Nouvelles N° 2325

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Jeudi 19 septembre 2019 - N° 2325 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

FÊTE DE L’HUMANITÉ 2019 : DÉFI RELEVÉ

Énormément de monde et tout autant d’espoir(s)


ACTUALITÉ BY’CŒUR DE DELIVEROO

PAUVRETÉ-PRÉCARITÉ

1 000 km à vélo pour des droits

La fédération de la Gironde alerte sur la situation de trop nombreux enfants

5 bikers ont décidé de parcourir tout l'Ouest de la France à vélo lors d'un voyage de 1 000 kilomètres afin de rencontrer Deliveroo en reliant Bordeaux à Paris. Suite à une nouvelle baisse de la rémunération nous, des livreurs à vélo qui regrettent qu’aucun dialogue ne soit possible avec Deliveroo, alors que leur pétition contre la baisse du tarif des courses a recueilli 40 000 signatures, ont décidé de se rendre à Paris à vélo. « Une tentative de plus pour se faire entendre de ceux qui nous avaient promis la liberté et une rémunération digne, expliquent-ils, mais Deliveroo est bien plus libre que nous et notre rémunération chute au fil du temps. Puisqu'à cœur vaillant rien d'impossible, tentons l'impossible, on roule déjà avec nos cœurs. » Ils rencontreront leurs collègues dans chaque ville étape : Blaye, La Rochelle, Poitiers, Nantes, Rennes, Le Mans, Orléans, Versailles, Paris) « afin d'établir une véritable liste de revendications à dimension nationale, celle-ci représentant véritablement ce qu'il est nécessaire d'obtenir pour des conditions de travail décentes ». Cette course est partie le 16 septembre à 7h devant la bourse du travail à Bordeaux. Une première escale à Blaye, 60 km plus loin, a permis aux coursiers engagés de rencontrer une délégation du syndicat CGT du CNPE qui les attendait avec des rafraichissements et un soutien financier conséquent équivalent à 2 euros versés par leurs syndiqués afin de leur donner de l’élan. Encore merci à eux ! Pour suivre et soutenir : Instagram 5bycoeurs ; Facebook sur les pages « les coursiers français », « gilets verts livreurs en lutte », « clap », « syndicat CGT des coursiers à vélo de la Gironde », « UD CGT Gironde » ; Twitter @_CLAP75 ; @Eldjay Lien vers une caisse de soutien à l’action : lepotcommun.fr/pot/wlm1gqbv

CGT

Congrès de l’Union départementale L’Union Départementale de la CGT Gironde, 1re organisation syndicale du département, tient son 60e congrès les 18,19 et 20 septembre à Mérignac, au Pin Galant, en présence de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. L’Union départementale annonce, dans un communiqué du 13 septembre, une CGT « offensive », « l’outil dont les travailleur·ses dans toutes leurs diversités ont besoin pour obtenir les conquêtes en phase avec les enjeux humanistes de ce XXIe siècle ». L’organisation rappelle qu’en Gironde, « ce sont près de 200 000 personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, parmi eux de plus en plus de salarié.es. Le “couloir de la pauvreté” girondin s’étend en reliant le Blayais au Médoc en passant par le Libournais et le Sud-Gironde. C’est une spécificité toute girondine ». Elle évoque les luttes récentes ou en cours : les urgences, les « Deliveroo », les sapeurs-pompiers, les finances publiques, les cheminots, l’énergie et celles à venir : les retraites, les services publics, le pouvoir d’achat… « La colère grandit et s’exprime en proportion de l’injustice qui s’intensifie. La CGT est un outil à transformer cette colère pour changer la réalité des choses. L’Union départementale CGT de Gironde appelle à faire du 24 septembre une grande journée de manifestation avec appel à la grève pour une réforme des retraites par répartition qui soit porteuse d’un haut niveau de pension, pour les futurs retraité·es et les retraité·es actuels. » « La CGT porte dans cet objectif un autre projet de société pour la justice sociale et environnementale, l’accès à l’emploi, contre la précarité, pour l’accès aux services publics, pour l’égalité entre les femmes et les hommes donc pour une juste répartition des richesses créées par les salarié·es. » Renouvellement à la direction départementale Lors de ce congrès, une nouvelle direction sera élue. Corinne Versigny quittant ses responsabilités de secrétaire générale de l’UD, la candidature de Stéphane Obé, militant de l’Énergie à la centrale du Blayais, sera proposée aux délégué·es.

UNION DÉPARTEMENTALE CGT

77e cérémonie des fusillade de Souge L’Union départementale des syndicats CGT de la Gironde vous invite à assister à la cérémonie des fusillades de Souge, le lundi 23 septembre 2019 à 17h, à la Bourse du travail : - Hommage aux fusillés et appel des noms - Discours de l’Union départementale - Pot de l’amitié Le 21 septembre 1942, 70 patriotes militants, pour la plupart syndicalistes, furent lâchement assassinés par les nazis. Bourse du travail : 44 cours A. Briand - CS 21685 - 33075 Bordeaux Cedex - 05 57 22 71 40 - ud@cgt-gironde.org 2 • Les Nouvelles 19 septembre 2019

Chaque année, le Secours populaire lance sa campagne Pauvreté-Précarité en faisant un focus sur une des réalités rencontrées dans les « permanences d’accueil, de solidarité et relais santé » de l’association. Le 12 septembre, au niveau national, il alertait sur les enfants et la pauvreté, un message que tenait à relayer tout particulièrement la fédération de la Gironde, confrontée à une réalité qu’elle juge inquiétante. Alors que la Convention internationale des droits de l’enfant fêtera son 30e anniversaire le 20 novembre prochain, les enfants représentent 41 % de personnes aidées par le Secours populaire français, c’est pourquoi l’association les a interrogés pour la troisième fois depuis 2012 (*). Les 8-14 ans sont de plus en plus nombreux à estimer qu’il y a « beaucoup de personnes pauvres » en France (51 % contre 39 % en 2012). Plus que dans le cercle familial (34 %), c’est à l’école (56 %) qu’ils y sont confrontés. Ils sont 41 % à déclarer que d’autres écoliers ne mangent pas à leur faim ou de manière variée (+10 points depuis 2015) ; 61 % que certains n’ont jamais de chaussures neuves ou de vêtements neufs (+10 points) et 72 % estiment que, par manque d’argent, des élèves ne vont jamais au cinéma, au musée ou dans un parc d’attraction (+15 points depuis 2012). Les trois-quarts (77 %) savent que des camarades sont privés de vacances. À ce propos, un premier chiffre alerte

en Gironde : le Secours populaire a amené 900 personnes à la Journée des oubliés des vacances à Walibi et Aqualand, le 22 août. C’est 150 de plus que l’année précédente. Certes, cela révèle de l’implication des 1 200 bénévoles du département, des quelques salariés, et de leurs capacités d’organisation mais surtout d’une augmentation des demandes. « 17 064 personnes ont été soutenues par le Secours populaire en Gironde en 2018, c’est 5 % de plus que l’année précédente, 7 112 sont des enfants », explique Alain Haneuse, responsable départemental du SPF, lors d’une conférence de presse à l’Escale des familles, le 12 septembre à Bordeaux. « Ce lieu où nous vous recevons, poursuit-il, a ouvert en octobre 2018 pour compléter l’accueil sur nos antennes d’Amédée Alins, La Benauge et Bacalan. Ce lieu est caractéristique car il accueille des familles, donc des enfants. Nous avons eu un été compliqué sur Bordeaux avec la canicule et des expulsions massives de personnes fin juillet. » L’association fait référence à l’expulsion de plusieurs squats en juillet sur décision de la préfecture. Comme d’autres associations et structures locales, le SPF y orientait des personnes faute d’autres solutions de logement : « Ce n’est pas un choix, mais la seule solution qui reste pour que ces femmes, ces hommes, ces enfants ne dorment pas dehors ou dans un parking », écrivait-elle dans son courrier du 24 juillet adressé à la préfète. L’association y parle « des femmes, des enfants, de jeunes hommes qui ont souvent

traversé des épreuves terribles » et que ses « valeurs de solidarité et d’accueil inconditionnel » conduisent à aider. « À Bordeaux, les permanences ne désemplissent pas (1 200 personnes chaque mois cours de la Somme reçoivent une aide matérielle) . Alors il manquait un lieu d’accueil mais surtout d’écoute, un espace de repos, une soupape », explique le secrétaire départemental. « Nous sommes de plus en plus confrontés à des familles hébergées dans des conditions très précaires, ajoute Julie Minot, qui n’ont pas de lieu pour se poser en journée, leurs enfants n’ont pas de lieu pour jouer. Nous voulions qu’ils aient un lieu pour pouvoir être enfants. » Au fond de la pièce, un ameublement adapté, une décoration colorée et des jeux sont à disposition, on imagine sans effort des enfants s’approprier ce lieu. Pour les parents, des cours de français, d’initiation à l’informatique sont dispensés par des bénévoles, des machines à laver séchantes sont à disposition… « 85 % des familles sont migrantes, elles viennent ici échanger, se retrouver, s’entraider, beaucoup ont investi le bénévolat assez rapidement », explique Pascale Coriou. « Mais lorsqu'elles sont à nouveau dans l'urgence de trouver un toit, tout le travail d'accompagnement est à recommencer ». Autre signe des temps, et du dynamisme de l’association, un relai santé a également ouvert en avril dans les locaux d’Amédée-Alins avec l’aide de la Permanence d'accès aux soins de santé de Saint-André, 3 médecins, 1 psychologue et 1 infirmier y proposent des consultations de dépistage, de prévention et d’orientation. Et parce qu’il est sur tous les fronts, après la collecte de matériel scolaire qu’il a animé pour que tous les enfants puissent vivre la rentrée dans les mêmes conditions, le SPF mettra en mouvement ses bénévoles les 11 et 12 octobre pour sa grande collecte départementale dans les supermarchés partenaires. Christelle Danglot (*) L’Observatoire de la pauvreté réalisé par Ipsos pour le Secours Populaire permet de dresser un état des lieux de la précarité en France.

FORD BLANQUEFORT

Après le TGI, la cour d’appel rejette la demande la CGT La cour d’appel de Bordeaux a donné raison au tribunal de grande instance de Bordeaux (TGI) qui s’était déclarée incompétente pour juger de la validité du motif économique avancé par Ford pour fermer l’usine de Blanquefort. La CGTFord va se porter en cassation, et appelle à manifester samedi contre les licenciements. La CGT-Ford a annoncé, mardi, la décision de la cour d’appel de Bordeaux de se déclarer incompétente à juger le litige entre la CGT et

le constructeur américain, confirmant la décision prise en première instance. L’assignation à jour fixe tentée par la CGT était la dernière tentative pour enrayer le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) du constructeur américain. Le syndicat a annoncé son intention de se pourvoir en cassation. L’usine de boîtes de vitesse, implantée depuis 1972 dans la banlieue de Bordeaux, a définitivement arrêté toute production le 24 juillet. Les lettres de licenciement doivent partir le 1er octobre.

Le syndicat poursuit ses actions en justice : recours devant le Bureau international du travail, le comité européen des droits sociaux, et bientôt la cour de cassation et les prud’hommes. Il appelle à une manifestation contre les licenciements, ce samedi 21 septembre à Bordeaux, où les Ford appellent à la convergence des luttes avec les urgentistes et les Gilets jaunes. Un concert de solidarité, « Ford, même pas mort ! », a lieu le soir au Krakatoa (Mérignac).


ACTUALITÉ

Editorial

PROTECTION SOCIALE

La baisse des pensions fait converger les colères Débat Philippe Martinez/ J.P.Delevoye à la Fête de l'Humanité.

Après une grève fortement suivie à la RATP, les professions libérales mobilisées lundi contre la réforme des retraites dénoncent, à partir de la spécificité de leurs régimes, des régressions qui concernent tous les travailleurs. Mardi 24 septembre, c’est l’ensemble de la population qui est appelée à manifester par la CGT. Cette fois, plus de doute : la confrontation sociale que le gouvernement aurait voulu éviter sur la réforme des retraites a bel et bien démarré. Après la grève massivement suivie des agents de la RATP, vendredi dernier, la mobilisation des avocats, des personnels de santé et de ceux du secteur aérien a pris le relais, lundi. Tandis que le premier ministre a affirmé, jeudi dernier, sa « détermination » à liquider ces régimes particuliers, toute la problématique, pour lui, est d’éviter désormais une éventuelle convergence de ces professions avec les cols bleus et blancs du régime général du privé et ceux relevant de la fonction publique. Mais si certains contenus corporatistes du collectif SOS Retraites, à l’origine de l’appel à manifester, peuvent conforter le gouvernement en ce sens, la motivation essentielle affirmée par le collectif est commune à de nombreux salariés, tous régimes confondus : le refus de la « baisse des pensions », à laquelle conduiront fatalement « la captation sans sommation (des) régimes autonomes de retraite » et

Un changement d’image ne suffit pas !

« l’objectif dogmatique d’un nivellement généralisé des retraites ». « Cette réforme des retraites, c’est le projet des premiers de cordée »

Dans une Agora chauffée à blanc, samedi à la fête de l’Humanité, le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, et le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, ont confronté leurs arguments sur la nécessité de réformer les systèmes de pension. Jean-Paul Delevoye y a rappelé qu’en 1945, « les gaullistes et les communistes ont voulu mettre en place un système de protection sociale pour permettre aux travailleurs de se protéger des incertitudes du lendemain. Nous retrouvons les mêmes angoisses aujourd’hui », affirmet-il. Le ministre parle de solidarité universelle, en opposition à la solidarité professionnelle, de répartition contre les droits individuels. Ce à quoi Philippe Martinez réplique : « Notre système souffre des multiples réformes – auxquelles M. Delevoye a notamment contribué – où, au nom de réductions de dépenses qui ont amputé la Sécurité sociale et la retraite en particulier, on a fait payer au monde du travail la baisse des prestations au profit du capital. Ce système crée des inégalités. (…) Une personne sur deux n’est plus en activité à 55 ans. Si on laissait ces personnes au boulot au lieu de les faire partir dans des plans dits sociaux, ce serait bon pour la

retraite, car ça ferait des cotisations, et ce serait bon pour l’emploi. » Le débat porte sur le déroulement des carrières, les inégalités femmeshommes, carrières ascendantescarrières précaires, les cotisations… « Combien de gouvernements nous ont promis que c’ était la dernière réforme et que cela allait améliorer la situation de tout le monde ? » Interroge le responsable de la CGT, évoquant les propositions de son organisation jamais prises en compte. Alors Jean-Paul Delevoye parle dialogue social : « Dès la semaine prochaine, nous invitons l’ensemble des confédérations à entrer dans le débat basé sur des objectifs très clairs : les conditions d’ouverture de droits, la gouvernance, quel équilibre en 2025 ? Et nous allons entrer dans les discussions catégorielles. Le premier ministre a dit que le projet de loi serait voté à la fin du premier semestre 2020 ». « Nous avons construit ce système dans un pays en ruine, rappelle Philippe Martinez, pourquoi ne serions-nous pas capables aujourd’hui de le faire progresser ? Deux choses comptent : à quel âge je peux partir et avec combien ? Ce dont je suis sûr, c’est qu’il faut se mobiliser ». Une certitude de toute évidence partagée par un grand nombre de participants à la Fête, le week-end dernier. Avec l’Humanité des 16 et 17 septembre

MOBILISATION BORDELAISE

Avortement : les femmes décident ! Collectif Bordelais pour les Droits des Femmes et Collectif 8 Mars Gironde organisent une manifestation qui partira de la place la Bourse à Bordeaux, le samedi 28 septembre à 14h30. Ci-dessous le texte de l’appel à manifester. « Le droit à l’avortement, pierre angulaire de la lutte de libération des femmes, n’est toujours pas acquis dans de nombreux pays. Là où il est gagné, un retour en arrière est toujours possible. Mais les luttes existent, nombreuses et massives. Le 28 septembre prochain aura lieu la journée internationale de lutte pour le droit à l’avortement.

47 000 femmes sont mortes dans le monde en 2018 des suites d’un avortement clandestin ! Dans ce contexte, il est toujours bon de rappeler encore et encore ce fameux slogan du mouvement de libération des femmes “Un enfant, si je veux, quand je veux !”. Le Collectif Bordelais des Droits des Femmes et le Collectif du 8 mars réaffirment la nécessité d’une prise en charge de proximité, simplifiée, gratuite et confortable de l’IVG et exigent l’arrêt de toutes les politiques austéritaires qui entravent l’accès de toutes les femmes à l’avortement. Nous exigeons : • La suppression de la clause de

conscience spécifique à l’IVG (article L 2212-8 du Code de la santé publique). • L’application ferme de la loi contre le délit d’entrave. • L’allongement du délai légal. • Des moyens pérennes pour les associations. • Un centre IVG dédié par hôpital pour toutes les femmes avec le choix de la méthode. • L’abrogation de la loi “ma santé 2022” (qui va entraîner des fermetures de services et d’hôpitaux). • Le maintien et le développement des services publics de santé sur tout le territoire. »

Depuis plusieurs mois, messire Macron souhaite changer son image ! Du président des riches, il se veut être un président plus proche, plus à l’écoute, plus humble, plus modeste, plus humain. Mais cela ne prend pas ! Sa volonté réformatrice, toujours plus féroce, continue son chemin même si la macronie fait tout pour éviter de donner l’impression d’un passage en force. Mais ne soyons pas dupes ! Si le gouvernement parle d’écoute, d’échange, de concertation et même de négociation, il s’agit d’une posture. Le problème n’est pas la méthode mais bien la politique injuste menée par ce gouvernement qui creuse les inégalités. L’impératif que s’est donné le gouvernement est de continuer à faire passer des réformes. Or ces dernières ne risquent pas de passer inaperçues. Le peuple est de plus en plus méfiant envers les politiques et Macron avec sa troupe y joue le premier rôle. La réforme des retraites voulue par la macronie commence à faire grincer des dents plusieurs professions. Après la RATP, les avocats, personnels navigants du transport aérien, médecins, infirmières ou kinésithérapeutes, l’ensemble du monde du travail se donne rendez vous le 24 septembre dans la rue car il est hors de question de se laisser avoir par cet énième coup bas. C’est avec le rassemblement du plus grand nombre que nous pouvons gagner. C’est l’un des signaux que les communistes ont lancé lors de la fête de l’Humanité le week-end dernier. Nous devons croire à un rassemblement pour une société plus juste rompant avec les logiques libérales. Et sur la réforme des retraites : perdre est inenvisageable ! Il en est de même pour notre campagne pour le référendum sur ADP. Des victoires sont possibles, pour cela chacun doit y être partie prenante. Nous devons solliciter le plus grand nombre : collègues, voisins, amis, militants associatifs, progressistes… tous ceux qui souffrent, veulent vivre décemment, ceux qui ne supportent plus les inégalités qui battent des records, dans ce pays. C’est en ce sens que les prochaines échéances électorales doivent s’envisager. Les egos de chacun doivent s'effacer face aux dangers que représentent la macronie et le Rassemblement national. Les discours nauséabonds parcourent la société petit à petit. Pour éviter que ces idées deviennent la norme, soyons combatifs. Les communistes seront toujours là pour les combattre mais ils ne doivent pas être seuls face à l'ennemi de classe.

Sophie Elorri membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national

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FÊTE DE L'HU HERVÉ LE CORRE

À la fête, les inlassables rallumeurs d’étoiles

Deux grands moments de la lutte pour les droits humains, pour l’égalité, contre les violences sexuelles et sexistes C’était une première : la marche contre les féminicides dans les allées de l’Humanité a remporté un fort succès, tout comme l’espace de prévention qui proposait un dispositif inédit contre les violences sexuelles et sexistes avec l’association Stop harcèlement de rue, l’association LGBT les Soeurs de la perpétuelle indulgence et le Planning familial. C’est de cet espace qu’est également partie la Marche des fiertés, là aussi une première qui fut un succès.

Au fil des allées comme au hasard des stands, la situation alarmante du service public de santé a nourri des dizaines de débats organisés, des centaines d’échanges impromptus. Médecins urgentistes, paramédicaux hospitaliers, salariés des Ehpad… ceux qui tirent les sonnettes d’alarme depuis des mois ont fait de la Fête le haut-parleur de leurs luttes. Et, à les écouter, une chose est sûre : les récentes annonces d’Agnès B ­ uzyn, la ministre de la Santé, pour cautériser la crise n’ont pas suffi à calmer la colère.

Hervé Le Corre, auteur girondin de romans policiers et romans noirs, à la réputation nationale et au-delà, a arpenté le parc de La Courneuve avec son regard aiguisé qu’il a livré au journal l’Humanité (édition du mardi 17 septembre). Voici un large extrait de son texte, nous n’aurions pas fait mieux pour vous parler de cette édition 2019, si ce n’est qu’elle nous rend, plus que les années précédentes, un peu plus optimistes, en toute lucidité, sur nos capacités collectives à transformer l’essai… « (…) La fête, les rencontres camarades, la chaleur humaine (sans danger pour la planète, au contraire), c’est pour ça que toute cette foule vient. Foule sentimentale, comme le chante Souchon. Avec soif d’idéal/ Attirée par les étoiles. Rallumer les étoiles. La Fête de l’Huma comme cet allumeur de réverbères dans le Petit Prince. Inlassable. On trouvera sans doute la référence bizarre ou naïve. C’est pourtant ce vers quoi cette Fête, comme celles qui l’ont précédée depuis 1930, a tendu tous ses efforts. Inlassables, oui, les militants communistes seuls capables, en France, de monter par leurs propres forces pourtant déclinantes un tel rassemblement populaire et politique. Quoi qu’on pense du PCF, et ça doit en faire tousser quelques-uns, il garde cette capacité de mobilisation unique, avec quoi on doit pouvoir construire (et non reconstruire, comme le proclament et voudraient le faire les restaurateurs de mausolées) un avenir. Ensemble. Avec d’autres. Les autres, ils sont là, et ça discute ferme. Et c’est plein. Des gens partout, serrés, assis par terre. La gauche se retrouve à la Fête de l’Huma,

même si elle se cherche toujours. On s’aperçoit qu’on peut encore parler ensemble. On constate les convergences, les accords profonds, les lignes de force rassembleuses. Pendant un moment, les divergences se taisent un peu, ou sont mises sous le boisseau. On se dit que c’est possible, on se dit qu’on va y arriver, oui, à cette alternative proposée par la gauche de transformation sociale, alors on applaudit, on se laisse aller, on a envie d’aller arroser ça, c’est pas les endroits qui manquent sur la Fête. On laisse même la parole à l’adversaire. Jean-Paul Delevoye à la Fête de l’Huma. Pince-moi, camarade. Oui, mais en face il y a Philippe Martinez qui va le rétamer. Ah bon. Il est toujours essentiel de connaître les positions de l’ennemi. Ça aide à la manœuvre. À la contre-attaque. Pourquoi pas à la victoire. Et Martinez a fait le boulot. Et Delevoye a pu mesurer à quoi lui et la bande au pouvoir vont devoir s’affronter. Voilà. La Fête de l’Huma c’est tout ça. Même si l’Humanité, en tant que journal, n’est pas à la fête tous les jours. Penses-y, ami lecteur. Un journal ça s’achète, on s’y abonne, ça se lit. Ça n’est pas fait pour y venir mouiller le papier de ses larmes si jamais… La Fête du journal l’Humanité. Sans journal, plus de Fête. C’était ce week-end à La Courneuve, la Fête de l’Huma, lieu et moment unique. Unique, circonscrit dans le temps et dans la durée, c’est là que le bât blesse, sans doute. Que de rires, de paroles, de déclarations, de promesses échangées. Que d’espoirs entrevus ! On en repart le cœur un peu fou, de la bonne fatigue dans les pattes. Mais après ? Chaque année, comme au rugby,

un bel essai, collectif, en puissance, a été marqué. Mais au moment de sa transformation, les vents contraires se mettent à souffler et le ballon passe à côté, sous la clameur déçue de la foule. Et comme dans un match, le temps s’écoule impitoyablement jusqu’au coup de sifflet final. On ne peut plus compter, comme on le fit dans le passé par de funestes incantations, sur le sens de l’histoire. Le capitalisme est flexible, adaptable, rapide et brutal en ses transformations. C’est un adversaire barbare qui adapte sans cesse ses techniques de combat et ne craint pas le pugilat quand on ouvre la boîte à gifles, ni les mêlées, quitte à les effondrer, tout comme il entraînera l’espèce humaine dans sa chute si on le laisse faire encore. Il va s’agir d’être à la hauteur du défi historique. Faire équipe, s’unir. Le ciel bleu au-dessus de nos têtes ce week-end ne saurait nous tromper. Le mauvais temps est bien là. Il faudra, comme toujours mais plus que jamais, se battre, partout où nous sommes, pleins d’espoirs mais sans illusions. “La lucidité est la blessure la plus proche du soleil”, René Char. »

CONVERGENCE DES LUTTES

Urgence climatique et urgence sociale ont fait sa fête à l’ultralibéralisme Trois jours de débats et d’actions ont émaillé cette Fête de l’Humanité, pour que les luttes contre les dérèglements climatiques et les combats sociaux ne fassent plus qu’un. Un seul mot d’ordre : « Changeons le système. » Soleil couchant sur le QG climat ce vendredi soir. Il est 19 heures. Les « grands hommes » sont en place. Non, nous ne sommes pas au carnaval de Dunkerque, mais à la Fête de l’Humanité. La marche pour le climat s’échauffe en musique. Les marionnettes géantes donneront le la. Objectif : traverser les allées du parc pour rejoindre l’Agora vers 20 heures afin de donner le clap de départ de la soirée « Justice climatique-justice sociale, la lutte en vert, rouge, jaune. »

Premiers slogans : « Nous sommes plus chauds, plus chauds, plus chauds que le climat ! » C’est parti pour les trois journées que la Fête va consacrer au climat sans jamais occulter le social, puisque les deux ne peuvent pas être abordés séparément. À l’Agora, au Village du monde, au Forum social, au Village de l’économie sociale et solidaire, dans tous les stands, et plus encore, justice climatique et justice sociale sont sur toutes les bouches, dans toutes les conversations, qu’elles soient formelles ou informelles. Sur la grande scène, Fabien Roussel (lire aussi page 7), secrétaire national du PCF, met les pieds dans le plat, évoquant la participation de l’organisation aux « Marches pour le climat » de ce vendredi : « Oui, sauvons le climat tout en permettant à chacun de manger à sa faim des fruits,

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des légumes, de la viande, et produits en France plutôt qu’importés de l’autre bout du monde. Sauvons le climat en défendant le droit au logement pour tous, avec la construction et la rénovation de 500 000 logements basse consommation. Sauvons le climat en développant, pour chaque citoyen des services publics, des commerces et des emplois à proximité de chez lui. Sauvons le climat avec des transports collectifs, en métropole et à la campagne, accessibles à tous, voire gratuits comme c’est déjà le cas dans certaines villes de France. » « (…) Enfin, lutter contre le dérèglement climatique, c’est s’attaquer aux logiques marchandes et aux traités de libre échange ! D’ailleurs, je peux vous l’annoncer ici, les députés et sénateurs communistes ne voteront ni pour le MERCOSUR, ni pour le CETA, deux

traités dangereux pour la santé, pour notre agriculture et pour la planète ! » L’écologie, c’est aussi la paix

Pour le PCF, qui appelle également aux Marches pour la paix du 21 septembre*, ce qui est « bon pour la paix, est bon pour l’humain et pour la planète ». « Pour nous, garantir la paix, c'est d'abord éradiquer l'injustice qui s'abat depuis trop longtemps sur des peuples entiers, palestiniens, kurdes, yéménites ou sahraouis, victimes de tous les impérialismes ! » Explique Fabien Roussel sur la grande scène de l’Humanité. « Garantir la Paix, c’est aussi appeler l’ONU à intensifier ses actions pour le désarmement. Et nous demandons que la France appelle au désarmement

nucléaire des 9 puissances nucléaires, dont notre pays ! Car la menace est là : les USA viennent même de reprendre leurs essais nucléaires et ils veulent installer de nouveaux missiles, ici, en plein cœur de l’Europe ! En France, le gouvernement fait le choix de voter un budget indigne, prévoyant d’investir 37 milliards d’euros, d’ici 2025, rien que pour moderniser l’arme nucléaire ! Soit 14 millions d’euros par jour pendant 7 ans ! Cela montre bien que de l’argent, il y en a ! Pour cette somme, nous préférons que la France construise des écoles et des hôpitaux ! Nous ne voulons pas de missiles supplémentaires en Europe. » * À Bordeaux, la Marche pour la paix de ce samedi 21 septembre partira du parvis des Droits de l’Homme à 15h.


UMANITÉ 2019 DU CÔTÉ DES BÂTISSEURS

Coups de gueule, éclats de rire et amitié : c’est cela un stand

Le stand de la Gironde est une énorme machinerie qui part à l’aventure chaque année. Personne ne connaît d’avance l’état de la mer, et encore moins celui de l’équipage. Mais il y a une certitude, quelle que soit la tempête, le bon sens, l’objectif commun et la solidarité joueront. Gageons que nos petits mousses de la JC étaient rassurés par la présence des camarades expérimentés, mais ils ont appris à naviguer à vitesse grand « V ». Cette édition 2019 n’a pas dérogé à la règle qui veut que les aléas seront au rendez-vous. Cette année, il fallait

composer avec un espace réduit, tant pour la salle des convives, qu’en cuisine, en front de rue pour caser moules et huîtres et dans l’espace détente des militants. Il n’était pas simple de trouver une place pour sa tente, aussi minime soit-elle. Monter le stand commence le weekend précédent et au fur et à mesure des arrivées, il prend sa forme définitive. Ce sont les bâtisseurs qui sont à l’œuvre, offrant leurs compétences professionnelles et leurs bras, même s’ils ne peuvent « monter » à la Fête. On doit les applaudir, ce que n’ont pas manqué de faire Olivier Fondriest (membre la direction du PCF 33 en charge de l’événement) et Sébastien

Laborde, secrétaire départemental du PCF. Remarquons qu’à l’applaudimètre, les camarades de Coutras ont fait sauter les amplis ! À la fin de chaque service, de chaque journée, il y a la surprise de constater que tout s’est bien passé malgré l’inquiétude préliminaire. Oh, il y a bien quelques coups de gueule et quelques clients râleurs, mais ils ne sont qu’épiphénomènes. Regardez les albums photos*, vous ne verrez que camarades au travail et sourires (si ce ne sont pas de francs éclats de rire). Et puis il y a les encouragements des « clients » et la venue de moult responsables du Parti, ce qui provoque toujours une certaine fierté, surtout ce sont des récidivistes et ils n’hésitent pas à venir saluer en cuisine. Quel que soit le bilan de la Fête (et au vu de la fréquentation du stand et de la Fête elle-même, il ne sera que satisfaisant), nous avons besoin de moments comme celui-ci pour mieux se comprendre et s’apprécier. Jean-Jacques Bordes Nota : Tirons un coup de chapeau à ceux qui ont réussi à dormir ! Sur la page Facebook « parti communiste français : fédération de la gironde » ou le site du journal : nbso.fr

Espace girondin en quelques chiffres 150 bénévoles sur le stand, plus une trentaine de girondins mobilisés sur d’autres espaces de la fête

+ de 900 entrecôtes vendues et 4 000 huîtres

Près de 200 repas servis dès le jeudi pour le repas de la revue Progressiste

19 Girondin·es ont rejoint le PCF sur la fête Sébastien Laborde « Je retiendrai de cette fête une ambiance à la fois apaisée et dynamique, le gros succès du meeting du samedi après-midi auquel ont assisté 30 000 personnes, une très belle rencontre avec les nouveaux adhérent·es, la multitude de débats sur le climat, le succès de la marche contre les féminicides et de la marche des Fiertés. De l’avis de tou·tes, il y a eu aussi, de manière générale, beaucoup de monde dans les débats. » Les Nouvelles 19 septembre 2019 • 5


INTERNATIONAL BRÉSIL - FÊTE DE L'HUMANITÉ

Dilma Rousseff : « Lula est en prison car il incarne l’idée qu’un autre brésil est possible »

Sa venue a été annoncée en milieu de semaine dernière et ce fut un temps fort de cette édition 2019 de la Fête de L’Humanité. L’ancienne présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a parcouru les allées de la fête de l’Humanité avant d’intervenir sur la Grande Scène, puis d’électriser une Agora de l’Humanité, pleine à craquer. Avec un message : « Lula est en prison car il incarne l’idée qu’un autre Brésil est possible » et un espoir : « il faut que Lula vienne ici ». Dans les colonnes du journal, l’exprésidente du Brésil décrit les attaques du président actuel, Jair Bolsonaro, contre la démocratie, la diversité : « Il défend clairement la haine et la violence.

Il menace la Constitution lorsqu’il déclare qu’il suffit d’un chef et d’un général pour fermer le Parlement brésilien. Il dit que le grand problème du Brésil a été de ne pas avoir tué 100 000 prisonniers politiques. Quant aux droits sociaux, il a une posture très claire. Lui et son gouvernement disent ressentir de la peine pour les entrepreneurs car, à leurs yeux, ce serait eux les exploités de l’État. Ils défendent la réduction des droits des travailleurs, alors que leur précarisation est déjà importante. La protection de l’environnement, de l’Amazonie, des peuples indigènes est une absurdité pour Jair Bolsonaro. Toutes ces agressions témoignent de leur immense mépris pour le débat et les opinions différentes ». Pour Dilma Rousseff, ce pouvoir d’extrême droite menace la souve-

raineté au Brésil et les droits sociaux, d’abord par la privatisation des entreprises nationales. « La plus grande entreprise brésilienne, Petrobras, est la septième compagnie pétrolière au monde. Elle a développé sa propre technologie afin d’exploiter le pétrole en eaux profondes. Ses ressources garantissent l’indépendance énergétique du pays. Elles permettent des financements significatifs de la santé et de l’éducation. Sa privatisation compromet le futur de notre pays. » L’autre attaque à la souveraineté est stratégique : il s’agit de l’environnement et des peuples indigènes. « Durant des décennies, et particulièrement sous les gouvernements du PT, l’idée de nation brésilienne était intimement liée à la défense de l’environnement et à la protection de l’Amazonie. Nous avons destiné des ressources importantes pour lutter contre la déforestation, en mettant en place une opération de commandement de contrôle pour défendre l’Amazonie. Sans l’armée, la police fédérale, les patrouilles vertes, les ONG, il n’y a pas de combat effectif contre la déforestation. Chaque discours de connivence avec la destruction de l’environnement encourage la pollution des rivières, des forêts, ainsi que les violences faites aux

peuples indigènes ». Enfin, il est question d’éducation, le Brésil étant l’un des pays les plus inégalitaires au monde. « 36 millions de personnes sont sorties de la pauvreté grâce au programme Bolsa Familia. À la fin de mon mandat, le Brésil ne figurait plus sur la carte de la faim élaborée par l’ONU. (…) Pour pérenniser la lutte contre les inégalités et maintenir les conquêtes obtenues, il est indispensable de garantir à la population exclue une éducation de qualité. (…) Or le gouvernement de Bolsonaro veut privatiser l’université publique fédérale, celle-là même qui permet aux pauvres d’accéder à l’éducation ». « Sans culture, il n’y a pas de citoyenneté. Sans citoyenneté, il n’y a pas de démocratie ». Evoquant le coup d’État parlementaire qui l’a renversée en 2016, Dilma Rousseff affirme qu’il n’avait qu'un objectif : « insérer le Brésil dans le néolibéralisme tant sur les plans social, économique, que géopolitique. Le néolibéralisme et le néofascisme sont des frères siamois ». « Après le coup d’État qui m’a écartée du pouvoir, il fallait emprisonner Lula pour que Jair Bolsonaro remporte la présidentielle, poursuit-elle. On l’a même empêché de s’exprimer. (…) Je suis pleinement favorable au combat contre

la corruption et je l’ai démontré durant mon dernier mandat. Mais l’opération Lava Jato est devenue un instrument politique pour ôter toute possibilité à la gauche de se maintenir au pouvoir et d’y revenir. Les révélations de The Intercept Brésil l’ont démontré. Le juge Sergio Moro n’a pas été impartial. Il a agi en faveur de l’accusation. Il a formulé des accusations à l’encontre de Lula alors qu’il n’avait pas de preuves. » « Lula reste en prison car, s’il sort, il modifiera l’actuel rapport de forces. Lula représente la lutte pour la démocratie. Il représente l’idée qu’un autre Brésil est possible, qu’un autre gouvernement peut exister. Un gouvernement qui aurait de la considération pour les mouvements sociaux, les organisations des femmes et des Noirs. Un gouvernement qui porterait les questions sociales, démocratiques, mais également celles liées à la souveraineté, en préservant nos ressources économiques, environnementales et la défense de l’éducation ». « S’il est possible de condamner et de maintenir en prison un ex-président qui a le leadership de Lula, alors tout est possible, conclue Dilma Rousseff. La situation est très critique. D’où l’importance de la solidarité ».

RENCONTRE-DÉBAT AVEC SALAH HAMOURI À BORDEAUX

Témoignage de la situation des Palestiniens dans les geôles israeliennes Salah Hamouri était invité par Palestine 33 avec le soutien du Collectif girondin pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, le 9 septembre à l’Athénée municipal de Bordeaux pour une conférence axée sur la situation des prisonniers palestiniens en Israël. De cette situation, l’avocat franco-palestinien est bien placé pour en témoigner, il en fait son combat. La conférence de Salah Hamouri, le 9 septembre dernier à l’Athénée municipal, a été presque exclusivement consacrée à la situation des Palestiniens, prisonniers dans les geôles israéliennes. Salah, lui-même emprisonné quatre fois depuis son adolescence, donne un cadre clair à son propos : la question des prisonniers politiques ne date pas d’aujourd’hui, elle apparaît dès la création de l’État d’Israël. On compte actuellement 5 500 prisonniers politiques, dont 230 enfants et 62 femmes ; 600 sont condamnés à perpétuité, 80 ont déjà passé plus de 25 ans en prison, et 1 000 prisonniers sont malades. Depuis 1967, 850 000 Palestiniens ont été arrêtés, et pratiquement aucune famille n’est ou n’a été épargnée par la politique répressive d’Israël. Le système d’incarcération israélien est une méthode élaborée pour briser la volonté de peuple palestinien, il est organisé pour casser la volonté de tous les prisonniers et les détruire

psychologiquement dès leur arrivée dans les centres d’interrogatoire. Dans son exposé Salah aborde plusieurs aspects de l’emprisonnement, qu’il présente sans aucun pathos, de manière concrète, rigoureuse, et avec des exemples précis, pris parfois dans sa propre expérience. Les enfants enfermés

Israël refusant l’existence de tribunaux pour enfants, ceux-ci, âgés de 13 à 18 ans, subissent les mêmes conditions de détention que les adultes. Leur scolarité est interrompue, leur accès aux livres étant censuré. Ils sont enfermés 18 heures sur 24 dans leur cellule. L’accompagnement d’adultes pour les aider dans leur quotidien n’a été accepté que très récemment par les autorités pénitentiaires. Les forces spéciales les transfèrent régulièrement d’une prison à une autre : ils restent au maximum un an dans une prison. Un trajet de transfert peut parfois prendre une semaine, sans contact avec personne. Les visites sont limitées, en particulier pour les enfants de Cisjordanie, dont les parents n’ont pas le droit d’entrer en Israël. Et les démarches sont très longues, au moins trois mois. La Détention administrative

Cette pratique héritée du Mandat

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britannique donne le droit à l’armée israélienne d’arrêter et d’enfermer des Palestiniens pour six mois renouvelables (certains ont passé plus de douze ainsi), sans que la moindre charge contre eux soit formulée, sans qu’ils puissent ni eux ni leurs avocats accéder à leur dossier. Actuellement 550 prisonniers palestiniens sont en détention administrative. Les prisonniers malades

Depuis 1967, 221 Palestiniens sont morts dans les prisons israéliennes (certains assassinés dès leur arrivée, les autres morts sous la torture, ou des suites d’une grève de la faim, ou par négligence médicale). Actuellement 1 000 prisonniers palestiniens sont malades. Tout le système est fait exprès pour altérer la santé des prisonniers. Et ceux qui ont passé plus de quinze ans en prison développent des pathologies graves. L’hôpital n’ayant que 80 places, un transfert à l’hôpital peut prendre des années ; et en cas de transfert dans un hôpital civil, l’administration pénitentiaire décide du temps qu’un prisonnier peut y rester, ce qui a parfois des conséquences funestes. Après leur mort, Israël ne remet le corps des prisonniers à leur famille qu’à la fin de la peine à laquelle ils ont été condamnés. Il existe des cimetières « à numéros » où sont enterrés des centaines de Palestiniens et certaines

familles ignorent longtemps après leur mort où sont les leurs. Le système de l’isolement

L’isolement total est décidé par le directeur d’administration de la prison ou par le renseignement extérieur pour des périodes renouvelables. Le prisonnier est enfermé vingt-trois heures sur vingt-quatre dans une cellule de 2 mètres sur 3. Il n’a droit qu’à une heure de cour par jour, sans en connaître le moment, menotté, seul, surveillé par un ou deux gardiens. Il n’a droit à aucune visite, sauf celle, très limitée, de son avocat. Quelques dizaines de prisonniers sont dans ce cas, certains ont subi douze ans d’isolement. Ils en sortent complètement détruits, incapables de communiquer avec quiconque. Grâce à la grève de la faim de 2012, les conditions de l’isolement ont été un peu améliorées. Le système des visites

Même les visites sont utilisées comme un moyen de torture. Un prisonnier peut recevoir la visite de ses proches (parents, épouse, enfants), mais les prisonniers considérés comme dangereux n’ont droit à aucune visite. On a droit au maximum à 28 heures de visite par an. Certains prisonniers restent des années sans avoir de visite. Pour un prisonnier resté longtemps

en prison, les échanges sont de plus en plus réduits, les liens avec la famille se distendent. Au bout de quelques années, il ne connaît plus ceux de son entourage ; parfois il n’a plus de famille. Quand il sort de prison, toute sa vie relationnelle est à reconstruire, il doit redécouvrir sa famille et les autres. Les luttes des prisonniers

La prison est faite pour briser la volonté des prisonniers. Il y a cependant des moyens de lutter contre l’occupant et défendre sa dignité, la grève de la faim en est un, massive et organisée pour en informer l’extérieur, elle demande au moins 3 ans de préparation. Fouilles régulières pour déstabiliser, interdictions de toutes les visites, alimentation forcée par les médecins… deviennent alors le lot quotidien des grévistes. Malgré ces circonstances inhumaines, les prisonniers tiennent parce qu’ils défendent leur peuple. Par ailleurs, les activités systématiques de formation, ainsi que les pratiques démocratiques (élections de comités représentatifs), mobilisent positivement les prisonniers. En conclusion, il faut ajouter que, malgré l’aide qu’elle apporte aux familles de prisonniers, l’Autorité Palestinienne n’a aucun poids pour libérer ces derniers, elle n’a pas la force politique pour le faire. J.C. Cavignac, Palestine 33


PCF MEETING DE LA FÊTE DE L’HUMANITÉ

27 SEPTEMBRE

Fabien Roussel : « Nous rêvons d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de la dictature de l’argent »

AG du Bassin

Extraits du discours du secrétaire national du PCF, prononcé sur la Grande scène, samedi 14 septembre après-midi. « Quelle magie à chaque fois s’exerce grâce à vous toutes et tous : les 8 400 bâtisseurs et bâtisseuses qui l’ont montée et les 25 000 militants et militantes, bénévoles de l’idéal communiste sans qui cette fête n’existerait pas ! Voilà pourquoi cette fête est unique en France, en Europe ! Bravo à vous toutes et tous ! » « Oui il est temps que le peuple de France retrouve toute sa souveraineté ! » « Oui nous rêvons d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de la dictature de l’argent ! Et nous voulons la construire avec vous ! » « Vous qui êtes jeunes, qui représentez l’avenir de notre pays, qui rêvez d’un vrai travail, et à qui on ne propose comme seul horizon que de se vendre à des plateformes numériques, sans protection, sans moyens pour payer vos études. Vous qui rentrez crevés le soir, usés par le travail, à l’usine ou dans les champs, et qui, malgré cela, n’arrivez pas à boucler vos fins de mois. Vous ces salarié·es, qui subissez le temps partiel, les CDD et devez vivre avec moins de 1000 euros par mois, en dessous du seuil de pauvreté. Vous, ces millions de femmes qui, malgré 13 lois en 40 ans, subissez toujours les inégalités salariales. Vous, ces militants, cheminots, soignants, pompiers, enseignants, retraités, gilets jaunes, qui êtes mobilisés depuis des mois pour vous faire respecter et pour faire valoir vos droits. Vous, les 13 millions de bénévoles associatifs, tellement utiles et inestimables dans notre pays. Je pense en ce moment à celles engagées contre les féminicides et qui exigent des moyens indispensables pour sauver des vies. Oui, c’est avec vous toutes, vous tous que nous voulons bâtir une société plus humaine, plus fraternelle. » 1- Une vraie réforme des retraites « Nous ne voulons pas de cette réforme et le premier rendez-vous pour dire non, c’est le 24 septembre prochain. Soyons nombreux et nombreuses pour défendre notre système de retraite. Parce qu’il y a un autre choix : celui de faire cotiser tous les revenus, y compris ceux des actionnaires, des financiers, des rentiers. » « 300 milliards d’euros ! En leur appliquant le taux de 10,45 %, comme sur nos fiches de paye, c’est tout de suite 30 milliards d’euros qui rentrent dans les caisses de retraites ! Alors stop aux régimes spéciaux de la finance, fini les privilèges pour la finance ! Ce taux, on propose même de le moduler en fonction des choix des entreprises, selon leur politique en faveur de l’emploi, de l’environnement. » « C’est le chemin pour garantir une vraie pension. Ce que nous voulons : 1 500 € minimum et la retraite dès 60 ans. »

2- 22 % d’augmentation (NDLR – Comme les 130 milliards d’euros de plus pour les 500 familles les plus riches entre 2017 et 2019) pour les salaires et les pensions, dans le privé et dans la fonction publique « Ayons cette ambition pour nos concitoyens, pour notre pays. Cette question des salaires et du pouvoir d’achat est intimement liée à celle de l’emploi. Vous avez entendu, comme moi, ce gouvernement annoncer la baisse du chômage. Ah bon ? Mais des entreprises sont menacées ou délocalisent leurs activités comme Arjowiggins, Ford Blanquefort, Whirlpool Amiens, General Electric à Belfort, la papeterie de la Chapelle Darblay… Et quand on gratte un peu, on s’aperçoit que le nombre de radié·es à Pôle Emploi n’a jamais été aussi élevé, ou que le nombre de CDD explose. Et je ne vous parle même pas des contrats d’auto entrepreneur, les nouveaux esclaves du 21e siècle, les travailleurs à la tache des Uber, des Deliveroo : 383 000 de plus en un an ! » « L’État doit réaffirmer une vraie politique pour l’emploi dans notre pays ! » 3- Que notre pays s’engage vraiment à éradiquer le chômage et la pauvreté « Nous proposons un plan de reconquête industrielle avec la création d’un million d’emplois, avec une industrie du XXIe siècle, qui innove, qui n’exploite plus les salarié·es et la nature, qui garantit l’égalité FemmesHommes, qui valorise le travail et chacun·e d’entre nous pour ses compétences et pas pour les dividendes ! Nous devons avoir la même ambition pour notre fonction publique, pour nos services publics, où les besoins sont immenses : pour nos communes, pour la petite enfance, pour l’environnement, pour les transports, le logement, dans nos écoles, dans la culture, dans le sport. Et dans la santé, il y a urgence ! » 4- Répondre à l’urgence écologique « Nous étouffons et la planète aussi. Libérons-nous de ce carcan, de la loi de l’argent qui domine tout, qui pourrit tout. Oui nous voulons, nous aussi, aller vers une empreinte carbone nulle en 2050. C’est pourquoi, et c’est notre proposition, la France doit investir 100 milliards d’euros par an, en plus des moyens existants actuellement. » « Allons chercher l’argent dans les paradis fiscaux, mais pas dans nos poches ! Allons chercher l’argent auprès de la Banque Centrale européenne qui ferait mieux de financer, à taux négatif, un fonds dédié à l’urgence climatique plutôt que d’enrichir les banques privées ! » « Et je m’adresse aux forces de gauche et aux écologistes : êtes-vous d’accord pour que nous travaillons ensemble à ce nouveau modèle économique, mettant au cœur la démocratie, l’être humain et la planète ? Car pour répondre à l’urgence climatique et sociale, il nous faut un vrai projet de

société et imposer un rapport de force. Et j’appelle à ce que nous soyons les plus nombreux possible, les 20 et 21 septembre, à porter ces exigences lors des prochaines Marches pour le climat ! » 5 - Mettre à l’ordre du jour de l’ONU une grande conférence sur la fiscalité « Garantir la Paix, c’est permettre à chaque pays de bénéficier des richesses qu’il produit, de sortir de la pauvreté, de garantir des échanges respectant les êtres humains et les ressources naturelles. C’est pourquoi nous proposons que la France, membre permanent du Conseil de Sécurité, mette à l’ordre du jour de l’ONU une grande conférence sur la fiscalité mondiale, comme cela a été fait pour le climat. Oui il faut combattre, à l’échelle du monde, le fléau de la fraude et de l’évasion fiscale. Car si les gaz à effet de serre font des trous dans la couche d’ozone, la fraude fiscale fait des trous dans les finances de tous les pays du monde, en France, en Europe, en Afrique et sur tous les continents ! » Écrire un programme EN commun dès les municipales « Avec toutes ces propositions, nous voulons montrer que c’est possible, que l’espoir est là. Et avec vous, avec le monde du travail, avec la force et la créativité de la jeunesse, tout est possible ! Nous pouvons commencer dès maintenant, avec les élections municipales, avec vous, pour montrer que la gauche unie, ambitieuse et authentique peut gagner et battre la droite et l’extrême droite ! Ce que nous vous proposons, c’est d’avoir une grande ambition pour notre pays, pour l’être humain, pour la planète. C’est écrire ensemble un programme EN commun, partagé, qui nous engagerait tous, de la base au sommet ! Oui, j’appelle à travailler à l’union, à l’union du peuple de France et à l’union des forces de gauche et écologistes sur la base d’un programme ambitieux pour notre pays. » « C’est le seul moyen de reprendre le pouvoir à la finance, de reprendre en main notre destin. Oui cette France est belle quand elle fait gagner les valeurs de justice sociale, d’égalité, de fraternité pour tous ses citoyens et citoyennes, sans distinction de classe ou de religion ! Nous nous sommes affranchis de la monarchie, nous nous sommes libérés du nazisme, nous rêvons à présent d’une France libérée, délivrée du capitalisme et de dictature de l’argent ! » « Nous allons fêter nos cent ans et nous ne nous sommes jamais sentis aussi jeunes, aussi combatifs, aussi optimistes ! Rejoignez la Jeunesse communiste et le Parti communiste Français ! »

La section du Bassin d’Arcachon et Val de Leyre se réunira en assemblée générale le vendredi 27 septembre, à 18h, avec les prochaines élections municipales à l’ordre du jour. Elle se tiendra à Biganos, dans la petite salle de réunion, rue de la verrerie (face aux tennis).

RENCONTRE LE 20 SEPTEMBRE À 18H

La paix, le désarmement, la culture de paix

À l’initiative de la Commission Paix-International, le PCF a invité les associations girondines à une rencontre sur les préoccupations communes : la paix, le désarmement, la culture de paix. Ce moment d'échanges se déroulera le vendredi 20 septembre à 18h, à la Fédération, en présence de Pascal Torre, co-responsable national du secteur international. Les militants sont appelés à y participer ainsi qu’à la Journée Internationale de la Paix, samedi 21 septembre pour laquelle une marche organisée par les associations pacifistes partira, à 15 h, du parvis des Droits de l’Homme.

ÉLECTIONS MUNICIPALES 2020

Un « Forum de l’alternance » à Bordeaux Dans la perspective des élections municipales de 2020, les forces politiques bordelaises écologistes et sociales* ont amorcé depuis le mois de juin un cycle de travail collectif pour organiser une consultation citoyenne : « Le Forum pour l'alternance à Bordeaux : Quelles priorités pour 2020 ? » Le samedi 28 septembre 2019, de 10h à 17h30, salle Pierre Tachou – Point du Jour (44 rue Joseph Brunet à Bordeaux-Bacalan), les organisations invitent les Bordelaises et les Bordelais à donner leurs priorités, à débattre des moyens pour les concrétiser et imaginer ensemble une nouvelle vision pour Bordeaux. Le travail sera réparti en huit ateliers, au choix : - 4 le matin de 10h30 à 12h30 : Se déplacer ; Participer ; Grandir ; Partager - 4 l’après-midi de 14h à 16h : Se loger ; Respirer ; S'épanouir ; Travailler Chaque atelier sera animé par les formations organisatrices, qui proposeront un exposé du contexte avant de débuter les discussions. Les formations organisatrices du forum souhaitent faire du résultat de ce travail collectif, la première étape d'une convergence de toutes les bonnes volontés écologistes et sociales de la ville. *Bordeaux Maintenant, Europe Ecologie Les Verts, Génération.S, Mouvement des Progressistes, Nouvelle Donne, Parti Communiste Français, Parti Radical de Gauche, Parti Socialiste, Place Publique, Les Radicaux de Gauche

SOUSCRIPTION EXCEPTIONNELLE

Élections Européennes Malgré une campagne dynamique et offensive la liste conduite par Ian Brossat n’a pas atteint les 3 %, seuil ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Le PCF prolonge donc la souscription lancée pour les européennes. Le PCF compte sur vous !

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 19 septembre 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

CGT

L’Institut d’histoire sociale rend hommage aux combattants de l’Espagne républicaine

À partir du 26 janvier 1939, début de "la Retirada", l’exode massif des réfugiés espagnols de la guerre civile, des centaines de milliers de Catalans et républicains se sont retrouvés sur les routes pour fuir Franco. Nombre d’entre eux se sont installés en Gironde et à Bordeaux.

L’Institut CGT d’Histoire Sociale organise le jeudi 26 septembre, de 17h30 à 20h, à la Bourse du travail à Bordeaux, un Hommage aux combattants de l’Espagne républicaine sous l’angle de la solidarité de la CGT en Gironde. Jean Lavie, l’un des responsables de l’IHS Aquitaine nous présente cet événement.

Les Nouvelles : Jean Lavie, pourquoi cette initiative ? Jean Lavie : L’exposition et le spectacle sont le fruit de plusieurs éléments. D’abord notre choix est de travailler l’histoire pour aider les salariés, en particulier, à y puiser des réflexions qui les aident à s’engager dans les réalités du moment. Ainsi, il nous a paru utile d’évoquer la Retirada* (dont c’est aussi le 80e anniversaire) en écho à la question des migrants aujourd’hui. Depuis plusieurs années nous mettions de côté au fil du classement de nos archives des éléments concernant ces événements. Le livre de M. Lavallé « Bordeaux, les bordelais et la guerre d’Espagne », publié l’an dernier, complétait opportunément

CHRONIQUE

nos connaissances. Un repas amical avec les auteurs et acteurs après le spectacle présenté lors d’une commémoration à OloronGurs (64) a donné corps au projet, le bureau de l’IHS et l’accord de l’UD l’ont concrétisé. Les Nouvelles : Comment va se dérouler la soirée ? J.L. : À 17h30 nous allons inaugurer une exposition qui sera ensuite visible durant un mois sous le Hall de la Bourse. Six panneaux reprennent quelques textes de contextualisation et, principalement, des archives légendées de notre institut, des témoignages et des biographies de militants. La solidarité, durant le conflit, a permis le transport d’armes, l’aide financière, l’accueil des enfants, des réfugiés et de leur famille. Sur 180 brigadistes girondins recensés par le livre de M. Lavallé, 40 étaient des militants CGT, nous publions lettres et biographies de certains d’entre eux. Après la guerre 39-45, la Bourse du travail a abrité le siège d’une coopérative sandalière créée dans la bonne

entente entre réfugiés anarchistes, communistes et socialistes. Durant le franquisme, ensuite, si la solidarité était politique, elle était également très concrète et parfois clandestine quand certains militants à la fois CGT et communistes transportaient des personnes, des armes et des « pesetas » dans diverses villes espagnoles. Nous présenterons là aussi des témoignages. Enfin l’aide aux organisations antifranquistes s’est poursuivie jusqu'à la chute de la dictature et à l’appel lancé, à ce moment là, aux espagnols réfugiés et restant en France, de rejoindre les organisations françaises. Les Nouvelles : Et le spectacle ? J.L. : Il s’intitule « La promesse », présenté par la compagnie du Si., il commencera à l’issue de l’inauguration à 18h30 jusque 19h15. Le récitant est Alain Chaniot, accompagné de Michel Dedieu à la guitare et de David Blazquez à l’accordéon. C’est une lecture musicale, poignante, d’un texte de David Blazquez, petit fils d’un républicain assassiné par les phalangistes, également fils d’un combattant républicain déporté dans les îles Anglo-Normande. Nous découvrirons l’histoire d’une femme prise dans la tourmente de la guerre civile, de la Retirada à nos jours. Un récit familial de lutte et de transmission. Commentaires et échanges animeront le pot qui suivra à 19h30.

La Retirada ou l’exil républicain espagnol d’après guerre L’avancée des troupes franquistes oblige, dès 1936, de nombreux républicains à quitter provisoirement l’Espagne pour fuir les combats. Quand le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains du général Franco, la population catalane – et avec elle des milliers de républicains provenant de toute l’Espagne – se dirige vers la frontière française pour échapper à la répression et aux bombardements. Ces civils sont bientôt rejoints par une partie de l’armée républicaine en déroute. Cette retraite – la Retirada – entraîne dans l’exode des centaines de milliers de réfugiés. Partagé entre la crainte de voir des "hordes" de révolutionnaires "rouges" déferler sur le pays et le respect des valeurs républicaines qui accordent asile et hospitalité aux persécutés, le gouvernement français du radical Edouard Daladier décide finalement d’ouvrir la frontière le 28 janvier 1939, mais aux seuls réfugiés civils. Les hommes armés patientent quelques jours de plus sous les bombardements franquistes. Le 5 février, la frontière est enfin ouverte aux soldats républicains. Du 28 janvier au 13 février, ce sont 475 000 personnes qui passent la frontière française, en différents points du territoire : Cerbère, Le Perthus, Prats de Mollo, Bourg-Madame, etc.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

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"Car ce combat est aussi le nôtre" Bordeaux, les bordelais et la Guerre d'Espagne, Francine Agard-Lavallé, Bernard Lavallé, Christophe Lavallé L’ouvrage s’est attaché à étudier les moments où Bordeaux s’est trouvée confrontée de très près à la guerre civile espagnole : bataille d’Irun sur la frontière, menée des services secrets espagnols, recrutement des volontaires des Brigades internationales, vifs débats dans la presse, arrivée dans le port de l’aide soviétique, accueil des vagues successives de réfugiés. Le conflit eut aussi des conséquences très directes dans les années qui suivirent avec les difficultés d’intégration des Espagnols, la politique discriminatoire à leur égard de l’occupant et de Vichy, leur participation à la Résistance et à la Libération. Les sources utilisées sont celles de la presse bordelaise et surtout un travail systématique en archives à Bordeaux et dans la région mais aussi en Espagne. Édité aux Presses universitaires de Bordeaux

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr C'est la faute à Rousseau…

En juillet dernier, l'Obs publiait un dossier sur Jean-Jacques Rousseau. D'éminents universitaires spécialistes de la philosophie des Lumières, Céline Spector, Antoine Lilti, y évoquaient la force et la richesse de sa réflexion politique. Quelle mouche a alors piqué la rédaction de l'Obs pour aller chercher le dénommé Raphaël Enthoven afin -rien que ça- de disqualifier Rousseau… Enthoven procureur dans un procès intenté à l'un des plus grands philosophes de tous les temps… Le costume ne serait-il pas un peu trop grand pour lui ? Qui est M. Enthoven ? Un petit marquis, philosophe mondain bien introduit dans les allées du pouvoir, plus connu pour sa présence incontinente dans les médias que pour la profondeur et l'originalité de sa pensée et qui s'est donné pour mission de pourchasser et pourfendre toute dérogation à l'ordre libéral établi… Bref, un idéologue de (basse) cour sans autre importance que celle que des médias complaisants veulent bien lui donner. On mesurera l'élévation de son propos à la piètre entreprise consistant à tenter de relever des phrases (de Rousseau) qui, hors de tout contexte, seraient censées se contredire. Méthode affligeante à la portée du premier cuistre venu… Dès les premiers mots de sa diatribe, M. Enthoven condamne sans appel: «Rousseau n'est peut-être pas un grand penseur…», ose-t-il! Qu'un vermisseau de la pensée comme M. Enthoven parle ainsi d'un des plus importants philosophes des Lumières ne fait -pour reprendre une formule de Bourdieu- que démontrer sa suffisance et son insuffisance… Sans parler de l'effet comique de cette prétention. A part ça, il n'a dans sa pauvre besace qu'une petite pirouette rhétorique. Il paraîtrait que Rousseau n'a jamais fait qu'énoncer ce que tout le monde pense ! Assertion aussi incongrue qu'invraisemblable mais que M. Enthoven baptise la « banalité du bien », tentant, pour se donner un peu d'entregent, un parallèle avec le vrai concept, lui, de banalité du mal élaboré par Hanna Arendt. Là aussi, il est un peu court. Mais il croit avoir trouvé quelque chose lui permettant d'injurier la jeune militante suédoise Greta Thunberg qualifiée « d'enveloppe vide mandatée pour dire le bien ». Ainsi M. Enthoven s'invente un adversaire à sa mesure, l'improbable banalité du bien. Cela fait beaucoup penser à l'arnaque de l'armée des néo-réactionnaires (les Zemmour, E. Lévy, Finkielkraut, Polony, Rioufol, etc.) s'insurgeant contre ce qu'ils appellent le « politiquement correct ». On y reviendra. « Banalité du bien » et « politiquement correct », même combat ! La rencontre n'est pas fortuite, en effet libéraux et conservateurs se rejoignent dans une même haine de Rousseau. Sa conception du peuple souverain leur est insupportable. Pour Rousseau, Céline Spector le rappelle dans l'Obs (18.07.2019), « la souveraineté populaire est indivisible, inaliénable, irreprésentable et absolue ». Ce qui met en cause la démocratie libérale, représentative et délégative, conçue pour confisquer et détourner l'expression de la souveraineté du peuple qu'est la volonté générale (Le Contrat social, Livre III, Chap. XV). Certes, la volonté générale, où l'intérêt commun s'identifie aux intérêts particuliers, est difficile à incarner, Rousseau en convient : « s'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes » (Livre III, Chap. IV). Rousseau ne pouvait imaginer que la possibilité en serait peut-être donné par une société sans classes. Marx l'a complété sur ce point. Inacceptable aussi pour libéraux et conservateurs le jugement sévère sur la propriété. J'ai déjà cité l'admirable paragraphe au début de la deuxième partie du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : « Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié ses semblables : Gardez- vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ». Banal, pour M. Enthoven ! Les anthropologues aujourd'hui datent ce bouleversement de la fin du néolithique avec la généralisation de l'agriculture et de l'élevage. Cela étant, Rousseau ne préconise pas l'abolition de la propriété privée. Mais le marxisme lui-même ne vise que la propriété des moyens de production…


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