CADRAGE
Bien connaître les PME des pays en développement pour mieux répondre à leurs attentes Bertrand Savoye, Économiste, AFD
Le rôle déterminant des PME – qui composent l’immense majorité des entreprises des pays en développement – n’est plus à démontrer, en particulier pour l’emploi. Pourtant, leurs besoins en financement donnent lieu à bien des interprétations, parfois erronées. Les objectifs que poursuivent ces PME ne sont pas ceux des grandes entreprises ; c’est en les connaissant mieux qu’il sera possible de mettre en place des instruments et des dispositifs qui les aideront à accéder plus facilement aux financements dont elles ont besoin.
REPÈRES AFD Institution financière publique et solidaire, l’Agence Française de Développement (AFD) est l’acteur central de la politique de développement de la France. Elle s’engage sur des projets qui améliorent concrètement le quotidien des populations, dans les pays en développement, émergents et l’Outre-mer. Intervenant dans de nombreux secteurs - énergie, santé, biodiversité, eau, numérique, formation -, l’AFD accompagne la transition vers un monde plus sûr, plus juste et plus durable, un monde en commun. Son action s’inscrit pleinement dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD). Les équipes sont engagées dans plus de 4 000 projets à fort impact social et environnemental dans les Outremer français et 115 pays. En 2018, l’AFD a engagé 11,4 milliards d’euros au financement de ces projets.
D
ynamiques, flexibles, innovantes, à taille humaine… Les petites et moyennes entreprises (PME) sont désormais parées de toutes les vertus. Si
les économistes et les décideurs ne s’accordent pas
toujours sur la façon de les définir précisément, notamment dans les économies en développement, ils reconnaissent unanimement leur rôle et leurs qualités. Dès lors, la question n’est plus tant de savoir pourquoi les promouvoir, mais comment le faire au mieux.
QUAND LES HANDICAPS DES PME DEVIENNENT DES ATOUTS Le financeur, pourtant, était en droit de s’interroger : que peut-il réellement attendre de la part de cette population d’entreprises hétérogène, en général de petite taille ? Que ce soit dans les industries des pays développés comme dans celles des pays émergents, les rendements d’échelle et l’intensité capitalistique croissent avec la taille des entreprises. Il en va de même pour la productivité apparente du travail et le niveau moyen des salaires, à qualification égale. Tout semble donc jouer en faveur des entreprises de grande taille.
6 SECTEUR PRIVÉ & DÉVELOPPEMENT
En fait, les contributions des PME et des grandes entreprises ne peuvent se penser indépendamment : les forces des unes sont les faiblesses des autres. Ainsi, les PME sont plus flexibles – mais au prix de conditions de travail souvent plus précaires et de rémunérations moins élevées. Elles sont innovantes – mais leurs innovations sont essentiellement périphériques, les innovations radicales demeurant essentiellement le fait de très grandes entreprises compte tenu des montants de recherche-développement qu’elles nécessitent. A contrario, si les conditions de travail