Crise et développement - La région du lac Tchad à l'épreuve de Boko Haram

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Crise et développement

…/… Deuxième controverse : quelle est la cause de la diminution de la surface en eau ? En 2001, Coe et Fowley publiaient un article attribuant la diminution des apports fluviaux au lac pour moitié à une diminution de la pluie et pour l’autre moitié à l’action de l’homme par des prélèvements pour l’irrigation de 10 km3/an. Cette donnée est évidemment erronée puisque de tels prélèvements permettraient d’irriguer environ 500 000 hectares (ha), ce qui ne manquerait pas d’être visible aussi bien sur les images des satellites que sur le terrain. Plus récemment, une étude réalisée pour la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT, 2012) a fourni une estimation des prélèvements pour l’irrigation dans le bassin du Chari-Logone et le lac de 0,6 km3/an. Le changement de surface du lac résulte des variations de la pluie sur son bassin. Troisième controverse : tendance d’assèchement à long terme ou accident climatique ? Par le passé, des épisodes réversibles de Petit lac ont eu lieu indépendamment du changement climatique identifié. Il est donc difficile de dire si le changement global en cours à l’échelle de la planète intervient ou non dans l’état actuel du lac. Les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour le siècle à venir manquent encore de sécurité pour la région du lac et de son bassin. Mais la hausse très probable des températures et un maintien possible des pluies autour de la moyenne actuelle contribuent à accroître la probabilité de bas niveaux ou d’assèchements dans la cuvette nord du lac. Le lac Tchad est donc fragile. Quatrième controverse : faut-il aménager un transfert interbassin depuis le fleuve Oubangui ? Les chefs d’État membres de la CBLT ont mandaté celle-ci pour étudier la possibilité d’un transfert d’eau depuis le bassin du Congo pour alimenter le lac Tchad. Les incertitudes multiples qui y sont associées (géopolitiques, sociétales, environnementales, impact sur la productivité du lac…) nécessitent des études complémentaires. Par ailleurs, du fait de l’ampleur des travaux nécessaires, le projet monopolise l’attention au détriment de réflexions sur l’adaptation au changement climatique de populations en forte croissance dans l’ensemble du bassin, avec une productivité agricole qui risque de diminuer du fait de l’augmentation de la température.

1.4.  Les autres ressources en eau de la zone d’étude Les autres ressources en eau de la zone d’étude sont constituées des eaux de surface, fleuves ou rivières : Chari, Logone, Komadougou Yobé, partie amont de la Bénoué (dont son affluent le Mayo Kebbi), Yedseram et Ngadda au sud du

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