ARKUCHI#41 MARS/AVRIL 24

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art culture architecture #41 gratuit MARS / AVRIL 24

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Dans le Rétro… Dans le Viseur

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C DANS L’AIR

• Le premier long du Lyonnais Stéphane Marchetti

• 40 printemps pour les Reflets du Zola

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SUCCESS STORY

Écrans Mixtes : la queermania continue !

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BÊTES DE SCÈNES

On kiffe le cabaret Vaudeville à la russe

Ça roule pour la jeune création Cirque Le Roux, Jean‑Christophe Folly, Daddy, Catherine Hargreaves, Marlene Monteiro Freitas, #VU

.29 À la Moulinette

Jean‑Rémi Chaize

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Déambulations Musiques

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Lettres & Ratures

Polar connexion

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FOKUS

Christophe Pouget et ses « éclatés »

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Forme & Fonction Rivières de nos villes

.21 Expos BF15, Regard Sud et Galerie Domus

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Tours & Détours Collection criminalistique unique

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Street Musée du mois

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Popote(s) & Jugeote

contact.arkuchi@orange.fr

Gratuit • Toutes les 6 semaines

Diffusion : plus de 400 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro

Martin Barnier, Guillaume Bouvy, Nadège Druzkowski, Ponia DuMont, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain‑Doussau, Miss Pretty Little Things, Trina Mounier, Enna Pator, Florence Roux, Carmen S., Les Soreuses, Élise Ternat, Gallia Valette‑Pilenko, Laurent Zine

Illustration de couverture : Christophe Pouget

Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 15 000 ex.

Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

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FESTIVALS

Transforme avec Mathilde Monnier

Récif, B!ME, Festival Rebattre les cartes, Écrans du Doc, Fête du Livre de Bron, Magnifique printemps.

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

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ArKuchi

N°41 N 41 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24
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Photogrammes LA TÊTE FROIDE GLORIA, GLORIA
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Marie Charbonnier BLACK LIGHTS
Marc Coudrais ©

PAR EMMANUELLE BABE, ÉMILAND GRIÈS, ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER

DANS LE RÉTRO...

LE CHOC !

Le Radeau de la Méduse, vous connaissez ? Vu aux Célestins, vous n’oublierez plus jamais Méduse par les Bâtards Dorés. Choc des mots entre la parole du capitaine et celle du matelot. Épouvante sur le radeau. Choc esthétique et émotion dans la salle. Bravo.

CINÉ

ANTIHÉROS

Noé Debré, scénariste reconnu (le Deephan d’Audiard, c’est lui) signe Le Dernier des Juifs, un premier film entre rires et larmes décalé de bout en bout. Agnès Jaoui campe une mère débordante d’amour pour son velléitaire de fils. En salle depuis le 24 janvier

Fête du Livre de Bron, B!ME, Villa Gillet, Opéra de Lyon, etc. Un mois de mars follement lyonnais pour Nina Bouraoui. Son dernier livre Grand Seigneur (JC Lattès), en hommage à son père, est sorti le 3 janvier.

Ça buzze pour item. Après Philippe Somnolet et Cyril Marilhacy au Point du Jour (À côté) ou Jeremy Suyker à Pôle en Scènes (Carnets ouzbeks), direction item la galerie qui ouvre ses portes au 35, rue Burdeau, à la place de Nörka, avec un accrochage de Cyril Marcilhacy. Vernissage le 14 mars.

15.03 > 17.05 Génération French Tech (…) item la galerie > 03.04 Carnets ouzbecks Pôle en Scènes, Bron > 24.04 À côté Théâtre du Point du Jour

rétro perchée

Le musée de l’Ancien Évêché à Grenoble expose 120 photographies de la famille Tairraz, figure iconique de la photographie de montagne. 120 photos pour sublimer la verticalité et les ambiances de là‑haut. Rétrospective.

> 1ER SEPT. GeorgesTairraz

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Oscar Chevillard ©
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II/Coll. tairraz
STAR DU MOIS
© SKI À CARLAVEYRON, BRÉVENT
Cyril Marcilhacy_item

Première œuvre pour le duo Les Idoles avec REFACE autour de la transformation et de l’effeuillage facial. Comme une sorte de morphing vivant. Lent, répétitif, minimaliste. Bluffant. Rattrapage au Théâtre Astrée le 15 mars ! Tom

A chaud

RATTRAPAGE Allons relire Les Vagues, le somptueux roman de Virginia Woolf grâce aux comédiens enthousiastes et joyeux de Pauline Bayle…

05 > 08 MARS Théâtre de la Croix‑Rousse

TEMPÊTE SUR UN PLATEAU Fin de triptyque. Johanne Humblet et Les filles du renard pâle signent Révolte ou (...), une pièce physique et engagée avec des agrès inédits, autour, bien sûr, du fil de fer. Vertigineux.

07 > 08 MARS Théâtre de Bourg‑en‑Bresse (01)

13 > 14 MARS Théâtre de Villefranche

21 > 22 MARS Malraux Scène nationale, Chambéry (73)

PASSION TANGO Du beau monde pour fêter les 30 ans de Tango de Soie. Déjà vu aux côtés du Gotan Project ou de Ute Lemper, c’est le virtuose au bandonéon Victor Villena qui ouvre le bal avec son tango habité.

08 AVR. Opéra Underground / Opéra de Lyon

GOURMANDISE Macha Makeïeff monte Dom Juan avec autant de causticité drôle qu’elle avait mis dans Tartuffe‑Théorème. Et toujours Xavier Gallais dans le rôle‑titre !

09 > 22 MARS TNP

CAS DE CONSCIENCE Angleterre, 1759 : douze femmes en colère constituent le jury qui décide de la vie ou de la mort d’une domestique meurtrière d’enfant. Une fable très moderne signée Lucy Kirkwood sous la houlette de la grande Chloé Dabert. On y va.

20 > 22 MARS Théâtre des Célestins

JUBILATOIRE Cette Quatrième A, aux ardeurs révolutionnaires et à l’imagination débordante, est toujours prête à rire et se jouer de la vie. La pièce de Guillaume Cayet est menée tambour battant par Julia Vidit. Création 2024.

03 > 05 AVR. Théâtre du Point du Jour

EllioTt Erwitt

L’un des grands photographes du XXe siècle. 215 photos noir & blanc et couleur. Derniers jours.

> 17 MARSI

La Sucrière de toute beauté Bras tendus au ciel, corps palpitants cambrés, pieds qui tapent, rondes magnétiques jusqu’à la convulsion : on se laisse happer par cette danse intense entre ombres et lumières. Avec des fulgurances tel ce solo magistral de David Coria avec un bâton. Merci la Maison de la danse !

Du rap estonien weird ultra perché ? C’est Tommy Cash et ça se passe à Reperkusound. Save the date ! 31.03

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devenir
Grand Mourcel © ... DANS LE VISEUR

La tempête qui vient

LA TÊTE FROIDE EST LE PREMIER

LONG‑MÉTRAGE RÉALISÉ PAR LE

LYONNAIS (ET DORÉNAVANT PARISIEN)

STÉPHANE MARCHETTI. UN FILM BOULEVERSANT SUR LA CLANDESTINITÉ, DANS LEQUEL MARIE RENCONTRE

SOULEYMANE. DEUX PERSONNAGES

AUX DESTINS ORDINAIRES DÉSORMAIS PRIS DANS LA TEMPÊTE : CELLE DE L’EXIL ET CELLE DES MONTAGNES

À LA FRONTIÈRE FRANCO‑ITALIENNE.

ENTRETIEN.

PAR LAURENT ZINE

LA TÊTE FROIDE

Stéphane Marchetti Sortie : 17 janvier

* Leur documentaire Rafah, chroniques d'une ville dans la bande de Gaza, primé au FIPA 2007, a reçu le prix Albert‑Londres 2008, catégorie audiovisuelle.

(1) Documentaire, 2017. (2) BD, 2020.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

STÉPHANE MARCHETTI J’ai toujours adoré le cinéma sans forcément penser en faire mon métier. C’est suite à un stage à TLM que j’ai fait la rencontre, décisive dans ma vie professionnelle, du réalisateur Alexis Monchovet : avec lui, j’ai monté une boîte d’abord à Lyon puis à Paris, afin de réaliser reportages et films documentaires* pendant plus de quinze ans. La crise de la quarantaine aidant, après avoir écrit des scénarios de bande dessinée et réussi le concours de la Fémis, la fiction est revenue frapper à ma porte.

LA TÊTE FROIDE

Des Enfants de la jungle(1) à ceux qui parcourent 9 603 kilomètres(2), il semble que cette thématique de l’enfance et l’exil vous tienne particulièrement à cœur ?

SM Tout a commencé lors de ma rencontre avec une avocate qui passait ses week‑ends auprès d’enfants arrivés seuls à Calais, espérant rejoindre leur famille en Angleterre. Notamment une petite Afghane de huit ans pour qui rien n’était prévu, sauf la boue d’un terrain vague. Mon fils ayant sensiblement le même âge à ce moment‑là, je l’ai accompagnée le week‑end suivant pour

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Photogrammes

découvrir l’enfer. Ça me poursuit encore aujourd’hui. D'ailleurs la bande dessinée est basée sur l’authentique témoignage d’un enfant de douze ans, parti seul sur la route pour fuir son pays.

Venons-en aux conditions de tournage de La Tête froide dans la tempête.

SM Ça reste un film et nous n’avons pas pris des risques insensés comme ces enfants. N’empêche que le défi était cette scène de tempête tournée dans des conditions apocalyptiques : en plein brouillard, entre 1 500 et 2 300 m d’altitude et par ‑15°. Pour témoigner de la réalité d’un passage clandestin de frontière en montagne.

La question de l’immigration illégale est centrale dans le film. Elle est aussi sous les feux de l’actualité à grand renfort de statistiques, faits divers et récupération politique…

SM Mon intention première était d’éviter le prêt‑à‑penser en la matière. Ne pas avoir de discours moralisateur ou alarmiste, pour rendre compte de quelque chose de concret et ô combien complexe. Raconter la rencontre entre deux personnages avec leurs fragilités et leurs trajectoires. Qu’on les nomme migrants, exilés ou réfugiés, ces personnes restent très anonymes. L’idée était bien de leur redonner un visage, un prénom et un avenir potentiel.

Un film émouvant mais jamais donneur de leçons ?

SM Je voulais sortir de la rhétorique manichéenne : pour ou contre l’immigration ? Je ne comprends pas d’ailleurs qu'on se pose encore la question ! Ce phénomène existe depuis la nuit des temps et va s’amplifier avec le dérèglement climatique. La question est plutôt : comment on fait ?

Entre précarité et petites combines, vos personnages vont pourtant témoigner d’une grande humanité !

SM Ce sont des gens ordinaires plongés dans des situations extraordinaires. Marie (Florence Loiret Caille) n’est certainement pas une super héroïne, mais son regard va changer.

Florence Loiret Caille crève l’écran mais elle le dit elle-même : « Je suis magicienne et non pas humanitaire ».

SM Et elle aura à faire face à ses propres contradictions. Mais elle saura faire preuve d’un énorme sang‑froid dans l’enfer blanc.

Était-ce important de filmer les plages de Brighton sous le soleil ?

SM J’avais envie qu’au milieu de ce marasme, il y ait une touche d’espoir, un rayon de lumière. Et un sourire d’enfant.

Tous aficionados !

PAR FLORENCE ROUX

LE CINÉMA LE ZOLA FÊTE LES QUARANTE ANS DES EMBLÉMATIQUES REFLETS DU CINÉMA IBÉRIQUE

ET LATINO-AMÉRICAIN, FESTIVAL TOUJOURS ÉMINEMMENT POLITIQUE ET VIVANT.

«Nés après la fin du franquisme, alors que tombaient les dictatures d’Amérique latine », rappelle Sylvia Da Rocha, programmatrice du Zola et coordinatrice des festivals, les Reflets du cinéma ibérique et latino américain portent aujourd'hui la même ambition : « être une fenêtre ouverte sur des films peu diffusés et qui donnent à voir un état des lieux de sociétés ibériques et latines ». Comme de coutume, c’est un comité de l'Association Pour le Cinéma (APLC, qui gère le Zola) qui a choisi la majeure partie des films au programme (47 au total), fictions et documentaires, dont 16 qui ont jalonné l’histoire des Reflets. Cette édition, toujours curieuse d’inédits (17), donne une visibilité particulière à l’histoire et la protection des peuples indigènes. Comme, par exemple, El eco de Tatiana Huezo, qui a filmé une communauté des hauts plateaux de Puebla, au Mexique. Autre tradition, les incursions musicales, parfois africaines. On pourra (re)voir le documentaire d’Ana Sofia Fonseca sur Cesária Évora et découvrir, en avant‑programme de certains films, des capsules couplant des aquarelles animées et des musiques afro‑colombiennes, créées pour le festival. Sans oublier – avant la Fiesta de clôture du 23 mars – une soirée d'ouverture avec Les amis du fado, qui chanteront des textes censurés sous la dictature de Salazar. À l‘heure des cinquante ans de la Révolution des Œillets, le Portugal et la lusophonie seront à l’honneur. Outre Capitães de Abril (2000) de Maria de Medeiros, qui raconte vingt‑quatre heures de révolution, on pourra voir, en avant‑première, O Corno (2023) de l’Espagnole Jaione Camborda, un portrait de femme autour de l’accouchement et de l’avortement dans la Galice et le Portugal des années 1970. Sans oublier Nome (2023) de Sana Na N'Hada qui se déroule en Guinée‑Bissau, dans l’ex‑colonie portugaise, et combine images actuelles à des documents de 1969 pendant la guerre d’indépendance. « Ce film, émouvant, dit la force du cinéma contre l’effacement de la mémoire, explique Sylvia Da Rocha. Avec des images d’hier et d’aujourd’hui, comme en reflet. »

13 > 26 MARS

Cinéma

Le Zola

Villeurbanne lezola.com

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ÉCRANS MIXTES CÉLÈBRE DEPUIS 2011 LE CINÉMA QUEER D’ICI ET D’AILLEURS ET ANNONCE UNE QUATORZIÈME ÉDITION TOUJOURS MILITANTE ET EXCITANTE. ŒUVRES CULTE, HOMMAGES (PATRICE CHÉREAU OU DEREK JARMAN), AVANT‑PREMIÈRES, FILMS EN COMPÉTITION, ÉCRANS MIXTES NE S’INTERDIT RIEN POUR PROGRAMMER COUPS DE CŒUR, NOUVEAUTÉS ET « ARTISTES QUI FONT RÊVER ». FOCUS SUR QUELQUES CINÉASTES PHARE DE L’ÉDITION 2024.

EN TENUE QUEER

OPAR

MARTIN BARNIER ET VALÉRIE LEGRAIN‑ DOUSSAU

ÉCRANS MIXTES 06 > 14 MARS

festival‑em.org

n démarre avec Patrice Chéreau au TNP : le cinéaste et homme de théâtre est à l’honneur avec la projection de L’Homme blessé (1983), dans une version restaurée. Ce film coécrit avec l’écrivain Hervé Guibert est porté par le jeune Jean‑Hugues Anglade. Il incarne Henri, un jeune homme subjugué par Jean (Vittorio Mezzogiorno) qui l’entraîne dans une passion destructrice. Son interprétation le révèle au grand public et lui vaut, en 1984, le César du meilleur espoir masculin. On remarque aussi l’acteur allemand Armin Mueller‑Stahl qui vient de tourner deux films avec Fassbinder. En 1982, les temps changent avec la dépénalisation de l’homosexualité. Cet assouplissement des mœurs permet à Chéreau et Guibert de s’inspirer de Jean Genet pour montrer une homosexualité crue à l'esthétique assez sombre. Chéreau avait confié ne pas vouloir faire un film sur l’homosexualité, mais raconter une histoire d’amour... La décennie suivante témoigne d’un engagement plus fort. Figure de proue de la scène underground britannique et pourtant méconnu en France,

Derek Jarman a construit une œuvre foisonnante (clips, courts‑métrages, collages, poèmes…) très queer et à la provocation radicale. En pleine période de lutte contre le sida – dont il meurt en 1994 – , il propose un cinéma expérimental, s’affichant publiquement comme un militant pour les droits des homosexuels. Il reprend des pièces du théâtre élisabéthain pour parler du monde des années 1990. Jarman adapte ainsi Edward II (1990), pièce écrite par Christopher Marlowe au XVIe siècle, dans une mise en scène postmoderne jouant du mélange d’époques. Tilda Swinton, égérie de Jarman depuis les années 1980, y tient l’un des rôles principaux, celui de l’épouse du roi qui lui préfère son favori Gaveston. Annie Lennox, la chanteuse d’Eurythmics, fait même une apparition en reine de la nuit. La thématique homosexuelle, au centre d'Edward II, est une constante inhérente à la filmographie pop et baroque de Jarman. Cinq de ses films sont à l’affiche d’Écrans Mixtes, dont le péplum frondeur Sebastiane (1976) ou l’outrageant The Last Of England (1987). Depuis les années 2000, de nombreux cinéastes se sont emparés des thèmes LGBTQIA+. Sébastien Lifshitz, invité d’honneur de l’édition 2024 avec une rétrospective

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SUCCESS STORY
DR ©
PRESQUE RIEN, SÉBASTIEN LIFSHITZ

Huit films retenus… sur deux cents visionnés ! La sélection a été rude pour les quatre prix décernés par le festival Écrans Mixtes. La compétition, internationale existe depuis trois ans et fait « la fierté » de son président Olivier Leculier, qui rappelle le souci « d’un équilibre entre parité, thématiques et qualité ». Pari gagné avec une belle diversité de genres – polar japonais, documentaire sur Lesbos, drame brésilien… – et des points de vue élargis au‑delà des questions LGBTQIA+ : le modèle patriarcal (Rossosperanza d'Annarita Zambrano) ou l’amitié inoxydable dans Fainéant.e.s de Karim Dridi, en première mondiale. Ce sera également le cas pour Sara dont l’actrice transgenre, Asha Smara Darra, fera le déplacement. « C’est la première fois que nous avons une telle présence, pour chacun des huit films », se réjouit Olivier Leculier. La réalisatrice chinoise Shuai Han (Green Night) ou encore la Grecque Tzeli Hadjidimitriou (Lesvia) sont aussi annoncées. EB

et une master‑class, est l’un des documentaristes les plus connus sur ces thématiques. Il est un témoin des luttes de son temps. Ainsi Lifshitz chronique la transidentité de Sasha, né garçon, qui se vit comme une Petite fille (2020) depuis l'âge de trois ans. Dans Bambi : une nouvelle femme (2021), il suit la vie d’une professeur de lettres retraitée, qui, née petit garçon en Algérie, est devenue vedette transgenre de cabarets. Le réalisateur met en lumière Les Invisibles (2012), œuvre qui témoigne de l’homosexualité à l’époque où elle était encore interdite. Tous ses films montrent la richesse et la beauté de celles et ceux qui ont été marginalisés à cause de leur sexualité ou de leur genre. Son dernier film Madame Hofmann (2024) est à découvrir en avant‑première. Le réalisateur s’attache cette fois‑ci au parcours d’une infirmière, héroïne du quotidien. L’engagement LGBT s’est affirmé au cours des années. Après une période provocatrice, le cinéma queer n’est plus systématiquement associé au cinéma underground. En enrichissant leur palette de thématiques variées, ces cinéastes abordent désormais tous les sujets avec un point de vue souvent original et rafraîchissant.

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COMPÉTITION

APRÈS UN PASSAGE REMARQUÉ

EN DÉCEMBRE AU THÉÂTRE DE LA CROIX‑ROUSSE, LES CRÉATURES DU CABARET MADAME ARTHUR S’INSTALLENT POUR UNE NUIT DE FÊTE AU TRANSBORDEUR. SURPRISE.

Tendance, le cabaret ?

F22 MARS Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr

orce est de constater le retour en vogue de cet art populaire. « L’image ringarde du cabaret n’est plus d’actualité », explique Louis du cabaret Madame Arthur. L’engouement drag et queer, les questions de genre et, sans doute, les émissions de Drag Race ont‑elles changé la perception des spectateurs.

À Paris, Madame Arthur cartonne avec un public éclectique de tous âges et de tous genres. « On cherche à offrir un show très drôle avec paillettes, rires et grandeur (mais tout à fait humblement !), rappelle Louis, tout en jouant sur l’émotion pour toucher les gens. Soit un concert avec des créatures travesties – et qui s’éloignent de la pure culture drag. Par des artistes complets qui chantent, jouent, dansent et performent », avec un vrai parcours artistique (ils ou elles sont multi‑instrumentistes, soprano, ténor…) et ont de fait une vraie maîtrise de leur art. On parle de chanteur de l’Opéra de Paris, de professeur de conservatoire, par exemple. Et ça s’entend, ça se ressent. Autre élément significatif, de plus en plus d’artistes (danseurs, metteurs en scène…) viennent se colleter au cabaret et à son état d’esprit libre et frondeur pour expérimenter de nouveaux rapports avec le public. Ainsi du chorégraphe Loïc Touzé

qui ose un Cabaret Brouillon, projet collaboratif performatif qui vit et respire avec et devant le public. On pense aussi au trublion François Chaignaud acoquiné à Romain Brau des Crevettes pailletées, vus à la Maison de la danse, avec un after‑cabaret 100 % inédit et remuant. Signe de cette effervescence qui ne trompe pas : les trois dates test de la Maison de la danse, cette saison, pour inaugurer une programmation cabaret… Mais revenons au Transbordeur pour un show « pouet et pointu », comme elles disent ! Par quatre créatures flamboyantes – entendez lookées, perruquées, fardées, strassées, pailletées – et déjantées qui vont vocaliser sur tous les tons, passant en un tour de voix du baroque à Gainsbourg, Dalida, MC Solaar ou Björk, pour des reprises – uniquement en français, attention – hautes en couleur. Sacré grand écart. On est carrément fan du classieux et hautain maestro, Charly Voodoo, et tous ses arpèges ! Avec aussi la gouaille d’Odile de Mainville, Diamanda Callas et Maud’Amour pour deux heures de légèreté, de provoc, de glamour, d’extravagance, de trash, c’est selon, mais les créatures de Madame Arthur ne vont pas vous lâcher. Show devant avec, bonus, une after maison pour chanter et danser jusqu’à pas d’heure sur le meilleur de la musique française revue à la sauce Madame Arthur.

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ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24
DE SCÈNES
BÊTES
Suarez ©
Teresa
ODILE DE MAINVILLE

Vertige de la vie

ENTRE CHIENS ET LOUVES

Le Bon Marché

19 > 24 MARS

Maison de la danse

Lyon 8 maisondeladanse.com

En 2022, leur Nuit du Cerf nous avait fait belle impression avec des numéros peu vus d’une très grande virtuosité. Voltige, main à main, banquine : le Cirque Le Roux ne tremble pas pour envoyer à des hauteurs improbables ses acrobates. Prise de risque maximale, c’est leur parti pris. Ils ont créé in situ au Bon Marché en septembre dernier Entre Chiens et Louves. Une troisième pièce au titre évocateur, où il est encore question d’animaux : « Oui, il y a quelque chose du gag, sourit Greg, l’un des piliers de la jeune compagnie landaise, mais il y a ce côté animal qui a un sens, on travaille vraiment sur les corps. » Autre récurrence, la pièce se déroule cette fois‑ci dans un appartement, après la maison familiale de La Nuit du Cerf. « On aime créer des décors en intérieur, ça donne plus d’intimité. La pièce se passe dans le même appartement à différentes époques (1860, 1960 et aujourd’hui), avec trois univers complètement différents, détaille Greg. C’est un peu comme un grand mur en origami sur lequel les pièces s’ouvrent et se referment. » Avec un décor blanc imposant de sept mètres et la même quête esthétique d’un univers cinématographique très léché, les huit circassiens déroulent une pièce haletante qui retrace le destin de trois personnages, entre fiction et réalité. Ils avouent avoir poussé encore plus loin leur travail sur le détail (costumes, accessoires, lumières), mais aussi sur le mouvement et le geste, collaborant avec une chorégraphe. Contorsions, sauts vertigineux, barre russe, portés fous, jeux d’équilibre, double mât chinois : le Cirque Le Roux enchaîne toujours ses prouesses l’air de rien, « avec des figures collectives plus complexes qui permettent d’aller plus haut. La voltige et la prise de risque restent pour nous des marqueurs forts. » Ça va valser jusqu'à la dernière minute avec un final de la mort !

11 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 BÊTES DE SCÈNES
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BÊTES DE SCÈNES

06 > 16 MARS

Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

ON CONNAÎT MAL

PATRICK PINEAU. ACTEUR DE LA TROUPE DE GEORGES LAVAUDANT (AVEC UN PEER GYNT QUI FIT DATE À AVIGNON) ET IMMENSE COMÉDIEN, L’HOMME RESTE

DISCRET. AVEC SYLVIE ORCIER, SA COMPLICE DE TRENTE ANS, IL MONTE AUSSI DES PIÈCES. APRÈS LE BRILLANT BLACK MARCH VU EN MARS

DERNIER, IL REVIENT AUX CÉLESTINS AVEC LE MANDAT DE NICOLAÏ ERDMAN.

Le bouffon magnifique

Ce n’est pas la première fois que vous mettez en scène cet auteur russe.

PATRICK PINEAU J’ai monté Le Suicidé il y a une douzaine d’années. J’avais alors proposé quelques lectures du Mandat, avec l’envie de le mettre en scène. Sur le modèle du vaudeville, ce Mandat se passe en Russie dans les années vingt. On y retrouve à la fois l’absurde, Gogol, du burlesque et la peur face à un régime qui se tend de plus en plus. C’est la fin du monde des tsars, mais aussi d’une petite bourgeoisie qui craint pour elle‑même. En surface, on trouve le rire, et en creux plein de choses sur l’état du monde. Et cela me touche, c’est une pièce de troupe, de coopérative.

Qu'est-ce que pour vous la mise en scène ?

PP Souvent je dis que je ne suis pas metteur en scène ! Je suis avant tout un acteur, un bouffon, je viens de là et je finirai là. Je suis infiniment touché par les histoires et par le jeu... On vient à peine de commencer les répétitions, on ne sait rien encore ; on essaie de jouer et de donner de la vérité au propos. Pour moi, c’est l’essentiel. Après, il y a le choix des interprètes qui créent une famille, car c’est eux qui, par leur voix et leur corps, vont raconter cette histoire. Par leur morphologie, ils vont déjà peindre le spectacle. Au début, j’aime les laisser essayer. Je pars beaucoup d’eux. Je m’entoure aussi pour le son, la lumière, de gens qui vont créer une boîte

à magie. J’accorde de plus en plus d’importance au corps et à la danse. Dans le cirque, je suis touché par la rencontre des générations qui coexistent dans un assemblage de voix fatiguées, de corps virevoltants. Je suis passionné par le fait d’être sur une piste, fasciné par ce cercle que je trouve plus démocratique, plus fort. Avec Le Mandat, on trouve cela aussi, l’émotion, le corps, l’exagération, au‑delà de la pièce elle‑même et de sa traduction. Erdman est un auteur prodigieux qui associe absurdité, rire, politique ; c’est aussi quelqu’un qui vient du cabaret.

Travaillez-vous à la table avant ?

PP Oui, énormément. On en a fait avec André Markowicz et la philosophe Magali Rigal. Je m’entoure de spécialistes du théâtre, car je suis fasciné par les grands intellectuels. Quand André vient nous raconter, je vais à l’école, je me paye l’université ! Avec Magali, c’est un vrai régal. On a ce luxe dans ce métier d’être payé pour continuer à apprendre.

Vos pièces provoquent un vrai cataclysme émotionnel…

PP On parlait du jeu, de la situation et c’est ça qui m’intéresse, de créer ce cataclysme émotionnel. Ça ne marche pas toujours mais il faut essayer au moins. Il y en a qui trouvent que j’en fais trop. Mais je suis comme ça.

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PAR TRINA MOUNIER PATRICK PINEAU DANS JOHN A DREAMS

Ce qui nous lie

Dans sa dernière création Back to reality, la dramaturge et metteuse en scène Catherine Hargreaves, en complicité avec Adèle Gascuel, retrouve le fil de son histoire avec ses deux sœurs, Rachel et Rebecca. « Il m’a fallu sept ans pour trouver le bon endroit de transmission, explique l’autrice anglaise. Sept ans après la mort de ma sœur aînée Rachel, qui était trisomique et dont le départ a été douloureux. J’ai aussi pris le temps de savoir comment utiliser les images de notre sororie que Rebecca, mon autre sœur, avait filmée pendant dix ans. »

De ces matériaux et de l’étoffe des souvenirs, Catherine Hargreaves n’a pas voulu faire un simple récit autobiographique, « mais un spectacle sur l’amour entre trois sœurs, dont l'une est en situation de handicap. Pour exprimer combien notre normalité était de vivre avec le handicap ». Dans cette dynamique, la matière filmique est plus poétique que documentaire. Sur scène, aux côtés des deux co‑autrices, trois comédiens chanteurs, deux Français et un Anglais (le spectacle est bilingue), rivalisent de joie et d'humour, avec l’ambition, pour Catherine Hargreaves d’aller « de l’intime à l’universel » FR

Intimité v (i) olée

27 > 28 MARS

Théâtre de la Renaissance Oullins theatrelarenaissance.com

05 > 07 MARS

MC2: Grenoble (38) mc2grenoble.fr

09 > 12 MARS

Théâtre du Point du Jour Lyon 5 pointdujourtheatre.fr

13 MARS

La Mouche

Saint‑Genis‑Laval la‑mouche.fr

Voilà le genre de proposition qui donne vraiment envie ! Il faut dire que les Belges ont la cote en matière de spectacle vivant convoquant de nouvelles formes. #VU est une pièce à destination des ados (mais pas que) qui traite du fléau du sexting et son détournement, un spectacle reconnu d’utilité publique en Belgique, s’il vous plaît. Sur scène, Elfée Durşen, une comédienne qui chante à ses heures, et un musicien accompagné d’une batterie et d’un xylophone. La comédienne belge incarne Lisa, ni moche ni jolie, se laissant berner par un garçon qui la courtise en lui envoyant, innocemment, un sexto de ses seins. L’image se retrouve sur les réseaux et fait le tour du collège, et au‑delà. Écrite par Mattias De Paep, fondateur de la compagnie Theater O’Kontreir qui crée des représentations théâtrales à contre‑courant pour les jeunes sur des thèmes sociaux, cette pièce reprend des paroles d’ados recueillies sur les réseaux sociaux et utilise un langage très cru qui peut choquer les adultes mais pas eux. Mise en scène par la compagnie Arts Nomades, elle dépote, tenant un rythme d’enfer ! Entre percussions explosives et éructations, le public assiste au coup de gueule d’une jeune fille qui arrive dans un endroit où elle n’était pas invitée et qui balance tout à la face de l’assemblée présente. Poésie, prose et chansons se mêlent, tout comme le texte et la musique se répondent dans ce spectacle qui a remporté en 2019 le Prix Maeterlinck du meilleur spectacle jeune public.

13 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 BÊTES DE SCÈNES
Paul Bourdrel ©

BÊTES DE SCÈNES

OÙretrouver tous ces spectacles ?

Les Clochards Célestes

Théâtre des Célestins

Théâtre de l’Élysée

Radiant‑Bellevue

Théâtre de la Renaissance

Toboggan

Théâtre de Villefranche

Théâtre Jean‑Vilar

MC2: Grenoble

Comédie de Saint‑Étienne

ET MAINTENANT, CHERS SPECTATEURS

Roulez jeunesse !

VOICI NOTRE RENDEZ‑VOUS RÉGULIER

AVEC LA JEUNE CRÉATION. SACRÉ DÉFI DE FAIRE UNE SÉLECTION. ZAPPING ULTRA SUBJECTIF, ON SE RATTRAPERA LA PROCHAINE FOIS POUR LES INJUSTICES !

PAR TRINA MOUNIER

Julien Michel du Collectif BIS (grandi dans l’ombre tutélaire de Gwenaël Morin) crée Jungle, une pièce immersive foutraque qui mènera les spectateurs du petit théâtre lyonnais de l’Élysée à l’intérieur de la forêt amazonienne à la recherche d’œufs de dinosaures. Bigre ! Côté Clochards Célestes, il faudra suivre Les Pleureuses de feu, on a nommé Kaïnana Ramadani et Azani V. Ebengou, qui composent avec Freda un spectacle très personnel autour de Joséphine Baker, de l’identité des femmes noires, de la culture réunionnaise et du poids de l’histoire coloniale.

L’adolescence, la famille et les problèmes de santé mentale semblent au cœur des préoccupations de nombreux artistes. À commencer par Myriam Boudenia dont on apprécie le travail toujours sensible : elle suit Viviane qui reprend le chemin du lycée après une longue période d’enfermement et tente de se reconstruire face à nous… Ou Maurin Ollès qui a obtenu le prix du public et celui des lycéens au festival Impatience 2021 (une référence) pour Vers le spectre, une plongée dans l’univers d’un garçon autiste. On citera aussi Vive, la dernière création de Clément Carabédian sur un texte de Joséphine Chaffin, laquelle révèle une fois de plus un incontestable talent d’écriture. Spectacle fort sur l’inceste, Vive dit surtout la force de caractère indispensable à sa révélation.

On attend avec impatience Gloria Gloria (prix Incandescences 2022) de Sarah Delaby‑Rochette, pièce loufoque aux accents queer à la croisée d’Almodóvar et de Britney Spears, de Jean Genet et de la Vierge Marie. Et pour continuer dans l’inclassable, Cédric Roulliat dont on connaît l’esthétique ultra léchée, version pop art, revient avec une comédie fantasque autour du music‑hall.

Place aux classiques maintenant. Il en faut et ce ne sont pas forcément ceux qui manquent d’imagination qui s’y frottent. Élodie Guibert, dont on avait aimé Le Tumulte grondant de la mer, n’hésite pas à monter Le Misanthrope, une des pièces en alexandrins de Molière, et pas des plus commodes. Gonflé ! Et Juliette Rizoud qui a beaucoup travaillé sur Shakespeare (La Tempête, Roméo et Juliette…) reprend Le Songe d’une nuit d’été dans une mise en scène haute en couleur ; tandis qu’Olivier Borle se collette à Tchekhov dans une version légère de La Cerisaie. Et on n’hésitera pas à (re)voir quelques "stars" du plateau : Nelly Pulicani toujours rayonnante dans Sarrazine et le bluffant Surexpositions avec un Patrick Dewaere plus vrai que nature. À vos agendas !

14 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24
Cédric Roulliat ©

Conte noir

L’autrice, performeuse et metteuse en scène Marion Siefert a changé de dimension, comme les avatars qu’elle met en scène. Après _jeanne_dark_, un seul en scène campé par la danseuse Helena de Laurens en compagnie des réseaux sociaux, elle remet le couvert, mais en grand format avec Daddy. C’est à la fois le titre de la pièce et le nom d’un jeu vidéo inventé pour l’occasion par Marion Siéfert et son complice, le réalisateur Matthieu Bareyre. Brillamment saluée par la critique lors de son passage au Théâtre de l’Odéon, Paris, en mai dernier, Daddy est « une pièce sur le pouvoir, sur la prédation des dominants et sur la manière très particulière dont l’argent peut humilier », explique‑t‑elle dans un entretien. Il s’agit de démonter les mécanismes de la violence qui s’exercent sur les femmes, notamment les jeunes filles, et de montrer que l’univers virtuel reproduit les schémas et les clichés habituels. Dans une scénographie pensée par la plasticienne Nadia Lauro, l’artiste associée au CNDC d’Angers concocte une fresque d’aujourd’hui, qui ressemble furieusement à notre époque, avec six interprètes – dont l’actrice principale, Lila Houel, 15 ans dans la vraie vie, fait ses premiers pas sur scène. À coups de télescopages d’univers, d’esthétiques, de références au cinéma et aux jeux vidéo (évidemment), les deux complices décortiquent les mécanismes de domination à l’œuvre. “Brillant” selon certaines critiques, “raté” selon d’autres : on vous laisse juge !

27 > 30 MARS

Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

EN APARTÉ

PAR

TRINA MOUNIER GALLIA VALETTE‑PILENKO

Glaçant

Claude Leprêtre et son Collectif 70 rassemblent deux pièces du Suédois Lars Norén dans un diptyque d’une grande efficacité, qui leur valut en 2022 le prix Incandescences. Biographies d’ombres nous plonge au cœur d’une famille qui vit repliée sur elle‑même. Le contexte est tendu entre le père et le fils. La mère et la sœur sont réduites à des ombres. Le monde extérieur est vécu comme un ennemi. Un de ces huis clos feutrés dans lequel se développent les thèses suprémacistes. Dans Froid, on suit un groupuscule au moment du passage à l’acte. À voir absolument. TM

FROID & BIOGRAPHIES D’OMBRES

13 > 15 MARS

TNP Villeurbanne

Politique

Maguy Marin tape de plus en plus fort, comme prise de l’urgence d’agir – sous‑titre du très beau documentaire de David Mambouch sur la chorégraphe. Avec Deux Mille Vingt Trois, elle s’en prend à la manipulation des masses par le biais des images dans les médias et fait œuvre grâce à la sobriété du procédé. Ici la danse des corps laisse place à la danse des mots, ou celle d’un improbable danseur No qui traverse épisodiquement la scène dans un fracas de percussions métalliques. Essorage garanti, salutaire, néanmoins, et revigorant ! GV‑P

19 > 21 MARS

Comédie de Saint‑Étienne (42)

Hantée

Une fois n’est pas coutume, le véritable héros de la dernière pièce d’Andrés Labarca, Les quatre points cardinaux sont trois : le nord et le sud (création du festival utoPistes 2023), est une maison et non un trapéziste, un clown ou un jongleur. Un décor, magnifique et poétique, occupe tout l’espace scénique. Mais cette maison est hantée ! Une vieille baraque érodée par les ans, la pluie et le vent, pleine de cachettes et de pièges qui sont autant de matières à jouer pour les deux acrobates virtuoses… TM 05 > 06 AVR.

Théâtre de Bourg‑en‑Bresse (01)

15 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 BÊTES DE SCÈNES
Matthieu Bareyre ©

D’un seul souffle

C’EST LA TROISIÈME VENUE DE JEAN-CHRISTOPHE FOLLY AU TNP. CETTE FOIS-CI, IL EST SEUL EN SCÈNE AVEC LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS DE BERNARD-MARIE KOLTÈS DANS UNE MISE EN SCÈNE BRÛLANTE SIGNÉE MATTHIEU CRUCIANI.

PAR TRINA MOUNIER

Comment construisez-vous votre personnage ?

03 > 12 AVR. TNP Villeurbanne tnp villeurbanne.com

JEAN‑CHRISTOPHE FOLLY On a beaucoup travaillé à la table avec Matthieu Cruciani. Les répétitions texte en main donnent une grande liberté. On peut se laisser faire par le texte qui nous emmène dans des endroits qu’on n’attendait pas forcément. Au départ, ces 60 pages sans point, ça paraît impénétrable. Mais la pensée de Koltès est très structurée, et elle a des incidences sur le corps : il y a des choses qu’on ne peut dire que debout, certaines qu’on peut se permettre de dire allongé, d’autres qu’on peut crier. C’est le texte qui décide. J’ai rarement connu ça. Cette langue produit quelque chose en moi. Après le spectacle, il arrive que des gens viennent me demander si c’est un clochard, un migrant. Je ne sais pas. Pour moi, c’est juste quelqu’un qui a besoin d’amour, qui est perdu, dépassé par ce qu’il ressent, qui est très seul. Ça, je l’ai ressenti très

Un monde brouillé

fort. J’ai beaucoup joué cette pièce, environ 80 fois. Jusqu’à la soixantième, je ne maîtrisais rien, j’avais l’impression de dire le premier mot, d’entrer dans une machine à laver, de tourner puis de sortir au dernier.

Est-ce facile de travailler avec Matthieu Cruciani ?

JCF C’est particulier comme texte. Déjà, c’est un monologue et quel monologue ! Alors on a beaucoup parlé, et on a développé une complicité, voire une amitié. J’ai dû être assez insupportable ! Jouer ce texte au plateau rend irritable, à fleur de peau. Diderot disait que le bon comédien se distanciait du personnage. Mais moi ça m’atteint vraiment. Il m’est arrivé de traverser des trous d’air, de perdre le fil de ma pensée, c’est hyper violent. On se sent tellement seul ! Je n’ai jamais ressenti ça pour un autre texte.

Elle reste l’une des chorégraphes les plus excitantes du moment. Marlene Monteiro Freitas a cartonné avec la reprise de son solo Guintche, au Théâtre de la Croix‑Rousse, lors de la dernière Biennale de la danse. Et bonne nouvelle, le Ballet de l’Opéra de Lyon a décidé de faire entrer à son répertoire l’une de ses pièces. En 2018, dans le cadre du festival Montpellier Danse, elle crée Canine Jaunâtre pour la Batsheva Dance Company du grand Ohad Naharin. Une pièce au titre pour le moins énigmatique, à l’image de cette intrigante chorégraphe qui retourne les codes et les épuise jusqu’au dernier souffle. Les dix‑sept interprètes sont affublés de gants colorés en plastique, toutes et tous vêtus à l’identique, répétant des gestes mécaniques tout en exécutant des grimaces : chez Monteiro Freitas, le visage a autant d’importance que les autres parties du corps. Empruntant à l’univers du sport et de la performance, travaillant l’étrangeté voire le grotesque, la chorégraphe d’origine cap‑verdienne délivre, encore une fois, une cinglante sarabande aux accents déjantés. GV‑P

05 > 08 MARS

Maison de la danse Lyon 8 maisondeladanse.com opera‑lyon.com

16 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 BÊTES DE SCÈNES
LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS Jean‑Louis Fernandez
©

PAR

PUZZLE D’IMAGES

Christophe Pouget est un voyageur, un humaniste. Plonger dans son univers, c'est un peu comme explorer des terres inconnues. Même si l’on connaît les lieux, le photographe parvient à nous conduire dans des univers parallèles, à la fois multi‑dimensionnels et multi‑temporels. Originaire de Saint‑Étienne, cet autodidacte a étendu ses racines bien au‑delà. Après des débuts dans la publicité, il travaille en indépendant comme designer graphiste. « Je faisais de nombreux reportages à l’étranger dans le cadre de mon travail. J’aime beaucoup le portrait, que je considère comme un exercice noble », commente‑t‑il depuis son studio installé à Tassin. Au mur, des photos et compositions qu’il a réalisées, mais aussi divers tableaux et objets bigarrés.

Enfermer le temps dans une image

FOKUS
LA VILLE BLANCHE / ESSAOUIRA / MAROC / 2013
GUILLAUME BOUVY PHOTOS CHRISTOPHE POUGET

Comme pour s’excuser, il avoue avec un sourire : « Je suis un accumulateur. J’aime bien ramener des souvenirs de mes voyages. » D’ailleurs, son lieu de travail est à l’image de sa curiosité : dans un coin, une carotte de buraliste tente de communiquer avec d’autres objets, parmi lesquels une statuette représentant la divinité hindoue Ganesh. Un peu plus loin, deux petites sculptures qu’il a fabriquées avec du bois flotté et un caillou. Un jour, alors encore graphiste, Christophe se lance dans ce qu’il appelle des « éclatés photographiques ». Sa carrière d’artiste débute. D’abord à la photocopieuse puis numériquement, il souhaite « enfermer le temps dans une seule image », et la rendre animée. Dans chaque composition se trouvent entre 500 et 1 000 fragments qui composent en une sorte de collage une mosaïque de photos déstructurées. À la manière d’un peintre impressionniste, Christophe réunit, assemble et recompose des scènes capturées à différents moments de la journée. Il ne recherche pas la perfection, comme en témoignent des morceaux de clichés isolés, ou des détails surprenants, voire amusants. Après avoir expérimenté ce mode opératoire dans son entourage et à Paris, il développe sa marque de fabrique aux quatre coins du monde. « Depuis dix ans, je me rends dans les carrefours des villes qui concentrent l’âme et la culture des pays », explique‑t‑il. Parmi ses voyages, l’Égypte et l’Inde l’ont particulièrement touché. C’est dans l’espace public du Caire et de Bénarès (Varanasi) qu’il appréhende le flux des foules et les architectures. Sa démarche est immersive, aussi bien de son point de vue que pour le destinataire de son travail. Il ajoute : « Le Covid est passé par là. L’idée de voyager n’est plus la même. » Au milieu de son studio, une grande boîte en bois attire l’œil : il s’agit d’une chambre de rue, son nouveau dada. « À contre‑pied de l’intelligence artificielle et des selfies », Christophe ambitionne au printemps d’aller tirer le portrait de qui voudra dans la rue, aux terrasses des cafés. Une autre façon pour lui de capturer des bribes d’humanité et de société.

INSPIRATIONS : David Hockney, Jérôme Bosch

christophepouget.com

christophepougetphotographies.com christophe.pouget dansmachambre_derue

EFFERVESCENCE (2022)

DE L’EAU SOUS LES PONTS

ACTUELLEMENT À ARCHIPEL, L’EXPOSITION LES RIVIÈRES URBAINES DU PHOTOGRAPHE PIERRE SUCHET RÉVÈLE LA DIVERSITÉ PAYSAGÈRE DES COURS D’EAU ET DE LEURS IMBRICATIONS DANS L’ESPACE URBAIN.

LES RIVIÈRES URBAINES

> 10 MARS Archipel 21 place des Terreaux, Lyon 1 archipel communs.fr

Les rivières sillonnent nos paysages sans qu’on y prête vraiment attention. Avec ses reportages sur l’emblématique Tamise à Londres ou l’Ourika au sud de Marrakech, Pierre Suchet connaît bien le sujet. L’exposition en présente quatre, leur intérêt résidant dans cette apparente banalité : la Nièvre à Nevers, le Lez à Montpellier, et, plus proches, le Furan ligérien et l’Yzeron rhodanien. Que de choses y sont démontrées en images, témoignant de notre relation avec la nature et la place que nous lui laissons dans notre espace vital ! Le photographe livre

une approche par le menu de la présence silencieuse des cours d’eau : il dresse, à pied et avec son appareil argentique, un état des lieux de leur cheminement d’amont en aval, à l’approche, au sein, et au sortir de nos villes. Ses photographies, couleur ou noir et blanc, épinglées numériquement sur de grandes cartes, résultent d’un arpentage assidu des rivières entre source et confluence, passant d’une rive à l’autre, sans quête esthétique apparente. Elles racontent des histoires sans mot. Celle par exemple du Furan, qui sourd des monts du Pilat et court sur des sols granitiques pour être ensuite drastiquement canalisé et couvert pendant sa traversée de Saint‑Étienne, avant de

cheminer à nouveau libre, une fois sorti de la ville, au gré du relief, et de se jeter dans la Loire. Celle également de l’Yzeron qui émerge des monts du Lyonnais et dont les sautes d’humeur furent longtemps craintes de ses riverains. La rivière vient de bénéficier de travaux pour endiguer ses inondations ravageuses, associés à une ample restauration écologique. Mais qui sait qu’elle se jette discrètement et sans gloire dans le Rhône sous l’A7, quelque part entre La Mulatière et Oullins ?

Les relations des hommes et des rivières, entre contraintes, exploitation et respect, sont bien contradictoires !

Un Archipel à explorer

Logé place des Terreaux au pied du musée des Beaux‑Arts, Archipel est à la fois une librairie, un espace d’exposition et un lieu de conférences dédiés à la diffusion de la culture architecturale, urbaine et paysagère. Son ambition ? La partager avec ceux qui font la ville : élus, professionnels, intellectuels bien sûr, mais surtout avec le grand public. Face aux enjeux climatiques et sociétaux, il ne limite pas son action à une simple sensibilisation. Ancré dans la vie quotidienne, ce lieu exigeant et innovant relate les expériences partout dans le monde, porteuses de promesses pour notre futur. Alors poussez sa porte pour fureter dans le fonds minutieusement sélectionné de la librairie (de l’essai à la BD), et prendre connaissance de son riche programme autour du territoire ou de l’habitat.

20 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 FORME & FONCTION
LE LIEU
Pierre Suchet ©
FORGENEUVE, COULANGES‑LES‑NEVERS, 2020

Objets de rupture

> 15 MARS

Galerie Domus Campus de la Doua, Villeurbanne galeriedomus.univ‑lyon1.fr

Après Lise Dua, la galerie Domus, située sur le campus de la Doua, invite Marguerite Rouan à fêter sa réouverture. Il faut quelque peu chercher pour trouver la galerie, même si le bâtiment lui‑même est facilement localisable ! L’entrée principale, celle du restaurant universitaire, n’est en effet accessible que de 11h30 à 14h30. Le reste du temps, le visiteur doit entrer côté parking… mais le jeu en vaut la chandelle pour découvrir l’exposition délicate et intime, Il me reste un papillon dans le ventre. Doucement ironique, avec un côté Sophie Calle dans l’affichage de son histoire personnelle et le décalage qu’elle instaure entre celle‑ci et son travail photographique. On découvre des images grand format, dont un autoportrait qui marque le début de l’accrochage et aussi celui de la rupture amoureuse. Je t’ai pleuré de jour est une série où l’artiste se met en scène avec des mouchoirs qu’elle a tamponnés d’abréviations de sms type « JTM » ou « DSL » ou « TKT » (pour « Je t’aime », « Désolé », « T’inquiète ») et qui sont autant de violences dans un contexte de séparation. À l’instar de la série Mots doux qui installe une subtile ironie entre le chagrin et le réconfort inutile de formules toutes faites, une friction entre le bijou de strass et la douleur. S’inspirant des cultural studies, Marguerite Rouan, diplômée des Beaux‑Arts de Lyon, imprime à ses œuvres une dimension à la fois poétique et politique, détournant des images de consommation au profit d’un point de vue sensible.

PAR EMMANUELLE BABE

GALLIA VALETTE‑PILENKO

Lignes et volumes À la BF15 , Élodie Seguin expose ses lignes et ses rythmes. Dans un accrochage intitulé Shaped Colors, elle explore la zone intermédiaire entre la peinture et la sculpture. L’artiste diplômée de la villa Arson de Nice et de l’École supérieure des Beaux Arts de Paris conçoit ses expositions en fonction de l’architecture du lieu qui l’accueille. Découpée en trois chapitres, chaque salle répond à la précédente dans un jeu de miroir imaginaire. À la lisière du plan et du volume, les pans de carton forment une partition tandis que les découpages du petit « tableau » forcent l’admiration, telles des dentelles de papier et de couleur qu'on peut regarder sous divers angles. Si les formes sont très abstraites, elles procurent des sensations plutôt organiques. Étonnant GV‑P

> 23 MARS

LA BF15 Lyon 1

Filtre poétique

Après la rue en 2014, c’est à la plage de Golf Sud, quartier de Dakar, que s’est intéressé Mabeye Deme. Et de la façon la plus originale qui soit puisque le photographe, né à Tokyo dans une famille sénégalaise, réalise les prises de vue de la série éponyme à travers la toile d’une tente. Objet traditionnel et très populaire en Afrique sous lequel on organise des fêtes en tout genre, la tente permet à Deme d’entrer de façon indirecte en relation avec son sujet : familles, baigneurs, pêcheurs, cavaliers, marchands de glace… sont ainsi captés dans leur quotidien transfiguré. Le rendu est fascinant, entre photographie, peinture et gravure. Les images sont comme abîmées par le temps et comme marquées de cicatrices, grâce à la matière et parfois aux déchirures de la toile. Davantage qu’un obstacle, celle‑ci agit ici comme un filtre sensible qui poétise le réel. EB > 06 AVR.

Galerie Regard Sud Lyon 1

21 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 TELEXxxxxxxx EXPOS
CE QU'IL ME RESTE DE NOUS CE QUE JE T'AI OFFERT
Marguerite Rouan ©

QUAIS DU POLAR REVIENT DÉBUT AVRIL. MOMENT PRIVILÉGIÉ POUR (RE)PLONGER AU TOUT

DÉBUT DE L’HISTOIRE DE LA POLICE SCIENTIFIQUE

AU TOURNANT DES XIXE ET XXE SIÈCLES. DIRECTION SAINT‑CYR‑AU‑MONT‑D’OR OÙ LA COLLECTION CRIMINALISTIQUE DE L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE LA POLICE (ENSP) N’OUVRE SES PORTES AU PUBLIC QUE DEUX FOIS PAR AN. RÉSERVEZ VITE, C’EST ULTRA PRISÉ !

Élémentaire, mon cher…

D06 AVR.

École nationale supérieure de la Police  9, rue Carnot Saint‑Cyr‑au‑Mont‑d’Or

Sur réservation uniquement ensp.interieur.gouv.fr

ans le cadre champêtre des monts d’Or, l’ancienne propriété des Ursulines, devenue école des commissaires et officiers de police, abrite l’une des plus insolites et palpitantes collections de l’histoire criminelle. Si aujourd’hui empreintes digitales et génétiques constituent les principales techniques d’identification, plus de 1 300 objets nous plongent au tout début de la police scientifique. On y découvre ainsi le squelette de Gaumet, meurtrier confondu par le médecin Lacassagne, lequel

est devenu célèbre à la fin du XIXe siècle pour ses autopsies et identifications de nombreux cadavres. En analysant les matières fécales, infestées de parasites intestinaux rares et laissées par Gaumet en provocation sur la scène de son crime, le professeur démasque l’assassin qui, bluffé, lui fait promettre de conserver son squelette. Se dévoilent également de curieuses copies de tatouages. Lacassagne en fait décalquer plus de 2 000 sur des prisonniers, une obsession qui le conduit même à en reproduire certains sur son service de table ! Son élève le plus célèbre est sans conteste Edmond Locard, fondateur en 1910 du premier

ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 TOURS & DÉTOURS
22
FONDS EDMOND LOCARD, REGISTRE D'EMPREINTES DIGITALES

histoire criminelle : de palpitantes collections

laboratoire de police scientifique français, ancêtre des actuels cinq laboratoires nationaux dont le plus ancien est basé à Écully. Baptisé le "Sherlock Holmes lyonnais", ce grand admirateur de Conan Doyle lui écrit d’ailleurs en 1927 : « C’est sous votre influence que j’ai entrepris mes premières recherches et que j’ai choisi mon métier. » Locard définit le principe de l’échange selon lequel « nul individu ne peut quitter le lieu de son forfait sans laisser ou emporter à son insu des indices ». Études de poils, cheveux, poussières…, sa méthodologie pose les bases de la police scientifique.

Parmi les autres pépites de la collection figure notamment une vitrine Bertillon. C’est lui qui systématise les fameuses photos de face et de profil accompagnant un système de signalement anthropométrique. Les vitrines foisonnent également de pièces à conviction, lettres et objets historiques : sacoche servant à Jules Bonnot lors de ses hold‑up automobiles qui, au début du XXe siècle, défraient la chronique, poignard utilisé par Caserio pour l’assassinat du Président Carnot en 1894, collection d’armes hétéroclites et pipes de fumeurs d’opium… Une visite haletante, complétée par des ateliers et un escape game. Transformez‑vous en fin limier !

23 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 TOURS & DÉTOURS
©
ENSP

FESTIVAL TRANSFORME

20 MARS > 12 AVR.

Black Lights 20 > 23 MARS

LES SUBS

Lyon 1 les‑subs.com

LE FESTIVAL

Festival itinérant crée par la fondation Hermès, Transforme est la nouvelle formule du programme New Settings. Ce dispositif met en lumière des artistes privilégiant les formes pluridisciplinaires et abordant des problématiques contemporaines. C’est le cas de Black Lights de Mathilde Monnier, de Vania Vaneau pour son rapport au rituel et à l’invisible avec Ambre et Pourpre, ou de l’ovni Anima qui questionne l’humain face aux éléments. Avec, cerise sur le gâteau, des rendez‑vous forts autour des spectacles programmés (échauffement, apéro débats, projections, etc...). Et tout ça, gratuitement !

Corps en résistance

MATHILDE MONNIER EST L’UNE DES INVITÉES DU FESTIVAL TRANSFORME. ELLE Y PRÉSENTE LA PIÈCE CRÉÉE AU FESTIVAL MONTPELLIER DANSE 2023, BLACK LIGHTS : UN OPUS RAGEUR SUR LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, METTANT EN SCÈNE HUIT BOMBES SCÉNIQUES, DONT ISABEL ABREU, ACTRICE FÉTICHE DE TIAGO RODRIGUES, ET JONE SAN MARTIN, DANSEUSE SUBLIME CHEZ WILLIAM FORSYTHE.

PAR GALLIA VALETTE‑PILENKO

Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler sur H24, la série d’Arte ?

MATHILDE MONNIER Je cherchais un texte parce que j’avais envie de travailler sur le rapport texte/danse lorsque je suis tombée sur ce livre H24 [24 heures dans la vie d’une femme], chez Actes Sud et ça a été une évidence. D’autant que je connais Valérie Urrea, l’une des cinéastes, depuis trente ans. Nous avions travaillé ensemble –elle devait avoir à peine 19 ans à l’époque – sur Bruit Blanc (1998), un film de danse qui doit être l’une de ses premières réalisations.

Comment avez-vous réuni cette équipe et comment avez-vous travaillé ?

MM Au fur et à mesure des rencontres. Puis le travail s’est développé sur six mois. En petits groupes de 2 ou 3, avant que nous ne partagions le matériau ensemble en toute fin de parcours.

Pourquoi ce titre Black Lights ?

MM Parce qu’il s’agit de mettre de la lumière sur nos hantises. Transformer les moments traumatiques. Cela donne la possibilité de travailler sur les mémoires, de faire quelque chose du noir.

Vous revenez à Lyon, après une longue absence. Quel sentiment cela vous procure-t-il ?

MM C’est une chance. Cela permet d’être accompagnée par des structures qui me soutiennent. Et il y a beaucoup de choses autour des pièces – projections, échauffement... – et cette perspective m’enchante. Enfin, je suis contente d’être à Lyon parce que c’est ici que j’ai commencé la danse ; cette ville a été un tremplin pour moi. Sans elle, je ne serais certainement pas là où j'en suis aujourd’hui.

24 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24
FESTIVALS
Marc Coudrais ©
BLACK LIGHTS, MATHILDE MONNIER

bime bam boum

réveiller

sa part de sauvage

AB!ME 2024

“Enfant sauvage”

6 > 30 MARS

Lyon, Oullins, Villeurbanne, Valence… grame.fr

vec son titre en forme de clin d’œil à François Truffaut, cette nouvelle B!ME (biennale des musiques exploratoires du GRAME) sonne le réveil de cette part de sauvage logée en chacun pour réinventer, un mois durant, l’utopie d’un monde nouveau. Vaste programme avec pas moins de 35 évènements, tous domaines artistiques confondus, 8 créations mondiales et en bonus quelques guests à retrouver dans une douzaine de lieux à Lyon et en région. À commencer par un joli coup double par la Villa Gillet qui s’offre la présence de l’écrivaine Nina Bouraoui, artiste invitée et marraine de l'édition, à l’occasion d’un grand entretien autour d’Otages, roman de révolte qui narre le destin émancipateur, tel un cri de libération, d’une héroïne d’aujourd’hui. Et l’adaptation simultanée de l’œuvre à la scène par Richard Brunel sur une musique signée Sebastian Rivas à découvrir

au théâtre de la Croix‑Rousse. Côté grosses pointures et croisement des genres toujours, Charles Berling et Yannick Haenel donneront une lecture‑concert inédite aux Célestins. Plus au sud, à Oullins, on court à la Renaissance écouter la performance Pianomachine de Claudine Simon, une véritable opération à cœur ouvert de l’instrument et sa machinerie. À noter aussi le focus consacré aux compositrices oubliées de l’histoire de la musique contemporaine avec le musicologue Guillaume Kosmicki à la Bibliothèque de la Part‑Dieu. À l’ENM, l'école de musique de Villeurbanne, une carte blanche sera donnée à l’électroacousticien Denis Dufour autour de la notion de sauvage. Enfin, mise en transe et dédoublements des sens seront à prévoir avec Ruptur sous la verrière des SUBS, ou encore avec Limbus, concert signé Pierre Jodlowski au LUX de Valence. Sans oublier des balades urbaines, de nombreux workshops et autres ateliers de pratiques. De quoi se ré‑ensauvager de concert.

26 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24
FESTIVALS
PAR ÉLISE TERNAT LES SOUFFLES DR ©

Une autre idée du jazz

Alors que le territoire lyonnais compte pléthore de festivals tous styles musicaux confondus, le jazz hors‑piste figurait encore parmi les grands absents. Voilà chose révolue avec l’arrivée de Récif, projet rafraîchissant initié par le Périscope toujours actif en matière de collaborations. La salle de concert s’associe pour l’occasion à BAAM Productions ainsi qu’au Marché Gare. Quatorze concerts sont programmés dans trois salles lyonnaises emblématiques (dont la Chapelle de la Trinité), invitant formations internationales, musiciens nationaux et locaux, soit quelque 40 artistes en provenance du monde entier (Japon, États‑Unis, Italie, etc.), de Paris ou de la région. On retiendra l’inclassable collectif sud‑africain BCUC et ses chants militants entre free jazz et afro psyché, le pianiste virtuose cubain Harold López‑Nussa qui flirte du côté des musiques populaires ou le feu d’artifices batterie‑saxo‑guitare des furieux de Trio Grande pour ne citer qu’eux. Avec des solos gratuits, chaque soir, en amont des concerts. Innovant et festif, ce coup d’essai s’annonce déjà comme un coup de maître.

RÉCIF

26 > 30 MARS

Chapelle de la Trinité, Marché Gare, Périscope periscope lyon.com

BCUC

L’Opéra coupe à cœur

DR Opéra de Lyon ©

Tous les ans, le festival de l’Opéra de Lyon suit de près la floraison des jonquilles. Il se tiendra cette année du 15 mars au 3 avril et débordera de ses murs puisque si ces œuvres du répertoire que sont La Fille du Far West et La Dame de pique se tiendront dans la grande salle, la création d’Otages aura lieu au théâtre de la Croix‑Rousse.

« Rebattre les cartes », titre de l’édition 2024, a sans doute été inspiré par cette Fille du Far West inventée par Puccini, qui dirige un saloon, triche aux cartes et sauve revolver au poing le bandit dont elle est amoureuse. Baguette au poing pour sa part, on compte sur le directeur musical de l’Opéra, Daniele Rustioni, pour donner l’élan que mérite cette rencontre entre western et opéra. Dirigée par le même Rustioni, La Dame de pique de Tchaïkovski conte une histoire plus classique d’amours déçues mais où les cartes exercent également une influence déterminante sur le destin des protagonistes. Enfin, sur une partition de Sebastian Rivas et un livret inspiré du roman de Nina Bouraoui, Otages – avec, entre autres, la soprano Nicola Beller Carbone – met en scène une employée d’aujourd’hui dont la vie bien réglée bascule soudainement. Des registres et des ambiances contrastés, donc, pour ces trois œuvres, mais avec à chaque fois des personnages féminins confrontés à un univers dominé par les hommes. Mars n’est‑il pas aussi le mois d’expression privilégié des revendications féministes ?

FESTIVAL REBATTRE LES CARTES

15 MARS > 03 AVR.

Opéra de Lyon

Théâtre de la Croix Rousse

La Fille

du Far West

15 MARS > 02 AVR.

La Dame de pique

16 MARS > 03 AVR.

Otages

17 > 23 MARS

opera lyon.com

27 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 FESTIVALS
Shudufhadzo Lubengo ©
NICOLA
CARBONE
BELLER

Le docu donne de la voix

Éduquer le regard, aiguiser l’esprit critique, ouvrir les yeux et pourquoi pas le cœur : la 13e édition des Écrans du Doc coche toutes les cases cette année avec une sélection de quatorze films puissants qui donnent envie. L’Ukraine et la Palestine sont dans la lumière, la première avec Pierre Feuille Pistolet (2023) de Maciek Hamela, ou l’épopée d’un van polonais sillonnant les routes pour évacuer des habitants fuyant l’invasion russe. Le conducteur est Hamela en personne. Il filme l’exil en direct. Ce sujet est aussi au cœur de l’émouvant Bye Bye Tibériade (2023). La réalisatrice Lina Soualem montre avec tendresse et profondeur le retour en Palestine de sa mère Hiam Abbass, partie trente ans plus tôt pour devenir actrice en Europe. Les images d’archives se mêlent aux récits d’aujourd’hui, des histoires de femmes, intimes et familiales. La chronique sociale a également sa place, dans le quotidien d’une infirmière sur le point de prendre sa retraite (Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz, 2024 – laquelle sera présente !), au cœur d’un lycée de banlieue à la pédagogie exemplaire (Le Monde est à eux de Jérémie Fontanieu, 2023). L’écologie aussi, à travers une réflexion sur les traces que laissent les sociétés humaines de leur passage sur terre (L’Usage du monde, 2024). Elle est portée par la réalisatrice Agnès Fouilleux, scientifique passée à la réalisation et reconnue pour la qualité de sa filmographie. Par chance, elle fera le déplacement à Décines.

POST SCRIPTUM

L’amour, tout un roman « Sauver l’amour », voilà qui paraît à la fois vertigineux et enthousiasmant ! C’est la thématique choisie par la Fête du livre de Bron pour sa 38e édition. Quelque soixante‑dix autrices et auteurs sont invités à se frotter au sujet dans toutes ses dimensions, du désir à l’amitié, du “simple” lien aux autres à la filiation. Toujours à la frontière de la littérature et des sciences humaines, le festival explore aussi une vision plus large du sentiment amoureux, que recouvre notre rapport à la nature, à l’espace, à la mémoire, aux utopies… Emblématiques de ce grand festival, les Dialogues d’auteurs promettent de beaux échanges, entre Cécile Coulon et Sylvain Prudhomme ou Agnès Desarthe et Dominique Fabre. Sans oublier la rencontre avec Valérie Zenatti ou le grand entretien avec Nina Bouraoui, qui vient de signer l’émouvant Grand Seigneur. EB

08 > 10 MARS

Hippodrome de Parilly & hors les murs, Bron fetedulibredebron.com

Poétique

LES ÉCRANS DU

DOC

19 > 24 AVR. Toboggan Décines letoboggan.com

Où va la poésie quand elle déborde du poème ? « Elle est chez elle dans tout art qui cherche un rapport plus immédiat au monde », explique Emmanuel Merle, président de l’Espace Pandora, l’organisateur du festival de poésie, Magnifique Printemps. Cette 8e édition est placée sous le signe de la femme. Et s’il fallait choisir parmi plus de 75 lectures, petites formes, expos, slam et autres débats, le directeur et poète Thierry Renard conseille de venir entendre la Canadienne Hélène Lépine – prix René Leynaud 2022 pour son recueil Le cœur en joue sur les victimes des guerres syriennes – ou l’Américaine Agneta Falk, venue de Frisco. Le 13 mars au Périscope, elle déclamera des poèmes contestataires en compagnie de la guitare électrique d’Antoine Colonna. Des accords raccord. FR

09 > 29 MARS

Lyon et région magnifiqueprintemps.fr

28 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24
Frida Marzouk / Beall Productions ©
FESTIVALS
EMMANUELLE BABE
PAR
FLORENCE ROUX

Borderline !

APRÈS MOI, LE DÉLUGE EST LE TROISIÈME SPECTACLE DU LYONNAIS

JEAN-RÉMI CHAIZE. GRANDI À L’ENSATT, IL ÉCRIT ET JOUE, SEUL EN SCÈNE. SEUL ?

ENFIN TRÈS ACCOMPAGNÉ DE PERSONNAGES LIMITE AU BORD DU GOUFFRE.

SI VOUS ÉTIEZ

UN ANIMAL ?

UN CHAT. IL FAIT CE QU’IL VEUT QUAND IL VEUT.

UN SENTIMENT ?

L’AMOUR, L’AMOUR, L'AMOUR !

IL EN MANQUE TROP. J'AIME TOUS MES PERSONNAGES… JOUER, C'EST AIMER…

UNE PIÈCE ?

UNE PIÈCE DE FEYDEAU. POUR LA TECHNICITÉ DU TRAVAIL D'ACTEUR, L’ACUITÉ POUR PEINDRE LES GENS ET CETTE MANIÈRE D’ÊTRE TOUJOURS SUR LE FIL.

UNE MUSIQUE ?

UN TUBE DE L’ÉTÉ BIEN EFFICACE, QU'ON ÉCOUTE ET QU'ON OUBLIE…

UN THÉÂTRE ?

LE THÉÂTRE ARGENTINA

À ROME, OÙ J’AI VU IL TANGO DELLE CAPINERE DE EMMA DANTE. QUELLE POÉSIE DES CORPS !

UNE DANSE ?

AH LE TANGO, TELLEMENT SENSUEL, CLASSE ET CHARNEL.

L’UN DE VOS PERSONNAGES DU SPECTACLE ?

LA DÉPRESSIVE. MAIS TOUS

UN LIVRE ?

ŒDIPE SUR LA ROUTE DE HENRY BAUCHAU. JE L’AI LU À 13‑14 ANS. UN BEAU VOYAGE INITIATIQUE.

MES PERSONNAGES ONT EN EUX UNE FÊLURE, UNE PART D’OMBRE, COMME AU BORD DU GOUFFRE.

02 > 06 AVR.

Théâtre Comédie Odéon Lyon 2 comedieodeon.com jeanremychaize jeanremichaize

29 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 À LA MOULINETTE
Chloé Jafé ©

MUSIQUES

PAR EMMANUELLE BABE, ANNE HUGUET, FLORENCE ROUX

SERVICE GAGNANT

20.03.24 | 20H

Originaire de Bron, Lala &ce, grande fan de tennis (d’où le &ce à prononcer “ace”), est montée en à peine trois ans au firmament du rap français. Émancipée du collectif 667, la Franco ivoirienne ne cesse de nous ravir avec ses mélodies langoureuses et son flow nonchalamment puissant (oui, oui !), depuis son premier opus Everything Tasteful (2021), centré sur ses histoires d’amour débridées. Lala &ce a longtemps vécu à Londres, où elle a développé sa créativité et cultivé son style à la marge, entre phrasé à la PNL, punchlines à la Princess Nokia et fierté queer. Avec Solstice, son deuxième album, cet électron libre démontre qu’elle sait aussi nous enjailler, convoquant Ste Milano ou La Fève. Planant ou percutant, on ne choisit pas ! EB

Transbordeur

Villeurbanne transbordeur.fr

POP À

LA FRANÇAISE

09.03.24 | 20H

Lescop signe son grand retour, douze ans après l’obsédant titre La Forêt. Il a lâché cet automne « un tube à la radio » (Radio) aux sonorités carrément eighties, avant de déballer début février Rêve parti, un 13‑titres qui renoue sans façon avec une new wave à la française plutôt classe. Format pop et sonorités très ancrées dans les années 1980, textes en français bien tournés, ritournelles accrocheuses, quelques basses tendance cold (Exotica) et des duos inattendus qui le font, comme La plupart du temps avec Izïa. Quant à l’addictif Les Garçons, il n’a pas fini de faire tourner les têtes. La suite sur la scène de La Rayonne pour qui aime. AH

La Rayonne Villeurbanne larayonne.org

ODE À LA JOIE

28.03.24 | 20H30

Et si on fêtait la fin du bolsonarisme ? de la pandémie (pour le moment) ? C’est le parti pris de João Selva, chantre du tropicalisme brésilien et Lyonnais d’adoption. Son troisième album, Passarinho, célèbre une fois encore le joyeux cocktail samba, jazz et funk, mais en le sublimant grâce aux envolées de rumba congolaise et à une section de cuivres à l’efficacité démoniaque. S’il veut réveiller la tropicalité de chacun, le carioca entend aussi nous ouvrir les yeux sur le déclin de la biodiversité, en particulier au Brésil frappé par la déforestation et les incendies. Un sens de la fête et de l’engagement. EB

Le Sémaphore Irigny

Le Semaphore Theatre d Irigny

30 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 DÉAMBULATIONS
LESCOP Mathieu
©
Teissier
LALA &CE JOÃO SELVA Szilveszter
JP Gimenez ©
Makó ©

VOYAGE ITALIEN

06.04.24 | 20H

D’une commande du festival belge Europalia sur le train et l’immigration, en 2021, la chanteuse et flûtiste de Charleroi Melanie De Biasio a modelé la terre et l’air de son quatrième album, Il Viaggio, comme un retour aux sources dans l’Italie de son père. Ce voyage musical résonne des sons qu’elle est allée collecter dans les Abruzzes ou les Dolomites avant de les inscrire dans une création collective étonnante, où une ambient planante le dispute au frottement des doigts sur les cordes ou aux bruits d’une conversation. Et puis sa voix de soie est du voyage, dense et aventureuse, semblant goûter chaque mot. FR

Radiant‑Bellevue

Caluire

radiant bellevue.fr

SANS COMPROMIS

29.03.24 | 20H30

Encore des Belges qui ont tout bon ! Whispering Sons revendique depuis ses débuts un post punk gothique des plus hypnotiques. Sa singularité ? L’incroyable voix grave, tout à la fois caverneuse et désincarnée, de la chanteuse androgyne Fenne Kuppens qui hante littéralement chacun des titres. Le quintet flamand dorénavant basé à Bruxelles avait fait fort, dès 2018, avec un premier opus Image aux ambiances cold malsaines. L’inquiétant Hollow fait sans doute partie des monuments du genre ! La suite, Several Others en 2021, n’a fait qu’enfoncer le clou. Les Belges annoncent pour fin février un 3e album, The Great Calm : 12 titres de post punk implacable et sous tension qui vous mettent direct en apnée, écoutez pour voir l’excellent Walking, Flying. Catharsis ultime sur scène avec la présence brûlante de Fenne Kupens et des uppercuts de noirceur. Ça donne très envie. AH

L'Épicerie moderne Feyzin epiceriemoderne.com

DÉAMBULATIONS

TECHNO SENSUELLE

12.04.24 | 20H

On l’a découverte en 2021 avec Sérotonine, premier opus original dans lequel elle racontait une histoire d’amour. Derrière ses cheveux rouges, Joanna laissait voir une belle personnalité créative, voix claire et groovy sans trop en faire, regard envoûtant et style à faire pâlir les fashionistas. La Rennaise est de retour avec Where’s the Light ? et confirme qu’elle en avait sous le pied, loin d’être une comète dans la galaxie pop‑R’n’B. La preuve, la demoiselle investit désormais le terrain de la techno et parfois du rock. Le titre éponyme de l'album évoque furieusement une certaine Mylène Farmer et l’artiste sait aussi poser sa voix sur des mélodies exaltantes. Le tout dans un décor sylvestre un brin fantasy : on la suivrait même les soirs de pleine lune ! EB

Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr

16.04.24 | 20H

Toujours inclassable, dérangeant, barré, Bruit Noir a remis le couvert, à peine Mendelson disparu des radars. Derrière cet obscur patronyme se cachent les deux trublions Pascal Bouaziz (aka Mendelson) et Jean‑Michel Pirès qui ont repris leurs bonnes‑mauvaises manières avec un dernier album IV/III sorti cet automne. 43 minutes et 13 titres qui dézinguent à tout va (« Chanteur engagé c’est de la merde »), jouant à fond la carte du minimalisme répétitif sur fond de spoken word corrosif voire ordurier. Tout le monde en prend pour son grade, Poutine, Al‑Qaïda, Trump, les vieux (Coup d’État), Moby, les bobos, les Artistes, le Petit Prince… Oreilles sensibles s’abstenir, on sait que Bouaziz peut faire pire live tandis que la musique mitraille en règle. On est généralement content quand ça se termine… si, si ! AH

Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr

31
AU VITRIOL
BRUIT NOIR Simon Gosselin ©

Lyon & Métropole quaisdupolar.com

20 ans et bien saignant !

POUR SON VINGTIÈME ANNIVERSAIRE, QUAIS DU POLAR N’A PAS LÉSINÉ SUR LE CASTING. OUTRE LE GRATIN HEXAGONAL DU GENRE (NOREK, FÉREY, CHATTAM, DAENINCKX, DOA, THILLIEZ, MANOOK, CAYRE…), DE NOMBREUX MAÎTRES INTERNATIONAUX VIENDRONT ÉGALEMENT SOUFFLER LES BOUGIES, DE DENNIS LEHANE À DONNA LEON EN PASSANT PAR JO NESBØ ET LILJA SIGURDARDÓTTIR. PETITE GALERIE DE PORTRAITS…

PAR

S’

il devait y en avoir un sur la liste des invités, Dennis Lehane serait sans doute le boss, à l’aune d’une œuvre couronnée dernièrement par Le Silence (cf. ArKuchi n°39). En revanche, si l’on devait sacrer un énergumène, mon suffrage irait à Tim Willocks. Chirurgien, psychanalyste, écrivain, producteur, ceinture noire de karaté, ce génial Anglais de 66 ans, sachant panacher avec brio les méandres de la psyché et une érudition des plus transversales, n’a pas son pareil pour passer l’Histoire au scalpel, qu’il verse dans la fresque médiévale (La Religion, Les Douze Enfants de Paris) ou dans le polar social contemporain (Bad City Blues, Les Rois écarlates, La Mort selon Turner).

Ce double talent, c’est aussi celui d’Hervé Le Corre. Que sa toile de fond soit la Commune de Paris (L’Homme aux lèvres de saphir, Dans l’ombre du brasier), les années 1950 (Après la guerre), la période actuelle ou l’après‑mort (L’Éternité), le Bordelais persiste à fouiller les atmosphères sombres pour mieux démonter les mécaniques de l’intime : emprise et harcèlement (Traverser la nuit), perte des êtres aimés, violence faite aux enfants, injustice sociale et solitudes (Les Cœurs déchiquetés, Prendre les loups pour des chiens)… Il publie aujourd’hui avec un récit d’anticipation post‑apocalyptique, une sorte de western métaphysique, Qui après nous vivrez.

Pour rester dans le « country noir », Shawn A. Cosby fait figure, après seulement trois romans traduits, de grande voix afro‑américaine du genre. Dans la lignée de William Faulkner et Chester Himes, le Virginien fait une chronique poignante du sud rural des États‑Unis, où la pauvreté fait le lit de la criminalité et l’ignorance celui de l’intolérance et de la violence. Des Routes oubliées au Sang des innocents, sans oublier La Colère, bienvenue dans une Amérique abandonnée, déchirée par les questions raciales et homophobes, bien loin du rêve promis par la bannière étoilée. Cet envers du rêve en toc de notre société, c’est aussi le sujet que déplie Joseph Incardona. Sorti de l’ombre avec Derrière les panneaux, il y a des hommes qui narrait la traque éperdue d’un serial killer sur des aires d’autoroutes, le Suisse – comme Ramuz, qu’il aime autant que Céline, John Fante, Bukowski et Harry Crews –, explore livre après livre les torsions morales inhérentes à notre société de consommation qui tourne à vide, sous perfusion médiatique. Après son portrait au vitriol de la finance internationale (La Soustraction des possibles), l’inanité de la société du spectacle (Chaleur), il poursuit avec Les Corps solides et Stella et l’Amérique l’instruction du procès du capitalisme, matérialisme immoral qui finit comme il se doit par s’échouer, bible de néon du néant, dans les miroirs aux alouettes de Las Vegas… Bonnes lectures !

ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 LETTRES & RATURES
32
MARCO JÉRU
QUAIS DU POLAR 05 > 07 AVR.
extralagence.com ©
IMAGE TIRÉE DE L'AFFICHE 2024
33 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 STREET ART
PAR MISS PRETTY LITTLE THINGS, ENNA PATOR MANI HIDDENUNIVERSES & FOUFOUNART FOUCH GEN_IART PYX COLLAGE RUE & KAZÉ LOUIS POUILHE NAKR MSTR REMIX MOKSA
LE STREET MUSÉE DU MOIS

gnudi digrossetto

4 PERSONNES

08 MINUTES

45 MINUTES

PAR LES SOREUSES

1 KG D'ÉPINARDS FRAIS

1 BOTTE D'OSEILLE

250 G DE RICOTTA

150 G DE PARMESAN

15 CL DE CRÈME FRAÎCHE

100 G DE BEURRE

2 ŒUFS

200 G DE FARINE

50 G DE CHAPELURE 1 CÀC DE NOIX DE MUSCADE EN POUDRE

PAR PONIA DUMONT

Horizontalement

1. Mettent une note romantique au dîner ? 2. Loin d’être soft. Obéit peut‑être.

HUILE D'OLIVE FLEUR DE SEL ET POIVRE

3. Facilite la tâche du travailleur. 4. Interrompue dans sa croissance. Conduisent parfois à la déchetterie. 5. Causera. Fidèle, à l’ancienne. 6. Eut beaucoup d’emprise sur Périclès. 7. Critique et auteur d’ouvrages de littérature. 8. Wagons pas toujours au goût des écolos. 9. Vieux bétail. Surnom péjoratif des Transalpins. 10. Avec le bol marque d’exaspération. Sont évidemment pleins au démarrage. Envers de coordination.

Des gnocchis senza patata, ma che ? Da vero . On file direct en terres toscanes avec ses villages ocres, ses cyprès, ses vignobles et ses gnudi, les cousines des fameux gnocchi. Illico presto comme un air de dolce vita ! Pas de chichi mais une vraie recette de la casa, avec les mains, pour réchauffer les cœurs. Dai dai. Les épinards frais sont lavés avant de passer quelques minutes à la sauteuse. Sitôt refroidis, les presser et les essorer à la main pour les vider de toute leur eau, puis les hacher. Tonino Carotone et son Mondo difficile dans les oreilles, c’est l’heure de battre les œufs avant de les verser subito presto dans un fait‑tout avec farine, chapelure, ricotta, parmeggiano, muscade, sel et poivre, et nos épinards. On mélange et on brasse fortissimo jusqu'à l'obtention d'une belle pâte homogène. Buono ! ça commence à ressembler à la pasta della Mamma. Ti amo bell’ Italia ! On se concentre pour façonner à la main nos gnudi en forme de petites boules, bien ovales ou rondes au choix, avant de les rouler une à une sur une planche richement farinée. On finit en les plongeant trois minutes dans une eau salée toute frémissante. Miracolo, ils remontent à la surface. Forza, on les sort de leur bain avant une dernière formalité, une sauce di verdura maison. On rince et on cisèle l’oseille avant de le jeter dans un beurre fondu. On verse piano piano la crème fraîche, la sauce prend, onctueuse et odorante, tout en réduisant à feu doux. Juste le temps de poêler moderato nos gnudi dans un filet d’huile d’olive. Et basta cosi ! Une belle assiette creuse avec les gnudi fumants sur leur lit de sauce verte acidulée, un petit coup de parmeggiano pour corser le tout, place à la dégustation. Delizioso ! solutions arkuchi 40

Verticalement

A. On y fait sauter les crêpes. B. Ameublis le sol. Antique lumière céleste. C. Mystérieux attraits ? D. Arma plus d’un navire, ce Grec‑là ! E. Circonscription chez le précédent. Sa fortune n’a rien d’un festin. F. Coup encore plus imparable ainsi frappé. Perdra toute fraîcheur. G. Poissons très fins mais onéreux. Nourriture jaune. H. Seraient rutilants. I. Brille à l’Opéra. Élément vital. J. Judicieux. Ancienne cité scandinave.

34 ARKUCHI #41 MARS / AVR. 24 POPOTE(S)
jugeote
Fooddenou ©
T O U S S A I N T R I R A T O U F A S S U M O N S O V I S S E N T B U E V S N E A K E R R E C U T C I R C T S A R E V I T C H I P E U L C A E N I O S A P H I R S O N G E N T L A

Annecy Bonlieu. Bourg‑en‑Bresse Théâtre de Bourg‑en‑Bresse. Bourgoin‑Jailleu Les Abattoirs. MBJ (Musée). Maison de Launay. Office de Tourisme. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire‑et‑Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant‑Bellevue. Chalon‑sur‑Saône Espace des Arts. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles‑sur‑Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’Aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Médiathèque. Firminy Le Site Le Corbusier. Francheville L’Iris. Les Grandes Voisines. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Gleizé Hangar 717. Grenoble MC2:. Musée de l’Ancien Évêché. Irigny Le Sémaphore.  La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages.  Lyon 1 À Chacun sa tasse & Tomé. À Thou bout d’chant. Abstract. Archipel. Art Génération. Bar 203. BistrO d’à côté. Bloom. Boîte à café. CAUE Rhône. Chasseurs d’influences. Chez Grégoire. Cinéma Polycarpe. Clef de Voûte. Condition des Soies. Delicatessen. Diable!. DogKlub. DRAC Auvergne‑Rhône‑Alpes. Fromagerie BOF. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie Cinéma2 Lumière. Galerie Françoise Besson. Galerie Mainguy. Galerie regard Sud. Hot Club de Lyon. Hôtel de Paris. Item Atelier + Galerie. Kraspek Myzik. L’Âne sans queue. La BF15. La Corniche. La Madone. La Menuiserie. La Salle de Bains. Labelalyce. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Livre en Pente. Le Morfal. Le Réverbère. Le Voxx. Léon de Lyon. Les Artpenteuses. Les Clochards Célestes. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Maison Nô. Mangiabuono. Manifesta. Marthe Duval. Matisse. Mongi Guibane. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Petit Bleu. Pilo Hôtel. Première Loge. Prêt à Manger Opéra & République. Radio Canut. Rat des Villes Rat des Champs. Sans Contrefaçon. SEMO. SK‑FK (Skunkfunk). SLO Hostel Pentes. SOÉM. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Tikki Records. Un Brin de folie. Unité Centrale. Villemanzy. Lyon 2 Agnès B. Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’Image. Baltayan. Barolo & Coste. Benoit Guyot. Boulangerie Saint‑Marc. Cave aux curiosités. Chez Camille. Cité de la Gastronomie. CJB. Cycles Marchi. Docks 40. Fondation Bullukian. Galerie Dettinger. Galerie Em’Arts. Galerie O. Houg. Galerie JL Mandon. Galerie SLIKA. Galerie Tatiss. Globe & Cecil. Hard Rock Café. Hôtel Carlton. Hôtel des Artistes. Hôtel des Célestins. Hôtel 71/Heat. La Cloche. Librairie Adrienne. Librairie des Arts. Librairie Cacodylate. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Marché Gare. Mercure Lyon Beaux‑Arts. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. Omart. Ories Galerie. RCF. Repetto. Sociality Family. Sofitel Bellecour. Strate Design. Théâtre‑Comédie Odéon. TNG‑Les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. UCLY. Lyon 3 Auditorium de Lyon. AURA Spectacle Vivant. BM Part‑Dieu. BO Concept. Café du Rhône. Création Contemporaine. École E. Cohl. F.O.L. Gnome et Rhône. Gus & Gas. Hooper. Les Assembleurs. Mademoiselle Rêve. Métropole de Lyon. Nuance & Lumière. Pieds‑Compas. Salle des Rancy. Tandem. Voltex. Lyon 4 1150 Vintage. Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Body It. Boîte à Vape. Bonnesœurs. Büfé. Burning Cat. Canuts & Les Gones. Café Bouillet. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Robert. Chez Simone. CIFA Saint‑Denis. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Flow. Fromagerie Galland. Galerie Vrais Rêves. INSPÉ. KLS Lunettes. L’Artisan de la Viande. L’Assiette du vin. La Curieuse. La Torpille. La Valise d’Élise. Le Grain de Folie. Librairie LaBd. Maison Jolivet. Paddy’s Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix‑Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. Armada. Atelier Marinette. Collège Hôtel. CRR de Lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Food Traboule. Fourvière Hôtel. L’Œil Écoute. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. La Mi Graine. MJC du Vieux‑Lyon. MJC Saint‑Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Phénix Hôtel. Théâtre du Point‑du‑Jour. Lyon 6 Amal Gallery. Authentic Concept Store. Institut Vendôme. Jobaar. L’Astragale. Librairie Derain. Librairie Rameau d’Or. MAC Lyon. Taggat. Via Barcetta. Lyon 7 Arts en Scène. Atelier Chalopin. Athénium. Bibliothèque Diderot. Bistrot des Fauves. B.U. Chevreul. Café Botani. CHRD. Chromatique. Cinéma Comœdia. COREP. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court‑Circuit. Le Flâneur. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Gryffe. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Livestation DIY. Mama Shelter. Mécanique des Fluides. MIMO. Plasma. SAUVAGE. Sofffa Guillotière. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Le Ciel. Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné‑Duchère. CNSMD. Fondation Renaud. L’Attrape‑Couleurs. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Musée des Ursulines. Théâtre de Mâcon. Miribel L’Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville‑sur‑Saône Médiathèque. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Théâtre de La Renaissance. Pierre‑Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Rillieux‑la‑Pape CCNR. Ciné‑Rillieux. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint‑Étienne Cité du Design. Comédie de Saint‑Etienne. La Comète. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint‑Étienne. Saint‑Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais. Saint‑Genis‑Laval La Mouche. Médiathèque B612.  Saint‑Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Sainte‑Foy‑lès‑Lyon Bibliothèque. Ciné‑Mourguet.  Tassin‑la‑Demi‑Lune Cinéma Le Lem. L’Atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx‑en‑Velin Atelier L. de Vinci. C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. ENSAL. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard‑Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne.  Villefontaine Le Vellein.  Villefranche‑sur‑Saône Auditorium. Atelier Valentina. Ciné Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le Fleuron. Le 116art. Librairie des Marais. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Quai 154. Théâtre de Villefranche. Théâtre Pêle Mêle. Villeurbanne Campus de la Doua. CCO. CCVA. Ciné Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. La MLIS. Le Rize. Librairie Carbone. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel/Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l’Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. Transbordeur. URDLA... Mais aussi dans vos mairies, bibliothèques municipales, MJCs, hôtels...

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