L'architecte et ses partenaires dans le processus du projet de la crèche quai de l'Oise

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L’architecte et ses partenaires dans le processus du projet de la crèche quai de l’Oise

Judith Chesneau et Olivier Garnier

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Remerciements La réalisation de ce travail a été possible grâce à plusieurs personnes auxquelles nous voudrions témoigner notre reconnaissance : Nous remercions nos professeurs de sciences humaines et sociales Véronique Biau, Sara Carlini et Elise Macaire pour nous avoir fourni les connaissances nécessaires à la réussite de cette étude, ainsi que pour leurs conseils. Nous exprimons notre gratitude à l’agence VEA architecture pour avoir pris le temps de nous accorder un entretien ainsi que pour leur aide dans le recueil d’informations concernant le projet de la crèche. Nous désirons également remercier la ville de Paris, et plus précisément Mme Rivière Blanche de la DCPA pour le temps qu’elle nous a accordé ainsi que pour l’intérêt qu’elle a montré pour notre étude.

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Table des matières INTRODUCTION ............................................................................................................................................. 4 FICHE PROJET ................................................................................................................................................ 5 LE PROJET : .................................................................................................................................................. 11 FRISE CHRONOLOGIQUE .......................................................................................................................................... 15 LE CONCOURS ET LA MAITRISE D’OUVRAGE : ............................................................................................... 16 LA MAITRISE D’OUVRAGE : ...................................................................................................................................... 16 La Direction de la famille et de l’enfance ..................................................................................................... 16 La Direction des Constructions Publiques et de l’Architecture ..................................................................... 16 L’élaboration du cahier des charges ............................................................................................................. 16 Schéma des actions entre les différents acteurs de la maitrise d’ouvrage : ................................................. 18 LE CONCOURS ....................................................................................................................................................... 19 • SCHEMA DES RELATONS ENTRE LES ACTEURS DE LA MAITRISE D’ŒUVRE .................................................................... 27 CONCLUSION ............................................................................................................................................... 28 •

SCHEMA DES RELATIONS ENTRE LES ACTEURS – SCHEMA DE CONCLUSION ................................................................. 29

ANNEXES ..................................................................................................................................................... 30 INTERVIEW DE L’ARCHITECTE JULIEN FORTIER-DURAND................................................................................................ 31 INTERVIEW DE L’ARCHITECTE VOYER EN CHEF A LA DCPA : BLANCHE RIVIERE D’AGOSTINO ............................................... 40 CHRONOLOGIE COMPLETE DU PROJET........................................................................................................................ 48 AFFICHE DE RENDU DU PROJET GAGNANT. ................................................................................................................. 48 SYNTHESE DES DIFFERENTS PROJETS DU CONCOURS (DCPA) ......................................................................................... 50 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................................... 51

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Introduction La crèche collective du quai de l’Oise se situe dans le đ?‘‹đ??źđ?‘‹ èđ?‘šđ?‘’ arrondissement, dans le quartier de la Villette ; plus prĂŠcisĂŠment au croisement de la rue de l’Ourcq et de la rue de l’Oise, Ă l’amorce d’un pont traversant le canal. Il interpelle par sa forme triangulaire qui interagit en effet fortement avec son environnement par la prĂŠsence de ses trois angles. La forme rĂŠpĂŠtĂŠe en effet miroir de chaque cĂ´tĂŠ du canal questionne sur l’historicitĂŠ de cette parcelle, ses fonctions antĂŠrieures et sur ce qui a motivĂŠ le choix de construire une crèche Ă cet emplacement. Le terrain est en relation avec des ĂŠlĂŠments forts du quartier : le canal, l’ensemble de logement type HBM, le pont de la petite ceinture. Ce projet a d‘ailleurs une symbolique forte : il fait partie des objectifs de campagnes du deuxième mandat de Bertrand DelanoĂŤ : crĂŠer 4000 places de crèche supplĂŠmentaire au cours de son mandat. Cette crèche rĂŠpond ĂŠgalement aux nouvelles normes thermiques mises en place Ă l’Êpoque (2011) et au plan climat lancĂŠ par la Ville de Paris. Elle est un des premiers bâtiments ĂŠcologiques de la ville. Ce dossier va montrer, le rĂ´le de l’architecte et de ses partenaires au cours du processus de crĂŠation Ă travers l’Êtude d’un ĂŠquipement public de proximitĂŠ, dans le cas prĂŠsent : une crèche collective. Cette crèche ayant ĂŠtĂŠ soumise Ă un processus de concours, nous aurons ĂŠgalement l’occasion de dĂŠvelopper les diffĂŠrentes ĂŠtapes d’un concours d’architecture ainsi que les rĂ´les jouĂŠs par les diffĂŠrents acteurs.

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Fiche projet Nom du projet

Crèche quai de l'Oise

Typologie

Equipement de quartier

Nom de l’architecte concepteur principal

Agence VEA

Adresse

47 rue de l’Ourcq Paris (75019)

Description du projet

Le bâtiment de la crèche du quai de l'Oise combine un logement et une crèche collective de 66 berceaux.

Contexte géographique

Le bâtiment se situe sur une parcelle exiguë devant gérer des changements de niveau important. On distingue 3 niveaux différents : le plus bas est celui du Quai de l’Oise, le plus haut celui de la Rue de l’Ourcq, avant sont enjambement du canal. Entre les deux, la rue de l’Oise. Celle-ci est en pente douce et fait la jonction entre les deux différents niveaux de rues.

P R O J E T

C O N T E X T

Cadrage historique

E

La Carte de Cassini est dressée sous l’ordre de Louis XV et établie entre 1750 et 1815. Elle montre ci-dessus la position de l’actuelle crèche située quai de l’Oise. En effet le futur 19e arrondissement situé à l’extrémité de la ville de Paris, connaît peu de bouleversements jusqu’au XVIIIe siècle. Il est alors administré par la ville mais il constitue encore une campagne parisienne où

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se développe l’exploitation des carrières souterraines pour l’extraction massive de plâtre. A la construction du mur des fermiers généraux (1784 à 1790), le faubourg de La Villette, jusqu’alors presque intégré à la ville, est rejeté derrière la Rotonde de Claude Nicolas Ledoux situé dans l’axe de la rivière de l’Ourcq. Carte de l’Etat-major élaborée entre 1820 et 1866, montrant l’urbanisation du bassin de La Villette

Effectivement, le XIXe siècle constitue une période de mutation essentielle pour cet arrondissement. En 1840-1841, l’édification de l'enceinte de Thiers tient compte de l’extension urbaine et de la croissance démographique de ces faubourgs. En 1860, le gouvernement annexe toutes les communes périphériques de Paris dont La Villette. C’est avec le creusement du bassin de la Villette, en 1806, débute vocation industrielle de ce lieu. Celui-ci est alimenté par la canalisation de la rivière de l’Ourcq et constitue un réservoir d’eau pour la ville de Paris. Le terrain connaît une urbanisation d’autant plus importante suite à la création, en 1823, du canal Saint-Martin. Le bassin de la Villette est alors relié à la Seine ce qui donne naissance au grand port industriel du nord-est de la capitale. Ce développement industriel se poursuit à travers l’installation des marchés aux bestiaux dans les trois grandes halles, en 1867, et la création des abattoirs, entre la rue de Flandre et l’actuelle avenue Jean Jaurès. À partir de 1884, de nouvelles installations portuaires sont installées le long du canal de l’Ourcq et du bassin de la Villette, l’arrondissement accueille alors encore une quantité importante d’établissements industriels. Parallèlement, au cours de la première moitié du XXe siècle l’ensemble de l’arrondissement a connu une urbanisation importante. De vastes opérations immobilières sont entreprises avec principalement la construction d'immeubles à vocation sociale : les HBM, dans le but 6 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


d’accueillir les populations immigrées d’après-guerre. Les travaux débutent en 1921. Des bâtiments de briques, HLM et HBM sont installés sur les talus des « fortifs », ne laissant subsister qu’un seul espace vert : le square du Chapeau-Rouge, situé entre le boulevard d'Algérie et le boulevard Serrurier.

Carte des environs du 11 quai de L’Oise actuel entre 1950 et 1965 Mais à partir des années 1950, le quartier de la Villette connaît une grande mutation due à la désindustrialisation massive de Paris. Le trafic sur les canaux diminue. Les entrepôts se reconvertissent. A cela suit le départ des entreprises industrielles. De 1950 à 1970, de grands ensembles de logements sociaux ont remplacé les usines souvent de manière brutale, créant de grandes enclaves monos fonctionnelles. Enfin, de 1973 à 1974, les abattoirs et les marchés aux bestiaux sont transférés à Rungis. Une nouvelle vague d’urbanisation s’opère alors donnant lieu à une réorganisation du tissu urbain. Les abattoirs de la Villette sont transformés en parc urbain, la Cité de la musique et le Conservatoire y sont installés. Et plus récemment y a été édifié la philharmonie de Paris. La rue de Flandre est par ailleurs élargie et les alignements de rue y sont rectifiés. C’est ainsi dans ce contexte urbanistique de création de nombreux logements et de quelques immeubles de bureaux, la modernisation des équipements que le projet de la crèche quai de L’Oise se situe.

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Avant le lancement du projet, le terrain avait la vocation d’un jardin partagé.

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C’est en 2012 que la ville de Paris lance un concours pour redynamiser le secteur Ourcq-Jaurès dans lequel s’inscrivent plusieurs opérations, dont la crèche. Identification d’une demande sociale ?

Le 19e arrondissement de Paris possède une forte population de jeunes de moins de 20 ans (un quart de sa population). Les enfants âgés de moins de 15 ans représentent près de 20 % de la population du quartier, contre 14,5 % environ dans Paris. Comprise entre l’avenue Jaurès et le canal de l’Ourcq, cette opération de taille réduite était pourtant à la croisée de plusieurs problématiques fortes d’aménagement. De la résorption de l’habitat insalubre à la diversification de l’offre de logements, en passant par les questions de redynamisation économique, le secteur Ourcq-Jaurès dans lequel se situe la crèche apparaissait comme un terrain d’expérimentation à l’échelle d’une rue parisienne.

A C T

Maîtrise d’ouvrage

Ville de Paris : Direction du patrimoine et de l'Architecture

Maîtrise d’œuvre

Agence VEA architectes-urbanistes

Destinataires du projet

Habitants du quartier possédant des enfants en bas âge.

Autres partenaires officiels (liés par un contrat)

Bureau d'études technique fluides : CTH

E U R S

Bureau d'études techniques Haute Qualité Environnementale : Transfaire Bagot Construction

Partenaires non officiels (collaboration ou participation, non contractuelle)

C O

/

Type de commande

Commande publique

Contexte de la commande

La commande a été sujette à un concours, qui s’est clôturé en mai 2012, lancé par Magania Hélène au nom de la ville de Paris. La ville a alors 9

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M M A N D

(politique publique éventuelle, évolution sociale faisant émerger le programme de l’opération ?)

adopté depuis 2001 un maire de gauche : Bertrand Delanoë. Celui-ci mène une politique de construction de crèche dès 2002, après avoir découvert qu’un enfant sur trois ne bénéficiait pas de garde financée par les pouvoir publique. Il s’est engagé lors de ses deux mandats successifs à créer 4000 places de crèche supplémentaire.

Cadre réglementaire

Répond aux normes mises en place dans le plan Climat de la Ville de Paris ; aux réglementations thermiques de 2011 (RT 2011) et possède le label BBC en rapport à cette même réglementation.

Coût total du projet (si connu)

3 474 149 euros HT

Type de processus (“traditionnel”, conceptionréal., PPP)

Concours lancé par la ville de Paris

Phases principales

Voir dates clés

Dates clé

Lancement du concours : 9 septembre 2009

La crèche Quai de l’Oise en crée 66.

E

P R O C E S S U

Première sélection : 30 novembre 2009

S

Sélection finale : 3 mai 2010 Dépôt du permis de construire : 28 juillet 2011 Début du chantier : 2 mai 2012 Livraison du bâtiment : 24 juillet 2013

A

Inclut-il une phase de participation ou concertation ?

Non

Missions attribuées à l’architecte

Complète de type MOP

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Le projet : Le projet de la crèche quai de l’Oise s’inscrit dans l’aménagement par la SEMAVIP du secteur Ourcq Jaurès. La parcelle choisie est inscrite au PLU comme une parcelle réservée aux équipement publics. Cela est dû à sa forme complexe à aménager. Avant le projet, le site était occupé par un jardin partagé, qui a été déplacé dans un autre endroit de la zone d’aménagement

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Le projet s’inscrit également dans le deuxième mandat de Bertrand Delanoë, comme dit précédemment. Celui-ci avait été élu en partie pour ses promesses de créations de places de crèches, qu’il avait déjà promises et réalisées lors de son premier mandat. Comme dit précédemment, la parcelle sur laquelle se situe la crèche est spéciale : sa forme est peu praticable et les changements de niveaux sont importants (6 mètres de différence entre le point le plus bas et le point le plus haut).

L'édifice retenu par le jury du concours joue avec ces changements importants, et s’en sert pour camoufler les pièces de service du bâtiment. Le sous-sol, se situe au niveau du quai de l’Oise. La texture extérieure de ce niveau est différente : un mur de pierre. Cette différenciation de texture permet de se rendre compte des différences de niveaux : le mur de pierre fait le tour du bâtiment jusqu’à disparaitre rue de l’Ourcq, car le niveau du sol dépasse celui du sous-sol.

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Le rez-de-chaussée et le premier niveau sont dédiés à la crèche. Celle-ci doit accueillir trois sections : petite, moyenne, grand. Un espace développement à la motricité ainsi que de grands jardins sont à la disposition des enfants et du personnel. Le deuxième étage est constitué d’un logement et d’une grande terrasse accessible uniquement aux enfants et à leurs encadrants.

L’intégralité des documents graphiques se retrouvent en annexe dans le A0 de rendu de concours. 13 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


La crèche du quai du de l’Oise est une commande de la Direction de la Famille et de la Petite Enfance (DPFE) à la Direction de la Construction Publique et de l’Architecture (DCPA), le service de maîtrise d’ouvrage de la ville de Paris. La DCPA a alors fait une étude de site et suite à plusieurs étapes d’échanges avec la DPFE, qui seront détaillées par la suite, un concours de maîtrise d’œuvre a été lancé. Les différentes phases du concours ainsi que les différentes réponses qui ont été proposées feront l’objet de la prochaine partie. Le bâtiment résultant des différentes étapes de conception répond à plusieurs exigences. Tout d’abord, cette crèche a été conçue lors de la mise en place du plan Climat, et devait être un projet exemplaire sur ce point-là. Pour respecter le plan climat, le bâtiment doit avoir sa consommation conventionnelle Cep inférieure à 50 kWhEP/m2. Le projet était sujet à une règlementation thermique anticipant la RT2010. Il devait se rapprocher le plus possible des bâtiments passifs De plus le projet devait intégrer des espaces verts. L’intégration des espaces verts est “ pour compenser son implantation sur ce site” qui jusqu’à présent “constitue un espace végétal” (extrait de l’analyse du site - DPA). Une autre exigence était de créer un “bâtiment qui produit plus qu’il ne consomme”, comme nous le dit l’architecte en charge du projet dans l’entretien qu’il nous a accordé (situé en annexe).

Pour répondre toutes ces caractéristique énergétiques, le bâtiment a été isolé par l’extérieur et possède un système de refroidissement naturel caché par les panneaux de bois. Le bâtiment peut ainsi être ventilé la nuit pour perdre le trop plein de chaleur accumulé pendant les périodes estivales, ajoutés à la chaleur humaine des enfants. Le bâtiment est aussi muni de panneaux solaires.

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Frise chronologique

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Le concours et la maîtrise d’ouvrage : Avant d’exposer les différentes étapes du concours, il convient d’en expliciter le commanditaire : la maîtrise d’ouvrage.

La maîtrise d’ouvrage : La ville de Paris possède un statut spécial en France. Cette ville, comme certaines autres, possède à la fois des mairies d’arrondissement et une mairie centrale. La mairie de paris est divisée en plusieurs pôles gérant les différents aspects de la ville. La ville est également le maître d’ouvrage le plus actif de l’Ile de France. Dans le cas de la crèche du quai de l’Oise, la maîtrise d’ouvrage se compose de deux acteurs : la DFPE et la DCPA. La DCPA est le maître d’ouvrage délégué : la direction en charge de la petite enfance a demandé à celle en charge des constructions de procéder à la mission de maîtrise d’ouvrage.

La Direction de la famille et de l’enfance La Direction de la Famille et de la Petite Enfance (DFPE) s’occupe, comme son nom l’indique, de tout ce qui touche aux affaires familiales dans la commune de Paris. C’est elle qui commande et gère les bâtiments publics dédiés à la jeunesse, plus particulièrement les crèches et écoles maternelles. Sous la mandature de Delanoë, la DFPE a commandé la crèche quai de l’Oise. Pour effectuer la commande, ce pôle de la mairie a dû créer un cahier des charges et définir un lieu d’implantation.

La Direction des Constructions Publiques et de l’Architecture Le Direction des Constructions Publiques et de l’Architecture est la direction référente au bâtiment de la ville de Paris. Elle a pour principales missions d’optimiser la gestion du patrimoine, de promouvoir les bâtiments durables et de maitriser la réalisation des bâtiments. La DCPA gère près de 5 000 000 de mètres carrés en région parisienne, comprenant les bibliothèques, crèches, écoles primaires, maternelles, collèges, piscines ainsi que les gymnases. La DCPA est un maitre d’ouvrage délégué : elle reçoit les commandes des autres directions de la ville et en assure la maitrise d’ouvrage. Le cahier des charges est préétabli en amont de la demande et la DCPA est chargée de l’adapter au terrain. La DCPA s’occupe également de faire des analyses et études de sites.

L’élaboration du cahier des charges Lors de sa commande de crèche, la DPFE a fourni à la DCPA un cahier des charges type d’une crèche collective parisienne. La DCPA a ensuite étudié le cahier des charges et l’a modifié pour le rendre utilisable sur la parcelle triangulaire du quai de l’Oise. Une approbation de ce nouveau cahier des charges a ensuite été voté à la Ville de Paris avant que le projet ne soit vraiment lancé.

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Avant le lancement du concours, le service d’étude d’architecture de la ville - à l’époque l’AEA, aujourd’hui le SAMO (service de l’architecture et de la maitrise d’ouvrage) a fait une étude de site. L’étude comprend une étude des sols, des relevés du terrain et de ses altimétries, des photographies du site ainsi que l’identification des contraintes et atouts du site.

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Schéma des actions entre les différents acteurs de la maitrise d’ouvrage :

DFPE Commande le bâtiment

Etablissement du cahier des charges

Prend part

DCPA Jury

Sélectionne le lauréat

Concours

Utilise

Crèche

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Le concours Le batiment de la crèche quai de l’Oise a été sujet à un concours lancé par la DCPA le 9 septembre 2009. Ce concours répond à la loi européenne sur les concours d’architecture définissant que pour tout projet au-dessus de 135000 euros, un concours de maîtrise d’œuvre est requis.

Ce concours défini dès le premier article de son règlement le type de mission dont la maitrise d’œuvre devra s’acquitter : “ARTICLE 1 – OBJET DU CONCOURS : La Ville de Paris organise un concours de maîtrise d’œuvre, en vue de choisir une équipe de maîtrise d’œuvre qui sera chargée de la conception et du suivi de la réalisation de l'opération suivante : Construction d’une crèche collective de 66 places avec un logement de fonction 11 Quai de l’Oise – Paris 19ème. Il sera passé avec l’équipe de concepteurs retenue un marché de maîtrise d’œuvre comprenant une mission de base complète de maîtrise d’œuvre, domaine bâtiment construction neuve (conformément au décret n°93-1268 du 29 novembre 1993 mentionnée au C.C.A.P. de la présente consultation). “

Le concours a eu plusieurs sélections : la première s’est faite sur la base de références et la composition des équipes de maîtrise d’œuvre. Cette première phase reçoit en moyenne 200 dossiers à Paris. Les références ont un rôle très important dans la sélection des candidats : sans références d’équipements publics ou de bâtiments dédiés à la petite enfance, les chances d’être sélectionné pour ce concours étaient quasiment nulle. Cependant, on peut noter que la Ville de Paris a pour habitude depuis quelques années de prendre des architectes juniors en phase de sélection finale, pour donner une chance à ceux qui n’ont pas encore de références et qu’ils puissent donc s’en faire. La première phase de sélection a donc conduit à la sélection de cinq équipes candidates : • Agence GRIFO Architectes urbanistes (qui a changé de nom depuis pour VEA architecture) • NZ Architecture • François Cohen – Anne Pouillard • Atelier Fernandez et Serres • Atelier d’architecture et d’urbanisme Marjolin Boudry et Pierre Boudry Par la suite, une esquisse a été demandé à chaque candidat, en laissant un délai d’environ 4 mois. Cette esquisse constituera leur rendu de concours. Des documents graphiques ainsi qu’un texte est demandé à chacun des candidats. Ce texte est une note d’intention générale de l’architecture qu’ils veulent mettre en place.

Chaque projet est proposé à un jury anonymement pour éviter toutes faveurs. Chaque projet est analysé par une commission technique ainsi que par l’équipe des services d’architectures avant de passer devant le jury. Un membre du service est chargé de présenter les différents projets et de rapporter ce qu’en pense les différentes commissions, c’était entre autres le rôle de Rivière Blanche que nous avons pu interviewer.

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La Commission Technique s’est réunie le 15 avril 2010. Elle se composait notamment de : • un représentant de Prévention Consultants, A.M.O. HQE de la maîtrise d’ouvrage, • un représentant de ICE, A.M.O. énergie de la maîtrise d’ouvrage, • un représentant de la SEMAVIP, • un représentant de ECO-CITES, AMO HQE de la SEMAVIP, • un représentant du cabinet DRUENNE, architecte coordonnateur du secteur, Des représentants des services et des directions de la Ville de Paris suivants : • Direction du Patrimoine et de l’Architecture, ACOP et STEGC • Direction des Familles et de la Petite Enfance, Bureau des Travaux et de la Programmation • Direction de l’Urbanisme, Sous-Direction du Permis de Construire et du Paysage de la Rue Par ailleurs, les services culturels de l’Etat ont été consultés Le jury était composé quant à lui de : • Président du jury : l’Adjoint au Maire de Paris, chargée de la petite enfance • 5 Membres élus désignés par le Conseil de Paris, ou leurs représentants • 3 personnalités désignées : Direction du Patrimoine et de l’Architecture Direction des Familles et de la Petite Enfance Représentante associative • 5 architectes, personnalités qualifiées • Assistent également aux délibérations du jury Un représentant de la Recette Générale des Finances Un représentant de la Direction Départementale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.

Jury

Architectes

Elus

Personnes compétentes

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Le jury vote pour le projet qu’il trouve le plus pertinent à partir des critères suivants : -1 : Pertinence de la réponse architecturale au programme de l’opération et de son insertion urbaine dans le site : Pondération : 50 % -2 : Pertinence du projet proposé d’un point de vue fonctionnel, technique et réglementaire : Pondération : 30 % -3 : Pertinence du choix proposé par le candidat au regard de la qualité architecturale et de la performance économique appréciée par rapport au budget maximal indiqué : Pondération 20 % Chaque membre du jury reçoit deux semaines avant le vote un dossier récapitulatif de chaque projet, contenant tous les documents fournis par la maîtrise d’œuvre ainsi que les avis de la commission technique et de la DCPA sur chaque point des projets. Ces derniers avis permettent aux jurys qui le désire de comprendre les enjeux de chaque projet sans avoir à lire l'intégralité du dossier. Voici les différents projets proposés par les cinq candidats. Nous ne faisons que montrer les perspectives d’insertion dans le site afin de n’avoir qu’une idée de ce qu’aurait pu être le quai de l’Oise, sans aller dans une analyse de chaque projet. Une synthèse des différents projets effectuée par la DCPA à l’occasion du jury de concours est disponible en annexe

Projet A

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Projet B

Projet C

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Projet D

Projet E

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La maîtrise d’œuvre Le concours a été remporté par l’équipe de maîtrise d’œuvre de l’Agence GRIFO Architectes urbanistes, aujourd’hui appelé VEA architecture suite à une sombre histoire. L’équipe est composée de : • • •

L’agence d’architecture VEA architecture, dont les architectes principaux du projet de la crèche sont Julien Fortier Durand et Ignace Grifo Bureau d’étude technique haute qualité environnementale : Transfaire Bureau d’étude technique fluide : CTH

Nous nous intéresserons particulièrement au rôle de l’agence. L’agence d’architecture VEA est installée à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, depuis sa création en 1986 par Ignace GRIFO. Désormais dirigée depuis plusieurs années par Julien FORTIER-DURAND, architecte DPLG, elle possède une grande expérience aussi bien dans le domaine des équipements publics qu’en matière de logements et d’urbanisme. Sur le Marché de la maîtrise d’œuvre en Ile-de-France, L’agence VEA compte parmi les 4000 agences d’architecture. Cette PME est composé d’une équipe de 6-7 personnes. L’agence fait un chiffre d’affaire annuel de 700000 euros. Elle mène des activités variées allant du chantier à la conception architecturale portant sur le logement social et les équipements publics.

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L’agence VEA effectue des commandes très diverses allant des équipements publics aux logements sociaux. Pour assurer cette diversité et maintenir ainsi une flexibilité sur le marché elle entretient un lien avec de nombreux partenaires. Cela lui permet de répondre à une demande architecturale variée en passant du logement, aux équipements publics et aux projets urbains. Elle gagne ainsi en capital intellectuel mais aussi en temps et en coût, puisqu’elle n’a pas besoin de consacrer son temps à certaines tâches. Sa capacité à innover est alors augmentée.

L’agence VEA dispose de partenaires spécifiques pour la réalisation de ses projets. Elle dispose de partenariats concernant la représentation finale du projet composés de deux maquettistes, de deux agences spécialisées dans la perspective, et de trois photographes. Bien que l’agence ait une approche urbaine dans la réalisation de ses projets elle recourt à des partenaires spécialisés dans le domaine du paysage. On en compte cinq : agence TER, SLG paysage, Traitvert, Verlatitude et Christophe Gautrand et associés. Elle bénéficie aussi de partenaires acousticiens : ABC Décibel, Jean Paul Lamoureux et Via Sonora. Ces derniers sont nécessaires puisqu’ils assurent l’isolation acoustique du projet concerné et sa mise en conformité avec la réglementation. Pour répondre au mieux au cahier des charges lors de la réalisation de ses projets elle fait appel à des économistes de la construction. Ces derniers sont présents en amont et durant tout le chantier. Ils chiffrent l’ensemble des coûts, puis vérifient que ceux-ci respectent le cahier des charges. Ils assurent ainsi une mission de conseil auprès du maître d’œuvre. 25 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


DJ AMO, François Gandon, Loizillon Ingénieurie et MEBI sont les partenaires de l’agence VEA. L’agence ETC Philippe Massé est un partenaire important dans la réalisation de projet urbain. Elle apporte une nouvelle approche de travail. Elle se base en effet sur l’expertise des modes de déplacements pour proposer à l’agence VEA une meilleure cohérence entre l’aménagement, l’urbanisme et la mobilité tant à l’échelle locale que globale.

L’agence VEA est par ailleurs en lien avec l’institution de l’ordre des architectes. Celle-ci assure une sécurité à l’agence. L'Ordre a en effet pour missions d'assurer la tenue du tableau régional des architectes et de veiller à la protection du titre d’architecte ; de garantir le respect des règles déontologiques et de la discipline des architectes et sociétés d’architecture ; de procéder au contrôle des formes juridiques et des modalités d’exercice de la profession, notamment en matière d’assurance civile professionnelle obligatoire.

Lors de ce projet, l’agence VEA s’est associée avec différents bureaux BET : • • •

Le bureau d’étude technique de fluide qui porte son travail sur la construction et l’aménagement d’espaces. Le BET environnement durable, Transfaire qui porte son activité sur l’énergie renouvelable thermique. Le BET -CTH qui établit un diagnostic sur les fluides.

Elle s’est aussi associée aux architectes bâtiments de France pour intégrer le projet de la crèche dans son site urbain.

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Par ailleurs les honoraires ont été mis en accord lors du concours entre la Ville de Paris et la DPA (direction du Patrimoine et de l’architecture). Ils ont été fixés à 390 000 euro selon un ratio et un prorata. Cette somme a été ensuite partagées entre l’agence et ses partenaires (les BET). •

Schéma des relations entre les principaux acteurs de la maitrise d’œuvre

Coopération dans la création

BET CTH

BET Transfaire

Conception et suivi du chantier

Concours

Crèche GPA

Assurance

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Conclusion La crèche quai de l’Oise est un projet phare de l'aménagement du secteur Ourcq Jaurès. Il répond à de nombreuses réglementations innovantes telles que celle du plan climat mis en place par la ville de Paris. Son processus de réalisation met en relation deux acteurs majeurs. D’un côté, la maîtrise d’ouvrage est spécifique à ce projet de réalisation d’un équipement public. Elle est composée DCPA (direction des constructions publiques et de l’architecture) et aussi de la DFPE (Direction des familles et de la petite enfance) concernée par la réalisation d’une crèche dans le XIX° arrondissement de Paris. Ensemble, elles ont établi le programme et l'enveloppe budgétaire du projet, avant de lancer un concours d’appel à la maîtrise d’ouvrage. On note l’importance du rôle de la DCPA dans ce projet par son statut de maître d’ouvrage délégué. Elle a en effet lancé le concours, fait des études de site, présenté les différents projets aux jurys etc... De l’autre côté, la maîtrise d’œuvre est représentée par l’agence VEA architecture, lauréate du concours. Elle a assuré une mission d’architecte en tant que “maîtrise d’ouvrage publique” (MOP) du début à la fin. L’agence a conçu le bâtiment et suivi le chantier. Elle est par ailleurs responsable légalement des détériorations du bâtiments sur une période d’un an et quatre mois, qui est suivi par la garantie décennale dont se charge les assurances. La mise en place d’un concours d’architecture est donc un processus particulièrement long qui nécessite des échanges permanents entre la maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage, aussi bien lors de la sélection, que lors de la réalisation.

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Schéma des relations entre les acteurs – schéma de conclusion

Maitrise d’ouvrage Financement Utilisation

Cahier des charges Sélection des candidats

Crèche

Concours

Proposition d’un projet Conception

Lauréat

Utilisation

Chantier Garantie Maitrise d’œuvre

Familles avec enfants en bas âge

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Annexes

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Interview de l’architecte Julien Fortier-Durand L’entretien se dĂŠroule Ă l’agence VEA architecture situĂŠe Ă Ivry sur Seine. Notre interlocuteur est l’architecte de la crèche Quai de l’Oise. Il sera notĂŠ JFD dans cette interview. Nous serons notĂŠs N dans l’interview. N : Bonjour JFD : Bonjour, pourquoi avez-vous choisi ce bâtiment ? N : En fait on ĂŠtait dĂŠjĂ passĂŠ devant plusieurs fois comme on est Ă l’Êcole d’architecture de paris la villette qui est juste Ă cĂ´tĂŠ du canal‌ euh, des fois on passe Ă cĂ´tĂŠ du canal et on avait vu la crèche, comme c’Êtait un bâtiment qui ĂŠtait plutĂ´t neuf, enfin on n’a pas‌. Enfin comme on est Ă l’Êcole depuis l’annĂŠe dernière‌. La crèche ĂŠtait dĂŠjĂ lĂ , on savait pas de quand datait l’opĂŠration et on s’est dit : pourquoi ne pas‌ JFD : vous ĂŞtes en quelle annĂŠe d’architecture ? N : En deuxième‌ JFD : d’accord, bah ĂŠcoutez en tout cas avec plaisir si je peux vous expliquer le projet et les tenants aboutissants il n’y a pas de soucis. Peut-ĂŞtre que vous avez des questions particulières, ou est-ce que vous voulez que‌ N : Oui, mais si vous voulez nous prĂŠsenter votre projet d’abord allez-y ! JFD : Bon alors, il faut savoir que c’est une opĂŠration qu’on a euh, on a rĂŠpondu Ă un concours de maitrise d’œuvre qui a ĂŠtĂŠ lancĂŠ par la ville de paris et la direction de la petite enfance, euh, ça devait ĂŞtre aux alentours de 2010 si je ne me trompe pas, 2009-2010 et euh‌ Donc on a eu la chance de remporter le concours après le jury‌. Euh, le principe du projet c’Êtait euh‌. DĂŠjĂ on avait la chance d’avoir un projet situĂŠ dans une parcelle en triangle‌. Euh je vous ai fait ça je les ai imprimĂŠs pour vous - il nous tend des documents correspondant Ă l’affiche de rendu A0 disponible en annexe - justement c’est les panneaux A0 originaux au concours. Donc vous voyez en haut Ă droite sur le plan masse, on a la parcelle qui finalement est une parcelle un peu complexe, pas très grande, en triangle, qui a une diffĂŠrence d’altimĂŠtrie importante entre le quai en partie basse et puis la rue de l’Oise et la rue de l’Ourcq en partie haute, et puis elle fait surtout tĂŞte de pont puisqu’il y a le pont de l’Ourcq qui commence Ă cet endroit-lĂ . Donc il y a‌. C’est pour ça qu’elle est très intĂŠressante de ce point de vuelĂ . Donc on avait un programme qui a ĂŠtĂŠ fixĂŠ par la ville de paris. Donc la construction d’une crèche collective de 66 berceaux, un logement de fonction de 75đ?‘š2 et euh, des jardins et des cours pour les jeunes enfants. Et donc il fallait faire tout rentrer dans cette petite parcelle en sachant que voilĂ , euh, il y avait la gestion des flux parce qu’une crèche collective y’a un programme très spĂŠcifique avec une partie je dirais, de fonctionnement technique avec une cuisine‌ avec des ĂŠlĂŠments de locaux techniques pour la maintenance et pour les personnes de la communautĂŠ, justement, ĂŠducative‌ Et puis il y a toute la partie‌ ce qu’on appelle le pĂ´le enfance avec les‌ tout ce qui est sections. On a des sections petit, moyen, et grand sur les crèche donc euh, on a tant de lit pour les sections petit, tant de lit pour les sections moyen et tant de lit pour les sections grands. Et donc le logement de fonction qui ĂŠtait demandĂŠ dans le cas du programme‌ qu’on a dĂŠcidĂŠ de faire tout en haut. Donc voilĂ , ça c’est le programme, l’environnement, Ă partir de lĂ , la conception du projet finalement elle a ĂŠtĂŠ assez simple‌ DĂŠjĂ jouer sur les altimĂŠtries du site, on a 5m-5m50 de dĂŠnivelĂŠ entre la partie haute et la partie basse, donc comment gĂŠrer les diffĂŠrents accès, les flux, tous ces ĂŠlĂŠments‌ Deuxièmement

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faire finalement une sorte de signal urbain relativement fort puisqu’on est dans un cadre de ZAC, on est dans un projet de renouvellement urbain qui avait été porté par la SEMAVIP, la SEM d’aménagement de la ville de paris à l’époque…. Et euh, donc voilà, sur cette parcelle là… Elle est géniale cette parcelle, elle est face au canal, une vue super sur le canal, on est à côté du pont, on est à côté du parc de la villette… C’est un bâtiment qui est très visible, vous avez pu le constater de l’autre côté du canal vous le voyez…. Fin voilà il est un petit peu, ça fait un petit symbole, un petit bijou dans un cadre de projet urbain, de renouvellement urbain. Et puis il s’agissait d’en faire un équipement visible pour la ville, ouvert sur la ville, et en même temps un équipement qui s’insère au mieux dans le tissu avoisinant, et en particulier autour, vous avez vu surement les bâtiments HBM de Paris habitat qui étaient, qui sont réalisés, qui ont de l’être réalisés dans les années 30 avec de la vraie brique, avec des colories de couleurs chaudes, un petit peu chaud…. Donc voilà, il y avait un environnement qu’il fallait respecter, et les contraintes physiques et techniques du site. Donc tout de suite en fait la première chose qui m’est venue à l’esprit c’est faire un petit clin d’œil euh… justement à la jonction du canal et on a utilisé la métaphore du bateau amarré sur le quai pour développer notre projet. Donc c’est pour ça qu’on a le langage finalement, de la mer avec la proue du navire au-devant, la cabine de pilotage au-dessus et puis ce système de jardins suspendus qui permettent aux enfants d’avoir une vue pratiquement à 180° sur leur environnement. Donc c’est un peu cette idée, cette métaphore de bateau qui a permis à développer le projet, et donc on a en partie basse sur tout l’accès du quai, donc à zéro, toute la zone technique que vous voyez ici, avec les vestiaires, la cuisine, les locaux techniques, en bleu, la sustation, et sur la partie du re de chaussée haut, donc avec l’accès principal sur la rue de l’Ourcq… donc là vous avez l’entrée principale de la crèche qui se développe sur deux niveaux, avec au re de chaussée haut la petite section et les éléments de bureau administratifs pour la directrice et les locaux communs, avec la salle de motricité et au R+1 vous avez les deux sections moyen-petit, qui ont eux-mêmes un jardin, donc toutes les sections ont un jardin extérieur. Les petits ont un jardin à cet endroit-là, les moyens et les grands ils ont cette terrasse et l’ensemble des sections ont un jardin au dernier niveau qui se développe sur la toiture avec le logement. Mais tout ça s’est dissocié, il n’y a vraiment pas d’accès entre le logement et le jardin… donc c’est vraiment indépendant. N : Ah, il n’y a pas de fenêtre sur le jardin ? JFD : Exactement le logement donne sur le canal et sur la rue de l’Ourcq mais ne donne pas sur le jardin des enfants. Il faut savoir également que c’était un projet disons, pas emblématique… mais la ville de paris, c’était le début du plan climat, donc il y avait un objectif énergétique relativement élevé, donc il fallait faire un bâtiment qui produit plus qu’il ne consomme en réalité donc on est dans des exigences environnementales et thermiques très élevées… c’est pour ça qu’on a pris parti de faire un bâtiment isolé par l’extérieur, avec un bardage bois. Donc on est, tout l’ensemble de la crèche N : J’me demandais justement le bardage bois, on a l’impression qu’il est verni… JFD : c’est, alors ce n’est pas du vrai bois, c’est ce qu’on appelle le Fundermax, c’est une sorte de bois composite qui est beaucoup plus résistant que le vrai bois, qui est un petit peu moins cher également, mais ça permet d’avoir un matériau relativement résistant et qui a un aspect bois. Après au niveau colorimétrie, on a travaillé sur un triptyque, finalement trois coloris différents que vous avez constaté quand vous l’avez vu, pour pas avoir quelque chose de trop uniforme, justement pour donner un peu de profondeur aux façades et en même temps pour faire un clin d’œil aux bâtiments HBM qui étaient situés à proximité dont la colorimétrie se rapproche fortement. Donc voilà toujours dans cette optique d’insérer le bâtiment au mieux dans son quartier. Le choix du zinc, sur la cabine de pilotage, sur le logement de fonction finalement a été dicté un peu, par le symbole du toit parisien traité en zinc. Voilà, 32 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


tout ça pour dire que on a un peu soigné les détails pour essayer de retrouver cette écriture parisienne et l’insertion assez sympathique dans le site. Après pour revenir à l’aspect environnemental, donc on avait, encore une fois, des objectifs assez élevés donc il a fallu isoler par l’extérieur l’ensemble de la crèche. Il a fallu également réaliser des panneaux photovoltaïques en toiture. On avait même initialement des panneaux solaires qu’on a pu finalement supprimer… N : donc ils sont placés ? JFD : qui sont placés en fait, ils étaient initialement prévus pour le concours sur le toit mais qui ont été déplacés finalement au niveau du jardin pour des questions de maintenance tout simplement. Donc voilà, des objectifs assez élevés… des systèmes de récupération des eaux qui ont été mis en place… tous les éclairages ont été déjà réalisé en LED pour des économies d’Energie. On a aussi pris parti de faire un système, ce que j’appelle « Free cooling » qui permet au bâtiment de…. Par exemple pendant l’été vous laissez les fenêtres ouvertes pendant la nuit et puis ça diminue la température du bâtiment, et du coup le matin quand le personnel ouvre, bah ils n’ont pas un établissement qui est déjà chaud et ils crèvent de chaud à l’intérieur, surtout avec les petits. N : Du coup ça crée des courants d’air non ? JFD : Oui alors l’avantage c’est qu’on pouvait faire, vu qu’il est sur trois cotés…. Bah les courants d’air étaient très bénéfiques sur cet endroit-là. Par contre il a fallu jouer aussi avec l’aspect sécuritaire puisqu’on ne pouvait pas laisser les fenêtres ouvertes pendant la nuit. Donc on a perforé… si vous regardez attentivement les façades vous avez peut-être remarqué des panneaux de façade en bois qui sont perforés et à celle endroit-là c’est le système de free cooling qui se met en route. C’est-à-dire qu’il n’y a personne de l’extérieur qui peut y avoir accès mais l’intérieur, derrière ces panneaux perforés il y a un châssis qui s’ouvre en soufflet et qui permet à l’air froid de circuler sur l’établissement. Donc voilà donc ça c’est un… c’était le parti pris du concours, le concept du concours, donc euh, ça a plus à la ville de Paris, c’est pour ça qu’on a été désigné lauréats. Et puis une fois que le projet est gagné bah il a fallu concevoir…. Comme vous savez il y a plusieurs phases de conceptions…. Les dossiers APS, APD, permis de construire, dossier pro et euh, le dossier consultation des entreprises pour réaliser les appels d’offre. Donc je vous ai également montré, euh ramené le dossier permis de construire pour que vous puissiez un petit peu jeter un coup d’œil sur les documents de permis… J’ai également sorti les documents de consultation des entreprises pour que vous puissiez voir un petit peu les différentes phases du projet en étude et voir un petit peu les niveaux de détail en fonction de ces différences-là du projet. N : Du coup on avait des question…. Pour les dates on regardera là-dessus… Il y a plein de questions auquel vous avez répondu…. Quels ont été les différents acteurs dans le projet ? vous avez dit déjà la mairie de paris qui a fait le concours… JFD : Alors nous déjà en tant que maitre d’œuvre on est pas tout seul. Aujourd’hui on est souvent bien entouré, on a des bureaux d’étude, on a des économistes, on a tout une floppée de partenaires qui répondent ensemble à différentes opérations. Donc sur ce projet là on était associé au BET JLL, ex-CTH, qui s’occupait des fluides. Donc c’est nous-mêmes qui avons fait la structure et c’est nous même qui avons fait l’économie du projet en interne. Et on avait un BET environnement durable qui s’appelle Trans faire. Donc il nous a épaulé sur toutes les questions d’Energie renouvelable, thermique etc. Après de l’autre côté du miroir il y a la maitrise d’ouvrage, donc la ville de paris qui est finalement le financeur du projet. Faut savoir que sur paris, pour les crèches, il y a deux organes : il y a la ville de paris qui est représentée par la direction du patrimoine et de l’architecture. C’est eux qui lancent tous les projets 33 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


au sein de la commune donc euh, vous avez les crèches, vous avez les collèges, vous avez les lycées, vous avez également les piscines…. Tout ce genre d’équipement… Les centres sociaux… Et de l’autre côté vous avez la direction de la petite enfance, de la famille et de la petite enfance qui est lui finalement le maitre d’ouvrage utilisateur. Ce n’est pas celui qui paye mais c’est celui qui va utiliser les lieux, et donc c’est eux qui donnent les programmes. Donc ils travaillent finalement main dans la main ensemble pour développer un programme commun, et ensuite c’est pour ça qu’ils lancent le concours pour un cahier des charges défini à l’avance avec un chaque fois une fonction bien définie pour chaque salle etc… donc voilà, et ce maitre d’ouvrage généralement est épaulé par des AMO, quoique sur cette opération on a pas eu beaucoup d’assistant à maitrise d’ouvrage, les AMO c’est assistance à maitrise d’ouvrage, qui permettent d’avoir des compétences en plus pour les épauler dans les choix stratégiques qu’il y a faire mais…. Donc voilà, d’un côté la direction du patrimoine et de l’architecture avec la direction de la famille et de la petite enfance, coté maitrise d’ouvrage, et coté maitrise d’œuvre c’est nous tout simplement. N : Et par exemple, quand vous avez travaillé avec les BET c’est vous qui les aviez choisis ? JFD : Tout à fait. Généralement c’est…. Quasiment dans tous les cas de figures c’est l’architecte qui choisit ses BE N : C’est, par exemple…. Vous travaillez souvent avec eux ? JFD : Tout à fait. Le partenariat… pourquoi on choisit des BET avec lesquels on a l’habitude de travailler ; tout simplement parce qu’on a des réflexes. On les connait, on connait les gens, on connait les activités, on connait leur façon de travailler etc… et c’est beaucoup plus facile que de travailler avec un BET qu’on connait pas et qu’on ne connait pas la réactivité, ce genre de choses… Après ça ne veut pas dire qu’on travaille tout le temps avec les mêmes personnes mais disons qu’on a certaines habitudes et ça permet à chaque fois d’avoir des allers-retours relativement efficaces entre nous. N : Donc, par exemple, dans ce cas-là, quand la mairie de paris… fin vous avez participé au concours, eux ils étaient aussi impliqués dedans, donc est-ce que quand vous avez remporté le prix, enfin le concours, la mairie de paris finance aussi les BET ? JFD : Euh, alors ça c’est des questions de… je dirais administratives, contractuelles, juridiques… ça c’est le marché de maitrise d’œuvre… C’est-à-dire quand nous on rend un concours, on rend un projet, et on rend une offre de prix. C’est nos honoraires. Et dans ces honoraires, c’est les honoraires de la maitrise d’œuvre, et quand on parle maitrise d’œuvre, c’est l’archi, le BET fluide et le BET HUE. Donc voilà sur un projet, ce projet là il a couté 3 millions, 3 millions 4, euh, on avait peut-être 390 000 euros d’honoraires, de mémoires à peu près ; et donc dans ces 390 000 euros d’honoraires, il y en a une partie pour l’architecte, une partie pour le BE et une partie pour le BET HUE., selon un ratio et un prorata sur lequel on se met d’accord lors du concours. Parce qu’après, une fois qu’on est d’accord on arrête et on rend l’offre. Donc il n’y a plus moyen de bouger les prix. Donc en fait la ville de Paris, la DPA paye à la fois nous, mais le BET etc. N : Et euh, au sein de l’agence, pour la répartition du travail c’est juste vous qui avez fait le concours ou vous étiez plusieurs à travailler ? JFD : En interne dans l’agence, bah c’est …. Généralement c’est toute l’agence qui travaille… Bon nous on est une agence qui est pas une très grande agence, on est 6-7 personnes à l’agence et souvent quand on fait des concours, tout le monde c’est… c’est comme une ruche… tout le monde travaille sur le même sujet pendant un mois à fond et puis voilà. Et après une fois qu’on a gagné le concours, il y a 34 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


un chef de projet qui est désigné et qui travaille spécialement sur cette opération, normalement du début jusqu’à la fin. N : Et quand vous faites… vous vous répartissez le travail, c’est chacun qui est spécialisé ? JFD : Pas du tout. Dans …. J’évite les spécialités, c’est assez rédhibitoire et c’est assez restrictif. Alors l’avantage des structures moyennes comme la nôtre c’est que les architectes juniors qui travaillent ils font tout. ON fait du chantier, on fait de la conception, on fait des concours on fait tout… ET bien qu’il y ait des projets qui sont dédiés à un chef de projet et tout ça et bah voilà… l’avantage c’est qu’on a un panel qui est relativement large et qui permet de pas être une personne qui arrive, ou un jeune HMO qui fait juste sur un projet, qui ne bouge pas de son projet etc… N : Oui c’est vrai parce qu’après on comprend moins ce qu’il se passe… JFD : Ah oui pour les jeunes c’est moins formateur, parce que si vous êtes juste sur un truc, sur un dossier et que vous ne pouvez pas en sortir, forcement vous tournez en rond. Alors que moi je n’ai pas la même vision de la chose… Après ça dépend aussi la taille des agences. Plus l’agence est grande, et plus le système est pyramidal et plus les gens sont concentrés sur certaines tâches. L’avantage des structures moyennes c’est que tout le monde peut faire un peu tout. ET ça après, c’est du management, chacun fait un peu ce qu’il veut… Mais c’est plus facile avec des structures moyennes, qu’avec des grosses structures de 50-60 personnes. N : Est-ce que vous avez eu une étape où vous avez discuté avec des associations locales et tout ça pour la crèche. JFD : Mmm, non il n’y a pas eu d’échange avec des associations locales tout simplement parce que la ville de paris avait plus ou moins bordé son projet en amont, avant de lancer le concours… La seule chose qui existait sur place c’est qu’avant la construction de cet équipement, il y avait un grand jardin partagé. Avant que ça se construise, donc c’était en 2011-2012, il y avait un grand trou béant, il y avait quelques murs d’enceinte qui étaient liés à une ancienne activité, et les gens s’étaient appropriés l’espace pour en faire un jardin partagé…. Et la ville de paris avait conclu un accord avec ces gens-là pour pouvoir les déplacer dans un autre endroit pour pouvoir faire d’autres jardins partagés etc… Donc on n’a pas eu trop de soucis, j’pense qu’il y a eu un consensus sur le projet avec tout cet aspect de jardin puisqu’on a restitué finalement, sur une parcelle qui est un peu petite pas mal d’élément végétaux sur la parcelle, donc euh voilà… Il y a quand même eu un consensus du côté de la maitrise d’ouvrage… et c’est vrai que ce travail avec des associations, il peut être monté… mais en général les associations doivent être soit associé en amont, soit après… Et là ça a été le cas avant le projet et pas pendant le projet… Au moins nous on n’a pas trop perdu de temps sur des échanges avec eux potentiellement… N : On avait une question sur les étapes… euh non, une question sur comment s’est déroulé la sélection du concours parce que vous avez dit que vous avez été pris, mais il a peut-être eu plusieurs étapes… JFD : Oui, alors c’est assez complexe les concours… Faut savoir qu’en ile de France il y a 400 agences d’architecture, et donc quand un maitre d’ouvrage lance un concours, vous avez souvent 200 agences minimum qui répondent à l’appel d’offre… donc il y a vraiment une concurrence assez élevée dans notre métier. Donc nous quand on a répondu à cette candidature, on a fait un dossier de candidature… On s’est associé avec notre groupement de BET, on a écrit une lettre de motivation etc. Et donc on a été sélectionné parmi 5 candidats sur les 200 plis qui ont été transmis à la ville de paris. Et le choix il se fait du côté de la ville de paris… donc il y a des critères : les références évidement… puisqu’on avait 35 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


déjà fait des équipements publics, avant, avec la ville de Paris… On avait déjà restructuré une crèche dans le XXème arrondissement rue de la réunion. Donc on avait déjà travaillé avec eux… On avait fait aussi une école, qui est aussi à côté de l’école de la villette, d’architecture, rue Archereau, donc c’est une école élémentaire qui est plutôt de la restructuration… on a repris un bâtiment existant et on a refait une façade en terre cuite… Et on a aussi des références de collèges…. On a fait aussi des petits équipement publics etc…. Donc la première chose bien sur ce sont les références. Les maitres d’ouvrages, la ville de paris, sélectionne ceux qui ont de bâtiments publics, c’est pour ça que c’est quand même assez dur pour les jeunes archis qui ont aucune références de… pour concevoir au début, c’est un peu comme si vous rentrez dans une boite de nuit et que le videur vous dit « vous êtes pas un habitué », bah c’est la même chose… donc… sauf que ces dernières années la ville de paris a fait des efforts et donne de plus en plus de… fait de plus en plus confiance à de jeunes équipes donc dans les 5 candidats, ils prennent souvent une ou deux équipes d’architectes juniors qui ont pas spécialement de références pour leur permettre justement d’avoir des références. Donc ça c’est plutôt intéressant… Malheureusement il n’y a pas que la ville de paris qui… Il n’y a pas beaucoup d’autres maitres d’ouvrages que la ville de paris qui le fait, mais bon voilà il y a une politique je dirais assez juste de la ville par rapport à ça. Donc voilà après les autres critères c’est le fonctionnement, et ça c’est un élément important parce que ce n’est pas que l’image, L’image c’est comme si vous achetez une voiture, c’est la même chose, vous avez la carrosserie, la tête de la voiture, la gueule de la voiture, mais si vous achetez une Ferrari et que vous avez un moteur de deux chevaux dedans vous allez pas aller loin. Donc le fonctionnement c’est une donnée vraiment très importante, presque plus que l’écriture architecturale. C’est le fonctionnement du projet qui permet de gagner. Et si vous faites un fonctionnement du tonnerre, vous avez 80% de chances de gagner un concours. N : Donc là dans ce cas-là le fonctionnement… JFD : Le fonctionnement a été apprécié unanimement par la ville de paris et par la direction de la petite enfance…. C’est pour ça qu’on a gagné. N : Mais c’était le fonctionnement lié… JFD : A la distribution des salles, l’ergonomie des salles, euh… la dissociation des pôles, les flux verticaux…. Tous ces éléments là ce sont des choses importantes… Ça c’est important que vous le sachiez, c’est que le fonctionnement c’est une donnée que voilà, on ne peut pas ignorer et pour gagner des concours faut que… mais même en logement, que ce soit en logement ou pour des équipements publics il faut que le fonctionnement soit tip top… qu’il marche du tonnerre. Après vous avez fait un grand pas. Une fois que le fonctionnement est… ares vous pouvez faire des façades en brique, des façades en cuivre des façades en bois, ça c’est de la carrosserie je dirais… mais l’architecture c’est pas que de la carrosserie, c’est également tout le fonctionnement interne…. N : Alors euh, comment vous situeriez l’agence sur le marché de l’architecture ? JFD : Ça c’est une question, une question large… En ile de France, on a la chance d’avoir un marché qui est assez dynamique, dynamique comme une grande grande ville de France, en province…. Il y a pas mal de travail, après je vous dit, tout dépend de la taille de l’agence… Vous ne raisonnez pas de la même manière si vous êtes 50 que si vous êtes comme nous, 6 ou 7 architectes… après nous nos références come je vous l’ai expliqué en préambule, c’est du logement social, on construit beaucoup de logements sociaux, on construit beaucoup pour des bailleurs sociaux, et on fait des concours de maitrise d’ouvrage public… Tous les panneaux que vous voyez là c’est les concours qu’on a fait ces trois quatre, dernières années… des équipements et de l’urbanisme… donc voilà on a trois cordes à notre 36 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


arc : logement, équipement public et urbanisme… Donc déjà voilà, sur nos références on a pas mal de références sur ces trois éléments, ce qui nous permet de répondre régulièrement à des candidatures et des marchés d’appel d’offre public sur ces opérations. Après voilà… 6-7 personnes, on fait un chiffre d’affaire annuel de 700 000 euros. On a des maitres d’ouvrages avec lesquels on a l’habitude de travailler parce que voilà… y’a pas que client… on n’a pas que l’aspect client, on est aussi plutôt partenaire. Quand il y a des sujets on a aussi notre audit qu’on fait nous… On a toujours un rapport à l’urbanisme qui est assez important… c’est-à-dire qu’on ne fait pas l’objet, juste l’objet architectural… on pense au-delà de l’objet, on pense à l’intégration urbaine, a l’intégration dans le quartier, et tous les projets que vous voyez… qu’on a fait ces dernières années, ils ont toujours eu, avant de penser l’architecture, toujours eu une réflexion urbaine… Et c’est ce qui a permis aussi de nous faire un nom, que les maitres d’ouvrages apprécient notre analyse, nos réponses, parce que on apporte parois un petit peu plus que le programme. Le concours qu’on a fait pour Batigère que vous voyez tout en bas à gauche là, le bâtiment en briques rouges… vous voyez le plan masse ; bah on a proposé carrément un petit projet urbain dans un foncier qui appartenait à Batigère qui n’est pas spécialement le programme demandé, mais le maitre d’ouvrage a eu… on leur a proposé une vision à long terme, un vision sur les 50 prochaines années avec la réalisation du jardin partagé, des zones piétonnes etc… et indépendamment de l’architecture, parce que encore une fois le gout et les couleurs, ça plait ou ça plait pas, on a donné une réponse qui faisait l’unanimité vis-à-vis de la ville et vis-à-vis de la maitrise d’ouvrage… et sur toutes nos opérations voilà, on a ce côté de recherche urbaine, d’intégration urbaine, comme par exemple ici, à ville abbé, on a fait un concours de 135 logements par maitre d’ouvrage sur une parcelle qui était quand même pas très grande et ou on était limité en hauteur et fallait intégrer urbaine ment tout cet ensemble urbain au sein de la ville. Donc à chaque fois nos réponses sont toujours orientées par l’analyse urbaine qu’on fait du site. Donc c’est ça qui plait au client. Bon après je ne sais pas si j’ai répondu à votre question, c’était plutôt large, mais la question elle-même m’interpellait…. N : Bah c’était sur le marché, c’était au début comment vous vous situez sur le marché concurrentiel ? c’est-à-dire s’il y a d’autres agences qui sont un frein à votre développement ou… JFD : Non, on ne pense pas à leur travail… on pense à notre travail. Faut pas penser aux autres, jamais… Non, sinon vous n’avancez pas. Bien sûr qu’il y a d’autres architectes qui sont doué, qui ont des qualités, qui font aussi exactement comme nous faisons, mais chaque cabinet a ses habitudes, a ses qualités et ses défauts même… on n’est pas parfait… Mais si on tisse des liens avec les clients, et puis… voilà…. On essaye d’apporter la réponse la plus pertinente… Alors des fois il y en a des plus pertinents que nous, mais ça c’est la loi du marché. N : Par exemple, les grandes agences ont plutôt moins de flexibilité par rapport aux PME, les PME s’adaptent plus… JFD : Tout à fait, ça c’est vrai. Bah, le problème des grosses agences comme des gros BET c’est que, plus vous êtes nombreux, plus c’est difficile de bouger les choses. C’est-à-dire que vous avez un fonctionnement encore une fois pyramidal donc si vous demandez quelque chose il faut avoir l’accord de ça faut qu’il bouge ça, faut qu’il bouge ça et finalement le petit ingénieur tout en bas, bas il va faire les travaux, mais s’il a déjà une pile de travail… bah vous pouvez attendre trois semaines avant d’avoir une réponse. Alors que quand on est une petite agence de 6-7 personnes, j’passe un coup de téléphone, j’dis tout de suite a telle personne, puisqu’elle peut travailler sur tous les projets, de faire la modification, et la modification on l’a sous 48h. c’est ça la flexibilité en fait. Mais c’est propice aussi aux petites structures… je sais qu’il y a des grosses structures qui essayent d’améliorer leur 37 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


management pour essayer justement d’améliorer cette flexibilité…. Mais plus l’agence, plus la société est grosse, plus c’est difficile… et plus faut mettre des outils un petit peu perfectionné pour pouvoir y arriver. Et généralement c’est très délicat. Non on offre une flexibilité, c’est l’avantage. Après si on passe les 20 personnes c’est un peu plus compliqué. N : Après… ah non ça on l’a fait… En fait vous avez répondu à nos questions sans qu’on les demande…. Euh, bah en fait vous avez répondu à toutes nos questions…. Parce que on travaille sur comment le projet a fonctionné mais d’un point de vue plutôt social au sein de l’agence… Fin vous aviez répondu, mais comment le projet fonctionne entre les différents acteurs…. On ne fait pas une recherche sur quel matériau vous avez utilisé… fin c’est comme ce que vous avez répondu en fait… JFD : Ouais, disons que l’architecte, il fait un peu comme un chef d’orchestre. Donc c’est nous qui donnent le rythme. Les partenaires, les BET… ce n’est pas eux qui donnent le rythme. C’est nous qui disons bah voilà je veux tel chose a tel moment, qui nous permet de faire la conception. Le BET bah par exemple dans ce genre de projet, il définit les épaisseurs d’isolant, le type de complexe etc… quel type de système de fluide ou de ventilation il faut prévoir, optimiser les longueurs de réseaux pour justement, optimiser les couts etc… après c’est à nous d’être suffisamment demandeur pour à chaque fois faire en sorte que le projet évolue en fonction des différentes phases d’études. Donc c’est ça… Après en interne, nous on fait de la recherche… Vous voyez, bien que le panneau de concours ressemble au résultat, il n’est pas totalement le résultat. Il y a une différence entre ce qu’on a proposé au concours et le résultat final. Si vous notez bien, par exemple la cabine de pilotage elle a pas une forme en vague, elle a une forme un petit peu différente. On sait aussi, nous adapter aux demandes, aux contraintes techniques etc… La ville de paris trouvait par exemple que les panneaux étaient un petit peu… alors c’est toujours une image d’artiste les perspectives, et puis c’est vrai que nous on a tendance un petit peu à enjoliver les choses, on a pris un peu des couleurs un peu flashy, parce que voilà c’est un équipement public, faut que ça soit… en tout cas chaleureux etc… Mais en réalité le projet il est bien plus sobre que sur les panneaux de concours. Donc il y a eu un travail qui a été fait avec la ville, notamment avec les ABF… vous savez ce que c’est les ABF ? Les architectes des bâtiments de France qui donnent aussi leurs objectifs à tenir en termes d’insertion architecturale, d’insertion urbaine sur les coloris. Donc c’est pour ça qu’on a travaillé avec eux, on a fait des recherches sur les matériaux pour obtenir un coloris de bardage qui soit au plus proche des bâtiments en briques qui sont aussi en face… N : Même sur les panneaux solaires non ? Vous aviez dit que vous vouliez les mettre sur le toit du logement … JDF : C’est ça. Ils étaient initialement sur le toit, mais la maitrise d’ouvrage nous avait dit que ce serait compliqué que les gens passent par le skydome, s’accrochent à des harnais pour intervenir sur ces panneaux… donc c’est vrai que ce n’est pas idéal, sur les toitures en pentes… Donc voilà on a travaillé avec eux pour déplacer, bouger ces panneaux sur la toiture terrasse. Donc ils sont à plat, totalement inséré de manière architectural sur un platelage bois. C’est très discret, c’est très design. C’est des tubes de verre, donc c’est assez joli, et là la maintenance se fait facilement. C’est aussi ça qui fait la qualité de notre métier. Il y a des échanges permanents, à toutes les phases, y compris sur le chantier, pour permettre d’améliorer le projet. A l’échelle de l’architecture mais aussi à l’échelle urbaine, quand on fait des projets d’urbanismes et qu’on a aussi en face de nous des acteurs… ceux qui sont liés à l’aménagement, au territoire… On fait le projet ensemble finalement. N : Vous êtes toujours en lien avec la mairie de paris pour cette crèche ou pas ? 38 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


JFD : A non après, une fois que… bon le chantier a duré, attendez, de mémoire c’était à peu près 16 mois… Un an et quatre mois en entreprise général. Une fois qu’on livre l’établissement, on a une année… de ce qui s’appelle la GPA, ce qui est la garantie de parfait achèvement, sur lequel on suit toujours le projet, s’il y a un moment donné quelque chose qui va pas, par exemple une fuite ; une fuite bah avec l’entreprise… la maitrise d’œuvre et l’entreprise interviennent dans un an pour gérer les gros problème… Je ne sais pas une fissure, parce qu’il y a une bande de place qui s’est décoré, ou un peu de peinture qui s’est enlevé, ou un spot qui marche plus. Donc tous ces petits éléments, c’est l’entreprise qui suit… l’entreprise de travaux pendant un an qui a la garantie de parfait achèvement, sous notre contrôle, sous notre supervision. Et une fois que les un an sont passés, c’est les assurances qui reprennent le relais. Donc si jamais il y a des soucis, bah c’est notre assurance qu’on a en tant qu’architecte, celle de l’entreprise si jamais pour X raisons il y a des problèmes, qui prennent le relais, ce qui s’appelle la fameuse garantie décennale. N : D’accord. JFD : C’est assez complexe… peut-être que vous ne savez pas encore tout ce genre de choses, il y a vraiment un protocole très précis sur le bâtiment. N : Bah merci !

Entretien de 36 minutes.

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Interview de l’architecte voyer en Chef à la DCPA : Blanche Rivière D’Agostino L’interview se déroule dans les locaux de la DCPA situés porte d’Ivry depuis septembre dernier. Notre interlocutrice est l’architecte Blanche Rivière D’Agostino qui a été le principal acteur de la DCPA sur ce projet en amont et pendant le concours. Nous serons notés N et Mme Blanche Rivière D’Agostino RB dans la retranscription de cette interview. RB : J’ai regardé un peu ce matin dans les archives informatiques que j’ai, ce que j’avais… je me souviens plus exactement ce que vous m’aviez demandé comme document, du coup je les ai pas ni imprimé ni… Fin j’ai pas eu trop de temps en fait… Mais si vous avez des clés USB on pourra redescendre et puis je vous donnerais de trucs. J’ai des plans du terrain, autocad et tout ça, j’ai l’étude que j’avais faite… je me souviens plus de rien…. [Rires] ça remonte un petit peu. N : Bah on voulait vous demander, déjà, dans quel…. Enfin, pourquoi vous avez décidé de créer une crèche… a quel besoin ça répondait ? RB : Euh… en fait, ce que je vous disais par mail, ça correspondait à un objectif de création de place de crèche à Paris sur la mandature… donc c’était la mandature…. La deuxième mandature Delanoë. Après, le secteur il était… c’était un secteur d’aménagement qui avait été pris en charge par la SEMAVIP, avec la création de logements dans la rue de l’Oise jusqu’à l’avenue Jean-Jaurès je crois. Donc il y a eu toute cette création de logements sociaux… logements, je pense, en accession… et du coup dans ce cadrelà, ça paraissait logique de créer aussi un équipement de petite enfance. Sachant quand même que dans le secteur, moi j’avais regardé, il y en avait déjà pas mal. Donc ce n’était pas forcément un secteur en déficit de places. Mais voilà… Bon le processus de création de place de crèches à paris, peut-être que la DFPE, la direction des familles et de la petite enfance, a une… on va dire une politique plus sociologique que nous. Nous c’est vrai qu’on est maître d’ouvrage, on nous demande de faire, on fait. Enfin ce n’est pas si simple que ça mais c’est comme ça que ça marche. N : Mais pourquoi c’était cette parcelle en particulier qui a été choisie ? La parcelle qui longe le… RB : Alors parce que je pense, enfin a priori je pense, que c’est parce que c’était une parcelle assez compliquée à aménager autrement qu’avec un équipement. Après je me souviens plus exactement, peut-être qu’il y a d’autres informations dans mon étude, mais la constructibilité du terrain en triangle comme ça n’était pas énorme donc du coup un équipement euh… ce terrain-là semblait plus adapté… N : parce qu’on nous a dit que c’était un jardin partagé avant… RB : Ah oui ? N : Et donc justement comment vous avez enfin… Vous avez eu une étape ou vous avez discuté avec les gens de l’association du jardin partagé ? RB : Alors moi non… Non. J’ai pas du tout eu cette étape-là. Je pense que ça a été plutôt orchestré par la mairie du XIXème, et peut-être la direction de l’urbanisme… encore que j’avais interrogée Valérie Sniter qui avait… qui était en charge du projet m’a répondu…. Mais je sais plus ce qu’elle m’avait dit… Je suis désolée… sinon on redescendra dans mon bureau pour euh… Ah oui non, parce que ce n’était pas elle qui était en amont, c’était pas elle qui était complètement en amont sur le truc. Elle a commencé au moment de la crèche. Mais il y avait quelqu’un d’autre, Christine Bowé, donc éventuellement je pourrais vous donner ses coordonnées parce qu’elle, elle en saura peut-être un peu plus sur les études amont qui auraient pu mener à la décision… Après les processus de décision c’est toutefois assez long, y’a des échanges entre la mairie centrale, la mairie d’arrondissement… enfin y’a…. Après est-ce qu’il y a des études sociologiques proprement spécifiques à ça… je ne sais pas… je saurais pas vous dire [Rires]

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N : Après ce n’est pas forcément une étude sociologique qu’on cherche, c’est plus de savoir quel acteur fin…. Sont entrés en jeu et… enfin quelles ont été les étapes en fait… c’est juste pour comprendre comment le projet a fonctionné et comment le concours a été mis en place. RB : Du coup, ouais… je pense que peut-être, interroger madame Jemini ce serait utile pour vous… elle est assez ouverte en général elle reçoit les étudiants, elle les écoute et leur répond…. Comme c’est la première adjointe de François Dagnaud, donc le maire d’arrondissement… Et elle était en charge à l’époque de la petite enfance donc euh…. C’est quelqu’un de très entreprenant qui avait… qui est très dynamique, donc je pense qu’elle pourrait vous expliquer vraiment les… ce qui a amené à cette décision, mais bon je vous dis, à mon avis, dans l’équilibre du plan d’aménagement… Alors elle est un peu excentrée par rapport au secteur d’aménagement… Vous avez les informations sur ce secteur ou pas ? N : euh non… RB : Non ? D’accord, ça je pourrais vous les... On va aller regarder dans mon bureau… et euh… Ouais elle est tout au bout du secteur, et en même temps je pense qu’elle servait aussi tout le quartier du côté où elle se trouve… du côté du canal quoi. N : Du coup, c’est vous qui avez établi le cahier des charges ou c’est… la mairie non ? RB : Pour la crèche… alors pas toute seule, mais en fait… nous le principe à l’époque quand on était organisé, moi je travaillais dans un service qui s’appelait l’AEA, qui est l’agence d’étude d’architecture… qui a disparu aujourd’hui, qui a été fondue dans le SAMO, donc le Service de l’Architecture et de la Maîtrise d’Ouvrage. Et on était… on faisait toutes les études en amont de la réalisation du projet, jusqu’à la désignation du maître d’œuvre, donc de l’architecte et de l’équipe de maîtrise d’œuvre. Et donc dans ce cadre-là, on réalisait un programme, et le programme il était co réalisé parce qu’en fait la DPA, la DCPA… aujourd’hui la DCPA à l’époque la DPA, était maître d’ouvrage délégué. C’est-à-dire qu’en fait, les financements ils se trouvent à la direction des familles et de la petite enfance, ils sont délégués à la direction du patrimoine et de l’architecture qui réalise le bâtiment mais qui garde quand même… la DFPE garde quand même la main sur le projet dans le sens où elle formalise un premier programme, elle approuve le programme qu’on propose… Voilà, il y a un échange entre les directions pour atteindre l’objectif de programme. Mais il y avait déjà à la base, tout un travail qui avait été fait à la suite de réalisation d’autres crèches sur un programme type crèche, adaptable à chaque site et à chaque terrain ; Et donc on est parti de ça, on est parti de ce programme type, on l’a adapté au terrain… c’est des adaptations à la marge… après parfois les directions elles ont des demandes supplémentaires… là i je me souviens bien il y avait un jardin… on avait un espèce de jardin suspendu, ce qui se faisait pas souvent dans les crèches… mais bon en général il y avait quand même un jardin en liaison direct avec les sections… et donc voilà c’est comme ça que le programme s’est élaboré. Et après, nous on a lancé, une fois que tout le monde était d’accord qu’on a approuvé… donc en fait nous on fait un document, un rapport technique… donc on avait fait une étude de faisabilité…. On évalue le coût, le calendrier de l’opération et donc on propose ça aux instances décisionnelles, donc en général c’est le secrétariat général, et puis il y a les mairies d’arrondissement qui s’expriment et puis il y a le… et puis il y a tout le monde qui s’exprime… et puis le coût est approuvé, si on dispose du coût, ça peut arriver qu’on l’ai pas, mais le coût est approuvé et là on lance l’appel d’offre, enfin l’APC, un avais d’appel public à la concurrence, voilà… donc là on avait fait un petit concours. Fin un concours d’architecture. Une fois qu’on a lancé l’APC, quelques temps après, je me souviens plus des… ; mais environ 40 jours après on reçoit les candidatures des équipes de maîtrises d’œuvre. Donc dans l’APC on donne les caractéristiques des compétences qu’on attend. Donc architecte, bureau d’étude, spécialiste fluide, acoustique, fin tout ce qu’on veut… qui répondent, ils donnent une candidature, et leur candidature est examinée par un jury qui va sélectionner cinq candidats. La je sais plus…

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N : 40 jours pour proposer un projet ?! RB : Non ! non non, là c’est juste ils déposent leurs candidatures N : c’est pour un dossier avec des références…. RB : voilà un dossier avec l’équipe constitué pour l’opération et des références qui correspondent plus ou moins à l’opération, et donc le jury sélectionne des équipes ; et après ça, c’est là qu’on les fait travailler. On leur fait faire une esquisse…. Euh je sais plus combien on leur donne de temps, combien on leur a donné, mais ça aussi c’est des infos que je pourrais vous donner si vous les souhaitez. Ils ont rendu des esquisses, et on a fait nous une analyse… Donc des esquisses plus des documents écrits, une notice architecturale, fin tous les documents qu’on leur avait demandés… y’a un règlement de consultation qui est rédigé… et donc on analyse tout ça et au bout d’un certain temps, on le présente devant le jury… et le jury choisi une équipe…. Et là ils ont choisi l’équipe de…. N : VEA architecture RB : Pardon ? N : VEA architecture RB : bah je me souviens plus c’était…. N : bah c’est ça, c’est l’agence qu’on a rencontré la semaine dernière… RB : Qui s’appelle VEA architecture ? Ouais bah à l’époque elle devait pas s’appeler comme ça parce qu’en fait le chef, parce qu’en fait l’architecte qui a été désigné…. Ah oui, Ignace Grifo. C’était Ignace Grifo l’architecte…. N : Ah bah ce n’est pas celui qu’on a rencontré RB : Non. Parce qu’il est en prison je pense… Je ne sais pas où il est enfin… c’est assez dramatique cette histoire, ça m’étonnait d’ailleurs que vous me posiez la question justement sur cette crèche, parce qu’en fait il a assassiné sa femme ! EN plein euh…. Alors moi j’étais déjà parti… voilà, alors c’est un crime passionnel, il a tué sa femme et il a voulu se tuer mais il ne s’est pas tué donc après je crois que les personnes qui travaillaient pour lui ont repris l’agence pour pouvoir terminer l’opération. N : Ils ont peut-être changé de nom pour ça…. RB : Oui je pense. C’est curieux… N : Bon ça ne va pas rentrer dans notre frise… RB : Parce que vous en fait, votre but c’est quoi ? N : En fait d’étudier le projet comment il a fonctionné, de faire une frise chronologique, pour savoir vraiment… connaitre toutes les étapes et aussi, fin mettre des schémas avec quels acteurs sont rentrés en jeu…. RB : Et vous êtes étudiants en quoi ? N : En architecture, en deuxième année. RB : Ah oui, je sais pas pourquoi je pensais socio N : Parce que je vous avais dit que c’était pour notre étude sociologique, parce que c’est dans le cadre de notre cours de sociologie en fait.

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RB : Ah ouais, et vous êtes dans quelle école ? N : La villette. RB : Ok, et c’est qui votre prof ? N : Aucune idée…. Ah si, y’en a trois, c’est Elise Macaire, Véronique Biau et…. La dernière je sais jamais comment elle s’appelle, Sarah quelque chose… Ouais parce qu’elles changent pratiquement toutes les deux semaines… RB D’accord... N : Concernant le jury… Vous avez, fin c’est vous qui choisissez… RB : Non, en fait il y a un… A l’époque il y avait quelqu’un à la DPA qui s’occupait de…. Elle organisait les concours. Le secrétariat du concours… Donc en fait elle avait plein de… elle avait une sorte de base de données sur les architectes susceptibles de répondre, ou qui avaient déjà répondu à des marchés etc. Donc elle avait déjà les books de pas mal d’architectes, et en fait, en partant de ça, elle appelait… Parce qu’en fait, vous savez comment fonctionne un jury d’architecture non ? Non ? Bon vous devez tout apprendre par vous-même, c’est fou ! qu’est-ce qu’ils font les profs ?! Bon en même temps moi je pense que pendant mes études j’ai pas… N : Vous avez fait quoi ? RB : Bah je suis architecte. Mais je ne pense pas que je savais comment était désigné un…. Fin peutêtre dans mes cours juridiques, mais… N : Vous étiez dans quelle école ? RB : UP 9, c’est paris Val de Seine, mais ce n’était pas à cet endroit-là, c’était Eugène Caloux et dans l’école des Beaux-Arts. Et on avait des cours de droit de l’urbanisme, ça rentrait peut-être dans ce cadre-là, mais c’était quand même assez léger je pense … Et donc en fait un jury, il est composé d’un tiers de personnalités compétentes, un tiers d’élu, et un tiers d’architectes. Donc des personnalités compétentes c’est on va dire, des représentants de la ville de paris compétentes dans le domaine, donc il y avait la personne qui chapeautait le service des travaux de la direction des familles et de la petite enfance. Il y avait l’adjoint, donc l’élu chargé de la petite enfance, donc c’était Christophe Najdovski à l’époque., qui aujourd’hui est adjoint charger de la voirie et des déplacements, et qui n’est pas PS mais écologiste. Y’avait je pense, la mairie d’arrondissement qui était représenté par Madame Jemini. Y’avait des architectes externes à la Ville. Des architectes, soit qui avaient déjà soit qui voulaient travailler pour la ville un jour. Ça leur permet aussi de connaître un peu notre fonctionnement etc… Et voilà plus ou moins la composition du jury. Moi en fait ma position, c’était d’être complètement en dehors du jury parce que j’ai une position de rapporteur. Donc je ne peux pas être juge et partie. Donc je n’avais aucun lien avec le secrétariat du concours, d’autant plus que normalement les rendus sont anonymes, donc je dois pas savoir qui a répondu. Donc j’assiste à la désignation, enfin à la sélection des candidats. Je sais qui sont les candidats, après leur sélection, c’est moi qui les contacte, on fait une visite sur place, ou on fait une réunion d’information où ils posent toutes leurs questions, je leur donne un dossier de consultation avec les plans… Tout ce qui les intéresse… tous les diagnostics qu’on a pu faire, tout ce qui est diagnostic de sol peut-être… Je me souviens plus de ce qu’on avait fait, mais ça aussi ça doit être dans les dossiers… L’étude de faisabilité que nous on avait faite, on leur ne donne pas notre estimation, parce que c’est à eux d’estimer, et puis tout le cahier des charges du rendu du concours… donc façades, coupes, plans, voilà… quelles informations on veut, votre notice architecturale, qu’est-ce que au niveau thermique, qu’est-ce que vous prévoyez… pour être en règle avec la réglementation thermique etc… tout ça c’est un gros dossier, ils doivent l’ analyser et après ils font leur panneaux… alors ils ont trois panneaux, deux panneaux A0 et euh… plus un dossier écrit, et 43 ENSAPLV – Sciences Humaines et Sociales – L’Architecte et ses partenaires dans le processus de projet – Groupe 6 : Judith CHESNEAU et Olivier GARNIER – Crèche quai de l’Oise


je sais plus quels étaient leur délais… mais moi je dirais que c’était plus ou moins deux mois. Ils nous ont rendu le concours… Voilà donc on a analysé. En fait on monte une commission technique donc on fait venir des gens qui travaillent aux services de l’énergie et du climat pour analyser tout leur travail sur le chauffage, la climatisation éventuelle… On ne fait pas de climatisation en théorie… Voilà tous les gens compétents dans le domaine qui sont en général internes à la DPA. On analyse les choses, moi j’en tire un petit rapport, le rapport est transmis aux membres du jury, et puis on… Je sais pas pourquoi ça s’éteint, on bouge mais je sais pas… On envoie un rapport à chacun des membres du jury. Puis le jour du jury on leur envoie une semaine, quinze jours avant le jury et le jour du jury, je leur fais une présentation, je leur explique tout le projet. Parce que en général ils ont à part les architectes. Donc il y a trois architectes dans le jury. A part les architectes qui lisent vraiment les rapports d’analyse, les autres membres du jury, ils n’ont pas trop le temps, ils attendent le jury pour comprendre mieux les choses mais bon c’est pas tout à fait vrai. Cela dépend des jurys, de qui est dans le jury. En tout cas ils attendent de voir qu’on leur présente les projets. On les présente les uns après les autres. On montre les avantages, les inconvénients, comment ils ont répondu au programme, est-ce que c’est ce qu’on attend… Donc, eux après s’expriment et votent. Ils font un classement en fait. Et puis celui qui arrive le plus souvent en premier, c’est celui qui est désigné comme lauréat du concours. Après ça c’est plus trop moi qui m’occupe du reste. Normalement il y a un conducteur d’opération qui arrive, qui est toujours interne à la DPA, qui arrive sur l’opération et qui va faire toute la conduite d’opération, qui va contractualiser les choses avec le maître d’œuvre, avec l’architecte et son équipe. On va lancer l’ordre de service pour qu’ils commencent leur travail. Donc ils vont compléter leur esquisse. Ensuite l’esquisse va être analysée par la DPA et la DPE, tous les gens compétents. Parfois on prend des AMO. En général c’est plutôt des AMO pour la performance énergétique. A priori ils sont souvent partie prenante pendant le projet pendant les différentes phases d’étude : esquisse, APS, APD, pro DCE. Et donc, on analyse à chaque phase et on valide pour qu’ils puissent passer à l’étape suivante. Et puis on les paie quand ils envoient leurs factures. Et puis après donc au pro, une fois que le pro est validée l’équipe de maîtrise d’œuvre produit le dossier de consultation des entreprises. Donc on lance le marché de consultation des entreprises. On donne un dossier de consultation aux entreprises. Ils rentrent leurs chiffrages et puis leur analyse du projet et puis on désigne l’entreprise. Alors tout ça c’est très long. Ceux sont des procédures qui doivent aussi être validées par le conseil de Paris. Donc il y a des délibérations. Maintenant on fait une délibération globale au départ quand on lance le marché de maîtrise d’œuvre et je crois qu’on en refait une, après ça dépend quelles sont les procédures qu’on a choisies. Là on a fait un concours. Donc le concours doit être validé par le conseil de Paris. Si les marchés, un MAPA, un marché de procédure adaptée, ce n’est pas validé forcément par le conseil de Paris. On peut lancer sans forcément avoir la main du conseil de Paris. Le marché de travaux, à partir du moment où c’est des montants qui dépassent un certain seuil, qui est défini par la commission européenne, on peut lancer le marché de travaux après approbation du conseil de Paris. Donc on est obligé d’envoyer une délibération, un projet de délibération au conseil de Paris qui le vote. Et ça prend du temps tout ça parce qu’il y a des calendriers. Ils ont plein de choses à voter durant l’année, notamment les budgets, les choses comme ça. N : Et si la réponse est négative ? RB : En général on prend les choses suffisamment en amont pour pas que ce soit négatif et puis en général c’est fait par les élus qui veulent faire cette opération, donc après s’ils trouvent qu’on dépense trop d’argent, il y a des allers retour.

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N : Il n’y a pas des projets qui s’arrêtent des fois ? RB : Alors si ! Mais parce que ça a été une décision politique. C’est l’institut des cultures d’Islam. Nous on avait lancé un projet sur deux sites. Il y a un des deux sites qui a été construit et puis quand Anne Hidalgo est arrivée elle a décidé qu’on ne ferait pas le deuxième site pour différentes raisons et puis aussi des raisons financières et puis parce que je pense qu’il y a une divergence d’opinion entre la mandature précédente et la mandature actuelle sur ce projet-là. Donc nous on avait essayé de faire en sorte que le concours porte sur les deux sites en même temps pour justement qu’on ne se retrouve pas dans cette situation-là. Et puis finalement on s’est retrouvé dans cette situation-là. N : Les concours sont prévus en fonction des mandats. C’est défavorable de lancer un concours pendant une fin de mandat ? RB : Euh ben en général, moi depuis que je suis là, moi je suis arrivée en 2003, il y a pas eu de changement de cap politique, on est toujours resté PS quoi ou PS plus écologique. Je sais pas ce qui se passerait si on passait à l’extrême. Il y a certainement eu des communes dans lequel s’est arrivé, que des projets soient abandonnés, au cours d’étude parce que finalement ça ne correspondait pas à la politique. Mais on peut se dire quand même que pour des crèches c’était… Il faut savoir que les crèches c’est officiellement une des raisons pour lesquelles Delanoë a été élu et réélu. Il a promis des places en crèches, il a réalisé les places en crèches qu’il avait promises. Je ne crois pas qu’une mandature suivante aurait abandonné des crèches d’autant plus que ça touche quand même à des petits enfants, donc à priori l’avenir de Paris. Après dans le processus je pourrai vous donner le calendrier de l’opération. On a plein d’acronymes, c’est assez technique comme jargon. Nous, on a les acronymes internes ville de Paris. Les CIM, c’est les commissions internes des marchés. Tout ça pour dire que dans ce projet là et dans tous les projets d’équipement qu’on fait on est soumis au code des marchés publics. Pour la maîtrise d’œuvre on est soumis à la loi MOP. Et on respecte toutes ces règles là et voilà donc ça fait que le calendrier est beaucoup plus long que ce qu’on peut imaginer. Et puis la phase d’étude des maîtres d’œuvre, elle doit être quand même suffisamment longue pour qu’ils puissent avoir à dépatouiller tous les problèmes techniques devant lesquels on peut se trouver. Mais oui c’est vrai, il y avait un jardin partagé, effectivement, maintenant ça me revient. Avant qu’il y eût un jardin partagé, il y avait des bâtiments industriels parce que c’est un secteur assez industriel qui a beaucoup changé ces dernières années. Il a très bien changé. Et en face il y avait le triangle jumeau, miroir de l’autre. Et en fait ils ont construit. Au départ il devait y avoir une opération d’auto-promotion immobilière. Donc c’était des membres du secteurs, des gens du secteurs qui avaient prévu de construire leur habitation. Finalement ça a été pris en charge par un promoteur classique. L’auto-promotion c’est assez difficile, mais il y avait plein d’objectifs environnement, jardins partagés autres. C’est un secteur qui était un peu à l’abandon, qui est devenu très « bobo ». Donc le jardin partagé c’était un peu voilà. Et puis dans la ville les dents creuses sont souvent occupées par les jardins partagés que la ville donne à des associations parce que ça permet facilement de sécuriser le terrain et de faire en sorte que les gens s’approprient le terrain que ça ne devienne pas une décharge publique et euh voilà ça apporte de la sociabilité. N : Ce n’est pas que la ville de Paris qui s’occupe de cette association mais j’avais vu que d’autres acteurs s’en chargeaient comme l’association projet urbain.

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RB : La ville de Paris n’a pas la vocation à faire des jardins partagés donc en général, le terrain est donné à une association qui se charge de faire son jardin partagé. Enfin le jardin partagé si on parle là-dessus, c’est quand même controversé. On peut privatiser les espaces pour une petite catégorie de gens qui se retrouve un peu privilégiée. N : Par exemple l’association projet urbain, utilise des lieux qui ne sont plus occupés, pour les rendre utilisables pour des personnes qui ne se trouvent pas forcément dans le besoin. Par exemple des sansabris ou squatteurs sont virés par la police pour laisser place à des « artistes » RB : C’est de plus en plus controversé le jardin partagé, c’est partagé entre quinze personnes qui ne sont pas aux abois pour manger. A priori le jardin partagé c’est fait soit pour permettre la réinsertion de personnes en difficulté, soit de leur permettre d’avoir un complément alimentaire quand ils ont du mal à se nourrir N : Surtout que dans le 19 il y a des gens qui sont dans le besoin. e

RB : Après je sais pas comment il était le jardin partagé. Après y’a différentes… Y’a une association dans le 14 qui est très bien sur ce point, d’ailleurs je me demande si ce n’est pas projet urbain, si c’est pas le jardin des Thermopyles. e

N : Ah mais tu as travaillé sur… Non moi j’ai travaillé sur « on virait le jardin » RB : Ah oui c’est bien ça N : Sinon quand a été créée la DPA ? RB : La Direction des constructions publiques et de l’architecture a juste changé de nom au mois de septembre. Elle existe depuis longtemps. Euh c’est en fait la direction qui s’occupe de construire ou de restructurer tous les équipements ville de Paris. Avant on s’appelait direction du patrimoine et de l’architecture. C’était pas patrimoine architectural type châtelet ou l’Opéra, c’est patrimoine immobilier, construit de la ville de Paris. La ville a un parc de bâtiment où il y a déjà plein de bâtiments. La DCPA s’occupe de l’entretient de ses bâtiments, il y a des sections locales d’architecture, qui dans chaque arrondissement, qui s’occupent de toutes les écoles. Donc en général les bâtiments DPA c’est les écoles maternelles et élémentaires, les crèches, les collèges, les équipements culturels, c’est un certain nombre de musées et des théâtres, les piscines, les gymnases, On a certains lycées mais qui vont bientôt repartir à la région, il y a toujours des exceptions. Des équipements sociaux : - des orphelinats pas forcément sur le territoire parisien - des locaux pour faire des colonies de vacances, donc en dehors de Paris - le bâti dans lequel se trouve tous les services de la ville : l’Hôtel de ville, les mairies

N : Les parcs ? RB : Les parcs c’est la direction des espaces verts. Nous on est dans ce qui est construit. On a aussi les fontaines. Il y a une technicité nécessaire pour les fontaines, c’est quand même assez compliqué. Il y en a qui sont inscrites au patrimoine historique. Donc la DPA c’est une direction où il y a quand même des architectes. On a les compétences pour entretenir ce type d’équipements.

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Et puis il y a le service de la direction de l’urbanisme qui s’occupe du foncier et si on veut construire un bâtiment, un nouveau bâtiment par exemple, on sait qu’il y a une parcelle. Alors ce n’est pas nous qui faisons la prospection. C’est la prospection foncière qui le fait, qui prospecte pour trouver des parcelles. C’est ce qui s’est passé par exemple pour l’institut des cultures d’Islam. C’est moi qui avait travaillé dessus. Ils ont à l’investigation des mairies, de la mairie d’arrondissement essentiellement et du secrétariat général, ils ont cherché des parcelles qui pouvaient permettre d’accueillir ce bâtimentlà. Et donc dans le secteur de la Goutte d’Or. A la goutte d’Or les terrains sont petits, c’est pour ça qu’on en avait trouvé que deux et on s’est dit on va faire un équipement sur deux sites donc le foncier a été acheté par la ville et on a construit dessus. Euh souvent on fait quand même des opérations sur des parcelles qui sont déjà propriété de la ville de Paris. Mais aujourd’hui ça change un petit peu, la ville s’oriente, s’est pas mal orientée ces derniers temps vers « faire construire par des opérateurs privés sur des parcelles privées des équipements publics ou par exemple réinventer paris, vendre un bâtiment mais en échange de construire aussi des crèches ou des choses comme ça. C’est plus des accords des échanges, enfin il y a plein de montages possibles et inimaginables pour construire des équipements. Paris n’était pendant très longtemps pas une commune mais une préfecture. C’est ce qui a différencié Paris du reste des autres communes de France, ce n’était pas le même fonctionnement administratif. Le premier maire de Paris c’est Jacques Chirac en 1975. Après il y a eu Chirac, Tiberi, Delanoë, Hidalgo. C’est une commune assez jeune en fait. Donc j’imagine que la DPA existe depuis 1975 mais après il y avait déjà une structure administrative avant puisque en fait il y a des architectes depuis plus longtemps que ça. Oui parce que Hausmann c’était un préfet. Après y’a toute l’histoire de la ville de Paris...

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Chronologie complète du projet

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Affiche de rendu du projet gagnant.

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Synthèse des différents projets du concours (DCPA)

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Bibliographie              

Interview de l’architecte voyer en chef à la DCPA : Blanche Rivière D’Agostino Interview de l’architecte en charge du projet à VEA architecture : Julien Fortier Durand Rapport d’analyse CC Quai de l’Oise – fourni par la DCPA DCC concours crèche quai de l’Oise _ fourni par la DCPA CC Quai de l’Oise_PAT – extrait du DCC, fourni par la DCPA CLO 11 quai de l’Oise – présentation PowerPoint effectuée par la DCPA PLU Rendu du concours – fourni par l’architecte et par la DCPA Site de l’agence VEA architecture : http://www.agence-vea.com/fr/projets/creche-quai-oise/ http://www.ateliersantevilleparis19.fr/wp-content/uploads/2013/07/Portrait-Social-19e.pdf http://www.semavip.fr/nos-projets/nos-references/ourcq-jaures http://entreprisebagot.fr/creche-quai-de-loise-a-paris-19eme/ https://archicree.com/realisations/la-plus-belle-vue-du-canal-de-lourcq/ https://centraledesmarches.com/marches-publics/Paris-Mme-Magania-Helene-75construction-d-une-creche-collective-de-66-places-et-d-un-logement-de-fonction-11-quaide-l-oise-a-Paris/70210  https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_national_de_l%27Ordre_des_architectes  http://www.onisep.fr/Ressources/Univers-Metier/Metiers/economiste-de-la-construction  Géoportail

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