Nouvelles N° 2328

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Jeudi 10 octobre 2019 - N° 2328 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

RETRAITÉ·ES DANS LA RUE

Marre qu’on nous divise ! P.3

VIGNES EN MÉDOC

COMMUNISTES

18-19 OCTOBRE

Une main d’oeuvre précaire livrée aux marchands de sommeil

Des propositions pour répondre aux besoins (suite)

Les ventes solidaires de fruits et légumes

P.2

P.4-5

P.7


ACTUALITÉ ÉDUCATION NATIONALE

VIGNES EN MÉDOC

AESH en colère !

Une main d’œuvre paupérisée, livrée aux marchands de sommeil

Face « aux conditions catastrophiques de la rentrée pour les AESH » les organisations CGT’Educ’Action, SNES-FSU 33, SNUipp-FSU 33 appelaient l’ensemble des personnels à un rassemblement le mercredi 9 octobre 2019, à 14h, devant le rectorat de Bordeaux. Alors que les AESH de l’EREA de la Plaine à Eysines étaient en grève depuis le 30 septembre, une intersyndicale CGT Educ’Action, Snes-FSU, SNEIP-CGT, Snuipp-FSU, Sgen-CFDT et Fnec-fp-FO appelait personnels, enseignants et parents à une mobilisation mercredi pour « avancer vers une véritable reconnaissance du travail des AESH », avec un statut et des salaires décents pour les AESH. « L’ensemble des personnels de notre service public est concerné par la question de l’accueil et l’accompagnement des élèves porteurs de handicap. Cela demande des moyens à la hauteur de l’ambition, loin des bricolages de l’école inclusive à la sauce Blanquer. »

BORDEAUX LE 7 OCTOBRE

Postiers en grève pour les effectifs Lundi, un préavis de grève avait été déposé sur les secteurs La Poste Réseau de Bordeaux Mériadeck, Bordeaux Maritime, Bordeaux Bastide, Bordeaux Victoire et Villenave d’Ornon, à l’appel de la CGT, FO et SUD, avec un rassemblement des chargés de clientèle sur le parvis de Mériadeck dans la matinée. Une dizaine de bureaux de poste ont été fermés, d’après les organisations syndicales qui appelaient à la mobilisation. Une quarantaine de postier·es étaient présents pour exiger des moyens de remplacements et l’arrêt des suppressions d’emplois. Les postiers réclament plus d’agents qualifiés dans les bureaux de Poste pour répondre aux besoins des usagers, ils dénoncent les situations de tensions créées dans les bureaux par les sous-effectifs, plusieurs agents témoignant même d’agressions (voir site de Sud Ouest). Après l’action locale de Bordeaux Bastide le 23 septembre et le préavis départemental du 24 septembre, les agents du Réseau de Gironde à la poste sont déterminés à poursuivre l’action avec une nouvelle grève courant novembre qu’ils prévoient « beaucoup plus massive » si la direction de la Poste n’accède pas à leurs revendications.

MANIFESTATION LE 19 OCTOBRE

Pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah Dans une prison française, la prison de Lannemezan, depuis 36 ans, est incarcéré le plus ancien prisonnier politique d’Europe. Une manifestation nationale pour sa libération aura lieu le samedi 19 octobre, à 14h à Lannemezan (65). Dirigeant du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Georges Ibrahim Abdallah, aujourd’hui âgé de 63 ans, a été arrêté en 1984 en France et condamné une première fois en juillet 1986 pour « faux et usage de faux » puis, en 1987, pour complicité d’assassinat. Selon le droit français, à l’issue d’une peine de sûreté de 15 ans, il pouvait bénéficier d’une libération conditionnelle. Depuis le 25 octobre 1999, dix fois cette demande de liberté a été déposée, dix fois elle a été refusée sous la pression de puissances étrangères, américaine et israélienne. Le refus de sa remise en liberté n’est pas justifié, c’est un choix politique réitéré qui tourne le dos aux droits humains. Le Collectif girondin pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah exige sa libération immédiate, en respect et application des règles de droit et de la défense de la justice française et appelle à la manifestation nationale qui aura lieu le samedi 19 octobre 2019 à 14h à Lannemezan (65). Un bus pour s’y rendre est en préparation.

Le geste désespéré, le samedi 21 septembre, de Christine, directrice de l’école Méhul à Pantin, bouleverse tous les enseignants. Le 3 octobre, des rassemblements ont eu lieu en Gironde comme dans toute la France. Les organisations syndicales SNUipp-FSU, SE-Unsa, Sgen-CFDT, CGT-Educ’action, Sud-Education ont lancé une pétition intitulée : Plus jamais ça.

Dans une enquête en quatre volets, publiée sur le site objectifaquitaine.latribune.fr, le 7 octobre dernier, le journaliste Pierre Cheminade montre comment l’externalisation des travaux de la vigne a renforcé la précarisation et la pauvreté de saisonniers, vivant dans des conditions indignes. Ce n’est pas le procès des sociétés de services en viticulture en opposition aux châteaux employeurs que fait Pierre Cheminade dans son enquête publiée le 7 octobre, mais le constat que cet emploi indirect permet aux uns et aux autres de se déresponsabiliser quant aux conditions de vie et de travail de ces salarié·es de la vigne. « Beaucoup de travailleurs saisonniers sont logés décemment dans le Médoc, y compris par des prestataires de services, précise le journaliste, et le fait d’être logé à la propriété n’a jamais non plus été une garantie de confort quatre étoiles. Mais les conséquences de l’externalisation à tout va n’ont pas tardé à se concrétiser pour quelques centaines de personnes pendant l’année et quelques milliers pendant les vendanges. Le lien direct entre l’employeur et le travailleur étant désormais brisé, ce dernier n’est bien souvent plus rattaché à un château en particulier et personne ou presque ne se soucie de savoir où et comment il vit. Si des prestataires respectent les règles, d’autres ferment les yeux et certains s’enrichissent même sur le dos des travailleurs pauvres. Le tout conjugué à une pénurie d’aires d’accueil sur le territoire. » « Ainsi, du centre-ville de Pauillac,

gare, de ses commerces alimentaires et de son parc de logements vieillissants ». Le maire de la commune, Florent Fatin, évoque « un système mafieux de marchands de sommeil », une « forme d’esclavagisme moderne, de marché aux esclaves ». Une vingtaine d’immeubles et jusqu’à 600 habitants seraient concernés, rien que dans cette commune, alimentés par « des filières bien organisées qui recrutent des

travailleurs et leurs familles en Espagne, au Maroc, au Sahara occidental ou en Europe de l’Est ». Le vignoble dans le Médoc (16 000 hectares, tous en AOP) continue de s’étendre, les vendanges manuelles y restent très présentes et la conversion au bio nécessite jusqu’à 70 % de main d’œuvre supplémentaire. Si bien que châteaux et prestataires (plus de 400 entreprises aujourd’hui) se disputent une main d’œuvre rare. Ce marché très concurrentiel attire travailleurs et entrepreneurs de toutes sortes, installés en France ou à l’étranger, et prêts à casser les prix… quitte à rogner très largement sur les conditions de travail et d’hébergement. « Cette concurrence est très inconfortable pour nous et l’État doit agir », regrette Benjamin Banton, dirigeant d’une société de prestation viti-vinicole, qui appelle à « une prise de conscience collective des exploitants, des prestataires et des collectivités. Il faut rappeler les bonnes pratiques et la réglementation aux prestataires comme aux exploitants. » Actuellement, au regard de la loi, personne n’est responsable des conditions de logement de ces travailleurs saisonniers, ce que peuvent faire les collectivités. C’est faire appliquer la loi sur le logement insalubre lorsque c’est le cas, mettre des terrains à disposition. Donner les moyens aux services de l’État de faire appliquer le droit du travail ne serait pas, non plus, un luxe. C.D. avec Objectif Aquitaine

ROBERT PICQUÉ/BAGATELLE

Écoutons les messages d’alerte Depuis des mois, les Urgences des hôpitaux hurlent leur désarroi, pointent entre autres les suppressions massives de lits d’hospitalisation qui conduisent à l’embolie de leurs services : et l’on a tous vu ces patients sur des brancards dans les couloirs… une honte. Et si nous écoutions ces messages d’alerte ? Dans le projet Bahia, une mesure est souvent passée inaperçue : la suppression de 100 à 150 lits d’hospitalisation. Face à l’inquiétude, les « responsables » (?) avancent les progrès de l’hospitalisation à domicile. 100 à 150 places d’hospitalisation à domicile sont-elles prévues ? Le flou est entretenu. En tant que professionnel ayant exercé sa carrière en psychiatrie, je peux témoigner : quand les progrès en termes de soins sont utilisés, détournés

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hanté par des marchands de sommeil, aux travailleurs pauvres vivant dans leur camion, en tente dans la forêt ou dans des maisons squattées, y compris en plein hiver, la précarité fait désormais partie du décor dans un territoire qui rêve pourtant d’œnotourisme. » Pierre Cheminade décrit le « manège » des travailleurs qu’on vient chercher au petit matin dans le centre de Pauillac, une « plaque tournante en raison de sa

pour faire des économies et non dans l’intérêt des malades, les suppressions de lits peuvent conduire à des taux d’occupation de 110, 120 ou 130 %, des malades sous les escaliers, dans les couloirs, des lits de camp pliables… Une expérience personnelle : Je suis malade depuis avril et pris en charge sur le site de R. Picqué d’une part et Bagatelle d’autre part. À cette « occasion », je peux apprécier le professionnalisme, la compétence et la disponibilité du personnel tant dans la structure publique que dans la structure privée à but non-lucratif *. Mardi 2 octobre, je me présente à Bagatelle pour une journée de soins prévue depuis 3 semaines, au moins : pas de place ! Je suis dirigé vers R. Picqué. Mon voisin de chambre me fait part de son expérience du même jour : il s’est présenté le matin pour une hospitalisation prévue, elle aussi.

Il a été dirigé vers Bagatelle qui l’a renvoyé sur Robert Picqué. Quand les patients sont traités comme des patates chaudes, on peut raisonnablement penser à des problèmes de suroccupation de lits. Et la suppression de 100 à 150 lits dans ce contexte ne peut être qu’une folie. Actuellement, malgré le dévouement du personnel, aux urgences de Robert Picqué des attentes de 4 à 5 heures ne sont pas rares. En supprimant des lits d’hospitalisation n’est-on pas en train d’organiser les catastrophes sanitaires de demain ? On peut le craindre. Pierre Bordas * Pour les tenants d’une confrontation stérile, dogmatique public/privé en matière de santé, un sujet de réflexion : la Sécurité Sociale est, très majoritairement, un organisme de droit privé assurant une mission de service public. (Wikipédia)


ACTUALITÉ

Editorial

MOBILISATION DES RETRAITÉ·ES

Pour le pouvoir d’achat et l’avenir de tou·tes

Avec, en moyenne, 2 manifestations par an, depuis 5 ans, le « groupe des neuf » (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, CFR, LSR et Ensemble et solidaires) interpelle le gouvernement sur la baisse du pouvoir d’achat des retraité·es, engendrée par le gel des pensions et l’augmentation de la CSG. Mardi, elles-ils bâtaient à nouveau le pavé, à Bordeaux comme ailleurs, pour exiger la suppression de la hausse de la CSG pour tous et la fin du gel des pensions, avec rattrapage des pertes subies dès le 1er janvier 2020. Mardi en fin de matinée, des retraité·es ont rebaptisé le parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux : « Place des droits des retraité·es », avant de partir en manifestation. « Nous manifestons pour nos retraites qui sont valorisées en dessous de l’inflation donc, mécaniquement elles baissent. De plus le prélèvement de la CSG a été augmenté de 25 % d’un coup. Alors on nous dit que c’est sur les retraites les plus élevées, mais on est quand même loin des retraites

chapeau ! », rappelle Bernard Debars, retraité FSU, au nom du “groupe des neuf”. « Nous pensons aux générations à venir, ce qui est perdu pour nous sera perdu pour les autres, s’insurge le militant. Nous défendons aussi les services publics et leurs salariés, c’est pourquoi la manifestation passe par l’ hôpital Saint-André, où le service d’urgence est en grève depuis des mois, et qu’elle rejoint les personnels des EHPAD et de l’aide à domicile devant l’Agence régionale de santé. » « Depuis des années on nous divise. Pour donner aux un·es, on prend aux autres. Depuis des décennies pour améliorer les revenus des salarié·es on allège les cotisations sociales. Le résultat c’est qu’il n’y a plus de ressources pour la sécurité sociale et on a juste remplacé du salaire mutualisé par du salaire direct ». Ces retraité·es s’opposent également au projet de réforme des régimes de retraites. « Ils veulent plafonner le volume des retraites à 14 % du PIB, actuellement on est en dessous mais le nombre de retraités va augmenter donc tout le monde va y perdre, poursuit Bernard Debars. Les retraité·es sont des aidant·es familiaux, des

administrateur·trices d’association, des gardes d’enfants, a-t-on calculé ce que cela coûterait à la collectivité s’ils ne remplissaient pas toutes ces fonctions ? » « On en a marre d’entendre que les retraité·es sont un coût, surenchérit Françoise Ernandez de la CGT. L’espérance de vie augmente, tant mieux ! C’est un progrès, pas un coût ». « On nous parle d’inégalités, reprend le militant FSU, entre les différents régimes de retraites mais chaque spécificité a son histoire, ses conditions particulières. S’il faut harmoniser, faisons-le par le haut ! Quand au système par point, on se souvient que lors de la crise de 2008, là où ce système existait, des retraites ont été divisées par deux. Actuellement, lorsque l’on travaille, on peut savoir à quel âge on arrêtera et avec quel montant, avec le système par point, ce ne sera plus possible et il sera plus facile pour le gouvernement de décider de baisses. » « Si on se décourage, ça va aller très vite, prévient Philippe Cruchon de la CGT. Le peu que nous faisons, ça aide les gens à voir qu’il y a des moyens d’agir et ça freine un peu le gouvernement ». Après la manifestation, reprennent donc les distributions de tracts sur les marchés (Pessac, les Capucins à Bordeaux ou encore Léognan) et les réunions publiques comme celles organisées le 9 octobre à Cestas ou le 17 octobre à Saint-André de Cubzac (8h30 à 12h30, salle du Mascaret) pour expliquer et mobiliser. Christelle Danglot

AIDES À DOMICILE ET EHPAD

Personnels mobilisés pour des moyens Salariés et dirigeants des structures de prise en charge de personnes âgées ou handicapées manifestaient mardi pour obtenir des financements à la hauteur des besoins. À Bordeaux, un rassemblement soutenu par les retraités (lire ci-dessus) a eu lieu à l’ARS. Édouard Philippe avait annoncé que la prise en considération du grand âge serait un marqueur du quinquennat d’Emmanuel Macron. Le premier ministre ne s’est pas trompé. L’intersyndicale du secteur de l’aide aux personnes âgées (Sapa), représentant les salariés des Ehpad et de l’aide à domicile, ainsi que l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) ont manifesté, mardi, côte à côte, devant le ministère des Solidarités et de la Santé à Paris pour une vraie prise en compte des enjeux du vieillissement de la population et des travailleurs qui y font face. Pour compléter cette union sacrée, les associations et fédérations des secteurs personnes âgées et personnes handicapées ont apporté leur soutien à ce mouvement d’ampleur.

Cette unanimité est proportionnelle à l’exaspération qui touche tous les secteurs de la dépendance. Car, depuis la mobilisation des salariés des Ehpad et de l’aide à domicile de janvier 2018, rien n’a vraiment bougé. Par exemple, l’intersyndicale CGT/FO/UNSA/SUD du centre hospitalier de Libourne tient la chronique d’une inexorable détérioration : « charge de travail trop grande, sous-effectif chronique (plus de 20 agents absents sur les 3 EHPAD), épuisement des salariés, maltraitance institutionnelle sur les résidents, fuite des agents (mutations, démissions, dispo…), changement de planning et rappel à domicile fréquents, mobilité des agents sur les 3 EHPAD, pose des congés difficile, heures sup défiscalisées non payées ou refusées, réglementation des organisations de travail non respectée… ». Les organisations appelaient à la mobilisation devant chaque EHPAD, mardi. Dans cette branche professionnelle où 40 % des salariés sont rémunérés en dessous du Smic horaire, le salaire moyen d’une aide à domicile a perdu 13 % en dix ans et le secteur a perdu

1,3 % de ses emplois entre 2017 et 2018, faute d’attractivité ou de fermeture d’associations employeuses. Agnès Buzyn a bien promis 5 200 recrutements dans les Ehpad, une aide de 130 millions d’euros pour leur rénovation, ainsi que 50 millions d’euros à l’aide à domicile. L’Union nationale de l’aide à domicile (UNA) a calculé qu’il manquait 1,5 milliard d’euros pour faire face aux enjeux de la dépendance. Les fédérations du privé non lucratif ont bien une idée pour trouver des sous : ajourner le remboursement d’une petite partie de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Soit 2 à 3 milliards d’euros pour amorcer la prise en compte de la transition démographique, qui devrait voir le nombre des plus de 85 ans multiplié par trois d’ici à 2050. Les syndicats demandent la création, en urgence, de 40 000 postes dès 2020 sur la filière du Grand âge ainsi que la revalorisation des rémunérations et l’accès à la formation.

Tartuffe À Rodez, le président de la République a tenté d’expliquer sa réforme des retraites… Difficile exercice que celui de rassurer les Français quand plus des deux tiers se disent à juste titre inquiets pour leur retraite. Le Président l’a dit, il garantira l’âge de départ en retraite à 62 ans, sans perte de pension. C’est un mensonge, un de plus. La mise en place de la retraite par point ne garantit rien au contraire, elle livre chacun et chacune au bon vouloir d’un gouvernement qui peut à tout moment baisser la valeur de ce point. En d’autres termes, on sait combien on cotise, on ne sait pas combien on aura. L’objectif étant, malgré le vieillissement de la population et l’augmentation relative de l’espérance de vie, de maintenir à moins de 14 % du PIB la part des richesses consacrée à la retraite. Le Capital a besoin d’accumuler des richesses, les fonds de pensions seront là pour ceux qui en ont les moyens et participeront de cette confiscation des richesses produites. La colère gronde, et le Président des riches choisit, dans ce moment, de porter le débat sur l’immigration, donnant raison à ce que l’extrême droite a de plus rance et qui percole dans la société comme un poison. Eric Zemmour est convoqué pour déverser son flot haineux contre l’étranger, l’immigré, le réfugié… Et, en écho à celui-ci, le Président des riches lâche qu’il faut en finir avec les excès de l’aide aux réfugiés. Ce n’est pas un duel, c’est un duo entre l’extrême droite et la majorité en place. D’ailleurs l’extrême droite ne formule aucune proposition pour les salaires et une véritable réforme des retraites. Le bouc émissaire, l’immigré, est mis en avant : l’aide médicale aux réfugiés alors qu’elle ne représente que quelques millions d’euros passe au premier plan, devant les profits colossaux réalisés par les détenteurs des entreprises du CAC40. Taxer le capital au même niveau que le travail rapporterait 30 milliards d’euros. De quoi combler le déficit creusé de la sécurité sociale, de quoi donner aux collectivités les moyens de politiques ambitieuses répondant aux besoins, de quoi développer des services publics dans tous les domaines pour relever les défis sociaux et environnementaux. Le budget de l’État pour 2020 tourne, une fois de plus, le dos aux aspirations populaires et n’est pas au niveau de réponse suffisant face à l’urgence sociale et climatique. La bataille pour une autre réforme des retraites, celle pour l’Hôpital public, les marches pour le climat, les luttes pour l’emploi et les salaires, les prochaines élections municipales sont autant de leviers et d’occasions pour développer des propositions en réponse à l’urgence sociale et climatique et qui affrontent les logiques à l’œuvre.

Sébastien Laborde secrétaire départemental du PCF et membre de l’exécutif national

C.D. avec l’Humanité Les Nouvelles 10 octobre 2019 • 3


ÉLECTIONS MUNICIPALES 2020

EMPLOI-ÉCONOMIE

Redonner des compétences et des moyens aux communes

La loi NOTRE de 2015 renforce le rôle de la région en matière de développement économique. Elle a la responsabilité de la politique de soutien aux petites et moyennes entreprises et aux entreprises de taille intermédiaire. Elle fixe les orientations régionales pour une durée de cinq ans. Les métropoles de la loi MAPTAM 2014 exercent des compétences renforcées, en lieu et place des communes membres, dans plusieurs domaines  : développement et aménagement économique, social et culturel ; aménagement de l’espace métropolitain ; politique locale de l’habitat ; politique de la ville ; gestion des services d’intérêt collectif ; protection et mise en valeur de l’environnement et politique du cadre de vie.

Cela s’est traduit par une politique, régionale et métropolitaine, d’attractivité liée à des « entreprises d’excellence » qui ne profite pas à l’emploi local et force la frange la plus fragile de la population à s’installer en dehors de la métropole. Sur les communes de la Rive droite le taux chômage est en augmentation.

Dès 2006 les élus communistes de la CUB pointaient les dangers de cette politique, et ont lancés des alertes lors des grands débats, notamment pour «Bordeaux 2030», nous étions malheureusement bien seuls alors. La mise en concurrence des territoires que sous-tend l’attractivité, ne vise pas à répondre aux besoins des populations mais à répondre aux seules nécessités de la rentabilité. Pour le projet Euratlantique rive

droite en cours, nous défendons l’idée que pourrait s’y développer une activité industrielle vertueuse (recyclage, ESS, économie circulaire…) plutôt que de privilégier les surfaces de bureaux profitant à l’emploi tertiaire (sinon à la spéculation immobilière). Nous nous efforçons à ce que les terrains métropolitains des rives de Garonne reçoivent de nouvelles structures susceptibles de créer de l’emploi, plutôt que des délocalisations. Nous nous battons également pour l’implantation de l’artisanat, de commerces de proximité, en défendant le maintien des services publics, et en travaillant aux rapprochements des services de l’emploi de notre population. La formation professionnelle, compétence régionale, pour nos concitoyens au chômage souvent avec des niveaux de formation non adaptés

Des élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars 2020 ainsi que l’élection des conseiller·es communautaires. Au Parti communiste, on affirme d’abord son attachement au fait communal et aux moyens qui lui sont donnés pour répondre aux besoins des populations en terme de services publics, d’égalité et de citoyenneté, de vivre ensemble et pour faire des villes des acteurs de la lutte pour le climat, pour les solidarités, pour l’égalité femme-homme. L’organisation entend être porteuse de propositions et d’une conception du rassemblement qui « rejette les vieilles pratiques hégémoniques d’où qu’elles viennent » et qui s’attache à construire des majorités populaires, de progrès, autour de projets qui répondent aux besoins. Des projets qui vont se construire, donc dans les semaines, les mois qui viennent. Dans la continuité du dossier que nous avons publié dans notre édition du 26 septembre, nous avons sollicité quelques élu·es et militant·es sur des thèmes précis. Ils vous font part de leur réflexion, de leur expérience.

aux emplois proposés, reste pour nous un combat très difficile. Nous voyons bien, dans ce contexte, qu’aujourd’hui, il faut redonner aux communes : - des compétences notamment dans les domaines économiques, de l’emploi, dans le respect de l’environnement. - la garantie des moyens financiers, en exigeant un réel financement de l’État, une nouvelle fiscalité locale, et la compensation à 100 % de la taxe d’habitation. Y associer la population, lui donner les moyens de comprendre les

choix faits, Cela oblige les uns et les autres à porter des avancées dont les citoyen·nes se sont emparés. Josette Durlin Adjointe au maire de Floirac, chargée du développement économique et de l’emploi Loi NOTRE : nouvelle organisation territoriale de la république Loi MAPTAM loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles

L’ÉDUCATION

FAIRE VIVRE LA DÉMOCRATIE LOCALE

Une priorité et un chantier en perpétuel mouvement

Un sacré projet

Les communes sont le premier partenaire de l’école publique dont elles assurent l’investissement, l’entretien, le fonctionnement matériel et humain (hormis le personnel enseignant). La ville de Cenon a fait sienne cette priorité depuis de nombreuses années. Depuis 2018, outre la construction en cours - d’une école maternelle, la commune a fait face à une dépense nouvelle d’investissement d’1,2M€ pour permettre la mise en place du dédoublement des classes de Cp et Ce1, investissement que l’État ne compensera qu’en partie. Au quotidien, accompagner l’école c’est : assurer la présence d’un·e agent technique spécialisé·e (ATS) dans chaque classe de maternelle, assurer l’entretien des locaux maternels et élémentaires, assurer l’accompagnement et le service dans chaque restaurant scolaire, assurer l’aide et le suivi administratif au sein des services municipaux. Soutenir l’école publique c’est aussi ouvrir largement l’accès aux struc-

tures municipales – médiathèque, structures sportives et espaces culturels – et assurer le transport des élèves vers ces structures. Pour une ville comme Cenon, prendre part à l’Éducation c’est aussi permettre l’accès au numérique par la dotation de matériels, c’est doter les écoles de fournitures scolaires et de matériel pédagogique et, bien sûr, assurer l’achat du mobilier nécessaire. Ce partenariat et cette priorité ne peuvent décidément pas s’accommoder du carcan imposé aux communes par l’actuel gouvernement. L’accueil de qualité des enfants (plus nombreux sur les communes de la métropole bordelaise) ne peut pas se faire et ne se fera pas en « dégraissant » les effectifs des collectivités territoriales, n’en déplaise à messieurs Lemaire et Darmanin, quand les familles en difficultés rencontrent de plus en plus de difficultés, quand les services sociaux ont de plus en plus de mal à répondre à l’attente de la population plus âgée pour le maintien à domicile de plus en plus nécessaire, devant et le manque et le coût d’un accueil en Epadh. Il est indispensable que la priorité

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faite à l’école non seulement perdure mais se développe, notamment en accompagnant les projets autour des classes de découvertes hors les murs et hors de la ville pour tendre vers des séjours d’une semaine favorisant ainsi le vivre ensemble et l’échange sur tous les aspects de la vie quotidienne et la découverte de lieux et de pratiques inconnues. Beaucoup, beaucoup d’enfants à Cenon ne quittent pas leur environnement immédiat et ne partent pas en vacances. La reconstruction de la piscine municipale devra être sans retard entreprise après la création des nouveaux terrains de foot, ainsi la ville et l’école pourront retrouver dans d’excellentes conditions le programme d’adaptation des enfants « au milieu aquatique » et leur permettre pendant les vacances de passer d’agréables moments en famille. Ces 2 démarches partent vraiment de besoins réels et d’autres encore peuvent être étudiées et élaborées avec les partenaires que sont les enfants, les familles et l’école. Éliane Barthélémy, conseillère municipale à Cenon

Pour qui aura, comme moi, assisté à des réunions publiques organisées par la Mairie, ou suivi les résultats d’enquête d’utilité publique, le constat est terrible : la démocratie est en panne faute de participants. Celui qui aspire à participer à la gestion d’une ville, ne peut pas ne pas s’interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour faire participer les citoyens aux choix qui les concernent. Aujourd’hui, ce que l’on appelle « participation citoyenne » n’est le plus souvent qu’un exercice de style confinant à un simple moment d’information du public. Trois exemples :

• Grand Parc : 4 000 logements. Réunion publique sur la restructuration du quartier : 70 habitants présents seulement face à une cohorte d’élus et employés municipaux, d’architectes de cabinets d’études, de directions des bailleurs sociaux. Un déséquilibre numérique et sociologique et de langage. Après l’intro de la mairie, les explications des experts, il reste

peu de temps pour les questions du public. La mairie revient six mois après dans une configuration publique identique pour donner le résultat des réflexions où personne ne s’y retrouve. • Plantée sur un arbre du Grand Parc, vue par hasard une affiche jaune de la Métropole annonçant une enquête publique sur la requalification de rues avec horaires et lieu de consultation en journée, des documents sous 15 jours et à la Cité Municipale au centre de Bordeaux. Qui ira ? • Appel à projets citoyens de la part de la mairie de Bordeaux soumis au vote des bordelais. Des jeunes proposent de construire un kiosque aux Aubiers pour en faire un lieu convivial de rencontre. Qui s’en soucie mis à part les habitants des Aubiers ? Le projet n’a pas reçu suffisamment de voix. Comment ces jeunes rebondiront ils ? Est-ce que ces types d’exemples sont spécifiques à ces deux quartiers ? Je ne le pense pas. On peut toujours se lamenter sur la faible implication des habitants à la vie de la cité, mais on n’avancera pas si on ne lève pas les freins techniques,


0 : DES PROPOSITIONS DU PCF sociologiques et culturels. Ce type de réunion frustre tout le monde ; les organisateurs et intervenants qui se lamentent de la désertion des habitants et les habitants qui désertent puisqu’ils ont un fort sentiment qu’on ne leur demande leur avis que sur « la forme des bacs à fleurs ». Pourtant, il suffit de quelques mots échangés sur un trottoir pour se rendre compte que les habitants connaissent leur quartiers et ne sont pas ignorants des enjeux de la ville. C’est le mode de concertation qui est interrogé et, en définitive, la manière dont on entend diriger une ville. La fracture est profonde et le chemin du retour à la confiance nécessaire à toute co-construction sera long. Il faut donc une volonté politique d’y arriver et des moyens techniques et humains en conséquence. Je suggèrerai quelques pistes :

• D’abord, il faut réduire la taille des quartiers administratifs de Bordeaux (donc en multiplier le nombre) pour

leur (re)donner une identité propre et rapprocher les habitants des lieux de décisions. • Les habitants sont le plus souvent désireux de s’impliquer, avec leur modestes moyens en temps disponible : il faut donc aller à leur devant, ce qui suppose de sortir des murs et d’aller « au pied des immeubles » ou « sur les lieux de passage », de façon répétée, en se donnant le temps nécessaire. • Leur laisser le plus possible le pouvoir de réflexion (choix des priorités) et de décision, avec des budgets dignes de ce nom. • La mise en place de commissions permanentes n’est pas une mauvaise chose en soit, mais comment les constituer démocratiquement (élection ? tirage au sort ?) et quels moyens leur attribuer pour qu’elles puissent travailler avec les habitants ? quelles prérogatives leur donner pour qu’elles consultent des experts (et non l’inverse) ? • Il faut accepter que les élus soient plus dans un rôle d’accompagnement technique, juridique et financier

des projets émis par les habitants, ce qui suppose d’inviter ceux-ci en amont des discussions sur les enjeux stratégiques. • Il y a une dimension d’éducation populaire à considérer pour plus de citoyenneté. Les moyens : ouvrir des lieux de rencontre, soutenir mieux la vie associative, favoriser l’expression des habitants les plus éloignés de la facilité de débat et de la prise de décision.

Réunis à Paris pour le congrès de leur association, les élus communistes et républicains ont appelé le week-end dernier à l’unité de la gauche et élu Ian Brossat à leur tête.

Arrêté anti pesticides… est-ce que ça suffira ?

La responsabilité de l’Etat est clairement engagée et il ne peut pas rester silencieux ! L’État autorise la mise sur le marché de produits et leur renouvellement sans vraiment tenir compte des dernières études, nombreuses, qui pointent la responsabilité dans de nombreux cas de cancers des principes actifs et adjuvants utilisés dans les pesticides. Aussi l’inquiétude et l’angoisse des riverains face aux épandages du monde agricole se fait de plus en plus sentir et les agriculteurs ou viti-

culteurs sont stigmatisés, pointés du doigt comme responsables alors que l’État continue d’homologuer ces produits, les rendant légaux. Ce mouvement des maires veut répondre à l’absence de règles précises encadrant l’usage de produits que l’État doit reconnaître comme dangereux pour les riverains et les enfants dans nos écoles, tout en donnant son feu vert à leur mise sur le marché. En effet, le Conseil d’État de juin 2019 a retoqué l’arrêté interministériel de mai 2017, chargé de définir les usages de ces produits et la protection des populations, le jugeant insuffisamment protecteur. Face à l’immobilisme, les maires et élus de proximité prennent l’initiative. Le statu quo sur l’usage des pesticides n’est pas acceptable et agir ne peut se résumer à l’utilisation d’équipements de protection individuelle par les salariés ou à imposer aux agriculteurs des zones sans traitement, plus ou moins grandes. La vraie question qui vaille est l’après pesticides. Quel monde agricole construisons-nous ensemble, en

Les élus PCF font le pari du rassemblement

Jean-Jacques Bordes, secrétaire de la section de Bordeaux

DANS LES COLLECTIVITÉS

De nombreux maires, ou encore le président du Val de Marne, prennent des arrêtés anti pesticides pour tenter de réglementer leur usage sur le territoire communal au nom de leur mission de protection des populations. Ces arrêtés sont décrétés illégaux par l’Etat, via les préfectures, et sont dénoncés. Pourtant nous sommes ici dans un vide juridique majeur sur l’encadrement de ces produits phytosanitaires et pesticides.

EN CONGRÈS NATIONAL

France mais aussi en Europe ? Sortir d’une agriculture chimique et intensive exige un accompagnement fort de l’État et de l’Europe et de sortir du zonage agricole de l’Europe et de la mise en concurrence des producteurs entre eux. Le critère local et bio doit être valorisé dans les aides financières et pour contracter des crédits. L’agneau de Nouvelle Zélande a une empreinte carbone considérable, il ne peut pas être vendu moins cher qu’un agneau français ! Enfin il y a aussi besoin de formation pour permettre aux agriculteurs de penser leur production différemment qu’avec le soutien de la chimie, comme ils ont pu l’apprendre au lycée agricole. Tout est à construire, l’État doit agir et légiférer mais le lobbying qui lui murmure à l’oreille est puissant. Aussi la mobilisation doit se poursuivre pour obliger l’Europe à interdire le glyphosate puis les produits considérés comme CMR (cancérogène, mutagène et/ou reprotoxique), alors nous pourrons envisager la suite. Stéphane Le Bot

À moins de six mois des élections municipales, le rythme des déclarations de candidatures s’accélère mais tout n’est pas encore ficelé, tant s’en faut. Le calendrier se resserre mais les élus communistes et républicains ne désespèrent pas de faire entendre leur message. Réunis à Paris le weekend dernier pour le congrès de leur association, l’Anecr, ils ont lancé un appel au rassemblement à l’intention des citoyens et des autres formations de gauche. Face à un « président de la République (qui) poursuit la construction raisonnée mais dangereuse d’un paysage où la seule alternative » serait « l’extrême droite » et face à « l’absence de réponse aux défis environnementaux et sociaux », « les élus locaux ont un très grand rôle à jouer », assure, dès l’ouverture des travaux, Patrice Bessac, le maire de Montreuil (SeineSaint-Denis) et président sortant de l’Anecr. Mais, dans l’auditorium de la maison de la RATP où se tient le congrès, beaucoup témoignent des difficultés de cette période des plus instables. « Il y a une forte aspiration à l’unité, un ras-le-bol des gens de la division de la gauche, une angoisse pour 2022 de se reprendre une purge libérale », constate Philippe Bouyssou, le maire d’Ivry, tout en regrettant de ne pouvoir compter sur le soutien de l’ensemble de la gauche. Trois « axes de batailles » pour 2020

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, avait déjà lancé un appel au rassemblement à la mi-septembre, lors de la Fête de l’Humanité. « Tout le monde se tend la main, mais on entend qu’ici ou là, ça ne va pas ; à un moment, on va bien se croiser », a-t-il résumé ce week-end plaidant pour des alliances à gauche dès le premier tour. « Ce n’est pas dans un accord national ni même départemental que nous trouverons les solutions », préciset-il, grandes villes mises à part. L’enjeu numéro un : faire des communes de « véritables boucliers sociaux ». « On n’est pas des politiciens qui cherchent à marquer des points pour notre propre

carrière. On est des citoyens comme tout le monde, présents au quotidien pour améliorer les conditions de vie de tous », martèle Olivier Corzani, élu maire de Fleury-Mérogis (Essonne), lors d’une partielle cette année, alors que le PCF avait perdu la ville en 2009. « Urgences écologique, sociale, démocratique » reviennent en boucle dans les prises de parole. « Malgré les attaques tant administratives que budgétaires, chaque fois que nous le pouvons, nous faisons de nos communes des lieux d’innovation pour répondre aux besoins des populations », insiste Ian Brossat, élu ce samedi à la tête de l’association. L’adjoint à la mairie de Paris multiplie les exemples – budgets participatifs, complémentaire santé communale, municipalisation de l’eau, repas bio dans les cantines, permis de louer contre l’habitat indigne, ou encore transports gratuits –, avant de brosser trois « axes de batailles » : « défense de l’échelon communal », « nouvel essor des services publics locaux » et « lutte contre l’application de l’austérité ». Là se pose un problème de taille. « La baisse des dotations aux collectivités n’a jamais été si importante : 13 milliards sous le mandat de François Hollande et 13 milliards prévus sous le mandat du président de la République actuel. Nos communes sont asphyxiées, étranglées », s’indigne Fabien Roussel. Les marges de manœuvre en sont réduites d’autant. « Dans les villes que nous dirigeons, nous avons dû aussi – compte tenu de la purge budgétaire que nous avons subie – appliquer la rigueur. Dans ma ville, on ne remplace plus tous les départs en retraite », témoigne JeanPierre Bosino, le maire de Montataire (Oise). Pour les communistes, une solution : l’intervention citoyenne. « Il n’y a plus une décision municipale qui pourra se prendre sans un engagement plein et entier des citoyens et sans aller arracher avec les dents les moyens de répondre aux besoins des habitants », estime le maire d’Ivry. Pour pallier la suppression de la taxe d’habitation, qui grève elle aussi les budgets locaux, le PCF planche sur une réforme de la fiscalité locale. En attendant, les parlementaires communistes proposeront, dès les prochaines semaines, lors de l’examen du budget, de mettre 5 milliards sur la table en 2020. Julia Hamlaoui, l’Humanité du 07/10/2019

Les Nouvelles 10 octobre 2019 • 5


INTERNATIONAL ALGÉRIE

Le système se vautre dans l’arbitraire

RASSEMBLEMENT À BORDEAUX CE SAMEDI 12 OCTOBRE À 14H PLACE DE LA BOURSE. Le PCF en Gironde appelle ses militants à participer à la manifestation en soutien aux Kurdes de Syrie.

MOYEN-ORIENT

Washington livre les Kurdes de Syrie à Erdogan

La répression se durcit encore en Algérie, où les arrestations de militants se multiplient, tandis que le régime s’arc-boute sur son agenda électoral, rejeté par le mouvement populaire. Vendredi 4 octobre, à Alger, cinq militants du Rassemblement Actions Jeunesse ont été interpellés en marge de la manifestation, dans des cafétérias du centre-ville. Massinissa Aissous, Mokrani Djalal, Hakim Addad, Hmimi Bouider et Kamel Ould Ali sont depuis le 22 février des visages familiers du « hirak », ils connaissent à leur tour aujourd’hui le sort de plusieurs dizaines de citoyens arbitrairement détenus pour des

motifs politiques. Le lendemain, alors qu’ils déposaient une gerbe de fleurs place des Martyrs à la mémoire des victimes de la répression d’octobre 1988, des responsables politiques, des parents de détenus, des défenseurs des libertés étaient arrêtés, avant d’être finalement relâchés. Parmi eux, Ouahid Benhalla et Fethi Gherras, dirigeants du Mouvement démocratique et social, et l’avocate Aouicha Bekhti, impliquée dans la défense des détenus politiques et d’opinion. « L’actuelle dérive est d’assimiler l’exercice de la citoyenneté et des libertés individuelles et collectives à une atteinte à l’unité nationale », dénonce l’avocate et députée du Rassemblement pour la culture et la démocratie Fetta Sadat.

EQUATEUR

Face à la révolte sociale, le président Moreno décrète l’état d’exception La fin de la subvention des carburants prévue dans le plan d’ajustement structurel du FMI a mis le feu aux poudres en Équateur. Une grève nationale était organisée le 9 octobre. Depuis le 3 octobre, le chef de l’État équatorien, Lenin Moreno, essuie une révolte sociale : manifestations dans le centre de la capitale, ainsi que dans les grandes villes, écoles et facultés fermées, routes bloquées… Après les chauffeurs de transport, ce sont les étudiants, les syndicats de salariés et les Indiens de la Conaie, la puissante Confédération des nationalités indigènes, qui refusent de payer la facture du plan d’ajustement structurel convenu avec l’institution financière internationale (FMI). Élu en 2017 sur le bilan de la révolution citoyenne de son prédécesseur Rafael Correa, le président, qui a depuis retourné sa veste, a décrété l’état d’exception pour une durée de 60 jours. Les forces de l’ordre, chargées de mater les mobilisations, ont procédé à près de 400 arrestations. Les manifestants, qualifiés de « putschistes » par Lenin Moreno, ont répondu à cette mesure d’intimidation par un appel à une grève nationale, prévue le 9 octobre. Le 1er octobre, le président a annoncé

une série de mesures économiques impopulaires, en échange d’un prêt conditionné du FMI d’un montant de 4,2 milliards de dollars sur trois ans. Quito (la capitale) prévoit ainsi de réduire de 20 % les salaires des contractuels dans le secteur public. Les fonctionnaires verront leurs vacances annuelles de 30 jours amputées de 50 % ; ils devront également renoncer à un jour de leur salaire par mois. Par ailleurs, les entreprises dont les revenus excèdent les 10 millions de dollars par an seront assujetties à une contribution fiscale. Selon l’exécutif, les 300 millions de dollars qui seront au total levés permettront de financer la santé, la sécurité publique et l’éducation. Mais c’est surtout la suppression de la subvention aux combustibles – estimée à 1,3 milliard par an – qui a mis le feu le feu aux poudres. « Compatriotes, il est nécessaire de corriger les graves problèmes de l’économie équatorienne (…). Durant des décennies, cette subvention a bénéficié principalement à ceux qui n’en avaient pas besoin et à ceux qui vivent de la contrebande », a osé expliquer Lenin Moreno. Deux jours seulement après ces annonces, les prix sont partis en flèche. Les manifestants craignent que cette flambée des prix ne se répercute sur les tarifs des transports et les biens de consommation.

6 • Les Nouvelles 10 octobre 2019

La Maison-Blanche a donné son feu vert à l’offensive planifiée de longue date par Ankara contre les Forces démocratiques syriennes. La garde des prisonniers de Daech est confiée aux autorités turques. (…) Lundi, au terme d’une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le président des États-Unis donnait son feu vert à l’offensive planifiée de longue date par Ankara dans le nordest de la Syrie contre les combattants kurdes des YPG (Unités de protection du peuple) et les Forces démocratiques syriennes (FDS, incluant les YPG et leurs alliés arabes). Conséquence immédiate de cette décision aussi brutale qu’inattendue : lundi, les

forces américaines déployées aux abords de la frontière commençaient à se retirer, abandonnant des positions stratégiques près des villes de Ras al-Ayn et de Tal Abyad pour ouvrir la voie à l’incursion militaire turque. En première ligne des combats qui ont conduit au démantèlement du « califat » territorial tenant lieu de sanctuaire aux djihadistes de l’« État islamique » (EI), les forces kurdes s’estiment aujourd’hui trahies. Le porteparole des FDS, Mustafa Bali, accuse les États-Unis de laisser la région « se transformer en zone de guerre » en la quittant et en confiant aux autorités turques la responsabilité de tous les combattants de l’EI capturés ces deux dernières années dans la zone – une bombe à retardement entre les mains

d’Erdogan. (…) Politiquement affaibli, Erdogan veut reprendre la main, après l’échec de son parti, l’AKP, aux municipales et la perte d’Ankara et d’Istanbul. Trump, lui, croit jouer la bonne carte, alors qu’il affronte une procédure d’impeachment : il a justifié hier sa décision par la volonté de « sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales ». « La Turquie, l’Europe, la Syrie, l’Iran, l’Irak et les Kurdes devront maintenant résoudre la situation », a-t-il expliqué. Devant les risques d’embrasement, les critiques fusent. Ancien envoyé spécial américain dans la lutte contre l’EI, Brett McGurk prédit une résurgence de Daech et dénonce un « pari téméraire » : « La Turquie n’a ni l’intention, ni le désir, ni la capacité de gérer 60 000 détenus » djihadistes. Mêmes craintes au Quai d’Orsay, où l’on estime que « l’organisation dispose encore de ressources et de capacités d’action importantes ». Paris met en garde contre « toute action unilatérale » qui « nuirait à la stabilité de cette région et aux efforts (…) pour lutter durablement contre le terrorisme ». Sur le terrain, les Forces démocratiques syriennes, elles, promettent aux troupes turques, en cas d’agression, « une guerre sans merci sur toute la frontière ». Rosa Moussaoui, l’Humanité du 08/10/2019

PORTUGAL

Le socialiste Antonio Costa s’impose, sans majorité absolue Le premier ministre a remporté les élections législatives du 6 octobre. Pour gouverner, il devra nouer des alliances parlementaires, comme il l’a fait ces quatre dernières années avec les autres formations de gauche. Il souhaitait une majorité absolue, il devra se contenter d’une majorité simple. Le socialiste Antonio Costa a remporté les élections législatives qui se déroulaient ce 6 octobre au Portugal. La formation du premier ministre sortant totalise 36,65 % et envoie ainsi 106 députés à l’Assemblée de la République, contre 86 parlementaires en 2015, lorsqu’elle n’était pas parvenue à défaire dans les urnes le Parti social-démocrate (PSD-droite), pourtant responsable de terribles politiques d’austérité. Ce coup-ci, la victoire est nette. Le PSD emmené par Riu Rio, qui n’a pas renouvelé sa coalition avec les conservateurs du Centre démocratique social-Parti populaire (CDSPP), résiste avec difficulté à la vague rose. Il obtient 27,9 % des suffrages,

et enregistre un recul de près de 10 % par rapport à il y a quatre ans. Faute de majorité absolue fixée à 116 députés (sur les 230 sièges que compte l’Assemblée), le Parti socialiste sera contraint de nouer des alliances politiques pour pouvoir gouverner, comme ce fut le cas durant cette dernière mandature. (…) Le Bloc de gauche (BE), qui avait totalisé 10,19 % en 2015 et obtenu 19 parlementaires, maintient son nombre de députés avec 9,67 % des voix. Sa coordinatrice, la députée Catarina Martins, s’est dite disponible pour renouveler l’expérience de ces quatre dernières années. Quatrième force politique : le Parti communiste portugais (PCP) et le Parti des écologistes-Verts (Pev) réunis au sein de la Coalition démocratique et unitaire (CDU). Elle décroche 6,46 % des votes, contre 8,25 % en 2015, et 12 élus, contre 17 en 2015. Le secrétaire général du PCP, Jeronimo de Sousa, qui a été réélu dimanche, a reconnu que les résultats n’étaient pas à la hauteur espérée et qu’ils « constituaient un facteur négatif pour le futur proche de la vie portugaise ».

Le CDS-PP, quant à lui, ne parvient pas à franchir la barre symbolique des 5 % (4,25 %, soit 5 élus). Sa cheffe de file, la conservatrice Assunção Cristas a annoncé qu’elle jetterait l’éponge lors de la tenue d’un congrès extraordinaire à venir. Le Parti Personne animaux nature (PAN), qui avait fait une étonnante percée aux élections européennes, confirme son assise avec 3,28 %, et fait élire 4 parlementaires, contre un il y a quatre ans. Enfin, et ce n’est pas là le meilleur des signaux, le Portugal, comme le reste de ses voisins européens, assiste à l’émergence du parti d’extrême droite Chega qui entre au parlement avec un député. (…) Le PS a déclaré qu’il allait s’entretenir dans les prochains jours avec ses alliés d’hier, ainsi que le PAN et la petite formation écologiste Livre qui a fait élire un député. Antonio Costa a reconnu que la « geringonça » avait plu aux Portugais, mais que le renforcement du PS rebattait les cartes. Cathy Dos Santos, l’Humanité du 07/10/2019


PCF VENTES SOLIDAIRES DE FRUITS ET LÉGUMES

MUNICIPALES À BORDEAUX

Pour les circuits courts, la qualité des produits, la protection de la santé publique et de la planète

Un quartier, un thème : les transports

• Une nouvelle politique agricole et alimentaire commune en Europe, cohérente et volontariste, pour répondre aux besoins des populations avec pour objectif la souveraineté alimentaire et la transition écologique. • Une loi qui encadre strictement les marges et les pratiques de la grande distribution et fixe un prix minimum garanti aux producteurs.

Le PCF propose, avec des agriculteurs du Lot et Garonne organisés dans le Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF), des ventes solidaires de fruits et légumes « au juste prix », du 18 au 19 octobre dans 5 communes de la métropole bordelaise. Chaque jour nous sommes plus nombreux à éprouver des difficultés pour faire face à nos besoins vitaux et, parmi eux, une alimentation saine, variée, de qualité. Des prix élevés, des salaires trop bas, et le contenu de notre panier diminue. De leur côté, les producteurs locaux subissent aussi le racket de la grande distribution. Faute de prix rémunérateurs et du fait d’une politique de délocalisation massive de la production, le nombre de producteurs de fruits et légumes a été divisé par deux en 15 ans ! Seuls les critères de compétitivité et de rentabilité préoccupent les grands groupes et le pouvoir, alors que les producteurs revendiquent

massivement, depuis des années, une juste rémunération de leur travail et de leurs produits. Les exploitations familiales et paysannes sont en grand danger et la santé publique aussi. Les communistes proposent :

• Un moratoire financier et fiscal pour rétablir l’équilibre économique des exploitations agricoles françaises. • Une conférence annuelle, qui donne lieu à une négociation interprofessionnelle, par filière, avec la distribution, les fournisseurs, les producteurs en élargissant le champ de la représentativité syndicale. • Un fonds de soutien à l’agriculture paysanne et aux filières relocalisées ouvertes à des alternatives vivrières, courtes, et ses maraîchages de proximité et biologiques. • Un plan de transition écologique de la production agricole visant une agriculture sans pesticides, économe en ressources non renouvelables, participant à la santé publique et à la lutte contre le réchauffement climatique.

MÉRIGNAC VENDREDI 18 OCTOBRE Résidence Pont de Madame, à 17h, face au collège Jules Ferry VILLENAVE-D’ORNON VENDREDI 18 OCTOBRE Cité de Sarcignan, à partir de 17h30 (en cas de pluie : 34, chemin Gaston, local du PCF) TALENCE – THOUARS VENDREDI 18 OCTOBRE Place du Général De Gaulle (près de l’ancien bureau de Poste) à partir de 17h30 BÈGLES VENDREDI 18 OCTOBRE 12, rue du Prêche, à partir de 17h30 (face à la cité de la Mairie) SAMEDI 19 OCTOBRE Cité Maurice Thorez, à partir de 10h (parking boulangerie face à la cité) BORDEAUX SAMEDI 19 OCTOBRE Cité des Aubiers, à partir de 10h

DÉCÈS D’ANNIE TRELLY

Une vie de combat et de fraternité Notre camarade Annie Trelly nous a quitté dans la nuit du 23 au 24 septembre des suites d’une longue maladie. Militante communiste, de l’action catholique ouvrière, de la CGT, lectrice et bénévole assidue de notre journal, les engagements d’Annie étaient nombreux, sincères. L’église de Belcier puis le crématorium de Mérignac ont accueilli de nombreux hommages, de « ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas », de sa famille, ses amis, ses camarades. Nous publions ici quelques extraits de ceux de Frédéric Mellier, pour le PCF, et Françoise Moison, pour les « Saint Jo ».

L’Hommage du PCF, par Frédéric Mellier (extraits)

« Tu étais profondément attachée à ton quartier, à militer au plus près des gens que tu connaissais, c’était ta vision du militantisme. » « Parce que le communisme d’Annie, c’était

d’abord celui de la fraternité (…). On débattait à bâton rompu autour d’un verre (…). Le verbe se faisait parfois plus haut mais la fois d’après, tout le monde était là. La carte dans la poche ou pas, un camarade restait un camarade. Annie, c’était un communisme de la simplicité. Pas du simplisme non, de la simplicité. » « Annie, tu avais fait de la phrase de Victor Hugo « ceux qui vivent sont ceux qui luttent » une règle de vie. D’abord, parce que la vie ne t’avait pas laissé le choix, et surtout parce que tu croyais sincèrement qu’il fallait combattre les injustices, contrer les mauvais coups et donc, pour cela, rassembler, rassembler inlassablement les salariés, les citoyens, pour qu’ils maîtrisent leur vie. » « Annie, c’était une grande dame en toute simplicité, de celles qui permettent de mettre une majuscule à l’Humanité. » Hommage des « Saint Jo », par Françoise Moison (Extrait)

« Pour certaines d’entre nous, nous

avons mené la lutte syndicale et politique au sein de notre entreprise depuis l’année 1968. Ce combat s’est amplifié à la fermeture de ST Jo en décembre 1976 avec une occupation des locaux pendant 10 ans (la plus longue occupation d’usine par des femmes en France). Des liens indéfectibles se sont créés entre nous (avec nos différences, nos discussions acharnées sur tous les sujets, politiques, syndicaux, ou la vie de tous les jours). La fin de l’occupation, malgré les difficultés et l’échec de la non reprise de notre usine, n’a pas entamé notre détermination à lutter pour changer notre société. (…) Sa détermination à se battre jusqu’au bout n’a jamais failli que ce soit contre un patron, l’injustice, ou la maladie. » « Nous prenons conscience de l’importance des liens que nous avons tissés tout au long de ces années. Son absence va laisser un grand vide, une partie de nous s’éteint avec son départ. »

Point-rencontre du PCF Bordeaux, samedi 12 octobre 10h-midi au marché du Grand Parc. La question des mobilités est un sujet récurrent qui empoisonne le quotidien des habitants de la Métropole. La voiture est encore un moyen omniprésent pour se déplacer car l’offre de transports en commun est en retard vis-à-vis des besoins. Les communistes bordelais font des propositions qui intègrent l’ensemble des modes de transport car aucun d’entre eux ne peut, à lui seul, résoudre les difficultés. Tout en travaillant au rassemblement des forces de gauche et écologistes, comme ce fut le cas avec une participation active au Forum pour l’Alternance à Bordeaux du 28 septembre, les communistes ont engagé un cycle de rencontres avec les Bordelaises et les Bordelais pour échanger avec eux sur les thèmes qui seront centraux lors des prochaines municipales. Samedi 5 octobre, nous sollicitions les habitants de Bacalan sur le thème des services publics. Samedi 12 octobre, nous irons au-devant des habitants du Grand Parc, quartier excentré de la ville, pour qui la question des déplacements est un sujet de préoccupation central, notamment pour l’emploi. Contact : sectionbordeauxpcf@gmail.com Jean-Jacques Bordes : 07 86 56 38 86

PCF MÉRIGNAC

Réunion publique le 17 octobre La section de Mérignac du PCF organise une réunion publique le jeudi 17 octobre, à 18h30, salle des fêtes de Capeyron, place Jean Jaurès pour parler de la situation des personnes âgées, des maisons de retraite, Ehpad, etc., ainsi que des prestations sociales. Il y sera également question du référendum sur la privatisation des aéroports de Paris.

FABIEN ROUSSEL EN GIRONDE

Sitôt dit, sitôt fait Suite à sa rencontre avec les salariées des crèches Canaillous à Bordeaux – menacées de licenciement parce qu’elles refusent une augmentation de leur temps de travail sans augmentation de salaire — le député Fabien Roussel a adressé un courrier en date du 1er octobre à la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Il rappelle que face « à l’émoi provoqué par cette situation, la Confédération syndicale des familles (CSF), membre fondateur de l’association et représentée à son Conseil d’administration, a suspendu les procédures de licenciement jusqu’au 15 novembre ». Le député sollicite donc les services de du ministère « afin de réunir l’ensemble des parties pour trouver les meilleures solutions tout en respectant le droit du travail, et ceux des salariées » avant cette date. Fabien Roussel a également sollicité Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, « pour que l’ensemble des financeurs soient réunis en urgence afin d’examiner les moyens à mettre en œuvre pour préserver cette offre d’accueil de la petite enfance à Bordeaux ». La CSF et la Préfecture de la Gironde ont également été informées de cette démarche.

SOUSCRIPTION FÉDÉRALE

Pour faire grandir nos combats communs le PCF compte sur vous !

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 10 octobre 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ Mise au point sur un atelier qui n’a pas connu Blériot mais qui a abrité une flopée de résistants…

« Nul ne peut contester les talents et l’apport de Louis Blériot au développement de l’aéronautique française et mondiale mais il convient de préciser que Louis Blériot n’a jamais construit d’avion dans l’atelier de Tartifume : la fin de la guerre, ses déboires financiers et techniques ne le lui ont pas permis. En 1917 le gouvernement décide de taxer les supers bénéfices de guerre et de procéder à des décentralisations d’usines d’aviation, toutes concentrées en région parisienne, encouragées par de substantielles primes. Blériot s’est considérablement enrichi grâce à ses brevets et commissions perçues sur chaque appareil livré. Ces sommes étaient perçues à titre personnel et non au titre de l’entreprise. L’impôt sur les revenus étant moins élevé que celui sur les bénéfices, s’ensuit un contentieux interminable avec l’État avec blocage des avoirs

(aujourd’hui on parlerait de fraude fiscale avec blanchiment). Blériot investi alors beaucoup en dehors de la construction aéronautique, il achète des terrains et un château à Bègles sur lequel il fera construire un atelier mais la fin de la guerre et des commandes intervient, à quoi s’ajoutent les démêlés avec le fisc et de mauvais placements (affaire des thoniers bretons). Tout cela fragilisera la société Blériot-SPAD (…) Fin 1935, l’atelier est en passe d’être fermé, entre temps Louis Blériot est décédé en mai 1935, fâché avec les autres constructeurs et l’État. Sans, peut-être, comme Lénine n’avoir jamais mis les pieds à Bègles. (…) Au moment de l’agonie des entreprises Blériot survint, en 1936, la victoire électorale du Front populaire et face à la menace hitlérienne la nécessité de réarmer la France. L’industrie aéronautique étant alors dispersée et techniquement en retard, la nationalisation s’est imposée. En 1937 l’usine de Bègles avec celles de Bacalan et de Mérignac devint la SNCASO (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud Ouest). Les embauches furent massives et l’atelier de Tartifume produisit des pièces primaires et des sous-ensembles pour des avions Bloch, puis en 1942 des Fock-Wulf pour les Allemands. Dans votre article vous parlez des “communistes idolâtres” à propos de l’avenue Lénine où celui-ci ne mit jamais les pieds comparativement avec Blériot. Or si vous n’aviez pas fait l’impasse sur la SNCASO et son histoire, sans doute par ignorance, votre jugement aurait été différent, enfin je

le crois. Parce que, voyez-vous, à la SNCASO atelier de Bègles et dans d’autres usines (Cenpa, cheminots, etc.) ils furent quelques communistes “idolâtres” à s’opposer au fascisme et à l’occupation allemande. Pour en rester à la SNCASO, atelier dit Blériot, des réseaux de propagande et de résistance furent créés. La police de Vichy ou allemande arrêta les militants. Chez certains, elle découvrit des brochures de Lénine ce qui permit au commissaire Poinsot (fusillé après la guerre) de les taxer de communistes notoires et dangereux (il aurait pu dire idolâtres). Plus tard, désignés comme otages, ils furent fusillés à Souge, d’autres furent déportés et ne revinrent pas des camps. Aujourd’hui des plaques de rues de Bègles portent leur nom ainsi que le Mémorial des fusillés béglais. Ils s’appelaient : Castéra, le père et ses deux fils (la mère mourut en déportation), Albert Dupeyron, Louis Eloi, André Guérin, David Lasserre, Robert Noutari, Jean Sedze-Ho, Michel Zarzuella, tous de la SNCASO et de Bègles. Au total 79 travailleurs de la SNCASO, plus 19 de l’AIA, laissèrent leur vie, certains avaient lu Lénine d’autres pas (…). » *Retraité de l’aéronautique et ancien Bèglais, il est notamment l’auteur de Les 78 de la SNCASO : martyrs de l’aéronautique. Autres sources citées : - L’industrie aéronautique en France 1900-1950 de Blériot à Dassault, - Histoire et luttes des travailleurs de l’aéronautique en Gironde, - L’aéronautique à Bacalan.

ASSOCIATION POUR LA MÉMOIRE DES MARTYRS DE L’AÉRONAUTIQUE

Hommage aux travailleurs morts pendant la guerre 1939-45 Les directions de Dassault Aviation, STELIA Aerospace, Sabena technics et l’AIA, les organisations syndicales CGT, FO, CFDT et CGC des usines de l’Aéronautique Dassault, STELIA Aerospace, AIA, l’Institut CGT d’histoire sociale de la Gironde et de l’Aquitaine, l’Association des Fusillés de Souge, l’ARAC - L’ANACR et le Comité d’entente des Anciens Combattants de Mérignac ont l’honneur de vous inviter à la cérémonie

BORDS DE SCÈNES par Michel Richard

AÉRONAUTIQUE À BÈGLES

Pour évoquer la restauration des Ateliers Blériot à Bègles, rive d’Arcins, et leur utilisation, le journaliste, Hervé Pons, dans Sud Ouest cet été, n’avait pu s’empêcher d’égratigner au passage des « communistes idolâtres » ( du temps de leur gestion de la commune) ayant baptisé une avenue Lénine alors qu’il n’en existe pas du nom de l’aviateur qui, lui, a un lien direct avec la ville. Ce fut l’occasion pour Guy Joubert*, président de l’association des « Martyrs de l’aéronautique », de rétablir quelques faits historiques… Alors que seront commémorés samedi ces « martyrs de l’aéronautique », nous publions ci-dessous son texte.

CHRONIQUE

en hommage aux travailleurs de l’aéronautique de la Gironde, morts pendant la guerre (combattants, fusillés, déportés, prisonniers) : Samedi 12 octobre 2019 à 17h au monument de la SNCASO (situé à l’entrée de STELIA Aerospace, à Mérignac, ex SOGERMA) ; sous le haut patronage de M. Eric Poulliat, député de la Gironde, M. Alain Anziani, maire de Mérignac, M. Jean-

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 10 octobre 2019

Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde. Déroulement de la cérémonie 16h45 : Accueil des autorités et des invités par le Lieutenant-Colonel (H) Jacques Padie. 17h : Cérémonie des couleurs. 17h15 : Appel des morts. Dépôts de gerbes. 17h30 : Allocutions. 17h45 : Vin d’honneur. La stèle a été restaurée au printemps. Un nom a été ajouté (celui de Robert Noutari) portant à 79 le nombre de victimes de la SNCASO inscrits sur la stèle. Association pour la Mémoire des Martyrs de l’aéronautique, Maison des Associations de Mérignac, 55, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny - 33700 Mérignac Contacts : g.gili@free.fr daniel.susagna@wanadoo.fr

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« Avant c’était *»… et demain ?

Tu veux que je te dise, dès que j’entends comment c’était avant… tout de suite je sens qu’on ne parle pas d’avant, dans le sens d’aller vers, mais d’hier. Tu veux que je te dise, depuis tout petit je cherchais derrière ce qu’on me racontait d’avant ce que serait demain… pour m’évader de ce que je sentais comme une prison qui, en gros, imposait l’idée que pour comprendre aujourd’hui il fallait toujours se référer à avant et rester derrière. Tu veux savoir ? Ni avant ni après nous avons été plus heureux… Ah !… ces comme qu’y dirait : Il faisait bon vivre plus avant qu’après. La misère ? Elle bouge tout le temps mais où que tu sois tu sais qu’elle est là… qu’elle a été là… et… que tu veux qu’elle ne soit plus cette « présente » sourde, constante, obsédante… ou pire encore : fatale. De toutes mes forces de gamin je n’ai jamais voulu avant… mais, après ! Après ? Pour corriger ces invraisemblables questions… tintions et tontines : Tu crois, dis-moi, que c’est possible la vie avec 7 milliards 53 de voitures, de téléviseurs et tout le « bataclan » qui s’en suit ? Ou encore, dis-moi si tu crois que c’est possible la vie imaginée comme 3 milliards 8 et quelque de Ronaldo… avec une autre moitié en poupées Barbie ? Alors je me vois, comme tout loupiot, la langue bien placée entre les dents pour ne pas me tromper : Je corrige, je biffe puis j’invente des cases que je ne veux pas préremplies, parce qu’il n’y aurait pas d’autres solutions… qu’y disent… et, je me dis : Et après ?… : Je sais qu’il n’y a qu’une seule chose qu’un seul verbe qu’un seul acte qui vaille : Inventer ! Inventer quoi ? Une résistance. Une résistance ? À qui ? À quoi ? À tou·tes celles et ceux qui croient qu’avant c’était mieux et celles et ceux qui se cachent ou nous cachent que nous sommes tant sur notre planète mais ne peuvent accepter que de ce tant ne peut jaillir que tout autant de solutions… C’est à partir de là qu’il nous faut chercher à inventer… Et d’abord mettre à bas tout argument mettant en cause la recherche de la justice… vue à partir de 7 milliards et quelques d’angles ! Avec quels pouvoirs ? Ceux que laissent entendre le verbe : Pouvoir. Le pouvoir ? Pas le je veux tout… tout de suite… que (soit disant) j’avais avant ! Le pouvoir ? Les possibilités de demain à partir d’aujourd’hui : immédiatement ! L’injustice mise au ban !… comme base de principe… donc, aussi apprendre-découvrir comment la traquer… la sortir du bois ou de la forêt dans laquelle nous sommes. La refuser. * « C’était un bon copain / Il avait le cœur sur la main / Et la cervelle dans la lune » Robert Desnos


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