Introduction 27
urgentes pour développer rapidement l’éducation de base et professionnelle afin de préserver la stabilité de la région. Il faut également soutenir les institutions qui aident à créer des opportunités pour les jeunes. Enfin, il faut développer des politiques de proximité auprès des jeunes, élaborer des programmes de prévention de la consommation de drogue et de la petite criminalité en milieu urbain, et les aider à s’intégrer dans les diverses institutions publiques et privées. Les migrations au sein et entre les pays répondent en partie au problème de l’emploi des jeunes. La gestion des migrants doit donc être améliorée de toute urgence en Afrique de l’Ouest. Les politiques régionales doivent donner la priorité aux mesures portant sur les migrants, qu’il s’agisse de la délivrance de pièces d’identité, de la simplification des procédures d’obtention des actes d’état civil, de l’amélioration des politiques migratoires régionales ou de l’élaboration d’un ensemble de textes juridiques visant à améliorer leurs conditions de vie. Une attention particulière doit être portée au sort des personnes fuyant les conflits et les violences qui sont souvent oubliées, alors qu’elles sont nombreuses en Afrique de l’Ouest, au Sahel, dans le bassin du fleuve Mano et dans les zones de conflits du nord du Nigéria et du Mali. Les déplacements prolongés intensifient les tensions et créent des points de fixation nuisibles à la stabilité. Ils compliquent en outre la fourniture de services publics et les actions pour réduire la pauvreté. En Afrique de l’Ouest, le trafic, la piraterie et le terrorisme constituent de nouvelles menaces sécuritaires. Certains pays ont récemment réalisé des progrès pour les maîtriser. Toutefois, des réformes supplémentaires sont indispensables pour améliorer le secteur de la sécurité. Le manque de lien entre le soutien apporté au renforcement de l’État dans son ensemble et les réformes du secteur de la sécurité constitue un obstacle important. Très souvent, les efforts pour consolider l’État et accroître sa légitimité ne tiennent pas compte des questions de sécurité. La réforme du secteur de la sécurité reste entravée par d’autres facteurs importants, notamment par le fait que la sécurité ne concerne pas les politiques de développement et doivent rester dans la sphère de souveraineté des États. Pourtant, l’armée continue d’influencer fortement la politique dans beaucoup de pays, et la corruption reste importante au sein des forces de sécurité. Les stratégies proposées par les bailleurs de fonds pour améliorer la gouvernance intègrent rarement le développement et l’appui au secteur de la sécurité. Il faut renforcer les débats publiques sur ces questions pour pousser les gouvernements à s’adapter aux nouvelles menaces sécuritaires. Étant donné que la majorité des menaces sécuritaires émanent des pays eux-mêmes et de leurs propres citoyens, la réforme du secteur de la sécurité doit s’accompagner d’un renforcement de la justice et de l’État de droit. Bien que nécessaire, la réforme des systèmes judiciaires officiels reste néanmoins très insuffisante. La création de mécanismes de gestion des conflits, qui intègrent les collectivités locales, la société civile et les communautés est indispensable à moyen terme pour résoudre les difficultés d’administration de la justice dans la plupart des pays.