Nouvelles N° 2322

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Jeudi 29 août 2019 - N° 2322 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Énergie : quelles évolutions, quels enjeux ? P.4-5

RENTRÉE SOCIALE

UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU PCF

« OUBLIÉ-E-S DES VACANCES »

Tentative d’apaisement de l’exécutif

L’Humain et la planète d’abord

Une journée de bonheur grâce à la solidarité

P.3

P.7

P.8


ACTUALITÉ GIRONDE

UZESTE – ÉDUCATION POPULAIRE

Nouvelle journée d’action des pompiers

Chantage de la dette : l’exemple du rail au Mali comme en France

Suite à la réunion d’une intersyndicale nationale UNSA, Fédération autonome, CGT, CFE-CGC, FO, CFTC et CFDT, les pompiers en Gironde étaient appelés par leurs syndicats à une « action » ce vendredi, place de la Bourse à Bordeaux entre 11h et 15h avec barbecue et signatures de cartes postales. Celles-ci seront adressées à Matignon afin de faire remonter à la présidence leur mécontentement. Communiqué intersyndical du 27 août : « Dans le contexte du mouvement national et face à l'absence de réponse du Ministre de l'Intérieur, l'intersyndicale des sapeurs-pompiers professionnels s'est réunie ce jour et a acté les points suivants : • reconduction du préavis de grève pour deux mois supplémentaires (septembre et octobre 2019), • lancement d'actions pour sensibiliser les populations à nos difficultés, • lancement d'une pétition en ligne, • information des parlementaires par voie de courrier, • demande d'audience au Ministre de l'Intérieur, • préparation d'une manifestation nationale. Nous remercions l'ensemble des collègues pour leur forte mobilisation tout au long de l'été (90 départements sur 100) et les appelons à poursuivre et intensifier leurs actions. »

dans un pays sous condition d’ajustements structurels que les peuples, désormais connaissent bien : promotion des mécanismes du marché par l’ouverture du pays aux capitaux étrangers, au commerce international, libéralisation du marché du travail, la réduction du poids de l’État, c’està-dire privatisation de nombreuses entreprises et réduction des dépenses publiques… Le festival en Sud Gironde qui se finissait à Uzeste le week-end dernier ouvre tout au long de son déroulement des espaces d’Éducation populaire notamment à travers la participation de la CGT (lire aussi page 8), des projections et débats qu’elle y organise. Vendredi 23 août, il était question de privatisation du rail au Mali et de la dette, avec une intervention de l’économiste Éric Berr très éclairante.

LIBRAIRIE LA MACHINE À LIRE

Rencontres à noter Samedi 31 Août 2019 à 11h, Matthew B. Crawford, autour du livre Éloge du carburateur, publié aux éditions La Découverte. « Ce livre n'est pas vraiment un livre d'économie, il s'intéresse plutôt à l'expérience de ceux qui s'emploient à fabriquer ou réparer des objets. Je cherche aussi à comprendre ce qui est en jeu quand ce type d'expérience tend à disparaître » précise Matthew B. Crawford. Réparer les objets, exercer un métier manuel ne répondent pas qu'à un simple objectif économique mais à un besoin plus profond : le désir de rendre notre univers intelligible afin de nous en sentir responsables. Un essai sur le sens et la valeur du travail. Samedi 07 Septembre 2019 à 11h, Patrick Rödel, autour du livre d'Henri Guillemin, Chroniques du Caire, 1937-1939, publié aux éditions Utovie. Les textes d'Henri Guillemin sont pratiquement inconnus du public alors même qu'ils sont des modèles de critique littéraire. Ces textes, réunis par Patrick Berthier, permettent de retrouver les critiques de livres des années 30 tels que L'espoir de Malraux, La nausée de Sartre, Bagatelles pour un massacre de Céline, ou encore les livres de Bernanos, Mauriac ou Simenon. Mardi 10 Septembre 2019 à 18h30, Beata Umubyeyi-Mairesse, autour du livre Tous les enfants dispersés, publié aux éditions Autrement.

« Oui, nous avons tous cru en quelque chose durant l'enfance, toi comme moi, des rêves différents par génération. Finalement toi et moi sommes allées plus loin que nous l'aurions imaginé. Mais à quel prix. » Tel est le constat que fait Blanche lorsqu'elle retrouve au Rwanda après des années d'exil sa mère Immaculata. (Lire dans L’Humanité du 21 août) Beata Umubyeyi-Mairesse est née au Rwanda et arrivée en France après avoir survécu au génocide des Tutsi. Jeudi 12 Septembre 2019 à 18h30, Rencontre Espaces Marx - Barbara Stiegler, autour du livre Il faut s'adapter. Sur un nouvel impératif politique, publié aux éditions Gallimard.

La veille, le film « Bamako » avait été projeté, un film qui raconte la privatisation du rail qui a entraîné l’arrêt complet de la ligne entre Bamako et Dakar (Sénégal) et fait le procès du FMI, de la Banque mondiale, de la Dette. « Il aurait été intéressant d’en discuter avec le réalisateur, Abderrahmane Sissako, mais comme les syndicalistes maliens du CSTM, il n’a pas obtenu de visa », regrette Alain Delmas, conseiller confédéral CGT Afrique qui anime le débat. À ses côtés, David Gobé, président de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) expliquera les luttes communes avec cette organisation qui regroupe 20 millions de travailleurs dans le monde. Il raconte la grève des cheminots au Mali et au Sénégal en 1947 pour obtenir le même salaire que les cheminots français, l’ambivalence de leur rapport au rail, construit par les colons… En 2003, 1300 km de voies sont privatisés avec l’aide du FMI et de la Banque mondiale. Plusieurs compagnies vont ensuite faire faillite jusqu’au printemps 2018 où 1200 cheminots ne sont carrément plus payés par la compagnie. Au Sénégal, l’État prend

En réduisant les dépenses publiques, on réduit l’influence de l’État, des collectivités et donc des citoyens.

« Non contents d’avoir imposé ça dans les pays en développement, ils ont continué dans les pays riches, comme en Grèce, avec les conséquences que l’on connaît et en ancrant l’idée partout qu’il faut réduire la dette. On rapporte un stock à un PIB, c’est un ratio qui ne veut rien dire. En France, nous sommes endettés à 100 %. Et alors ? Le Japon l’est à plus de 200 %. On rapporte deux choses qui n’ont rien à voir. » L’économiste explique que l’institution a une durée de vie infinie donc tant qu’un État peut emprunter à des taux raisonnables, ce n’est pas un problème. Il rembourse un prêt avec un autre prêt : il fait « rouler la dette ». « Personne ne demandera à un pays de rembourser toute sa dette d’un coup ! Il n’y a aucune justification économique à cette injonction de réduire la dette, c’est juste un moyen de pression. Il faudrait la rembourser car c’est bien mais jamais en augmentant les impôts des plus riches, comme Tsipras a voulu le faire… Par contre, il faut faire baisser les dépenses publiques. Mais en réduisant les dépenses publiques, on réduit l’influence de l’État, des collectivités et donc des citoyens. » Ainsi, en « obligeant les pays africains à l’ouverture à la concurrence, on les a saignés » – ils n’étaient pas armés pour résister face aux multinationales – et « on les maintient, ainsi, sous domination ». « Tout ce qui a été testé dans ces pays a aussi été appliqué dans les pays développé », conclue Eric Berr. C.D.

EN MARGE DU G7

Interpellation de Karfa Sira Diallo

Depuis près d'un siècle, nous sommes confrontés à cette injonction qui nous oblige à nous adapter à un monde de plus en plus complexe et ouvert. D'où vient cet impératif qui est apparu tellement naturel qu'il n'est plus questionné ? Barbara Stiegler propose une généalogie de ce que Foucault avait lui même appelé l'ordo-libéralisme et revient aux sources du néo-libéralisme qui puise ses racines dans la pensée de Walter Lippmann. Loin d'être un refus de l'Etat, ce néo-libéralisme défend au contraire son intervention et son rôle de régulateur des activités humaines. Plaidant pour un gouvernement des experts, il s'est opposé en cela à un autre grand intellectuel américain, John Dewey qui croyait plutôt à l'intelligence collective des citoyens et aux initiatives démocratiques venant du bas.

Karfa Sira Diallo, directeur-fondateur de Mémoires et Partage a été interpellé à Biarritz, en marge d’une manifestation pacifique afin de rebaptiser le quartier « La négresse ». Libéré après 24h de garde à vue, il est convoqué au tribunal de grande instance de Bayonne, le 23 janvier 2020 à 13h 45, pour répondre d’un prétendu délit de « rébellion ».

Adresse : 13-15 rue du Parlement Sainte Catherine

Mémoires & Partages dénonce

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en charge les salaires mais pas pour les cheminots maliens qui engagent une grève de la faim. Alertés par la situation et la dizaine de décès qui en découle, la CGT commencera, dans l’urgence, par collecter plus de 10 000 euros. La lutte syndicale est toujours en cours. Mais comment, dans ces pays, en sommes-nous arrivés là ? C’est à cette question que répond Éric Berr, économiste « atterré » bordelais, en expliquant comment le FMI et la Banque mondiale ont utilisé la crise de la dette comme outil de domination. Il part pour cela de la politique laxiste de crédit qui a suivi l’arrivée massive de dollars dans les grandes banques avec le choc pétrolier. Les pays en développement s’endettent : « John Perkins, un financier américain qui travaillait avec la Banque mondiale, démarchait ces pays pour cela ». Avec le tournant néo-libéral pris par Thatcher et Reagan, il est question de lutter contre l’inflation en augmentant fortement les taux d’intérêt : si le crédit est plus cher, il y a moins de crédit donc moins de création de monnaie. Mais les pays en développement ont contracté des crédits à taux variables, « les répercussions sont énormes ». En découle une crise mondiale avec un ralentissement économique. Les pays développés réduisent leurs importations donc les pays en développement exportent moins. Résultats : ils paient de plus en plus avec de moins en moins de recettes. Le FMI est chargé de gérer cette situation. Cette institution (toujours dirigée par un européen) intervient avec l’aide de la Banque mondiale (toujours présidée par un américain)

« l’arrestation abusive et arbitraire des policiers qui ont violenté Karfa Sira Diallo, ainsi que les poursuites infondées et intimidantes dont il fait l’objet ». Elle sera co-plaignante dans le cadre de la plainte pour « violences » que les avocats de Karfa Sira Diallo vont déposer. « L’audience du tribunal de grande instance de Bayonne, du 23 janvier 2020, est une opportunité pour ouvrir le débat sur la signalétique urbaine en France, poursuit Patrick Serres, le président. De trop nombreuses

rues et places, vestiges de l’ histoire coloniale, raciste et esclavagiste de la France, honorent des criminels contre l’humanité. Depuis toujours et en toute impunité. Cette agression quotidienne contre la mémoire de luttes pour la dignité humaine doit cesser. Une telle violence psychologique, que nul, quelle que soit sa couleur et son origine, ne peut ignorer, continue de peser sur les hommes et les femmes que les hasards de la naissance, de la propriété, du travail et du voyage ont conduit en ces lieux. »


ACTUALITÉ

Editorial

SANTÉ

Agnès Buzyn laisse les urgences sur un brancard

La ministre de la Santé a débloqué mi-juin une enveloppe de 70 millions d’euros pour répondre à la crise. Des renforts jugés inexistants par les personnels. La grève essaime sur le territoire, et plus de 217 services sont aujourd’hui mobilisés. La rentrée sociale s’annonce chaude. Le mouvement social des urgences se renforce jour après jour. Fait inédit, plus de 217 services ont rejoint la protestation, emmenée depuis mi-mars

par des paramédicaux. Ce, alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a débloqué mi-juin une enveloppe de 70 millions d’euros, dont 15 millions pour assurer les renforts estivaux et éviter les fermetures de services. Quels hôpitaux en ont bénéficié ? Les syndicats mobilisés et le Collectif inter-urgences attendent toujours une réponse. « Les promesses n’ont rien changé à la situation sur le terrain, dénonce Orianne Plumet, infirmière et vice-présidente du Collectif interurgences, 15 millions d’euros, c’est seulement un demi-poste par service,

quasiment rien. » Et pour les quelques services ayant reçu une dotation supplémentaire, « ça n’a rien modifié », abonde Christophe Prudhomme, de la CGT santé, également porteparole de l’Association des médecins urgentistes de France. « Preuve en est, poursuit le syndicaliste, le nombre de services en grève a doublé depuis juin. » Les personnels ont affronté cet été la même logique à l’œuvre depuis des décennies : fermer des lits, faire des économies et demander plus de productivité. En vingt ans, 100 000 lits ont été supprimés. Dans le même temps, la fréquentation des urgences a été multipliée par deux. Les services n’ont jamais été autant en tension. Mais la ministre reste muette sur les revendications principales des grévistes, comme la création de 10 000 postes et l’arrêt des fermetures de lits. À lire, les témoignages en région dans l’article de Lola Ruscio et Marion d'Allard (L’Humanité du 27 août).

EXÉCUTIF

Macron et Philippe en opération de déminage Le 20 heures de France 2, réception des organisations du « pacte du pouvoir de vivre » à Matignon… le président et son premier ministre, à grand renfort de communication, tentent d’apaiser le climat d’une rentrée qui s’annonce tendue. Ne pas laisser retomber le soufflé. Le couple exécutif s’est mis à l’ouvrage sans tarder après le G7 en vue d’une rentrée qui s’annonce périlleuse. Emmanuel Macron a lancé en personne l’opération en s’invitant au JT de France 2, lundi soir. Vantant le « rôle de la France » malgré un bilan des plus mitigés, il en a profité pour tenter de déminer le terrain sur le dossier des retraites, qui s’annonce comme l’un des points les plus chauds de l’agenda. La manœuvre est des plus classiques. Elle porte sur l’une des mesures qui a cristallisé les crispations après la présentation du rapport Delevoye en juillet : la fixation de « l’âge pivot » de départ à 64 ans. « Rien n’est décidé », a tenté de rassurer le président de la République. « Je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge », a-t-il annoncé, assurant ainsi : « Quand vous rentrez tard dans la vie professionnelle, vous finissez plus tard (…) ; quand vous commencez tôt, vous cotiserez plus longtemps mais vous partez plus tôt. » Résultat qu’omet de préciser le président : tout le monde travaillera bien plus longtemps. François Hollande avait eu recours au même tour de passe-passe en 2013, lorsque la précédente réforme avait porté le nombre d’annuités à 43. Le tout, appuyé sur les mêmes « contraintes » présentées comme des évidences, à

savoir l’allongement de l’espérance de vie et l’équilibre financier du régime. « Parce qu’il n’y a pas de finances magiques », a de nouveau lâché Macron, passant lui aussi sous silence les gains de productivité et autres explosions de dividendes. Sur les retraites, « grand débat » et « grande négociation » à l’horizon

« En vérité, a réagi hier la CGT, qui appelle à la mobilisation dès le 24 septembre, compte tenu de l’entrée de plus en plus tardive dans un emploi stable (27 ans en moyenne aujourd’ hui), les annonces de Macron reviennent à repousser l’âge légal de départ à la retraite bien au-delà de 64 ans. » Même constat pour le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, qui alerte sur le piège d’une solution qui pourrait de prime abord apparaître comme « moins arbitraire », et appelle à se mobiliser le 21 septembre. Au même moment, la mise en scène de la rentrée gouvernementale se poursuivait à Matignon. Avec l’invitation d’Édouard Philippe aux 19 organisations du « Pacte du pouvoir de vivre », dont la CFDT, la Fondation NicolasHulot, le Réseau action climat ou encore la Fondation Abbé-Pierre. Là encore, la “com” se voulait bien huilée. La veille, Matignon avait fait savoir qu’il s’agissait, « en amont » du séminaire gouvernemental du 4 septembre sur les arbitrages budgétaires, de « se nourrir de la vision d’un certain nombre d’acteurs en matière sociale et de transition écologique ». Il s’agit surtout d’incarner le « changement de méthode » promis par Macron, qui y a aussi mis du sien sur France 2, promettant sur les retraites « une grande négociation ». Un « grand débat »… à nouveau.

Pas de « violences irréparables »…

De la promesse aux actes, il reste un pas, selon les invités d’Édouard Philippe. « Force est de constater que le gouvernement n’a pas voulu accélérer, n’a pas dit qu’il allait mettre plus de moyens dans le projet de loi de finances », a commenté Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, à l’issue de la rencontre, alors que, parmi les « huit mesures d’urgence » défendues par le collectif, figure par exemple la revalorisation des minima sociaux. Mais la séquence pourrait ne pas être totalement inutile à l’exécutif, chacun ayant apprécié la « porte ouverte » présentée par le gouvernement. « Le premier ministre a annoncé un changement de méthode et des rencontres régulières avec les ministres concernés par les différents sujets. Mais nous attendons maintenant des actes concrets », a estimé Laurent Berger. Le numéro 1 de la CFDT a aussi salué les déclarations présidentielles sur les retraites : « Il a dit que l’âge pivot n’ était pas une bonne chose. Tant mieux, on l’avait dit aussi, donc maintenant on verra. » Le chef de l’État a aussi cherché à pousser l’avantage en abordant la question des violences policières. S’il a concédé, lundi soir, la nécessité d’une « réflexion profonde pour qu’on puisse éviter de manière durable ces situations », il a également jugé qu’il n’y avait pas « eu de mort à déplorer » – avant de maladroitement écarter les cas de Steve Caniço et Zineb Redouane. 24 éborgnés, 5 mains arrachées, pas de « violences irréparables ». Chassez le naturel…

« Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté » En ces jours de rentrée, ce sont ces mots de Gramsci qui me reviennent comme une évidence. L’été n’est plus un moment de trêve et chaque semaine a apporté son lot de mauvaises nouvelles et d’attaques en tout genre. Celle d’une préfète de la Gironde qui n’a eu de cesse durant l’été de multiplier les expulsions de squats, occupés pour la plupart par des migrants sans jamais proposer aucune solution de relogement, laissant des hommes, des femmes et des enfants errer dans les rues. Le G7 a une nouvelle fois le cynisme et la duplicité des grands dirigeants politiques de la planète, mettant au cœur de leurs débats les inégalités sociales, alors que ce sont leurs politiques libérales qui ont permis le développement de ces inégalités à l’échelle de la planète. L’accélération de la course folle à la rentabilité, aux profits à tout prix, détruit les tissus sociaux et fait naître des monstres politiques de tous les pays. Alors le G7 peut bien débloquer de l’argent pour le reboisement de la planète, il n’empêche que tous ces messieurs ont œuvré de près ou de loin à l’installation de Bolsonaro. C’est celui-là même qui est responsable des feux qui se développent aux quatre coins de l’Amazonie, en livrant celle-ci à ceux qui ont soif d’argent. Emmanuel Macron a beau jeu de donner des leçons à son homologue brésilien, quand lui-même affaiblit chaque jour un peu plus l’Office national des forêts, instituant une gestion rentable de ce patrimoine naturel, et n’hésitant donc pas à mettre en péril cette usine à recyclage de carbone. Le pessimisme de l’intelligence, c’est voir combien ce monde dominé par le capitalisme mondialisé marche sur la tête, détricotant les droits humains, gâchant chaque jour un peu plus de vies, et conduisant notre planète vers la catastrophe écologique. Face à ce désastre, partout des hommes et des femmes relèvent la tête, refusent ce qui pourrait paraître comme l’inéluctable, combattent le fatalisme ambiant, et font vivre au jour le jour l’humanité. C’est vrai des associations, syndicats, élu-e-s, citoyen-ne-s qui sont venus pendant tout l’été apporter une aide concrète et politique aux migrants sans toit sur la tête. Cette fraternité vivante, cette solidarité en acte, sont ce qui permet de rester humain face aux calculs froids. Ce sont ces jeunes qui envahissent nos rues les vendredis pour demander que des décisions soient prises pour sauver la planète et stopper la catastrophe. Ces mobilisations trouveront leur prolongement dans les marches pour le climat qui auront lieu le 20 et 21 septembre. Enfin le 24 septembre sera le moment de mobilisation à l’initiative des forces syndicales, pour revendiquer le droit à une vraie retraite, qui permette de profiter pleinement de ce temps de la vie. C’est cela l’optimisme de la volonté, un appel incessant à l’action face à l’inacceptable, aux impasses, aux injustices, un appel à conserver intact l’espoir d’une vie meilleure.

Frédéric Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

Julia Hamlaoui, L’Humanité du 28/08/2019 Les Nouvelles 29 août 2019 • 3


ÉNERGIE : QUELLES ÉVOLU INTERVIEW DE BASTIEN LEYMERGIE, CGT ÉNERGIE 33

Tour d’horizon des grands changements et enjeux du secteur de l’énergie

Bastien Leymergie, secrétaire général adjoint du syndicat CGT de l’énergie en Gironde et Christophe Garcia, secrétaire général et membre de la commission exécutive de l’UD CGT.

De démantèlements en libéralisations, le secteur de l’énergie en France a subi tellement de changements qu’il est bien difficile pour l’usager, devenu parfois client, de s’y retrouver. L’énergie en France, c’est quoi, c’est qui, depuis quand ? Pourquoi un nouveau projet de séparation, de nationalisation à EDF ? Pourquoi une telle opposition des syndicats ? Et l’environnement dans tout ça ? Nous avons posé toutes ces questions à Bastien Leymergie qui a pris le temps de nous donner des explications permettant de comprendre les enjeux, et ils sont de taille. Les Nouvelles. Pourrais-tu revenir sur les grands changements qu’a connus le secteur de l’énergie en France ? Bastien Leymergie. En 1946, Marcel Paul, ministre communiste, après une bataille complexe, nationalise toute la filière énergétique avec un monopole d’État. À l’époque, il s’agit de rompre avec la logique libérale pour reconstruire la France. C’est la création des Industries Électriques et Gazières (IEG) avec le même statut pour tous les salariés qui travaillent dans le domaine de l’énergie. Celuici permet de rendre ces emplois plus attractifs à une période où il n’y avait pas d’argent pour valoriser les salaires. Le premier démantèlement s’opère avec la séparation d’EDF-GDF. GDF, qui était un EPIC, va devenir une Société anonyme (SA), son capital va être vendu petit à petit. Dans les années 90, l’entreprise subit plusieurs transformations, passant de GDF Suez à Inéo jusqu’à Engie. En 10 ans, les parts de l’État sont passées d’un peu plus de 50 % à 0 %. Il ne reste donc plus qu’EDF pour la partie électricité. Ça n’évolue pas trop jusqu’en 1995 où l’entreprise commence à être morcelée, sectorisée, sous la pression de l’Europe. EDF devient donc un groupe. Aujourd’hui, il y a EDF ENR, Dalkia, Enedis, Framatom et RTE. Ce sont toutes les filiales actuelles du groupe 4 • Les Nouvelles 29 août 2019

EDF, lui-même détenu à 86 % par l’État. Enedis, RTE et une partie de Framatom font partie des IEG, avec le statut commun pour leurs salariés, pas les autres. L’objectif de l’État, c’est de libéraliser le tout et, selon nous, RTE est le laboratoire. Ils ont commencé, il y a deux ans, à ouvrir son capital à la concurrence à hauteur de 49,9 %. RTE, c’est le réseau, c’est stratégique. En France c’est très centralisé donc on produit fort à un endroit d’où part une énorme artère (c’est la partie gérée par RTE). Au bout, il y a des postes sources où l’on transforme la Très haute tension (THT) en Haute tension. C’est là que s’effectue la transition entre RTE et Enedis, le distributeur. Le rôle de ce dernier, en gros, est de prendre le courant qui arrive de RTE et de l’amener dans les foyers. Avant on avait EDF qui transportait et EDF distribution, maintenant c’est RTE qui transporte et Enedis qui distribue. Avant seule EDF produisait. Depuis 2005, n’importe qui peut produire n’importe quelle puissance, en dehors du nucléaire. Enedis est chargée de récupérer les KW produits et de les redistribuer. Mais il faut vendre ces KW, c’est le rôle des commercialisateurs et ce marché est totalement libéralisé. En résumé, la commercialisation et la production sont totalement libéralisées. Pour le transport, il y a ouverture du capital à 49,9 %. Pour la distribution, c’est Enedis détenue par le groupe EDF à 100 % qui luimême est détenu par l’État à 86 % donc on peut dire que c’est encore un monopole. Comme ils ont séparé les entreprises les unes des autres, RTE achète le courant au producteur et le facture au distributeur, le distributeur achète à RTE et facture au commercialisateur, entre les deux, on a le compteur Linky car c’est du rôle du distributeur d’indiquer au commercialisateur combien le client (puisqu'on ne parle plus d’usager) a consommé et donc ce qui doit être facturé. Sur la partie commercialisateurs, il y

Les salariés du groupe EDF sont appelés, par une intersyndicale (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC) à une grève le 19 septembre contre le projet « Hercule ». Ce projet, présenté par le PDG, Jean-Bernard Lévy, lors du comité de groupe européen le 19 juin vise à diviser le groupe en deux entités principales. En amont, la filiale « EDF bleu » regrouperait les activités de production nucléaire et hydraulique d’électricité. En aval, une filiale baptisée « EDF vert » regrouperait la gestion des réseaux de transport et de distribution, la commercialisation, les énergies et les services. EDF bleu resterait publique tandis qu’à court terme EDF vert pourrait être privatisée partiellement ou totalement. La CGT Énergies 33, qui dénonce une vente à la découpe, avait déjà rassemblé près de 200 salariés au mois de juin. La prochaine mobilisation pourrait être massive. « Et si nous ne gagnons pas cette bataille avec les usagers, les citoyens, les politiques, nous sommes prêts à déclencher un vrai black out », prévient Bastien Leymergie, secrétaire adjoint du syndicat girondin. Car pour l’organisation, il en va de l’indépendance énergétique de la France, de l’accès à un bien de première nécessité pour tous et de l’avenir de la planète. Bref, c’est notre affaire à tou-te-s ! a eu la libéralisation du prix du Kw. Avant, les entreprises historiques avaient le Tarif régulé de vente (TRV) fixé par l’État. C’était par exemple 12 centimes du Kw avec 2 options, soit heures pleines/heures creuses, soit fixe. Très rapidement, la loi a permis au commercialisateur de faire des offres différentes car le TRV ne permettait pas de marges. Mais, par exemple, offrir une réduction sur la consommation du week-end ou à partir de 20h, ce n’était pas possible avec les anciens compteurs. C’est bien pour servir cette ouverture à la concurrence qu’est arrivé Linky avec, en plus, puisqu’il permet les téléopérations, la possibilité de réduire la masse salariale ! Rien que sur la distribution, 4 000 emplois vont être supprimés, on estime à 10 000 la perte sur l’ensemble des IEG. Les Nouvelles. Linky, ce fameux nouveau compteur qui reçoit tant d’opposition… B.L. Linky c’est la libéralisation totale du secteur de l’énergie en France. Il y a un principe de précaution par rapport aux ondes électromagnétiques, de manière générale, mais par rapport aux autres appareils existants, il n’a pas été démontré que ces compteurs connectés représentent un danger particulier, et c’est surtout l’arbre qui cache la forêt. Car le problème immédiat auquel sont confrontés les usagers, c’est de s’y retrouver parmi les dizaines d’offres commerciales et, en attendant, d’engraisser des actionnaires, ce qui n’est pas le cas avec le Tarif régulé de vente. D’autre part, en tant que fournisseur, si tu rachètes les Kw à EDF, forcément tu ne peux qu’être plus cher que ce qu’EDF vend en direct. Donc ils ont inventé un truc monstrueux et néanmoins très libéral qui se nomme ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique). Puisque les fournisseurs ne produisent pas d’électricité, ils sont obligés de l’acheter donc on oblige EDF à vendre une partie de sa production, au début à prix coûtant, puis finalement à perte à ses concurrents qui pourront, ainsi, faire des offres en dessous de celles d’EDF. Aujourd’hui, via l’ARENH, les concurrents prennent 25 % de la production d’EDF, ça veut dire que

non seulement le groupe est concurrencé sur son domaine de vente et de production mais, en plus, il doit vendre 25 % de sa production à perte. Or il ne faut pas oublier qu’EDF, c’est nos impôts. Les Nouvelles. Comment s’articule ce projet Hercule avec tout cela ? B.L. EDF est le premier groupe énergéticien au monde, c’est une mine d’or. On peut sans difficultés s’imaginer le nombre de multinationales qui regardent EDF avec appétit. Mais l’État oblige EDF à faire des choix qui n’ont aucun sens. On a investi 15 ou 20 milliards d’euros dans des panneaux solaires en Argentine. Résultat, on a tout perdu là-bas. Hinkley Point (projet de construction de deux réacteurs EPR en Angleterre dont le chantier était évalué à 23 milliards d’euros) a conduit à faire démissionner le directeur financier, Thomas Piquemal, qui a déclaré ne pas vouloir voir sur son CV qu’il avait participé à faire couler le groupe EDF. Celui-ci s’était engagé à tout financer, toute la durée des travaux, sans même être sûr que la technologie fonctionnait. On fait des trous dans la coque et on attend que l’eau monte : la stratégie est claire. Comme ça ne va toujours pas assez vite et que l’Europe pousse à libéraliser sur la distribution, le projet Hercule va amener le morcellement complet de l’entreprise. D’ailleurs, chaque grand changement libéral porte un nom de la mythologie (Ndlr – en l’occurrence Hercule est un demi-dieu romain… fils de Jupiter !). On ne sait pas encore exactement comment ça va se dérouler mais l’idée est de casser le groupe en deux partie : l’EDF vert et l’EDF bleu. EDF bleu, c’est le nucléaire et l’hydraulique qui n’est pas privatisé (environ 40 %) donc en gros ce qui coûte cher, qui n’est pas rentable. EDF vert, c’est tout le reste : RTE, Enedis, EDF ENR, Dalkia et toutes celles qui vont être créées dans la foulée. En gros, c’est ce qui va être ouvert à la concurrence. EDF vert, dans le projet Hercule, doit d’abord aller à une ouverture du capital à 30 %, vers 49,9 %. C’est exactement ce qu’ils font avec la Sncf, ce qu’ils ont fait avec France

Telecom, etc. Un jour la participation de l’État dans le capital ne représentera plus rien. Comme on le dit souvent, cette stratégie consiste à nationaliser les pertes et à privatiser les profits. C’est un grand écart entre l’étiquette verte qu’aime afficher ce gouvernement et les décisions prises. L’urgence climatique nous impose de faire d’autres choix de société et dans un domaine aussi important que l’énergie, on va privatiser ? On va tout mettre dans les mains des multinationales ? Ce n’est pas sérieux. C’est même De Rugy, avant d’être viré du gouvernement, qui disait que pour être compatible avec l’écologie, le capitalisme doit être régulé. Le concept de capitalisme régulé, en soi, c’est déjà assez fantastique mais c’est bien le contraire qu’ils font et c’est très grave. C’est ce qu’on explique aux usagers, le public c’est la maîtrise citoyenne, le privé c’est : tais-toi et paie ! Quand on distribue des tracts sur les marchés ou qu’on participe à des réunions publiques, on rencontre des personnes qui ont quitté EDF pour leur fourniture d’énergie au profit d’une coopérative qui les assure que leurs KW sont « verts ». Clairement, les kilowatts qui arrive dans un foyer ne peuvent pas être plus verts que les autres car le tuyau qui alimente, c’est le même pour tout le monde. Ce type d’entreprise achète des KW éoliens ou solaires sur le marché européen, en Roumanie, en Allemagne ou même en Islande. Sauf qu’il n’y a pas un câble qui va du producteur « vert » en Roumanie jusque chez toi à Bordeaux. Donc en fait, ces KW « verts » ne circulent que sur le papier, d’un marché à un autre, comme l’argent… Il faut qu’il y ait un équilibre en Europe, or avoir un équilibre sur l’ensemble du territoire, ça crée des contraintes techniques. Le cadre posé par l’Europe pour le climat et l’énergie prescrit donc aux pays de déployer fortement les investissements sur les liaisons inter-pays et il faudra, très rapidement, créer une sorte de RTE européen. Ça veut dire, pour les pays, la perte de leur maîtrise sur l’énergie et ça n’incite pas les producteurs à créer les megawatts suffisants et à investir dans de nouvelles centrales, par exemple. On va se trouver très


UTIONS, QUELS ENJEUX ? vite avec des zones fortement dimensionnées pour produire et d’autres déficitaires qui auront la contrainte de s’alimenter en permanence, avec tous les enjeux de domination que cela va entraîner. D’autre part, plus il y a de demandes, plus le prix sur le marché monte. Imaginons qu’un événement climatique nous oblige à couper la moitié de notre production, comme ça a été le cas avec les deux réacteurs de Golfech à cause de la canicule, ça veut dire que le prix des kilowatts va exploser. Avant, c’était déjà un peu le cas puisque c’était déjà libéral dans les autres pays d’Europe mais c’était régi sur l’année et s’il le fallait, l’État mettait la main au portefeuille pour compenser les hausses. Ça, demain, c’est terminé. Le kilowatt est une marchandise et son commerce est d’autant plus intéressant que personne ne peut se passer de kilowatts. Le résultat, c’est 75 % d’augmentation du prix du gaz depuis 2005 et 36 % d’augmentation du prix de l’électricité depuis 2003. Les Nouvelles. Est-ce que vous parvenez à mobiliser les salariés autour de ces questions ? B.L. Oui, on a vu le 21 juin qu’il y a eu du monde, à l’appel seul de la CGT. Il y avait notamment beaucoup de jeunes. Il y a une crise du syndicalisme et on souffre de la stratégie que le pouvoir a mise en place. Ils attaquent partout en même temps et face à cela les salariés sont fatalistes. Mais ce sentiment de fatalité commence à se lézarder. Il y a un effet Gilets jaunes qui a donné de la visibilité à des luttes qui n’en avaient pas. Ça a redonné de l’espoir et ça a permis au syndicat de renouer avec le terrain, avec des messages plus offensifs, moins anxiogènes. En dehors des questions de statut, il y a une prise de conscience grandissante sur l’intérêt général, notamment l’enjeu pour la planète. Si demain on donne totalement la main au privé sur des secteurs comme l’énergie, c’est la mort de la planète. Nous sommes aussi en train de remonter la cellule des Robins des bois parce qu’en France il y a 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique. Pour un pays développé, c’est colossal. La structure n’intervient en ce moment que dans les situations les plus graves car notre objectif n’est pas juste de rebrancher le courant. Nous voulons aussi pouvoir aider la personne à s’en sortir. Recréer tout ça, ça prend du temps mais on a encore des réseaux de solidarité actifs. Avec la libéralisation du secteur, on reçoit des ordres de coupure pour « mauvais paiement » et non plus seulement pour « non paiement ». C’est du capitalisme, il n’y a pas d’humain. Seul EDF propose le tarif historique de vente, pour le Gaz, ça va se finir en 2020 et il y a un projet de loi pour interdire ce tarif à EDF parce qu’il est social et représente trop de parts de marché dans le mix énergétique. Nous travaillons aussi à mobiliser les usagers avec des informations

par voie de distribution de tracts, de réunions publiques, en lien avec des organisations d’éducation populaire… Ça part souvent de Linky car ça inquiète la population mais nous acceptons volontiers ce débat-là car c’est un point d’entrée pour expliquer la libéralisation. On est plus invité en milieu rural qu’urbain car, on le sent, la ruralité est plus impactée par la casse du service public. On a aussi repris la main sur des aspects politiques qu’on avait délaissés au fil des années. On a envoyé un courrier à tous les maires de Gironde au moment du changement du cahier des charges de la concession. Car le réseau n’appartient pas à EDF mais aux collectivités territoriales et c’est passé des communes aux métropoles. Celles-ci sont en difficultés financières donc s’intéressent à l’énergie où il y a des rentes importantes. Sur la métropole bordelaise, trois maires font pression pour ne pas renouveler la concession à Enedis (Saint-Médard, Bègles et Bordeaux). Dans le discours, il y a l’idée qu’avoir la main sur l’énergie, sur un territoire comme la métropole, va permettre d’être autonome dans la gestion de ses choix de mix énergétique. Mais c’est une hérésie parce que c’est la destruction de la péréquation tarifaire. Comment maintenir l’obligation de vendre le kilowatt au même prix partout en France si chaque territoire est responsable de son mix énergétique, de ses investissements, etc. ? La métropole est excédentaire, forcément, parce qu’il y a énormément d’usagers au kilomètre de réseau posé mais dans les Landes, là où il y a deux usagers sur le kilomètre, forcément les investissements ne sont pas du tout rentables. C’est la grande question : est-ce qu’un service public doit être rentable ? Globalement le système énergétique est rentable mais les écarts sont compensés par une politique de solidarité territoriale. Ce principe a de plus en plus de détracteurs car une métropole comme Bordeaux voit les millions d’euros qu’elle pourrait récupérer. Les Nouvelles. Ce sont pourtant des arguments écologiques que mettent en avant ces élus locaux… B.L. Les exigences de certains maires – qui décrivent EDF comme un mastodonte pronucléaire qui serait un frein à la transition écologique alors que, eux, veulent produire de l’énergie verte – ne tiennent pas face à la réalité du mix énergétique actuel en France. Quand on voit ce que représente le nucléaire dans l’énergie que nous consommons et l’instabilité des énergies comme le solaire, c’est démagogique de dire qu’on peut se passer du nucléaire.

Par contre, il faudrait augmenter la production de biomasse qui est, elle, une énergie très stable. Le biomasse c’est l'énergie issue de la combustion à partir de matières organiques d'origine végétale ou animale (bois, déchets végétaux, algues…). S’il y en a si peu aujourd’hui c’est que ça demande des investissements très lourds. C’est pourtant moins impactant sur l’environnement. On sait qu’on peut faire des supercarburants propres qui ne nécessiteraient aucune adaptation des véhicules, qu’il y aurait de quoi faire tourner des centrales, etc. mais ce n’est pas rentable. Il faut un minimum d’investissement au départ. On essaie d’expliquer aux gens qu’en démantelant EDF au profit d’entreprises privées, jamais ces investissements ne seront faits car elles iront systématiquement vers ce qui représente le minimum d’investissement pour le maximum de rentabilité. Dans son film, Main basse sur l’énergie, Gilles Balbastre montre que ce sont des fonds de pension qui inves-

Donc c’est tout pour le fric et zéro pour la planète. Et en plus ça permet à certaines grosses boîtes comme Ikea d’assainir leur bilan carbone. Le film réalisé par Gilles Balbastre et financé par la fédération CGT de l’énergie permet de vulgariser au maximum tous les impacts de ces libéralisations. Le premier exemple est sur la vente des concessions hydrauliques. Aujourd’hui, lorsqu’il manque des kilowatts, on fait la demande auprès d’une centrale hydraulique et elle envoie quasi instantanément ce qu’il manque. Si demain on privatise tout, on permettra à une entreprise comme Total d’imposer son prix avant d’envoyer les kilowatts. Les politiques commencent à réagir mais cette question de la privatisation des barrages est primordiale, il faut absolument qu’ils s’en emparent comme ils le font avec ADP. Du coup on essaie de recréer une interface entre les salariés, les usagers, les politiques. Tout le monde a pris conscience de la nécessité de se préoccuper d’écologie. Pour nous, c’est un nouveau vecteur pour porter nos propositions. Les Nouvelles. Les militants de la CGT de l’Énergie sont devenus des militants écologistes ?

tissent dans le solaire et l’éolien en France car c’est tellement subventionné par l’État que ce sont des rentes à 17-18 %. C’est colossal ! Trouvez-moi un livret A ou n’importe quel placement sans risque qui rapporte 18 % par an ! C’est financé en partie par nos impôts mais, surtout, cela nous est facturé à travers la Contribution au service public de l’énergie (CSPE), une taxe qu’on peut trouver au dos de sa facture d’électricité. Ça représente plus de 30 % de la facture. Ce n’est évidemment pas des subventions versées directement à ces fonds de pension mais le kilowatt, revendu aux usagers à 12 centimes, est acheté 30 ou 50 centimes, la différence entre les deux, c’est la CSPE qui le paie. Au lieu de financer la recherche pour développer le stockage d’énergie renouvelable qui doit être une priorité, on paie du solaire et on impose des clauses de rachat. Le pire c’est qu’en cas d’anomalie sur le réseau, on paie des pénalités exorbitantes.

B.L. On a toujours été écolos à la CGT, même si on nous taxe souvent de pronucléaires. Nous ne sommes pas contre la sortie du nucléaire mais par quoi on remplace ? En Allemagne ils sont sortis du nucléaire et, en 5 ans, ils ont doublé leurs émissions carbone. On ne dit pas que le nucléaire c’est l’avenir mais c’est 90 % de notre production et on est un des rares pays au monde à avoir une production énergétique autant décarbonée. Mais bien sûr il y a l’enjeu de la sécurité ou encore les conditions dans lesquelles est extrait l’uranium nécessaire à notre production qui mériteraient aussi d’être évoquées. Mais pour commencer le débat, il faut remettre les choses à leur place. Dans la consommation énergétique totale en France, seulement 20 % est de l’électricité, le reste c’est du pétrole. Donc le nucléaire, c’est environ 15 % de l’énergie totale en France. Mais la part de l’électricité augmente d’année en année parce qu’on veut sortir du pétrole. C’est donc le moment de faire des choix pour aller vers autre chose que le nucléaire qu’on connaît aujourd’hui. On est sur une vieille technologie de fissure dont le développement a permis de faire accepter le développement du nucléaire militaire et d’assurer une certaine autonomie à la France. La réputation française dans le monde vient de la sûreté de notre technologie par rapport aux

cœurs de réacteurs bouillonnants de Tchernobyl et Fukushima. Mais quand Macron, ministre de l’économie, il y a 4 ans, vend la partie énergie d’Alstom à General Electric, donc aux Américains, on perd notre indépendance car certes le réacteur est français mais la turbine de la centrale qui génère l’électricité c’est General Electric, c’est un moyen de pression pour les Américains dans les enjeux géopolitiques. En France, on n’enfouit pas les déchets nucléaires comme dans les autres pays car, dans une vision à long terme, on a pensé à stocker de manière à pouvoir récupérer l’uranium appauvri dans le cas où, un jour, on sache en faire autre chose, quitte à créer des centrales qui pourraient tourner avec ces déchets jusqu’à en faire des déchets non dangereux. Il y a eu des milliards investis dans la recherche nucléaire pour sortir de ces modèles-là. Aujourd’hui, tout a été arrêté, il n’y a plus d’argent pour la recherche. C’est là qu’il y a un problème. On se retrouve, comme les autres, à ne plus savoir quoi faire de nos déchets nucléaires et à craindre pour la sécurité de nos centrales. Par ailleurs, la Cour des comptes a audité les prestataires externes qui travaillent sur les centrales nucléaires. Elle a constaté jusqu’à quatre rangs de sous-traitance là où la loi en impose deux maximums. Là il y a vraiment danger. Quand l’État décide de crée EDF Bleu dans lequel il y aura le nucléaire, il ne parle pas d’un secteur nationalisé mais « étatisé ». Avec quel statut pour les personnels ? Ils viennent de mettre fin au programme civil le plus innovant du monde sur la fusion nucléaire (développé par le militaire via les bombes H). On va laisser les milliardaires travailler sur ces questions et demain ils verrouilleront la maîtrise citoyenne sur l’énergie. Il faut réfléchir l’énergie en se demandant où on veut être dans 100 ans et qu’est-ce qu’on met en place provisoirement pour y parvenir. Le nucléaire, tel qu’on le connaît aujourd’hui, c’est provisoire, c’est trop dangereux et pas assez fiable pour être une solution d’avenir donc il faut trouver autre chose car les alertes des scientifiques sur le réchauffement climatique ne permettent pas non plus de revenir à des solutions charbon ou pétrole. Il faut trouver autre chose et pour cela il faut des moyens. Quant à la décroissance, à l’échelle de la planète, c’est complètement utopique. On peut freiner la consommation mais on ne baissera pas la part de l’électricité surtout si, comme en France, on veut transférer 60 % de la consommation de pétrole sur l’énergie électrique… Propos recueillis par Christelle Danglot RTE-éCO2mix : Cette application gratuite donne en direct la production et la consommation d’énergie par zone géographique ainsi que la composition du mix énergétique : très instructif !

Les Nouvelles 29 août 2019 • 5


INTERNATIONAL TURQUIE

Des maires du HDP démis de leurs fonctions

Des gouverneurs ont été nommés à la tête des villes de Diyarbakir, Mardin et Van. Un nouveau coup de force du gouvernement d’Erdogan après son échec aux élections locales. Lors des dernières élections municipales, le président turc Recep Tayyip Erdogan a essuyé un échec cinglant. Lui et son parti de la Justice et du développement (AKP) ont perdu leurs bastions d’Istanbul et d’Ankara. Et ils ne sont pas parvenus à éliminer le Parti démocratique des peuples (HDP), qui a remporté le scrutin dans plusieurs villes, notamment au Kurdistan. Ce que les urnes ne lui ont pas permis, le pouvoir turc semble vouloir l’imposer par la force. Les maires HDP de Diyarbakir (820 000 habitants), Adnan Selçuk Mizrakli, de Mardin (130 000 habitants), Ahmet Türk, et de Van (470 000 habitants), Bedia Özgökçe Ertan, tous trois élus le 31 mars, ont

ainsi été démis de leur mandat dans la nuit du 18 au 19 août. Selon un communiqué diffusé par le ministère de l’Intérieur, ils sont tous trois poursuivis dans plusieurs affaires, notamment pour « appartenance à une organisation terroriste » et « propagande terroriste ». Le langage habituel utilisé pour accuser ces élus d’appartenance au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le ministère dit avoir reçu des plaintes selon lesquelles les trois maires ont « orienté les moyens de la mairie pour soutenir l’organisation terroriste, plutôt que pour couvrir les besoins locaux des citoyens ». Tous trois ont été remplacés par les gouverneurs de leur province respective, nommés par le gouvernement. En avril déjà, le Haut Comité électoral (YSK) avait annulé l’élection de candidats HDP dans six districts. De nombreux dirigeants du HDP sont emprisonnés. C’est le cas notamment de Selahattin Demirtas et de l’ancienne co-maire de Diyarbakir, Gültan Kisanak.

En mars, le parti pro-kurde a réussi à récupérer 63 mairies, malgré la répression et les menaces

Au total, sur les 102 municipalités remportées par des maires HDP aux précédentes élections municipales en 2014, 95 avaient été remplacées par des administrateurs nommés par le gouvernement. Et avant le scrutin de mars, Erdogan avait menacé d’avoir à nouveau recours à ce procédé. Lors des dernières élections, le HDP a réussi à récupérer 63 mairies, malgré la répression et les menaces contre les candidats. Et les scores réalisés sont sans appel. À Diyarbakir, Adnan Selçuk Mizrakli a été élu avec 63 % des voix, Ahmet Türk l’emportant à Mardin avec 56 % et Van a été regagnée par Bedia Özgökçe Ertan avec 54 % des suffrages. « Tant que la volonté du peuple ne sera pas prise en compte, aucun système établi par ceux qui ont été nommés (par le gouvernement) ne sera légitime aux yeux du peuple », a dénoncé Selçuk Mizrakli

devant la mairie de Diyarbakir, où s’étaient également rassemblées des centaines de personnes, dispersées par des canons à eau. La police avait encerclé l’hôtel de ville avant une conférence de presse à laquelle devaient participer le coprésident du HDP, Sezai Temelli, ainsi que plusieurs autres dirigeants du parti et des élus. Des barrières bloquaient toutes les routes menant au bâtiment de la municipalité et de nombreux véhicules blindés et anti-émeute étaient déployés. Plusieurs manifestants auraient été arrêtés et certains blessés, dont la députée HDP Ayse Acar Basaran. La Turquie doit remédier à « cette pratique qui compromet le fonctionnement de la démocratie »

Le nouveau maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, appartenant au Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a immédiatement critiqué, via son compte Twitter, une pratique qui « ne peut être associée à des pratiques démocratiques », ajoutant qu’« ignorer

la volonté du peuple est inacceptable ». Anders Knape, président du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, s’est dit préoccupé de la suspension par le gouvernement turc de ces maires, tout en invitant la Turquie à remédier à « cette pratique (qui) compromet gravement le bon fonctionnement de la démocratie locale ». De son côté, le HDP, qui parle d’un « geste clairement hostile à la volonté politique du peuple kurde », appelle tous ceux qui se sont opposés au parti au pouvoir au moment des élections du 31 mars à se mobiliser. En France, de nombreuses organisations ont protesté. Le PCF appelle « le gouvernement de la France et les pays de l’Union européenne, prompts à dénoncer sélectivement des atteintes à la démocratie, à condamner ce nouveau coup de force et à mettre un terme aux complicités avec cette tyrannie ». Pierre Barbancey, L’Humanité du 23 août

G7

Sommet ?

SÉNÉGAL

Mort d'Amath Dansokho, figure majeure de la gauche africaine Ministre du gouvernement de Macky Sall, l'ancien révolutionnaire et communiste de toujours, Amath Dansokho, a marqué de son empreinte la vie politique du Sénégal comme celle du continent africain. Février 2012 : appuyé sur sa canne, Amath Dansokho s'avance dans l'une des innombrables manifestations organisées par la société civile et l'opposition politique, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle. « Mandela ! C'est Mandela ! », l'interpelle parfois un passant. Figure historique de la gauche sénégalaise et africaine, l'homme né le 13 janvier 1937 à Kédougou livre alors l'un de ses derniers combats, maintenir l'union de l'opposition pour « chasser le monstre », comme il le scande lui-même dans les meetings, qualifitatif qui désigne le président sortant Abdoulaye Wade, dont la dérive despotique et affairiste jettera un voile sombre sur ses deux mandats (2000-20012). Amath Dansokho a pourtant largement contribué à le porter au pouvoir, dans l'espoir d'un changement (« sopi », en wolof) 6 • Les Nouvelles 29 août 2019

positif. C'est dans son appartement du quartier de Mermoz que l'opposition, communiste, socialiste ou libérale, a su taire ses divergences et trouver le chemin d'un front commun, afin de tourner la page de l'ère Abdou Diouf, héritier du « système » issu des indépendances. Tout le monde au Sénégal parlait à Amath Dansokho, le « monstre » Abdoulaye Wade lui-même venait sans rancune lui présenter ses respects à l'hôpital… « Nous l'appelons Mandela parce qu'il est, pour nous Sénégalais, à ce niveau là », disait de lui l'actuel président Macky Sall, qui l'avait élevé au rang de ministre d'État. Mais Amath Dansokho, accaparé par des problèmes de santé, s'était progressivement mis en retrait de la vie politique sénégalaise. Son verbe intransigeant manquait, ces derniers mois, pour porter haut la voix d'un communiste de toujours, incorruptible comme étranger à toute forme de dogmatisme. « Je ne suis pas un révolutionnaire d'occasion. Mes convictions, je les ai construites patiemment », déclarait-il en mars 2012, dans une passionnante émission de RFI consacrée à la jeunesse du vieux sage,

qui a dédié sa vie à l'idéal de fraternité et de démocratie dans son pays. Président d'honneur du Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT) qu'il avait cofondé, défenseur infatigable des travailleurs et des opprimés, il était un visiteur et un acteur assidu de la Fête de l'Humanité, son « bain de jouvence annuel ». « Amath Dansokho a été de tous les combats pour l'indépendance, la démocratie, la justice, le progrès social et la paix dans son pays, en Afrique et dans le monde entier », insiste le PCF dans un communiqué. Sa dimension politique dépassait en effet largement les frontières du Sénégal, comme en témoignent ses nombreuses missions de médiation à l'échelle d'un continent ravagé par les guerres et les conflits, de même que ses amitiés profondes avec le président guinéen Alpha Condé ou avec l'ancien chef d'Etat ivoirien Laurent Gbagbo, forgées dans l'exil, les séjours en prison et l'opposition. Marc de Miramon, L’Humanité du 25 août

Les motifs d’espérer sont à chercher dans les rangs des contestataires du G7 Emmanuel Macron espérait surfer, à Biarritz, sur les difficultés de ses homologues pour apparaître en grand ordonnateur des puissants de la planète. À l’issue du G7, il reste une pincée de piment d’Espelette offert à des femmes de présidents, quelques vagues déclarations d’intention et l’image d’un sommet bunkerisé face aux indignations du monde. Les inégalités sociales n’en seront pas écornées et aucun virage écologique n’a été amorcé. Les ravages de l’Amazonie conduits par Jair Bolsonaro ne seront pas stoppés. Le chef d’État brésilien raflera même quelques aides pour lutter contre les incendies. Le dossier iranien ne semble pas avoir avancé en dépit de la venue surprise du ministre des Affaires étrangères, la taxe sur les Gafa sera diluée dans le cadre de l’OCDE et Donald Trump s’est réservé pour le prochain G7, qu’il présidera, à Miami, quelques semaines avant la présidentielle américaine, la possibilité d’une normalisation des relations avec la Russie. Un homme rentre satisfait du Pays basque, Donald Trump, qui n’a rien

lâché et qui compte bien récolter les fruits électoraux de sa fermeté. Quant à l’économie mondiale, elle continuera à glisser vers la crise et certains pays vers la récession. L’avidité des milliardaires qui pousse vers des abîmes sociaux et écologiques a toujours libre cours. Les motifs d’espérer sont à chercher dans les rangs des contestataires du G7, parmi les plus de 15 000 manifestants réunis samedi, avec les décrocheurs de portraits d’Emmanuel Macron qui rappellent que sa politique ignore le risque climatique et fait régresser la justice sociale. Leur contre-sommet a évité les pièges du dispositif policier et donné au pays l’image d’une contestation pacifique qui crédibilise leur mobilisation. Celle-ci constitue un ferment de politiques alternatives, combattant les logiques capitalistes, alliant le progrès social et l’exigence écologique, la solidarité entre les peuples du monde et le combat pour la paix. La gauche de transformation peut y puiser un renouveau. La Fête de l’Humanité à la mi-septembre en sera un sommet. Éditorial de Patrick Apel-Muller, L’Humanité du 26 août


PCF UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU PCF

Fabien Roussel : « notre projet communiste “l’humain et la planète d’abord” comme une alternative crédible au capitalisme »

Du 23 au 25 août, le Parti communiste faisait sa rentrée politique au cours de son Université d’été réunissant plus de mille personnes à Aix-en-Provence. Un défi relevé, dans des conditions financières limitées, grâce à l’implication des militants et la participation de personnalités, intellectuels, militants, représentants du monde associatif, syndical, politique… que Fabien Roussel n’a pas manqué de remercier. Ci-dessous de larges extraits de son discours du 24 août. L’université d’été est devenue un moment fort de la vie de notre parti. (…) Car une idée nous rassemble, toutes et tous, et bien au-delà de nos rangs : il y a urgence à sortir du capitalisme. (…) Ce que nous voulons, nous les communistes, c’est faire la démonstration du possible, c’est redonner de l’espoir, c’est unir et rassembler les Français·es autour d’un projet de société plaçant l’être humain et la planète au cœur de tous ses choix ! (…) Jamais la paix dans le monde n’a été autant fragilisée. Révolutionner l’organisation du monde

Les relations internationales n’ont jamais été à ce point soumises à des rapports de dominations (…). Sanctions contre la Chine, sanctions contre la Russie, sanctions contre l’Iran, sanctions contre Cuba et le Venezuela. Devant cette politique de guerre, de chantage menée par les États-Unis, l’Union Européenne ne connaît que deux réactions : soit elle se tait, soit elle embraye le pas. (…) Les conséquences en France sont lourdes pour notre économie, pour notre agriculture, pour notre industrie, pour nos relations internationales ! (…) Nous appelons à mettre fin à ces guerres économiques, aux politiques de sanctions inefficaces et nous appelons à la tenue d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU pour définir de nouvelles règles de développement et garantir une paix durable, un nouveau système de sécurité collective, un développement partagé dans le respect des peuples et de leur souveraineté. (…) Les deux principales puissances nucléaires, les USA et la Russie ont

décidé de se désengager, des traités encadrant la production d’armes nucléaires. (…) Cette semaine, Trump a décidé de reprendre les essais nucléaires et un premier test de missile de moyenne portée a eu lieu, dimanche dernier, sur une île au large de la Californie. C’est une première depuis la guerre froide ! C’est un danger pour l’humanité en plus des dégâts causés par ces essais pour notre planète. (…) Pour garantir un monde de paix et de codéveloppement, il faut aussi répondre à l’urgence climatique et écologique. C’est, je le crois, le second défi de civilisation où nous devons mettre plus en évidence notre projet de société, notre projet communiste « l’humain et la planète d’abord » comme une alternative crédible au capitalisme. Nous pouvons encore gagner contre le CETA

(…) La recherche du profit, les paradis fiscaux et la rentabilité immédiate des capitaux ne sont pas compatibles avec la profonde transformation des modes de production, d’échanges et de consommation qu’appelle l’urgence climatique. (…) Nous proposons un autre mode de développement : D’abord en refusant de signer ces traités de libre échange (CETA ou le MERCOSUR). (…) Oui, il est encore possible de gagner contre le CETA. Oui, nous disons qu’il est possible de transformer en profondeur nos modes de production et de consommation en France. Reprendre la main sur l’économie et la finance

(…) La France peut actuellement emprunter à taux négatif, c’est à dire : quand elle emprunte 1 million d’euros sur 10 ans, elle remboursera seulement 960 000 euros ! D’après le ministre, cela permettra de dégager 2 milliards d’euros d’économie cette année. 22 milliards d’ici 2022 qu’il entend consacrer au désendettement de la France ! Nous demandons que ces prêts à taux négatifs ne dépendent plus du marché et financent les besoins de notre pays, nos services publics et les investissements pour relever le défi climatique. (…) Second exemple, celui d’Aéroports de Paris. C’est aussi un levier important pour lutter conte le ré-

chauffement climatique. (…) Nous avons engagé une grande bataille pour qu’ADP reste dans le domaine public. Nous l’avons engagée avec toutes les forces politiques, sociales, syndicales opposées à une privatisation, que le gouvernement espérait imposer à marche forcée. (…) Faisons de la fête de l’Huma un temps fort de cette lutte. (…) Les communistes proposent un nouveau modèle économique, social, écologique. C’est exigeant. C’est indispensable. Cela pose la question de produire autrement, sans exploiter la planète et ses ressources naturelles, sans exploiter les hommes et les femmes et en les associant aux décisions, aux choix de société et aux choix de redistribution des richesses créées. (…) Un chiffre pour illustrer les résultats de la politique du gouvernement : les 500 plus riches familles de notre pays ont ainsi vu leur patrimoine passer de 570 milliards d’euros en 2017 à 700 milliards en 2019. Les 500 familles ont gagné 130 milliards de plus en 2 ans ! + 22 % ! (…) Nous demandons une hausse des salaires et des pensions de 20 %, comme pour les plus riches ! Eradiquer le chômage et la pauvreté

La défense du pouvoir d’achat c’est une priorité pour notre parti. Et l’autre priorité, qui va avec, c’est l’éradication totale du chômage et de la pauvreté. 9 millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté, dont des salarié-e-s, des étudiant-e-s et des retraité-e-s ayant travaillé toute leur vie. 5 millions souffrent du chômage. (…) Expliquons aux salarié-e-s, aux sans emplois que la société capitaliste aura toujours besoin d’un taux de chômage élevé pour faire pression sur les salariés, leur pouvoir d’achat et leurs conditions de travail. (…) Oui nous voulons travailler mieux et faire du temps de travail un temps d’émancipation humaine. C’est loin d’être le cas pour ceux et celles qui travaillent à la chaîne et qui subissent des cadences insupportables dignes des Temps moderne de Charlie Chaplin. (…) Des gisements d’emplois, il y en a aussi dans l’industrie : la France devrait se fixer l’objectif de produire ici une grande part de ce que nous importons de partout dans le monde et reconqué-

rir un million d’emplois industriels ! Voilà un objectif ambitieux que nous devons défendre ! (…) Oui, le PCF défend toutes ces petites entreprises dont les commandes sont intimement liées au bon vouloir des grandes multinationales et des banques. (…) Ce gouvernement, qui est soutenu par moins d'un tiers des Français-es, rappelons-le, communique beaucoup mais agite aussi le bâton pour réprimer toute manifestation de colère. Les Gilets jaunes, les militants syndicaux, politiques, ceux qui se rassemblent à Biarritz au G7 le savent bien. (…) Il ne lésine sur aucun moyen pour brider les mouvements sociaux et dévoyer les politiques de maintien de l’ordre républicaines, quand il organise la multiplication de violences à l’égard des manifestants, de syndicalistes, de jeunes de banlieues ou encore de jeunes festivaliers, comme ce jeune Steve retrouvé mort dans la Loire. Nous préférons voir les forces de l’ordre et ceux de la justice s’attaquer aux violences faites aux femmes : 94 féminicides depuis le début de l’année ! (…) Et oui, nous voulons être utiles en montrant qu’il est possible de mettre en œuvre une réforme des retraites ambitieuse, progressiste, humaine !

(…) Face à ce projet (Ndlr – du gouvernement) fondé sur la volonté de transférer progressivement nos retraites vers des fonds de pension, nous voulons, dès le premier rendez-vous syndical du 24 septembre, contribuer au rassemblement le plus large. (…) Nous voulons construire une dynamique porteuse d’espoir, une nouvelle union populaire, un Front populaire du XXIe siècle, avec les françaises et les français, qui fasse converger toutes les forces disponibles. (…) Cela vaut pour les municipales où partout, nous proposons de construire des majorités sur des projets ancrés dans la réalité, capables d’améliorer la vie de nos concitoyens, concrètement ; des projets capables de battre la droite et l’extrême-droite, de repousser leurs politiques. On sait le point d’appui que représentent les municipalités de gauche et écologistes à direction communiste et c’est pourquoi nous faisons de leur réélection un enjeu majeur de notre campagne de mars prochain. (…) Vous pouvez écouter le discours sur : www.pcf.fr/actualite_urgence_pour_ la_paix_le_climat_et_la_plan_ te_fabien_roussel_universit_d_t_ du_pcf

FÉDÉRATION

AG de rentrée des communistes girondins Prolongée d'un apéro/grillades. Mercredi 4 septembre, à partir de 18h30 à la section de Bègles, 12 rue du Prêche ADP, bataille des retraites, Fête de l'Huma Paris et rentrée politique du PCF. Retour sur un été "policier" (réfugiés, squats, sans abris, sans papiers…)

SECTION DE BÈGLES

AG sur les municipales La section de Bègles du PCF faisait sa rentrée en réunissant les communistes, ce jeudi 29 août, autour de la question des prochaines élections municipales. Des billets d'entrée à la fête de l'Huma Paris sont disponibles (28 €), au siège de la section, 12, rue du Prêche, pour y aller, mais aussi pour soutenir l'Humanité et sa fête !

SOUSCRIPTION EXCEPTIONNELLE

Élections Européennes Malgré une campagne dynamique et offensive la liste conduite par Ian Brossat n’a pas atteint les 3 %, seuil ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Le PCF prolonge donc la souscription lancée pour les européennes. Le PCF compte sur vous !

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 29 août 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ JOURNÉE DES OUBLIÉS DES VACANCES

Une journée de bonheur, et rien d’autre

Des bénévoles se détendent après la distribution du pique-nique.

Le jeudi 22 août, le Secours populaire offrait une magnifique journée à 900 Girondin-e-s dans les parcs d’attraction du Lot-etGaronne, Walibi et Aqualand. Cette année, c’était la 40e édition de la Journée des oubliés-es des vacances, à l’occasion de laquelle l’association offre des souvenirs de plage, de campagne, de musées

ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION

Aux termes d’un acte SSP en date du 22 juillet 2019, il a été constitué une société Forme : SARL Dénomination : L’Echoppe de Pantanassa Siège social : 27 rue Berthelot 33130 Bègles Capital : 3 000 € divisé en 300 parts sociales de 10€ chacune Objet : Commercialisation, transformation et valorisation de produits alimentaires et artisanaux grecs. Fabrication, transformation d’agrumes grecs en gelées, marmelades, sirops, etc….Transformation, valorisation d’huile d’olives. Vente ambulante sur marchés. Durée : 99 ans à compter de la date d’immatriculation Co-Gérants : M. Gicquel Sylvain demeurant 27 rue Berthelot 33130 Bègles M. Tominaga Olivier demeurant 57 avenue du Général de Gaulle 33190 Gironde sur Dropt Mme Derebeis Calypso Sienna demeurant 193 rue de la Benauge 33100 Bordeaux

ou encore de parcs d’attractions… aux enfants et aux familles qui n’ont pas pu partir, ou peu, en vacances, et ce, grâce à ses donateurs, ses bénévoles et partenaires. « Offrez une journée de bonheur ! » invite l’appel aux dons du Secours populaire. Rien de neuf, cela fait 40 ans que l’association rappelle que les vacances « ce n’est pas du luxe » ou encore que « c’est comme la soupe, ça aide à grandir » et que chaque été malgré tous les efforts qu’elle déploie pour offrir des séjours, l’ailleurs reste un rêve lointain pour de trop nombreuses familles. Alors c’est comme une journée de rattrapage, une parenthèse de joie qui permettra d’aborder la rentrée avec des souvenirs à partager : c’est la Journée de oublié-es des vacances. Pour la Gironde, cette année, la destination proposée était, au choix, Walibi ou Aqualand dans le Lot-et-

Garonne. Des destinations qui font mouche à chaque fois, tant la proximité des lieux ne rattrape pas le coût que cela représente pour les familles les plus en difficultés. Avec le Secours populaire, pour 8 € (au maximum) parce que tout le monde participe à la solidarité, on a l’entrée du Parc, le transport, le pique-nique et le goûter. Ce matin du 22 août à Bordeaux, comme dans d’autres villes, quartiers, villages du département (17 bus au total), Pascale Coriou, coordinatrice de l’Escale des familles, Marlène et Maryline accueillent les premières familles qui monteront dans le bus à 8h30, 56 personnes au

total. Caractéristique de cet espace, il n’y a là que des familles migrantes, essentiellement des demandeurs d’asile envoyées là par le CCAS, le 115, le Samu social, etc., pour souffler, s’informer, jouer, rencontrer, apprendre… quelques heures dans la journée. Ce jour-là, on sent tout de suite que c’est un jour de fête. Parents et enfants sont apprêtés, impeccables quoiqu’encore un peu ensommeillés… Il faut dire que les nuits ne sont pas toujours paisibles. Amina et son fils Heithem (suivi pour son handicap dans une structure adaptée) sont hébergés à l’hôtel, on peut se dire qu’il y a pire mais cela reste provisoire… Alors cette journée, c’est « pour profiter avec mon fils et pour se soulager des difficultés administratives,

UZESTE

On a fêté les trente ans de coopération entre la CGT et la Compagnie Lubat

Philippe Martinez, devant la cabane des Gemmeurs tenue par la CGT à Uzeste, le jeudi 23 août.

Cela fait trente ans que le compagnonnage perdure entre Uzeste musical fondé et dirigé par la Compagnie Lubat et la CGT. Une telle fidélité d’engagement respectif a été grandement fêtée lors de cette 42e Estejada qui s’est achevée samedi 24 août.

8 • Les Nouvelles 29 août 2019

C.D.

En attendant le départ du bus à l'Escale des familles.

Pour avis,

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

oublier la différence… » Pour madame Korolov, la maman d’origine biélorruse de Stéphanie, Anastasian et Jea-Vitalie, pas question de s’étendre non plus sur les difficultés de la vie. Elle est en France depuis 14 ans et côtoie le Secours populaire « par période, en fonction de la situation ». Les quatre affichent un grand sourire même s’ils connaissent déjà le parc : « on y est déjà allés mais en hiver. Là c’est mieux, on a pris les maillots de bain ! ». Pas besoin de battre le rappel pour faire monter dans le bus, tout le monde est prêt pour cette belle journée de solidarité.

Le gâteau d’anniversaire ne pouvait être que pétards et feux de joie partagé entre les nombreux militants CGT, tous bénévoles à Uzeste, et le public. Afin de marquer une coopération et même co-élaboration aussi fructueuse du festival, Philippe

Martinez, secrétaire général de la CGT figurait parmi les invités de l’anniversaire avant de participer à un débat sur les échanges à développer entre culture et travail, artistes et syndicalistes. Pour l’occasion, un très bel ouvrage, Le swing des oeuvriers vient d’être publié par la NVO et les éditions IN 8. Ce livre* réalisé par JeanMichel Leterrier avec la complicité d’Alain Delmas recueille les témoignages et portraits d’acteurs, artistes et militants, d’amis qui ont conforté, tout au long des trente ans, cette aventure commune. Lors du débat qui s’est déroulé

samedi 24 août à Uzeste en présence de Philippe Martinez et de Bernard Lubat, Michel Leterrier, Lydie et Alain Delmas ou encore Valérie Paulet ont rappelé la genèse et le contexte de cette collaboration fructueuse entre la CGT et Uzeste Musical. « Une belle aventure humaine, collective, une aventure politique, poiëlitique ». Pour le secrétaire général de la CGT, le festival d’Uzeste symbolise ce que doivent être les relations des syndicalistes avec la culture. « L’état d’esprit doit reposer avant tout sur la nécessité de l’ échange, d’autant plus que les activités culturelles sont du travail, et que le travail est une forme essentielle de culture ». Philippe Martinez a insisté sur la nécessité de renouer avec l’écoute et l’échange entre syndicalistes et artistes. Il a appelé les syndicalistes, les élus dans les comités d’entreprises à proposer et assister toujours plus aux spectacles de créations, aux travaux d’artistes. « On a besoin de militants qui fassent un peu plus fonctionner les oreilles. En écoutant on crée des liens et des idées ». * Jean-Michel Leterrier, Lydie et Alain Delmas, dédicaceront ce livre à la Fête de l’Humanité, du 13 au 15 septembre à La Courneuve, au stand des Amis de l’Huma.


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