Nouvelles N° 2323

Page 1

Jeudi 5 septembre 2019 - N° 2323 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

RÉFORME DES RETRAITES

Vices cachés pour retarder l’âge des départs et casser la solidarité P.4-5


ACTUALITÉ BORDEAUX LE 9 SEPTEMBRE

SERVICE PUBLIC

Rencontre avec Salah Hamouri, avocat franco-palestinien

Les pompiers toujours en colère

Palestine 33 organise une rencontre, lundi 9 septembre à 20h à l’Athénée municipal de Bordeaux, avec l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri, et le soutien de : L'UJFP Aquitaine, le MRAP 33, l'ARAC-33, Solidaires 33, NPA 33, Les Alliés de la Paix, le PCF 33, l'UD CGT 33, EELV, PG 33, MCJF 33, AC! Gironde… FORD

« Une indécence sans limite »

Après avoir annoncé brutalement aux 422 salariés toujours en poste (d’après Sud-Ouest), le mercredi 24 juillet au matin, qu’ils pouvaient rentrer chez eux car la production cessait définitivement, Ford n’a pas attendu la cessation officielle de toute activité prévue au 30 septembre pour récupérer les machines, comme le montre la photo que fait circuler le syndicat CGT de l’entreprise qui continue à appeler à la solidarité. La réaction de la CGT Ford à Blanquefort, dans un communiqué envoyé le 29 août qui joint une photo d’un atelier avant et une après, est vive : « Ces capitalistes sont d’une indécence sans limite. Ce sont des patrons voyous, des crapules infâmes et malhonnêtes que ni l’État, ni les pouvoirs publics, ni même la justice (jusqu’à aujourd’hui) n’ont empêché d’agir ». Le syndicat explique que la multinationale a fait démonter tout le secteur du « FOX » par des travailleurs allemands et expédié les machines, alors qu’elle avait envoyé tous les travailleurs de l’usine en congés pendant ce mois d’août et que les lettres de licenciement ne sont même pas envoyées. Elle avait déjà arrêté la production prématurément et brutalement « sans que les collègues aient pu se parler », c’est pourquoi les syndicalistes organise une soirée de solidarité, afin de permettre aux salariés de se retrouver, ce vendredi 6 septembre, à partir de 19 heures, sur le parking du comité d’entreprise de l’usine. Pour l’occasion, le chanteur HK a répondu présent et une lecture théâtralisée de textes parus dans le livre "Ford Blanquefort – Même pas mort" est prévue. On peut aussi y acheter des places pour le concert de solidarité programmé le 21 septembre au Krakatoa de Mérignac.

C’est un des points chauds de la rentrée sociale, les pompiers se sont rassemblés, vendredi 30 août place de la Bourse à Bordeaux, à l’appel d’une intersyndicale nationale et dans le cadre d’un mouvement qui court depuis le début de l’été. En uniforme et déterminés, les pompiers étaient plusieurs dizaines vendredi 30 août, rassemblés place de la Bourse à Bordeaux pour aller chercher un soutien auprès de la population, à l’aide d’une pétition qui demande des moyens humains, matériels et financiers pour assurer leurs missions, des mesures de prévention pour les risques qu’ils encourent et une reconnaissance institutionnelle de ces risques. Avant que les organisations syndicales représentées en Gironde ne se succèdent au micro, le président du Service départemental d’incendie et de Secours (SDIS), Jean-Luc Gleyze, affiche son soutien au mouvement et se désole que la métropole bordelaise

n’ait toujours pas donné son accord, pourtant indispensable, à la création de 120 postes supplémentaires. Un courrier de l’intersyndicale devrait être adressé au président de la Métropole et des actions ciblées pourraient être envisagées. Sur le plan national, au nom de l’intersyndicale, alors que les organisations n’ont toujours pas été reçues, un pompier annonce une action symbolique des officiers supérieurs qui vont demander à être reçus en marge du congrès. Mais « si rien ne se passe d’ici mi-octobre, nous irons chercher des réponses dans la rue à Paris, avec des gens responsables car nous savons très bien comment cela va se passer »… La CFDT dit avoir écrit à tous les élus, note qu’elle a eu peu de retours, la Fédération autonome insiste sur la nécessité d’obtenir le soutien de la population. La CGT regrette « qu’une fois de plus la métropole refuse d’aller plus loin sur le budget », rappelant que c’est sur la métropole que sont concentrés les besoins. Venus de leur caserne de Bruges et

Grève des livreurs à vélo

La préfecture poursuit les expulsions, les élus communistes alertent sur les familles en danger

« Plus de 100 personnes, dont une vingtaine d’enfants en bas âge, y vivent depuis un mois dans des conditions insalubres et inhumaines », ont constaté les élu-e-s. « Il est urgent de trouver des solutions pour ces familles : assurer la scolarisation et une protection sanitaire, en particulier pour les enfants en bas âge », ont-ils commenté. Le groupe communiste va, dans les prochains jours, interpeller les différentes institutions dont la Métropole afin de trouver des solutions au plus vite en lien avec les associations qui sont présentes au quotidien. « La Métropole doit pousser à des solutions urgentes de relogement pour ces familles, qui peut passer par la mise à disposition de davantage d’ETI (Espace Temporaire d’Insertion) sur les communes de la Métropole pour assurer le suivi de ces populations en extrême précarité. La préfète a prévenu qu’elle “nettoierait” le camp le 5 septembre. Le temps presse, et le temps est à la mobilisation ! » 2 • Les Nouvelles 5 septembre 2019

Christelle Danglot

BORDEAUX

SQUATS

Mercredi 28 août au matin, Claude Mellier et Max Guichard, élus communistes de la métropole se sont rendus, en compagnie de Fabienne Jouvet de l'Association "Faire & Agir", à Bordeaux Lac où des familles, expulsées de squats au début de l’été ont trouvé refuge.

La Benauge, deux professionnels qui ne souhaitent pas être identifiés expliquent l’explosion du nombre de « carences », depuis au moins 4 ans. Alors que leur mission consiste essentiellement à intervenir sur les urgences vitales, les pompiers se retrouvent de plus en plus à assurer des missions de transport qui devraient incomber aux ambulances privées. « Dans le privé, pour être rentable, ils n’acceptent pas certaines courses ou les regroupent, ce qui crée de l’attente… Le résultat est que sur une caserne comme Bruges, il y avait 5 000 interventions par an, il y a 10 ans, il y en a 11 000 aujourd’hui, alors que les effectifs, eux, ont baissé. Sur mes dernières gardes, j’ai dû faire 80 % de carences ». « Nous sommes en sous-effectif permanent, nous n’avons plus de temps pour la formation et l’entraînement sportif. L’une comme l’autre sont pourtant indispensables dans notre métier, heureusement qu’on n’attend pas la caserne pour se préoccuper de notre condition physique, c’est pour nous une question de santé et de technicité. » Outre ce ras-le-bol concernant les « carences » qui imposent des effectifs supplémentaires chez les pompiers ou une réorganisation des autres secteurs concernés, les professionnels du secours voudraient avoir enfin la reconnaissance de leur métier comme étant à risque et s’inquiète de la réforme des retraites : « Vous vous voyez secourue par un pompier de 63 ans ? »

Dimanche 1er septembre, dans le cadre d’un mouvement national, les livreurs à vélo étaient en grève, notamment pour protester contre la baisse du tarif des courses imposée par Deliveroo. « Nous sommes ici une trentaine mais les grévistes sont plus nombreux, ils ne viennent pas car ils et elles ont peur d’être vus », explique Jeremy Wick, livreur chez Deliveroo. Autour de lui, les soutiens sont presqu’aussi nombreux : des syndicalistes de la CGT Ford, de Sud Rail… des militants politiques, du PCF notamment dont les parlementaires bataillent depuis de nombreux mois quant au statut, conditions de travail et protection sociale des travailleurs ubérisés. D’ailleurs, ce dimanche soir sur la place Fernand Lafargue, il y a des

livreurs de toutes les plateformes car les courses toujours plus mal payées, l’absence de protection sociale, etc. ça les concerne tou-te-s. C’est le troisième rassemblement de l’été à Bordeaux et la pétition qu’a mise en ligne Jeremy a déjà recueilli 40 000 signatures. Auto-entrepreneur à 29 ans, il livre pour Deliveroo depuis 2 ans, à raison de 50h/semaine et 3 000 km/mois à vélo. Lorsque Deliveroo met en place, fin juillet une nouvelle tarification sur les trajets courts (2,50 € au lieu de 4,50), il écrit : « Nous sommes ceux cachés derrière vos livraisons de repas, nos sourires polis vous souhaitant un bon appétit dissimulent une misère silencieuse que nous ne pouvons plus taire, pédalant toujours plus vite pour gagner toujours moins. Triste paradoxe. Dans une notion de partenariat plutôt floue,

notre revenu minimum a été divisé par deux alors que le chiffre d'affaires de la société est, lui, multiplié par quatre. Le bénéfice de cette dernière ne fait qu'augmenter, aidé par un système de tarification volontairement opaque de plus en plus défavorable et ce, sans possibilité de négociation. Notre liberté de choix n'est donc qu'un miroir bien loin de refléter la réalité… » C’est donc pour obtenir de Deliveroo une « collaboration saine et efficace » que les livreurs se bougent, en tout cas quelques uns en exigeant, pour tous : - le retour d'un tarif minimum par course décent et fixe, - la remise en place systématique des primes (intempéries, etc.), - l’affichage de la distance réelle avant d'accepter une livraison, - l’organisation officielle d'un corps représentatif de coursiers avec un réel pouvoir de négociation. C.D. Pour signer la pétition : « Obtenir des conditions de travail décentes et fixes pour les livreurs auto-entrepreneurs » sur change.org


ACTUALITÉ

Editorial

DÉCÈS DE PHILIPPE MADRELLE

Sébastien Laborde : « il était un partenaire fidèle, exigeant »

Philippe Madrelle, sénateur et ancien président socialiste du conseil général de Gironde, est décédé mardi 27 août, à l’âge de 82 ans, à Bordeaux. De nombreuses personnalités ont assisté à ses obsèques, lundi matin, à l’église Notre-Dame de Bordeaux (voir Sud Ouest du 2/09/2019). Le sénateur et ancien président socialiste du conseil général de Gironde,

Philippe Madrelle, est décédé à l’âge de 82 ans à Bordeaux. Cet ancien poids lourd politique dans le sudouest a passé 35 ans à la présidence du conseil général de Gironde, de 1976 à 2015, avec trois ans d’interruption de 1985 à 1988. Né à Saint-Seurin-de-Cursac (Gironde), Philippe Madrelle s’était engagé très jeune au parti socialiste. Professeur d’anglais, il avait été élu pour un premier mandat comme conseiller municipal en 1965 à Ambarès-et-Lagrave, près de Bordeaux, et dans le même temps était devenu suppléant du député de la quatrième circonscription de la Gironde, René Cassagne. Élu conseiller général de Carbon-Blanc dans la banlieue nord-est de Bordeaux en 1969 puis conseiller municipal de la ville, il en était devenu le maire en 1976, ainsi que président du conseil départemental de la Gironde, alors le plus jeune de France.

Philippe Madrelle avait été député de Gironde pendant douze ans, de 1968 à 1980, et président de la Région Aquitaine de 1981 à 1985. « Au fait de chaque événement politique dans ce département, il était connu de tous et connaissait chacun, a déclaré Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF Gironde. L'une de ses dernières batailles aura été l'élection sénatoriale de 2014 où il aura passé la journée à accueillir chacune et chacun. Philippe Madrelle aura incarné la famille socialiste durant ces années-là. Attaché à l'union de la gauche au Conseil général, à la Région et dans sa ville de Carbon Blanc, il était un partenaire fidèle, exigeant. Il aura toujours eu au cœur le rassemblement des forces de gauche pour mener des politiques répondant aux besoins des populations et des territoires, faisant du département de la Gironde une terre de progrès et de développement. »

ÉDUCATION NATIONALE

Apaisement ? Ce n’est pas gagné… À Bordeaux en mars 2019.

Les syndicats avaient prévenu : les raisons profondes de la colère enseignante n’ont pas disparu. D’autant moins que le comportement du ministre, jugé autoritaire, l’a discrédité auprès d’une majorité d’enseignants. Reste à savoir si le changement de ton, l’amorce de « dialogue social » et la reconnaissance de revenus insuffisants pour les enseignants suffiront à apaiser le climat… Rien n’est moins sûr… L’année 2018-2019 a été mouvementée dans l’Éducation nationale. Jean-Michel Blanquer a poursuivi à un rythme d’enfer ses réformes : du bac général, du lycée, de la filière professionnelle, loi pour l’École de la confiance, Parcoursup… Souvent puissante, la contestation avait débouché sur une grève sans précédent des surveillances du bac et du brevet, mettant en échec deux dispositions importantes de la loi Blanquer : les EPSF (établissements publics des savoirs fondamentaux), qui voulaient regrouper les écoles élémentaires sous l’autorité d’un collège, et l’autorité hiérarchique que le texte voulait conférer aux directeurs d’école. Pour le reste, le mouvement s’est heurté à l’inflexibilité d’un ministre qui, fort de sa popularité, n’a jamais hésité à

manier répression et sanctions, ni à accuser ses adversaires d’organiser un « festival de bobards »… Mais en « bon élève » de la Macronie, le ministre semble suivre le mouvement de la recherche d’apaisement. Sortant d’une première rencontre avec le ministre, fin août, Régis Metzger, cosecrétaire général du Snuipp-FSU (premier syndicat du primaire), se montrait affirmatif : « Le ton a changé. On nous a parlé de dialogue social approfondi, de prise en compte de l’expertise des organisations syndicales… » Toutes choses inexistantes jusqu’à présent, et que dénonçait la majorité des syndicats. Concrètement, trois « comités de suivi » vont être mis en place, sur la réforme du bac général et du lycée, sur la réforme de la filière professionnelle et sur la mise en place des Inspe (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) pour succéder aux Espe (écoles supérieures du professorat et de l’éducation). Un dialogue sur l’épineuse question des salaires – que le ministre a reconnus trop faibles – et des retraites doit aussi être lancé. Les enseignants redoutent d’être les principales victimes d’une retraite par points, qui désavantagera les professions comportant une faible part de primes dans leur rémuné-

ration (environ 7 % de leur paie en moyenne), leur présence dans les cortèges prévus les 21 et 23 septembre (lire page 5), seront un indicateur du niveau de mobilisation. En Gironde, le SNES-FSU ne semble pas convaincu par le changement de ton du ministre qui « a profité des vacances pour faire passer des textes importants (la loi fonction publique, l’école de la confiance, l’obligation de formation pendant les “vacances des élèves”…) ». L’organisation syndicale du secondaire appelait en cette rentrée à être vigilant sur les effectifs en collège et soulignait que « la question des manuels scolaires n’est pas réglée, pas plus que celle de l’organisation des épreuves communes » pour les lycées. Du côté des écoles, le SNUipp-FSU demande toujours que la mobilité des enseignants puisse être garantie, notamment pour répondre au déficit d’enseignants plutôt qu’en recrutant des enseignants contractuels. Par ailleurs, le syndicat s’inquiète d’une « avalanche de recommandations », rappelle que l’obligation de scolarisation à 3 ans va surtout favoriser le privé, critiquent les évaluations nationales au CP et CE1 en début et milieu d’années, vécues l’an dernier comme une opération de « communication ministérielle qui cherchait à justifier une série de prescriptions pédagogiques sur l’enseignement de la lecture mettant à mal la nécessaire liberté pédagogique des équipes ». Dédoublement de classe ou déploiement des Pôles inclusifs d’accompagnements localisés (PIAL) sans moyens supplémentaires, sont également pointés… À l’heure où les premières constatations de classes surchargées se font connaître, l’apaisement n’est pas gagné…

Mon RIP, ma bataille, 1 million de soutien à la Fête de l’Huma D’ici mars 2020, il faut réunir 4 717 396 signatures afin d’obtenir qu’un référendum soit déclenché pour décider de l’Avenir d’Aéroports de Paris. À première vue, ce chiffre impressionne. Possible ! C’est, en moyenne, 17 000 signatures à recueillir journellement. Après les mois d’été, le compteur affiche 713 000 soutiens du référendum partagé. Avec ce référendum (RIP) le peuple peut se donner les moyens de se prononcer. C’est inédit. Cette procédure a été rendue possible par la mobilisation de 248 parlementaires de tous bords. Alliance inédite qui a permis de franchir la barre de 1/5e des parlementaires nécessaires. Maintenant, il convient de réunir 1/10e du corps électoral pendant 9 mois, date butoir le 12 mars 2020. L’aéroports de Paris, construits en 1946, est une société aéroportuaire, la 1re au monde, un bien commun où l’Etat est actionnaire à 50,3 %. Privatiser ce service public national serait une faute grave, du même type que celle commise avec la vente des autoroutes. Stopper la privatisation pose 3 enjeux : Écologique : privatisés, l’Etat n’aurait plus de marge de manœuvre en matière de régulation du transport aérien, très polluant. Un contresens économique : ADP, c’est 500 millions de bénéfice, + 22 % en 2017, 185 millions versés à l’Etat, 2e valeur boursière après EDF. Aberration stratégique : 1re entreprise aéroportuaire au monde, 86 % des aéroports mondiaux sont publics, ils sont la 1re frontière avec 107 millions de passagers. Privatiser, ce n’est jamais bon. On le voit avec les autoroutes : prix d’achat 14,8 milliards. En 10 ans, les profits ont augmenté de 20 % et les actionnaires ont touché 1,5 milliard de dividendes. Dans le même temps, 6 000 suppressions d’emplois et augmentation des péages. Depuis 1986, 1 500 privatisations totales ou partielles ont été réalisées sans jamais demander l’avis des Français. Aujourd’hui, avec le RIP, nous avons la possibilité que les citoyens exigent ce référendum pour s’exprimer contre la privatisation, contre la soumission à la finance. Organisons-nous pour faire signer la pétition sur les marchés, au porte-à-porte, dans les lieux de rencontres, de débats, avec nos ordinateurs en allant sur le site www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/ etape-1, muni de sa pièce d’identité et, si possible, de sa carte d’électeur. Regroupons-nous avec d’autres forces politiques de gauche, comme à Mérignac (FI, PCF, EELV)* pour créer l’événement. En étant à l’offensive, dans le pays comme à la Fête de l’Humanité, nous pouvons atteindre le million de signatures à la mi-septembre. * Les 7 et 14 septembre, présence sur le parking de Pin Galant à Mérignac pour informer la population et appeler à signer.

Claude Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 5 septembre 2019 • 3


RÉFORME DE GOUVERNEMENT

Le déminage par la confusion et le non-dit Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, a annoncé lui-même, mardi 3 septembre, à La Voix du Nord, qu’il entre au gouvernement pour mener le vaste chantier dont Emmanuel Macron entend faire le projet-phare de l’acte II de son quinquennat. Âge pivot ou durée de cotisation, un marché de dupe pour reculer, encore, l’âge de départ à la retraite tout en tentant de déminer le mouvement qui s’annonce en cette rentrée contre le projet de réforme. L’ancien ministre de Jacques Chirac garde son titre de haut-commissaire auprès de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, mais il pourra désormais siéger à la table du conseil des ministres. « Il était logique, explique-t-il au quotidien, qu’ayant commencé comme haut-commissaire, je poursuive mon travail comme tel. » Il précise qu’il « garde la même équipe, le même lieu, pour être l’interlocuteur privilégié des partenaires et écrire la future loi ». Ce scénario lui a permis de participer mercredi au séminaire gouvernemental de rentrée et de démarrer la nouvelle phase de consultations qui s’ouvre en cette fin de semaine, dans ses nouvelles fonctions. Edouard Philippe devait recevoir, avec JeanPaul Delevoye et Agnès Buzyn, les partenaires sociaux pour préciser méthode et calendrier de la réforme, alors que le président de la République a rebattu les cartes en annonçant, le 26 août, que « rien n’était décidé » sur le sujet et qu’il « préfère un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge ». Le rapport présenté par Jean-Paul Delevoye le 18 juillet pour la réforme du système de retraite en France contient comme principale recommandation d’instaurer un âge pivot à 64 ans pour une retraite à taux plein. « La position d’Emmanuel Macron fait partie du débat. La loi s’écrit en marchant. Il faut considérer que la solution est à trouver entre deux, souligne Jean-Paul Delevoye. La confiance que me montre le président par ma nomination montre en réalité qu’il nous faut réapprendre en

France la culture de la controverse. Le président n’est pas lié par mon rapport. Il apporte sa clarification. » Une formule empoisonnée

Un « enfumage » plus exactement, comme le dira Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Car ce qu’a affirmé Emmanuel Macron, s’adressant aux Français le 29 août sur France 2, c’est qu’il est prêt à renoncer à leur demander de travailler plus tard s’ils acceptent de travailler plus longtemps. Tel est, en substance, le marché de dupes qui propose de troquer un accord éventuel avec les syndicats sur « la durée de cotisation plutôt que sur l’âge » de départ à la retraite, dans le cadre de la réforme en préparation. Allonger le nombre des trimestres exigés pour bénéficier d’une retraite à taux plein aura en pratique le même effet que l’instauration d’un « âge d’équilibre » à 64 ans – une solution jusqu’alors privilégiée par le gouvernement, qui induit un malus sur la pension en cas de départ avant cet âge et un bonus dans le cas inverse. Mais un autre loup pourrait se cacher dans le verbe présidentiel. Car les deux mesures – allongement de la durée de cotisation et instauration d’un « âge d’équilibre » – concernent à l’origine chacune un chantier distinct. Dans les plans initiaux du gouvernement, la première devait s’appliquer au système actuel, en accélérant l’échéancier de la réforme Touraine votée en 2014, qui prévoit de remonter progressivement la durée de cotisation de 41,5 ans aujourd’hui à 43 ans en 2035. Pour laisser des comptes des retraites à l’équilibre au moment du passage au régime universel à points prévu en 2025, le gouvernement a temporairement mis en sourdine mais n’a pas abandonné cette piste, en vue de freiner les prochains départs à la retraite et économiser les 10 milliards d’euros qui manqueront à l’appel, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR). Le rapport rendu le 18 juillet par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, est catégorique sur ce point : en respect

de la « règle d’or » qui va piloter le nouveau système en lui interdisant tout déficit, des « modalités de convergence vers l’équilibre financier en 2025 » du système actuel doivent être inscrites dans le projet de loi de réforme, attendu en 2020. Mais dans le futur régime universel, les règles changent. Le nombre des points accumulés durant toute la carrière remplace la notion d’annuités ou de trimestres cotisés. « Dans le système projeté, il n’y a aucun taux de remplacement garanti, pas de notion de carrière complète et donc pas de taux plein. Par un tour de passe-passe, c’est l’âge d’équilibre qui devient âge du taux plein selon une nouvelle définition », explique Christiane Marty, responsable d’Attac et auteure d’une note consacrée au rapport Delevoye. Si ce dernier laisse formellement la porte ouverte au maintien d’une durée de cotisation qui pourrait conditionner le départ à la retraite, la préférence exprimée par le haut-commissaire est celle d’un âge qui soit le « même pour tous », en clair : un âge d’équilibre fixé dans un premier temps à 64 ans. Dans l’hypothèse d’une règle d’équilibre budgétaire constant, et en l’absence de référence à une durée d’assurance, la fixation de cette nouvelle borne d’âge devient même une pierre angulaire du nouveau régime : « L’âge du taux plein sera un levier de pilotage du système », précise le rapport. En fait de choix entre une solution ou l’autre, le pouvoir pourrait très bien envisager une formule empoisonnée incluant les deux, du type « fromage et dessert »… « Il ne s’agit pas là d’enterrer l’idée de l’ âge pivot » (l’autre nom de l’âge d’équilibre), a d’ailleurs indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye. Faute de préciser ses intentions, les propos d’Emmanuel Macron ne dissipent pas le brouillard sur ce point. C’est peut-être l’objectif : « Ce discours, c’est une opération déminage qui a pour objectif d’entretenir une confusion dans l’esprit des Français », a estimé Philippe Martinez dans le Parisien. Avec L’Humanité et Le Monde

CHIFFRES

Le stupéfiant trucage de Delevoye Les comparaisons entre le système actuel et le futur régime à points ont été bidonnées pour avantager ce dernier dans la présentation de la réforme du haut-commissaire. Cherchez l’erreur : un financement des pensions bloqué à moins de 14 % du PIB pour un nombre de retraités qui augmente plus vite que le nombre d’actifs à l’horizon 2070, mais la promesse que chaque assuré sera gagnant au moment de liquider ses droits par rapport au système actuel… Forcément, quelque chose 4 • Les Nouvelles 5 septembre 2019

clochait dans les grands axes, dévoilés le 18 juillet, de la refonte du système préconisée par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Le collectif d’économistes et de personnalités à l’origine du site Internet Reformedesretraites.fr a cherché. Et il a trouvé : les exemples pris dans le dossier de présentation du futur régime universel à points ont été bidonnés, a révélé le ParisienAujourd’hui en France. Au lieu d’appliquer les règles légalement votées, c’est-à-dire de bâtir ses comparaisons avec le futur système

sur la base des 43 annuités de cotisation pour une carrière complète exigées dans le système en vigueur pour les générations nées à partir de 1973, comme inscrit dans la loi Touraine votée en 2014 (la dernière à avoir retouché les modalités du droit à la retraite), les équipes du haut-commissaire ont retenu d’autres paramètres… qui avantagent le nouveau système proposé dans la comparaison. « Au mieux, c’est une erreur, au pire, une manipulation », a déclaré Philippe Pihet, le spécialiste des retraites chez FO, dans le Parisien.


S RETRAITES RENTRÉE SOCIALE

Des appels à la grève et à la mobilisation de toutes parts Comme le relève le quotidien Sud Ouest, la réforme des retraites est « LE dossier brûlant de cette rentrée sociale et les appels à la grève et à la mobilisation fusent de toutes parts ».

ÉGALITÉ, SOLIDARITÉ

En remplaçant les 42 régimes de retraite existants par un dispositif universel, c’est un véritable big bang qui s’annonce et de nombreuses professions (salariés du privé ou du public dans le secteur de la santé, du transport, policiers ou encore libéraux comme les avocats, les kinés, Et que dire des mirifiques retraitesetc.) ont exprimé leur inquiétude chapeaux en vigueur dans les plusd’une augmentation des cotisations, grandes firmes privées. d’une remise en cause des avantages Face à la stratégie gouvernementaleacquis, notamment sur l’âge des qui, au forceps, fusionne 42 régimes,départs… (aides-soignantes, etc.) – opposons le projet d’une « Maisondes publics qui, à terme, ne pourront commune des régimes de retraite » garantissant au contraire des droits de haut niveau communs à tous les régimes et des possibilités de choix individuels plus étendus. En modifiant la répartition primaire des revenus dans les entreprises et en dégageant des ressources supplémentaires pour les caisses de retraite au fur et à mesure PCF des besoins, ce projet de Maison commune serait un levier pour renforcer le système de retraite par répartition. En ce début de XXIe siècle, les salariés Le PCF porte un projet de soliont besoin de se fixer comme objectif darité et de progrès social pour le collectif majeur la réussite d’un nou- système de retraite. veau pacte intergénérationnel. Ou bien l’on donne de nouveaux gages « Rien – et surtout pas les évolutions aux marchés financiers qui continuent démographiques prévisibles – ne leur pression, ou bien l’on desserre justifie l’entreprise de démolition la contrainte qui étouffe toute pers- proposée par Emmanuel Macron et pective de développement social et sa majorité. Chaque travailleur crée économique, c’est tout ce qui se joue bien plus de richesses qu’en 1945 dans la période. et en créera encore plus au cours des prochaines décennies. On peut parfaitement garantir des niveaux Chronique de Jean-Christophe de pensions permettant d’assurer la Le Duigou, économiste et continuité du meilleur niveau de vie syndicaliste, L’Humanité Dimanche de carrière. On peut en finir avec la du 25/07/2019 coupure des cycles de vie (formation/ travail/retraite) en développant la formation à tous les âges de la vie et en transformant les conditions de transition de l’emploi à la retraite. On peut réaliser pour de vrai l’égalité entre femmes et hommes en matière de retraites et donc de salaires. À l’opposé du projet Macron, nous proposons un système de retraites à prestations définies, avec un âge de départ connu, garantissant la solidarité entre salariés, notamment en matière de pénibilité et de durée de carrière. Chacun peut ainsi connaître les droits dont il disposera à 60 ans, sans vivre dans la crainte d’une réduction de la valeur du “point retraite” au moment de la liquidation de la pension et sans être mis sous pression pour accumuler des points au cours de sa vie professionnelle, en compétition avec les autres salariés. Le retour à une retraite pleine et entière à 60 ans, garantissant au minimum 75 % du meilleur revenu d’activité, répond aux enjeux de la période, à la révolution numérique, à

Pour une « Maison commune des régimes de retraite » Comment peut-on admettre aujourd’hui que des ouvriers puissent voir leur perspective de retraite en bonne santé raccourcie en moyenne de 6, 7 ou 8 ans par rapport à des catégories plus favorisées ? Les cinq réformes successives des retraites, 1993, 1996, 2003, 2007 et 2010, devaient assurer l’équilibre des différents régimes. Malgré l’allongement de la durée de cotisation, le recul de l’âge du droit à la retraite et celui de la pension à taux plein, il n’en a rien été. Profitant de la crise financière de 2008, assureurs, banquiers et fonds d’investissement ont exigé, à nouveau, un recul des systèmes sociaux solidaires. Épargne contre retraite, impôts contre cotisations, allocations contre pensions, montants variables contre prestations définies… De fait, en préconisant pour le calcul des droits à la retraite, la généralisation du mécanisme par points, le gouvernement entérine le passage à un mécanisme dit « à cotisations définies » qui fait porter tout le risque à l’assuré quant au niveau de la pension. Le tentaculaire régime unique que vient d’esquisser Jean-Paul Delevoye dans son rapport est destiné à réduire les pensions et laissera de plus un large

espace pour le développement de compléments privatisés à la retraite, mécanisme particulièrement inégalitaire. Aussi l’affichage gouvernemental se réclamant d’« une retraite plus juste » n’y changera rien. L’approche individualiste prime. Ce n’est pas sur cette base que l’on va opérer la correction nécessaire des inégalités. À travail équivalent, des salariés, qu’ils soient du public ou du privé, qu’ils soient femme ou homme, qu’ils aient accompli leur carrière dans un grand groupe ou dans une PME, doivent avoir la même retraite. La différence entre salariés du public et salariés du privé, à structure de qualification égale, est aujourd’hui minime, – contrairement à ce qui est martelé ! –, qu’on la mesure dans l’absolu ou au travers du taux de remplacement du salaire par la retraite. De plus, on ne parle pas de la différence entre la pension moyenne des hommes et celle des femmes, différence qui continue à être considérable. On n’évoque pas non plus assez l’injustice fondamentale que représente l’inégalité d’espérance de vie due aux conditions de travail. Comment peut-on admettre aujourd’hui que des ouvriers puissent voir leur perspective de retraite en bonne santé raccourcie en moyenne de 6, 7 ou 8 ans par rapport à des catégories plus favorisées ?

plus prendre leur retraite à 52 ou à 57 ans, comme aujourd’hui. Plusieurs journées sont donc annoncées en cette rentrée, après celle des pompiers (lire page 2) : grève et rassemblement à Paris pour la RATP le vendredi 13 septembre, avocats, médecins, infirmières, kinésithérapeutes, orthophonistes et podologues, mais aussi pilotes, hôtesses et stewards suivront, le lundi 16 septembre à Paris, à l’appel du collectif SOS Retraites, qui réunit le Conseil national des barreaux, des syndicats et des associations, également sur la défense des « régimes autonomes » de retraite complémentaire, Force ouvrière appelle à une manifestation nationale samedi 21 septembre alors que la CGT lance, elle, un appel national pour le mardi 24 septembre, rejointe par SUD-Rail.

Un projet communiste au XXIe siècle la nécessité d’en finir avec l’immense gâchis d’une jeunesse qui arrive sur le marché du travail dans des conditions de précarité de plus en plus insoutenables. Il est nécessaire de consacrer plus de richesse aux pensions versées à un nombre croissant de retraités et aux dépenses visant à préserver la santé et l’autonomie des personnes âgées. Entre 1960 et aujourd’hui, la part du PIB consacrée au financement des retraites est passée de 5 % à 13,8 % soit une augmentation de 176 %. Construire un nouveau contrat social sur les retraites requiert un effort sans commune mesure avec ce qui a été accompli. Il faut se préparer à une bataille politique et idéologique sur le financement et donc sur le coût du capital, sur la création et la répartition des richesses. Aujourd’hui, cette répartition se fait au détriment des salaires et de la protection sociale avec d’immenses gâchis en termes de capacités humaines et une perte d’efficacité économique. Mettons en débat un prélèvement sur les revenus financiers des entreprises et des banques, une modulation des cotisations sociales patronales selon les comportements des entreprises sur l’emploi, les salaires et la formation, idem pour l’impôt sur les sociétés, les aides fiscales et sociales dont bénéficient les entreprises, une réorientation du crédit bancaire et de la politique monétaire. Au total, les ressources consacrées chaque année au financement des retraites pourraient être augmentées de 70 à 90 milliards au bout de cinq ans. »

Les Nouvelles 5 septembre 2019 • 5


INTERNATIONAL ROYAUME-UNI

Boris Johnson accusé de coup d’État

Des milliers de Britanniques ont défilé à l’annonce de la décision du premier ministre britannique Boris Johnson de suspendre le Parlement. «Stop the coup ! », « Halte au coup d’État ! » Mercredi soir (30/08/2019), aussitôt connue la décision du premier ministre britannique Boris Johnson de suspendre le Parlement à partir de la deuxième semaine de septembre et jusqu’au 14 octobre – deux semaines avant le Brexit –, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour exprimer leur hostilité à ce holdup démocratique. Des défilés se sont formés spontanément à Londres, mais aussi à Manchester, Édimbourg, Cardiff, Birmingham, Liverpool, Bristol, Cambridge, Brighton, Chester… Dans la capitale, où ils étaient les plus nombreux, les manifestants se sont rassemblés devant le palais de Westminster, avant de prendre le chemin de Downing Street. En fait, cette volonté de mettre à l’écart les parlementaires passe d’autant plus mal qu’elle apparaît comme une manœuvre pour les empêcher de bloquer le scénario d’un Brexit dur.

Des recours en justice

Une option que le gouvernement se dit prêt à mettre en œuvre s’il ne trouve pas de compromis avec Bruxelles sur les conditions de sortie de l’Union européenne, le 31 octobre, date butoir pour la ratification par le Parlement de l’accord de retrait. Sûr de son fait, Johnson, en assumant une méthode autoritaire, prend pourtant le risque de souder ses opposants, de s’aliéner les modérés de son camp et de faire converger les anti-Brexit et ceux qui, sans défendre le maintien dans l’Union européenne, jugent irresponsable un retrait sans accord. « Nous ne pouvons pas compter sur le processus judiciaire ou parlementaire pour sauver la démocratie, nous avons besoin d’un mouvement de protestation de masse et de désobéissance civile », plaide ainsi Michael Chessum, l’un des responsables de la coalition Another Europe is possible (Une autre Europe est possible). Signe que ce mouvement de contestation fait tache d’huile, sur le site officiel petition.parliament.uk, une pétition contre la décision de sus-

EBOLA

Antonio Guterres au chevet de la RDC Avec ses groupes rebelles, une situation politique toujours tendue entre majorité et opposition, et désormais l’épidémie d’Ebola, la République démocratique du Congo (RDC) fait partie de ces nations qui, plus que d’autres, ont besoin de la solidarité internationale. La semaine dernière, le secrétaire de l’Organisation des Nations unies, le Portugais Antonio Guterres, s’est rendu à Mangina dans l’est du pays, là où avait été détectée en août 2018 l’épidémie d’Ebola. Dans cette ville, celle-ci a fait 285 morts pour 606 personnes infectées. Au total, la maladie a déjà tué plus de 2 000 personnes en RDC et en Ouganda. Le secrétaire de l’ONU est venu soutenir le personnel soignant, qui fait face à une défiance des

malades, mais aussi des populations de la zone. Les infirmiers subissent parfois des violences, et certaines personnes atteintes nient leur maladie, ce qui fait craindre un risque de propagation. « Il faut dire à tout le monde qu’à la moindre suspicion, il faut venir pour vérifier s’il n’y a pas de problème », a déclaré Antonio Guterres après la visite du Centre de traitement d’Ebola (CTE). « Ça vaut la peine de venir. Il y a des gens qui pourraient penser : bon, je vais mourir, pourquoi est-ce que j’y vais ? Non, ce n’est pas vrai. Ceux qui viennent ici peuvent guérir. Il faut transmettre ce message à tout le monde. Ne cachez pas les symptômes. Venez », a-t-il ajouté. Avant cette visite, le secrétaire de l’ONU s’est rendu à Beni, une zone rouge en proie aux exactions de groupes armés.

6 • Les Nouvelles 5 septembre 2019

pendre le Parlement frôlait jeudi en fin d’après-midi les 1,5 million de signatures (au Royaume-Uni, toute pétition recueillant au moins 100 000 signatures peut déclencher

l’ouverture d’un débat parlementaire). La bataille se joue en ligne et dans la rue, mais aussi sur le terrain du droit. Connue pour avoir imposé par voie judiciaire à Theresa May, en 2017, une consultation du Parlement sur le processus de retrait, la femme d’affaires Gina Miller a déposé un nouveau recours devant la justice. En Écosse, où la charismatique cheffe de file des conservateurs, Ruth Davidson, annonçait sa démission, 75 parlementaires pro-Union européenne ont demandé à être entendus en urgence par la plus haute cour civile d’Écosse, dans l’attente d’une audience sur le fond en septembre. Applaudis sur le réseau social Twitter par le président des États-Unis Donald Trump, Johnson et ses amis répondent à ce tollé par l’arrogance. « Le Parlement n’allait de toute façon pas siéger pour la plus grande partie de cette période. C’est totalement consti-

tutionnel et approprié, a expliqué le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Jacob Rees-Mogg. Je pense que cette indignation est bidon et créée par des gens qui ne veulent pas que nous quittions l’Union européenne. » Dans les rangs des travaillistes, le terme de « dictature » a été lâché par John McDonnell, un poids lourd du parti. « C’est un scandale et une menace pour notre démocratie ! » s’est indigné, de son côté, Jeremy Corbyn. Le chef du Labour espère obtenir le soutien des députés pour déposer une motion de censure. Si elle était adoptée, un nouveau gouvernement devrait être formé dans un délai de 14 jours. Boris Johnson aurait alors le choix entre la démission et la convocation d’élections législatives anticipées. Rosa Moussaoui, L’Humanité du 30/08/2019

ALLEMAGNE

Nouvelle secousse tellurique nationaliste L’extrême droite a de nouveau fortement progressé dimanche 1er septembre, dans les Länder du Brandebourg et de Saxe, où elle a disputé les premiers rôles à la CDU comme au SPD en rassemblant à chaque fois au moins un quart des suffrages. Les résultats des scrutins régionaux se suivent et se ressemblent pour les deux partis au pouvoir sous la houlette de la chancelière Angela Merkel. L’un et l’autre ont à nouveau décroché de façon spectaculaire. Après avoir dirigé la Saxe sans interruption depuis la réunification avec des scores initialement très supérieurs à la majorité absolue, la CDU n’a plus rassemblé que 33 % dans le scrutin régional d’hier, selon les premières projections établies à l’heure de fermeture des bureaux de vote (contre 39,4 % encore en 2014). Dans le Brandebourg, le partenaire SPD du gouvernement fédéral connaît un affaissement du même type. À 26,5 %, il a enregistré environ 5 points de chute par rapport à 2014 (31,9 %). Même si les partis des ministresprésidents sortants, le CDU Michael Kretschmer en Saxe et le SPD Dietmar Woidke dans le Brandebourg, parviennent à se maintenir en tête dans leur Land respectif, ils sont désormais talonnés par l’AfD, qui obtient respectivement 27,5 % en Saxe, son meilleur score dans une élection régionale, et 24,5 % dans le Brandebourg. Les tractations pour leur reconduction à la tête du gouvernement régional promettent d’être difficiles. Les coalitions sortantes, CDU/SPD en Saxe et SPD/Die Linke dans le Brandebourg, sont désormais en effet largement minoritaires. Quand ils n’étaient pas la force

dominante, l’affaissement des deux « grands » partis est plus net encore. Le SPD s’enfonce sous la barre des 10 % en Saxe et la CDU perd près de 8 points dans le Brandebourg (15 %, contre 23 % en 2014). Le Brandebourg et la Saxe, fiefs de l’aile radicale de l’AfD

Surfant sur le populisme et la xénophobie, l’AfD est parvenu à détourner un immense malaise accumulé dans ces territoires d’Allemagne orientale sur trois décennies depuis une « réunification » pratiquée sous l’entière houlette des Konzern, les grands groupes ouest-allemands, qui ont pu s’installer en régnant par le vide. Et en développant une précarité endémique. Die Linke, traditionnellement bien implanté à l’Est, s’est employé à démasquer les véritables racines du mécontentement populaire et du discours de haine de l’AfD. En vain hélas puisque la formation enregistre également des reculs : elle obtient 10,5 % en Saxe (- 8 %) et 10,7 % dans le Brandebourg (-8 %). Outre l’AfD, seuls les verts progressent mais de modeste façon en réalisant respectivement 10,5 % dans le Brandebourg (contre 6,5 % en 2014) et 8,6 % en Saxe (+ 3,5%). Signe de la gravité du désarroi régional, Andreas Kalbitz et Jörg Urban, leaders respectifs de l’extrême droite dans le Brandebourg et en Saxe, font partie de « L’Aile » (Der Flügel), la tendance la plus nationaliste radicale au sein de l’AfD, celle qui ne rechigne pas à flirter avec les groupuscules néonazis ou le mouvement contre l’islamisation de l’Occident (Pegida), basé d’ailleurs à Dresde au cœur de la capitale de la Saxe. Cette nouvelle secousse tellurique ne devrait pas manquer d’ébranler tou-

jours davantage une grande coalition nationale déjà très mal en point. Les dissensions internes au sein des deux ex-grands partis promettent de s’aiguiser. Ainsi, une aile droite nationaliste qui n’a cessé de gagner en influence au sein de la CDU va-t-elle sans doute renforcer encore sa pression en faveur d’une alliance avec l’extrême droite. Mais pour une chancelière Angela Merkel en bout de course, qui a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne se représenterait pas en 2021, le plus gros sujet de préoccupation vient d’un SPD toujours plus proche de la rupture. Son nouveau recul électoral confirme une tendance observée à chaque scrutin régional, et il ne va pas manquer de conforter dans le parti ceux qui contestent le bien-fondé de l’alliance gouvernementale avec la CDU. Le SPD est donné désormais, selon les sondages au plan national, entre 13 et 15 % des intentions de vote. Soit exactement au même niveau que l’AfD. Si la convocation d’une élection anticipée du Bundestag apparaît, de ce fait, risquée aux yeux de tous les membres du parti, les contestataires font valoir qu’un prolongement de la participation au gouvernement ne ferait qu’alimenter la poursuite de la descente aux enfers. Et ils plaident pour « un tournant à gauche », seul moyen d’arrêter l’hémorragie électorale. Sans tête après la démission d’Andrea Nahles au printemps dernier, à la suite, déjà, d’un résultat électoral désastreux, le parti s’est donné jusqu’à un congrès extraordinaire début décembre pour retrouver une direction et clarifier sa ligne. L’issue des débats s’annonce incertaine. Bruno Odent, L’Humanité du 2/09/2019


PCF BORDEAUX

FÊTE DE L'HUMANITÉ 2019

Les communistes lancent le chantier métro

N’oubliez pas d’activer vos bons de soutien !

Comme depuis deux ans, il faut activer votre bon de soutien sur Internet, ce qui vous donnera le droit d’entrer dans la Fête. Et ce, avant le jeudi 12 septembre à 23 h 59.

Une soirée de fin août studieuse a été organisée par la commission Transport de la Fédération du PCF. Celle-ci avait invité pour l’occasion une pointure en la personne de Jacques Baudrier, conseiller de Paris, délégué à l’adjoint à l’urbanisme en charge des questions relatives aux constructions publiques, aux grands projets de renouvellement urbain et à l'architecture ; « accessoirement » administrateur du Syndicat des Transports d’Îlede-France (STIF) et administrateur du Grand Paris Aménagement. Dans les Nouvelles du 18 avril dernier, nous relations la réunion publique organisée par l’Association Métro de Bordeaux avec la participation de Claude Mellier, vice présente de la Métropole en charge des infrastructures, dont l’objet était précisément le métro. Lors de cette réunion, le président de l’association montrait à quel point le contexte appelait à de grandes décisions, tant le trafic s’accroit (+ 50 % d’ici 2030), alors que le tramway montre des signes évidents de satura-

tion et de dégradation de ses performances et qu’il multiplie les conflits d’usage avec les véhicules, piétons et cyclistes. Les intervenants balayaient l’idée répandue que le sol bordelais ne permettait pas une telle infrastructure, ce que confirmait J. Baudrier en rappelant que le sol parisien n’était pas plus aisé à travailler. J. Baudrier, lui, n’hésite pas : au rythme de croissance de la population (+ 0,5 %/an à Bordeaux et + 1,5 % dans la Métropole) et de la fréquentation des transports en commun (+ 8 %/an), la thrombose est inévitable, à terme, et Bordeaux est déjà en retard. Il faut donc envisager dès maintenant une capacité de 30 000 passagers/heure (par comparaison, le tram c’est 4 à 5 000passagers/h). La Métropole vient de commander une étude de faisabilité qui devrait lancer enfin le débat politique au début de l’année prochaine. Les échanges de la soirée, exemples concrets à l’appui, ont rappelé l’évidence que tout nouveau projet de transport dans la métropole doit

s’ajouter à ceux existants (BHNS, tram/train, RER, ligne de ceinture, téléphériques, etc.), prendre en compte la notion de pluri-modalité dans les correspondances : train, tram, bus, vélo, voiture, etc. et ne pas oublier la question du fret ferroviaire pour désengorger les axes routiers de leurs cohortes de camions. Cette question des transports est à la fois un enjeu environnemental et à la fois un enjeu d’aménagement du territoire en évitant de développer la Métropole au détriment des autres bassins du département et donc en limitant les déplacements. Mais tout cela réclame des financements conséquents. On parle de 6 milliards pour deux lignes de métro. Là où le président de la Métropole envisage « de mettre le privé à contribution sur un montant significatif grâce au mécénat et au naming », les communistes proposeront d’instaurer une « taxe sur les bureaux », à l’image de ce qui se fait à Paris. Beau chantier en perspective ! Jean-Jacques Bordes

Mode d’emploi : 1. Grattez le code sur le bon de soutien. 2. Allez sur fete.humanite.fr, dans l’onglet « Bon de soutien », et enregistrez-vous. 3. Confirmez votre inscription en cliquant sur l’e-mail que vous recevrez. Attention, vérifiez qu’il ne soit pas dans vos spams.

PCF DORDOGNE ET GIRONDE

Repas d’automne à Lamothe Montravel Repas d’automne du PCF organisé le 21 septembre 2019 à Lamothe Montravel, sur le terrain de la gare.

« Les dirigeants des 7 pays les plus puissants se sont réunis à Biarritz pour réfléchir aux inégalités du monde alors que leur réunion n'a d'autre but que de les pérenniser. Près de 500 milliards d'euros versés en dividendes au niveau mondial, 46 milliards d'euros rien qu'en France pour le deuxième trimestre 2019. L'accaparement des richesses par une minorité met en danger le devenir même de la planète et de l’Humanité. Il y a urgence ! Les forces de progrès pour une alternative sociale et écologique doivent se rassembler pour mettre en échec ce capitalisme destructeur. » Tarifs : 15€ (7€ enfant) Au menu : - Apéritif - Soupe campagnarde - Hors d’oeuvres variés - Rôti de boeuf braisé - Haricots verts et grains - Salade/fromage -Pâtisserie Maison Vin-Café compris Tombola en soutien au journal l’Humanité

RENTRÉE SCOLAIRE Inscriptions : 06 30 37 16 51 / 05 53 27 54 99 (heures des repas)

L’école doit lutter contre les inégalités « Le ministre Blanquer prône l’apaisement à la télévision… mais il continue à imposer brutalement ses réformes inégalitaires ». C’est le point de vue qu’a fait connaître le PCF en cette rentrée, à travers un tract où il appelle « parents, personnels de l’Éducation nationale, jeunes » à « construire ensemble un projet pour l’école et la société ». « Au nom de la « liberté de choix », Blanquer organise la sélection permanente. En obligeant les communes à financer les écoles maternelles privées, il organise la ségrégation sociale dès le plus jeune âge. L’école publique doit être l’école de tous ! De la maternelle à l’université, les élèves sont évalués et triés. À chaque étape, certains restent sur le carreau : il n’y a pas assez de

place dans l’option qu’ils ont choisie, leur établissement n’offre pas la formation dont ils rêvent, ils n’ont pas fait la « bonne » option pour pouvoir intégrer l’université… On oublie que ce sont des enfants, qu’ils ont droit à l’erreur

et qu’ils sont là pour apprendre. Nous ne voulons pas d’une école du tri social, parce que nous ne voulons pas d’une société qui exclut. Nous voulons une école commune, une école de l’égalité, qui donne à tous les jeunes les moyens de maîtriser leur avenir et celui de la planète :

SOUSCRIPTION EXCEPTIONNELLE

Élections Européennes Malgré une campagne dynamique et offensive la liste conduite par Ian Brossat n’a pas atteint les 3 %, seuil ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Le PCF prolonge donc la souscription lancée pour les européennes. Le PCF compte sur vous !

- Abrogation de Parcoursup et de la réforme du lycée pour que le bac redevienne un diplôme national garantissant l’accès à l’enseignement supérieur ; - Du temps pour apprendre : droit à la scolarité dès 2 ans ; rétablissement de la demi-journée d’école supprimée en primaire et scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans. - Des moyens pour faire réussir tous les élèves : plan de recrutement ; gratuité de tout ce qui est nécessaire à l’éducation. »

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 240 euros : M. DAYGUESPERSE Jean, Bassens ; M. GROS Serge, Carbon Blanc ; Mme DANEY Gisele, Villenave d'Ornon ; M. DESCOMS Didier, Villenave d'Ornon ; Mme LARRIVE Colette, Gradignan

Les Nouvelles 5 septembre 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

LES AMIS DE L’ORMÉE

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

La rentrée de la chorale

La chorale des AO le 15 mars à l’Auditorium de l’Ecole de musique et de danse de Floirac

La chorale des « Amis de L’Ormée » reprend ses répétitions à l’école de musique de Floirac, le mercredi 18 septembre. Rejoignez-là ! On ne dira jamais assez l’originalité de ce groupe vocal. Faisant partie des « Amis de L’Ormée » (AO), toutes ses interventions s’inspirent de l’objet de l’association : faire renaître un mouvement culturel fort porteur de valeurs humanistes, démocratiques et sociales. C’est pourquoi son répertoire comporte un fonds de chansons populaires engagées, de France et d’ailleurs, dans lequel il a largement puisé l’année écoulée pour répondre aux sollicitations de plusieurs associations. A côté de ces prestations solidaires, il faut se féliciter du partenariat noué avec « Ay Carmela » pour

CHRONIQUE

commémorer la Retirada de 1939 : interventions remarquées de la chorale lors de l’inauguration d’une stèle à Darwin puis d’une rue des Républicains espagnols à Bègles. Le concert du 15 mars a été un autre moment fort. Dans un Auditorium de Floirac plein à craquer, la chorale, soutenue par ses musiciens, a proposé le coeur de son répertoire avec « Chantons l’espoir ». Le partage étant un de ses marqueurs, elle avait invité l’ensemble vocal « Les Choraleurs » à cette soirée qui s’est révélée enthousiasmante. Les choristes des AO n’ont donc pas chômé et on les espère en forme pour s’engager dans de nouveaux projets. Avec Charlotte Lasnier, toute jeune cheffe de chœur, ils prépareront le Cabaret 2020 dont le programme

se construit : il devrait faire place à l’humour, la dérision, le sérieux aussi des Frères Jacques. Pour cela, l’association bacalanaise « Vie et Travail » nous accueillera à nouveau les 10 et 11 avril 2020. Retenez déjà ces dates. Comme nous ne serons jamais assez nombreux pour faire vivre nos choix qui vont de la musique populaire à la musique classique, nous recrutons dans tous les pupitres. Les nouvelles et nouveaux des dernières années peuvent le confirmer : convivialité et solidarité ne sont pas de vains mots dans ce groupe. Nous nous donnons aussi les moyens de nos objectifs. Même si vous n’avez aucune connaissance musicale, vous pouvez toujours apprendre facilement grâce à des supports appropriés. Si vous aimez chanter, venez… on s’occupe du reste ! Jean-Jacques Crespo, choriste Renseignements pratiques : Répétitions chaque mercredi de 20h à 22h, 21 rue Voltaire (non loin de Dravemont le terminus de la ligne A du tramway). Contact et renseignements au : 06 32 40 74 10

FESTIVAL ÉDITION #3

Les Nouveaux Rendez-vous des Terres Neuves : c’est reparti ! Le 21 septembre, le quartier béglais du même nom accueillera la 3 e édition des nouveau x Rendezvous de Terres Neuves, avec une belle programmation (sur laquelle nous reviendrons

la semaine prochaine), toujours la mobilisation de dizaines de partenaires et, surtout, des habitants. Une folle journée de découvertes, de partages, de musique et de jeux, ouverte à tous et en entrée libre, c’est la proposition que vous font ceux qui aiment, vivent et font vivre le quartier des Terres Neuves, en particulier en cette journée de festival. « Des jeux pour les petits (et un peu pour les grands aussi), du sport pas trop extrême mais bien extra, des mots qui font rêver, des défilés stylés et des dj’s zélés, de l’initiation, de la décontraction, des chanteurs, des violonistes, des percussionnistes et peut-être même un ou deux touristes ! » Promettent les organisateurs : bénévoles, artistes, habitants, associations et entreprises du quartier souhaitant contribuer au développement et à l’accessibilité de l’expression artistique et culturelle. Infos pratiques : Le 21 septembre 2019 de 12h30 à minuit, gratuit, sur l’Esplanade des Terres Neuves, aux Terres Neuves à Bègles. Pour y accéder : tram C, arrêt Terres Neuves, parkings gratuits, accessibles aux personnes en fauteuil roulant.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 5 septembre 2019

Pour toutes infos : L’association Les Rendez-vous des Terres Neuves, 16, rue des Terres Neuves, 33130 Bègles - 06 30 80 26 09 Email : rdvdtn@free.fr facebook.com/rdv.terres.neuves lesnouveauxrdvdesterresneuves.fr

Les faux amis des Gilets jaunes La sédition des Gilets jaunes a suscité de multiples commentaires, des gloses plus ou moins savantes, des exégèses d'intérêt très inégal, y compris chez des auteurs favorables au moins aux acteurs du mouvement. Mme Danièle Sallenave est académicienne française, le summum de la réussite au cœur de la culture légitime. Et voilà qu'elle se rappelle opportunément des origines qu'elle dit populaires pour se lamenter du mépris de classe qui est désormais la marque irréfragable du macronisme. Ce qui est de bonne intention. L'occasion : le propos imbécile -un de plus- de Macron se plaignant que les médias donnent « autant de place à Jojo le Gilet jaune qu'à un ministre ». Ce qui est d'ailleurs factuellement faux quand on connaît l'obséquiosité à l'égard du pouvoir des chefferies éditoriales dans les télévisions dites d'information continue. Tout est dans le « Jojo »… Dans l'imaginaire bourgeois, il n'y a dans le populo que des Jojo, des Dédé, des Popaul, des Bébert, diminutifs vus comme risibles et dont on aime se gausser. « Jojo » est bien sûr de ceux « qui clopent et roulent au diesel », selon le délicat propos du dénommé Benjamin Grivaux, un de ces fantoches formatés et interchangeables de la caste macronienne. Comme l'a aussi dit le patron, de passage en Normandie, les pauvres, « il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent ». Syndrome avéré chez les gens de pouvoir, ils croient que parler vulgairement, cela fait peuple. Dans son opuscule (Jojo, le Gilet jaune, Tracts Gallimard, 2019), Mme Sallenave déplore ces attitudes, elle n'en ignore pas le contenu de classe mais évite soigneusement d'en faire un enjeu de luttes car elle-même a renoncé depuis longtemps au combat de classe qu'elle partagea un moment. Il faut dire qu'elle a bâti toute une carrière sur un anticommunisme intellectuel et de bon ton très à la mode dans les années 80-90, certes insuffisamment virulent aux yeux de fanatiques comme Jean-François Revel mais qui lui a valu beaucoup de considération. Alors il y a quelque indécence de sa part à venir célébrer un « communisme municipal » qui, dit-elle, « jusque dans les années 90 a sauvé les banlieues de l'isolement culturel » ; à reconnaître au Parti communiste français d'avoir été « pendant longtemps la principale force politique capable de définir un rapport juste à l'art et à la culture » ; à gratifier les communistes français d'avoir « inscrit très tôt dans leur programme que la culture est révolutionnaire, que la ségrégation culturelle redouble les maux dont souffrent les populations soumises à une ségrégation sociale, économique et spatiale » (p.35-36). Indécence car elle a bien contribué à abattre ce qu'elle feint aujourd'hui de regretter. Il s'agissait de combattre le stalinisme. Fort bien. Mais comment le Parti communiste français pouvait-il être aussi « stalinien » et avoir une action aussi positive auprès des classes populaires? Mme Sallenave (et ses semblables) se sont bien gardés d'interroger cet apparent paradoxe… Tout comme la clairvoyance a manqué pour apercevoir que la disqualification du Parti communiste français ne servait qu'à éradiquer tout ferment d'idée révolutionnaire dans ce pays… On s'est ainsi empressé de jeter le bébé du communisme avec l'eau du bain stalinien… L'occasion était trop belle. C'est ainsi que Mme Sallenave -qui n'est qu'une figure emblématique d'une coterie d'intellectuels devenus chiens de garde de l'ordre libéral établi- n'a plus que geignements et objurgations morales à opposer à une domination de classe toujours plus arrogante. C'est même la résignation qu'elle prêche en reprenant les vieilleries idéologiques « républicaines », « égalité des chances », « ascenseur social », « élitisme républicain » qui sont autant d'impostures ! « Egalité des chances » ? Il ne saurait y avoir d'égalité des chances dans une société de classes. Mais, de toute façon, l'accès au savoir et à la culture n'est pas une épreuve sportive : quel besoin y a-t-il d'avoir des gagnants et des perdants ? « Elitisme républicain » ? C'est l'infâme mensonge de la méritocratie qui sert à légitimer les avantages de ceux qui sont déjà dotés non par on ne sait quelle « nature » comme ils veulent le faire croire mais par leur milieu social. « Ascenseur social » ? Ce totem vermoulu n'a jamais servi qu'à essentialiser une hiérarchie sociale dans laquelle les pauvres étaient tenus de faire « des efforts » pour « s'élever » ! Les Gilets jaunes ? Ils n'ont qu'à prendre l'ascenseur social ! Est- on si loin du mépris macronien ?


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.