Les moteurs de la croissance de l’emploi manufacturier 65
semblent tirer profit du faible niveau de rémunération pour investir dans des activités et des techniques nécessitant une forte main-d’œuvre (graphique 2.19). Les entreprises manufacturières de Côte d’Ivoire ont continué à fonctionner selon cette logique, en recrutant à un niveau de rémunération plus bas ; cette situation est susceptible de perdurer dans un avenir proche. Toutefois, la croissance de l’emploi manufacturier ne saurait se maintenir durablement sans une croissance proportionnelle de la productivité.
Facteurs sous-jacents et interventions politiques Si l’on met de côté les facteurs sous-jacents, la concentration de la croissance de l’emploi au sein des nouvelles et jeunes entreprises implique que, dans le cadre de ses interventions visant à soutenir la croissance de l’emploi, l’État évite la mise en œuvre de mesures fondées sur la taille des entreprises. À ce titre, deux types d’interventions publiques sont envisageables afin d’encourager la croissance de l’emploi au sein du secteur manufacturier : celles qui visent à lever les obstacles à l’entrée sur le marché et celles qui encouragent la croissance de la productivité au sein des entreprises. Il convient de distinguer ces deux catégories d’interventions. D’une part, les politiques visant à lever les obstacles à l’entrée sur le marché génèrent une croissance de l’emploi uniquement parce que les entrées stimulent la productivité agrégée en réaffectant la part de marché des entreprises existantes les moins productives vers des entrants plus productifs. D’autre part, si la deuxième catégorie d’intervention entraîne une hausse de la productivité à l’échelle du secteur en réaffectant la part de marché des acteurs moins productifs vers des acteurs plus productifs, cela accroît la productivité interne des entreprises à la fois chez les entreprises préexistantes et chez les nouveaux entrants.
Interventions politiques visant à lever les obstacles à l’entrée
L’infrastructure destinée aux les services essentiels – comme les transports, la logistique, les technologies d’information et de communication, l’énergie ainsi que les autres équipements – constitue sans doute l’obstacle majeur à l’augmentation des entrées au sein des industries manufacturières nouvelles et existantes dans des pays comme la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie. Les interventions politiques qui cherchent à lever les autres obstacles à l’entrée sur le marché en s’attaquant aux freins en matière d’infrastructures et de services peuvent être classées selon quatre grandes catégories : les licences et les réglementations commerciales, l’accès aux financements externes, les politiques commerciales et la régulation du marché de l’emploi.