Les solutions mises en œuvre par l’Etat et les bailleurs de fonds pour favoriser l’emploi des femmes sont insuffisantes et ne répondent pas à tous les freins de l’accès et du maintien des femmes dans l’emploi décent
l’AMSSF a déjà débloqué l’embauche de plusieurs jeunes femmes au poste de chef de chantier.
IV.
L’insuffisance des contrôles favorise les discriminations de genre dans le monde du travail 1.
L’inspection du travail et les syndicats sont trop faibles pour répondre aux violations du droit du travail
Les chapitres précédents ont souligné que les femmes sont souvent victimes de différentes formes de discriminations ou se voient privées de leurs droits sur leur lieu de travail, au sein des entreprises et dans les usines de textile. Malgré l’identification de ces discriminations, les mécanismes nationaux de lutte contre les discriminations sont quasiment inexistants dans les trois pays. Le Maroc a ratifié 49 Conventions internationales en faveur de l’emploi (dont sept conventions fondamentales), dont 48 sont en vigueur. Toutefois, le Maroc n’a encore pas ratifié la Convention 87 portant sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical. Pourtant, la question de l’application des normes est identifiée comme un enjeu fondamental. « C’est surtout l’application des normes, il y a beaucoup d’articles où l’on parle de la maternité, de l’égalité des salaires, mais dans l’application on n’y arrive pas. Il y a un manque de contrôle, les employeurs font ce qu’ils veulent. Deuxièmement, une grande partie des entreprises sont dans l’informel, donc c’est difficile de les contrôler » (OIT, Maroc, 2014). L’OIT au Maroc concentre ses efforts sur le renforcement des capacités des inspecteurs du travail, en partenariat avec le Ministère de l’emploi, et sur l’adaptation de manuels de formation. La coopération espagnole a également développé des activités de jumelage et d’échange d’expertise avec des inspecteurs du travail espagnols dans les domaines de la planification, de la sécurité et de l’hygiène dans les entreprises. Cependant, il apparaît que la problématique principale est celle du déficit d’inspecteur du travail. En effet, le Maroc compte environ 200 inspecteurs du travail chargés de couvrir tout le territoire marocain, ce qui est largement insuffisant. Alors que le rôle des syndicats semble incontournable dans le contrôle des discriminations dans l’entreprise, le Maroc n’a pas ratifié la Convention n°87 portant sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, ce qui précarise leur situation. De plus, au Maroc, seules 14 % des entreprises sont affiliées à la Confédération générale des entreprises (CGEM) qui gère le label Responsabilité sociétale des entreprises. Le reste des entreprises sont familiales ou sont dans l’informel. Enfin, les femmes sont sous-représentées dans les syndicats. Souvent, elles ne bénéficient pas de contrats leur permettant de s’inscrire dans un syndicat. De plus, elles sont sous-représentées pour les mêmes raisons qui expliquent leur sous participation à tous les espaces décisionnels économiques et politiques : manque de temps, rôle de la femme, autocensure. Pour lutter contre cela, l’OIT au Maroc mène un programme de renforcement des capacités des femmes au sein des syndicats. Ce projet a permis de travailler avec les
99 | NOTES TECHNIQUES – N°32 – JUILLET 2017