Étude sur le développement de l’entreprenariat social à Madagascar

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Rapport Final

de leurs produits/ services, ils craignent la concurrence, souvent perçue comme déloyale, souffrent du manque de personnel qualifié sur le marché du travail et plus généralement de la faiblesse de l’économie malgache qui rend difficile les démarches de social business qui, par nature, s’appuient sur le marché.

Les enquêtés du type 1 (associatif) mentionnent peu ou pas le marché dans la mesure où ils ne disposent pas de ressources issues de la vente, contrairement aux types 2 et 3. Les acteurs du type 2 (hybride) et 3 (lucratifs) sont au contraire très préoccupés par le marché qu’ils décrivent assez difficile voire hostile. Ainsi l’IECD/SFX affirme avoir choisi le statut de SARL pour l’école hôtellerie en grande partie pour pouvoir contrer l’accusation de concurrence déloyale. Il mentionne également avoir souffert de l’absence de données de marchés pour la réalisation du business plan social de la SARL, ce qui l’a obligé à mener lui-même ces études. Si le besoin en main d’œuvre qualifiée du secteur hôtellerie restauration est énorme et semble garantir des emplois à la sortie pour les élèves formés, l’IECD mentionne une vraie tension sur les salaires qu’il peine à négocier au-delà du SMIC avec les professionnels partenaires. Enfin et surtout, l’IECD manque cruellement de ressources locales pour constituer ses équipes de formateurs. Adéfi fait part d’une menace à peine voilée de la part des assurances santé classiques qui voient d’un mauvais œil l’extension éventuelle de ses activités à de nouveaux groupes cibles, notamment les salariés. Adéfi ne peut prendre le risque d’avancer dans cette direction faute d’être protégée par un statut d’Association reconnue d’utilité publique et/ou de mutuelle. De ce fait, elle se prive d’une clientèle qui pourrait payer une cotisation. Du côté du marché, l’effet de ciseaux entre le coût des soins et des médicaments qui augmentent et la crise qui aggrave la pauvreté menace la rentabilité de son modèle économique. En termes de ressources humaines, elle fait aussi état de tension dans le recrutement et de fréquents débauchages des personnels formés. Le Tapis Malgache évoque l’augmentation des taxes d’importation qui renchérissent le coût de sa laine et mettent à mal sa trésorerie. Il parle également de ses grandes difficultés à mobiliser un plus grand nombre de tisserandes dans une région que tant veulent quitter. Coldis mentionne lui clairement une concurrence déloyale : à la faveur de la dérégulation, de nouveaux acteurs sont entrés sur le marché des épices. Disposant d’une assise financière solide ils n’ont pas hésité à tirer les prix vers le bas au détriment de la qualité pour conquérir des parts de marché. Il craint également la réaction des collecteurs, qui, de fait, sont « éliminés » dans le modèle de vente en direct de Coldis et pourraient chercher à

69 | NOTES TECHNIQUES – N°10 – DECEMBRE 2015


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