88 Calorifique - 1983 - techniques mixtes sur contreplaqué - 100 x 100 cm [n° inv. 0983R]


Sans titre - bois peint découpé - 52 x 14 x 15 cm [n°inv 0874 R]

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Sans titre - bois brûlé - 42 x 10 x 10cm [n°inv 0732 R]


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Autre rêve - ca 1982 - techniques mixtes sur toile - 200 x 121 cm [n° inv. 003B]


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Vers la synthèse Années 90

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1. Sans titre - techniques mixtes sur toile - 35 x 70 cm [n° inv. 0933R] 2 Sans titre - techniques mixtes sur toile - 52 x 49 cm [n° inv. 0915R]


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Situazione difficile - 1991 - bois peint découpé - 95,5 x 64 cm [n° inv. 0853R]


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1. Sans titre - bois peint découpé - 58 x 35,5 cm [n° inv. 0804R] 2. Un Isola a parte - 1990 - bois peint découpé - 60 x 73 cm [n° inv. 0964R]


Sensual game - 1993 - bois peint découpé - 73 x 92 cm [n° inv. 0754R]

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Between past and present - bois peint découpé - 89 x 73 cm [n° inv. 0751R]


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Dit Chorégraphie - bois peint découpé - 80 x 60 cm [n° inv. 0848R]


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Sans titre - bois peint découpé - 70 x 60 cm [n° inv. 0761R]


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2 1. Sans titre - bois peint découpé - 116 x 63,5 cm [n° inv. 0960R] 2. Lanscinant - bois peint découpé - 80 x 59,9 cm [n° inv. 0764R]

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Sans titre - bois peint découpé - 69 x 48,5 cm [n° inv. 0753R]


A new dimension -1991 - bois peint découpé - 102 x 164 cm [n° inv. 1039R]

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Biographie Paolo Boni est né en 1925 à Vicchio di Mugello en Toscane, près de Florence, village où sont nés Giotto et Fra Angelico. Jusqu’à la fin de la guerre 1939-1945, il y a vécu travaillant à l’usine d’optique Galileo à Florence. Après un bombardement où la mort le frôle, il décide de se vouer entièrement à la peinture et entre au « Liceo Artistico » de Florence. En 1949, il fera dans cette ville plusieurs expositions personnelles. En 1954, avec sa femme la photographe américaine Cuchi White, ils décident de s’installer à Paris. Il se lie d’amitié avec le peintre Gino Severini qui préface la même année sa première exposition personnelle. En 1957, parallèlement à son travail pictural, il réalise ses premières gravures en relief, obtenues de matrices composées de stratifications de métaux divers. En 1961, de retour de New York, où le Brooklyn Museum, la Public Library et le Museum of Modern Art lui achètent des gravures, il commence une série de bas-reliefs ayant une structure de bois recouverte de cuivre, zinc, acier inoxydable, ainsi que des sculptures et bas-reliefs en marbres. En 1965, il fait une grande exposition personnelle au Musée Grimaldi d’Antibes (actuel Musée Picasso) avec des huiles, des sculptures, bas-reliefs et des gravures montrant ainsi la pluralité de son travail. En 1969, il est profondément marqué par la marche de l’homme sur la lune et par la conquête de l’espace. L’ouverture de ces nouveaux horizons conjugués avec l’arrivée de la peinture à l’acrylique lui permettent de renouveler totalement ses thématiques, jusqu’alors concentrées sur les personnes et les paysages, apparaissent cibles, avions, flèches, puis d’incroyables objets volants imaginaires incrustés dans des espaces très colorés et surréels. Au fil des ans, son travail se concentre autour de deux pôles : la graphisculpture, - nom trouvé en 1970 par Afonso Ciranna de Milan pour la spécificité de ses gravures - et la peinture, l’une enri­ chissant les recherches de l’autre. Il collabore à des livres d’artistes illustrées de graphisculptures avec des écrivains contemporains tels que Michel Butor, Maurice Roche et Georges Perec qui devient son ami. Vers 1990, sa créativité s’enrichit d’un travail sur le bois en miroir de celui fait sur les graphisculptures. Il découpe, assemble et peint des contreplaqués dans lesquels il donne vie à d’étranges et émouvantes figures humaines. À partir de 1978, il participe régulièrement aux grandes foires internationales d’art telles que Fiac et Saga et a de nombreuses expositions personnelles en Europe et aux États-Unis. Ses œuvres se trouvent dans trente-huit grands musées à travers le monde.

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Sommaire Paolo Boni, un artiste italien de Paris par Carla Boni ......................................... 5 Pour Paolo Boni par Romana Severini Brunori ................................................. 13 Accanto a Paolo Boni par Giovanna Calvenzi ................................................... 19 Les espaces imaginaires. Fragments pour Paolo Boni par Vanessa Noizet ....... 23 L’extraordinaire aventure Boni par Mathilde Hatzenberger ............................ 31 Les premières œuvres 1945 - 1955 ..................................................................... 37 Figuration - Abstraction ? Années 50 - 60 ........................................................ 51 La conquête de « l'espace ». Années 70 .............................................................. 69 Récup, papiers, ciseaux, etc. Années 80 ............................................................. 81 Vers la synthèse. Années 90 ................................................................................ 93 Biographie .......................................................................................................... 105 Remerciements – Traducteurs crédits photographiques des œuvres – Graphisme ....................................... 110

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Remerciements Mijo Roussel Cécile Becker Giovanna Calvenzi Jean-Marie Chaloin Fabio Gambaro Massimo Miola Marie-Laure Picard Laura Sapienza Romana Severini Brunori Luc Schrobiltgen

Ce catalogue est édité à l'occasion de l'exposition « Hommage à Paolo Boni (1925 - 2017) » présenté à la galerie 24BEAUBOURG, Paris du 10 janvier au 27 janvier 2018

Sous le parrainage de

Traductions du français à l’anglais Glenn Burney pour les textes de Carla Boni, Romana Severini Brunori et Giovanna Calvenzi. Charlotte Wilkins pour les textes de Vanessa Noizet et de Mathilde Hatzenberger du français à l’italien Laura Odasso et Eric Maestri pour les textes de Carla Boni et Romana Severini Brunori. Marco Contini pour le texte de Vanessa Noizet Giuseppina Marrone pour le texte de Mathilde Hatzenberger de l’italien au français Carla Boni pour le texte de Giovanna Calvenzi relecture anglaise : Luana Picard-Boni et Aled Horner – relecture française et italienne : Giulietta Picard-Boni

Crédits photographiques des œuvres Jean-Louis Losi sauf Carla Boni p. 38, 54-1-2-3, 58-2, 61-1-2, 62, 67, 107-2 Luc Schrobiltgen p. 39, 53-1-2, 57-3

Graphisme 110

Studio d’étè - Marie-Laure Picard




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