L'Observateur de l'OCDE n° 284 T1 2011

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à 6,5 milliards de dollars canadiens. Désireux de rendre les études au Canada attractives, le gouvernement a créé la Catégorie de l’expérience canadienne, par laquelle les étudiants étrangers remplissant certains critères peuvent présenter une demande de résidence permanente. L’immigration est un sujet épineux pour les responsables politiques, qui soit adoptent une rhétorique populiste, reprochant aux immigrés d’être à l’origine d’un chômage élevé, soit, plus raisonnablement, invoquent leur

« Nous devons redoubler d’efforts pour que nos élèves restent dans le peloton de tête. » Andrew Parkin potentiel positif pour la croissance. De fait, les immigrés peuvent être à la recherche d’emplois, fuir l’instabilité politique ou simplement chercher à rejoindre leur famille. M. Parkin remarque que les profils des immigrés au Canada diffèrent de ceux qui émigrent aux États-Unis, par exemple. Alors qu’aux États-Unis, il s’agit principalement d’immigrés économiques provenant d’Amérique latine, au Canada, les immigrés sont en général dotés d’un bon niveau d’éducation et de qualification. La majorité d’entre eux (52,7 % en 2010) viennent de pays d’Asie comme la Chine ou la Corée, où le travail et l’excellence scolaires sont vivement encouragés par la société. Le milieu socio-économique peut être un facteur essentiel de réussite scolaire. Les enfants de familles pauvres ou monoparentales ont en général de moins bons résultats. La capacité, pour un enfant, de surmonter ce type d’obstacle est désigné, dans le cadre de PISA, par le terme « résilience ». Les élèves canadiens sont particulièrement « robustes » puisqu’ils occupent la 9ème place du classement, 40 % d’entre eux étant considérés comme résilients contre 31 % en moyenne pour la zone OCDE. La réussite ne tient pas uniquement à la détermination des élèves ou au soutien parental. M. Parkin souligne également le professionnalisme des enseignants canadiens, encouragé par les politiques d’éducation. La liberté accordée aux enseignants s’étend aux élèves. Ainsi, le système de « l’orientation » pratiqué par certains pays de l’OCDE, qui consiste en une certaine spécialisation des élèves, parfois dès l’âge de 11 ans, n’existe pas au Canada. Cette flexibilité pédagogique se poursuit dans l’enseignement supérieur canadien, que M. Parkin qualifie de système de la « seconde chance ». Contrairement au Royaume-Uni par exemple, où les étudiants qui décrochent peuvent se retrouver au chômage pendant plusieurs années, leurs homologues canadiens trouvent en général un emploi. Après avoir travaillé quelques années, certains décident de reprendre leurs études. Beaucoup s’inscrivent alors dans un établissement local, ce qui évite d’avoir à s’installer dans une grande ville, et permet d’acquérir des compétences précises plus rapidement. Cette brève pause entre le secondaire et le supérieur explique sans doute la relative jeunesse des étudiants étrangers du premier cycle du supérieur par rapport à leurs homologues canadiens.

FOCUS

LE CANADA ET L’OCDE

« Prenez l’Ontario, la province la plus avancée, explique M. Schleicher. Elle a axé ses stratégies directement sur la manière d’enseigner. Elle a accordé une priorité attentive et détaillée à la mise en œuvre, et a permis aux enseignants de tester de nouvelles idées et d’apprendre de leurs collègues. Mais les résultats n’ont pas été très encourageants. Selon M. Parkin, un élève canadien sur dix n’a pas un niveau de lecture suffisant, et les garçons obtiennent dans ce domaine des résultats sensiblement inférieurs à ceux des filles (bien que l’écart se réduise). Lors des deux cycles de l’enquête PISA, les élèves canadiens scolarisés dans un environnement où prédominait une langue minoritaire ont moins bien réussi que ceux scolarisés dans des milieux à dominante anglophones ou francophones. Les canadiens autochtones, qui selon M. Parkin représentent jusqu’à un quart de la population dans certaines provinces, comme le Manitoba et la Saskatchewan, accusent un certain retard et tendent à abandonner leurs études en cours de route. Les nombreuses évaluations de PISA contribueront à élaborer des politiques visant à améliorer les résultats de ces élèves. Même dans les domaines où le Canada excelle, M. Parkin met en garde contre tout triomphalisme : « Beaucoup de pays progressent en matière d’éducation. Les ministres canadiens de l’Éducation savent que nous ne pouvons nous endormir sur nos lauriers. Nous devons redoubler d’efforts si nous voulons que nos élèves restent dans le peloton de tête ». Cette exigence sera peut-être en grande partie réalisée grâce aux élèves immigrés. Le Canada est un pays véritablement multiculturel, dont le nombre d’habitants nés à l’étranger est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE. Dans un pays où 18 % de la population est née à l’étranger, la question de l’intégration se pose moins. « l’identité canadienne, souligne M. Parkin, s’est construite sur la diversité. »

Références Voir www.oecd.org/edu-fr Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA) : ww.pisa.oecd.org OCDE (2010), Les Clés de la réussite: Impact des connaissances et compétences à l’âge de 15 ans sur le parcours des jeunes canadiens, disponible sur www.oecd.org/dataoecd/59/24/44576147.pdf Voir les communiqués de presse sur www.cic.gc.ca Statistique Canada : www.statcan.gc.ca/pub/81-004-x/2010006/article/11405-fra.htm

Entre 5 000 et 10 000 élèves âgés de 15 ans, soit en moyenne 150 élèves par pays, ont passé les tests PISA en 2009. Afin d’évaluer plus précisément les élèves de chacune de ses dix provinces, le Canada a fait passer les tests PISA à 25 000 élèves représentant 10 000 établissements scolaires.

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