Chapitre 2 Les ressorts des interventions tchadiennes en Centrafrique
Introduction Le pouvoir central tchadien est intervenu en Centrafrique pour des causes politiques et économiques. D’un point de vue politique, les interventions tchadiennes en Centrafrique avaient pour objectif d’éviter l’utilisation de régions limitrophes comme des bases arrières rebelles. D’un point de vue économique, elles facilitaient la pénétration du bétail tchadien en Centrafrique, l’accès au bois et au pétrole restant des enjeux secondaires ou potentiels.
1. Garantir la stabilité intérieure Au Tchad, pays ayant connu 40 ans de conflits, l’endiguement de rébellions ou de mouvements islamistes est la première priorité du pouvoir central et passe, depuis quelques années, par des opérations militaires extérieures. En intervenant en Centrafrique, N’Djaména voulait sécuriser le sud du Tchad, région d’opposition politique et d’extraction pétrolière, ainsi que le Salamat, région instable proche du Darfour (région située à l’est du Soudan, courant le long de la frontière avec le Tchad).
1.1. Les conflits régionalisés du Tchad dans les mémoires Les cadres politiques tchadiens, souvent eux-mêmes anciens rebelles, connaissent la récurrence des rébellions formées dans les pays voisins depuis 1966. Jusqu’aux années 2000, les conflits du Tchad se relient surtout à la Libye, au Soudan et au Nigeria. Dans les années 1970 et 1980, la Libye de Mouammar Kadhafi, par ambition territoriale sur la bande d’Aozou et dans le cadre d’une politique de puissance régionale, joue un rôle central dans les conflits du Tchad. Au début des années 1970, Tripoli accueille des combattants du Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT) opposés au président tchadien d’alors, François Tombalbaye, leur fournit des armes et des moyens de propagande radiophonique. En 1979, Kadhafi facilite la prise de N’Djaména par Goukouni Oueddei, 43