Secteur Privé Développement
LA REVUE DE PROPARCO
Tourisme pro-pauvres et tourisme de masse : une alliance qui s’impose Par Jonathan Mitchell, Overseas Development Institute
...
paramètres socio-économiques peuvent des touristes pour parvenir à établir le « rerenforcer « l’adhésion sociale » à leurs projets. venu pro-pauvres » - les salaires et les profits issus des dépenses touristiques qui bénéficient Bien que de nombreux articles universitaires aux ménages pauvres. L’analyse de la chaîne de et des revues touristiques soient consacrés au valeur fournit des résultats comparatifs intétourisme pro-pauvres, les chercheurs intéressés ressants, qui constituent de solides données par les effets du tourisme sur les destinations empiriques. Celles-ci confortent les trois hyposont divisés. Ils ne s’accordent pas, par exemple, thèses fondamentales du tourisme pro-pauvres sur la terminologie et utilisent les notions de telles qu’elles ont été énoncées il y a 10 ans. tourisme « responsable » ou « durable » plutôt que pro-pauvres. En outre, certains d’entre eux On a ainsi relevé que, pour certaines destinacontinuent de penser - malgré de nombreuses tions, lorsque quatre dollars étaient dépensés observations - que les retombées du tourisme par un touriste, un dollar revenait aux populainternational sur le pays d’accueil sont presque tions pauvres (Figure 3). Il s’agit là d’un taux toujours négatives. La communauté des cher- impressionnant de conversion des volumes cheurs n’a pas encore su convaincre les princi- commerciaux en bénéfices pour les pauvres. paux acteurs du développement économique, Dans ces exemples de « best practice », les iml’industrie touristique et le public en général du pacts sont le résultat de la qualité des liens bien-fondé de ses résultats, qui sont plutôt en entre les divers intervenants. faveur du tourisme pro-pauvre. Toutefois, il convient de noter que le tourisme Mesurer l’influence du tourisme ne profite pas systématiquement aux commusur les populations pauvres nautés locales. Il existe des exemples (Figure 3) Depuis la naissance du tourisme pro-pauvres, où moins d’un dixième des dépenses tourisl’Overseas Development Institute (ODI) a éla- tiques revient aux populations pauvres (c’est boré un cadre conceptuel (Figure 2), des mé- le cas pour le tourisme culturel au Cambodge, thodes de recherche et une base de données par exemple, et pour le tourisme d’affaires à empiriques pour évaluer les performances de Accra au Ghana). Dans ces cas, le tourisme plusieurs destinations touristiques selon les profite uniquement à l’élite. critères du tourisme pro-pauvres. Il en résulte que le tourisme aurait bien des avantages pour Comme le postulait la seconde hypothèse, il est les communautés locales et les zones alentours possible par ailleurs d’accroître les bénéfices L’ODI a élaboré une méthode de recherche qui pour la population pauvre, quel que soit le nipermet de « suivre le dollar dépensé par le tou- veau de « rendement pro-pauvres » du pays d’acriste » tout au long de la chaîne de valeur tou- cueil. Ainsi, l’ODI formule des recommandations ristique et des chaînes d’approvisionnement visant à renforcer les bénéfices du tourisme proassociées. L’ODI étudie les dépenses totales pauvres pour les communautés locales. Il ...
Figure 2 : liens entre le tourisme et les économies locales Secteur du tourisme
Ménages non pauvres
Secteur non touristique Source : Mitchell et Ashley, 2010
Ménages pauvres proches de la destination Ménages pauvres éloignés de la destination Effets directs Effets dynamiques Liens intersectoriels Effets induits Effets indirects NUMÉRO 7 - SEPTEMBRE 2010 - FAUT-IL PROMOUVOIR LE TOURISME DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT ?
5