Les systèmes agroalimentaires en Afrique - Repenser le rôle des marchés

Page 150

124   LES SYSTÈMES AGROALIMENTAIRES EN AFRIQUE

cette dernière convention. Leur développement peut donc être en particulier freiné par l’absence de normes de qualité. Le second frein à la contractualisation est simplement le coût d’application des contrats. L’indice de facilité de faire des affaires (en anglais : Ease of doing business index) de la Banque mondiale est un indicateur composite qui agrège plusieurs indicateurs du climat des affaires. L’une de ses composantes rassemble les frais d’avocat, les frais de justice et les frais d’exécution ; elle donne une quantification du coût d’application des contrats. Ces coûts sont exprimés en pourcentage de la somme réclamée dans le cas d’un litige. Dans les deux pays d’Afrique subsaharienne, ils représentent une part très élevée (41,3 % en Côte d’Ivoire et 52,6 % au Niger). Au Maroc (26,5 %), ils restent supérieurs à la moyenne des pays riches de l’OCDE (21,2 %). Ainsi, les coûts d’application des contrats, en moyenne élevés dans les trois pays analysés, y rendent le développement des normes de qualité « objectives », standardisées et opposables, moins utiles pour les échanges entre commerçants. Celles-ci ne viendraient en effet qu’alimenter des contrats qu’il est déjà coûteux de faire appliquer. Les coûts financiers ne font donc que restreindre davantage les mécanismes d’application des contrats. Difficile accès au crédit L’accès au crédit est déterminant pour un approvisionnement et une distribution alimentaires efficaces. Il facilite la production agricole, permet l’essor des vendeurs de gros et la création d’entreprises de vente au détail. Comme tout projet entrepreneurial, la production agricole est favorisée par un marché du crédit efficace. De nombreuses études ont montré les contraintes imposées par les défaillances du marché du crédit à l’adoption des technologies agricoles (pour une revue, voir Dethier et Effenberger, 2011). Le crédit permet en effet de déplacer du capital entre deux périodes. Au moment des récoltes, la vente de la production permet d’accéder à un certain niveau de richesse qui n’aurait pas été accessible en l’absence d’investissement initial au moment des plantations (Casaburi et Willis, 2018). L’obtention d’un crédit permet donc de lisser le niveau de richesse dans le temps en anticipation d’un succès entrepreneurial rémunérateur. Il permet le financement de l’inves‑ tissement initial nécessaire à ce projet entrepreneurial. De la même manière, la conduite d’un commerce de gros nécessite un investissement initial important (coûts fixes d’équipement, achat des stocks initiaux). Les profits générés par la revente au détail permettent d’amortir cet investis‑ sement initial. Cependant, en l’absence de financement propre à l’entrepreneur, cette activité – quand bien même elle serait profitable – ne peut être exercée sans accès au crédit. L’existence de barrières à l’accès au crédit crée des barrières à l’entrée pour certains vendeurs de gros, et peut donc entraver le développement


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.