88 L’industrialisation en Afrique subsaharienne
disposent d’aucun débouché maritime. Cet écart en matière d’infrastructures se traduit par des coûts de transport et de communication importants, ce qui aboutit sur une interconnexion nationale, régionale et interrégionale faible et limitée. Le sous-développement des infrastructures de la région s’explique essentiellement par deux facteurs. Le premier est le manque de ressources financières. Les investissements nécessaires pour développer une infrastructure étendue de haute qualité se heurtent en effet à deux obstacles : la faiblesse de l’assiette fiscale et la capacité limitée à générer suffisamment de revenus pour financer de tels projets. Cette lacune n’est pas négligeable, car la plupart des services d’infrastructure sont sous-tarifés et reposent généralement sur des subventions publiques. Le deuxième facteur est le manque de volonté politique pour encourager les investissements provenant du secteur privé, associé à une gestion du secteur public assez faible. La combinaison de ces deux éléments débouche sur des cas de corruption, d’ingérence politique, ainsi que sur une faiblesse (voire une absence) de marché intérieur des capitaux et de l’administration fiscale. La productivité au sein des entreprises manufacturières d’Afrique subsaharienne a souffert de cette faiblesse des infrastructures, tout comme les performances globales du secteur. Au sein de l’industrie manufacturière éthiopienne, la qualité de l’infrastructure routière influence grandement l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché. De plus, une meilleure interconnexion du marché constitue un facteur encore plus crucial pour l’installation de grandes entreprises (Shiferaw et al., 2015). Ainsi, par ce mécanisme d’entrée de nouvelles entreprises et de sortie d’entreprises existantes, la qualité de l’infrastructure routière va déterminer le degré plus ou moins élevé de mauvaise affectation des ressources. Au Ghana, une part considérable de la mauvaise affectation des ressources au sein de l’industrie manufacturière est imputable au manque de fiabilité de l’approvisionnement en électricité (Ackah, Asuming, et Abudu, 2018). De surcroît, le manque de fiabilité de l’approvisionnement en électricité fait baisser le niveau d’investissement, ce qui jugule les perspectives de croissance économique (Estache et Vagliasindi, 2007).
Conclusion et options stratégiques La Côte d’Ivoire et le Ghana ont connu un accroissement de leur main-d’œuvre manufacturière au cours des périodes étudiées. Les nouvelles et jeunes entreprises, indépendamment de leur taille, ont été les forces motrices de la croissance de l’emploi dans l’industrie manufacturière. L’accroissement de la main-d’œuvre