La guerre en Centrafrique à l’ombre du Tchad. Une escalade conflictuelle régionale ?

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La guerre en Centrafrique à l’ombre du Tchad. Une escalade conflictuelle régionale ?

commerçantes (wali gara*), lesquelles assurent le commerce de produits vivriers entre Bangui et la frontière tchadienne (Arditi, 2000 ; Chauvin, 2014). L’ensemble de ces commerçants utilisent les services de transporteurs, qui circulent entre le Tchad et la RCA.

1.2. Les transporteurs Anciens commerçants, fonctionnaires, planteurs ou chauffeurs de taxi, les transporteurs qui opèrent entre le Tchad et la RCA s’entourent de chauffeurs et d’apprentis. Au début des années 2000, en RCA, la grande majorité (90 %) possède moins de cinq véhicules, mais les 10 % restants détiennent plus de 50 % de la capacité totale de transport du pays (Arditi, ibid.). Avant les conflits de 2013-2014, les transporteurs sont majoritairement originaires d’Afrique centrale, musulmans et à la tête d’une flotte vieillissante de camions. Ils transportent le bois, des produits manufacturés et agricoles entre Bangui et les villes du Sud du Tchad. Les autres transporteurs, chrétiens, assurent plutôt les lignes de liaison intérieure, entre Bangui et les villes secondaires (Kabo, Bambari, Bossangoa, Mbaïki, Bozoum, etc.). D’autres transporteurs sont spécialisés dans le transport de marchandises autour de centres urbains secondaires. Par exemple, dans le Nord-Ouest centrafricain, à Paoua, au début des années 2000, cinq transporteurs, d’origine tchadienne ou nigériane, possèdent neuf camions pour transporter des produits vivriers et manufacturés vers et depuis Bangui, Moundou, le grand marché frontalier de Mbaïboum et les villes de la zone diamantifère (Carnot, Berbérati) (Chauvin, 2014). Ces échanges tchado-centrafricains de marchandises sont spatialement organisés par des pôles d’échanges.

1.3. Les pôles d’échanges Les pôles d’échanges tchado-centrafricains sont les villes et les grands marchés. Avant les conflits armés, les produits de RCA sont acheminés au Tchad principalement vers Moundou, Koumra et Sarh. En Centrafrique, le principal débouché de consommation des produits tchadiens est Bangui, capitale macrocéphale (représentant 50 % de la population urbaine du pays), secondairement Berbérati (75 000 habitants) et Carnot (45 000 habitants) et une série de petites villes dans le Nord de la RCA (Bouar, Bozoum, Bossangoa, Kaga Bandoro, Ndélé, Birao, Bocaranga, Paoua, Batangafo, Kabo). Mbaïboum, Bétoko et Sido sont les trois grands marchés frontaliers tchado-­ centrafricains. Mbaïboum est le principal marché transfrontalier entre la Centrafrique, le Cameroun et le Tchad, qui rayonne jusqu’au Nigeria et en RDC. Son émergence, au début des années 1990, fait suite à la construction d’un pont sur la Mbéré raccourcissant le temps de parcours entre le Sud du Tchad, le 78


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